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[RP] Je vais bien, ne t'en fais pas.

Alphonse_tabouret
Juin 1466






L’Ostel-Dieu jette sur la Seine une ombre pleine, flanqué aux abords de Notre Dame, imposant aux maisons l’entourant, la couleur unie des tuiles de ses bâtiments : nombreux, ceux-ci se succèdent en couloirs allongés et s’il en a déjà regardé les vagues depuis les hauteurs de la cathédrale, jamais encore Tabouret n’a posé le pied à l’institution.
Jardin réservé à d’autres et désormais serre propice aux pousses silencieuses d’un arbre aux feuilles blanches, l’ensemble se découvre au matin de juin, à l’examen d’un œil curieux tout autant qu’attentif ; les heures délavées ont cédé leurs courbes aux noires mâchoires des anciennes amertumes, se sont heurtées aux serments écorchés et dévoilent désormais consommées, l’incandescence d’un ciel bleu à de rares plumes cotonneuses. Midi ne va pas tarder à sonner aux cuivres épais de la cathédrale et quelque part, Faust à ses parfaites lèvres, respire le même air que lui.

Les infirmières croisées ont tracé les derniers pas du ponton à la terre, indiquant, les mains prises par de vastes linges propres aux impeccables pliures, la file d’attente des citadins ; Montfort, ce jour est aux auscultations et c’est à la grappe de souffrants qu’il s’ajoute sans leur prêter attention.
Juin a des airs de janvier ; reflet au confessionnal de Saint Front, Alphonse, mains dans les poches au mur du dispensaire, abolit le temps au décompte des minutes, pampres de pensées résolument perdues à une impatience de plus en plus chahutée, à l’insupportable proximité qu’il faut encore museler, et en découvre la délicieuse douleur à l’écoute d’un appétit contrarié. Dans le ventre, racines s’enroulent sur elles, frôlent les contreforts de poumons incapables d’encore se satisfaire du simple oxygène, avides des senteurs premières, de celle de l’épi, de la peau, de la bouche, et le cœur agité martèle d’échos le plexus d’un rythme animal dont les crocs luisant transpercent un sourire à damner chaque ange égaré aux pierres ; Faust et ses bleus regardent au même horizon que lui.

Le couloir s’embue d’une poignée de patients qui s’égrènent au bruit d’un rideau que l’on tire à la discrétion des consultations et des murmures inaudibles berçant le silence troublé aux dortoirs de patients déjà alités. A tendre l’oreille, l’on peut percevoir le hoquet d’une larme, une prière chuchotée plus rapidement qu’une autre, car si l’on soigne à L’Ostel-Dieu, l’on y implore tout autant, l’on y fait les miracles comme les oraisons aux entêtants parfums des baumes et des baisers saints qui cueillent le front des condamnés d’un dernier au revoir ; vie et mort sur une même plaine zèbrent chaque mur d’un soupir de piété.
En ces lieux, Alphonse pourtant toujours si soucieux d’accorder l’humeur à l’environnement qu’il découvre, se sent charlatan, flibustier au cœur tonitruant quand ceux qui l’entourent se décomposent de douleurs ; au milieu des afflictions, il abrite au rigoureux grillage de ses noirs, les océaniques élans qui dévastent l’aorte de fleur de sel, d’épices d’orient, de soleil égéen.

Faust est là , sa voix vient de percer au-delà de la confidence et sature l’âme d’une envie aux éclats plasmatiques, feu et lave réveillés perçant la sagesse des jais d’une oblique captivée.



Écume meurtrière a porté la nouvelle jusqu’au temple d’une Gorgone cadette, et sous le voile ophidien, coulent deux larmes de ravages.
Sœurs morcelées à la main du marin la font dorénavant fille unique.



Midi crevant l’onde conclut une presqu’heure d’attente et aux bruits qu’il perçoit, Faune étire sa silhouette en quittant l’appui du mur qui le reçoit ; le froissement des vêtements, le bruit de la plume, la dernière recommandation. Dans quelques secondes, le rideau sera rabattu, délivrant de sa gueule sombre la silhouette reconnaissante de l’un et la compassion première de l’autre.
Dans quelques secondes, anonymat brisé d’éclats, quelle que soit la douleur, l’on respirera.

Cinq.
Quatre.
Trois.
Deux.
Un.

Eindelijk *







So messed up I want you here
Je veux que tu perdes la tête
And in my room I want you here
Et je veux que tu sois dans ma chambre
And now we're gonna be face to face
Maintenant on va se retrouver face à face
And I'll lay right down in my favorite place
Et je vais aller me coucher dans mon coin préféré
I wanna be your dog, The Stooges


*Enfin

_________________
L_aconit
Etirant dans son cou la tension d'une matinée debout, la contrariété de ne pas avoir pu poser l'échine à la miséricorde d'un quelconque lit, fauteuil, chaise, caisse, dalle de carreau... montfort, entité sérieuse, griffonne quelques notes dont il se servira à l'étage au pupitre des étudiants. Les jours se suivent et se ressemblent, une épidémie de phtisie a dévoré les entrailles de Paris. Il a peu dormi. Perigueux le réclame. Rien ne l'égaye.

Dans quelques secondes, gueule de minet changera ses plans linéaires de journée , d'ici là gorge s'arrache un soupir éreinté et l'épi de blé se tourne au vent qui a prévu de le dévêtir du fringuant de ses dix huit ans jusqu'à la nuit.

Cinq.
Quatre.
Trois.
Deux.
Un.

Une rangée de cils blonds s'embrasse un peu, les cobalts passent en revue la longueur de l'attente et s'ancrent à la silhouette familière. Découpée d'entre les morts. Stupeur s'étire jusqu'à ses contreforts, faisant craquer la porcelaine d'une fossette. Piqué de la drille de la surprise, palpitant s'enraye chétivement. Il aura fallu une fraction de seconde. Un fraction de seconde pour l'appréhender, le capturer, lui tordre le cou, le mordre au sang.

Un hoquet silencieux est soufflé par les naseaux. Faune est là.


La manche se redresse jusqu'à dénuder le poignet de la dextre et claque des doigts pour attirer, là bas, l'attention d'Heuse. Nonne avertie a compris que l'heure de la relève a claqué, Chapelain claqué va finir par leur claquer entre les ... Doigts. A force de tant travailler. Il a pourtant ce sourire crâne étalé sur la bouche, c'en est tellement inhabituel qu'elle marque un temps d'arrêt et observe les visages qui l'environnent. Les mollets fins dissimulés sous la robe de religieuse s'étirent, Heuse s'élève d'un lit sur lequel elle a penché sa bonté. Un hochement de tête léger au clerc, qui ne la regarde déjà plus.

Nonnes, serrez ardemment vos chapelets. Faites vos prières. Retrouvailles grondent jusqu'aux tripes. Ce soir, Orphée pincera des cordes avec les plus sensibles boyaux et attendrira les yeux qui ne veulent regarder. Les oreilles qui ne veulent entendre.
Faust s'écartèle d'un battement de joie. Le museau brun du muse est à portée de doigts. A portée de main. L'élan l'a fait jaillir et les bras pourtant se retiennent de l'enserrer. Serres se resserrent aux paumes. Il l'invite d'un léger coup d'épaule à traverser le rideau que blanche patte a éventré et a laissé béant.

Les malades suivent des yeux l'étrange duo qui traverse la grand pièce côte à côte. marchent. Puis trottent. Puis courent dans un éclair de soulagement. Personne de sa perspective en deux dimension n'appréhendera la main bretonne tirant la flammande, l'attirant dans un rugissement de joie dans les couloirs de l'Ostel. Là où l'orage éclatera son allégresse. Sa tendresse. Son accueil de roi. Là où elle empoignera son col propret pour donner à cette bouche de trop beau son châtiment, celui des heures, des jours comptés. Là où ils... s'acculeront. Où les baisers fervents chuchoterons : "Je vais bien, ne t'en fais pas. Je vais bien puisque tu es là. " Le soignant se fait la malle. File à l'anglaise, à Dieu les malades...

Faune est là.



