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[RP] Le tendron d'Achille.

L_aconit
    - Pour l’heure, vous m’avez fait passeur. Où dois-je vous mener ?
    - A tout bon passeur, on demande de nous emmener à la vérité. Me voilà attendu, demain. La vérité, est-ce loin?
    - Souvent, oui.... mais nous faisons route à deux. Il ne tient qu’à nous d’éprouver le temps qu’il nous faudra pour nous présenter au rendez-vous…


    - RP Garde-meuble -


Il se tenait là. A côté de lui. Pli empli des belles courbes d'Alphonse offert à ses yeux.
Ce pli inachevé qu'il avait dérangé dans sa rédaction, et dont il pensait le contenu léger, léger...

Jeune, jeune Faust.


Citation:
    Faust,

    Je suis une géode. J’ai poussé dans des courants de lave, recroquevillé sur moi. Peut-être est-ce de là, en sus de mon éducation, que me vient le silence qui me tient la gorge ; peut-être est-ce de là que me vient le feu qui me ravage silencieusement les veines.


    Ton jeu m’a tenu éveillé toute la nuit ; je n’ai cessé d’y songer.
    Ai-je menti ? Ai-je dilué les mots aux minéraux de mes nerfs ? Géode doit-elle tenir au-delà des coups que l’on y porte avant de s‘ouvrir ? Toi, tu dors, si loin de tout cela que je me sens idiot d’en garder tant d’élan.
    Les mots, Faust, sont de terribles oiseaux. Ils s’envolent haut, ou bien pas assez et je peine à en contenir la stabilité des plumes, le cap de leurs distances.
    J’ai eu bien des amants, plus que je ne saurais en compter car j’ai appris à baiser ce que je désirais plus que ce que j’aimais et bien peu, une main me suffirait à les recenser, sont ceux dont je garde le souvenir du prénom.
    As-tu compris que je n’ai jamais aimé Corleone à son sens le plus pur ? As-tu compris que je n’ai jamais aimé Axelle comme j’ai aimé un homme ? As-tu compris que jamais une femme n’a su apprivoiser ce que mon musc réclame?
    Si j’ai la chair prompte à céder aux envies, j’ai le cœur trop étroit pour battre à plusieurs veines.
    J’ai des idées plein la tête, des mots plein la gorge, des couleurs qui passent au champ de mes prunelles et je te dois chacun d’eux depuis cette nuit de janvier, aux pierres de Saint Front ; te dois-je pour autant la vérité ?
    N’est-ce pas un grand-mot, la vérité ? N’est-il pas immense malgré ses trois syllabes ?
    Cette nuit, je ne dors pas. Vérité m’écrase et prend plume à ma place.

    Je n’aime pas que ses dents soient si près de ton cou, si près de ton cœur.
    Je n’aime pas le savoir à Paris, aux heures que je n’occupe pas.
    Je n’aime pas cette voix qui accompagne son nom lorsque tu le prononces ou bien que tu l’écris.
    Il n’y a rien qui me plait chez Ansoald parce que, je crois, tu l’aimes encore, et savoir qu’à chaque fois que je t’ai embrassé ou sucé, ton cœur à battu à l’empreinte de ses crocs me déplait autant que ta lubie perpétuelle des cheveux roux.
    Faudra-t-il que je me teigne la crinière pour qu’un jour tu y passes les doigts avec la même ferveur ?

    Pardonne-moi d’avoir donné les lettres de ton prénom à Axelle. J’ai eu tort, quoique je n’en regrette rien. Tu doutes bien sûr, de sa sincérité, mais ma Ballerine est aussi un dragon qui garde mes secrets depuis de si nombreuses années que ce que je sais, il convient qu’elle le sache tout autant.
    Tu ne crains rien à son ombre, Faust. Ton secret y est gardé et rien ne saura écarteler sa mâchoire pour le livrer à l’oreille des autres. Cela me ferait trop de mal et jamais elle ne me fera de mal.
    Tu ne m’as pas demandé, hier, pourquoi je l’avais épousé, et je n’ai pas besoin de dé pour te le dire.
    Que crois-tu que l’on dit des garçons de mon âge qui ne sont pas mariés ? Que leur propose-t-on ?
    La bague ou bien la suspicion.
    Tu as ta bure pour te cacher du monde, j’ai eu Axelle pour m’en protéger. Lucide toujours, elle m’a offert la façade nécessaire à me laisser vivre au foutre de mon lit, aux reins de mes envies, parce que l’amour qu’elle me porte n’est pas celle d’une femme mais celui d’une amie si chère qu’elle en est devenue ma sœur.

    Quant à ...



