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[RP] Celle qui se regardait le nombril.

Fitzounette
[Y en a qui se le regardent, ou qui jouent avec, y en a d’autres qui lui causent.]

Il est tard. Cela fait des heures qu’elle est penchée sur ces foutus bouquins en c’qui concerne les mines… Froncements de sourcils orageux, soupirs irrités, elle perd patience. Elle lit tout et n’importe quoi, les informations sont souvent contradictoires… Marre !
Elle les ferme rageusement, envoyant carrément le dernier valdinguer, et pose la main sur son petit ventre rebondi. Celui-ci commence à poindre tranquillement, il prend des courbes de plus en plus révélatrices du passager clandestin qu’elle abrite en son sein.
Soudain, un pincement au cœur. Erik. Sait il seulement qu’il l’a embellie du fruit de ses œuvres ? Où est-il ? Que fait-il ? Pense-t-il parfois à elle ? Autrement qu’en rapport avec tous ce qui agite l’Anjou en ce moment… Elle se contracte, angoissée et murmure à son ventre :


Mais qu’est ce que ta mère est en train de faire ? C’est qu’elle l’aime ton Papou Dukaillon, hein ? Tu le sais ça mon chérubin… Lui manque…
Bon faudrait peut être qu’elle se bouge les miches, là, nan ? T’en dis quoi ? Ca peut pas lui faire de mal vu tout le gras qu’elle a prit dans l’arrière train… T’étonnes pas si elle te punie systématiquement les quinze premières de ta vie, parce que vu la culotte de cheval que tu lui as collé…
T’imagine s’il nous oublie ? C’est qu’à c’t’âge là, ça n’a plus toute sa tête ! Soyons déjà satisfaits qu’il ait su où fourrer sa… Non, oublie ça.
C’est de l’humour grivois, un jour, tu comprendras… Moi j’ai compris y a pas si longtemps, t’inquiètes, pas b’soin d’complexer…


Elle tapote des doigts doucement, comme pour bercer l’intrus, c’qui finalement ne la change pas tellement. C’est qu’elle est pas toujours très fraiche la Duduche. Enfant Penthièvre, ça perturbe, et personne n’voulait jouer avec elle dans la cours de récré… Elle avait donc plein de copains imaginaires. Bref, là n’est pas l’sujet.
Raclement de gorge, elle se gratte la tignasse, et reprend :


Alors, on fait quoi, tu penses que je dois lui écrire, ou aller le voir à Corbigny ? Et s’il était fâché ? Et s’il voulait pas nous voir ? Ou alors on s’ignore ?

Valse hésitation. Et elle sent que ça bouge là dedans. Le divin enfant ou l’trop plein de vinasse ? Boarf, quelle importance… Que ce soit l’un ou l’autre, elle avait de drôles de façon de choisir ses conseillers conjugaux. De toute manière, elle finirait par le payer dans les deux cas, que ce soit en nausées ou en céphalées à cause du futur gueulard, qu’avait même déjà un peu commencé à travailler la puissance de ses poumons quand il inexistait.
Pas de réponse…
Elle se penche sur son bide et marmonne :


Hey ho si ta mère te saoule faut l’dire, progéniture ingrate !
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Aimbaud
[C'est une femme libérée !]

Tout se passait à merveille.
A table on avait eu droit à du chapon farcit à la crème de girolles, à du pain blanc et à du fromage frais au petit sel, le tout baigné dans quelques profondes coupes de Saumur. Le temps de laisser macérer le prime repas, et déjà quelques fruits cuits ainsi que du gâteau arrivaient en grande pompe. Un coup de liqueur par dessus, et vas-y que je te grise.
Après on s'était rafraîchit au contact de quelque linge humide, grand merci, et on entamait la digestion au frais, au son des parchemins qui tournent et des ruminements de contrariété.
La vie de château, c'était déjà bien. Mais la vie d'embryon de château... c'était trop de la balle.


Mais qu’est ce que ta mère est en train de faire ?

... gné ?