Hey babe, let's go out tonight
Hey poupée, sortons ce soir
You like me, and I like it all
Tu m'aimes bien, et tout ça me plaît
We like dancing and we look divine
Nous aimons danser et nous sommes superbes
You love bands when they're playing hard
Tu aimes les musiciens quand il jouent fort
You want more and you want it fast
Tu en veux plus et tu le veux vite
Rebel rebel, David Bowie
_________________

Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Ansoald
Une fois, deux fois, cinq fois il parcourt en vain l'épineux paragraphe sans comprendre un traître mot de ce charabia et le soupir qui s'échappe de ses lèvres ne fait pas frémir d'un iota la broussaille amassée sur la page. Elle brûle comme le buisson ardent, ses vapeurs toxiques l'assomment pour le compte. Qu'ils semblent loin les chemins buissonneux où se trament de palpitantes embuscades! Là-bas, les plantes ont des parfums d'ivresse et l'hellébore suffit aux matins calmes.
Bon sang, une heure qu'il loge en ce pupitre sans trouver la clé des champs et déjà il s'ennuie! Autour de lui s'appliquent sur des grimoires des mines grises et attentives. Aucune ne prête attention au naufragé. Son oreille s'enchante de la moindre rumeur mais elles s'éloignent toutes, l'abandonnant au silence de l'étude imbécile. Est-ce une simple migraine ou la fièvre quarte qui lui plombe le front? Voilà qu'il détecte une écharde sous son index et qu'il passe une bonne minute à traquer l'intruse à la pointe d'un style. C'est là saine distraction, se console-t-il.

Midi sonne. Le gong le délivre de ce passage abscons. Il se promet d'y revenir, en se levant. Sous son crâne, un orage délivre mille gouttes de pluie impropices; il lui semble que la lumière d'un bon soleil l'aiderait à clarifier ses pensées. Cette logique imparable a le bonheur de l'éloigner de ses soucis. Il sort et traverse d'un bon pas les longs couloirs de la bâtisse. Les malades, plongés en leurs tourments intérieurs, ne le remarquent pas. Les soeurs jettent des coups d'oeil narquois en sa direction, ignorés de manière semblable. L'idée lui vient de casser la croûte en compagnie du chapelain: sans doute pourra-t-il remédier à son affliction...Mais au dernier moment, il change d'avis. Il ne veut pas que Nicolas le voit porter ce masque funèbre. Au contraire, il se veut joyeux et fort en ses parages, de façon à lui soustraire habilement quelques réponses opportunes...Et d'autres belles petites choses, qu'une étrange pudeur refuse de nommer en ce moment précis. Il voudrait le surprendre, un peu. Ainsi, l'imprévisible s'angoisse d'être prévisible alors qu'il est aux prises avec son inconstance.

Trop tard. L'oeil avisé du guetteur aperçoit l'approche de l'ami redouté, de l'amant redoutable. Il blêmit un instant, puis tente de se donner face convenable. Inutile tentative. L'oiseau est perché sur l'épaule d'un camarade et le tire hors des couloirs austères en battant frénétiquement des ailes. Ansoald dresse un pas en arrière, dans l'ombre d'un battant de porte, pour affranchir de sa présence ces évidentes retrouvailles. Inutile précaution.

Dans le coeur du larron noircit une délirante envie. Un battement, plus fort que les autres, résonne comme un coup de maillet. En ses narines gèlent tout parfum et toute volupté. Jalousie, injustice, chaos. Qui peut prédire ce que ce mélange odieux produira comme effet?

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Alphonse_tabouret
Faust et Faune sont là. Sourires brûlants se font écho, et les comètes se mêlent en de dithyrambiques ententes, dévorent les mirages aux chaleurs neuves de juin, incrédulité esquissée en bordure de lèvres.


Combien de temps ?


Une infinité.

Vingt-cinq jours.


Une infinité.


Sourire brun s’étire de ces fatalités que l’on ne cherche pas à voiler, à l’aveu des mots qui se lisent sans se dire, et s’éprend du pli entamant l’onde lassée des nuits dispensées sur le visage pâle.
Absence de juin ne portera pas les séquelles de mai, fut-elle plus trouble encore, plus perfide que l’ainée, alors, malgré l’aorte tachycarde et le ventre qui rugit, l’on coud le silence aux lèvres et les gestes à l’étrange suspension qui parfume ceux qui se retrouvent, abandonnant au rythme des pas qui les éloignent, l’aube d’un anathème.



Que disparaissent les mondes aux absentes collisions ; la vie se consume comme on respire et rien, jamais, ne devrait en broder les élans à l’abstention.



Dans sa main, la sienne, ou bien est-ce l’inverse ? L’ordre n’a plus d’importance, rien n’a plus de sens que cette oreille claire bordée de cheveux blonds, cette nuque qui n’attend que ses dents, ce sourire qui fend l’austérité des belles porcelaines. Les couloirs sont avalés à la course, au Diable les regards étonnés qui croisent la cavalcade, au Diable celui qui s’efface au battant d’une porte ; l’ignorance est mère d’insolence, et aux canines perçant les lippes, c’est la potence que l’on présente à qui possède le savoir.


Aux grappes foulées, les destins ont trébuché, les guerres se sont mêlées, fardant nos joues blanches du carmin des destins, et nul, à la mer comme au ciel n’aurait alors osé défier nos têtes couronnées
Pourtant à midi de juin, elles roulent au fond d’une poche et ricochent à la course ailée qu’on leur impose.


Voleur méconnu aux ténèbres s’apprivoise d’un regard qui ne voit pas , insouciant, inconscient, détail perdu à l’impatience fascinée d’un chat aux plumes bleues et, imbécile heureux, innocent aux mains pleines, c’est même d’un sourire que se fend le visage d'Alphonse à l’attention de l’ombre qui recule pour eux ; le Sans Nom pourrait éventrer L'Ostel-Dieu que Muse chercherait encore une chambre où baiser Pygmalion.

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L_aconit
La halte suspend les égarés au seul besoin de presser le corps qui a bridé par son absence les pulsions d'un religieux trop jeune pour être honnête. Pour en évaluer les forces d'une pression des bras dans le dos, pour rappeler aux narines l'odeur qui déclenche les raz de marée, pour broyer ce bassin d'un coup de rein-retrouvailles, le duo s'attarde d'imprudence. Autour de la halte gravite des élans dont tendron couronne le spectacle. Fervent pratiquant de portes cochères, de retraits dans l’inondation anonyme
des rues, de jeux dangereux, il n'a pas remarqué l'ombre mouvante , et ce n'est qu'en se retournant pour attirer Alphonse dans l'un de ces renfoncements heureux que les bleus captent dans la pénombre les traits dissolus du passé.

Les mains se figent dans une caresse pensive. Les yeux se baissent jusqu'à se noyer au cou brun. Temps se disloque à l'écho sournois de la mémoire . Le malaise est palpable, capturé par la surprise d'être épié. Epié de ces yeux là.

Il voudrait rester là, et ne pas y être à la fois. Dichotomique sentiment, effritant l'ardeur sans faire décélérer le cœur, bien au contraire. Pourtant, il ne relâche pas sa prise. Ne saurait l'abandonner. Un autre témoin aurait arraché le chapelain à ces bras dans un mouvement malaisé. Dans un toussotement maladroit. Aurait fait éclore un champ de coquelicots sur les joues moulées de plâtre; de mettre à jour l'impensable. mais ces yeux là, qui se terrent dans leur astreinte, ces yeux là étiraient leurs perspectives aux mêmes difformités que les leurs. Ansoald, qu'il le veuille ou non, connaissait l'aiguillon du musc et des ventres qui s'élèvent, et en avait été le démiurge tout autant que la première Créature peuplant leurs plaines vierges.

Paupière baissée, Faust inspire une dernière bouffée avant d'étirer sa carcasse au sentier des dalles froides guidant par la main, d'un pas moins soutenu, ce chat aux pattes cornues, éclaireur de Dédale passe devant l'harponneur d'instant, minotaure pétrifié coulé dans la pénombre qu'il dévisage avec appréhension.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
La course a trébuché, et la moindre rémige a frémi d’une crainte sourde qui jamais ne le quitte quand c’est lui qui le quitte ; il y a dans les doigts de Faust une absence menue, une parenthèse qui pèse. Quelque part, dans son dos, la lame d’un écueil à fendu l’océan et a frôlé l’esquif, chassant le grain promis pour y laisser la cime des nuées altérées. Quelques fils de logique trouveraient peut-être à des jours moins rares, le raccord des trames qui dégrisent, mais l’odeur fraiche des blés moissonne le palais d’une salive saline, les tempes d’une brume bleue, si bien qu’aux nerfs de l’animal, ne reste que l’instinct. Et l’instinct commande.
La main d’Alphonse jusque-là à la paresse des inconnus se lie plus fermement aux alcyons qu’elle couve, nid d’ancres muettes et d’accents bruts; la chair devine ce que l’esprit évite et l’étau aux doigts se resserre comme une prière.
"Tu vas bien, ne t’en fais pas. Tu vas bien puisque je suis là."



