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[RP] Nez à Nez

Alphonse_tabouret
1er juillet, Saint Front






Saint Front sous l’été chuchote de soleil ; dans le jardin, abeilles et bourdons vaquent à leurs occupations, amenant à faire chanceler sous leurs poids, les tiges élancées des fleurs qui les abreuvent, et il règne, sans la moindre brise, un étrange chaos dansant à chacun des parterres.
Chat sur un banc attend ; à côté de lui, enveloppé d’un torchon qui en assure le mystère, un pot de miel achève son voyage et le nœud d’un serment réservé à la veillée d’une soirée. A l’heure matinale, il fait déjà trop chaud pour porter un manteau ; chemise d’un chanvre fin recouvre les épaules, et sous l’or des rayons dispensés, quelques mèches aux inégales longueurs les bleuissent d’ombres au moindre mouvement.


Quitter Périgueux n’avait pas été chose facile ; quitter Faust ne l’était jamais, mais cette fois plus que les autres, il avait senti à son dos s’éloignant gronder le timbre sourd des hautes marées, celles accompagnées de grains, de rafales et d’éclats, celles dont on essuie la montée sans pouvoir rien y faire qu’attendre le naufrage.
Un mois le séparait de sa dernière visite, et depuis un mois désormais, Dôn était enrhumée.
S’il y avait un temps prêté attention pour sa filiation, il n’aurait su nier l’intérêt croissant porté à la jeune bretonne ; à l’affut des facettes dont on lui prêtait les volutes, il avait attendu aux heures communes les dessins soulignés et avait fini par les voir s’emmêler à quelques pas chassés. Nicolas en était défait, et lui en restait étrangement captivé ; personne ici n’imaginait à quel point Dôn et lui pouvaient se ressembler.


Secret d’une vie d’avant soigneusement tu et dont les séquelles barrent pourtant sans aucune grâce l’intérieur des poignets, Tabouret ne craint les folies de la Røykkness que lorsqu’elles ne trouvent pas de reliefs, estimant qu’il n’est rien de plus terrible que le silence en réponse à la voix. Tuteur malgré lui, aux tourments des responsabilités, Faust a répondu de la sienne, embuée tout autant qu’arbitraire, et chacun ici, dévoré de tendres inquiétudes, est venu visiter la malade pour assoir à son front brulant la fraicheur des craintives affections.
Mais ce n’est pas le cas de Tabouret. Aujourd’hui, Alphonse ne se rend à aucun chevet ; il vient saluer l’accent acidulé d’un O en guise de chapeau.
Permission donnée par Montfort a été remise aux nonnes, et lorsqu’on lui a indiqué les cellules, il en a refusé le chemin; autorité au billet délivré de la main de l’évêque, Faune a souri comme il le faisait à la catéchèse, méphistophélique enfant de chœur aux accents étudiés pour séduire l’auditoire, et a posé son sourire à l’attention femelle d’une voix étirée:


L’on ne surprend une femme à sa chambre que lorsqu’on l’y a soi-même déjà décoiffé.
Dites-lui, si elle veut bien m’y rejoindre, que je l’attends au jardin,
a-t-il rajouté tandis que la jeune religieuse s’éloignait en rosissant sous l’œil distrait d’une ainée priant à son rosaire. La beauté savait tout se faire donner, et ce jour d’été exigeait; Dôn serait attendue aux parfums de juillet.


Saint Front sonne dix heures quand la porte du corridor grince d’une arrivée, et, échevelant de brumes le blanc du vêtement, Tabouret tourne la tête pour cueillir la silhouette à venir, se levant d’un sourire en la reconnaissant.

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Don.
Premier jour du mois de juillet
Besson d'infortune
ALPHONSE



"Au jardin, oui."

Les mots tombèrent mais à défaut d'être lourds comme les pierres, ils se firent suaves, plus subtils qu'une caresse et pénétrèrent l'esprit d'une mélancolique enthousiaste. On lui apprenait nouvelle visite, en dehors du décor désormais familier et cela suffisait à lui donner l'envie de colorer chaque pan de mur, à coup de pigments diversifiés.
Un mois déjà que l'âme en peine usait l'irrégularité d'un sol hostile à son derme. Ces quelques semaines n'avaient été qu'épreuves et renfermement sur soi.
Qui pouvait la comprendre ? D'aucuns lui venaient en aide, car tous ignoraient combien sa paix était esquintée. Accidentée d'une vie que tous jugent comme comblée, Dôn n'était jamais satisfaite de rien. Il lui manquait irrémédiablement l'obtention d'une réponse, elle même le résultat d'une quête voilée d'inconnu. Bretonne ignorait ce qu'elle cherchait, et combler d'aphasiques désirs n'était pas donner à tout le monde.


Chainse solitaire recouvre la silhouette frêle et souffreteuse de la cloîtrée, quand sa force, elle, vient de naître, encouragée par la sortie promise ce jour. Hagarde, dès le franchissement de la porte, Dana ne recule pour autant. Mieux, ses pas accélèrent leur cadence et bien vite, traversent silencieusement le couloir la séparant du Skabell. Dépourvu de dédales, le chemin lui semble pourtant semé d'embûches, obstacles invisibles à l’œil mais contraignants pour son avancée. Divagations. Vertiges. Il était bon de taire ces éléments.
Sur son passage, personne ne se retourne, personne ne semble se soucier réellement du désordre évoluant insidieusement au sein de la boite crânienne appartenant à la brune. Personne aujourd'hui, sauf Lui.

