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[RP]Le Moulin de la Rouge

Xandrya






    Un moulin de pierre tout ce qu'il y avait de plus commun dans le comté du Languedoc, en retrait des remparts de la cité, non loin de la forêt de la belle Carca, juché sur une colline et offert aux vents.
    Une cour, une bâtisse et une grange jouxtant une écurie, petit domaine personnel d'une rousse meunière, sans prétention.
    Banal en somme, mais sa propriétaire était... moins "orthodoxe", le cheveu flamboyant laissé au vent, la tenue de peau peu commune pour une femme, et... le reste de ce qui fait sa singularité se découvrait d'un coup d'oeil, la peau encrée et la lèvre inférieure scindée d'un anneau métallique.

    Novembre 1464, déjà un an et demi que la rouge était revenue vivre sur Carcassonne, pour diverses raisons, tantôt au manoir du clan, tantôt dans ce moulin qui au final ne tournait pas plus que ça à son arrivée, lieu de repli ou d'échappatoire à sa vie de spadassin de La Main Noire, mais... le passé se devait d'être laissé au passé, sa fidélité au fondateur... au patron resterait cependant sans faille, un appel et... elle répondrait présente.
    Mais la rouge avait décidé de reprendre les droits sur sa vie depuis que l'enlisement dans lequel on l'avait enterré avait disparu, la fin d'année 1465 ayant alors vu une remise en question de la rouquine, de ses priorités.

    Certains auraient sans doute pu parler de renaissance de la flamboyante et en soi c'était un peu ça, sortir, rencontrer, voyager, s'ouvrir à des projets, des défis à relever : un voyage en X, une filière pain.

    Dernier projet qui l'avait vu s'éloigner : le tournoi Lémanique de baston à l'ancienne façon brigand...

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Xandrya



"Voyage Helvète"






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Xandrya


    Mai 1466 - Le retour du guerrier



    Une jument alesane, un étalon noir, leurs cavaliers et une charrette délestée de sa petite brune folle et de son blé à la mairie, dans le bourg de Carcassonne, voilà l'équipage qui revenait au moulin après plus de deux mois d'absence.
    Le voyage devait durer un mois à peine plus, il avait été plus "animé" ou plutôt "inanimé" que prévu, bloquant tout le trio parti fin février de la cité pour plusieurs semaines à Fribourg, il est des limites que même les combattants les plus chevronnés ne peuvent outrepassées, celles-ci avaient été atteintes pour la rouge et le sicilien ce soir de tournoi à Morat, les laissant dans un triste état, aux portes du trépas.
    Comme aurait pu le dire des accrocs de la guerre aux boutons "si j'aurais su, je serais pas venu", mais voilà elle n'était pas de ceux là, ni lui et pas même la jeune brunette.
    De longues semaines l'inconscience l'avait gardé dans ses filets, Sans Nom et Très Haut se bataillant le bout de gras pour finalement la laisser repartir faute de s'être entendu, mais non sans séquelles dont certaines restaient encore en suspens sur leur irrémédiabilité ou non.

    La descente du dos de Nyx trahissait une certaine faiblesse, mais chevaucher depuis l'Helvétie sans stopper sa route plus que nécessaire en aurait épuisé plus d'un et il en allait de même pour Xandrya et Velasco, même Anneline qui avait voyagé dans la charrette semblait avoir apprécié retrouver sa bicoque.
    Il était temps de penser à panser les blessures persistantes, les stigmates d'un tournoi où elle était bien heureuse de ne pas avoir emmené Joshua, un tournoi où sans doute elle ne remettrait jamais les pieds, mais qui pouvait savoir ce que l'avenir nous réservait ? Surement pas elle.
    Bien que là, oui, elle allait faire appel au gamin qui trimait parfois pour elle, gamin qui avait surveillé pour elle l'endroit en son absence, mieux valait être prudent et la rouquine l'était toujours plutôt deux fois qu'une, mais là la prudence n'était pas son envie, elle voulait un bain... chaud... dans sa maison, se délasser, se décrasser, profiter de son "home sweet home" comme le disent les angloys.

    La tête brune du môme n'avait pas tardé à se pointer, dès que Velasco avait été hors de vue, occupé à délester Héméré de sa selle, rapport fut fait à la rouge, rien à signaler d'autres que les paysans gérant les récoltes et les artisans de Granvillain venu poser les pierres au sol de la maison. La bourse promise vola rapidement dans la main du gamin et la demande pour le bain faite, les jambes agiles du p'tit d'homme se précipitant vers son ouvrage.
    Un sourire, léger mais présent, naquit alors sur le visage de l'incendiaire, certains la disait sans coeur, il n'avait pas forcément tort, elle pouvait se montrer sans pitié, dénuée de tout sentiment pour qui l'indifférait, le spadassin dans toute sa splendeur.
    Mais pour qui connaissait la femme... la donne était tout autre, ils étaient peu, se comptaient même sur les doigts d'une seule main, et il en était un qui avait su pousser les portes pour entrevoir ce qui se cachait sous la carapace de la mercenaire.

    Je t'offre un bain Visconti ?

    Les amis de Xandrya étaient denrées rares, ceux en qui elle avait une entière confiance encore plus, quand à ceux à qui elle aurait mis sa vie entre les mains... il n'y en avait qu'un.


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Xandrya


    Juin 1466 - Une missive à cogiter



    Un petit mois que la rouquine était de retour dans la cité où elle avait passé le plus long de sa vie, une vie sans réelles racines autre que Carcassonne, cette ville avait vu nombre d'évènements dans l'existence de la flamboyante, et pas des moindres.
    C'était chez elle, son repère, son port d'ancrage, ses origines.
    Tel un loup qui rentre soigner ses plaies dans sa tanière, c'était toujours ici que la rouge revenait panser ses blessures et les dernières subies s'avéraient longues à guérir, l'Helvétie laisserait sans doute sa marque à jamais sur l'incendiaire.

