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[RP] Au commencement il n'y avait rien .

L_aconit
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LES FONDATIONS
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    Aux ponts que je bâtis entre les choses, j'ajouterai une fenêtre,
    pour regarder de nos saisons chaque métamorphose.


    Au commencement il n'y avait rien. Et ce rien n'était ni vide ni vague : il n'appelait rien d'autre que lui même. Et Dieu vit que cela était bon. Pour rien au monde il n'eût créé quoi que ce fût. Le rien faisait mieux que lui convenir : il le comblait.* Puis L'on retourna la terre, tourbe fraîche et féconde d'où était condamné à pousser un édifice de plaisirs, de secrets et de rencontres. Le rien de Dieu se plia au Plein des hommes. On creusa. On creusa pour remplir, et pour enfouir d’innombrables et éternelles Vérités. Peut-être alors, l'on contraria Dieu. mais Dieu ne répondit pas.



Fin juin 1466


Là... Encore un peu. Entends tu les bruits de la vie? L'eau du bain quand tu en sors...


Dit-il d'une voix qui ne trahissait rien de son appréhension mais révélait tout de son excitation. Le bandeau sur les yeux d'Alphonse était un rideau que l'on maintenait sur la magie d'une obscure surprise, attendant, le souffle haletant, le coeur tambourinant la chamade de le tirer d'un geste vif, et de révéler aux yeux du monde toute la magie du secret minutieusement préparé.

L'écuelle que l'on pose sur le carreau frais. Les draps que l'on gonfle et abandonne à la fenêtre... Attention à la pierre. Oui. Parfait.


Les lèvres collées à l'oreille d'un Tabouret aveuglé et remis à son guide semblaient faire plus que la conversation. Ces lèvres, bien pâles, semblaient se pencher pour écouter à l'oreille du captif la musique de son cœur. Le duo semblait étirer leur gémellité sur des versants contraires. En négatif. Tant le blond tranchait avec le brun. Le pâle avec le hâlé. Le regard brillant avec l'aveuglement. Chien filant comme une flèche sur les talons, il y a avait dans l'air de cette matinée quelque chose d'indicible.


J'entends les fruits tomber sourdement d'être trop mûrs, trop lourds de jus. Et là. Ta gorge avaler un sirop. Le rouge gorge matinal et timide . Voilà. Nous y sommes. Ton godet de Bushmills ...

Des craintes sans doute. Allait-il apprécier? Ne prendrait-il pas cela pour de la démesure? De la surenchère déplacée? Arriverait-il à comprendre le vide trop plein, le plein trop vide qu'il se fallait combler par tous les moyens dont ils disposaient? Face à un abyssal chantier encore à ses prémices, silhouettes se figèrent pour y prendre racine. On creusait un trou pour y placer un mort. Pour y planter un arbre. On creusait un trou pour y poser des fondations. Et y bâtir un empire.

Doigts défirent l'étoffe nouée pour y offrir le panorama. Vide, et plein à la fois. Ponctué d'un éclat de rire.

Aujourd'hui était jour de liesse. Faust l'attira dans la fosse.



* Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
Fin juin 1466





Le bandeau l’a aveuglé et la voix de Faust, éclairé.
Chemin s’est fait avec appréhension au déséquilibre du sens dont on se prive, et si les mots qui se sont enroulés à l’oreille ont tracé des chemins d’eau et bâti des ponts de ciel, Alphonse a tâtonné à cette obscurité voilée avec attention ; oreille alerte malgré les cuivres assourdissants d’un cœur troublé, Faune a avancé au fil des mots, funambule en retenue aux vertiges dont il ignore les profondeurs.
Car qu’il ne voyait pas, Faust le trahissait; il roulait quelque part au flot de ses syllabes une nervosité joyeuse, une onde d’appréhension, le remous des fraiches exaltations, et cela a saisi le parisien jusqu’à tendre sa gorge. Parfois, à la faveur d’un pas moins assuré qu’un autre, barque a ralenti, hésité, mais Nicolas a poursuivi leur cap malgré tout, courant aux lignes droites, essaimant le lit de sa musique au cœur qui s’y reflète.
Lorsque les pas se sont arrêtés, les cheveux d’Alphonse étaient encore humides d’eau, sur ses épaules pesait une serviette fraiche et à sa bouche, le gout du whiskey se disputait l’arôme des pêches.
Bandeau ôté par les doigts longilignes, les yeux se sont plissés d’un trop plein de lumière et le visage a d’abord répondu d’un recul au soleil de juin qui couronnait la vue avant de s’y plonger ; empire a ses pieds a accroché un sourire amoureux aux noirs de ses prunelles.



A côté de lui, Faust est assis, genoux à l’enveloppe de ses bras, tête sur son épaule nue. Remontés de la fosse, garçons affichent sur leurs peaux des peintures de guerre, l’empreinte des boues claires, des marques de poussière, et les cheveux blonds de Nicolas accusent la noirceur du substrat jusqu’à l’élan de sa nuque gracile. La bure est propre, ôtée par-dessus tête avant que l’on ne chute au sol mais la chemise d’Alphonse témoigne d’une empoignade aux rires bleus et noirs ; partout sur le tissu blanc, se lisent leurs déviances aux tracés de la terre.
Bain rendu indispensable pour retourner en ville appelle comme une mère à l’heure du repas, et pourtant, aucun des deux n’esquisse le moindre mouvement. Sous leurs yeux bavards, Petit Vésone baptisé de nacre dessine dans l’air un arbre monstrueux.


