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[RP] Rusé comme Renard, têtue comme Blondie

Marzina
Post écrit à quatre mains avec l'aimable participation de jd Delio!


Ah la Ritalie…Ses charmes, ses vallées, son accent chantant et…ses déboires. Tout avait été de travers dans cette opération. Marzina en avait pourtant vécu des opérations, et certaines merdiques, mais jamais à ce point. Jamais du début à la fin. Voilà qu’ils finissaient tous comme une bande de bras cassés devait finir : abimés, blessés, à se trainer et se terrer pour éviter les autorités en attendant le départ. A passer le plus clair de leur temps à se reposer pour tenter de récupérer des forces bien diminuées. Mais c’était loin d’être le plus grand des cauchemars de la Blonde. Dans sa tête figurait bien d’autres souvenirs plus pénibles qui ne sortaient jamais vraiment complètement de ses pensées et venaient parfois hanter ses nuits. Qui avait déjà dormi suffisamment souvent avec Blondie avait déjà assisté au corps s’agitant, comme luttant pour s’accrocher à la vie, pendant qu’elle tentait de récupérer son souffle volé. Marzina étouffait, littéralement. La lutte se finissait immanquablement par un réveil en sursaut. La chose était moins systématique lorsqu’elle dormait dans des bras rassurants. Ceux du Rital l’étaient devenus au fil du temps, bien que la méfiance fût toujours de mise, la Blonde ne sachant que trop combien ce genre d’animal pouvait être versatile. Les cauchemars s’étaient espacés. Jusqu’à ce soir-là.
Un autre réveil en sursaut, le cœur qui bat à tout rompre, la sueur qui vient perler à son front, dans son dos. Ce cauchemar-là n’était pas comme les autres. Les autres, elle savait d’où ils venaient, de mauvais souvenirs. Noyade, étranglement…Blondie revivait le pire de sa vie la nuit, en boucle. Voyait l’eau glacée l’engloutir pour de bon. Le fantôme du polak et ses yeux sombres, revenu pour finir le travail en lui reprochant de l’avoir tué. Ce cauchemar-là était bien différent, c’était un message, son instinct qui venait susurrer à son oreille. En panique, la Blonde secoue le Rital à ses côtés pour le réveiller.

« Delio ! Delio réveillez-vous ! Faut que vous m’aidiez ! »

    Le monde onirique est un échappatoire agréable à toute cette merde des derniers jours. Une jambe en vrac, des cotes douloureuses, une arcade fendue -merci blondie-, il a connu mieux le Rital. Il se gorge donc d'un sommeil réparateur, Blondie au creux de son bras, du moins le croyait-il avant de se faire secouer comme un prunier !
    -Hm … Cosa ? … Puttana …
    Les émeraudes tentent de paraitre derrière les paupières lourdes de sommeil …
    -Qu'est-ce qu'il y a !?
    Lance-t-il en redressant sa carcasse douloureuse.


« Renard va crever ! Je le sais, je le sens ! J’ai besoin de vous, je vais le traquer ! »
Elle est comme ça Marzina, avec son côté protecteur : un peu flippante. Elle protège les autres malgré eux s’il le faut, avec toute la maladresse qui caractérise son affection.

    Il tente d'assimiler l'information, et comprend bien vite qu'il s'agit d'une mission de sauvetage. Le hic, c'est qu'il a bien vu que la victime n'avait pas envie d'être sauvé. Et accessoirement, il n'en a rien à cirer. Un grognement se fait entendre alors que la lourde carcasse retombe dans la couche.
    -Démerdez-vous.


La Blonde fronce le nez, la réponse ne lui convient pas. Démerdez-vous! Comme si elle allait pouvoir maitriser le Renard toute seule, avec sa plaie au ventre, et le mauvais caractère dont il fait preuve quand elle doit le soigner! Elle a besoin de bras plus forts que les siens, et Delio les a. Marzina insiste, le secoue un peu et demande d'une voix qui se fait candide.
"Je peux pas dormir en sachant qu'il va crever. Je peux pas partir en sachant qu'il va crever. Je dois le trouver, il faut que je le soigne pour que je puisse partir avec vous en paix. Aidez-moi Melen*, mar plij*…"

    Inspiration est prise, et le Rital pousse un grognement. Le sort du roux l'indiffère, il n'y peut rien, et il a ses propres blessures à guérir.
    -Si il a envie de crever, qu'il crève ! J'ai pas signé pour sauver tout le monde !
    Phrase lourde de sous entendu, elle et sa famille, c'est déjà bien assez pour un égoïste comme lui.


Un reniflement dédaigneux, la Blonde fronce le nez à nouveau.
"Mallozh doué*! J'ai promis de veiller sur lui, je tiendrai ma promesse. Dormez bien la conscience tranquille! Je vais le traquer et le maitriser toute seule si c'est ça. Et si je reviens pas d'ici demain, partez sans moi! Je partirai pas en le sachant en train de crever dans son coin!"
Elle se relève finalement péniblement, se tenant le ventre, récupère ses vêtements et se rhabille avec lenteur et prudence, pour ne pas faire sauter ses points. Dernier regard derrière elle pour Delio, et elle part. Pour Blondie, il n'y a pas plus important qu'une promesse.

    Est-ce que sa conscience le travaille ? Absolument pas. Sitôt Blondie hors du lit, le Rital replonge dans son sommeil réparateur.


_____________________
Melen = blond
mar plij = s'il vous plait
mallozh doué = Dieu maudit

_________________
Marzina
La cape est jetée sur les épaules de la Blonde, la capuche rabattue sur ses boucles blondes. Il faut passer inaperçue, toujours. La justice italienne n'avait pas réussi à l'attraper, et c'était tant mieux. Avec un procès toujours collé aux fesses en Savoie, elle n'avait clairement pas besoin de ça encore en plus! D'autant que si on venait la chercher, elle serait bien en peine de se battre, avec la plaie qu'elle avait au ventre. Il fallait maintenant qu'elle trouve Renard, et elle était seule. Il lui fallait le trouver, préserver l'effet de surprise, et réussir à le maintenir au moins suffisamment de temps pour l'assommer, que ce soit manuellement ou avec quelques drogues. Elle soignerait sa plaie puante, qu'il le veuille ou non!...
Mais Marzina était lucide: elle n'avait déjà pas la force de maitriser un homme habituellement, mais avec sa plaie encore moins! Elle tenait à peine debout parfois alors même si Judicael était fortement diminué, elle n'aurait pas la force physique de lui tenir tête. Contrairement à ce qu'elle avait dit à Delio, elle allait devoir chercher de l'aide. Des bras plus forts que les siens. Et une même loyauté pour le Renard. Il n'y en avait qu'un, qui correspondait à la description.