Aux couloirs succédés, enfin, une porte qui claque, crevant la quiétude bouleversante des silences minéraux, et il n’y a plus que les lèvres fébriles de non-dits et leurs souffles envoûtés pour étoffer les murs ; les mains ne se sont pas lâchées au travers des coursives, et ne se lâchent pas au secret de l’alcôve, nœud marin aux deux silhouettes, didascalie des symbiotiques attentes.
L’inertie enfin se débauche et les corps à l’appel des tambours se lacent, s’agrippent et se confondent sans plus craindre le public; l’on serre, l’on touche, l’on respire et l’on meurt comme on revit aux secondes qui s’envolent. Chaque battement suspend le suivant, agrandit la cellule, absout les distances ; l’odeur de Faust empreigne enfin le nez en son entier et les ailes en frémissent, délaissent la dysgueusie des absences, ceignant les florales écorces des cotes d’un souffle nouveau, jubilatoire, où le givre de l’hiver côtoie les bourgeons de mars, où le bois dessine aux pierres les vertiges épris des sylves. Cortège muselé de contradictions agite, bouscule, attise comme autant des doigts empressés, les heures des mémoires communes, et l’étreinte perdure aux lignes atlantes frémissantes.
A l’immobilisme, les chorales des savoirs ont tout autant de voix que celles du mouvement, et aux doigts qui fouillent précieusement la nuque, qui embrasent vivement la taille, l’on dessine momentanément la joie des retrouvailles pour panser les plaies les plus silencieuses. Aux lèvres qui s’enfouissent à la pâleur du cou, l’on chasse les écueils du départ, au tissu que l‘on crispe, l’on regrette la solitude des affres sororaux, et au soupir extatique qui s’embrase des parfums délayés, l’on revendique le port de la couronne.
Procession des voyelles se recueillent à l’albe et s’y offrent, fidèles jetés en pâtures au feu sacré des craintes; Ithaque de mai avait trouvé l’amant fêlé jusqu’aux vocables et Faune ne saurait endurer nouvelle aphasie sans d’abord découdre des lippes, les joyaux de ses meurtriers mutismes.


Dino, chuchote-t-il quand le fil de la mâchoire remonte à la jumelle et vient prendre les lèvres de l’ardeur encore bâillonnée d’un premier baiser.


Sacrifiée la première sous les chants orphiques d’un Ulysse parisien, elle a cédé l'oreille à l’appui du couteau ; ormeau aux irisés reflets empourpre les doigts du marin sous serment.



Souffles mêlés se trouvent comme une inspiration et plantent aux ventres affamés les griffes des extatiques lueurs ; bouches se quittent à la faveur d’un mot, et consument leur ferveur d’un élan indécent.

Enyo.


Puinée a roulé à ses mains ensanglantées un mouchoir de satin en guise de colombe et tendu, gorge menacée au fil de la lame avancée, le Troque-mage de ses mots aux doigts qui le réclament.



Branches-plumes appellent et se joignent à la conquête du temps, empoignent les hanches, s’exaspèrent de la bure en même temps que de la chemise et brouillent les soupirs d’une morsure câline; le feu consume et brule les grammages d’une raison malmenée de chemins, d’impossibilités, disloquant les corps d’un ultime présent.

Pemphrédo.


Pemphrédo s’est battue, a griffé les poignets et s’en est vu punie, pieds et mains tranchés avant que sa tête ne sombre aux marées paternelles.
Phrocys assombri a posé à la paume assassine la dime d’un Scalaire pour sa résurrection.

Entends-tu, les chants qui parent le vent, laveras-tu les mains, et les pieds à l’offrande ramenée ?
Grées énumérées taillées par les marées n’ont su retenir ni l’âme, ni le destin.



Au sol, trois coquillages quittant la poche d’un manteau ont embrassé le sol d’une percussion matte, et l’un roule jusqu’à cogner l’angle d’un mur quand se conclut la litanie d’un ultime prénom :

Faust.



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L_aconit

    [ Alors, je brave les tempêtes, marin, vagabond bien loin de sa maison et je sais le périple long, inflexible, comme une année sans pluie ; çà et là pousseront des sirènes de sécheresse, perles noires en guise dents, écailles plastronnant leurs seins, ridicules coquettes juchées sur leurs rochers pensant sérieusement valoir ta chute de tes reins ; si elles savaient...
    Je croiserai des sphinx, de ces esprits féconds qui savent d’un seul mot charmer une assemblée, asservir la courbe des rimes à celles des sublimes, mais n’y ferai pas halte puisqu’aucun, Faust, n’aura l’octave de ta voix. Soif et faim tiraillées, harassé par la longueur des nuits, je me ferai Lotophage, dénombrerai les mets fins de l’oubli, gouterai aux sources même des liqueurs chronophages et reprendrai la route toujours à ma douleur, car rien n’a le gout de ta peau.
    Viendront bien assez tôt les cohortes Stymphales, bouquets de pennes acerbes et de serres grises s’abattant à mes tempes, accusant ton absence, mais je traverserai sans férir les nuées, habile voyageur, Ulysse volatile ; mes plumes à tes mots lus seront gorgées de bleu et me fondront au ciel que j’escaladerai. A l’autre bout du monde, je clouerai aux étoiles les ailes de ton rire, les ravages de tes larmes, le pli que prend ta bouche lorsque tu es fauché, l’instant si parfait où tes prunelles crissent de jouir, et ta langue qui claque lorsque tu as décidé qu’un sujet se devait de trouver conclusion ; constellation nouvelle au-dessus de ma tête, alors je rentrerai.
    Tu n’as rien d’un garçon ordinaire, Faust.
    L’on ne rentre pas auprès de l’ordinaire, l’on ne le célèbre pas aux rues, aux pierres, aux murs, aux portes, aux sols, aux lits, et encore moins à la fenêtre.
    Lorsque je rentrerai, je poserai à tes genoux ployés les têtes encore sanglantes de chacune des Grées en guise de présent, et si elles te siéent, alors seulement, tu laveras mes pieds, embrasseras mes doigts et apposeras ma main à ta nuque blanche
    ]


    De Faune, à Faust. Courrier.





La porte a claqué, plus personne ne s'occupera de la verrouiller. Chronos a basculé son sablier pour retourner les décomptes heureux qu'il ne faut pas gâcher. Ombre du passé a distordu l'instant à ses condamnations fatales et incorruptibles. Oui. Nicolas n’accorde ses grâces qu’à ceux qu'il a conjugué de son passé. Et remet à plus tard l'empathie éternelle qu'il abandonne à ses aimés imparfaits.

Le cheval et le cavalier se sont rencontrés. Sont devenus Centaure. Leurs échappées ont été belles, où se sont elles échouées? Cheval trime pour les deux. Pourtant... Pourtant c'est le cavalier qui mène.



Dare to come
Ose venir
But you love me still
Car tu m'aimes encore
But you'll never learn
Mais tu n'apprendras jamais
Tears to come
à pleurer.



Faust aime. Aime comme il sait seulement faire. Sans diluer les couleurs aux rivières glissantes. Dans le pur élan chromatique de l'air retrouvé. De l'eau retrouvée. Du goût retrouvé. Le bleu ne ment jamais lorsqu'il déteint aux lunules. Ansoald caché à sa vue apaise la brûlure im-maîtrisable . S'il se saigne de le blesser, il ne peut rien y ajouter. Retour de Persée est fêté à grandes et profondes inspirations où les larmes de joie ont succédé à l'agitation électrique. Bouches s'accrochent doucement, se frôlent sensuellement, mordent avec patience, narines frémissent d'un sanglot d'allégresse. Soudain, Faust n'a plus cent ans. Nicolas a la douce vigueur des héros adolescents.

Years to come

Les années passent

But you love the tears
Mais tu aimes ces larmes
And you love the tears
Et tu aimes ces larmes
Still too cold
Toujours amer


    Patrocle. Nomme un héros qui fut heureux.

    Heraclès.
    Jason.
    Thésée.
    Bellérophon.

    Tu ne peux pas.
    Je serai le premier.