    C'est pourquoi la missive reçue ce premier jour du mois de juin avait reçu un accueil différent, ne partant pas au feu mais restant dans la dextre amoindrie du spadassin, le regard azuré parcourant les lignes d'écriture masculine sur le vélin.
    Oui elle oeuvrait dans l'ombre avec celui qui lui écrivait mais jamais elle ne se serait attendue à telle proposition de sa part, vu son état la chose était à réfléchir mais une discussion avec le sicilien s'imposait.
    Si Xandrya acceptait la demande qu'on lui faisait par cette missive, les projets que le Visconti et elle avaient en tête avant même le tournoi ne pourraient se réaliser... en tout cas pas dans l'immédiat, alors sortant du moulin, le pas de la rouge se mit en quête d'un sicilien.



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Xandrya


    Juin 1466 - Une proposition, un défi à relever



    Déjà plusieurs jours que la rouquine avait reçu ce courrier, qu'une discussion s'en était suivi avec le Visconti, car si elle répondait favorablement à la demande formulée, beaucoup de choses seraient reportées, voir avortées alors.
    L'accord fut entier, soutien proposé, même si de toute évidence avec un acolyte pareil, pas sure que ce soit de tout repos, encore en réflexion sur la réponse à apporter à cette missive, la flamboyante la relut une dernière fois.



      Le 01 Juin 1466
      Objet Demande Importante

      Bonjour mon amie,

      après de longues nuit de reflexion, j'ai décidé de quitter la ville pour me reposer.
      Je souhaite partir avec ma douce Inaewen car je l'ai trop longtemps négliger pour le bien de la mairie.
      Il est grand temps que je l'emmene en voyage de fiançaille comme prévu depuis plusieurs mois.

      J'ai pensé à toi pour reprendre mon flambeau pendant plusieurs semaines ou mois, je te fais totalement confiance et je sais que ton dynamisme est essentiel à notre ville.
      Je sais que tu aimes autant carcassonne que moi et que tu l'as fera rayonné comme j'ai essayé de le faire pendant ces derniers mois.

      Etant fatigué, j'ai besoin de repos, et ne voulant que le bien de la ville, je pense qu'il me faut remettre les clefs à une personne qui pourra lui apporter ce que je ne peux plus lui donner actuellement.

      Je te demande donc de réflechir à ma proposition et de gérer notre belle ville en mon absence.
      Que tu me jures que tu la protègeras des fleaux et des bandits et que tu te sacrifieras corps et ame pour elle.
      Carcassonne avant tout !

      Amitié sincère

      Julien333.


    Un long soupir, se sacrifier corps et âme pour Carca, un léger sourire s'afficha sur le faciès de la rouge, si seulement le pauvre avait la moindre idée de combien c'était juste, de combien ele avait pu sacrifier pour cette ville déjà. Mais non...
    Alors...



      Le 5 juin 1466

      Julien,

      J'ai réfléchi à ta proposition, tu vas pouvoir te reposer et prendre soin d'Inaewen, je postulerais pour la mairie aux prochaines élections, maintenant à voir si je serais élue ou pas.

      Je pense qu'en parler au conseil serait une bonne chose, je pense que ce serait mieux que ce soit toi qui l'annonce au demeurant vu que c'est toi qui souhaite partir.

      Encore quinze jours et tu pourras te reposer.

      Xandrya


    Pourquoi cette décision, pourquoi sortir de l'ombre dans laquelle elle aidait le conseil depuis un moment déjà, portant son regard d'eau sur sa dextre, un long soupir s'extirpa de sa bouche.
    Déjà un mois que le retour avait été effectué, trois que ce foutu tournoi l'avait mise à terre, et pourtant... certaines choses n'étaient toujours pas revenues à la normale, laisser du temps encore, et donner un oeil neuf à la gestion de la ville, oui une bonne excuse pour accepter avec le soutien du sicilien.
    Révolutionnaire ? Mhm peut-être.... Diplomatie serait nécessaire, mais du sang neuf, reste du sang neuf, qui vivra verra, l'avenir le dira..
    Un nouveau défi à relever... une nouvelle mission d'un genre... différent.


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Vasco.
Il était brun. Certains disaient même ténébreux. Il avait la peau hâlée des peuples de la Méditerranée. Ses cheveux volaient au vent du Languedoc lorsque le sicilien, torse nu, entra dans le moulin de la Rouge. Le soleil tapait dur dans ce coin du royaume de France et des gouttes de sueur perlaient sur son torse glabre. La porte grinça une deuxième fois lorsqu’il la referma. Il laissa ses yeux s’habituer au contraste de lumière entre l’intérieur et l’extérieur et détacha la ceinture de ses braies sur laquelle était accrochée le fourreau de son épée. Cela faisait des semaines qu’il ne l’avait pas prise, qu’il ne l’avait pas senti battre sa cuisse. Satine avait raison: il n’était pas fait pour cette vie. Pas exclusivement.

Vasco se dirigea vers l’escalier qui menait aux étages supérieurs et tira sur le levier qui bloquait le mécanisme des ailes du moulin. Quelques instants plus tard la pièce s’emplit du bruit de la meule qui tournait, des engrenages qui se mettaient en branle. Le vent poussait les pâles, la meule n’avait rien à moudre. Le sicilien s’empara de son fourreau au sol et dégaina sa lame. A genoux près de l’immense pierre en rotation, il vint aiguiser celle qui l’avait accompagné partout au royaume de France, en Franche-Comté, En Suisse, en Savoie, en Provence. Il était temps qu’elle reprenne du service et lui avec.

Oui, Satine avait raison: il n’était pas fait pour une vie sédentaire. Il avait cru à un moment que Carcassonne pouvait être le début d’une grande insurrection, celle du peuple contre la noblesse, contre l’aristocratie qui puait de sa suffisance, qui se targuait de ses titres usurpés, volés à ceux qui trimaient dur pour ce pays, qui pensait que tout lui était dû, que ce titre qu’ils avaient était la marque d’une distinction quelconque! Pfeuh! Visconti n’y croyait pas: En Guyenne, les titres de noblesse se vendaient. Dans les autres provinces les titres issus du mérite étaient bien souvent ceux du copinage et cela jetait l’opprobre sur tous dans la tête du marin, tous ceux qui se faisaient coupable et complice de ce petit jeu par leur silence. Oui, la vie ici était trop paisible et surtout les ragots qui circulaient ne l’intéressaient pas. C’en était à croire que la seule préoccupation des gens d’ici et d’ailleurs était de savoir qui couchait avec qui, de faire sa place dans le lit des autres ou de se lamenter de ses mauvaises fortunes. Manger, boulot, dodo et boire un coup en taverne n’était pas une vie pour lui. Trop morne, pas assez d’action. C’était une vie pour des paysans ou des artisans et non pour Velasco Visconti. Enfin…pas éternellement. Le sicilien avait besoin de retrouver la mer, les chemins, l’action, ferrailler avec un ennemi quel qu’il soit, vivre sur le fil du rasoir. Et puis, était-ce la faute au peuple? Quand on n’a rien d’autres à faire que travailler, manger et boire, il est normal qu’on en vienne à ce genre de bêtises, qu’on en devienne morne, inintéressant. L’habitude tuait le plaisir, endormait l’imaginaire. C’était ainsi à Carcassonne et Visconti savait que c’en était ainsi partout ailleurs. Le Languedoc n’était pas différent des autres: ni meilleur, ni pire.