Traque du Renard débutait donc par débusquer le Breton. Décidément, sauver Judicael malgré lui s'annonçait déjà comme un long chemin de croix! Une épopée que Marzina n'avait jamais tenté pour personne, trop égoïste pour ça. Ou peut-être parce qu'on n'avait jamais fait preuve d'autant de bienveillance pour elle que lui. Elle avait demandé de l'aide à Delio, et pourtant, elle n'aimait pas avoir à le faire. Et voilà qu'elle s'apprêtait à faire la même chose une deuxième fois. L'égo en prenait un coup, et pourtant elle le faisait, les promesses devaient passer au dessus du reste.
Blondie s'approcha du tripot clandestin qu'avait ouvert le breton, en poussa la porte qui s'ouvrit dans un grincement. Les lieux étaient plongés dans la pénombre, déserts...Elle poussa un soupir et sortit sa pipe de sa besace, les mains tremblantes. Elle avait besoin de se détendre un peu, trop nerveuse. Elle bourra fébrilement la pipe, l'alluma avec la lanterne qu'elle tenait à la main et ressortit. Où allait-elle donc pouvoir trouver ce putain de breton?! Raccrochant la lanterne à sa ceinture, elle tira un peu de fumée sur sa pipe et entreprit de s'engager dans la rue, se prenant les pieds sur un paquet de viande saoule au sol.


"Gast! Barriken didalet*! Allez vomir plus loin!"

Elle allait enchainer dans un coup de pied rudement asséné dans les côtes -faut pas venir contrarier une Marzina sur les nerfs- et déjà, le pied nu était armé, prêt à frapper. Mais au dernier moment alors qu'elle se mettait à frapper, les yeux reconnurent la silhouette du breton qu'elle cherchait. Le coup fut dévié et le pied atterrit dans le mur tandis qu'elle poussait un gémissement de douleur.

"Gast! Mais qu'est-ce que vous foutez dans cet état vous?!"

Blondie sautille avec les larmes aux yeux, ça picote un peu de se défoncer un orteil contre un mur.

"C'est bien ma veine ça! Delio m'envoie chier et vous êtes saoul comme une barrique! Personne ne m'aidera donc à sauver ce gast de penn kalet de Louarn*?!"

Elle se laisse tomber au sol Blondie, dépitée, désespérée un peu aussi. Une débâcle comme celle-ci. Un trou dans le bide. Delio qui l'envoie chier. Et le Renard sur le point de crever. Et maintenant le Breton, le seul qui pouvait encore l'aider, ivre mort...

"M'faites chier tenez...m'faites tous chier! J'peux pas le laisser crever, j'peux pas...Y'a que moi qui s'en soucie?..."

______________________
*Putain! Barrique défoncée!
putain de tête dure de Renard

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Gwenvael
J'ai dans ma tête une berceuse Corleonnienne,
Que tu m'fredonne par cœur, la tête sur mon épaule,
Quand résonne encore les bruits de verres de Chianti



Gast! de Ritalie, elle va finir par m'faire crever la chienne !
Pourtant j'les aime en botte, les Italiennes ! Mais même ça que dalle !
J'peux même pas soigner mon alcoolémie ! Sont durs les ritaliens !
Heureusement... Quand j'perd pied la Corleonne, m'offre tendresse et pipe.

Diaoul !! C'est pas des ritals qui vont m'priver ! Obliger d'ouvrir un rade clandestin.
Magouille et compagnie, en ritalie aussi on trouve des gens bien vénal, ça aide pour les affaires. Faut bien tuer l'temps... Avant qu'il nous crève...

Encore un soir... A écluser d'la boisson pour oublier.
Encore un soir... A m'demander qu'est-ce que j'fout là.
Encore un soir... A l'entendre gueuler dans ma tête, "p'tain Gwel t'es con!"
Encore un soir... A m'demander pourquoi j'vie.

J'ai tous finalement, des camardes, des boissons, un rade craignos... Enfin presque tous...

Manque les catins, ou une femme au p'tit soin et surtout !! Une bonne baston de taverne bien de chez moi !! Gast Breizh! pour ça tu me manque...
Quoique... Avec ce qu'ils m'ont mis dans la gueule les ritals tout les soirs j'ai l'impression d'avoir pris une salade de phalange dans la tronche.



J'préfèr'ais qu'ça s'termine au comptoir
Avec un trop plein d' rhum dans l'cigare
Et puis m'écrouler sur les chopes
En traitant de salope
La mort qui était au rencart


Ola p'tain sa tangue, Klouk ! J'me suis échoué sur un rocher, aiee mes côtes bordel !
J'lâche un grognement bien masculin, j'ouvre les yeux, j'essaie de stabiliser, ouchh la mer est déchainée ma parole.


kaocʼh !
Même pas j'peux déposer une gerbe tranquille sur ma tombe !


Hein?! qu'est ce qu'elle baragouine la ritale...
Attendez ! Attendez !! j'me redresse un peu lâchant un rôt bien profond évacuant les arômes d'alcool dans un soulagement quasiment jouissif.
J'cligne des yeux, j'reviens un peu, j'suis là, j'observe.
Marzina ?


Gast ! Vous pouviez pas me réveiller en douceur miresse !
Vous vouliez m'achever tonnerre de Brest ?!


Bordel d'merde ! j'ai plus mal a la tronche que ailleurs.
On dirait que l'armée ritalienne me fracasse le crâne depuis l'intérieur.
J'là regarde, les yeux rougis et encore alcoolisé, j'essaie de savoir c'qu'elle fout ici, la blonde.

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Marzina
Il n'est pas en état. Il n'est clairement pas en état, et pourtant, il faudra bien. Pour l'instant, l'urgence c'est de le dégriser un peu, et ça, le médecin breton il sait faire!

Baf!

Une gifle bien sentie vient s'écraser sur la joue de Gwenvael, ça aide généralement à remettre les idées en place!

"J'ai besoin de vous. Je dois sauver Louarn malgré lui. Essayez de retrouver vos esprits."

Après la violence vient la douceur, tandis que la Blonde sort de sa besace un philtre anti-cuite et lui tend, posant sa main autour de la sienne pour refermer ses doigts sur la fiole.

"Buvez ça, ça vous aidera à avoir les idées un peu plus claires."

Elle le laisse digérer le tout tandis qu'elle tire un peu de fumée sur sa pipe, le surveillant du coin de l'oeil pour qu'il obtempère.

"Douceur? Connais pas."