Il est là, à quelques mètres d'elle.

Les secondes séparant les deux corps tournés l'un vers l'autre, s’effilochent. Grain d'un temps accordé à la contemplation.
Les bleus détaillent cet autre, dont elle ne sait rien ou si peu. Souvenirs s'interposent au plaisir d'accueillir son capitaine, elle revoit à ses côtés, la harpie aux mèches d'un incarnat devenu abjecte. Une douleur insonore fouette ses reins entravant sa démarche, qu'elle fait cesser dès les retrouvailles corporelles car il lui est possible de le toucher, de l'atteindre enfin et c'est ce qu'elle fait. De l'éprouvée à "l'éprouveur", il n'y a qu'un pas et sa main restante vient froisser l'échancrure d'une gorge encore méconnue. Ne mesurant pas l'inconvenance de son acte, Røykkness n'y renonce guère et presse la nuque sous ses phalanges. Tactile et audacieuse. Plaisir tendre, salut affectueux. Crinière aux longueurs anarchiques vient effleurer malgré elle, les doigts téméraires de la Celte.
Sans pouvoir l'expliquer, elle se sent liée à cet étranger auquel son frère semble attaché et qui lorsqu'il est auprès de lui, n'est qu'irritation. Se peut-il que Tabouret puisse invoquer le chaud comme le froid, qu'à l'écueil de ses pensées, il sache de quelle manière désarçonner Nicolas ? Il serait bien chanceux. Elle, mauvaise aînée n'a rien appris de lui, d'eux.


Vous êtes en avance, Kabiten. N'avais-je pas ordonné un retour pour le mois d'août ?

Les lippes se sont fait taquines et s'étirent ensuite, dévoilant à l'homme les deux incisives destinées à répandre le bonheur qu'on leur accorde en raison de l'écart indécent, les séparant.

J'ai à peine eu le temps de préparer le funeste envol que vous aviez fait la promesse de m'offrir.

Si le trait d'humour est léger, il ne cache en rien l'évidente détresse secouant la carcasse de la Kerdraon en cet instant, et toute la robustesse obtenue lors de sa venue, s'essouffle.
Il lui faut s'asseoir.

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Alphonse_tabouret
La main de Dôn s’étire comme une marguerite de midi. En son centre vibre le cœur jaune d’une nova dissoute, altérée de vents, de cinglantes écumes et Alphonse plonge a des nettetés pourtant peu contrastées ; sous le sourire de Dôn, la discrète fêlure, non pas celle qui a conduit à être enfermée, mais celle qu’elle porte désormais.
Chat ne bronche pas, et le corps ne marque aucune surprise au geste que d’autres penseraient déplacé ; l’envol brusque d’un étourneau aux hauteurs d’un sureau jette une ombre fugitive sur le visage pale qui le regarde et y dessine, l’espace d’une seconde, une fracture d’ombre et de lumière du front jusqu’au menton.

La gorge est conquise, ancre jetée au contact de l'épiderme et chaque doigt semble chercher les mystères des respirations naturelles au travers des frémissements qui s’y jouent, car ils cavalent en nuées délicates quand jamais jusqu’ici n’a été affirmée la moindre intimité. Épeires glissent leurs pattes délicates jusqu’à saisir le cou et s’y amarrer aux conforts des ombres brunes, faisant leur nid de quelques égarements, tissant les invisibles toiles des plus beaux ciels de Lydie. Arachné sortie de son antre affiche à sa bouche ses joviaux chélicères et provoque Minerve sous le ciel de Saint front ; nulle autre n’aurait pu trouver avec aisance la nuque mâle sans s’en faire chasser aux flambeaux de Mars.

J’ai préféré votre courroux à votre absence. Il vous faudra trouver assez de cœur pour me pardonner de vous faucher au saut de ma promesse.

A cet instant, il n’existe pas de frontière, pas de limite, et pas de bienséance ; on laisse aux humains-fourmilière le règne de leur monde et l’on plonge le museau à ces sources cachées roulant aux pierres venteuses des horizons communs. Toucher est un sens aussi délicat que celui du nez et ce que les plus timorés jugent d’inconvenance n’est que le phrasé naturel de ceux qui vivent d’émotions ; chimères s’accordent, s’éprouvent, délaissent les mots dont ils usent communément pour le parfum délicat de ceux que l’on reconnait à la peau.
S’ils conviennent de quelques qualités, voire de quelques attraits, l’étincelle du désir n’a jamais germé entre ces yeux-là, et ce n’en est pas la trame qui se dessine aux silhouettes mêlées malgré les gestes spontanés qui éprennent les corps. Aux pétales des fleurs essaimant le jardin de couleurs tranchées, aux gestes sans hésitation qui apprivoisent la distance, Folie toujours sait répondre d’échos, même quand elle n’est qu’aquarelle sur un trait de gouache.