Carcassonne, ton univers impitoyable? Non. Enfin, sauf pour les jolis coeurs de Montpellier venus tenter leur chance auprès de la gente féminine entre deux murailles, pour les boulangers qui n’avaient pas farine, pour les amoureux éconduits, les filles sans soupirant, les chats sans souris, les souris sans fromage. C’était Carcassonne mais ça aurait pu être Montpellier, Montmirail, St-Claude ou Limoges. Pour le sicilien, la vie citadine n’était qu’une étape entre deux aventures et elle devait le rester. L’appel de l’aventure résonnait plus fort dans ses entrailles de jour en jour.

Le frottement du métal contre le pierre avait chauffé la lame de son épée longue. Le Visconti porta celle-ci à la lumière et passa la main sur le tranchant pour s’assurer de l’efficacité de son travail. Le soleil de Carcassonne s’y refléta, éblouissant l’ancien mercenaire. Le plat de la main qui glissait sur cette lisière ne rencontra que quelques aspérités. Il suffirait d’un peu de graisse et d’un bon chiffon pour finir et le travail et elle sera prête pour un retour sur les routes mais avant il y avait Xand. La flamboyante s’était représentée au poste de maire et elle devrait être réélue. Il ne restait plus qu’à la convaincre de reprendre la route avec lui. Un mois. Un mois pour se trouver une mission, un objectif. Un mois pour reprendre l’entrainement la nuit, pour s’assurer que ses réflexes sont toujours là, pour faire reprendre confiance à Xand après l’Helvétie. Un mois, c’est long et c’est court à la fois. Un mois pour s’éveiller, pour s’épanouir dans l’ombre et si la tête d’un noble pouvait venir lécher la fange de la forêt de Carcassonne pendant ce temps alors Carcassonne pourrait bien être le plus jolie des villages du sud de la France.

Velasco Visconti. Aout 1466. États d’armes, états d’âmes et ricochets.

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Xandrya


    Août 1466 - Etre ou ne pas être...


    Et de trois...
    C'était ainsi, il se disait souvent jamais deux sans trois, le troisième était là, deux mois déjà, deux mois d'un poste qui n'était pas elle, deux mois qu'elle bataillait oui, mais sur un terrain qui n'était pas le sien au final, et contre qui...
    Une lutte solitaire, sans coups, sans blessures, sans armes, sans sang, sans cette adrénaline qui avait toujours fait d'elle ce qu'elle était... une mercenaire, un spadassin... une combattante impitoyable.
    Alors comment se retrouvait-elle maire de cette ville ?

    Parce que c'était Carcassonne, parce que c'était chez elle, parce que c'était son point d'ancrage, et...
    Lentement le regard bleuté se porta sur dextre alors que le harnais de Nyx rejoignait le crochet de son box, la réelle raison de tout ceci venant flatter l'encolure rousse de sa jument.
    Parce que reprendre les routes avec cette main qui ne fonctionnait plus il y a deux mois après l'Helvétie aurait été pure folie, mettre sa vie en danger et celle du sicilien aussi, alors oui, la demande de Julien était tombé à pic, lui donnait l'excuse que sa ville, ses sources avaient besoin d'elle.

    Mais qui croyait-elle duper ?
    Cette vie n'était pas la sienne, les sourires à qui en réclame, les ronds de jambes à des soldats qu'on a combattu par le passé, et plus les semaines passaient, plus tenir ce rôle de mercenaire repentie ou du moins rangée lui pesait.

    Le feu... Le sang... Se battre....
    CA c'était sa vie
    CA c'était ce qui la faisait vibrer
    CA c'était ce qu'elle voulait retrouver
    Ne manquait que reprendre confiance en cette main estropiée et prendre en compte une habileté amoindrie, mais la vie pépère n'était pas pour elle.

    Le temps passant, dextérité de la main meurtrie s'était améliorée, rien ne serait plus comme avant, mais l'incendiaire était de nouveau en capacité de se battre, au moins en théorie, et sortant de la grange, les topazes se levèrent sur les ailes du moulin, sourcils se fronçant.
    Elle ne l'avait pas lancé, intriguée, le moulin fût rejoint au lieu de la maison, poussant cette foutue porte grinçante pour découvrir le Visconti planté devant la meule jouant d'étincelles sur la lame d'une épée, probablement la sienne.
    Concentré sur sa tâche, à moins que ce ne soit les rouages qui aient couverts le grincement, il ne l'avait pas entendu et un rictus au coin des lippes les azurés se mirent à parcourir les courbes dessinées du sicilien délicieusement parcourues de cette luisance que provoquait la transpiration perlée sur sa peau brunie par le soleil.

    Le voir ainsi à l'ouvrage et tester son travai, arme en main,l ne pût que faire frémir la tueuse en elle, s'avançant aussi silencieusement que possible elle sortit discrètement une de ses lames de son brassard droit.
    Se glissant dans son dos, froid de la lame entre ses doigts vint caresser le flanc droit dénudé quand senestre enveloppait torse pour remonter en caresse sur un poitrail offert, voix rauque dans le dos de sa proie venant murmurer d'un souffle chaud sur peau dorée.

    Sais-tu que tu rendrais folle la plus prude des pucelles ainsi luisant de ton effort Velasco ?



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Vasco.