Menteuse. Marzina aimerait le faire croire, elle aimerait être aussi dure que le roc dont elle essaie d'avoir l'apparence, mais ce n'est pas le cas. La douceur est là, bien cachée, et Bretangevine quand elle trouve le courage de se débarrasser de son voile de pudeur sait distiller sa tendresse à de rares personnes. Judicael en fait partie. C'est bien pour cela, qu'elle doit le sauver. Pour ça et parce que l'au delà a déjà mangé bien trop de gens qui lui étaient chers, que l'entourage se fait plus restreint que jamais, et qu'elle n'a pas besoin d'une personne de plus pour l'appeler à rejoindre l'autre côté.

"Si on le soigne pas vite, vu l'aspect de sa blessure, Cael va y rester. Je sais pas vous, mais moi je peux pas trouver le sommeil à cette idée."

Soupir est poussé. Elle est venue auprès du rouquin pour trouver la paix, et voilà qu'il agitait bien des troubles en elle.

"J'ai un mauvais pressentiment. Il viendra pas, demain. Il se laissera pas soigner, foi de médecin. Je les connais, ce genre de patient récalcitrant! Il préférera crever que d'accepter qu'on l'aide!"

La voix se fait plus douce, elle tourne la tête et les yeux noirs viennent se loger dans ceux de Gwenvael:

"Je peux le soigner, mais je peux pas le maitriser. J'ai besoin de vous. Je n'ai plus que vous, pour m'aider. Pour l'aider. Pour l'assommer pour son bien, s'il le faut."

Un petit instant de silence et elle s'enquiert d'une voix ingénue:

"Vous le feriez?..."
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Gwenvael
Et paf ! prend ça dans ta gueule l'Breton, même pas la force de résister sur l'coup, ma tête par sur le côté bien entrainé par la gifle de la blonde. J'remet ma tronche vers elle en la secouant, l’œil un peu noir, mais déjà un peu plus stable.

Miresse ? Charlatan oui !
Les ritals m'en ont déjà mis assez de coups hein !


Tu parles hein ! Moi aussi j'sais soigner comme ça, d'là chance que l'renard l'apprécie sinon... Ah ben voilà boire ! Enfin un peu de douceur et de sollicitude. Plus clair ? Mouais... Elles sont très sombre mes idées là...

J'snif le machin, j'regarde la couleur, bah tiens on sait jamais hein avec ce type de profession. De plus elle est d'part chez moi qui dit que c’est pas la renarde de Poudouvre qui me l'envoie pour m'empoisonner. P'tain Gwel t'es con !

J'enquille le truc d'un trait, pouaaaa c'est immonde ! il y a de l’alcool là dedans ? Qu'est-ce que c'est que cette potion d'apothicaire merdique. J'lui aurais bien lâcher un juron mais alors que j'allais ouvrir ma grande gueule...


"Si on le soigne pas vite, vu l'aspect de sa blessure, Cael va y rester.

Gast Marzina ! Cael ! Vous pouviez pas l'dire de suite !

Remède bien plus efficace que son stop cuite. J'léve mon fessier du caniveau, j'me redresse lentement hein, la mer est encore agitée. J'souffle, j'lâche encore un rôt, saleté de philtre à la con.

J'l'écoute, si si j'vous assure. J'croise son regard, j'le fixe. Gast ! Presque elle ferait peur, elle est sérieuse la miresse, ça craint là. J'me souviens soudain les paroles du Renard d'là veille en tête a tête, un mauvais pressentiment m'envahit aussitôt. J'm'en doutais, Oh non ! Il restera terré l'renard, il viendra pas prêter son corps aux mains de la miresse, p'tain il va crever ce con !

Attendez, attendez ! Marzina, laissez-moi seulement une minute.

L'assommer ? Pour son bien ? Non mais elle veut ma peau Marzina ! J'touche l'renard , les rats vont m'tuer ! Puis même affaiblis l'con est capable de ma planter avec une dague...

Mais quand on est con... on reste con... Toujours a ce foutre dans la merde l'Breton, j'sentais que j'allais regretter mes mots...


Évidement quelle question, j'le ferais.

J'bombe l'torse avec aplomb, enfin pas trop hein j'sens qu'l'foie est pas encore au top de sa forme. Cherchez pas ! L'renard, y a un truc ! Même moi j'saurais pas vous dire ! Mais j'peux pas le laisser crever comme ça, c'est pas une mort...
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Judicael.
Alors c'est quoi, une mort de Renard? Et qui l'aura, elle qu'on affiche partout en France, qu'on murmure contre des écus dans les tavernes et qu'on lui souhaite la dague aux dents?

Qui aura la peau de Judicael...


Posé dans la baraque qu'il occupe clandestinement, le roux est adossé dans un silence épais, pipe fumante au bec, le bras en écharpe dans un linge souillé qui n'inspirerait aucun medecin, un nourrisson de quelques jours à peine calé sur son torse, main valide le retenant par le fondement.

C'est peut être ça, la mort de Judicael. Attendre que les siens se remettent de leurs blessures. Car aucun Rat n'abandonnerait un autre. Regarder son fils juste né et crever d'une fièvre de tous les diables. Ils s'étaient battus, fous, contre les plus acharnés italiens, les vrais, ceux qui mourraient pour les leurs. Pas un de ces Delio . Plutôt la crème des Alessandrins qui eux aussi, étaient aux trousses du maitre du quartier Pourpre. Plus les années passaient, plus la liste des gens qui n'en voulaient pas à sa tête se réduisait comme une bonne pipe de chanvre au fil d'une longue nuit.

Hel, petite pâle amoindrie, dormait non loin.

Loin de se douter que les Rats le recherchaient aussi, Renard , faisait des ronds de fumée et reposait le nez sur la tête douce et ronde de l'enfant endormi. C'était peut-être ça, la mort. Souhaiter Fenrir Den Andre et bientôt, aller rejoindre Renarde.

En attendant que la mort ne se décide Renard courrait toujours.

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Recueil-galerie d'avatar
Marzina
Ils en avaient visité, des lieux. Commençant par les lieux où on pouvait trouver de la nourriture et de la boisson vendus sous le manteau. Il restait quelques écus à la Blonde, elle les égrénait sans rechigner.

"Si vous voyez passer une femme blessée avec un nouveau-né...Et un rouquin qui sent la charogne...Je vous donnerai bien plus d'argent si vous avez des informations..." qu'elle baragouinait dans un italien approximatif.