La tête d’Alphonse se penche, vient chercher à la paume abandonnée de quoi poser la joue, essaimant un baiser à l’aube du poignet et laisse les yeux de Dôn déchiffrer le sourire qui étire ses lippes.
Røykkness a maigri et ses bleus sont accaparés d’une éclaircie qu’on ne doit qu’aux nuages. Elle flotte dans un chainse que couronnent des cheveux que l’on n’a pas pris le temps de peigner soigneusement et incompréhensiblement, c’est ainsi qu'elle lui semble en vie, à la lisière d’une frange qui a poussé; sauvageonne, princesse des temps oubliés, femme et enfant à la fois, murie trop vite et pourtant verte comme un fruit d'avril.

Vous m’avez manqué, Nombril, murmure le chat aux azurs marins qui le contemplent. Etonnant constat, étonnant partition, étonnante familiarité. Dextre cueille la hanche, s’y enroule et la propose au banc qui tend ses bras en fer forgé et le paquet qui y est posé. Venez-vous assoir, j’ai bien des choses à vous raconter… Figurez-vous… poursuit il en s’asseyant à ses côtés, qu’à l’une de mes escales, j’ai croisé Octave…

Étrange visiteur qui ne sollicite pas de nouvelles, ne ponctue pas sa première phrase d’une interrogation, et ne laisse pas parler celle qui est enfermée.
Alphonse le sait, trente jours suffisent à rendre commun la moindre nouveauté ; sol en guise de lit, murs en guise de fenêtres, odeurs d’humidité en guise de parfums… Chaque aiguillon qui maintient la différence d’avec l’Avant a le temps d’ être accepté, digéré, consommé aux impitoyables mâchoires des esprits aveuglés, mais si l’usure jusqu’à la normalité est la pire des perspectives, elle a le mérite de rendre plus brillante la moindre banalité qu’un mois précédent n’aurait pas remarqué.
Il ne fera pas mieux que ceux qui se sont succédés, le cœur brisé, à la cellule de la bretonne, alors, Chat prend le chemin des toits plutôt que celui de la porte. Aujourd’hui, le choix du jardin n’est pas anodin, le sujet amené encore moins ; Beaupierre, il en est sûr, est une odeur tenace aux ailes du nez blanc, assez lointaine pour ne pas être acide, assez proche pour ne pas avoir perdu sa principale note.


C’est un garçon charmant. Comment l’avez-vous rencontré ? demande-t-il comme l’on fait la conversation, badin, saisissant d’une main le pot de miel enveloppé sans encore lui donner.
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Don.


A moi aussi. Terriblement.

L'aveu se répercute au fil du vent et à ses tempes frappent les mots employés. Aucun regret, aucune honte, simplement une vérité et cette attirance viscérale impossible à décrire, ni à interpréter. L'ourlet des lippes exerce pression, entre chacune de ses lèvres se blessent les mots qu'elle ne veut pas dire, qu'elle ne sait pas dire. Le temps s'écoulant vient de toute façon happer son souffle et complice, Alphonse vient d'une main, piquer le flanc harassé d'un malaise amassé des nuits dernières. A ces doigts, vertige s'invite lorsque l'altruisme de l'homme s'impose.
Qui était-il ? Pourquoi venait-il ici ? Si toute son âme pouvait répondre, si tout son corps semblait lui correspondre, l'esprit niait en bloc et s'apprivoisait d'illusions toutes aussi sottes les unes que les autres.
Au souvenir de son premier cliché, Kerdraon n'avait pour lui qu'un intérêt très modéré, l'imaginant allié de Cholet et ses foucades. Vint ensuite la rencontre et ce choc silencieux. Freux à l'élégance rare venait accorder son soutien, quand elle en avait le puissant besoin. Enchaînement n'a pu tarder et c'est l'espoir de l’apercevoir qui dirigeait ses sorties, ses pensées. Skabell devenait alors, le reflet abîmé mais fidèle, d'une déraison sans consonance autre que la sienne.


Octave.

Beaupierre avait gagné le cœur d'une Dôn encore épargnée par les tourments, tourbillons de ses heures écoulées à ne parler que de deux, au lieu d'une. Par ses mots, et les écarts sans doute maîtrisés de ceux-ci, le comte d'Armagnac avait su dorer l'existence de l'asymétrique, éprouvée par les maux d'amants éconduits que lui imposait Isaure. L'affection ressentie pour Beaumont était dense, sauvage, comme pour tout ce que Dôn ne maîtrisait plus. Souvent comparées, il en ressortait que la plus âgée des deux, réussissait quand l'autre chutait. Vers quel ciel alors, l'adorée s'envolait elle ?
Invoqué, le nom d'Octave franchissait toutes les lèvres, et même celles du soupçonné Satyre.



Lors d'un après-midi tendre, saupoudré d'une moralité à faire frémir le plus vil des pécheurs, j'ai découvert l'existence d'un être qui allait tourmenter l'esprit de mon amie, l'échauder aussi.
J'apprenais également, que l'homme tout à fait charmant, élevait Firenze en mère de foi. Marraine, elle pourrait lui montrer la voie.
Cupide et envieuse, j'ai réclamé le rôle.