Un jour l’homme reviendra là où il est parti avant Oanylone, au commencement des temps alors que le Très-Haut n’avait pas encore désigné ses enfants. La civilisation humaine périclitera, les villages se désertifieront, envoyant sur les routes les survivants des massacres, règlements de compte et maladies. Des bandes se formeront avec comme seul objectif de survivre: manger, boire, s’abriter et se reproduire. Les merveilles du monde humain dépériront sous le manque d’entretien, faneront sur une couche de poussière. Tout ce qui aura de la valeur sera pillé mais…Or? Argent? Pierres précieuses? L’ordre établi restera t-il en place ou l’homme révisera t-il enfin ses priorités pour accorder de l’importance à ce qui peut assurer sa survivance plutôt qu’à ce qui brille? L’être humain est cupide, stupide, égoïste. Ces trois traits sont aujourd’hui placés sur un piédestal et au nom de ces valeurs, il détruit son environnement. Il pille ses forêts, assèche ses cours d’eau, vide ses carrières de pierres, d’argile, ses mines de fer. Les feux de l’enfer lunaire s’abattront sur la terre des hommes, transformeront à jamais son habitat, tuant bêtes et hommes, créant des monstres adaptés à un monde chaotique et rigoureux.

Pour le Visconti, la noblesse du royaume était au sommet de cette pyramide destructrice: cupide de son or, de ses titres, stupide au point d’essayer de faire avaler des couleuvres au peuple qu’elle maintenait sous son joug, égoïste au point de passer les intérêts des terres qu’elle dirigeait après ceux du comté ou du duché auxquels elle appartenait. Oui, Carcassonne périclitera. Ses habitants s’entretueront comme les autres, mourront de malades et fuiront sur les routes. Le déclin était déjà commencé. Certaines villes n’étaient plus que des déserts où un maire prêchait dans le vide et où des êtres sans âmes payaient maigre impôts et fabriquaient ce qu’ils appelaient du pain quand ils avaient faim. L’heure des villes était passée, le temps des nomades était de retour. Pour les villes du Languedoc, pour les autres aussi. Dans le nord du pays, cela était déjà commencé.

Il ne l’avait pas vu venir, ni entendu d’ailleurs. Le bruit de la meule était aux yeux du sicilien l’unique coupable de ce relâchement de sa vigilance. Le froid de la lame contre son flanc le fit brièvement sursauter. Et quand il perçut cette main qui, tel un serpent, rampait sur son torse, le Visconti mit fin à son travail. La bruit du métal sur la meule de pierre cessa alors, laissant le disque de gré tourner librement sur ses axes et engrenages de bois dur. Un frisson parcourut son échine de la base de son cou jusqu’au bas de son dos. La senestre lâcha alors la lame et recouvrit l’exploratrice flamboyante sur sa poitrine, l’enveloppant d’un filet invisible tissé du bout de ses doigts de marin. Le sicilien tourna légèrement la tête de côté et son visage s’illumina d’un sourire discret.


- Et elles resteraient avec leur folie en tête Xand. Elles manquent d’expérience pour profiter de ce qui les met en émoi et moi… j’ai d’autres envies que celles de donner des cours.

Le brun barbu poussa le levier pour arrêter la meule qui continua un instant sur son air d’aller. La lame qu’il affutait tomba sur le sol et le Visconti se retourna lentement dans les bras de la meunière de feu, maire, spadassin et maitresse à ses heures perdues…ou mieux encore volées aux restes de ses activités. La dague de la rousse glissa sur la chair abdominale du Visconti, l’entaillant d’une estafilade superficielle. Un mince filet de sang vint à peine rougir le tranchant de la lame, chaleur et froid entremêlés sur l’abdomen du natif de Syracuse. Face à elle, les paumes des doigts du marin parcoururent son échine, capturèrent sa nuque, effleurèrent la lisière de son cou, s’entortillèrent dans ses cheveux rougeoyants. La rousseur avait toujours fasciné le Visconti. Elle avait participé à sa richesse et alimentait ses fantasmes, ses désirs. Les épis regroupés alors en chignon ressentirent la poigne masculine, tirant la tête de la Flamboyante vers l’arrière. La gorge ainsi offerte fut sans délai recouverte des lèvres méditerranéennes, suaves et gourmandes.

- Quand on commence quelque chose Xand, il faut le finir.

Instant de délice, instant sensuel, lorsqu’un Visconti regrette la folie du comté de ne pas demander d’impôts, lui ôtant la possibilité de le payer à sa manière. Les lèvres masculines moissonnent à même l’épiderme languedocien le résultat de graines semées ça et là depuis son retour à la vie. Vous voulez des détails? Non. Ce qui se passe au moulin reste au moulin et si vous êtes boulanger, sachez que le prix de la farine risque de subir une légère augmentation du prix dû à une faiblesse des quantités de farine offertes. Quand la meunière est surchargée de travail, la miche se vend plus chère.

- N’avait-on évoqué évoqué un voyage en V il y a quelque temps? Et si dans un mois la mairesse laissait tomber le bien paraitre pour revêtir les habits du spadassin? Du spadassin… et de la femme qui lui donne vie. J’ai envie de t’avoir à moi et de redécouvrir avec toi les…bienfaits du voyage.

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Xandrya


    Pas un mot à la répartie du sicilien, le rictus étiré sur les purpurines de la rouge était suffisamment parlant pour se faire, il est des expressions faciales bien plus équivoques que toutes les paroles qu'on pourrait prononcer, celle-ci en était une.
    Et comme il fut grisant de sentir sa lame entaillée les chairs du Visconti, l'espace d'un instant plus rien que ce carmin sur le fer de sa dague n'avait d'importance, l'envie de passer sa langue sur le tranchant pour le recueillir, occultant presque les empreintes italiennes qui tissaient un filin invisible sur sa peau pour venir lui filer un frisson en se jouant de sa chevelure de feu.
    Le regard d'eau de la rouge se ferma en affichant un sourire carnassier quand ce qui faisait de Velasco celui qui partageait sa couche et sa vie depuis maintenant quelques mois, et non pas un vulgaire amant insipide, se manifesta d'une poigne autoritaire et de lèvres avides de sa peau diaphane.
    Ivresse des sens ? Frénésie enivrante ? Débauche de sensualité ? Délice extatique ? Mhm... ça et peut-être plus encore ou moins allez savoir. Vous voulez des détails ? Non. Ce qui se passe au moulin reste au moulin, le sicilien l'a déjà dit héhé.