Aimbaud ouvrit un oeil comateux. Un oeil qui n'avait pas encore de paupière, mais qu'il pouvait ouvrir symboliquement. Quand on veut, on peut.

Il sentit que la poche qui l'entourait - sa mère - se posait des questions. Car bien que ses narines consistaient en deux trous, larges comme des culs de mouches, il sentait très bien. Aussi arrêta-t'il toute activité, pour l'écouter. Son activité principale étant, on le rappelle, le suçage (par le nombril) de nutriments résultants de la décomposition du chapon aux girolles.


Hmmm... Voyons, dit Aimbaud.

Il suffisait qu'Aimbaud dise peu de choses, pour qu'on trouve que cela faisait déjà beaucoup. Aimbaud devait donc bien choisir ses mots. Il fit un petit moonwalk pour s'aider à réfléchir.


Je pense ! dit Aimbaud. Chair de ma chair, sang de mon sang, organes de mes organes, poussière que je suis, génitrice incontestée et petite Reyne de l'Anjou... Je pense, disai-je ! Que tu te fait trop de mouron.

Il donna un petit coup de poing énergique dans le placenta.

En effet. Il est vrai que mon père, l'être noble et plein à craquer de cette semence qui a mis fin à mon inexistence pour me donner l'allure d'un lézard avec une grosse hernie au niveau de la tête... Mon père donc, t'as abandonnée à ton sort pour s'en aller décapiter quelques mercenaires aux frontières de la Bourgogne. Mais est le problème ?

Il t'aime, sois en assurée. Rien qu'à voir votre coït de nuit de noces on le comprend. Enfin vu de l'intérieur en tous cas ça paraissait... endiablé. Mais breeeef...

Et Aimbaud de se gratter le crâne de son bras atrophié qui arrive à peine au niveau de l'oreille en formation.

L'as-tu au moins informé de mon existence ?
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Fitzounette
[Loquace sa ventri- loque…]

Après un long silence de plomb, la persuadant qu’elle venait de faire un bide, ça recommence à s’agiter à l’intérieur de ses entrailles. D’aucun auraient misé sur un repas bien trop lourd et trop gras, d’autant qu’un violent uppercut qu’un moignon vient lui coller dans le délivre lui arrache un haut le cœur. Mais elle en est persuadée, son ventre vient de lui répondre ! Et pas un infâme gargouilli digne d’un bidet qu’on débouche… Non non, cher lecteur, une répartie intelligible et sensée, du moins suffisamment pour que la blonde puisse l’entendre et même la comprendre ! Soupir de soulagement, elle n’est pas seule, et l’hôte, n’a pas l’air décidé à la bouder. Ca viendrait plus tard, quand il sera boutonneux et à la voix éraillée en pleine mue.
Là, peut être, il ressentirait le pouvoir des hormones sur l’esprit des personnes les plus dépassionnés, ce qui est loin d’être le cas de la petite Reyne, hystérique en puissance depuis qu’elle est née. Elle réfléchit un instant (faut bien, clarté capillaire oblige), et lui oppose :


Du mouron, du mouron, elle est bien bonne celle là… Pas encore né que tu es déjà en train de juger ta mère… C’est que c’est pas tous les jours facile, comme qui dirait…
Tu sais que je l’aime et que l’amour c’est bête ! Ca rend vraiment benêt, mais ça tu le constateras par toi-même… Et ça rend inquiet aussi, ça fait perdre la tête… Autant dire que j’avais pas besoin de ça…


Elle esquisse un sourire en coin, révélateur de son autosatisfaction. Punaise, y a pas à dire, elle est douée pour expliquer les choses, et en plus, c’est une vrai poète !

Toi toi mon toit, toi toi, mon tout mon Roy, il faut que tu comprennes… Les mercenaires que Papa a tapé, c’est pas de vulgaires coupe-jarrets. Il y avait beaucoup d’amis de Maman parmi eux.
Et si Maman et sa famille savent faire la part des choses et accepter le fait que nombre de nos intérêts politiques soient différents, voir opposés, Papa subit beaucoup de pression de la part des ses collègues…


Elle se gratte le menton, dubitative, puis se masse les reins, laissant échapper un grognement de bien être… Vivement qu’il arrête de lui pomper son énergie et ses substances vitales, ce petit parasite. Les courbatures, c’était plus possible !