Juin charrie dans l’air le parfum des ruisseaux Liguriens.

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Alphonse_tabouret
17 aout 1466





Pierre est dense autant que volumineuse.
Faust l’a désignée d‘un index un jour de rivière et devant le peu d’enthousiasme d’un page de quinze ans rechignant à se faire Hercule pour épancher caprice, l’a délaissée au profit d’une autre lubie momentanée.


Elle est d’un gris nuage, striée de quelques liserés anarchiques serpentant sur toute la longueur , et mousse y a séché loin des auspices aquatiques, tachetant les parois lisses de rêches douceurs. Loin de Breizh, des eaux miroirs, des éclaboussures qui rient, elle a perdu de sa superbe, et semble ne rien avoir à faire au décor du chantier auquel Alphonse l’a faite livrée, pourtant, Tabouret est satisfait de son choix, laisse trainer au museau de ces sourires qui germent d’intentions filigranes, de ces échos lointains qui rappellent lorsque l’on ne s’y attend plus, l’importance des détails.
Petit Vésone a ce matin repris l’ampleur de ses travaux, bruit aux cris des ouvriers qui montent la charpente, taillent dans le ciel les verticalités du nid, et tandis que les larges main du tailleur de pierres inspectent le tribut pris à l’été d’un hochement de tête qui promet qualité à la tâche demandée, lui, la voit déjà, fendue dans sa largeur , polie et creusée d’une vasque pour le jardin de Faust.



Chante l'Eau, dans toutes les langues.

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L_aconit
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LA CHARPENTE
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De ce squelette grandiloquent sortant des cuisses de la terre,
je t'observe prendre le cotes d'un seul coup d'oeil communiquant.


Le Christ marchait sur les eaux, moi, je faisais monter le sol marin. A chacun ses miracles. Regarde donc. Regarde de tous tes yeux. La vie, c'est ce que tu vois: de la membrane, de la tripe, un trou sans fond qui exige d'être rempli. La vie est ce tuyau qui avale et qui reste vide. *


Mi août 1466



Travaux avaient été suspendus au voyage du deuil, chantier avait du se figer dans le chant matinal d'un roitelet curieux, posé sur une tranchée baignée de soleil, et dont aucune pelle ne voulait plus.

Longtemps sur la route, Faust avait songé à ce chantier vide, déserté de tout ouvrier, et qui ne ressemblait moins à un chantier qu'à une sinistre béance, dont les entrailles ne digéraient rien. Il s'était demandé, pensif, si c'était cela qu'il ressemblerait sur le chemin du retour. Une béance pleine et vide à la fois, et dans tous les cas définitive.

Le Roi de Breizh était mort. Et avec lui, l'entrain des projets printaniers. Il se préparait en sourdine une fin d'été glissant vers l'automne, où d'inédites rousseurs accorderait deux silhouettes masculines. Faust avait repris dès son retour les appels d'offres aux artisans du village, et rempli son creux d'un trop plein. Nourriture. Achats en tout genre. Le roitelet avait repris son chant dès le premier matin.

Le bois avait été ramené des plus épaisses forêts du Périgord, un bois solide, sans âge , et dont la robustesse promettait de tenir un édifice au delà de nombreuses tempêtes, de nombreuses pluies, aussi denses que les pluies de Paris lorsqu'elle fait se hâter le pas des passants. Sur de longs chariots, les charpentiers choisissaient leurs matériaux, pour édifier l'ensemble dans l'odeur de la sève. D'un index docte, le jeune propriétaire agrégeait des consignes à l’échelle d'un plan. Là, trois chambres, peut être quatre. Ici, une grand-salle, par là, les cuisines. La cave s'imposait d'elle-même, quant à la cour, il la souhaitait étroite et rassurante, comme le ventre d'une mère. Une salle d'eau verrait donc le jour ici, et puis là, quelques coursives secrètes passant d'une chambre aux cuisines, un escalier dérobé pour aller dans une tourelle, puisque l’hôtel en serait doté de deux, comme deux oreilles attentives aux bruits des heures de Saint Front. Bientôt viendraient les Pierres.

Bientôt viendrait en son temps.



* Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
L_aconit
02 septembre 1466




Oh my mind
Oh mon esprit
I walk down Mayflower Road again
Je descends Mayflower Road encore
the waning sun
le soleil en déclin


Les petites choses recèlent souvent de petits univers. De petits échos. De petits sentiers. De petites espérances, de petites questions, de petits liens. De petits ponts.

De retour de Paris, le soleil se couchant à l'horizon, Episco-pâle pose un œil bleu sur Saint Front qui perce le ciel. Un silence léger. Voile pensif. Quelques plis dans la poche. Un caillou dans la tête. Une lèvre fendue, que le silence pense maquiller. Le silence ne sait que mettre en exergue. Il le sait, il l'a Inventé. Le retour s'étire comme le soir. Comme un chat sur un perron. Il a voyagé trop laconique pour aller retrouver l'agitation de ceux qui sont arrivés. Ceux qui sont en partance. Ceux qui ont attendu. Le retour s'apprivoise. Tout doux. Tout doux.



Can't spend my time on everybody else
ne peut pas passer mon temps à tout le monde
I can't control
Je ne peux pas contrôler
The words kaleidoscope inside my head
Les mots kaléidoscope dans ma tête


L'enfant fut vu. L'Ostel fut vu. L'Amant laissé sans collier, errer à ses exorcismes, quêter à ses réponses, sans poser de questions. Douce mains ont pansé. Chaque jour, au labeur. Pansé la purulence, les plaies visibles des inconnus. Tant d'inconnus.