La veille, un jeu des vérités avait percé quelques bulles, parmi les nombreuses suspendues à des réalités qu'ils crevaient d'envie de connaitre, et redoutaient de savoir. Le jeu avait été lamentablement orienté, d'un côté comme de l'autre, et Faust se retrouvait là, ce matin, tétanisé devant le poids des mots qu'Alphonse avait consignés pour lui. Alphonse n'était plus cette bulle lisse et sans prises, d'où rien ne daignait dépasser: il était soudain une géode éventrée, béante, dont les cristaux s'étiraient si nombreux et acérés qu'on ne savait plus par où la saisir.

La réaction avait été à l'égale de la stupeur: fracassante de silence. Faune s'était recroquevillé dans le remord, Une entrée avait interrompu l'échange, et achevé d'éparpiller ses débris de façon si brutale qu'il semblait presque impossible au religieux de les ramasser. Doigts avaient bien tenté quelques maladroits rattrapages, mais le mal était fait. marée haute avait pris sa place, ensevelissant les fragments qu'il restait à sauver. Depuis lors, tout était noyé dans les gorges. Jeune Faust, jeune...


***


L'Aconit pose simplement, à la fuite de maurice et à leur solitude retrouvée, sa tête sur l'épaule d'Alphonse.


- Pardon.

Alphonse chasse le mot d'un claquement de langue.

- Tu n'as rien à te faire pardonner.

L'Aconit au son sentencieux, le saisit au col, darde deux yeux humides sur les jais.

- Pardon, j'ai dit. Je ne voulais pas que tu te recroquevilles...

Alphonse plonge aux bleus et après un silence , lâche à mi voix:

- Tu es pardonné.

mensonge supplémentaire n'altérera rien qui n'existe pas.

- C'est juste que... Je m'en suis voulu. De dormir si toi tu étais tourmenté par ce stupide jeu. C'était comme si ton sourire d'hier, se délitait dans un vilain mensonge, qu'avait été la nuit.
- Je n'aurais pas du y mettre tant de sérieux... J'ai été ridicule.

L'Aconit serre ses poings sur sa chemise, furieux et désespéré à la fois.

- Arrête. Arrête , j'aurais du comprendre avant. Je suis mauvais pour lire entre tes lignes. Je ne sais moi même pas parler.

Alphonse penche la tête à baiser l'un des poings. L'Aconit est en colère contre eux. Contre lui même.

- Alors ne parlons pas, voilà qui est plus simple.
Et moins douloureux.

- Ce que tu as écrit était inattendu, presque brutal je crois, ça m'a désarçonné! Tu ne peux pas dire qu'il faille faire comme si de rien n'était !
- Non, je ne le peux pas.
- Alors ne le dis pas .


L'aconit cogne un peu contre la poitrine d'Alphonse.

- Ne dis pas que c'était idiot...
- Le dire n'est pas faire comme si de rien n'était...

L'aconit veut l'extirper de son carapaçon, le sortir au pied de biche, à la Pince monseigneur, retenir la petite chose qui avait risqué son nez dehors, quitte à l'étrangler un peu.

- D'accord pour Corleone. D'accord pour Axelle.
D'accord pour tout.
Pour ansoald.
Pour le roux.
D'accord pour tout, Alphonse...

L'Aconit baise sa bouche faiblement, en murmurant encore à ses lèvres :
D'accord pour tout..

***


L'évêque et son ami furent aperçus aux abords du village sur la route de la rivière de Puy Saint Front , un bâton de pèlerin à la main, un chien cavaleur sur les talons. Si Alphonse cédait à la vérité, pourquoi se retenir de lui dire ce qu'il brûlait d'envie de lui dire depuis des mois? Ruban n'avait pas été arraché, mais qu'à cela ne tienne, il parlerait pour faire parler Alphonse. Il se plia par mimétisme, par immense gratitude à la redite de la scène de la lecture, tandis qu'il se tenait face à Alphonse sur la berge, deux yeux bleus immenses rivés aux expressions de son visage, les pieds dans l'eau jusqu'au genoux.


Citation:
    Alphonse...

    Alphonse...

    Alphonse...

    Tu ne veux plus parler pour aujourd'hui. Eh bien tu liras. Tu me tues quand tu te tais. Tu me tues quand tu parles. Voilà, voilà l’effrayante vérité. Tu es la solution et l'énigme, l'antidote et le poison. Tu es mes joies et mes corruptions, mes plaisirs et mes supplices. De ma souffrance, tu es le délice. Et je te prie plus que mon Dieu, oh oui, Alphonse, je te prie bien plus que mon Dieu. Toi seul es capable d'être à la fois mon bourreau et mon salvateur, mon Roy et mon Fou, un seul de tes mots s'étire et me voilà au sommet; un seul manque et me voilà à genoux. Toutes les variables de ma vie sont alignées à tes sentences, tu es ma délivrance et mon couperet, Alphonse, j'abdique, et je suis encore là, moins courageux que tu ne l'as été.