J’espère que tu dis vrai, mon petit poisson clown. J’espère que ce n’était pas une passion éphémère, éveillée par l’envie de s’encanailler auprès d’une Penthièvre.
J’espère qu’il n’avait pas juste une lubie de jouer les Bad Boy’s de Marseille, pour finalement réaliser qu’il faut avoir les épaules pour ne pas se laisser briser par les bien pensants.
C’est de la défection de mélanger comme ça sexe et politique… C’est mieux de faire les choses dans l’ordre… Et de savoir faire la différence entre l’homme d’Etat, et l’homme marié…
Je prie, car même si nous plaçons l’intérêt de nos contrées bien avant tout, j’ai peur qu’il ne réalise pas qu’on peut s’aimer en privé, en laissant le travail au bureau…


Elle s’avachit un peu, pas très convaincue par ses propres propos, et grommelle :

Non, je lui ai pas écrit, j’ose pas… Si lui ne l’a pas fait, c’est qu’il ne veut pas avoir de mes nouvelles… Si ?
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Aimbaud
[Dis lui.....]

Souvent, Aimbaud trouvait que les gens nés étaient compliqués. Comme si le fait de respirer de l'air plutôt que du liquide amniotique rendait anxieux, méchant, amoureux, ou encore valétudinaire et salpétrier. Pourtant tous les gens si compliqués qu'ils soient, on d'abord commencé par être simples : une grosse cellule qui se divise.
Aimbaud se promit que lorsqu'il serai né, il relativiserait souvent en se disant qu'un jour il était une grosse cellule.


Dis lui !

Aimbaud s'installa confortablement contre sa paroie sanguine, à la manière (génétiquement programmée) de son grand-papi XIX dont le séant épousait si bien les trônes.

Nous allons lui écrire une missive... Laisse-moi tenir ta main. Je dicte.

Et le foetus dicta :



    Oh mon amour,
    Mon doux mon tendre,
    Mon merveilleux amour,

    J'eus aimé que vous sussiez cette nouvelle en voix propre. Las, nos terres respectives nous éloignent une fois de plus.
    Nous sommes donc condamnés à nous rapprocher pour mieux nous éloigner l'un de l'autre !
    Pauvres aimants, pauvres amants.
    Mais enfin apprenez ceci... Nous avons craqué, fait crac-crac, et CRAC badaboum : me voilà ronde comme une pêche.
    Ô mon Pair vous allez être père, n'est-ce pas super ?

    Je vous grignote tendrement,

    Fitzounette de Dénéré Penthièvre et en plus Josselinière


Allez la touche finale, et on buse.

Et Fitzounette, sous l'impulsion d'un embryon outrepasseur de fonction, tapa son sceau dans la cire molle, se brûlant le petit doigt au passage. Aimbaud sentit qu'il était peut-être allé un peu loin, et se permi d'ajouter :

Mais euh.. si tu veux je te laisse écrire aussi.
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Fitzounette
[Bienvenu dans le psychostar show.]

Sa main tremble, comme si un marionnettiste de l’enfer tirait les ficelles. Tout d’un coup, elle fond sur sa plume et l’attrape lestement. Cette dernière atterrit dans l’encrier avec une précision extraordinaire et se met à courir sur le parchemin. L’écriture automatique, c’est carrément surnaturel ! Vite, appelez Sculler et Muldy !
Sa main agile trace hiéroglyphes et circonvolutions sans qu’elle en ait conscience le moins du monde, comme hypnotisée. Quand enfin elle cligne des yeux, prends la missive entre ses blanches menottes, et lit attentivement les symboles. Tout se décrypte sous ses yeux ébahis. Da Fitz code ! Le blockbuster de l’été, partout dans le royaume de France !