    Epiderme dorée contre peau de lait, fils de soie roux et bruns se mélangeaient sur la toile de jute d'un sac de farine, quand la voix italienne perça le silence et la quiétude de la rouge bercée par la respiration du Visconti, l'évocation du voyage en V reporté quelques mois plus tôt au profit de la mairie lui faisant relever le nez vers lui.
    Comment foutredieu se mettait-il à parler de ça maintenant alors qu'elle s'interrogeait sur la reconduction de son poste en mairie et que ce sujet n'avait pas été discuté depuis plusieurs semaines.
    Pivotant légèrement pour replier son bras sur le torse de son partenaire et y déposer son menton, Xandrya plongea son regard outremer dans son homologue sicilien.

    C'est étrange que tu parles de ce voyage...
    Je me demandais justement si je n'allais pas passer la main...
    La route me manque, les "bienfaits" du voyage aussi et...
    La mairie... Les études de médecine...
    J'étouffe...


    Prenant appui vient mordre labiale inférieure.

    On étouffe...
    J'ai envie de me retrouver
    De te retrouver


    Pliant et dépliant lentement la main meurtrie à Morat et guérie autant qu'elle pouvait l'être pour l'heure poursuivit.

    Nos blessures sont derrière
    On s'est trompé Velasco...
    La vie tranquille on sait pas faire


    Large sourire carnassier adressé à son partenaire, son acolyte, carmines et froid de l'anneau labial vinrent s'emparer de la chaleur sicilienne distillée par le biais d'un baiser.

    On parie quoi cette fois ?
    D'ailleurs....
    Manque de l'encre sur ton corps, "chéri"...


    Non, non, la rouquine n'avait pas oublié, le Visconti avait perdu le défi marchand du voyage en X et un tatouage fait de la main de la rouge viendrait bientôt orner la peau dorée du sicilien, il n'y couperait pas, il avait parié, il avait perdu, gage il avait choisi, parole il honorerait.
    Xand savait que si ce n'était encore fait c'était à cause de l'Helvétie et de sa main défaillante mais tout ceci n'était plus à l'ordre du jour alors bientôt...

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Vasco.
Cyrano de Bergerac aurait eu moultes façons différentes de décrire ce qui se passa cette fois-là au Moulin mais voilà Edmond Rostand n’était pas né, Didier Roustan non plus et comme les talents du Visconti pour les tirades n’étaient pas à la hauteur de ces illustres personnages, nous ne nous attarderons guère plus sur cette scène qui n’avait rien de pudique. Tout ce que vous saurez est qu’effectivement la Flamboyante eut le dessus sur son compagnon et que visiblement elle usa et abusa sans compter de sa situation dominante. Le sol était parsemé de farine dont certains sacs n’avaient point résisté à la fougue languedocienne. L’un gisait éventré sur le côté, victime d’un malheureux coup de poignard perdu dans les ébats débridés, la corde fermant le deuxième avait quand à elle lâché. Ah quand vous pensez à autre chose au travail, il y a toujours quelqu’un qui en fait les frais plus tard.

- Si cette farine-là produit un pain aphrodisiaque, il ne faudra pas venir te plaindre. Vu ce qu’elle a subi…

Qui vous a dit que les siciliens n’avait pas le sens de l’humour? Qu’ils ne savaient que manier le poignard et appliquer la loi du silence? Ajoutez à cela qu’ils sont parfois bavards, bons marins, amants exceptionnels, mauvais perdants et font des boulangers potables. Hum? Quoi d’autre? Aventuriers hors pair? Détrousseurs en tout genre? Vendeurs de rousses talentueux? Oui. Aussi oui. Et dire que tout ça était parti d’une épée à aiguiser. C’est vrai, ça n’arrive pas que dans les romans ce genre de situation. Avec Xand, il fallait s’attendre à tout, tout le temps, accepter l’imprévu comme il venait et répondre avec un bel à-propos, surtout quand elle avait pris position sur votre poitrine, qu’elle vous toisait de ses bleutés à la recherche de certitudes et qu’elle était redevenue si sérieuse après avoir été si sauvage.

- Passe la main à la fin de ce mandat. Viens avec moi. On n’a qu’une vie et je préfère mille fois la risquer sur les chemins que d’attendre la mort dans une chaumière de paysans.

L’index du Visconti lissa l’arête de l’épaule nue de sa maîtresse, se délectait de cette chair hérissée par des étincelles d’extase qui parcouraient encore son épiderme ça et là. Venir agacer ce corps alangui dans ses bras et qui retombait dans une douce indolence était purement Viscontien. Tel homme, tel brigand, tel amant, l’un n’allait pas sans l’autre. Qui avait-il de plus agréable en cet instant que de livrer la nuque de la rousse à une caresse manuelle pour la ressortir gorgée de sensualité et « l’essorer » au dessus de son dos ou encore lancer sa ligne profondément dans les puits de ses océans et se demander ce qu’il y trouverait: une escarboucle de sommeil? une bourse de bien-être? un sac à malices ou un coffre aux secrets qui ne demandait qu’à se dévoiler, encore… et encore?

- Tranquille est un mot que je ne connais pas, que je ne veux plus connaître. Tu n’es pas faite pour gérer les humeurs des filles nubiles en manque d’amants, les plaintes sur les miches de pain trop cuites ou trop dures, pour savoir si le père Fougasse a le droit de zyeuter les olives de la mère Michèle quand elle les sort de sa grange ou pour gérer les états d’âmes du charpentier en peine d’amour.

Le marin passa la main entre leurs abdomens, grinça lorsque son index appuya sur la blessure superficielle causée par l’acier de la rousse, porta son doigt maculé de pourpre aux purpurines de la mairesse de Carcassonne. La paume tapissa le pulpeux d’un filet rougeoyant autant qu’il pillait les traces de désir qui avaient résisté au dernier assaut sicilien. En bon brigand, il força l’entrée buccale pour défier sa pernicieuse et l’engager dans un jeu d’escarmouches tactiles cadencé sur un rythme lent. Ce qui se passe au moulin et aux alentours reste au moulin. La curiosité est un vilain défaut et elle coute parfois très chère.

- V comme Vadrouille. V comme…Vallons, Volcan, Vol, Voyage,Venin, Envie…et non comme…Végéter. Tu es le feu, je serais de l’Amadou.