Un nouveau sourire vient ponctuer cette phrase. Nombril ne quittant jamais son désir d'élever dans le poitrail de tout un chacun, son besoin d'exister, d'obtenir l'exclusivité.

Bien surpris, Octave accepte et fait de moi, au même titre que Madeleine, une garante assurant "un après" à sa mort que nous espérons tous lointaine.

Félin, Tabouret énonce, contourne, avance à pas chaloupés, effleure, et vient encore caresser pour mieux ensuite heurter vos idées. Alphonse, nouveau mal en approche ! Que rien ne s'égare, si ce n'est sa pensée, qu'elle garde en lien avec ses idées ancrées. Il peut bien évoquer Beaupierre et tout ses faits, Dôn ne perdra pas une miette de l'échange, car éludant le reste qui est à désapprendre, le principal n'est pas évoqué. Sa venue ici, sa présence à ses côtés, cet air qui lui va si bien et auquel elle rêve d'accorder le sien.

Parlons Kazh, parlons, mais tâche de ne pas oublier que nous nous écoutons.




Spoiler:
Kazh : Chat mâle, félin.

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Alphonse_tabouret
Sourires se répondent d’un même arôme; il n’y a rien de plus ravissant que les vérités démunies d’apparats et Dôn, à ce genre d’échanges, sait exceller jusqu’à se montrer nue. Si elle s’en excuse de quelques adjectifs, elle porte à ses yeux clairs l’apanage des conciliations du verbe et de l’éther; fard sur une paupière plutôt que robe boutonnée jusqu’au cou, Nombril éclaire son visage d’une lumière nouvelle et Alphonse ne l’en trouve que plus belle. Défauts toujours, savent mettre en valeur les moindres qualités.

Cupide et envieuse ? Vous avez l’œil, voilà tout, croyez en un fils de marchand. Les belles choses ont toujours plus d’éclat lorsque l’on leur accorde un peu de soi… Octave assurément, prend plaisir à votre patronage.
Vous lui manquez, même, oserais-je dire. Il m’a beaucoup parlé de vous…


Doigts longilignes ont saisi l’empaquetage et le présentent à l’attention de Dôn.

... Et m’a confié ceci à vous remettre en son nom.

Il y a un nœud à défaire pour découvrir le pot de miel, besoin de deux mains pour en ouvrir le couvercle en liège , et pourtant, Alphonse n’esquisse aucun geste pour venir en aide à la Røykkness ; il n’est pire affront que de faire à la place d’un infirme, Senestre posée sur son genou lui en a appris l’orgueilleuse leçon. Si Dôn souhaite déguster son présent, il lui faudra caler le contenant entre ses cuisses amaigries, tordre la silhouette fluette et d’une seule main, en aérer le miel.
Ou demander de l’aide.
Chat curieux guette la sentence en délayant les mots, attention discrètement délayée aux alcyons femelles qui font leur nid au présent d’Armagnac tandis qu’il poursuit :


Je crois qu’il sera en ville aujourd’hui… L’ordination d’Isaure, vous souvenez vous ?

Nouveau fil est tissé à la trame au travers de cette sœur de cœur dont la bretonne respire les parfums comme des goulées d’air. Il manque encore une teinte au canevas avant que Tabouret estime le tableau paré de ses couleurs primaires, aussi, remontant soigneusement les manches de sa chemise, découvrant les poignets abimés, il fait mine de ne point s’y attarder quand il rehausse de pigments le trait qu’il vient de délayer.

Montfort me disait hier que si Beaupierre la demandait en mariage, il accepterait d’oublier la promesse de ses vœux. Imaginez-vous cela, Nombril ?
Nous aurions assurément été au spectacle tous les deux, Fous de Bassan dans un champ de moineaux… Vous auriez eu un mot pour les cheveux de Madeleine, je vous en aurais offert en guise d’assentiment et je gage que votre frère nous aurait lancé un regard des plus sévères en nous voyant ricaner de concert…
Quel dommage que vous ratiez cela…


Sous la première goutte d’une encre noire, le chanvre a fini de s’ourler aux coudes du jeune homme et désormais, visibles, les cicatrices dansent en lignes inégales au soleil de Saint Front.
Alphonse ne les dissimule jamais ; elles disparaissent souvent à la lisière des manches, et n’y font surface qu’à la faveur des mouvements, reliquats de souffrance, de chute, d’une toile calcinée plutôt qu’éventrée, passant inaperçues aux yeux qui ne regardent pas, comme tout ce que l’on ne cache pas. Pouce effleure la courbe épaisse et parcheminée que les fers ont laissé, que l ‘on confond probablement au langage des aciers désespérés, et quand le gout des corrosions finit d’emplir la bouche des souvenirs visqueux, Tabouret, d’une main légère, saisit délicatement sa jumelle alanguie, déposant la pulpe de ses doigts au vélin de sa peau. Frisson incontrôlable embrase l'épiderme d’une morsure s'apercevant jusque dans la tension des nerfs qui y chantent.
C’est une rayure qu'éprouve Dôn, trois larges centimètres qui rendent la peau rugueuse comme un vilain bracelet, traçant une histoire tutelle, qui, aujourd’hui, n’a pas vraiment lieu d’être ; ce n’est pas l’Avant qui intéresse le Garçon, mais l’après, et à cette temporalité, bourgeonnent les prémices des plumes que l’on s’arrache.