Oh mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour…

Elle émet un soupir étrange et son regard s’embue. Qui aurait dit qu’un jour, la petite Reyne, qui ne rêvait que de mariage arrangé et de peu de contacts avec son époux, s’éprendrait à ce point d’un homme, tant et tant que sans sa folie, tout lui paraissait fade.
Bouleversée, elle fait fondre la cire rouge, la coule sur le pli, y imprime son sceau, et se brûle. La morsure de l’inflammation est une bonne excuse pour laisser échapper une larme pudique, il ne faut pas inquiéter l’enfant. Il n’est pour rien dans tout cela.

Mabuse est bien vite équipée. Loncourrier se rappelera il seulement d’elle ? Des souvenirs si proches et lointains. Le temps où l’on se découvre, avec appétit et bonheur. Est-ce que tout était déjà fini ? Mabuse enfonce ses serres dans sa paume sans que cela ne la perturbe, elle en a l’habitude.

Vole vole, petite buse. Puisse tu arriver à bon port, et parvenir à rapprocher ces deux cœurs, si éloignés. Elle prend sur elle, s’alanguit dans le fauteuil, et se laisse aller à la rêverie, caressant doucement son mignon bidon.


Dors maintenant, dors mon fils, demain sera un autre jour.

Dit-elle tout en s’assoupissant paisiblement. Et dans un demi-sommeil elle murmure :

Ne m’abandonne jamais, s'il te plait…
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Aimbaud
[Dormir avec vous, madame ?]

Comme Aimbaud avait eu une dure journée d'au moins 24 heures, il s'endormit avec satisfaction, synchronisé au rythme maternel. Il flotta paisiblement dans les humeurs de sa bulle, bercé par les remous d'une respiration sereine et un bruit de fond qui se résume à :

Bo-bom bo-bom bo-bom...

Et qu'on voudrait ne jamais voir s'arrêter.

Soudain les rêves assaillirent Aimbaud comme des abeilles en rut sur une rose fraîche. Il se vit dans son berceau, plafonné par des dizaines de têtes de Penthièvre qui font "Gouzi gouzi !", "Il a les sourcils de son arrière-grand père." ou encore "Tu crois que si on met un coussin dessus il respirera encore ?". Il se vit grandir, pétant dans la soie, écoutant d'une oreille distraite la théorique, la politique, l'arithmétique, la sémantique et l'apostolique qu'on tentera de lui inculquer. Il vit aussi son mariage arrangé avec une Princesse, laide au demeurant mais fort bien dotée. Il vit les élections, les guerres, les pillages, la passion, le chorizo, le paludisme, la troisième guerre mondiale, le big-bang, et...


AAAAAHHhhh !!

Il se réveilla, en gros Bad Trip. Il se mit à trépigner et s'écria :

J'ai envie de fraises !
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Fitzounette
[Je me laisse pousser les envies…]

Journée épuisante, elle se laisse aller à un sommeil qui aurait du être réparateur mais se révèle agité. Trop tendue, la madré… Faut qu’elle se reprenne, sinon, on finira par l'appeller fausse couche, l’héritier. Encore énfiévrée par toutes ses angoisses, ses rêveries éthérées sont peuplées de visions flippantes. Elle voit son mari, qui ne voulant plus d’elle, et souhaitant prendre une autre femme, la ferait enfermer au monastère pour cause de folie. La toquante s’accélère :

Bom Bom Bom Bom…

« Non j’veux pas y aller !!! Naaaaaan !!! Je ne suis pas folle, vous savez ! Je suis la Juge d’Anjou !!! Laissez-moi tranquille ! Demain matin vous serez tous pendus !».

AAAAAHHhhh !!

Violent sursaut, elle en tombe à la renverse et se cogne la tête. Aoutch ! Elle reste à terre un certain temps, sonnée, transpirante, et ne parvenant pas à remettre ses idées en place. Une seule certitude, un message clair, tout à la fois électrique et chimique, qui voyage de dendrite en axone, traverse courageusement le vide entre deux synapses, et ainsi voyage de neurone en neurone, se frayant son chemin jusqu’au siège du désir et du plaisir.
Elle se met à beugler, comme si sa vie en dépendait :


J'ai envie de fraises !