Le sicilien bascula sur le côté emmenant avec lui son amante enflammée. Les corps roulèrent dans la farine éparse, blanchissant au passage comme le visage de certaines nobliautes pour se distinguer de le paysannerie qui brunit au soleil pendant leur labeur aux champs. Position dominante acquise, ancrée dans le bassin méditerranéen, le Visconti remonta autour de sa taille la jambe du phénix et punaisa ses mains de femmes au sol, au dessus de sa tête, formant noeud marin de digitales entrecroisées.

- A toi de choisir cette fois l’enjeu du pari Xandrya. Sois imaginative. Surprends-moi. Et quand à l’encre qui manque sur mon corps, prends-le et ensuite…Prends-moi! Marque-moi. A jamais!
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Xandrya


    Le calme après la tempête, l'instant de répit avant l'ouragan, un léger rictus naissant à l'orée de ses carmines en l'entendant parler de farine aphrodisiaque alors que la peau laiteuse de son charnu portait encore l'empreinte blanche des paluches siciliennes.
    Dire que l'air été empreint de poussière de blé eut été un doux... euphémisme, la peau dorée du Visconti ayant pris une teinte bien plus claire.
    Mais le sujet de la mairie et de passer la main devint bien plus sérieux à la réponse du brun, même si les digitales qui parcouraient doucement le satin de sa peau poudrée pouvaient être une distraction suffisante pour ne pas tenir la conversation adéquate.
    Passer la main... et pourquoi pas...
    "Viens avec moi", à ces mots la langue avait claqué sur le palais de la rouge, sans qu'elle ne sorte un mot laissant l'homme sur lequel elle reposait paisiblement poursuivre son laïus, au fil de ses caresses hérissant son derme, pour au final se figer dans son regard, océan sondant le ciel d'azur.

    Mhm...

    Une réponse en cours de réflexion, un "pourquoi pas" teinté d'un "je ne sais pas" et appuyé d'un gros "d'accord", bref un joli mélange de "appui tes propos Velasco".
    Et de persuasion le sicilien n'en manquait pas, péché mignon usité de manière perfide, le sourire léger se fit carnassier, dévoilant canines, à l'approche de cet index qui appliquait le plus parfait des carmins pour rougir ses lippes, agaçant l'acier singulier ornant l'inférieure pour se faire intrus.
    Sarabande et joute au goût délicieusement métallique distillé sur ses papilles quand le discours se fit plus Viscéral, Vindicatif, Vendeur, Voluptueux, Vicieux... Velasco... Visconti...
    Et le bateau sicilien de tanguer et de rencontrer moultes remous, matelot et capitaine se retrouvant entremêlés l'un à l'autre mains et phalanges nouées et amarrées à la proue du navire, les murmures devenant requêtes directes ponctuées.

    Parce que tu partirais sans moi Visconti ?

    Sourire mesquin et provocateur, la rouge avait déjà la réponse à cette question alors que sa cuisse se resserrait sur sa hanche, corps blanchis de farine s'épousant l'un l'autre à la perfection, un murmure filtrant.

    On sait tous les deux que non je te manquerais trop...

    Petit rire rauque et un visage qui se rapproche d'un autre faisant claquer ses dents à proximité d'une bouche en accentuant la pression entre les digitales unies.

    On reprend où on s'est arrêté quand Julien m'a demandé de reprendre la mairie ?
    Toi... Moi... Les routes...
    Pas de pari, on gagne ou on perd ensemble cette fois..


    Saphirs et topazes en duel, pupilles allant de droite à gauche pour le sonder, un souffle exhalant à la chaleur sicilienne se distillant contre sa peau et au creux de ses cuisses.

    Un "X" au dessus de ta fesse gauche ça te va Velasco ?

    Ricanement à la proposition et lèvres tentatrices alpaguées pour un baiser fougueux, venimeuse s'enroulant à serpentine pour une envolée sauvage, l'ouragan levant le vent de la passion sur un duo enflammé et haut en couleur.

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Vasco.

Face à n’importe quel tribunal du royaume, d’Artois, de Franche-Comté ou de Savoie, ça se serait nommé une preuve. Quoi donc? Ce que Xandrya appelait le fait que « la peau laiteuse de son charnu portait encore l'empreinte blanche des paluches siciliennes ». Preuve éphémère vous en conviendrez aisément avec moi, preuve que le Visconti effaça de bon gré d’un balayage manuel. Hop! Ni vu ni connu, Plus de trace du délit délicieux et tant qu’à y être autant combiner nettoyage des lieux du crime avec plaisir, c’est tout de même plus agréable. Quand aux poches de farine éventrées, il suffirait de passer au marché la nuit pour récupérer deux ou trois sacs d’invendus et la perte sèche pour « ébats incontrôlés » serait elle-aussi effacée. Tiens, d’ailleurs, c’est ce que le Visconti devrait suggérer à la rouge: réquisitionner par une loi municipale tous les denrées invendues après deux semaines. Halte au gâchis des riches! Redonner aux plus pauvres et alimenter les estomacs de ceux qui s’apprêtent à renverser le pouvoir royal! Enfin, ça c’était aussi un des fantasmes du Visconti.

-Toc! Toc!
- Quoi?
- En parlant de fantasmes…
- Hum?
- Je te rappelle qu’il a une rousse incendiaire dans les bras, que les deux sont à moitié déshabillés pour ne pas dire complètement et qu’il y a suffisamment de farine au sol pour témoigner de la fougue de la scène précédente. Alors, tu ne trouves pas que la politique n’est pas un sujet particulièrement adéquate en ce moment?
- Ben quoi? Ils parlaient « Mairie », pas politique!

Comme dirait le sicilien « Si! ». Quand le narrateur s’oublie, ça donne effectivement de drôles de discussions. Reprenons donc si vous le voulez bien le cours du récit.

Visiblement, les arguments oraux du Visconti n’étaient pas suffisant pour convaincre la rousse. Le discours du marin fut donc ponctué de points de sensualité, de métaphores voluptueuses, d’intonations soufflées, de thèses, d’antithèses et de synthèses effleurées. Bras dessus, mains dessous, la « pâte » fut pétrie et enfarinée à souhait. Inutile de laisser reposer pour la faire gonfler sur le plan de travail. V pour Velasco Voluptueux, V pour Vicieux Visconti. Ce qui se passe au moulin reste au moulin: n’espérez finalement pas que la farine aphrodisiaque soit utilisée pour provoquer une émeute à Carcassonne. Même si nos deux compères n’en n’ont guère besoin, il parait qu’elle est capable de décupler les envies.