I live cement
Je vis au milieu du ciment
I hate this street
Je déteste cette rue
Give dirt to me
Qui me rend sale
I bite lament
Je me lamente
This human form
De cette forme humaine
Where I was born
Dans laquelle je suis né
I now repent
Et je me repends désormais



On dit que vous avez voulu mourir, que c’était là, votre premier stigmate visible…


Une brise fend le jardin d’une fraicheur inattendue, et cheveux bruns penchés au-dessus de la cicatrice, étirent leurs pointes jusqu’à se frôler; jais quittent le spectacle des meurtrissures pour chercher les bleus, comètes aux traines épaisses en quête d’un écho :

Give me white
Donne moi une blanche
Ground to run
Raison de courir
And foregone
Et de renoncer
Lets me knife
Laisse moi me poignarder
Knife me lets
Poignarde moi
I will get
J'obtiendrai
What I like
Ce que j'aime
Caribou, The Pixies



Est-ce vrai, Dôn, que nous avons ce point commun en plus de nos nez affutés?
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Don.
Qu'il se livre enfin, diable ! Bête des monts bretons, se prenait-il pour le briquet des hautes landes ? Fauve et aux aguets, il servait la soupe avec retenue mais jamais ne livrait le moindre souffle personnel. Tout au plus, on apprenait qu'il était le fils d'un marchand. A la bonne heure, céder pareille information était trop peu aux yeux d'une Dôn subjuguée par son visiteur. Devait-elle alors se contenter de cette simple poésie, que Skabell offrait bien plus aisément ?

Pour l'heure, c'est d'un pot de douceur d'or qu'il vient lui mettre entre les doigts. Périple éternel s'impose à la mutilée et si la bouillie avalée la veille ne lui comble l'estomac, ce miel n'en serait pas plus capable. Son seul pouvoir - et pas des moindres - est de permettre à sa panse de réprimer un cri enragé. Que tripes et viscères soient simplement bercés, mais pas maintenant, non. Il lui faudrait défaire le nœud d'une main qu'elle a pourtant habile, mais le couvercle en liège se dresse entre elle et la dégustation primaire qu'un doigt gourmand pourrait venir assouvir facilement. Cobalts cherchent leurs alliés, sans que les lèvres ne réclament et pourtant, présent est délaissé bien vite, en parallèle, repoussé sur le côté. L'infirme est instable en ses réactions, et n'offre jamais deux fois la même. Hier, elle aurait pu réclamer de l'aide, scandalisée par le manque de sollicitude d'un Alphonse effronté, quand aujourd'hui au régal des choix, mutisme est préféré.

Puis vint un mot. Un nom, plus exactement. Celui que porte son âme sœur, pourtant bien à l'opposée de ce que peut dévoiler Røykkness lors de ses lugubres errances, Isaure semait à ses pensées les plus beaux germes jamais données. Aimée mais détestée, admirée mais jalousée, elle restait indispensable à la vie de Dôn, son impérieuse douleur salvatrice.
Aucun mot n'est accordé afin de saluer le présent d'un Beaupierre qu'elle s'appliquera à remercier d'elle-même, par contre, il lui est bien difficile de ne pas relever l'intervention suivante.


C'est dommage en effet.
Il est regrettable de faillir lorsque les autres, libres, respirent. Vous serez la bouffée, le souffle manquant à cette cérémonie, vous serez mon cavalier au bras démuni. Soyez celui qui infligera aux présents, la douleur d'une prise de conscience : Celle de mon absence.
Mais je ne vais rien rater, puisque mon parfum flottera à vos côtés.


Les mots s'éteignent lorsque la chaleur d'une peau peinée vient entraîner son analogue. Bretonne se résume en deux sens, celui dont les arômes n'ont presque aucun secret, nez enclin à se frotter aux multiples possibilités offertes à son art, et le toucher : Exercice souvent répudié par ses semblables, pulsions viscérales, bestiales, poussent perpétuellement la Kerdraon à manipuler, palper et souvent flatter le corps des autres. Indécente, malséante on pouvait bien dire d'elle, ce que l'on voulait, jouir par discernement lui convenait.

Les jours étranges nous ont découverts,
Les jours étranges ont retrouvé notre trace,
Ils vont anéantir nos joies les plus simples,
Il nous faudra continuer à jouer ou trouver une nouvelle ville


Alors voilà, il s'offre à elle, cède enfin un peu de lui. Est-ce afin de puiser en l'aliénée une réponse à ses propres souffrances ? Peut-être qu'il n'a dans le cœur aucune mauvaiseté et qu'il permet à Dôn le droit d'ébrécher son écaille, pour mieux la délivrer de celle obstruant son derme et ses songes.