Cahot fait trembler la silhouette d'un remous, Périgueux est là, bientôt l'on allumerait les bougies aux lucarnes. Parti sans effets, il revient tout comme. Faust de P à P a deux univers propres et quelques valises en carton qu'il traîne derrière lui. Dans une traînée de questions.


All these small things
Toutes ces petites choses
They gather round me
Elles se rassemblent autour de moi
and I can't see
et je ne peux pas voir


Il pose pied à terre. Retrouver le page et ses questions. Les autres aussi. Ce soir, il a le dos qui tire de la route. De petites choses qui tiraillent. Il n'est ni mal, ni bien. Il longe le chantier, jusqu'à s’asseoir sur une poutre qui n'a pas encore été élevée. Observe le travail des ouvriers à son absence. L'Hôtel avance, petit à petit. Petit univers. Petits échos. Petits sentiers. Petites espérances, Petites questions. Il est là, seul, et figé dans le décor, il ne dénote même plus. Il est chez lui. Petit pont de suspension.



And I can't see
Je ne peux pas voir
All these small things
Toutes ces petites choses
They gather round me
Elles se rassemblent autour de moi
And I can't see my love
Et je ne peux pas voir mon amour
I can't see my love
Je ne peux pas voir mon amour


Et s'il lance un caillou contre le squelette de bois, ricochera-t-il?

La rivière et l'été sont partis. Il y a dans l'air des fumets de potage, et des rousseurs articulées.

Et s'il lance ses pensées contre le squelette de bois, ricocheront-elles? Ce soir il fera comme il sait si bien le faire, une de ces apparition en demi-présence. Comme on met un orteil dans l'eau. Pour saisir la température de cet autre univers. Pour se décider. Y plonger. Ne pas y plonger. Y nager. Ne pas y nager. Rester. Partir.

Une hache est laissée là, à fendre une bûche, comme une lèvre un soir de Paris.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
L_aconit
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LA MAÇONNERIE
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Aux parois que l'on érige entre les autres et nous, sans le vouloir
A tout ce roc, à ce granit, à ces pierres arrachées aux ventres des rivières
A qui l'on ne donnera pas de nom mais qui nous contiendront le soir
J'ajoute la pierre manquante, géode insoupçonnée de mes terres


Si un jour tu vois qu'une pierre te souris, iras tu le dire?*


Octobre 1466


De toutes façon, il faut inscrire. Noter. Graver. Insérer ce qu'on grave. S'insérer avec ce qu'on grave. S'insinuer avec lui dans la succession des temps. Des actes. Des combats. marquer le sien. D'une main qui passe, au petit matin où l'on retrouve le chantier délaissé quelques jours d'avoir chevauché vers des terres esseulées et bleues, immensément bleues, et un peu jaunes aussi, l'on laisse la marque de notre temps. Comme d'autres marquent les arbres du vivant. Un main grave dans la pierre:

    "Ici je t'ai aimé"


On s'accroche à des coins. A des maisons surtout. Comme si l'on pouvait s'y croire à l'abri, y tourner le dos à ce qu'on ne veut pas. Pour qu'il n'arrive pas. Pourtant le fait est là: l'été n'est plus.


    - L'été, ça peut durer?
    - Mais oui.
    - Longtemps longtemps?
    - Tout un instant parfois.


Le gris du temps mûrit plus vite que jamais. Mais la paroi n'a pas d'automne. L'automne, c'est nous qui le feront. Il y a des jours où tout est paroi. Même l'air. Même les regards. Son regard. Ma main, sa main. Et je cherche des mots, un mot, où me fourrer. Dormir peut-être. Et attendre... Qu'à nouveau les choses se soient réinventées. Comme si les maisons par exemple, s'étaient baignées dans l'Océan. Leur Océan.

Alphonse aussi connait les murs-parois. Je le vois les contempler.


Faust est Dolmen, menhir, et toi Géode, toi, qui es tu? On croit ne pas les voir bouger. Ne pas bouger, c'est bouger autrement. Bouger dans son intérieur, sans en avoir l'air. Alors toi. Et moi. Nous sommes la musique de ces landes sans fin. Nous sommes une protestation contre l'espace vide. Nous sommes le fruit du besoin d'avoir à toucher. Du besoin de la verticale. Nous sommes un cri contre le cri que nous incarnons. Plantés là, contre le balancement, contre la marée... Contre le vent. La mer, où est elle, vient-elle à nous sous forme de pluie, pour nous battre, pour nous laver? Rien que pour nous saluer?

C'était bien, l'Océan. C'était bien avec toi.

Lovés en nous. Retirés en nous.

J'ai compris, les tapisseries. J'ai compris.

Voyant quand même- et pas sans compassion - tout ce qui passe autour de nous , et ne dure pas. Ces nuages. Ces herbes.

    Ces gens.




- Prends cette fleur.
- A quoi bon?
- Je te la donne.
- Elle dort...

Tous ces frétillements que tu sens en toi, autour de toi. Les ramasser, les assembler? Avant qu'ils ne se perdent. En faire comme une sculpture et qui défiera le temps. Fais comme moi. Fais en une maison. Pierres s'empilent et s'entrechoquent, et l'on cloisonne les pièces, l'on foisonne des chambres, où l'on jouira à en pleurer, ou l'on pleurera d'en jouir. Où l'on se donnera au silence, au néant, à l'oubli. Sous un tas de pierre, l'on est un peu...