Coquilles tintent, Victorieux retour est jeté à ses pieds. Effrayante, Terrible et Belliqueuse sont tombées pour les beaux yeux d'un serviteur de Dieu. Des yeux qui s'arquent comme des voiles qui se gonflent. Et les lèvres apaisées de leur première pitance s'épanchent d'un soupir amoureux.


- Grées sont mortes. Vivent les Grées. Que tu es beau mijn reiziger. Tu tiens toutes tes paroles...

    Je suis l'Achille à ton attente fébrile. Toi, émissaire de mes voyages, ma procuration. Je suis ton Ganymède dévoué, vois je t'ai fait couler un bain dans mes bras.


Les mains empoignent les joues pour fixer ce visage. Les déforment un peu de trop les aimer. Chassent la fatigue des traits d'un geste tendre. Col est saisi et tiré jusque dans les limbes du lit, chassant dans la foulée la couronne seigneuriale qui y dormait. Qui tombe au sol. La cellule du prieur s'est éclairée d'un rayon polychrome. Chemise est chassée avidement, soutane tombe à l'échafaud des évidences. Il ne reste au cou du blanc chapelain que la médaille croquée de l'ombre tendre. Qu'il oublie d'enlever. Faust saisit les mains aux doigts bien faits qui n'ont pas souffert de compter. Les porte à gorge, à sa langue, les invite à serrer. Bleus se sont fermés pour voyager sur les reliefs que dessine senestre au voile plus hâlé de la peau Faune. Pampre vient à pousser jusque dans les braies, délogeant avec ivresse la queue du chat, y calquant son emprise. L'autre main se mêle à sa jumelle.


    Tes doigts ont été gravés dans ma mémoire, minces comme un pétale veiné, forts, rapides, et jamais injustes. Il m'arracheront le coeur en partant. Ne pars pas. Ne pars plus. Reste avec moi. Je t'apprendrai à prier pour notre salut.


Et les bleus impitoyables se penchent aux noirs, y gravent leur sentence. Dans la chambre, tendresse a fait place à ces secondes pleines où l'on fait l'épilogue de ce que l'on a égaré en route. Rien. Patrocle est revenu les bras chargés. museau du prélat vient flirter sur les oreilles souples, y offrir son souffle irrégulier. Se noyer dans les boucles brunes. Il est des heures où l'ont aimerait ne pas savoir nager.



- Tu sens bon... Tu es propre. Rasé de frais... Tu n'arrives pas des routes.

Où étais-tu loin de moi, Faune ?

- Niet bewegen. Geef me je voeten.*


Paraphrasent les gestes qui viennent déchausser celui qui a tant marché.


*Ne bouge pas. Donne moi tes pieds.
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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
You make me act real gone, you make me trawl along
Tu me fais faire n'importe quoi, tu me fais tourner en rond
I had to ravish your capsule, suck you dry
Tu me fais voler ta gélule, te satisfaire
Feel the teeth in your bone, heal ya head with my own
Sentir tes os sous mes dents, guérir ton esprit de mon être
Why if I don't have you home, we'll have to fight alone
Pourquoi devrons-nous lutter seuls, si je ne t'ai pas à la maison
Hang all together
Entendons-nous





La gorge amante respire, hâle son souffle sous les doigts qui s’étoilent et trouvent le rythme lancinant, narcotique, d’un cœur qui pulse vite et fort à l’auspice du pouce. Jais dopés s’abiment aux émaux qui fendent la lèvre rose lorsque l’étau se resserre d’un feu conjugué de ferveur et d’ardeur ; l’expression de Faust dessine aux voutes d’insondables appétits, des nuées vives d’envies baignées de sang, et la raison s’y noie, sans même tendre la main.

Mes plus belles heures sont celles où ton souffle m’appartient.

L’autorité s’immisce aux phalanges et ploie la respiration d’extatiques symphonies mordant le ventre aux crocs d’intrinsèques folies, tympans fascinés du flot entravé de plaisir à sa coupe, bouche sèche aux lacs qui se devinent sous le frémissement délicieux des délicates paupières. Violence des désirs prennent de licencieuses longueurs entre les mains blanches et quand l’empreinte de ses doigts abreuve l’albe de la peau d’une première rougeur, ils la libèrent pour empoigner plus fort encore la nuque et ses cheveux, ramener au même élan, à ce corps qui demande celui qui l’attend.
Les yeux de Faust sont bleus comme une orange *, vastes comme le monde, ardents comme une fièvre violette, et les mots que le prélat distille ont le gout solaire des brugnons d’été cueillis à même l’arbre; à l’oreille d’Alphonse claquent les parfums des jardins fruitiers, papillons en grappes vaporeuses à chaque branche que l’éphèbe rappelle à la vie, éclatant en un bouquet de Demi-deuil dans la voyelle appuyée d’un premier aveu.

Mes plus beaux vertiges sont ceux où tu tournes avec moi.

Il délaisse les épis, plonge aux épaules fluettes, s’approprie la rondeur d’une fesse à la gourmandise d’une paume pleine et nourrit l’aorte incandescente du ciel plénier qui le contemple avidement. Les jeux se font délictueux, essaiment leurs parfaites impudeurs aux voyages communs et l’on perd à chaque seconde, les derniers reliquats de discernement, les dernières bribes des mots qui ne sont ni blancs, ni noirs. Ils sont dieux, héros, fantasmagoriques créatures, planètes ou bien encore brindilles jetées au vent ; nés des hasards pluvieux, des temples engloutis, Hommes accaparent les formes et les parures mâles, chassent la nuit dans l’illumination oblique d’un soleil de midi et conquièrent à leurs tares, les suaves douceurs des destins accomplis.
Plainte fauve s’étire d’un grognement rauque aux corps qui se délitent, et le chemin du verbe se retrouve à l’attendrissant dessin d’une frustration môme sur le visage brun; bête a faim autant que soif.


- Tu sens bon... Tu es propre. Rasé de frais... Tu n'arrives pas des routes.

Paris brièvement s’impose aux souvenirs, la silhouette usée de Saint Flavien en contre-jour des azurs minéraux distillant aux vagues une fatale amertume, une bile qu’il connait pour avoir dû la chasser d’un baquet d’eau sitôt son ombre délaissée. Les dents marquent l’épaule à portée de leur mâche et gagnent les lèvres pour y arracher la verdure d’un baiser.

Niet bewegen. Geef me je voeten.**

Les évidences, timides demoiselles aux robes sombres, s’illuminent d’un battement de cœur quand les lippes s’étirent d’un sourire rare, spontané , et Adryan, chassé d’un accent tâtonnant, rejoint le gouffre des douleurs que l’on tait pour ne laisser à la langue, que l’improbable gout des orgueilleuses amours : Faust a appris sa langue.

Mes plus belles surprises sont celles où tu existes.

Je suis rentré cette nuit… Trop tard pour te faire venir, trop tôt pour te rejoindre…
Les doigts passent à la joue qu’il a finalement rasée, s’attardent à une question idiote qu’il ne parvient pas à poser, troublant la prunelle d’une pudeur qui jamais encore ne s’est manifestée, quand , au sol, chutent les chaussures enlevées. Je n’ai pas réussi à dormir… Dans le fatras des tissus, tinte la boucle du ceinturon, attardant une note aigue lorsqu’elle tombe en même temps que les braies, en une flaque sombre aux lattes du parquet. Ik heb het gevoel dat ik al weken niet heb geslapen ***…

Alcyons bâtissent leur nid à la nuque qu’ils saisissent et rabattent leur vol de leurs baisers aux geais qui papillonnent à l’encre de la chambre, s’emmêlant malgré eux au filet d’une chaine ; médaille cisaille les nuages d’un fin trait de chiendent et oscille avec une insolente lenteur au vide qui les sépare encore. C’est la première fois que Faust ne l’enlève pas et il y a là un sacrilège, sans qu’il sache lequel, une bulle de vide que chacun de ses monstres observe.
Est-il celui que l’on oublie de couronner de nuit, dont on ôte une à une les étoiles du front, ou sont-ce les vies qui se télescopent, fatales, inéluctables, au point de ne plus se dissoudre ?



Grasse et piquée de vers, Jalousie ouvre un œil.; à ses serres noires bourdonne un essaim de rancœurs.
Il y a au poignet de Faust un horizon rouge et à son sein, Dieu et la marque de ses dents.