Elle se lève, furieuse qu’on n’ait pas déjà accédé à ses exigences, et commence à arpenter les couloirs en quête d’un valet à qui botter le train.
Qui sait, peut être finira elle par croiser quelqu'un...

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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Armant_le_temeraire
[Et pendant ce temps-là, dans les cuisines du château...]


"Un croupion de carmélite, qu'elle avait, la Jeannette ! Tout frais tout blanc ! Pas une tâche, pas une croûte.
Encore un qu'est dev'nu tout rouge après que j'suis passé d'ssus !"


Rires gras.
C'était le moment de la journée qu'Armant préférait : celui où il pouvait à loisir conter à son ami, le cuisiner du castel, les récits de ses aventures ludiques/lubriques, à grand renfort de détails croustillants et de comparaisons vaseuses.


"C'était t'i pô sa cousine que t'avions déniaiser l'aut' jour ?

- Que oui ! Elle même. Une sacrée donzelle, celle-là. Une gorge à se damner !"


Une ou deux gorgées de bonne vinasse, et Armant reprit :

"Bon, c'pas tout ça, mais ça donne faim, l'amour. I t'resterait pas un morceau de chapon dans les parages ?

- Penses-tu ! Elle bouffe comme un régiment de soldat, la Duchesse, en c'moment. M'a englouti le chapon farci en deux lippées !"


Un temps, que le cuisiner passe à grommeler, puis il ajoute :

"'ttends voir. I' m'reste ben queques quignons d'pain. Pis des fruits. I' disent que c'est bon pour elle, les fruits."

Haussement d'épaules peu convaincu du marmiton venant ponctué le tout. À l'évidence, rien ne valait un bon gobelet de vin d'Anjou pour lui.

"C'est quoi dans l'panier, là ?

- Des fraises, mon gars. Tout juste cueillies.

-V'là qui fera l'affaire."


Et voilà notre bon gueux d'Armant parti prendre le panier de fraises, en demandant en suivant :

"T'as prévu quoi d'bon pour demain ?

- R"garde don' ça ! La belle bête que j'ai piégée tantôt !"


Et le cuisiner de sortir une grosse caisse de dessous le buffet, de l'ouvrir et d'en extirper par les oreilles un énorme lièvre tremblotant et au regard apeuré.
Déjà, les prunelles d'Armant s'allumaient de plaisir et d'envie, tandis que le cuistot bedonnant agitait le capucin sous son nez.


"L'est pô bieau, çui-là ? C'est comme si qu'il attendait qu'ça, de finir en civet !"

Il semblait cependant que cette perspective n'enchantait pas tant le dit lièvre que cela, et l'on eût tôt fait de retrouver le gibier à terre, entamant un sprint prodigieux afin d'échapper à ses ravisseurs voraces.

"Nom d'un coq au vin d'plaine ! La bouffe se carapate !"

Pas le temps de réfléchir plus avant : Armant et son panier de fraises se lancent à la poursuite du dîner ambulant.
Le cuisinier le suit, mais point très longtemps, sa corpulence ne lui permettant guère de défier un lièvre sur le terrain de l'endurance.

Armant, par contre, avait toutes ses chances, mais il fallût tout de même traverser maints pièces et couloirs obscurs du castel avant que notre bonhomme ne réussisse à mettre la main sur la perfide bestiole.
Pendant ce temps, les fraises ballotaient dans le panier malmené par la course, et s'éparpillèrent franchement sur une bonne moitié du couloir quand Armant plongea dans un ultime, courageux, fantastique et périlleux saut sur le monstre à grandes oreilles.

La bestiole enfin attrapée, le téméraire jeune homme, étalé par terre, le panier de fraises d'une main et le lièvre de l'autre, leva la tête et tomba nez à nez... sur les chausses de la Duchesse. Les ennuis commençaient vraiment.
Fitzounette
[Cherche Fitzounette, cherche !]