    J'ai compris tes mots. D'accord . D'accord pour tout. Si tu as menti, je te pardonne, je mens depuis que je t'ai rencontré. Tu as raison: les mots sont de terribles oiseaux. Et quand tu viens à regretter de les avoir couchés, étendus à mes pieds, je suis un ciel vide et délavé, plus rien n'y vibre, tu es un Dieu qui m'a condamné. Alphonse, qu'importe leurs trajectoires, qu'importe la ligne de leur envol, rends-moi tes migrations , je les prendrai pour ce qu'elles sont je le jure, jamais plus je ne les effraierai. Je veux combler chacun des creux que j'ai causé, y pousser, m'y élargir, et si tu l'acceptes encore sans mentir, tu verras, tu verras, je suis capable d'y refleurir.

    Ah! Alphonse; tu me fais saigner. Je saigne de croire que tu penses ma ferveur dédiée à un autre, quand je caresse tes cheveux. Quand je baise tes reins. Quand je fonds en toi avec la douceur enracinante des Sylves. Quand mon foutre est si épais d'avoir tant attendu ton retour pour t'honorer. Quand je prie pour toi. Quand je te prie, à genoux, de partager ton moment de joie simple. Chacune de tes expressions de douleur, chacun de tes doutes est corrosif, et je ne peux m'en prendre qu'à moi; je t'ai caché que je t'aime.

    Je suis fou amoureux de toi.

    Je te défends de douter de cela, et je te défends de ne rien y répondre. Je t'aime depuis la première fois, et je n'ai pas le droit de le dire. Parce que j'ai prêté serment pour un an, et que les serments ne peuvent pas être rompus sans remettre en cause ce que l'on est.

    Alphonse! On doit s'arracher tellement de nous même quand l'on veut guérir rapidement que l'on doit parfois déposer le bilan à trente ans. Qu'on a moins à offrir chaque fois qu'on fait de nouvelles rencontres. mais s'obliger à ne plus rien ressentir, dans l'espoir de ne plus souffrir.. Quel vain gaspillage. Le sacrifice est là en réalité. On a le droit dans une vie qu'à un seul corps et qu'un seul coeur. Pour l'instant il y a de la douleur. Du chagrin. mais il est interdit, sacrilège les tuer. Cela tuerai aussi les joies que nous avons éprouvé... Comprends-tu? De l'affection pour le premier garçon, un indicible remord pour le second. Voilà tout ce que j'éprouve, et ce dont pour le moment, en dépit des sommités et des vertiges que tu me fais ressentir, je me refuse à chasser.

    Geode, Patrocle, muse, Faune, Chat, toutes ces figures auxquelles je t'astreint ne sont là que pour repousser l'écrasante vérité qui me surplombe, et me donne le vertige: 'Alphonse' de toutes est si sidérante, si gigantesque que tout autour de moi, je n'en vois que l'ombre.

    Tu es mon Tendron d'Achille.

_________________

(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
J’aime les lundis de pluie, les mardis de tempêtes, les mercredis ensoleillés,
égrène-t-il plus bas, jouant des reflets du vin à la faveur de la lumière…
les chaleurs du jeudi, les grêles du vendredi, les ciels bleus de samedi et les dimanches de sieste…
J’aime qu’aucun jour ne ressemble à un autre, aimer un matin et le soir plus encore,
que l’on s’embrasse avant même de parler, qu’on baise avant même de s’embrasser…