- Tu me manquerais? Hum…J’admets. Mais je pense avant tout aux pauvres voyageurs qui passeraient par Carcassonne et qui devraient subir tout ce que tu me fais subir quand tu es en manque de mon corps Xand!

Il savait comment tout cela allait finir. Tel un Champollion des temps anciens, le sicilien tenta de puiser au fond des océans de la languedocienne une confirmation de son pressentiment. « Tu me laisses récupérer. C’est ça? Tu te comportes de manière bien trop sensuelle pour me tendre les braies et me demander ensuit d’aller faire mon travail. Depuis Genève, nous n’avons pas eu assez de temps à consacrer à l’autre et ça me manque autant qu’à toi. Je parie que dans quelques instants, tu reprendras les choses en main. La phrase-clé qui servira de signal au début de la folie? ’Tu parles trop Visconti’. Et alors… »

- Pas de pari? Juste toi et moi sur les routes? Juste tous les deux? On emporte de la farine pour ne pas s’ennuyer ou on profite des merveilles de la nature?

Des plans pour ce voyage, ils en avaient. La nature de cette escapade avait été discutée avant qu’ils ne se mettent en route pour Genève, avant la proposition de Julien, avant que leur blessures ne mettent un hola à leurs projets. Les semaines étaient passées, les lésions n’étaient plus que de mauvais souvenirs. Les coups de fatigue subit que le Visconti avait ressenti à deux ou trois occasions et qui l’avaient contraint à une longue pause dans sa journée de travail ne seraient pas une raison suffisante pour reporter leurs projets. Après tout, Xand était médecin, elle avait diagnostiqué la cause de ces fatigues soudaines. Ne restait plus qu’à y trouver remède. Non, le Visconti n’avait pas besoin de s’inquiéter de cela tout comme il n’avait pas besoin de se soucier du visage de la petite fille à la pomme qui venait le hanter de temps à autre. Tout ceci n’était que chimères provoquée par l’esprit d’un marin n’ayant pas revu la mer depuis une trop longue éternité.

- Un ‘X’ sur les fesses? Se consumant dans les flammes de ta rousseur? Marques-tu l’endroit qui t’appartient depuis la nuit de la console ou est-ce l’homme en entier que tu signales comme étant ti…

Il n’eut guère le temps d’en dire plus, pas même celui de finir sa phrase que les lèvres se chevauchèrent, que les corps glissèrent l’un contre l’autre à la recherche d’une position plus ergonomique pour l’instant présent. Un nuage de farine se forma sous l’impulsion des amants avides l’un de l’autre, danse charnelle dessinant des symboles ésotériques au sol.

- Tu parles trop Xandrya!

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Xandrya


      "Tu parles trop Xandrya !"

    Il n'était effectivement plus temps de parler, nul besoin d'arguments supplémentaires pour convaincre la rouge, l'envie commune était entendue, et il n'était pas là question que de deux furieux qui s'envoyaient en l'air avec la frénésie caractérisant leurs impulsivités communes, mais bel et bien d'un duo infernal qui remettait sur les rails un projet prévu de longue date et que l'Helvétie avait mis en suspens.
    Folie charnelle étanchée pour un petit temps, les amants terribles reprenaient pieds dans la réalité, corps étendus sur le sol du moulin, souffle écourté reprenant un rythme plus régulier au gré de caresses plus calmes d'une senestre languedocienne sur un torse à la peau dorée ou de celle d'un sicilien sur une chevelure rousse étalée sur peau diaphane.

    Y'a pu qu'à tout préparer Velasco... se remettre en "jambes".
    Tom m'a parlé de vider son appartement en Orléans...


    Fraicheur d'un anneau labial déposé sur l'épiderme marqué par le soleil, la crinière rouge se redresse venant s'emparer d'un baiser en amarrant regard à son jumeau bleuté, lippes effleurant lentement la pulpe des lèvres siciliennes.

    On pourrait l'escorter histoire de remettre le pied à l'étrier ?
    Un petit aller-retour... on fait du repérage et on sème quelques feux de camp au passage.
    T'en penses quoi ?


    Reprendre leurs marques et se préparer, un voyage en V après un voyage en X, oui c'était logique et il faudrait en reparler, répertorier, prévoir ce qui devait l'être, car partir tête baissée et la fleur au fusil n'était pas du tout la façon de faire de la rouge et encore moins celle du sicilien.
    Le souvenir de la récupération de sa jument chez les sbires du Montoya lui revint alors en mémoire avec un léger sourire, ce qu'il avait pu râler ce jour là de la voir partir comme une furie impétueuse en entendant les hennissements, on ne touchait pas à sa jument, jamais... compagne de toujours donc la robustesse n'était plus à prouver.
    Mais cette impulsivité e la flamboyante ne lui avait valu aucune blessure de jour là, habituée à cette façon d'agir, contrairement à Velasco qui avait pris cher en la couvrant, machinalement, les doigts de la rouge se mirent à parcourir la cicatrice qui restait dans le dos de son hidalgo.
    Dire que ses talents de "couturière" et ses quelques connaissances en médecine avaient été utiles ce jour là aurait été un doux euphémisme, c'est d'ailleurs en se rendant compte que des lacunes l'empêchait de soigner complètement le Visconti que décision d'approfondir ses compétences fût prise, et pour ce voyage à venir la donne serait différente.
    Pourquoi ? Parce qu'elle serait bien plus apte à porter des soins si besoin et... parce que le voyage en V serait aussi tumutltueux que le voyage en X avait été sensuel.

    Escorte, y'en a pour un p'tit mois, on profite de voir mon contact sur Limoges et ensuite...

    Lèvre inférieure mordue et sourire carnassier, effleurement chuchoté.

    ... Voyage en V comme prévu.



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Vasco.