Enseveli.




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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
L_aconit
Percer des fenêtres dans l'espace clos, c'est bien s'ouvrir de dedans, au dehors. Quelques rayons filtrent dans ces premières pièces finies, vides, crues. Nues. Absolument belles de l'être, car pudiques bientôt elles ne le seront jamais plus. Il y a dans l'instantané des choses une émotion palpable, que l'on veut sonder en donnant sa voix à l'Echo. C'est drôle, comment des mots peuvent ricocher avec autant de clapotis qu'une pierre plate dans le lit d'une rivière. Etendant une onde , sonore celle-ci.

L'on a taillé des escaliers. Ils ne mènent encore à rien, et pourtant, Nicolas ne se lasse pas d'y monter. De s'y suspendre, entre deux vertiges imbriqués de l’irréel momentané. A l'image des pièces nues, un jour, bientôt, cet escalier mènerait quelque part. Et le vertige n'existerait plus. On baptise cet ensemble de niveaux d'un murmure rêveur. Ce sera Petit Vésone.

De là où il se tient, c'est à dire pour l'heure encore partout et nulle part, à un étage dénudé, la tour d'en face impose sa prestance. L'on tendrait presque la main que l'on croirait la saisir. Angles droits de pouces et d'index se télescopent et s'assemblent pour former un rect-angle astucieux, dans lequel l’œil bleu vient se glisser pour découper un bout de ce panorama. Nicolas peine à s'approprier encore le vide. Pourtant la conscience a fait son chemin. Bâtir cette demeure, c'est s'affranchir un peu de lui même, d'abord, et un peu des autres ensuite. C'est un lieu de retraite, qui dans tout son paradoxe, l'enracine à Périgueux et son histoire en étant un prélude à la liberté. Avait-il jamais eu une maison?

Jamais.

Retz , était la terre et la demeure de son maître. Faust n'avait jamais que poussé dans un jardin qui ne lui appartenait pas. En Faust-rage. Un fosterage éternel. Puis, c'était après un long périple d'auberges et de vagabondages heureux avec le Voleur, sans maison ni autre toit que le ciel d'une année, qu'il avait échoué en Alençonnais, chez ce bon Renard Sacripan... Où Grimm, l'éternel valet endimanché était plus chez lui que l'enfant de Rézé qu'on acceptait comme écuyer. Finalement, c'est en Périgord, ici même, qu'il était tombé d'une poche ducale un beau matin, tout droit dans le bénitier d'une église. Un bénitier où il se regardait chaque matin avant d'en déranger le reflet et de mouiller son visage. C'était désormais l'hôte de la maison du seigneur. Quelle maison, si ce n'est toujours celle des autres? Poucet récoltant ses loyers n'avait jamais su posséder que des illusions. Accaparé de sacerdoce ou de passions trop humaines, les blanches mains observaient pour la première fois une pierre rectangulaire pour ce qu'elle était: Son futur.

Une pièce qu'il ne reconnaissait pas aux plans attirait son attention, sans qu'il ne sut dire pourquoi. Étaient-ce ses dimensions? L'endroit particulier où il ne se souvenait pas de l'avoir dessinée ? Ou un pressentiment plus profond et pourtant laissé en jachère, attendant patiemment le moment de semer une question pour récolter une certitude? Il s'assit là. Au milieu de cette inconnue qui quelque part, apportait à l'aventure quelque chose de tout à fait Faustien : le besoin d'attendre et d'observer des finalités. Nourrir des hypothèses. Démembrer des idées pour nourrir l'immensité de ses appétits d'apprentissage. Si ce n'était pas lui, c'était donc Alphonse qui avait les réponses. Car en le positionnant devant le vide béant du chantier, et en ôtant le bâillon de ces yeux ce jour là, Nicolas avait partagé plus qu'un projet de changement. Plus qu'une révolution. Lorsqu'un homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Lorsque deux hommes rêvent ensemble, petit à petit, l'on entrevoit le début d'une réalité.


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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
C’est cela ?
Arrivé ce matin, confirme l’artisan menuisier, mais épaisse posée sur le chargement encore bâché devant lequel il a attendu Tabouret. Son chapeau gondole d’une mauvaise facture à l’humidité qui épaissit l’air de la journée, mais la charrette, elle, sent encore la graisse fraiche et la patine des épaisses planches qui la composent ne souffre que de peu d'écorchures; Androuet ne sait peut-être pas choisir un couvre-chef mais il prend soin de ses outils, détail auquel Alphonse toujours a été sensible, amoureux de ces langages respectueux qui n’appartiennent qu'au Maitre et à son matériel.

Derrière eux Petit Vésone s’érige de pierres, encercle sa charpente et s’enroule lentement d’une volute déliée vers le ciel ; il flotte dans l’air le parfum des efforts charriés aux muscles-Hommes, aux poulies dont les cordes sifflent dans l’air dès lors qu’on les relâche, et le chemin des ouvriers se sillonne d’une boue tendre qui ne tache pas encore, faute de pluie pour l’assouplir. Tout ici à quelque chose d’organique, que l’on s’attache au végétal, comme au minéral et germe à la cosse d’une graine-rêve.
Toile se détend et d’un mouvement, soulevée, éventre le secret de sa cargaison : du bois, de longilignes troncs aux couleurs contrastées se serrent les uns aux autres à l’aveu d’une sangle; chargement a été protégé comme il a été demandé et semble chanter une mélodie venue d’ailleurs, l’antienne capiteuse d’une musique que l‘on ne comprend qu’en fermant les yeux


Pensez-vous pouvoir le faire en un mois ?