Hel et son bébé hurlant passeraient sans doute moins inaperçus qu'un Renard habitué à se fondre dans la masse. Marzina ne comptait plus les écus, tant qu'elle en avait, elle donnait. Qu'aurait-elle pu en faire de toute façon? Les utiliser pour se nourrir? A quoi bon? Tous les efforts que Judicael et Delio avaient pu faire pour arriver à lui faire reprendre le goût de la nourriture,étaient mis à bas par la peine cuisante de cette nouvelle quête. Le goût de la vie, de sa vie, était si ténu depuis le fameux soir où elle avait quitté l'Anjou. Le corps maigrichon de la Blonde n'était plus qu'un fétu de paille que les violentes bourrasques de la vie menaçaient d'emporter à chaque tempête.

"Gwen, avez-vous trouvé quelque chose? Avez-vous la moindre idée d'où nous devrions aller maintenant? Ce n'est pas que je perds espoir mais..."

Mais le doute s'installait, il s'installait sérieusement. Déjà la lueur dans les yeux noirs de Blondie se faisait chancelante, comme une bougie que la cire n'alimente plus, et qui s'éteint doucement sans faire de bruit.

"Ils auront trouvé abri entre quatre murs, il fait chaud, Hel et le bébé ont besoin de protection!"

Quels autres lieux alors, que les habitations abandonnées? Ce n'est pas comme si Louarn pouvait se permettre de prendre une chambre d'auberge dans l'état actuel des choses! Blondie les connaissait, ces lieux abandonnés, elle en avait visités plusieurs en cherchant où installer son cabinet clandestin à leur arrivée. Alors elle refait le tour de ceux qu'elle connait, entrainant le Breton à sa suite, dans sa course effrénée.
Les lieux sont visités, un à un, sans crainte de se faire prendre maintenant. La capuche est tombée et les boucles dorées volent au fil des pas qui se font presque empressés, malgré la fatigue et la douleur. Parce que plus les minutes s'égrènent, plus les heures passent, et plus la panique gagne de l'ampleur dans le corps menu. Le souffle se fait court, ses jambes peinent à la porter, mais Blondie persiste.


"Encore une, on va en visiter encore une."

Le ton ne souffre d'aucune contestation, il ne laisse pas de place possible au "non". L'esprit buté de la Bretonne a toujours été bien plus fort que ce corps menu que la Nature lui a donné, elle le lui avait dit un soir, au Renard. Et ce soir encore, c'est ce caractère entêté qui la porte plus que ses muscles endoloris. Au bout de ses forces elle continue, entraîne le Breton avec elle dans sa quête qui semble de plus en plus vouée à l'échec à mesure qu'ils explorent et qu'ils échouent. Blondie n'a plus beaucoup de larmes, Blondie en a déjà bien trop versé durant les 22 longues années de sa courte existence. Elle les a remplacées par la folie qui s'est implantée lentement mais sournoisement, et c'est la crise de panique qui pointe chez la Blonde, ce qui n'est clairement pas une bonne nouvelle. Surtout pour le Breton qui n'a pas besoin de plus d'ennuis. Le coeur de Blondie s'emballe, elle peine à respirer, elle perd l'esprit.

"Regardez...là! On l'a...pas faite celle-là!..Et...s'il n'y est...pas...on fera...l'autre aussi!"

Elle a du mal à reprendre son souffle, elle perd pied mais force les limites du corps faiblard. Parce qu'elle perd le contrôle. Elle tremble. Parce que dans son esprit torturé, il l'abandonne. Parce que l'abandon la terrifie plus que tout, plus encore que son ablutophobie. Il n'aurait pas refusé de l'achever pour ensuite s'offrir une petite mort? Il ne lui aurait pas demandé de lui épargner le spectacle de sa mort, pour ensuite lui imposer la vision de la sienne?...
Blondie entre dans la maison abandonnée, tombe finalement à genoux, peinant à retrouver son souffle, les yeux hagards. La peine, la peur et la douleur avaient finalement permis à la folie habituellement profondément enfouie de sortir au grand jour. Elle ne voit plus autour d'elle, elle ne voit plus que les fantômes de son esprit venus la tourmenter.


"Dariousz! C'est vous qui me l'avez pris n'est-ce pas?! Où l'avez-vous caché, enfoiré de polak?!"

Le nez se fronce, les poings se serrent, l'un venant se dresser vers le plafond pour menacer une ombre ne venant la narguer que dans son imagination.

"Je vous tuerai pour ça, je vous tuerai une deuxième fois! Une troisième s'il le faut!"

Et puis les épaules retombent, les nerfs se relâchent, et la peau translucide perd encore une teinte, plus pâle que jamais. Elle supplie dans un gémissement.

"Rendez-le moi...J'ai plus que lui..."

L'esprit égoïste blessé occulte tout. Le vassal qui avale les kilomètres pour venir la réconforter. Le Rital et la chaleur réconfortante de ses bras. Ses enfants trop souvent privés d'affection depuis leur naissance, qui l'attendent. Un nouveau gémissement passe à nouveau ses lèvres:

"Prenez-moi à la place..."

Mais qui peut encore entendre les supplications de Blondie, si ce n'est son esprit torturé et un Breton impuissant entraîné dans une quête vouée à l'échec? Même pas ce Dieu à qui elle avait tourné le dos, dont elle avait renié l'existence.
Et puis elle semble soudain se rendre compte à nouveau de la présence du compère d'infortune, tourne vers lui ses yeux noirs perdus. Abattus. Comme si rien de tout cela ne venait de se passer.


"On va le trouver. Il est forcément quelque part."

L'esprit ne veut pas lâcher, elle ne peut pas. Parce que si elle lâche leur quête, elle s'effondre pour de bon. Alors ses jambes frêles tremblent mais la portent à nouveau, elle se remet debout, avec la fragilité d'un faon qui vient de naître.

"La prochaine, la prochaine sera la bonne..."
_________________
Gwenvael
Chercher un p'tit bout d'femme, un marmot qui braille et un renard qui pue la mort, facile! Oui mais voilà...

Nous avions commençé par les lieux les plus probables sans guère de réussite, jamais j'n'avais rincé en écus autant d'monde dans ma vie même pas toutes les catins que j'mettais tapé...
Difficile en plus de se faire comprendre de ces satanés ritals, j'avais même cette impression qu'ils se foutaient allégrement d'notre gueule avec blondie. Mais malgré la barrière de la langue, le mot argent semblait être compris dans tous les coins du monde j'le voyais bien a leurs yeux étincelants quand on promettait beaucoup plus si informations nous obtenions.


"Gwen, avez-vous trouvé quelque chose? Avez-vous la moindre idée d'où nous devrions aller maintenant? Ce n'est pas que je perds espoir mais..."