Un bras croisé sous la tête, l’autre entourant les épaules d’une enfarinée, il s’était mis à rêver les yeux ouverts, à ces moments où la vie ne tient qu’à un réflexe inné, où une lame un peu plus à gauche peut sectionner votre fil de la destinée. Il repensa au frisson d’avant l’action, à ces jours passées à se fondre dans la masse et à guetter le moment opportun. Il revit la peur dans celui qui se dressait devant lui, il se vit lui, sa détermination dans les prunelles de celui qui un instant plus tard passerait de vie à trépas. Il y a cru un moment: partir de Carcassonne et faire rouler la tête des souverains à Paris. Qu’il les connaisse personnellement ou pas n’avait pas d’importance. Seul ce qu’ils représentaient avait de l’importance. Ici, il y avait bien deux ou trois personnes qui avaient assez de volonté pour tout renverser. Il en tenait une dans ses bras. Les autres se trouvaient sans doute du côté de la famille Black. Il savait qu’il ne convaincrait pas les reste des habitants de se lever contre les privilèges de la noblesse: trop occupés à gérer la mornitude de leurs petites affaires de coeur ou tout simplement du fait d’un manque évident de courage.


- Hum…Orléans? C’est près de Paris ça? Si! Ça pourrait être une bonne première étape.

Vasco enroula une mèche rousse autour de son index, étala ses doigts dans la chevelure de feu, caressant son derme sous cette crinière comme pour bien se convaincre qu’il ne rêvait pas éveillé depuis des mois, qu’elle n’était plus un de ses fantasmes mais une réalité qu’ils consommaient ensemble avec une fougue dont ils se disputaient la plus haute intensité. Qui avait eu le dessus cette fois-là dans la farine? Allez savoir! A chacun de juger, de se faire sa propre opinion.

Faire du repérage, installer des feux de camp, préparer leurs arrières quand ils sentiraient la soupe chaude. Cherchait-elle à lui prodiguer une énième extase rien que par ses mots? D’autres images fugaces vinrent s’imposer à lui: celle d’un poignard cisaillant une mèche rousse, celle d’une lame froid effleurant une une lippe annelée, des brins de cheveux roux parcourant son corps des pieds à la tête et le faisant frémir autant que le spectacle de la vie s’écoulant dans un dernier regard.


- Je pense que j’ai de quoi alimenter ces feux, les remplir dans le cas où la campagne serait préférable à la ville. Je pense qu’on devrait garder contact avec ce Robs Black…et qu’on devrait se refaire la main.

Voyage en V. Cela faisait partie de leurs plans de longue date, Ils l’avaient évoqué après qu’il lui eut proposé et réalisé le voyage en X: parcourir dans un même périple toutes les villes contenant un « X », s’y arrêter pour un jour ou deux afin de découvrir les attraits de la ville combinée à une imagination fertile. Ce qui s’est passé dans le voyage en « X » reste aussi au moulin. Ce qui se passera dans le voyage en V? Nul doute qu’ils leur faudra oublier le côté confidentiel. Était-ce un problème? Non. A chaque voyage ses petites gourmandises. Varier les plaisirs, c’était sa façon de faire pour éviter l’acédie, la morosité, l’ennui, l’insignifiance.

- Escorte…C’est bien la première fois que je vais escorter quelqu’un. On monte, on redescend à Carcassonne et ensuite, on part à l’aventure. Elle est où la première ville en « V » dans le coin?

Visconti esquissa un sourire. Elle l’avait fait revivre une fois déjà. La première fois, c’était en l’invitant à visiter son moulin. La seconde fois? Elle venait de le faire à l’instant même: par leurs effusions, par ses propositions incandescentes, par l’inspiration qu’elle faisait couler dans son esprit. Mourir à petit feu, il l’avait déjà vécu une fois. Par obligation. Pour vivre. Aussi étrange que celui puisse paraître.

- Tu sais qu’il y a une faille dans ton plan Xand? Va falloir que tu trouves un moyen de me faire lever d’ici pour que l’on parte là-bas.

Le bras du sicilien appliqua une pression sur le corps de la rousse et Déos seul savait comment il avait fait pour ramener la meunière à le surplomber de nouveau. Clap de fin. Vous qui lisez ces mots rappelez-vous bien: ce qui se passe au moulin reste au moulin, ce qui se passe en taverne est du domaine pudique.

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Xandrya


    Septembre 1466 - Défi relevé... suivant


    Négociation qui n'en avait pas été une, argumentation extatique sur lit de farine, les projets en cours allait se voir lancés.
    Mairie se dessinant en arrière plan fondu, horizons sinueux orléanais se profitant en lieu et place, suivi d'une carte où les villes du voyage en V avaient vu un cercle d'encre sombre venir les entourer.
    Réunir l'essentiel et le personnel, les deux se résumant en peu de choses pour la rouge, reprendre les routes, dire que ça avait lui manqué était un... doux et sirupeux euphémisme.
    Depuis que le marasme avait fui sa vie, depuis sa renaissance, plus rien ne comptait que de se sentir vivante, vivre à en crever, ce qui avait bien failli arriver, mais elle préférait vivre de remords que de regrets.

    La vie est trop courte pour la nourrir de regrets, Xand le disait, le pensait et vivait ainsi.

    Et s'il était une chose qu'elle ne regrettait pas c'était d'avoir croisé ce sicilien, se sentant plus que jamais vivante depuis ce jour, sur les routes, en combat, dans leur couche, nul doute que pour être resté si longtemps dans le giron de la rouge, le beau ténébreux avait de la suite dans les idées, de la persévérance et de l'endurance mais.... la réciproque était tout aussi juste sur le piquant du chevaucheur des mers.
    Même si quand il était question de chevaucher maiiisss.... je m'égare.

    En cette mi-septembre, la mairie avait été rendu, bien que non prise, quoi que en principe si en fait, oh le mal de crane se pointe là. Bref la libération administrative de l'incendiaire était effective et l'escorte de Tom pour maintenant.
    Ensuite, enfin le projet mis en tête de longue date pourrait prendre forme , faire bouger les amants de leur farine après la décision de reprendre où ils s'étaient arrêtés n'avait pas été tâche aisée, mais la faim et la soif avait eu raison d'un tout autre appétit.

    Charette chargée, chevaux soignés, compagnons de route avertis, itinéraire prêt, tout était au point, ne restait plus qu'à boucler le cabinet et lancer la bande de gais lurons qui n'auraient rien à voir avec celle qui avait... embrasé Le Puy fût une époque lointaine.

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