La pulpe de ses doigts parcourt les stigmates dévoilés, et il serait mentir de dire qu'elle n'y prend aucun plaisir. Bien au contraire, contre ses côtes, le palpitant s'emballe et vient percuter les parois l'empêchant de s'élancer contre le cœur de cet Autre, qu'elle devine ému.
Peut-il entendre combien il lui fait mal, combien il lui fait du bien ? Alors, sans que sa tête ne puisse lui permettre de penser davantage, son corps domine et exige. Phalanges s'agrippent, encerclant le poignet au funeste passé et l'emmènent jusqu'à la lisière de ses lèvres. Là, aucune protestation ne l'empêchera de finaliser son désir, lippes s'affranchissent et viennent baiser, cette révélation bouleversante.
Dôn embrasse, et s'embrase.


Les jours étranges nous ont retrouvés
Et au fil de leurs étranges heures nous languissons
Seuls, corps égarés, souvenirs abusés,
Comme nous passons du jour à une étrange nuit de pierre.


Et quand enfin, tout cesse, réponse est apportée.

"Ken ar bed all"
Il s'agit là de ma devise, celle que j'ai toujours portée. Fermails, blasons, matrices de mes sceaux, tout y est passé.
Cela veut dire "A dans l'autre monde".
Je suis seule, Alphonse. Depuis qu'il m'a laissée.
Mais, vous êtes là maintenant. Ma preuve égarée.
Vous êtes là.


Qu'avez vous fait...



Spoiler:
Paroles centrées : Strange Days; The Doors.

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Alphonse_tabouret
Les doigts de Dôn s’attachent à la peau, l’explorent au fil d’une balade avide pour en gouter chaque irrégularité et les pupilles bleues s’arrondissent d’un plaisir à ce point foudroyant qu’il en dépèce Alphonse d’une première peau. Les dents effleurent une lèvre brune au chemin attentif qui traverse son poignet, troublée d’un plaisir qui n’est rien d’autre que la pureté d’une étincelle de texture ; brèche chez Dôn vient de prendre la lumière et exalte jusqu’aux squelettes se languissant au placard.

Je vous entends.

Exigeante, l’unique main prend ce qui est en suspension et s’accapare le stigmate d’un battement d’ailes auquel il ne s’attendait pas ; faune aux sabots tachés de boue épouse les courants mouvants et n’en contrarie ni l’onde, ni les remous, égotique créature à l’instant fascinée par elle, autant que par lui à travers elle. Oreille tendue aux treilles qui enflent à ses veines, gourmand étirant leurs vrilles le long des pattes caprines, c’est l’odeur fraiche des raisins qui perce le ventre en même temps que la langue d’une première salve.
Les lèvres sont douces, et pourtant pleines, fébriles et dénervées des moindres hésitations ; elles distillent au rose de leur trame une ferveur muette, un langage perdu aux nombreux courants d’airs, emporté aux marées lancinantes.

Je vous entends.

Ils sont trois à s’être s’approprier ce triste passé à la bénédiction d’un baiser, trois pour lesquels le cœur brule du bleu au rouge, se consume d’une impitoyable ardeur et Røykkness vient d’en saisir la quatrième place, déposant ses couleurs d’un chant aphone aux arômes jaunes d’un cédrat mûr ; là, sous la peau, caché au pli d’une rugosité, Dôn a semé un pépin du bout des mots.


Ce que vous voyez là, Nombril, sont des traces de vie… Tant que j’avais peur, tant que j’avais la foi, j’ai tiré à mes chaines jusqu'à m’en bruler les poignets… Et puis, un jour, un de trop, un jour d’accoutumance, je n’ai plus eu peur…

Doigts se mêlent quelques secondes, le temps d’aplanir à la peau ceux émaciés d’Arachne, et durant un instant, nul ne parle, ni ne chante au jardin de Saint Front; Silence redresse sa silhouette.

Entendez-vous ?


A la dentelle des doigts, aorte bat rapidement, comme au sortir d’une course ; pulsations, fortes et abruptes, taillées à même l’ombre, résonnent contre la pulpe d’albâtre plus sourdement qu’un champ de guerre, rehaussant au reflet des flaques, les oreilles du monstre se sachant épié.

Il ne bat plus comme avant…

Délicatement, lianes noires étonnamment fraiches aux rigueurs de juillet prennent à leur tour possession de l’homologue femelle et viennent poser l’oreille à la veine jumelle.
Que commencent, les sanglantes symphonies.


Un jour j’ai cessé de croire, en moi, en mon fils, aux fins heureuses. Il a suffi d’une seconde, une seule seconde dont je garde encore au palais ce gout étrange de lucidité, et j’avais renoncé, cessé d’être Homme.
Quand on m’a retrouvé, il était trop tard, j’avais déserté…


M’entendez-vous?

Les premiers jours de ma convalescence, il a fallu me sangler pour me contenir… Lorsque l’on m’a jugé lucide, l’on m’a simplement condamné au lit sous surveillance… Il a fallu un mois pour que l’on m’accorde le droit d’aller dehors, et la première fois que je suis sorti, j’en suis resté étonnamment troublé… Il y avait quelque chose de nouveau en moi, un vide, une malformation …

Un Monstre.