Chasser l'renard et la belette ouais il savait faire l'breton mais, là... Il s'agissait d'un tout autre renard, le Cael. Les chiens et les écus ne seront ici j'le crains que peu utile. L'renard était dès plus habile pour ce fondre dans la foule et disparaitre aux yeux du monde... A notre grand regret d'ailleurs.

Guère plus que vous Marzina... Continuons !

Que lui dire, j'n'avais aucune idée plus pertinentes que les siennes, seulement chercher, chercher encore, creuser s'il le faut fouiller le moindre recoin, le moindre trou, le moindre rade craignos. P'tain et oui de plus il y avait aussi sa femme... Et le marmot... Gast ! J'me vois pas retrouver l'renard sans vie et devoir me taper l'chemin jusqu’à Paris et trainer à la cour pour être l'annonciateur auprès de son frère de la perte du Cael...

Alors, frénétiquement nous fouillons, nous scrutions, nous cherchions. Jamais je n'avais autant visité de bordel que de satané potentiel planque en ritalie, jamais autant fouiller de trous que toutes les catins réunis. j'ne comptais plus, j'ne savais même pas si nous ne repassions pas par moment les mêmes coins, le souffle me manquait, j'sentais l'entaille de mon torse me tirailler violemment, me demandant si les sutures de Vivia tiendraient ou si dans la folie de nos recherches j'me viderais de mon sang s'en même m'en rendre compte.


J'gardais seulement l'espoir et ma tête de mule bien décidé à retrouver l'renard, l’alcool était déjà un lointain souvenir, mon mal de crâne semblait ne même plus me paraitre douloureux. Une seule chose dans la tronche retrouver l'renard puant avant qu'il ne passe l'arme à gauche.

Une énième maison, un énième taudis, j'crache mes tripes, j'suis blondie jusqu'à ce que... Elle tombe à genoux, j'assiste impuissant à une scène de tourment. J'ai l'dos appuyé contre un mur, la bouche ouverte cherchant l'air, mes poumons me brûlent, mes blessures me tiraillent, j'bave même d'épuisement. Mes yeux l’observent sans réaction, a qui parle t-elle ? Tuer... J'pense à moi, j'pense à mes démons, la balade avec Lobelia ma furie bestiale quand j'ai explosé la tronche du scélérat avec ma botte, je n'étais plus moi-même. Snagov... A jamais tu m'a changé, a jamais tu as donné folie à mon âme.

Miresse aussi semble avoir ses tourments, ses démons... Mais, Gast ! Non il ne faut pas flancher, se reprendre. J'me décolle du mur, j'titube de fatigue, j'm'approche d'elle.
Elle supplie ? Elle va sombrer... Gwen p'tain fait quelque chose.... Mais, là...

J'reste le regard un peu surpris quand elle se tourne vers moi. Son regard décidé et la voix déterminée, comme si en un éclair elle avait chassé ses tourments et ses faiblesses. J'la regarde, non ! Non ! soyons lucides autant que faire ce peu vu la situation.


Gast Marzina ! Calmez-vous ! On cherche une aiguille dans une botte de foin là !
La prochaine ?! Et encore la prochaine !


Ras l'cul l'breton ! Faut s'poser les bonnes questions, de la réflexion. P'tain et c’est moi qui dis ça ?!

Une église ? Un cimetière ? Des catacombes ? Essayons ça, non ?

Il est bien capable d'se fourrer n'importe où l'renard pour fuir ses ennemis et ses amis... J'en savais rien finalement, même pas si il existait dans ce bordel de bled ritalien des catacombes, mais une p'tain d'église avec un pervers de cureton et un nid a cadavres assurément il devait y avoir.

J'avais le regard presque suppliant à ce qu'elle au moins étudie ma proposition avant de partir encore comme une furie à chercher partout et nulle part.

_________________
Judicael.
mais partout et nulle part, Judicael n'était pas. Il resta introuvable. Si trouver l'ennemi public numéro Uno était aussi simple que de demander aux passants avec un accent Bretangevin à couper au couteau , ça se saurait...

Cette nuit là, il ne sortit pas. Laissant la fièvre s'installer un peu plus. Il avait quelques comptes à régler avec les gens qu'elle lui apportait. Une rousse, nébuleuse, pipe vissée au bec semblait le bercer de sa voix iréelle. Lui raconter des choses qui apaisait toutes ses douleurs. Lui insuffler l'illusion de ne rien sentir. Peut être qu'il ne sentait rien, pendant ces apnées avec le monde réel ou la fièvre venait déformer le prisme des réalités.

L'enfant le fit réveiller en sursaut. Une nuit difficile s'annonçait.



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Le lendemain.


Un regain d'energie inespéré le fit quitter sa piaule , très tard dans la nuit, à l'heure ou il medico ne pouvait pas le tirer par le bras pour le soigner , lui couper ce bras qui puait. Revenir sur ses genoux. Tirailler sa conscience. L'endroit ou le breton, son allié le plus tardif, buvait son ennui était connu. Il n'eut pas de mal à se glisser dans les rues, capuche vissée sur un front perlé de sueur, pour aller voir par son biais comment les autres se portaient.

Le breton était un altruiste qui ne laissait personne sur le carreaux. Un rabatteur, et un excellent passe courrier. Judicael savait que quelques entrevues avec Gwenvael permettrait d'avoir une vue d'ensemble sur la situation. Si lui n'allait pas fort, le groupe restant ne devait pas se désolidariser.

Lorsqu'il le trouva ce soir là, serrant les dents et faisant bonne figure, ils discutèrent un peu. Le calme de cette heure ci, celle où tout le monde dormait, était bénéfique. Rapidement, il apprit que Blondie , découragée de ne pas déloger Louarn, avait prit la décision de s'en aller.

S'en aller.

La décharge electrique qui traversa sa poitrine au moment où la nouvelle tomba entre son oreille et le reste de l'autre le fit prendre conscience d'une chose.

Il ne voulait pas. Elle ne pouvait pas partir. Pas seule. Pas sans lui. Il avait renoncé à marzina par orgueil, persuadé qu'elle était trop fine pour se perdre bien longtemps. mais ce temps avait duré en longueur. Et elle s'en allait.


- Non. Quand? Avec qui?

Piqué. Judicael était piqué. Il songea que tout n'était qu'un piège, et qu'elle était trop fine pour distiller une telle information sans mentir un peu, sans avoir un but: obtenir ce qu'elle voulait. mais dans la poitrine fatiguée, au fond, tout au fond, loin de l'orgueil et de l'entêtement, le désir de la serrer contre lui, de la laisser faire, et d'accepter enfin de la laisser l'aider l'emportait. Leçon était donnée. Il avait compris. Qu'elle contrarie son égo, qu'elle joue avec ses nerfs n'avaient plus une once d'importance. Tout ce qu'elle voulait, pourvu qu'elle ne parte pas. Pas ainsi. Pas en laissant un foutu breton lui dire au revoir à sa place. Il allait crever. Il le sentait. Il le savait. A l'instar des bêtes qui savaient que l'heure était proche, Renard s'était forgé une inexplicable conviction. La mort approchait.