Alphonse à Octave





Matinée rugueuse avait été délayée à de solitaires heures où d’étroites boucles avaient inlassablement rebondi aux tempes brunes, filigranes décousus et pourtant vifs, réduisant au jardin chaque feuille tendre en une épine brute.
Fauché par quelques mots auxquels il ne s’attendait pas, Alphonse avait essuyé la réaction de Nicolas comme ces grêles subites couchant jusqu’à la moindre plante sur des lieues à la ronde, ravageant les bourgeons éclos aux tiges jusqu’à n’en laisser que la raideur épurée des lignes droites ; tout, quand on était amoureux, prenait d’inexplicables proportions et obscurcissait les cieux de perspectives têtues.
"Ça me fait l’effet d’une chute de cheval."
Pouvait-on faire pire accueil à un cœur qui se livre et qui ancre d’encre ses ridicules vérités ?
Que le blanc était blanc, jusque dans ses fractures, avait remarqué Tabouret en sentant son âme le quitter d’un simple coup de balais. Que le silence était assourdissant et les ombres claires lorsqu’elles s’étendaient sans trouver leur contraste naturel au soleil de Faust.
Il avait été idiot. Risible. Aurait souhaité disparaitre sans plus réapparaitre, se souvenir des leçons du passé pourtant si chèrement acquises, remonter le temps et s’interrompre avant même de poser le prénom de Montfort d’un trait sur le vélin. Dénaturés de vexations aussi fraiches qu’obscures, les mots avaient eu beau tomber en cascade de baume à l’intimité binôme retrouvée, rien n’avait su rendre aux noirs l’étincelle des vies que l’on vit. Pantin secoué de rien et de tout, aux éclats de ses craintes, à la main de granit que Compagne avait porté à sa gueule, hilare, devant son visage défait, il s’était trouvé incapable de peindre de bleu les mains tendues de Nicolas ; femme fatale, Ananké, avait brodé ses lettres à ses résolutions et à la guerre si âprement menée en lisière de ses cotes depuis plusieurs semaines, clameur était montée jusqu’à étouffer de bile et les dieux et leurs mises.
Il avait fallu un courage infini, flatter de "Ce n’est rien" un égo morcelé, et contraindre d’air les poumons comprimés d’un orgueil blême de fièvre pour présenter un mensonge à une après-midi chaude de juillet : il suffisait de ne plus en parler et tout serait oublié.






En bordure de rivière, les berges sont épaisses. Elles tapissent un cours d’eau que les derniers jours de chaleur n’ont pas su altérer et Faust y a planté les pieds en lui donnant lecture. Chat a hésité. Il craint les mots pommades, les excuses données pour apaiser les peines, les verbes de pitié ; amant a le cœur si large, et si dense de vie, qu’il serait capable de l’écorner pour consumer le chagrin qu’il a lui-même semé.

Les doigts gardent quelques instants le pli à leurs secrets, et noirs cueillant les bleus qui ne le lâchent pas, y dévoilent d’une esquisse les curieuses obligations qui ceignent le ventre d’une appréhension double ; l’espoir est une créature plus vivace qu’il n’aurait pu le croire.
Se laisser lire à la lecture est un exercice périlleux, et dès la première voyelle de son prénom, Alphonse goute aux tisons infligés par ses soins le matin même ; aux mots sont rivés des jais qui se savent observés et mènent sur les chemins un cortège de bruyantes contradictions. Créature narcissique aux élans acérés, objet tant de fois examiné, tant de fois saisi pour être évalué, fasciné toujours de lire chez les autres l’intérêt dévoilé, découvre soudainement les hauteurs de nouvelles pudeurs dentelées de sève ; il n’est aucun moyen d’échapper aux azurs qui le guettent.

Aux premières lignes, senestre vient masser une nuque encore humide d’eau, besoin de ces contenances que l’on croit occupant l’espace quand elles en trahissent les moindres angles d’une lumière crue, et la bouche froisse la gravité plaquée à leurs heures d’une première esquisse.
A ses doigts, l’encre vibre, les mots colorent les secondes et, captivé, Fauve en oublie jusqu’à l’étude dont il est le récalcitrant sujet.



There was a boy
Il y avait un garçon
A very strange enchanted boy
Un garçon charmant très étrange
They say he wandered very far very far
Ils disent qu'il a erré très loin très loin
Over land and sea
Au delà de la terre et de la mer
A little shy and sad of eye
Un peu timide et le regard triste
But very wise was he
Mais très sage il était



Sur les lèvres d’Alphonse, un oiseau s’est posé. Il picore une ligne, et y allonge son aile, fond son bec aux rémiges et en pince les contours pour mieux les déployer. Ses serres sont plantées en bordure et selon la lumière qui le berce au ciel déchiqueté de feuilles, il se teinte de rouge, de bleu, et de violet, débordant aux joues l’élancé de ses ombres.
Tête se penche au point qui conclut, et passereau s’envole au coton d'un nuage, emportant avec lui le noir stagnant aux lèvres ; Alphonse sourit sans même s’en rendre compte, et quand la voix se meut au travers d’une gorge qui palpite, c’est à l’accent des langues énamourées :

Ik kan je niet stoppen om te duwen.
Ik ben er nooit in geslaagd. Ik probeerde het, vaak en ik verbrandde mijn handen, altijd.
Je maakt me zwak. Nee, niet zwak ... Je maakt me gek. Dat is het, gek. Je brengt de woorden naar mijn mond en transformeert ze in inkt, onuitwisbaar, zichtbaar, in je ogen, maar vooral de mijne.
Ik ben niet langer alleen. Door jouw schuld. Dank aan jou. *


Il sait qu’il parle trop vite, qu’il y a trop de mots, que si Faust en saisit un, ce sera pour laisser passer l’autre, et pourtant, Alphonse continue, déposant le vélin à l’herbe pour rejoindre l’onde où le marbre l’attend. Couchée sur la berge, le museau étiré, Désiré contemple patiemment le monde en songeant que tôt ou tard, l’un des deux finira bien par lui lancer un bâton.