Un geste suffirait à chasser l’un des deux, et pourtant Chat oscille d’écumes, plante ses griffes à de possessives résolutions ; aujourd’hui, il baisera Faust sous l’œil de son créateur.

Le royaume que tu construis… Bleus et noirs se fondent d’un éclat à la parole prise aux carcasses des doutes… J’y veux une baignoire, une aux indécentes proportions. J’y veux des linges assez grands pour nous sécher tous les deux et une fenêtre découpée sur un arbre fruitier. Doigts délaissent la laisse , se fondent à la bouche blanche où Pouce en épouse la lèvre qu’il raye lentement pour l’ouvrir à sa guise et lui présenter le vice d’une ligne dédiée. J’y veux une mosaïque faite de blancs et de bleus, des cierges en guise de lumières, un savon aux odeurs de déluges... Sur sa peau, la langue de Nicolas trace un sillon de feu qui dissout la voix pour n’en garder que le voile d’un murmure exsangue lorsqu’elle rejoint l’indécence du ventre.
Et un verre de Bushmills…



You're my taste, my trip, I'll be your master zip
Tu es mon goût, mon voyage, je serai maître de ta fermeture
I'll suck your hair for kicks, you'll make me jump to my feet
Je sucerai tes cheveux pour des coups, tu me feras sauter sur mes pieds
So you'll give me your hand, give me your sound
Alors tu me donneras ta main, tu me donneras ton son
Let my sea wash your face, I'm falling, I can't stand
Laisse ma mer inonder ton visage, je craque, je ne peux pas tenir
Oooh ! Put your mink on
Oooh ! Enfile ton vison !
Velvet goldmine, David Bowie





*Paul Eluard « la terre est bleue comme une orange »
** Ne bouge pas. Donne-moi tes pieds.
***J’ai l’impression de ne pas avoir dormi depuis des semaines

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L_aconit
    Oh, to see without my eyes
    Oh, être capable de voir sans mes yeux
    The first time that you kissed me
    La première fois que tu m'as embrassé
    Boundless by the time I cried
    Sans repères au moment où je pleure
    I built your walls around me
    Tu étais celui qui me protégeais
    White noise, what an awful sound
    La dissonance, quelle musique désagréale
    Fumbling by Rogue River
    Je me promène le long du Rogue
    Feel my feet above the ground
    Mes pieds ne touchent plus le sol
    Mystery of Love - Sufjan Stevens








Pieds offerts sont portés à ses lèvres, et honorés d'une myriade de baisers dans un instant qui s'attarde. Gâterie s'applique à regarder Alphonse dans les yeux.

Tu veux y nager, t'y noyer de musique et d'à-corps? Y plonger comme à la rivière du Puy? Baiser. C'est vraiment ce que tu veux? Baiser. Tu veux y grimper, Baiser y dormir Baiser comme dans une cabane perchée dans un arbre secret? Baiser. Baiser. Baiser.

D'un mouvement souple, Faust arrondit un peu le dos et défait les liens de ses sandales de cuir qui rejoignent les effets délaissés. Plancher se pare de l'inutile. Il n'est rien de moins superflu que le peau à peau. Car s'il a appris bribes de Flammand, son vocable ne s'étend pas encore assez pour tout entendre, il faut alors parler avec les mains. Pieds léchés sont laissés pour retrouver les empoignades heureuses et tourmenteuses, les perspectives de pèlerinages plus immoraux. Pouce flirte avec la langue, y rencontre la pointe piquante. De la fenêtre, point de vue est accueilli d'un soupir rieur, tandis que dextre empoigne dans sa paume deux épées qui se croisent, et frémissent de s'affronter. Le mouvement est volontairement lent, cherchant à exacerber et à saisir le moindre soupir égaré, se servant de l'une pour aiguiser l'autre dans un geste de balancier audacieux. Confession est faite d'un souffle écourté, pour qu'il n'appartienne qu'à eux.


- Je la ferai bâtir sous une rangée de fruitiers blancs, et enfilerai à ton absence, dans le fourreau d'une pêche mûre, mon désir dressé.


Corps cambré mis en branle. Déliquescence. Glaneuse pâle défausse. Chambranle décence. Bouche vient goûter aux salins attendus. marin au pied du phare se laissera mouiller des embruns défendus. Senestre ôte d'un geste ample la médaille qui vient le gêner. Il est midi et Faust se met à genoux pour prier. Passion et longueur de temps font plus que Faust ni que rage. Chapelain appliqué s'éternisera à sa conquête marine jusqu'à en recevoir l'écume, la meilleure des extrêmes onctions.

Sur la jetée d'un lit trop petit pour deux, les corps se sont échoués, rêvant à d'horizons sans murs blancs, sans croix pour y arrêter les yeux. Soleil noir a éclairé de son éclipse l'espace d'une journée vouée à durer jusqu'à la nuit. A la faveur d'une accalmie, la silhouette androgyne étire son blond chérubin au dessus d'une plaine calme, n'existe pas plus beau panorama que les courbes planes de Paris Brune. Si le silence règne souvent, lien à l'absence n'a pas été rompu, toujours au fond l'écrit vainc. Des mots bleus, religieux en a versé quelques uns, et cet après midi mieux que tous les courriers promet démons et merveilles; Faust est volubile.


- Trop tard pour me faire venir, trop tôt pour me rejoindre… Arrondi de l'ongle vient dompter une vague brune dans une constatation sans appel à l'évocation du sommeil absent du muse.Je suis en exil là où tu n'es pas. Prunelles guèdes font des bouquets sur les cheveux faunes.

-Tes cheveux ne s'aplatissent jamais complètement à cet endroit-là; constata-t-il en lui touchant la tête juste derrière l'oreille. Je ne crois pas t'avoir déjà dit à quel point ça me plaît.

J'aurais dû.


Sa main descendit jusqu'au V à la base de la gorge d'Alphonse, puis passa délicatement l'endroit où battait son pouls.

-Et ça, continua-t-il. T'ai-je déjà dit ce que je pensais de ça, juste là ?

Ajouta-t-il pendant que sa main courait sur les muscles de la poitrine, réchauffant la peau à son contact.

-Et là ? Je t'ai sûrement dit ce que j'en pensais, non ?

La course continua dans une inspiration voilée de désir, mélée de désolation.


-Et ça ? Impossible que j'aie oublié ça. Insista-t-il dans un sourire pur. Dis-moi que je n'ai pas oublié...

Sa main ne s'arrêtait plus. Elle prit racine dans l'aine où il vint échouer sa lippe rose, chassant de cet élan la vilaine cicatrice pour qu'elle n'ait jamais existé.


- Et là, aussi. Je sais que je te l'ai déjà dit...

    Wil je dat ik het herhaal? Neuk me eerst.*


*Veux tu que je te le redise? Baise-moi d'abord.



Je le reconnaîtrais rien qu'au toucher, ou à son odeur,
je le reconnaîtrais si j'étais aveugle, aux seuls bruits de sa respiration et de ses pas martelant le sol.
Je le reconnaîtrais dans la mort, à la fin du monde.

Le chant d'Achille - m. miller -

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
Faust…

Le gorge est tendue, essaimée de feu, percluse de bleus, et il se livre aux chairs les épiques batailles du verbe et ses conjugaisons. Quelque part, à la platitude des plaines, le sol se fend, se craquelle, et il n’est pas assez de chaque volonté pour endiguer un chaos aux rugissements aiguisés de grains ; Faust est une tempête, une lame de fond, le courroux d’un soleil qui centre l’univers, et dans cet espace sans autres étoiles, il n’y a nulle part ailleurs où porter les yeux que ceux qui capturent les sens pour en faire des mots.
Les veines halètent d’un sang épaissi de ces brutales envies que la distance attise au point de les rendre mobiles ; incertaines, filles-mères incapables de prédire le rêve de la réalité, dont la supplique de foi se traduit d’un prénom aux lèvres qui le prononcent, elles vacillent au son de la voix blanche, chassées de leurs songes par l’acier aviaire des instants feu-follet.
Sur son ventre, Garçon sinue, étend ses feuilles, ombre d’espoir l’auguste visage des astres blêmes, et éveille chacun d’eux de violentes douceurs.


Regarde-moi…

Alphonse ne sait pas dire, quoiqu’en pense l’amant ; l’exercice périlleux du courrier le révèle aux lumières et ploie à la facilité de la distance, mais à l’instant, il n’y a d’autres support que le gel des prunelles, que la lueur fauve de la pupille, que le Champ de Mars qui bourdonne de notes.