Elle avait erré longtemps comme ça, dans l’immense bâtisse, à la recherche du fondement à botter. En chasse, elle cherche sa proie sur laquelle fondre pour se défouler. Quand soudain elle baisse le nez. Une fraise. Elle la ramasse par terre, et suit la piste… Armant qui fait la carpette avec ce qu’elle a demandé, et un lièvre en prime. Elle hausse les sourcils, se penche sur lui et demande :

M’enfin Armant, qu’est c’qui vous prends ? A être aussi empressé, vous avez failli vous rompre le cou ! Tssss… Vous êtes fou !

Elle marmonne, attrape le panier, sans même le remercier, et commence à picorer les petites baies juteuses, ne le quittant pas des yeux, le détaillant, se demandant s’il va se relever. Elle les engloutit maintenant par poignées, comme une affamée. Son appétit est sans borne, elle se demande si c’est le fœtus qui est un goinfre ou si elle s’est transformée en enzyme gloutonne. Et quand enfin, le panier est vide, elle le balance sur le côté, sans plus de considération pour le valet qui devrait le ramasser. Elle tapote de son doigt sur ses lèvres vermeilles, et lance à Armant.

J’ai encore faim, pouvez dire au cuisinier de m’préparer une collation ? Et aussi, à t’on reçut un courrier de Corbigny ?
Un vieux pigeon tout plumé… Faudrait pas l’abattre celui là.


Et c’est alors que ladite bête vint s’écraser prêt d’Armant , portant missive scellée des armes de son époux.
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
Aimbaud
[Give me the food !]

Juteuses en la saison, pustulées de pépins croquants et gorgées de sucre énergisant, les fraises sont mâchonnées gloutonnement. La descente aux entrailles commence. Un détour par l'estomac pour une bonne douche de sucs gastriques, et hop ! Tunnel de la mort. Paré pour la décomposition immédiate. Lancement des nutriments. 3... 2... 1... Propulsion dans le cordon ! Vitesse lumière à la space-mountain. Les entrailles de la petite Reyne d'Anjou, c'était vraiment Disneyland.

La pupille d'Aimbaud se dilate à mesure qu'il prend sa dose. La zenitude l'envahit, il cesse tout trépignement compulsif pour s'abîmer pleinement dans la jouissance. Le bien-être du foetus nourri n'égale aucun autre plaisir sur terre.

Il finit par une petite danse de la joie.

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Armant_le_temeraire
Il regardait ses fraises partir une par une, aspirée par le trou béant et sans fond de la bouche ducale. Le spectacle était une torture de chaque seconde, et son ventre le lui faisait comprendre par moult gargouillis furieux.
Il tenta un sourire, le genre « aaah ben ça fait plaisir de vous voir si bon appétit, Duchesse ! »
Bah voyons ! Comme si qu’il le pensait vraiment !
Il ne réussit d’ailleurs qu’à produire une sorte de grimace misérable.

De son côté, le lièvre, les oreilles emprisonnées dans les mains d’Armant, tentait vainement quelque escapade salvatrice. Avant de se relever pour suivre les nouveaux ordres de la Duchesse, le gueux refila une bonne torgnole au capucin, histoire de lui apprendre la vie, et de se donner une petite revanche pour toutes les mésaventures qu’il avait subies ce soir, lui, pauvre roturier affamé et épuisé par une journée entière d’ébats en pleine grange.


J’ai encore faim, pouvez dire au cuisinier de m’préparer une collation ? Et aussi, à t’on reçut un courrier de Corbigny ?
Un vieux pigeon tout plumé… Faudrait pas l’abattre celui là.


À peine le temps d’ouvrir la bouche pour répondre qu’une espèce de volaille dégarnie et chétive atterrit en trombe près du pied d’Armant, lequel s’empressa de saisir la chose par le bout des doigts et de détacher de ses pattes fluettes le morceau de parchemin scellé qui y était accroché.

Il tend la missive à sa maîtresse, et fait un geste vague pour se débarrasser du volatile miteux. Mais le piaf s’accroche, aussi misérable que têtu, et Armant doit se battre encore quelques secondes avant que la bestiole de l’enfer ne se décide enfin à le lâcher.