Jij bent mijn week. Mijn raam. Mijn melkkom. Mijn mandje. Mijn slapeloze nachten Mijn blauwe uren. De zon in de tuin. De smaak van perziken. Badwater.
Je bent het mooiste wat me is overkomen, Faust, zo mooi dat ik graag twee pikken zou hebben om je twee keer zo hard te neuken. **


Silhouettes s’épousent d’un baiser qui s’attarde, rend le soufflé volé aux heures sombres des vents océaniques et cueille le visage à l’épaule au fil d’un faux silence ; cœur explose d’une partition dont il partage le sens et assourdit jusqu’à l’empreinte des mains qui empoignent sa peau.


And then one day
Et puis un jour
One magic day he passed my way
Un jour magique il a croisé ma route
And while we spoke of many things
Et tandis que nous parlions de beaucoup de choses
Fools and kings
Imbéciles et rois
This he said to me
Voici ce qu'il m'a dit
The greatest thing you'll ever learn
La plus grande chose que vous apprendrez jamais
Is just to love and be loved in return
Est juste d'aimer et d'être aimé en retour
Nature boy, Ella Fitzgerald


D’accord pour l’affection. Pour le serment.
D’accord.
D’accord pour tout, Faust.



Au lit de la rivière, un tapis de fleurs blanches bordées de lenticules ; aquatiques renoncules charriées par le faible courant s’amassent en grappes claires au profil de leurs lignes et étendent à la Puy, les rameaux de l'été.




* Je ne peux pas t’empêcher de pousser.
Je ne l’ai jamais pu. J’ai essayé, souvent et je m’y suis brulé les mains, toujours.
Tu me rends faible. Non, pas faible… Tu me rends fou. Voilà, fou. Tu amènes les mots à ma bouche et les transformes en encre, indélébiles, visibles, à tes yeux, mais surtout aux miens.
Je ne suis plus seul. Par ta faute. Grace à toi.

** Tu es ma semaine. Ma fenêtre. Mon bol de lait. Mon panier. Mes nuits blanches. Mes heures bleues. Le soleil au jardin. Le gout des pêches. L’eau du bain.
Tu es la plus belle chose qui me soit arrivé, tellement belle que j’aimerais avoir deux queues pour te baiser deux fois plus fort
.

_________________
L_aconit
    - Philtatos*; tu n'as pas eu la vie facile. Et regarde ce que tu es devenu.
    Il le défie silencieusement de se déprécier.
    - Un être libre. Sociable. Et plein de rêves encore.
    Alphonse tabouret s’apprêtait à lâcher une voyelle doucement railleuse quand le regard le cueille.
    - Un bon amant. Un bon ami.







Vésone vit d'une respiration lente et profonde.

Sur les carreaux de grès frais, quelques traces d'eau. La forme d'un pied. Puis d'un autre. Le museau long d'un chien qui dort sur une oreille. Un courant d'air traversant pour faire frémir des draps défaits dans le vide. Un plat de haricots à écosser dort sur la table, près des restes de pain. Du pain blanc.

Soleil a étiré ses rayons timides jusqu'au ventre du Lévrier, étendu de tout son long. L'appartement est calme, on entend les cris de martinets frôlant les toits dans un ballet incessant. L'odeur d'une infusion et le bruit de l'eau bouillante se mêlent au décor pour lui redonner vie. C'est le matin.

Au lit du réveil, le corps nu d'un jeune homme se roule sur le ventre. Les arabesques de lumière filtrant au travers des interstices d'un volet lui dessinent de drôles de lacérations sur le dos. Il y a de l'or dans l'atmosphère.

Ses mains, belles mains, sont glissées sous l'épais édredon dont une plume traverse à demi la maille du tissus. Une boucle brune cache sa paupière close, une cicatrice ancienne, nette, gâte son aine découverte. C'est le 4 juillet et c'est le matin à Vésone .

C’est l’été où il apprend à aimer le Bushmill. Parce qu’il aime ça. À aimer flirter avec la nuit. Parce qu’il aime ça. À aimer les réconciliations, les silences éloquents, la violence des sentiments qui se taisent. L’été où, écoutant un oiseau chanter, humant l’arôme d’un fruit, ou sentant la chaleur monter du sol sous un soleil ardent, parce que ses sens sont toujours en alerte, il lui semble qu’ils s’élancent spontanément vers lui.