- Dis lui de passer à la piaule à l'ouest de la ville près des caves. porte bleue. Dis lui... qu'elle pourra regarder mon bras. Le couper même si ça lui chante...


Il lui avait promis que ça ne serait pas rien. Alors. ça ne serait pas rien.

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Gwenvael
Miresse avait acquiescé a mes propositions, hélas nous n'avions pas eu plus de réussite, renard semblait s'être volatilisé. Pourtant, nous avions cherché encore et encore comme des forcenés... Mais, la fatigue, la lassitude, l'épuisement avaient fini par avoir raison de nous. Il nous fallait du repos avant de reprendre les recherches demain.

Le cœur lourd, l'esprit tourmenté par pleins de questions et de doutes, j'avais raccompagné blondie. Au moins elle ne passerait pas seule, les quelques heures qui restait de la nuit, elle... Il en était tout autre pour l'Breton.

J'me trainais jusqu'à mon rade, m'affalant sur l'comptoir avec une bouteille. La blessure sur mon torse me tiraillait énormément et le bandage était taché de sang. Gast ! j'ai trop tiré dessus aujourd'hui... Pas d'effort et du repos qu'elle m'avait dit le barbier fou...

Boire, boire pour oublier et s'endormir... Jusqu'à une heure improbable de la nuit la porte lentement s'ouvre, engouffrant une silhouette et une odeur. J'relevé le nez, les yeux grand ouvert en reconnaissant l'renard.


Gast Louarn ! nous t'avons cherché partout !

Pas de colère là, juste un soulagement de le voir et en vie... Même si il avait une sale gueule. Quelques verres pour fêter ça et j'avais dû lui annoncer le départ de Marzina.
Renard semblait avoir changé le ton après cette annonce et la question que je redoutais avec.


- Non. Quand? Avec qui?

Elle m'avait dit, dis lui juste au revoir, dis lui que je pars seule... Mais l'breton est un piètre menteur hélas et il avait du mal a concevoir vendre du faux au renard. Alors après quelques phrases pour essayer de détourner la question, je finissais par lui dire le départ de blondie avec le rital.

- Dis lui de passer à la piaule à l'ouest de la ville près des caves. porte bleue. Dis lui... qu'elle pourra regarder mon bras. Le couper même si ça lui chante...

Un hochement de tête, satisfait que l'renard accepte enfin de se soigner et il disparu dans la nuit aussi vite qu'il était venu, furtif et silencieux comme une ombre. Je prenais une grande rasade d’alcool, pas l'temps de dormir, pas l'temps de la réflexion, je devais foncer retrouver Marzina.

Alors malgré la douleur et l'épuisement, la volonté et l'esprit enfin libre de le savoir encore en vie, j'me hâtais jusqu'au crèche de blondie et du rital. Tambourinant comme une brute sur la porte.


Miresse !! Louarn est venu !! Réveille toi, bordel !!

J'frappais encore et encore, p'tain ouvre ou j'te jure que j'défonce cette satané porte, lâche ton blondin d'rital il y a plus urgent en ce moment.
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Judicael.
La senestre essora le linge mouillé d'une pression du poing, l'étoffe qui n'avait plus de couleur vint étirer sa ligne humide sur la peau laiteuse , contournant soigneusement la cicatrice.

Là, le front chaud.

Là, l'aorte palpitante.

Là, la ligne d'un sein gonflé et innocupé.

Là, la courbe d'une hanche.

Là, la longueur d'une cuisse.

Là, la mollesse d'un pied.


Verts connaissaient ces chemins comme son ombre. Le linge retrouva le seau d'eau. Poing recommença sa danse. Les chemins, les sentiers. Evitant de mouiller la blessure. La plaie de naissance. L'enfant aux lèvres accrochées à l'autre sein. Renard à genoux suspendit un instant son geste. Sa vue se troublait un peu. La chamade myocarde semblait venir fracasser ses tempes. La fièvre rappelait sa présence, dans le fond de l'oeil douloureux. Contre le torse au bras replié. Il ne fallait pas flancher. Pas là. Pas devant Hel fut-elle endormie. Linge chût au sol.

Tic.
Tac.
Tic.
Tac.

Tu l'entends Judicael, le compte à rebours funèbre? Oh oui tu l'entends...

Lentement, la carcasse glissa dos contre le sol.

Sûr. Tu l'entends.

Quelques convulsions de reste de vie. Tu ne peux pas lutter contre elle.

La mort prenait des formes séduisantes. De rousses lignes . De sombres masques.

Dans un sursaut de protestation, Renard se relève. La main au mur. Suivre le fil d'ariane. Il fait jour dehors. C'est le rayon qui filtre au travers de la fenêtre condamnée qui le dit. C'est le lourd sommeil qui l'assomme qui le confirme. Dormir. Peut être jusqu'à demain? Demain, demain il fera jour.

Judicael se laisse choir sur une caisse vide. Une pipe vide attirée dans sa main. Dans cette pièce qui sent la mort, seul un enfant trahit la vie. De petites lèvres charnues s'acharnent à tirer le lait qui se tarit.

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Marzina
Elle avait accepté à contrecœur de rentrer, parce que ses jambes ne parvenaient qu'avec grand'peine à la porter, et parce qu'elle n'avait pas d'autre idée sur les endroits où chercher. Demain peut-être, les écus distribués feront remonter quelques informations? C'est le cœur lourd et l'espoir presque éteint qu'elle était rentrée après avoir annoncé à Gwenvael qu'elle devait partir le lendemain soir, avec le Rital. Delio avait proposé. L'oubli, près de lui, dans ses bras, près de la mer. Oh, pas sa mer à elle, pas la fougueuse mer bretonne, mais la mer quand même. Il ne lui en demandait pas beaucoup le Rital, à Blondie, et ça lui allait très bien. Elle avait réfléchi plusieurs jours. Avait attendu de croiser le Renard pour lui en parler. Et puis il n'était pas venu. N'avait pas répondu à la dernière missive. Il avait sûrement à faire avec sa femme et son nouveau-né...Elle avait accepté de suivre Delio. Ça l'écorcherait de l'avouer, mais Blondie a besoin qu'on s'occupe d'elle, elle ne sait pas se gérer seule, se détruit toute seule loin d'un oeil bienveillant. Delio, dans sa manière maladroite bien à lui, la protège. La fait vivre dans le sillage de sa course effrénée pour profiter des plaisirs de la vie.