Question se pose d’une rigueur légitime ; la tâche est ardue, il le sait. A son atelier, l’héritier Vassalletto s’en est assez découragé d’exaspération, étudiant sans relâche les notes de ses prédécesseurs et y brisant, feuilles après feuilles, les nombreuses heures d’un travail d’orfèvre.
Bouche du gaillard se plie d’un dédain qu’Alphonse lui cède volontiers, et caressant l’ébène dont les trois troncs massifs couvent de leurs densité le presque commun des merisiers et chênes blancs, annonce sobrement, dans un raclement de gorge :

Il n’y a pas qu’en Italie que l’on sait travailler.

Lèvres s’étoffent d’un amusement distant quand le pouce vient s’émouvoir de l’étonnante fracture de couleurs qui s’offre sous ses yeux ; cerclé de blanc, cœur noir palpite d’une note diffuse, et semble y dessiner jusqu’au sourire espéré de Faust.

Je veux l’extérieur…
Sobre, l’interrompt le menuisier à la raillerie d’une lueur narquoise , claquant le tronc d’un geste mâle, étonnamment affectueux à la paume qui enlace le bois rare qu’elle a sous la main, amenant les jais à s’en émouvoir d’un instant et l’échine à en frémir d’une note. Vous m’avez fourni les plans, Monsieur, et si vous m’avez embauché, c’est que je ne suis pas mauvais.
Sages paroles Androuet, et élégante façon de me mettre à la porte, concède le jeune homme d'une rayure blanche aux lèvres, en lui tendant une main à serrer, dextres s’épousant de différences, l’une rêche, abimée, martelée par le poinçon des échardes, l’autre élancée, musicienne, préservée jusqu’aux poignets, scellant le pacte tacite du silence à leurs projets.
Nous nous reverrons en novembre, alors.



Charrette, tu portes en ton sein les prémices d’un songe ;
il dort à tes flancs souverains, grandit à ton giron dont le sommet rebondi désigne ta grossesse.
Ventre tu es devenu, mère des chimères, sœur des ailleurs, fille des savoirs.

Cycles se font et se défont,
fleurissent,
et s’épanouissent,
aux bouches et aux cœurs des garçons.

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Archibald_ravier
Des mois que la construction avait commencé.
Il n'était jamais venu.
Ce chantier l'effrayait. Son gigantisme. Sa démesure. Sa cave aménagée. Tout.


Pilote aux yeux de gélatine
Dans ce vieux satellite-usine,
Manufacture de recyclage
Des mélancolies hors d'usage,
Ô sweet amanite phalloïde queen.


Ce soir, il avait eu besoin de voir. Après avoir soigné tant bien que mal, avec les moyens du bord, son amoureux flagellé. Avait-on idée ?
Le soleil se couchait déjà, et Archibald tuait ses angoisses en explorant un chantier dont le gros œuvre était terminé. Jamais il n'aurait imaginé qu'il fut si difficile d'être amoureux.
Errant de salle en salle, il essayait d'en deviner l'usage futur. Serait-ce ici le bureau ? Une chambre ?


Je suis le captain "M'acchab"
Aux ordres d'une beauté-nabab
Prima belladona made in
Moloch-city destroy-machine,
Ô sweet amanite phalloïde queen.


Il ne reconnut que le lieu des bains, à cause de cette pierre bretonne si dure, bien plus dure que le beau calcaire jaune doré que l'on trouvait dans la région. Comment cela s'appelait-il déjà ? Ah, oui, du granit.
Des bains.
Des bains en amoureux.
Pioncer dans un bain.
Bouffer dans un bain.
Dieu, ça devait quand même être assez sympa d'être évêque. Ou amant d'un évêque.


Amour-amok et paradise
Quand elle fumivore ses "king-size"
Dans son antichambre d'azur
Avant la séance de torture,
Ô sweet amanite phalloïde queen.


Il renifla, cracha par une fenêtre sans châssis, sans regarder dessous. Les rayons dorés du soleil couchant l'attirèrent encore ailleurs. Perdu dans ses pensées, il monta, redescendit, longea un corridor.
Et la chambre de Jörgen, où était-elle ? Dans quelle pièce de cette foutue baraque allait-il l'entrainer pour lui soumettre ses idées les plus biscornues ? L'audace de son amant l'effrayait. Tellement.
Mais des quatre garçons dans le vent les plus dépravés de Périgueux, il semblait être le seul à s'en choquer.


Je suis le rebelle éclaté
Au service de Sa Majesté,
La reine aux désirs écarlates
Des galaxies d'amour-pirate,
Ô sweet amanite phalloïde queen.


Trouvant enfin par où le soleil couchant entrait, il s'installa à califourchon sur le rebord de la fenêtre, s'adossant au montant, et regarda le Paradis se coucher pour le laisser seul dans la nuit.
Lorsqu'enfin la nuit fut d'un noir d'encre, il quitta son perchoir, tapa ses pieds sur le sol pour les réchauffer, réveillant un écho peu engageant le long du corridor vide de meubles et tapisseries.
Quittant l'ombre, où il se sentait si bien depuis cinq ans, il se glissa dans la lumière d'une taverne, la douceur de l'amitié et la chaleur qui lui vrillait le ventre à chaque fois qu'il croisait ce putain de regard vert.