Je ne sais plus te baiser sans t’aimer…

La paume s’appuie au matelas trop fin pour offrir le confort des allonges, élançant le besoin au-delà du vide ; agenouillés, amants s’étreignent l’un à l’autre, et baisent le front d’une dernière douceur avant la mise à mort, lippes pulsant d’une litanie qui crève le silence.

Je veux une place dans ton lit, à ta table, à ta bouche…

A ton cœur


This must be underwater love
Ce doit être l'amour sous l'eau
The way I feel it slipping all over me
La façon dont je me sens glisser sur moi
This must be underwater love
Ce doit être l'amour sous l'eau
The way I feel it
La façon dont je le sens


Mains noires cueillent le fil de la mâchoire et astreignent le visage à l’observation rigoureuse d’une folie qui assiège. Cortège entre en procession, quittant les portes du cimetière, et l’on piétine dans un sourire cloqué les ombres du passé qui voilent les chimères; Alphonse est amoureux, heureux et malheureux, et chaque nouvelle branche qui s’étire entre eux le tue aimablement d’une inédite fleur.
Le tissu se froisse, les silhouettes se meuvent à l’harmonie des lignes et d’un geste sans appel, Nicolas est jeté au lin des couvertures, poussé à l’appui d’une tête de lit dont les dessins dispensent à la pulpe des doigts qui la saisissent, la fresque d’une vigne qui étire ses fruits.


Nourris mes yeux…


Lignes se frôlent, se plaquent, s’embrasent de ces pantomimes qui frustrent autant qu’elle exaltent ; Alphonse excède la patience bleue, menace, promet, subjugue sans donner, noirs aux aguets des suppliques bavardes parsemées à la chair, oreilles suspendues aux voilures d’un souffle souffrant de plaisir.


Mon corps…

Alcyons posent leurs serres aux vallons sylves qui s’étendent sous leurs divins auspices et les couronnent de lave ; la mâchoire broie un lambeau de raison et siffle un dernier mot à l’accent d’un ciel plein.

Mon temps…

Mon cœur


Ik zal je laten zien hoe je het moet doen *

Et Patrocle montre, plie les dernières distances à l’absolu de la lance, emporte aux courants d’Egine l’aphonie trouble des respirations retenues et conquiert, mêlant aux courbes blanches d’eromène celles sombres d’éraste. Cadences dansent, chants s’enchantent, troubles redoublent et il reste pourtant, au centre du ventre faune, la pointe aigue d’une douleur qui ne sait s’effacer, dont la barbarie de chaque retrouvailles décuple les atomes.

Dis-moi.

Parenthèse ouvre ses bras, suspend le sablier et mêlée de couleurs, écrase ses pigments au front brulant d’Alphonse ; au creux des reins se déploie un désir féroce, brodé de sang, de foutre, d’amour, et lorsque qu’Himeros pantelle de délivrance, l’accalmie ne vient pas. Nuées déraisonnables s’entêtent au bras qui ceint le ventre et remonte l’amant à hauteur de ses dents ; aux tempes qui se confondent, aux couleurs diluées des cheveux blonds et bruns, les bouches se cherchent, se trouvent et affranchissent à de béants baisers, l’euphonie musicale des amours sans pudeur.

Dis-moi encore.

Midi est passé, et dans le ciel de Paris, un soleil rond et jaune délivre sa lumière sur un monstre sacré. Notre Dame a sonné depuis longtemps déjà lorsque les gorges brulent d’une dernière emphase et que les reins se cambrent d’une ultime virgule. L’oreiller taché d’une première fois a glissé au parquet et aux draps qui les accueillent, descendance se meurt avec félicité en un trait longiligne.
Le souffle court ricoche à l’oreille blanche, résonne comme un écho aux allures de tonnerre, et entre ses bras humides d’une humeur de juin, le corps élancé de Faust chancelle divinement au coton d’indécentes passions.


Redis-moi Liefde, ce que je fais semblant de ne pas entendre…




This is it
C'est ça
Underwater love
L'amour sous l'eau
It is so deep
c'est si profond
So beautifully liquid
Si magnifiquement liquide
(…)
Follow me now
Suis-moi maintenant
To a place you only dreamed of
Pour un endroit que tu ne pouvais que rêver
Before I came along (...)
Avant que je vienne
When I first saw you
Quand je t'ai vu la première fois
I was deep in clear blue water
J'étais plongé dans l'eau bleue claire
The sun was shining
Le soleil brillait
Calling me to come and see you
M'appelant à toi
(...)
After the rain comes sun
Après la pluie vient le soleil
After the sun comes rain again
Après le soleil revient la pluie.
Underwatter love, Smoke City




* Je vais te montrer comment faire.
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L_aconit

It doesn't hurt me.

Ca ne me blesse pas.
Do you want to feel how it feels ?
Veux-tu sentir ce que ça fait ?
Do you want to know that it doesn't hurt me ?
Veux-tu savoir que ça ne me blesse pas ?
Do you want to hear about the deal that I'm making ?
Veux-tu que je te parle du pacte que je suis en train de passer ?
You, you and me.
Toi, toi et moi.*


Il y a la page blanche et il faut la couvrir, centimètre par centimètre, de la chair froide des mots. De cet absolu cadavérique, assassin et vulgaire. Enduire cette page de certitudes et de sens. Lugnasad en ligne de mire galope, et dans sa course, une nuée claire s'élève, immense et opaque. Enveloppe tout. Recouvre tout. Tout. D'une pénétrante vérité. A gorge déployée sur le bord du lit, Faust lui redit.


And if I only could,
Et si seulement je pouvais,
I'd make a deal with God,
Je ferais un pacte avec Dieu,
[...]
Be running up that road,
Je franchirais cette route,
Be running up that hill,
Je franchirais cette colline,
Be running up that building.
Je franchirais cet immeuble.
If I only could...
Si seulement je pouvais...



L'Aphonie est oubliée. Elle s'est dissoute dans son ventre. Elle attend d'enfanter une maladie nouvelle. Nicolas a compris quelque chose. Le silence produit de le silence. Instantané. Violent. Réel. Nicolas a compris qu'Alphonse est amoureux, heureux et malheureux, et que chaque nouvelle racine qui s’enfonce en eux le tue superbement d’une grappe de bourgeons. Aconit a empoisonné la source, patte baguée d'or fervent maintient la tête au frais, au fond de l'eau. Troisième habitant de ses profondeurs chassera d'un Trident ses prédécesseurs. Gorge épiscopale s'enrobe d’égrillardes échardes, se laisse pourfendre de vérités crues. Reins écartelés s'offrent sans pudeur, accueillent en refusant la douceur, il est deux heures et Faust a redit.


    Je veux qu'on me fouette jusqu'au sang. Que des insectes viennent boire sur mes plaies. Qu'un colosse me pisse dans le cul et recouse mon rectum à vif. Je veux que la douleur me dévore de l'intérieur. Je veux me déliter, me liquéfier et m'évaporer autour du point nodal de la douleur.**


Unaware that I'm tearing you asunder.
J'ignore que je te mets en morceaux.
There is thunder in our hearts, baby.
Il y a du tonnerre dans nos coeurs, bébé.
Is there so much hate for the ones we love ?
Y a t-il tellement de haine pour ceux que nous aimons ?
Tell me, we both matter, don't we ?
Dis-moi, nous comptons tout les deux, n'est-ce pas ?
You, you and me.
Toi, toi et moi.
You and me won't be unhappy.
Toi et moi nous ne serons pas malheureux.




L'entité sans légende se suffit à elle même; dans cette pièce, son histoire s'inscrit partout. Aux gestes. Aux souffles. Aux murmures qui avouent sans dire. Aux violences qui se vouent sans médire. Himeros poussé à même les bras de Terpsichore engendre une créature à deux têtes et à un seul c(h)oeur. Sous le ciel de Paris trois Erotes ont détourné les yeux quand dans un cri de bonheur, Faust a redit.


Encore... Fort.

Come on, baby, come on come on darling,
Viens, bébé, viens viens chéri,
Let me steal this moment from you now.
Laisse moi te voler ce moment maintenant.
Come on angel, come on, come on darling,
Viens mon ange, viens, viens chéri,
Let's exchange the experience.
Laisse s'échanger l'expérience.