Les matins se suivent et ne se ressemblent pas. D'ailleurs, lorsqu'ils se ressemblent, c'est uniquement qu'ils ne se suivent pas... Quand le lit est vide. Qu'Alphonse n'est pas là. Il le sait. Ils le savent. Chaque matin qui les réuni a le gout d'un bol de lait au miel. Faust n'a plus d'appréhension à le cacher. Plus de retenue à laisser monter le désir quand il s'éveille à ses côtés, et que ses doigts explorent son corps en quête de nouveaux secrets. Ré Humaniser Tabouret. Par le verbe. Par le geste. Par l'absence qui force à reconnaître le manque. Les luttes dans le lit de la rivière. Par le mot qui force à la réponse. Oui, en amour, Faut avait appris à subtilement forcer une main pour qu'elle ne puisse finalement, plus nier que l'autre en a besoin. Il avait appris à crocheter les serrures, après tout.

De quoi ont-ils parlé la veille, et l'avant veille à s’enivrer un peu? De leurs vies d'avant. De leurs chemins croisés. Des insoupçonnés talents de maurice. Puis de leurs pères.

Leurs pères.


Faust sèche sa peau mouillée d'ablutions, sa nuque pleine d'eau, l'oeil sur celui qui dort encore. Une missive de Bretagne apparaît en angle mort. C'est l'aube d'une nouvelle journée, un chargement de vin et d'huile d'olive a pris la route depuis Rome. La silhouette masculine a perdu de son innocence, sous l'albe linéaire du torse. Sous l'angle cassé de la mâchoire. Faust dévore depuis le retour de son Bout de Paris. Creux se sont comblés, la fleur s'est étoffée , comme une belle de nuit accepte de s'ouvrir la nuit pour accueillir la visite du Sphinx tête de mort. Vélin est saisi avant même la soutane, il s'attable et rédige.

Soleil s'est levé et Vésone a retenu sa respiration.


* ΦΊΛΤΑΤΟΣ : Celui des hommes qui est le plus aimé. Le meilleur des hommes, en grec.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
9 juillet






Rivière est devenue terrasse estivale et les interminables brulures des journées y sont noyées sitôt les pierres de Saint Front quittées, quand Vésone souffre encore trop de chaleur pour les border à ses murs. L’ordre des choses y varie inlassablement selon les circonstances, et l’on range, comme dérange à chaque instant, ce que le temps abandonne aux verdures des futaies.
Aujourd’hui à midi, l’on a d’abord baisé, berges en guise de mobilier, ombres en guise d’oreillers. Corps à peine mouillés ont empoigné l’air de féroces atours et peint le chant de l’eau à celui du délit, illustré aux bouches confondues les ravages des envies, tissé à la peau la marque des suprématies. Ensuite, l’on a mangé, parlé, bu pour se désaltérer à même le goulot, et chaque goutte venue laquer les lèvres a été pourléchée déraisonnablement au fil de la conversation. Plus tard, Désiré a jappé, réclamé l’attention, et ce qu’elle a trouvé l’a désintéressée au point d’aller chercher l’aventure à l’aube d’un terrier; maitres enfiévrés n’ont su écouter autre chose que leurs ventres, et le vin renversé a ensanglanté les paumes noires quand les reins s’ensemençaient de blanc. Léporide au frais n’a pas sorti le nez et aux halètements repus de blonds et de bruns, levrette est revenue s’assoir, posant sa tête oblongue sur ses pattes élancées, le museau barbouillé d’avoir fouillé en vain la terre sèche d’une entrée.
A seize heures, cuivres grondant au loin des heures échevelées, l’on a cherché la fraicheur à l’onde passante et désormais trempés, encore ruisselants de rivière, l’on a retrouvé la quiétude des péchés, décousus de vin et de foutre, cotonneux de plaisir.
Silence s’est installé sans pour autant gêner ; paroles et suspension s’apprivoisent au cocon.

Adossé à l’écorce d’un arbre, Alphonse passe les doigts dans le blanc allongé des épis. Contre son ventre brun, repose le dos bichrome; il reste çà et là les marques délicates des psalmodies faustiennes, et l’une d’elle lèche encore d’un rose net et vif, jusqu’au rond de l’épaule. Senestre quitte l’aine où elle s’était posée et ramène à portée de main les braies laissées à proximité.