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L_aconit
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LA DECORATION
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    Aux béance, aux vides, aux abysses du néant blanc, aux angles esseulés
    j'emplirais mes coins fantômes d'objets, de souvenirs en bois, de plaisirs tissés.
    Je donnerai à chaque pièce, même la moins plaisante, une âme habitée.


    "Y a que ceux de mon âge qui trouvent ça glauque de baiser dans les chiottes. Je les emmerde.
    Baiser dans les chiottes c’est pas se cacher, c’est pas avoir honte, c’est se donner l’occasion de vivre une aventure au coin de la rue, comme ça, à un moment, dont on sait rien avant d’y entrer et grâce auquel on se sent bien plus vivant en en sortant.
    Et que ça pue la pisse, vraiment on s’en tape, quoi.
    Mazette… que ça pue vraiment c’est pas cher payé face à l’accélérateur que c'est .
    Les pédés qui refusent de trainer dans les chiottes c’est les mêmes qu’ont jamais ouvert un bouquin de leur vie. La littérature ils y comprennent rien."*



Novembre 1466



Des tapisseries. Des tapisseries à foison. Plus, bien plus qu'il n'en fallait, des tapisseries s'enchevêtrent au seuil de la demeure achevée. Faust, lui, est aux plantations pour que Petit Vésone se recouvre de vert, pour que les fruits acceptent de s'offrir l'été suivant. Pour que soit plus majestueuse encore le terreau d'un Aconit. Dans ses pensées-palais des glaces, les bleus s'égarent, là sur une jardinière, là bas, à l'imagination d'un corps étendu au soleil le long du petit bassin. A tous les étages l'on s'affaire à recouvrir les murs, les sols, à dissimuler de petites portes secrètes, à choisir telle ou telle tapisserie pour s'accorder avec les noms des chambres. Ces noms, on les a décidé à deux, à trois, tout seul, mais jamais pour soi.

Des chambrées chaudes, que l'hiver ne percera pas. Des pièces pour y accueillir les autres, pour y dormir roulés en boule, pour y tomber du lit, y glisser sur le seul endroit du plancher non recouvert. Des peaux de bêtes parfois, des couvres lits brodés, tentures au lit baldaquin, des épaisseurs pour isoler et rapprocher à la fois. Des empilements pour amortir. Des édredons et des plumons pour s'y étouffer, s'y noyer, s'y perdre et se retrouver. Des draps rapportés de Flandres pour flirter avec les dalles rapportées de Bretagne. Un accent de Flandres absorbé par les couleurs et les matières, par le bleu , cet Azur qu'il soit royal ou divin, reste surtout partout dans la maisonnée celle des sourires Faustiens. Les vertus de cette couleur lui ressemblent, loyauté justice, sagesse, science, amour fidèle. Ses vices encore plus. Sottise, roture, bâtardise. Ces derniers jours de chantiers partagent l'excitation des achèvements et le soulagement clôturant les longs efforts. Comme l'on regarde gercer un bulbe d'hiver, dans le décor lunaire de la saison. Enfin, l'on saura à quoi toute cette histoire va ressembler.

Partout l'on entend le bruit des tissus, des clous avec lesquels l'on étend, étire et fixe les toiles tissées. L'on gourmande les chiens de se coucher sur une oeuvre destinée aux murs, c'est la saison du poil d'hiver. La maison a l'odeur des pigments et du bois neuf. L'on pousse à plusieurs le mobilier et l'on maudit le colimaçon des tours. L'on se résigne parfois à faire monter des pièces par la fenêtre. Elle a été faite si grande...



* De Arthur à Jacques et mathieu, " Plaire, aimer, courir vite "

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
    "Je fais comme si Auden était connu de vos services..."
    "Il l’est, bien sûr."
    "Auden donc, à son arrivée en Amérique s’était entiché d’un certain blond prénommé Walter Miller. Walter Miller collaborait à une revue littéraire dans laquelle travaillait également un autre blond prénommé Chester. Chester prit contact avec Auden dans l’espoir de décrocher une interview pour un article, Auden lui donna rendez-vous comptant bien qu’il se présente le jour de l’entretien avec le Walter Miller convoité et lorsque le blond Chester se présenta seul à sa porte, Auden, complétement dépité , passa dans la pièce à coté où siégeait Tisher Wood, son colocataire de l’époque, soit dit en passant, et il lui souffla : "C’est le mauvais blond ! "
    Quelques heures plus tard, comme diraient les bons biographes, Chester allait devenir pour Auden le seul blond possible "

    Plaire , aimer , courir vite, de Jacques à Arthur.






Wacht*

Il pleut, et sous le crachin lourd d’automne, au ciel bas et déjà opaque de la fin de journée, silhouettes esseulées ont emmêlées leurs mains.
Lointaine d’à peine quelques mètres, la rue n’existe plus ; l’on y a croisé en venant quelques paysans rentrant des champs tardivement mais la majorité a déjà rejoint l’âtre et y réchauffe des os trempés par la journée.
Petit Vésone lui, s’est distingué, engourdi de silence depuis plusieurs heures déjà. Averse a battu trop fort pour que le chantier soit sans risque aux pierres que l’on achevait de hisser à ses sommets et en début d’après-midi, chacun est rentré chez soi, laissant la carcasse drapée béante et silencieuse, sinistre à qui ne sait pas la regarder. Aux yeux de ses architectes, elle possède pourtant l’élégant squelette d’un arbre haut, les hauteurs délicates d’un vent marin salé, et l’ondée qui ruisselle dessus à cette heure, murmure un chant sacré, le chant des pluies d’octobre.