Tout était là mais rien n’était à sa place et moi, au milieu de tout cela, je chancelais au vent…

Tenez-vous à moi.

Qui vous a laissé Dôn ? Qui vous a enlevé l’équilibre ?

Je ne suis que la première branche.

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Don.
Ainsi, tout est expliqué. Et principalement cette dépendance, cette attache folle.
Mais alors, est-ce la haine et le dégoût de soi-même qui peut sceller deux destins ? Est-ce la perdition qui guide nos pas ? Vie de ruines, cendres balayées par le souffle de ceux qui ne connaissent rien de ce vide.
Si lors d'une longue entrevue en compagnie de la Canéda, Dana avait laissé croire que Tabouret ne lui plaisait pas, tout changeait aujourd'hui.


" Il est si... Il est...
- Trop, peut-être.
- Il est beau, vous ne trouvez pas ? Vraiment pas ?
- Si, mais vous savez bien que le ton que je préfère, s'accorde avant tout avec les gueules cassées.
- C'est vrai, j'oubliais."


La peau mutilée occultait les fêlures les plus vives.
A présent, il était beau aux yeux de Dôn et Imbolc ne saurait être célébré sans une pensée nouvelle pour cet être de lumière, aussi écorché soit-il. Tout est observé, le moindre mouvement amorcé, car de lui, elle ne veut rien perdre, ne plus rien manquer tant qu'il est à ses côtés. Ses traits sont scrutés, ses expressions étudiées et souvent épousées.


Tu me ressembles, réverbération de mes souffrances.
Résonance ne se noie pas dans les méandres d'une entente faible
.


Oui, Monstre est épié, détaillé. De plus laid, pourtant, il n'y a guère. Ils s'entendent, échangent, partagent sans qu'aucun regret ne vienne gâcher cette communication d'une autre race, car c'est ce qu'ils sont. Spécimens incompris des sourds et pire encore, des muets ne sachant plus s'exprimer sans crier, sans hurler. Clameurs imaginaires passent bien au dessus des deux têtes brunes et le vent vient récupérer ce qu'il y a à semer. Un frôlement, une touche. Plusieurs jonctions de chairs et d'os se liant au gré des envies.

J'entends. Mieux, j'écoute. Je t'écoute.

Fin de l'aveu, Alphonse semble avoir tout livré. Suffisamment pour contenter la bretonne qui se doit de taire l'envie têtue et inopportune tiraillant ses entrailles. Lippes alors contrariées, s'étirent dans un rictus que Dana se doit de forcer, même si l'envie de lui témoigner reconnaissance n'est pas feinte. Le naturel ne revient pas toujours au galop, et le rôle second des maxillaires ne s'assume pas d'emblée, pourtant l'expression est bien réelle. Oui, elle sourit pour lui.

Et je t'admire.

Mon fantôme.

Et ses arômes. Embruns aux parfums saumâtres. Sa peau manque à ma peau, son corps manque à mon corps. Pour lui j'ai porté, et versé le sang. J'ai oublié qui j'étais, pour n'être plus qu'un sens, une perception. Je pouvais mordre et embrasser dans le même temps, canines n'offraient plus douleur mais apaisement.

Disparaître me semblait être la seule issue mais j'ai vécu. J'ai vécu, aimé, et cru bon de l'oublier. Ce n'était qu'un leurre, il est toujours là.

Sourire ne s'en va pas, mais la voix n'exprime plus, elle pleure. Plaintes et lamentations émaillent la chute des voyelles suppliciées.

Seul l'Ankou peut me sauver.
Je veux mourir encore.

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Alphonse_tabouret
Main cueille doucement la joue pâle et le pouce vient éprouver le pli d’un sourire tissé à son attention quand le sien perdure à l’hommage, murmure bruissant aux lippes absentes tout autant que présentes, prunelles frôlant d’un lusin ténu celles qui lui font face.

Ne sont-ils pas fascinants ces être dont l’absence remplirait une vie ?

Mélancolies s’effleurent quand chaque monstre boit pourtant à sa propre source ; à la même tanière, gamelles ne se partagent pas et chaque gueule lape l’amertume désignée de son écuelle.
Ombres s’étirent de souvenirs, d’envols de voix et tous sublimés de contrastes finissent pourtant par se fondre à de hauts fibrus cotonneux. Le deuil de Quentin est fait depuis longtemps, même s’il cloque encore la surface du cœur d’éternelles interrogations ; premier déséquilibre, première mort de l’âme, première leçon d’un cœur brisé d’être ainsi amputé, il a ouvert la voie à tous les écueils suivant, et pourtant, ce n’est pas lui qui a précipité Tabouret. Ce n’est même pas Étienne; Monstre a fait cela tout seul, et cela est le plus méprisable à admettre.

L’on ne s’en rend pas compte de suite, mais à l’instant même où ils vous quittent, ils vous tuent une première fois, de surprise.

Les doigts de Dôn ont la fragilité de leurs émotions, et à sa joue, ils se crispent doucement, retiennent un courant que chat apaise en s’y appuyant plus pesamment.