Mais il ne comprend pas. Il ne comprend pas l'attachement que peut avoir le petit monstre breton pour le Renard qui l'a virée de son pieu lorsque lui l'a recueillie -presque- sans grogner. Dans l'espace de ses bras. Près d'un coeur peu habitué à battre la chamade où elle est venue déterrer la lumière dont la plupart n'auraient même pas soupçonné l'existence. Alors ce soir-là quand elle le rejoint, il fait preuve de peu de compassion, encore. S'agace de la peine trop affichée. La persuade que si Renard se cache pour mourir, c'est qu'il ne veut pas qu'on le trouve. Qu'elle, le trouve. Et elle s'énerve contre l'Absent, l'accuse de bien des maux. L'accuse de vouloir faire ce qu'il a refusé qu'elle fasse. De ne plus veiller sur elle. De ne plus la laisser veiller sur lui.
Delio laisse l'orage gronder puis ouvre l'espace de ses bras, simplement. La crise n'aura pas duré longtemps, Blondie est à bout de forces. L'épuisement des recherches et la douleur auront raison d'elle, la faisant tomber dans un profond sommeil contre la chaleur rassurante du grand corps.
Tout ce qu'il lui demande, au final, c'est de pouvoir serrer contre lui chaque nuit la peluche que Louarn a viré.

Le sommeil était bon, pas un rêve ni un cauchemar pour l'éveiller, la fatigue était trop grande. Le corps faiblard profitait de cette soudaine accalmie qu'il avait imposée pour reprendre quelques forces, guérir la profonde blessure laissée par l'épée. Les coups frappés sur la porte la réveillent en sursaut, faisant grogner la brute à ses côtés. Blondie met un certain temps à comprendre ce qu'il se passe et d'où vient le bruit, et se précipite pour aller le faire cesser avant que le Rital ne décide de tous les buter pour avoir la paix. Enfilant une chemise au passage, elle entrouvre juste assez la porte pour laisser passer un filet de lumière et de voix.


"Taisez-vous mallozh doué! On va tous les deux y passer! Je m'habille et j'arrive."

Porte est refermée, chemise et braies enfilées à la hâte. Besace attrapée par la lanière et cape jetée sur les épaules avant qu'elle ne sorte dans la rue. Recouvrant les boucles blondes de sa capuche elle discute avec le Breton rapidement, juste le temps de savoir où elle doit se diriger et elle part. En chemin elle allume sa pipe, elle a besoin de calmer sa nervosité pour pouvoir recouvrer ses esprits. Rassembler ses idées. Peine à se demander si elle est vraiment éveillée. S'il est vraiment mort. Ou s'il l'a appelée. Blondie n'a plus toute sa tête en ce moment, la Ritalie n'a pas abîmé que les corps.
L'allure se voudrait plus rapide, elle ne l'est pas. La suture hurle de ne pas trop lui en demander, quand la fatigue laisse les forces vidées. Médecin ne servirait à rien s'il arrivait à moitié mort, la Blonde s'en rend bien compte. Les minutes n'en paraissent que plus longues avant qu'elle n'arrive et ne trouve la fameuse porte bleue. Avec appréhension.
Que va-t-elle trouver derrière? La preuve flagrante de ses illusions sous la forme d'une pièce vide ou pleine de ritaliens prêts à l'achever? Un Renard qui s'est joué d'elle, en pleine forme finalement, ou déjà parti? Ou peut-être ce qu'elle avait appréhendé des heures durant, arriver devant un Louarn que l'Ankou avait rejoint plus vite qu'elle?...

Alors qu'elle avait couru toute la nuit, elle reste un moment figée devant la porte, incapable de bouger. De faire un geste. De tomber face à l'une de ses peurs. Ses propres peurs qui retiennent sa main, brident sa volonté. Dans un sursaut de courage la main se lève et pousse la porte sans prendre la peine de frapper, de peur de n'avoir pas assez de force pour faire les deux. Les yeux cherchent dans la pièce qui s'offre à elle, et pourtant la vue se trouble un peu durant quelques longues secondes, d'angoisse. Avant que les yeux noirs ne parviennent à faire le point, distinguent la silhouette gracile sur le lit, et l'autre plus petite recroquevillée sur le ventre pour venir y puiser à la fontaine de vie. En silence le visage fin se tourne, le regard tombe sur le Renard affaibli, usé. Elle reste un moment immobile, Blondie. Avant que les sanglots ne l'envahissent brusquement, comme un violent tsunami que rien ni personne n'avait pu voir arriver. Ils soulèvent la poitrine et font s'écouler des torrents de larmes et des pleurnichements infantiles. Blondie pleure comme une enfant, debout et sans retenue. Le barrage a cédé sous la pression, les fissures qui se sont élargies. Deuxième fois qu'elle pleure en moins d'un mois, alors qu'elle ne l'a pas fait des années durant. Qu'elle déteste cette fragilité qui est devenue sienne depuis qu'autre rouquin est parti sans elle, l'a laissée vide, qu'elle se déteste!

Finalement elle amorce un mouvement vers le Renard, et la main se lève sans même qu'elle ne la maîtrise, le gifle. Il tient à peine debout, certes, mais la Bretangevine est incapable de retenir les émotions violentes qu'habituellement le barrage tend à filtrer. Et elle lui en veut. Les sanglots continuent mais s'atténuent un peu. On étouffe dans cette chambre, l'Ankou est partout! Sa sombre aura est partout. Alors les pieds menus effleurent le sol pour venir ouvrir une fenêtre, faire entrer l'air du dehors. Rien ne saurait être pire que de laisser s'installer ce vieil ennemi mortel. Un peu de fraîcheur entre dans la pièce, fait entrer un souffle de pureté dans la souillure ambiante. Ca lui fait du bien, même à elle. Elle se calme finalement, revient vers lui, pose sa besace à ses pieds. Le prend dans ses bras contre sa poitrine, dans un geste protecteur et maternel.


"Loukez. Vous en avez mis du temps."
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Gwenvael
Enfin ! la porte s'ouvrait et Marzina pointait le bout de son museau.

"Taisez-vous mallozh doué! On va tous les deux y passer! Je m'habille et j'arrive."

J'hausse les épaules, non mais, j'm'en tape du rital hein, perturber son sommeil alors que nous avons chercher l'Renard comme deux fous a en crever j'm'en cogne. Seulement l'temps qu'elle revienne que j'lui glisse a voix basse la planque du Renard et la voilà déjà parti a la hâte.