Il y avait deux choses dont Armant avait horreur : se faire emmerder par une bestiole, et voir son dîner lui passer sous le nez. Ce qui l’amena à penser qu’au moins la journée ne pouvait que se finir en beauté, le pire étant déjà passé. Toujours optimiste, l’Armant.

Son ventre hurlait à présent à la famine, à tel point que le gueux se demanda s’il n’abritait pas un ténia ou autre ver glouton, visqueux et tapageur. Coup d’œil sur le ventre rebondi de la Duchesse. Le chancre qui s’y trouvait serait autrement plus bruyant, pour sûr !

La venue de l’héritier ne manquait pas d’angoisser notre bon gueux d'Armant. Car, c’est bien connu, qui dit « mouflet », dit « fini la paix ».
Armant se consolait en pensant " qui dit « marmot », dit « nourrices au château ». Et qui dit « nourrices » dit « joie aux entrecuisses ! »".
Hum… pleines de finesse, les pensées d’un gueux…



« Madame désirera t’elle autre chose avec sa collation ? »


Sourire poli et maintien parfait : Armant aimait jouer les serviteurs estimables et exemplaires.
Fitzounette
[Mr Postman, bring me a dream!]

La petite bonbonne (et pas bobonne, hein !) exulte. Elle frétille comme une jouvencelle, elle a reconnu Loncourié.
Elle n’écoute même plus ce que baragouine Armant, et marmonne :


Tsss Tsss, collation, c’est tout. Du balai. Et plus vite que ça coquin, j’ai faim.

Elle se dirige ventre à terre vers ses appartements, claque la porte, décachète le pli et le lit avidement, à haute voix, pour que l’engeance n’en manque pas une miette :

Erikdelajosselinière a écrit:

De l'aube claire,
Jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais,
Je t'aime,
Je t'aime.


Que je le susse plus tot, m'eut tot fait de vous bailler missive plus prompte mais votre époux fut fort occupé -plus que ma santé ne le voulait- et s'il -moi- vous donnait sentiment de vous oublier apres cette nuit folle ou vous la fîtes -comme le chateau grand cru classé-, c'est qu'il -toujours moi- fut si désagreablement occupé à découper de la viande, en des lieux où nul courrier ne passe -la cîme des arbres ne permet guère la connexion colombesque-, qu'il dut attendre que son Grand Systeme de Message puisse de nouveau être effectif avant que de vous -moi- donner de ses nouvelles.

Un être s'éveillera, un Gmat est mortifugé... Je crois bien, en effet, avoir écharpé votre frere, m'en voudrez vous ? Il faisait l'idiot chez nous comme quelques uns de vos amis, je n'ai pu l'éviter sans quelques mauvais coups...

Mais de savoir que ma semence est de prime vaillance en votre fertile abdomen ne peut que réjouir mon coeur de vieux Pair -oxydé-, et j'ai hâte de tenir l'enfançon dans mes bras !

Bien sur, vous êtes femme et ne pouvez savoir comme un homme souffre d'avoir progéniture prochaine. Il est bien fort connu qu'en ces moments là, le mâle de l'histoire est le plus à plaindre puisqu'il est le seul à ne rien en savoir. Je gage donc que vous avez fort hâte de montrer à son père quel garcet (le mieux) ou garcette (je ne ferai point la fine bouche) surgira de vos moindres efforts, mais je sais qu'il, qu'elle sera d'amour et c'est là bien ce qui réjouit mon coeur.

Que ce poids que nature oblige vous soit bientot enlevé, j'en devine l'inconfort, et que notre fruit nous soit enfin connu : tel est ce qui doit importer, ce present !

Votre époux aimant,
Erik.

PS : Franchement, ma blonde, cette révoltiture angevino-chiffresque... c'était vraiment obligé ? J'ai du mal à vous en vouloir, mais j'ai tout autant de la peine à approuver...!


Elle finit par grommeler :

Ah ça, il ne manque pas de toupet ton père Pair-nicieux- d’oser prétendre qu’il endure bien plus que moi !