La main, glaneuse inlasse, récolte le tribut d'un dernier spasme. Et dans les béances languides coule à flot l'Ambroisie des hommes en exquises et épaisses dentelles, sur l'orle des bouches éclatent d'albes nappes lactées; âmes aux mystères avides l'une de l'autre s'emplissent. Quand tout se tait, quand enfin la main tendre d'Alphonse vient apaiser la sueur éprise à l'orfroi des cheveux, secrets qui rechignent à s'avouer de mots se rangent aux réticules d'autres jours. Il est trois heures de l'après midi, Faust a redit.

Faust aimait Dieu, aimait Alphonse, aimait les vices de ses nuits fauves. était-il à ce point divisé ? Ou bien l'avait-on coupé en morceaux peu à peu, parce qu'unifié, d’un seul bloc, Il serait devenu trop dangereux, incontrôlable ? La soutane est ramassée d'un geste usé.

Be running up that hill,
Je franchirais cette colline,
With no problems.
Sans aucun problème.


- Quand je t'écoute jouir, j'apprends d'infinies vérités... Et ensuite, tôt le matin, dans la froideur de l'aube: c'est à croire que j'ai une âme, pour sentir ta queue si loin, au delà de mon ventre, pénétrer quelque chose, trouver cette âme et la remplir.

    Je suis fait de cellules de moi-même éparpillées puis recollées ensemble n’importe comment,
    parce qu’il faut bien avoir l’apparence d’un corps.
    Je suis, comme toi, un amas de cellules terrorisées.
    ça ne me blesse pas. Tout ça me catalyse.


Baiser est déposé sur le téton brun tandis que l'épi blond se recoiffe d'un vêtement repassé sur le dos.


- Dis-moi que tu rentres avec moi à Vesone.

*Be running up that hill è Placebo
** Cyril Collard, les Nuits Fauves.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Ansoald
A Thousand Kisses Deep


Entre ces murs séculaires, les horizons raccourcissent; la douleur s'est hissée en sa chair comme des pampres de vigne développent leurs feuilles pudiques; elles le bâillonnent. Il s'en veut de savoir, il voudrait n'avoir rien vu et savourer encore, rien qu'en fermant les yeux, les fruits délicieux du mensonge convoités à sa bouche. Désormais, la colère l'éblouit comme un soleil dans la nuit.

Un pas funèbre suit la joyeuse volée des amants. Il a refusé l'échange des regards. Pire que la défaite est de subir la commisération des vainqueurs. Mais il n'a pu échapper à leur prodigalité. Ansoald, qui possède désormais, à cause d'eux, mille yeux, mille nez, mille oreilles, monstruosité absurde et ridicule, ne peut fermer toutes ces fenêtres sans revivre à l'envie, encore et encore, cette pénible scène. Héphaïstos boiteux qui répand sa bave lactescente sur une jupe de pierre. Les murs le frappent d'échos de leurs claques sur les pavés. Des nuées de guêpes ensanglantent les brumes de sa conscience. Peu importe qu'il se détourne de la chambre céleste, emportant en son sein, tel un enfant boudeur, le caillou de la marelle. Leurs baisers l'écrasent dans le creuset de leurs bouches. Leur course folle le bringuebale comme un coussin de plume. Leurs rires féroces le tirent par les lobes pour le punir de ne pas avoir été assez grand.

Ils ont gagné un butin qu'aucun voleur ne dérobera jamais. Le voilà qui marche sous les arceaux comme un roi habillé en mendiant. Nul pour lui tendre la sébile. Les toux lymphatiques le bousculent et les soignants l'écartent de leurs files. Quant aux étudiantes, le rusé Nicolas les a trafiquées; il ne les reconnaît plus. Il affiche à qui veut son mépris et sa morgue. Il faudrait le frapper pour tirer un sourire de cette figure-là.

Aveugle, il déambule au hasard sur le fil de ses pensées. Soudain, il parvient au dortoir. Il s'y trouve quelques étudiants, occupés à quelques futiles besognes. Ansoald s'en va s'allonger sur sa couche, repliant ses élytres trempées de larmes sous la carapace de son matelas. Agité à l'extrême, il tente d'apaiser sa colère en psalmodiant entre ses dents un nom, un nom d'amour, un nom de haine, un nom qu'il ne connait pas, un nom qui rime avec l'Aconit.

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Alphonse_tabouret
La chambre s’est tue, mais bruissent çà et là quelques soupirs aux teintes trop vives pour encore s’étioler. Le ventre est creux, les muscles engourdis et la tête chancelle du moindre courant d’air ; il n’y a que le cœur qui poursuit, inlassable, extatique , sa danse chaotique.

    Que dit le funambule en abordant son fil, ou qu'aimerait-il
    dire ou bien que pense-t-il?Il dit qu'il est fragile et que
    la terre est basse. Il pense que son fil, faudrait pas qu'il
    se casse. Il a peut-être peur ou bien peut être pas.
    Peut-être bien qu'il aime quelque part en bas. Mais il n'y
    pense pas car c'est une autre histoire. Il n'a plus de
    visage, il n'a plus de mémoire. Mais il marche, pourtant,
    il marche lentement. Il ne veut pas penser qu'on le ferait
    tomber. Pour rien, pour voir, sans méchanceté. Ce n'est
    pas méchant de souffler, de s'amuser à balancer le fil de
    sa vie. Le fil de sa vie.


Quand la voix de Faust se laisse aller aux notes, il en capture les lettres et les réserve à ces après-midi grises barrées de rouge ; la sincérité des désirs exaucés a quelque chose de terrible que l’on aimerait croire quand on la craint tronquée aux délices endorphines, et, pusillanime, héro aux fantômes bruyants, Patrocle aux cents leçons, sourit timidement au baume qu’on lui écrit.


- Dis-moi que tu rentres avec moi à Vesone.

Noirs se compactent, s’accrochent aux bleus qui les sondent d’une question, et fendent d’un éclat ravi la prunelle autant que la bouche; ce n’est pas lui qui meurt aujourd’hui, ce n’est pas son corps que ramèneront les mains gantées des Myrmidons. Sous le linceul blanc, Solitude a cessé de respirer, une flèche blanche au travers de la trachée; Faust veut quitter Paris, rentrer à la maison.


Il est trois heures passées au ciel de l’Ostel Dieu, et l’on y loue les grâces de l’aristie d’avril.
Absence et Distance ont le visage défait ; aux surins de juin, il se plante à l‘ozone des silhouettes enlacées de verdures dorées.



Dextre s’enfonce aux cheveux blonds qui se penchent à sa peau et en sillonne tendrement les épis avant qu’amant ne se redresse dans un rayon de soleil; bure est mise, médaille ne tardera pas à suivre, et avec elles, la garde à un Autre que Lui.
Qu’importe. Sur le visage brun, un pli est apparu, et louvoie comme un chat à l’étude des bleus. Couronne d’Aconit épinglée à l’aorte, le corps d’Alphonse bascule aux draps et s’étire à l’insolence d’un silence sur la couche éventrée; l’odeur de Nicolas est un champ de Cataires.
Scandaleuse chute des reins offerte à la contemplation de Dieu et son Saint, Félin enfouit la tête dans ses bras avant d’enfin répondre d’une bouche pâteuse de sommeil, d’un ronronnement crâne:


Réveille-moi quand nous partons.



    Je suis le funambule et j'aborde mon fil. Je le connais par
    coeur mais ce n'est pas facile. Je suis toujours fragile, et
    puis la terre est basse. Je me dis que mon fil, se pourrait
    bien qu'il casse. Et j'ai peut-être peur ou bien peut-être
    pas. Et puis que je vous aime vous qui êtes en bas, que
    vous m'aimez peut-être ou que je veux y croire. Qu'il me
    reste mon coeur et toute ma mémoire. Mais je marche,
    pourtant, je marche lentement. Je ne veux pas penser qu'on
    me ferait tomber.Pour rien, pour voir, sans méchanceté. Ce
    n'est pas méchant de souffler, de s'amuser à balancer le
    fil de ma vie. Le fil de ma vie.

Le fil, Anne Sylvestre

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L_aconit
Sourire au fond de l'oreille, spartiates sont remises avec application. Et lorsque le dos se redresse pour faucher une marque de tendresse au visiteur de midi, beau s'étend au bois dormant. Faust reste un instant là, à l'observer dans ce parfait abandon qui n'était pas envisageable il y a encore un mois de cela. Une pensée crève la bulle adamantine du religieux retrouvant sa croix d'Aristote: s'il plut à Dieu de lui offrir telle créature, qu'importe de découvrir, plus tard, une autre forme de paradis.