Gewoon**

Mèches brunes se dissolvent de gouttes et ruissellent à la tête nue d’Alphonse quand ses doigts s’étoilent d'une sauvage douceur à la nuque blonde; au milieu de la cour désertée ,garçons se tiennent d’un silence troublé, océaniques statues aux désirs animés, avant de se rejoindre d’une étreinte végétale, et à y regarder, au premier mur posé, l’on pourrait discerner la pousse ténue et tendre d’un lierre sauvage.
Ici doigts s’enfouissent aux cheveux, là, les lèvres enchantent le marbre d’une bouche, et Faune s’absout de sa peau d’homme au cœur qui répond à son sein. Cuivres tonnent et tempêtent d’un écho de clarté et sous le ciel essoré, et à l’abri du chantier, Alphonse attarde d’un instant ce qui sera bientôt un temps d’Avant ; à la volée d’un escalier, rêve s’agite d’une réalité.


Dis-moi où nous sommes...
Ici, la tour d'Ys. Elle mène à deux chambres.

Étreinte furtive déliée, ils sont seuls mais pressés, et les baisers d'eau douce sont de curieux catalyseurs. L'on s'accroche à la pierre, l'on s'y dérobe pour entrer dedans, et pourlécher la lippe d'un plaisant silence dédié à l'observation. Ils franchissent les escaliers jusqu'aux chambres, Achille gravite, non sans se retourner pour regarder à la progression les expressions de Patrocle avec qui il partage la chambrée . Là. Ils y sont. Bientôt, ce serait le lieu de leurs rendez-vous. Le plafond à poutres, l'endroit dédié à la cuve de marbre donnant sur la pièce que l'on a pensé a offrir à l'immense garde robe du maitre des lieux. Nicolas désigne les emplacements futurs, invite à se pencher au dehors pour admirer la vue sur la cour qui fleurira au printemps. La fenêtre est plus grande que ce qui se fait ailleurs, elle avale, démentielle, et invite aux appels d'air, aux bouffées bienfaisantes et aux embrassades secrètes. L'index de Nicolas décrit ici les pieds mouillés qui sortiront de l'eau, là l'endroit où les chiens tenteront de dormir sur le grand lit à baldaquins. La maison vide résonne de leurs pas, de leurs arrêts et de leur conversation. Il pleut, un peu dehors. Un peu dedans. Il pleut comme l'on se réfugie aux coches, pour faire le tour de la capitale et se décider à s'abandonner ou à attendre que le temps fasse son affaire. Il pleut et il fait un peu froid ce jour, pourtant rien ne saurait effacer l’enthousiasme du propriétaire qui bat les dalles de pierres et les planchers à peine terminés.

Les proportions sont belles, n'est-ce pas...

Dit il en rangeant soudain ses doigts, pensifs, dans une poche dérobée. Ses bleus observent l'architecture comme l'on regarde un bel homme. C'est ici qu'ils se retrouveraient le soir. Le matin. Après les longues journées. Après les voyages, les retours de Paris. C'est ici que tout ferait battre la maison. Le cœur même de sa raison d'être: abriter le secret de leur vie commune. La tourelle latérale se termine par une étroite loge, percée de quatre fenestrons, la plus petite et la plus haute des chambres; où il invite Alphonse d'un mouvement de tête.

C'est petit, mais rassurant, pour les amis de passage... Et puis il y a une autre pièce, dont j'aimerais que tu me parles.

- Parce que j'ai deviné. A force d'y venir. Qu'elle n'était pas de mon fait.-

Il y a sur le visage d’Alphonse, la délicatesse des secrets que l’on prend plaisir à voir ajourés, l’acidulé de l’implicite à quelques traits sur un vélin ; Faust a vu, Faust sait, et il germe aux nerfs les joies vives des imaginations précautionneuses de Tabouret.

Ah, tu l’as vue ?

Détachement d’une question s’ourle d’un sourire qui s’étire, épicant jusqu’au timbre de la voix .
Combien de temps est-il resté penché sur ce plan, lèvres pincées d’une incompréhension, guèdes reliant les points un par un en se les remémorant avant d’assoir la certitude des culpabilités ? Le doigt a du retracer les lignes, refaire le trajet de façon méthodique, architecte aux marmoréennes phalanges, jusqu’à cet étrange carré qui s’est hissé dans les airs sous ses yeux en même temps que le reste.

On dit Wunderkammer en Empire… Mur s’éclaire d’une couleur tandis qu’ils passent le seuil de la chambre béante ; Petit Vésone se dresse d’inimaginables hauteurs et abolit les frontières de l’ether en même temps que celles des horizons. Patrocle sait l’attention d'Achille soudainement dressée, le gout premier des compréhensions à l’énigme qui a envahit les heures creuses, et ne s’attarde que d’une lenteur suave, pour le plaisir des célestes azurs qui vont battre sous peu d’une étincelle savante
Studiolo en italien. Noirs s’abreuvent des pierres, de l’humidité fraiche qui embuent les sens, engourdissant la pulpe des doigts se saisissant de la nuque blanche pour s'enfouir aux crins blonds et humides. Ici, l’on dirait Cabinet de curiosités, et le tien fera pâlir jusqu’aux Médicis…

S'il l'a vue...