Vous êtes morte déjà ce jour-là, Dôn… A marcher, respirer, à pleurer, à retrouver le rire, vous vous êtes crue en vie du début à la fin, mais ce tribut-là est déjà payé. Il a emporté ce que vous étiez et nul autre n’aura plus jamais le privilège de connaitre celle qui était à lui.

Chat ferme les yeux quelques instants, respire lentement, symphonie aortique bretonne se propageant jusque dans sa paume; aux veines, dansent des idées morts-nées.


Si tu m’entends, si tu m’écoutes…
"Cela ira mieux" est un mensonge d’humain.
Ce que la Vie prend, elle ne le rend jamais tel qu’elle nous l'a enlevé. Pire, elle nous fait parfois l’affront des nouveautés plus belles encore, plus bleues, plus solaires qu’un ciel de juillet, pour nous faire peur de perdre encore, nous faire honte d’avoir envie… Mais tu sais, tu sais n’est-ce pas, que c’est de soi que l‘on a peur plus encore que des autres ?
Nous sommes ainsi faits, créatures territoriales au cœur aussi vaste qu’étroit, aussi haut que profond, coupables d’aimer les choses à leurs intensités les plus aveuglantes, mais loyales au-delà de toute raison.
Quoi de plus abject pour un cœur sincère que de regarder ailleurs qu’à la tombe de son maitre ?



Mais ce que vous êtes désormais est à nous, plus à lui…

Combien de fois avait-il rechuté entre sa première sortie et la dernière ?
L’âme déchirée au corps mourant de Quentin était restée quelque part dans une cave de Paris, s’était disjointe au départ d’Etienne et avait eu un soupir de soulagement quand enfin, concilier la mort et la vie au travers de la servitude était devenu un horizon envié.
Six mois d’un feu consumé aux veines par tous les moyens n’étaient pas parvenus à dissoudre ce que le mauve de l’amputation avait fait germer; fils, travail, alcool, nuit fauves bariolées d’ecchymoses, de ces douleurs qui nous prouvent en vie, aucun n’avait su combler le vide, redonner du sens au néant éprouvé à chaque battement. Rien n’y avait fait, Bête avait enflé, grandi, grondé, et avait agrippé à ses griffes le cœur avec une telle ferveur lorsque le résultat des dès s’était joint au regard de Léone, que la honte avait achevé de lui faire perdre l‘équilibre d’un simple sourire.
Jusqu’à ce denier tombé à ses pieds.


Lui, ne vous a jamais connu qu’à vos deux mains, qu’à vos années salines, qu’à son soleil… Il ne sait rien de mon Nombril, de la sœur de Montfort, de la marraine d’Octave, de la mère de Bryjnar, rien du Ø qui trace désormais votre nom, ni de vos rires Isauriens…

Dextre vient prendre la main quand la joue en quitte le cocon et la porte à ses lèvres, y déposant la légèreté d’un baiser d’agrumes ; fronts à la faveur d’une respiration si lourde qu’elle écartèle silencieusement les poumons, s’appuient quelques instants à leurs courbes échevelées.

Vous n’oublierez jamais, le peut-on seulement ?... Mais il n’y a pas de parjure à aimer encore malgré cela, à trouver chez d’autres un parfum auquel l’on ne s’attendait pas, une peau dont le grain vous surprend, l’envie de quitter l’ombre de la tombe pour une heure seulement, et puis, lundi suivant, peut-être deux…
En profiterez-vous pour venir nous voir ?

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Archibald.ravier


Tout est éteint, ne reste plus que les percussions rythmées des organes gorgés d'un sang ardent, battant en retraite. En son poitrail, Bretonne ne maîtrise plus rien et ne saurait déterminer ce qui vient de mener bataille à terme. Victoire fut belle, ou la défaite évidente ? Peu importe tout ce qui compte à cette heure, reste la carcasse adjacente à la sienne. Alphonse ou les heures d'éveil. Il était là celui qui parvenait à l'extirper de son cauchemar, pour quelques temps, pour quelques heures. Sauveur qui s'ignore, provoquait chez l'autre tout ce qu'il y avait de plus bon, ne laissant le mauvais qu'aux absents et maladroits.
Crinière épouse la sienne brièvement et dans un ultime effort ne viole aucun sacrilège. Et pourtant, l'intimité de ce refuge des corps devrait amener l'audacieuse à vivre, exister. Cette dernière n'en fait rien. Au contraire, un léger recul est engagé.

Au même instant, une voix féminine emporte l'ensemble de ses doutes, de ses craintes et des réponses qu'elle pourrait accorder à celui qui n'en demande pas, son Triomphe si bien nommé.
Il est ordonné à la prisonnière de regagner sa cellule et de ne plus en sortir jusqu'à ce que le levé du jour prochain fasse oublier la tombée d'une nuit à venir.


Désolée, bretonne s'éloigne brutalement. Ses esprits ne sont guère retrouvés mais sous les ordres donnés, se plient à la volonté que Dieu transmet.

Pardonnez-moi. Il n'y a ici que peu de temps à vivre, on me consigne, on me bâillonne. Nous nous reverrons. Nous reprendrons.

Au vent est semé la dernière fragrance acidulée, talons impérieux frappant le chemin de la damnation.

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