Senestre range l'ostentatoire croquée au creux du plexus, sous l'étoffe claire, et Nicolas quitte en silence la chambre qui a hérité d'un poumon. Carreaux de pierre sont longés dans le silence de quatre heures. Les portes cochères ont englouti le témoin discordant. Bleus interrogent les pièces dont les portes s'ouvrent, une à une, dans une application résolue, mais le fuyard brille de son absence à tous pupitres ennuyeux. Qu'attendait-il, en vérité? De retrouver Ansoald sagement appliqué à lire un ouvrage? Cueillir des chrysanthèmes au jardin? Déculotter une étudiante. Rire avec un visiteur. Ansoald était aussi mouvant que Faust était sensible, et à l'heure où le soleil avait changé de coté , le chapelain semblait germer d'une inquiétude.

Etait-il parti?

Ce n'est qu'après un long moment à fouiller les pièces, les placards, et à soulever les dalles de son incertitude que Nicolas retrouva la trace du voleur, à l'exact endroit où il ne l'imaginait pas. Alors il resta là. Cloué sur ce seuil, où tous les yeux s'étaient tournés vers lui. Incapable de prononcer un mot intelligent, ou de récupérer ses bras tombés au sol. La satisfaction de ne pas l'avoir perdu s'était mêlée à l'insatisfaction d'être surpris de le trouver, et de ne pas savoir quoi lui dire.

Peut-on dire pardon?
Doit-on dire merci?
Je t'aime se fait-il?

Rien de ce qui lui semblait facile au matin ne subsistait soudain, et les railleries tendres, les quolibets affectueux s'étaient changés en pierre dans l'estomac frileux d'un Nicolas démuni. S'il avait cent verges de cuir, il s'en serait fait un manteau, après avoir fouetté son dos de se sentir si stupide. Si ... Coupable. Provoquer de la peine à celui qu'il chérissait encore de trop restait un exercice peu naturel, dont la gymnastique laissait à ce premier amour des courbatures évidentes.

Sortez.

Ordonna-t-il aux étudiants dont la légèreté semblait s'être envolée à l'arrivée du jeune professeur. Et ils sortirent.

Nicolas s'assit simplement sur le rebord du lit de résignation où toute son assurance, toutes ses bonnes intentions se morcelaient doucement aux plis fermés de ce visage qu'il avait tant de fois baisé. Les coudes saillants formèrent de petites ornières sur le tissus de ses genoux, sur lesquels il prit appui en courbant naturellement le dos. Il prit une inspiration qui ne lui servit à rien. Les doigts délogèrent la médaille d'Aristote que le voleur avait échangé, sur un coup de tête, avec la sienne. La porta à son nez et l'y plaqua dans un geste enfantin et pensif.

Une minute de silence de plus et Faust pensait mourir si aucun mot ne crevait la bulle. Pourtant, ce désir qu'il ne parle jamais s'il ne parlait pas maintenant s'éveillait. Un feu dans la poitrine, dansant , piétinant, questionnant: S'il te plait. Dis moi quelque chose. Dis moi que tu ne ressens rien. Ou dis moi le contraire. Et si tu ne dis rien, tu sais que ce silence me plongera dans la glace, et qu'il te trahira en même temps. Dis-moi alors " Je vais bien, ne t'en fais pas ". Dis-moi ce que tu voudras.

C'était absurde, de tenir la main d'un Erote du désir mélancolique à chaque fois que ce voleur déniaiseur le frôlait. C'était absurde. De frémir à l'idée qu'Ansoald souffre, alors que Nicolas avait tant souffert, ce jour où il le surprit aux bras d'une autre. D'avoir fait tant d'absurdités pour un dé. Pour ce jour où il le croisa libre, à se battre avec un rouquin. Ce jour où il apprit par hasard, qu'il s'était marié. Quelle absurdité que de ne plus oser se parler, se parler vraiment, pas du bout des lèvres mais sans ce masque fier et poli qui tenait à trois fois rien, quand on avait tant aimé jouir dans cette bouche.

L'Amour était absurde. Puissant. Grisant. Et détestable aussi.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Ansoald
Qu'il est sage, cet Ansoald...Niché en son plumard, les ailes repliées, le teint blême, le front suant, il grelotte de froid en ce jour d'été et sa tête le brûle dans une de ces fièvres quarte dont il a le secret. En proie à la maladie sans sommeil de la jalousie, de l'effroyable envie qui tue en amour toute vérité, il préfère se cacher, désespéré de cette fragilité, telle une lame chauffée trop vite qui, au lieu de trancher, casse au moindre obstacle. N'a-t-il pas assez travaillé le fil de ses pensées à l'aiguisoir de l'insouciance et de la volupté? Ou trop, peut-être, comme s'il ne pouvait plus maîtriser ses réactions sans s'écorcher vivement. Que peut-il, Nicolas, sinon décorer de ses volutes blondes la croix de son fardeau, sinon l'installer dans le ciel de ses yeux et le regarder choir à travers les nuages? Ce n'est pas de lui dont le larron est jaloux, c'est de son bonheur. Ce bonheur qui lui semble insaisissable et qu'il voit, partout, être saisi avec une force dont il se croit incapable par des gens supérieurement dociles.

Qu'il est sage, cet Ansoald, alité en ce dortoir anonyme et sans charme. C'est un monstre vaincu par les puissances olympiennes qui ne possède ni grotte ni dédale pour se dissimuler, ou bien, surnommé par Calyce la magicienne, Hermès aux sandales ailées qui l'empêchent de marcher. Ses pensées papillonnent dans la plus grande confusion. Il pourrait se tourner contre un mur et ne plus bouger jusqu'à ce que Nicolas s'en aille, mais il n'a pas la force d'esquiver sa présence. Il le baigne dans l'amour de ses yeux. Il allie avec une telle foi force et fragilité que c'est merveille de le voir ordonner puis s'étendre aux pieds, qu'on a envie de rouler avec lui jusqu'au plus profond des Enfers...Jusqu'à ce qu'il nous assomme d'un coup de maillet parce qu'on a eu le malheur de flirter avec une des succubes de l'Envers.

Qu'il est sage, cet Ansoald, dépouillé de sa fierté, honteux de son dénuement. Pas une seconde il ne songe à ces histoires de bagatelle, que Nicolas supportat si durement par le passé. Ces cavales n'ont aucune comparaison possible avec ce qu'il a vu dans ce maudit couloir: au contraire, elles étaient légitimes, justifiées, nécessaires. Il fût même indigné qu'il s'en indigne, en bon larron qu'il est. Malhonnête? Si peu...Il est seul juge en son tribunal et ce bon chapelain est déclaré coupable d'adultère amoureux. Qu'il baise, soit. Qu'il aime, non. Les droits de la défense? Aucun. L'envie le tyrannise, lui et les autres encore davantage.
Qu'il est sage, cet Ansoald, malade singulier pour médecin particulier. Mais il se sent mieux, rissolé à la flamme de cet âtre si cher. Si bien que la colère colore ses joues, enfle sa bouche. C'est la colère d'un animal blessé. L'hydre de Lerne, voilà qui est en phase avec son passé de rebelle, cher petit Hercule, héros civilisateur. Par malheur, sous le rocher énorme, la tête siffle encore.

    Apprends-moi l'art des poisons et tu serais complice du crime que je convoite...Le voir suffoquer devant moi, la langue bleue pendante sur son menton, que je sectionnerais d'un coup sec pour le punir...Le punir de quoi? De m'avoir tué, pardi!


Exécrable conscience. Elle l'attire à des extrémités vertigineuses. Il lève une main tremblotante sur la médaille jumelle que porte Nicolas et sourit un peu, avec retard, en se souvenant qu'il a croqué la pièce comme lui-même l'avait fait, il y a déjà trop longtemps. Ce contact l'apaise. Il ose le prolonger, jusqu'à sa poitrine. Qu'il bat fort, ce coeur! Force neuf sur l'échelle de Richter. Sa lourde tête se pose contre la sienne et quelques mèches se mêlent. Chat noir, chat blond. Enfin délivrés de cette gangue de plomb, les mots coulent de sa bouche et l'étonnent lui-même.


Je crois que je suis malade...J'ai des vertiges..Ma pauvre tête...On dirait qu'elle m'est attachée à la cheville et que je la trimbale dans tout les couloirs.
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