Vite, démarche en canard et ventre en avant, elle se dirige de nouveau vers son bureau, attrape la plume et recommence à écrire, sans se laisser cette fois influencer par la mauvaise graine.

Citation:

Mon premier,
Mon dernier,
Mon tout,


O joie, que de vous savoir bien portant, et béat à l’annonce de l’arrivée prochaine du rejeton (je l’espère tout aussi ardemment que vous) ou de la rejetonne (ce qui m’ennuierait ayant déjà pris bien assez de courbes à mon goût). Je me doutais que vous aviez dû prendre les sentiers de la guerre, sans plus de certitude. Ce qui me causa grand tracas, je dois l’admettre. Et dans mon état de pleinitude, cela n’est certes pas recommandé.

Que puis-je vous dire quant au combat qui a été mené ? J’imagine que vous avez fait votre devoir, et j’espère que vous avez bataillé loyalement. Echarper dites-vous ? Rassurez-moi, vous ne les avez pas occis au point de les amener aux portes de la mort ? Cela me causerait grand chagrin, car même si je comprends ce qui a pu vous y conduire, mon affection pour les miens je ne puis renier.

Votre semence est il est vrai de prime qualité, et puisque nous ne pouvons nous revoir avant de nombreuses lunes, et de plus étant belle de vos œuvres, vous ne pourriez donc m’honorer avant la délivrance, je consens à ce que vous la dispensiez, en prenant soin de sélectionner quelques catins propres sur elles, ne portant pas quelques maux qui pourraient vous diminuer.

Toutefois, je vous demande instamment de ne pas choisir de Dame en vue, je ne veux pas être la risée de toute le Cour. De même, montrez-vous discret et respectueux, n’allez pas vous afficher aux bras de ces puterelles. Enfin, si cela devait advenir, sachez que je préfèrerais l’apprendre de votre fait, pour ne pas être bafouée en public et risquer un choc qui serait mauvais pour la géniture.

Promettez-moi cependant de me réserver toute l’exclusivité de votre amour inconditionnel. Et de ne point semer de bâtards aux quatre coins du Royaume (on m’a dit que le boyau de chèvre était un bon moyen pour se prémunir de ce genre de désagréments). Voici les conseils avisés de votre fidèle épouse, puissiez vous en tenir compte, dans votre grande clairvoyance.

Si le Très-Haut me le permet, je remplirais mon devoir et vous offrirais donc très prochainement le présent le plus précieux qu’une épousée puisse faire à son tendre amant : une descendance puissante et saine.

Je vous baise passionnément les lèvres, qui sont à moi, et moi seule !
Votre légitime, comblée, capricieuse, petite fée.

PS : Soyez patient, très cher Erik. Je cuide que les raisons de cette action vous paraissent encore nébuleuses et vous laissent dubitatif. Mais j’espère de tout mon cœur que l’histoire nous donnera raison. Je vous suis reconnaissante de ne point m’en tenir rigueur et entend le fait que cette affaire puisse vous mettre en bien vilaine posture. Mais vous vous en doutez, si je n’étais pas persuadée que nous faisons ceci pour le bien de l’Anjou, je ne m’y serais pas aventurée.


Et un nouvelle missive d’envoyée, une buse qui est hantée par de douloureux flashbacks du temps où on l’épuisait à la tâche, passion oblige. Et une petite Reyne qui murmure à son petit Prince :

T’en pense quoi ? Ta mère genre elle déchire pas l’bitume ? C’est qui qui peut rivaliser, sérieux ?
Bon ok, ton père il est pas dégueux non plus, mais avoue, c’est qui la plus belle ? Et la plus intelligente ? Et la plus en verve ? Et, et, et…


Et de partir dans une énumération de qualificatifs plus flatteurs les uns que les autres envers sa petite personne.
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Fitzounette de Dénéré Penthièvre, Damoiselle de la Croixille.
Dict "La petite Reyne de l'Anjou". Duduche de Chateau Gontier.
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