Les paumes se posent au mur. Là, l'aimera-t-il souvent? Là. L'acculera-t-il? Se laissera-t-il glisser, parfois, de peine? Les pièces vides ont cela d'attirant que leur vide est à combler de futurs, de souvenirs en construction, et que le jour où l'on le laisse revenir, c'est pour aller le combler ailleurs et autrement. Les pièces vides sont des passages vers de meilleurs lendemains. On y devine, on y fantasme même ce que l'on aimerait y vivre. Cobalts de blond couronnés suivent la course du corps qui se retourne, et la bouche étire de ces exclamations si personnelles, percées de courbes, . d'orvets de lèvres fraîches , et quand la nuque remplace les paumes, fossette incrédule vient interroger le rêve.


Un cabinet de curiosités... Vraiment?

Les secondes se déroulent à reculons, et l'on refait les chemins qui nous ont conduit jusqu'ici. Paris. La Pluie. Alphonse. Les colliers d'or comme des colliers d'esclave.La quête infini du Decameron. Périgueux. Périgueux. Périgueux. Dextre tire le col jusqu'à se frôler, nez à nez, et les yeux comme des soucoupes, Kuanos à Couros gronde d'une surprise neuve.

Vraiment?...

Alphonse comble tous les vides. L'admettre n'est pas difficile face à de telles évidences. A quelle larme vouer son Bleu? Et que font deux monstres qui se font face? une Dé-monstration. Une démon-stration. Une démente structure, où rêver d'un Corps à l'aube qui n'aurait plus pour ornements à retirer que les constellations d'Octobre.

Tes yeux sont mes jardins, de vastes étendues envahies par les eaux et les soleils troublés.
J’y regarde les murènes en-lacets, les hippocampes mâles-aimés, quelques étoiles de mer si-métriques, et le ressac qui y fleurit d’écumes en-volées.
Tes yeux sont le monde tel qu’il devrait toujours être : Bleu et noir.


Le col de la chemise est humide et dégorge presque entre les doigts qui l’ont saisi quand garçons inondés se frôlent d’une respiration. D’une lézarde, le cœur fendille à l’auspice des iris qui le dévorent, gouffres béants s’enroulant à la spirale avide des savoirs de tout genre et l’on y meurt de combustion, l’on s’y cendre d’un bonheur brutal qui ravit jusqu’aux plus discrètes ténèbres.
Vraiment se répète d’une incrédulité étirant le sourire d’Alphonse d’une ligne conquise, de ces orgueils naïfs qui reconsidèrent l’instant à chacune de ses temporalités ; automne n’a pas livré tous ses secrets mais se défeuille d’une aphonie : puisque l’horizon s’entête de murs, l’on les crèvera de fenêtres ouvertes, l’on y fera béer les portes, et au crépuscule venu, déboutonnées aux quatre vents, assis, repus, toujours l’on y percevra le soleil ou la lune.

Senestre s’est avancée jusqu’au cou, asseyant la coupe de la manne pour offrir aux noirs le spectacle du visage saisi, et corps presqu’îles se jaugent de ces instants ou bien que l‘on connaisse la réponse, l’on y est suspendu comme à la dernière branche.
Aorte se déchire de mille heureuses violences, de l’infinie douceur du gouffre, et s’emporte à l’extase de contradictions que toujours Faust éveille à ses sens : A cette âme qui bouleverse chaque onde, Chat ne sait jamais s’il doit la dévorer ou s’y laisser noyer.

Tu y auras un meuble fait d’étages, de tiroirs, de plateaux, de différentes vitrines… J’en ai choisi les bois, et les motifs… Un arbre… Lorsque les panneaux seront fermés, c’est un arbre que l’on y verra : ton meuble sera comme ces cabanes aux branches où l’on entasse mille trésors lorsque l’on est enfant…
L’émotion est une chose étrange, fragile et pourtant dense ; dans le cœur d’Alphonse, elle a l’éclat du geai qui, aux sentiers bretons, délaisse à leurs nervures, la bichromie d’une plume, quand au ventre, elle s’engorge d’une ardeur sylvestre aux ovidiennes rondeurs.
Sur la hanche de Faust, les doigts froissent le tissu d’une bure détrempée et les souffles se parent d’une première buée ; il ne fait pas chaud mais l’on brule jusqu’à la peau, jusqu’au sang, jusqu’aux os.

Vraiment, répond-il d’un murmure aux lèvres se frisant d’une provocation avant d’y fondre d’une morsure qui capture et ne relâche qu’à la densité des regards télescopés pour y poser un souhait, un murmure rouge.
De quoi te nourrir du monde.

Des étages à gravir, des tiroirs à remplir , des vitrines à garnir de toutes ses découvertes, des présents qu'on lui rapporte, des contrées qu'ils visiteront, peut-être? Surprise est totale, jamais personne ne lui a offert un tel présent. Un arbre , une nourriture. Un endroit privé, soigneusement pensé par les soins Faunes.

Je t'y mettrai sous globe, viens...

Il l'entraine dans le dédale à reculons, pattes blanches le tenant par les vêtements, dans un "viens là" qui ne souffre d'aucun refus possible. Les yeux fermés, les bouches pleines, commence la longue cérémonie de baptême, Petit Vésone sera nommé ce jour de soupirs et de gémissements sourds.




* Attends
** Viens


RP à quatre mains.

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