Down by the river by the boats
Sur la rivière, en bateau
Where everybody goes to be alone
Où tout le monde va pour être seul
Where you wont see any rising sun
Où tu ne verras aucun levé de soleil
Down to the river we will run
Sur la rivière on va naviguer


Aujourd’hui est un jour où l’on t’a fait pour moi, confie-t-il à l’oreille où résonne encore la langueur de l’épice. Lorsque tu es né, j’avais sept ans à peine et je ne savais pas encore qu'à tes yeux, le monde venait de changer. Tempe s’appuie l’une à l’autre, et la voix d’Alphonse poursuit aux pampres de la confidence.
Lorsque je t’ai rencontré, j’avais vingt-cinq ans et de ce jour, il m’a été impossible de consacrer une seule journée sans plus penser à toi.

Libellule au vol bruyant fredonne quelques harmoniques en s’éloignant, et dans l’onde d’un rayon de soleil, fend la vue d’un éclat tonitruant à ses élytres sur l’invincible azur.

J’ai su à l’instant où tu m’as regardé, à l’instant où tu m’as parlé, où tu m’as offert ce denier tombé à mes pieds, que plus rien ne serait comme avant.
Te souviens-tu quand je t’ai effleuré au fond de ce carrosse ?
Sourire anime les lippes jusqu’à ourler les mots de ces passés vaincus, dont on peut dire alors qu’ils furent désenchantés sans plus aucun regret, comme si chaque fil alors coupé avait quand même poussé jusqu’à nouer les trames alors lointaines des âmes esseulées. Tu as réagi comme si j’avais abusé de toi. Tu as eu raison… M’aurais tu souri à cet instant ci que je t’aurais embrassé, avec ou sans ton consentement …


A la trachée d’Alphonse, chaque mot pèse comme autant de graviers, mais ils s’entêtent et passent au travers des doigts affolés de Compagne ; maitresse fidèle des secrets honteux s’effarouche d’un déblai qui vient la bousculer et glapit de douleur à une encre de voix qui sillonne sa gueule.
Papier délaissé en ce jour de naissance la lapide à chaque note passante et ce neuf juillet, Compagne se noie sur un bord de rivière.



Il n’est plus un nuage où je ne te vois pas, pas une nuit où je ne cherche ton corps pour trouver le répit, pas une seconde où je ne te souhaiterais pas là, juste à côté de moi. Je vis sous les futaies depuis que je te connais, je m’abreuve de sève depuis une nuit de janvier, et mars m’a couronné de fleurs qui portent ton odeur.


Faust respire, trop lentement pour ne pas mentir un peu, et aux mots qu’Alphonse sème d’une voix doucement crâne, il devine le sourire argenté qui vient sertir les lèvres bleues :

J’ignorais que juillet pouvait m’ouvrir le cœur de seulement trois mots.


When by the water we drink to the dregs
Quand sur l'eau on va siroter à la lie
Look at the stones on the river bed
Regarder les pierres sur le lit de la rivière
I can tell from your eyes
Je peux lire dans tes yeux
You've never been by the riverside
Que t'as jamais mis tes pieds en bord de rivière
Riverside, Agnes Obel


Un baiser fleurit au lobe nivéen de l’oreille et senestre s’amourache de la taille un peu plus fermement, brulure épousant la pureté du marbre au-dessus du nombril où sommeille une parfaite goutte d’eau. La longiligne silhouette s’est étoffée, et si rien n’en altère la grâce délicate, garçon adoucit lentement l’androgynie de tendres années pour gagner le reflet des vertes virilités ; s’il n’en dit rien, Alphonse en bande pourtant plus encore à chaque constatation.


Si tu me voyais sourire… Perché sur l’épaule d’un dieu, j’ai relu ta lettre tant de fois que je pourrais la réciter en partant de la fin. Je te montrerai
, promet-il d’un ton amusé quand Dextre s’aventure à une poche de ses braies.
Ta bouche est faite pour accueillir ma queue et m’embrasser d’encore. Elle parle tous les langages du monde, rend pauvres les lettrés de tout siècle passé et à venir, et quand elle s’arrime à la mienne, je comprends jusqu’au sable qui chante. Je voudrais qu’elle ensorcelle ma langue et perce le secret des éternels alphabets, conclut-il d’une morsure légère au cou pour assouplir la densité des mots premiers ; jamais encore l’exercice n’a été fait d’une voix aussi claire.
Elle dit à mon oreille des confidences d’étoiles, plante à mes tempes des champs de ciel bleu et me tend de chaque obscénité… si tu savais comme elles sont belles à tes lèvres, comme elles me plaisent, comme tes yeux disent quand tu te mets à genoux, comme tes reins parlent quand tu les cambres pour moi…

Doigts longilignes s’accaparent deux silhouettes miniatures ; l’une dort dans un sachet en velours noir, l’autre dans l’écrin d’une soie bleue, laçant dans son ruban, le rouleau d’un pli.

Je bénis ta mère, ton père, Dieu, les menhirs de Bretagne et tous ceux qui t’ont mené à moi. J’embrasse tes échecs, remercie tes victoires, et baise les pieds du hasard qui nous a réunis.
Aujourd’hui, tu as dix-neuf ans et j’en ai vingt-six. Il t’a fallu moins d’un an pour bouleverser ma vie et je n’en regrette pas un chagrin, pas un mot, pas une peur.
Celui-ci vient de moi *
, dit-il en présentant à ses yeux les deux couleurs réunies à la paume, pouce caressant le tissu le plus sombre pour nommer l’officiant.
Celui-ci, et le mot qui l’accompagne ** de ta sœur.
Joyeux anniversaire, Liefde.







* 08/07/1466 20:36 : Vous avez acheté 1 Teinture noire
**
Spoiler:

Eponine, plus communément connue sous le patronyme de Pelotine m'a mise au monde à Rohan, et ma venue fut un événement désastreux, un bouleversement irrémédiable. Je crois que Nicolas l'ignore, mais je suis considérée comme la première pierre de l'illégitimité. Cette femme, cette mère, que tout le monde imaginait pieuse et dévouée avait osé penser à elle. Avait osé répondre aux envies de son corps. Une rumeur a grondé dès qu'elle eut dévoilé les rondeurs indiquant ma naissance prochaine. Il s'est murmuré que l'enfant serait le fruit d'une liaison interdite.(...) . Rejetée, reniée, désapprouvée, notre mère a pris route pour la Bourgogne, où j'ai pu vivre les prémices de mon destin. C'est entre le pays des druides et celui du bon vin que Nicolas a vu le jour. Je l'ignorais encore, il y a quelques années, mais mon petit frère fut rapidement écarté avant d'être confié à l'entourage d'un père dont nous ne partageons pas le sang.

Elle était belle, ma mère.
Les heures nocturnes se voyaient occupées à supporter les tourments d'une Nymphe perpétuellement insatisfaite de son apparence. Accablée face à tous ces miroirs de fortune que nous trouvions sur la route, elle se vêtait d'étoffes élémentaires. Simplicité ne retirait en rien sa joliesse et son choix se portait essentiellement sur les tons incarnats.
Elle était belle, ma mère.
Créature incandescente, et pourtant si effacée. Un jour resplendissante, le lendemain... Éteinte. Mais de sa tristesse, j'ai oublié les traits. Seuls les parfums me reviennent en mémoire.
Fiole surmontée d'une bossette renfermait le plus délicieux des arômes. Accordée à sa robe, ar rozenn-aer. La senteur des coquelicots.
Je passais mes soirées à observer la chrysalide de mon bonheur. Si certaines femmes, dont Izea - sa soeur - détenaient cette beauté éclatante que les femmes du monde se permettent d'envier sans retenue, Eponine n'était pas de celles-ci. Il fallait la scruter pour la voir naître. Et mon regard n'enfant n'a pu suffire. Je décelais alors de simples portions, de courtes bribes d'épanouissement. Installée tout près du guéridon que vous avez su trouver, je dévorais chaque geste d'elle, souhaitant peut-être sans le savoir dérober ce temps que nous allions perdre bien vite. Grappiller ces délices et me remémorer bien des années plus tard, de quelle manière elle se parfumait. D'un doigt, elle accueillait fragrance encore liquide et venait déposer à quatre endroits ces perles de félicité. Au sommet de son front pour commencer, à ses lèvres elle continuait et faisait cesser ce bref rituel par une ligne de sa gorge jusqu'au centre de chacune de ses clavicules.
Le sillon de Talion. Voilà ce qui me reste de cette mère éphémère: Une chimère exhalée, une table bancale et quelques fleurs des champs.

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L_aconit


Faust se fend d'une Apogée.
Alphonse lui offre cadeau d'anniversaire.
Lunules bleues et noires, aphonie sévère.
Nirvana a trouvé synonyme au 9 juillet.


Nine nights of matter
Neuf nuits d'affaires
Black flowers blossom
Les fleurs noires bourgeonnent
Fearless on my breath
Je respire sans peur
Black flowers blossom
Les fleurs noires bourgeonnent
Fearless on my breath
Je respire sans peur



La musique ne commence-t-elle pas là où s'arrête le pouvoir des mots?





Water is my eye
Mon oeil est de l'eau
Most faithful mirror
Le plus fidèle des miroirs
Fearless on my breath
Je respire sans peur
Teardrop on the fire of a confession
Des larmes sur le feu d'une confession

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