Hum, j'ouvre le bouche, trop tard, j'léve une main trop tard, déjà elle disparait au bout d'une ruelle. P'tain elle ma plantait blondie ! J'vais pas pieuter avec l'autre blond d'rital.
J'connais le lieu, j'lui emboite le pas, mais au bout de quelques mètre je stop.

L'renard a dit, dit lui qu'suis là, la porte bleue. De miresse il a besoin pas du Breton et puis a quoi bon... Elle seule a les compétences pour le soigner, j'ne serais d'aucune utilité là bas. J'tourne les talons, remontant mon capuchon sur la tête. Ma plaie me fait un mal de chien, le bandage est rougis un peu plus... Gast ! j'vais devoir repasser entre les doigts de Vivia, j'espére au moins que je n'ai pas abîmé son travail d'artiste.

Lentement j'prend la direction d'mon rade, pas sommeil, pas envie, boire, encore... Pas de Corleone ce soir pour une berceuse, pas de Lobelia juste pour discuter, pas d'Anna pour sourire a l'insouciance de sa jeunesse, loup solitaire encore et toujours...


Je vais encore dormir tout seul ce soir
Et je vais encore le regretter...


Finalement l'alcool aura raison de moi ce soir, une fois encore... j'm'affale sur l'comptoir et j'pars dans un sommeil comateux...
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Judicael.
L’œil s'était ouvert aux bruits de sanglots. Un oeil seulement, pour vérifier si la mort faisait ce bruit là quand elle vous prenait dans les bras.

Il a à peine le temps de dresser une main sur son visage que la gifle le cueille et le sort de sa torpeur avec une brutalité innommable. Tremblant, le corps se contorsionne pour échapper à une autre cuisante, persuadé qu'on l'attaque. Que l'heure est venue. Que Tigist est là. Ou les italiens. Ou n'importe qui qui en voulait à sa peau. Ce n'était pas comme si la liste était interminable... La respiration saccadée, l’œil fou, Louarn balbutie quelque chose, amorce un coup de poing pour frapper à l'aveugle sur cet assaillant qui le saisit en traitre. Qui lui serre le col. Qui l'agrippe... Qui... Enfouit son nez dans son cou. Qui l'enserre de ses bras. Et reniffle. Elle reniffle. L'assaillante qui a les boucles d'or de blondie. Qui a l'odeur de Blondie. Qui a la voix de Blondie. Les yeux mouillés de Blondie
.


Putain Blondie.... Putain...


Le poing se desserre. L'esprit émerge de ses nimbes brûlantes tandis que les yeux verts cherchent désespérément la vue de la petite pâle, dans un râle suffocant.

Elle est là. Elle semble toujours dans les bras de ses démons à elle. L'enfant n'a pas bougé. Il dort. Tétin dédaigné.

Le palpitant se calme enfin. Ce n'est que marzina. Et si la mort a la gueule de marzina... Alors il pourrait dire là haut " j'le savais" J'le savais qu'elle avait quelque chose d'infernal l'entêtée, la peluche déloyale. Et pourtant peluche greluche était là. Et il se rassérénait.


J'aime... m'faire... Désirer.

Comme toi Blondie. En un peu différent.


Le bras valide finit par la serrer contre lui, dans le sifflement raque d'un poumon qui reprend son calme. T'es un bon le breton. Tu tiens toujours tes paroles.

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Marzina
Une gifle, pour lui dire qu'il avait été idiot, qu'elle s'était inquiétée, et qu'elle lui en voulait.
Une étreinte pour dire que c'était oublié maintenant, calmer leurs angoisses respectives, et prendre une dose de remontant avant que les choses sérieuses ne commencent.
Elle murmure doucement à son oreille, la voix encore brisée par les sanglots éteints:


"Les morts ne se font pas désirer, ils se font détester."

Le voilà prévenu Louarn, elle en a marre d'aimer des fantômes. L'espace de ses bras est savouré un temps malgré la chaleur étouffante, joue pâle posée contre barbe qu'elle a mal rasée, mains fines et froides posées sur les épaules moites. Elle inspire un moment l'odeur de cette peau qui fût si proche de la sienne pendant plusieurs jours, qui fût la chose la plus douce et rassurante qu'elle ait connu lorsqu'elle voulait éteindre sa dernière étincelle de vie. Oh si Louarn savait...S'il savait qu'au fil des jours passés avec lui, elle n'avait attendu que ça, retrouver la chaleur de ses bras. S'il savait que la seule chose qui lui importait alors était de réussir à faire passer plus vite les heures de la journée pour venir s'apaiser la nuit au contact du corps chaud et rassurant contre le sien. Innocemment. Blondie s'était presque racheté une virginité. Mais la Blonde a le sang chaud, et le Rital désœuvré savait venir réveiller en elle ses démons. Juste un jeu, ça avait été juste un jeu, avec Delio. Elle était censée n'être qu'un jouet dénué de considération entre ses mains, il était censé n'être qu'un objet de désir éphémère entre celles de Blondie. S'il savait, Louarn, que c'est lui qui avait amené les choses à changer. Que Blondie n'aurait jamais quitté son lit, sans qu'il le lui demande. Qu'avoir alors rejoint celui de Delio chaque soir avait créé un lien que personne n'avait vu venir.
Louarn a boudé son jouet, et les grandes pognes du Rital s'en sont emparées.

Alors les bras de Blondie se desserrent finalement et son corps s'éloigne de celui du Renard pour revenir à sa besace. Elle en sort sa chemise qu'elle était censée aller nettoyer, la roule en boule, fait descendre Louarn de sa chaise.


"Allongez-vous, restez pas assis vous allez finir par tomber."

Les doigts frais se glissent entre les siens pour attraper sa main, l'incitent à venir s'allonger au sol où elle l'aide à s'installer au mieux, venant caler sa chemise transformée en oreille sous sa tête et derrière sa nuque. Un linge déchiré est sorti de la besace, et une gourde d'eau vient le mouiller avant qu'elle ne vienne en humecter les lèvres brûlantes, les joues, le haut du torse et ne le pose sur son front.

"Je vais faire tomber votre fièvre Louarn. La fièvre c'est votre corps qui lutte contre le mal. On va aider votre corps à faire sortir le mal, et la fièvre tombera d'elle-même."

Sa main froide vient caresser la joue du rouquin, la voix se fait rassurante tandis qu'elle murmure:

"Je suis là maintenant. Vous allez vous en sortir, je vais m'occuper de vous..."

Retournant à sa besace, Blondie attrape son mortier et son pilon et un sachet d'argile, la gourde vient donner un peau d'eau, et elle mélange. Revenant vers le Renard, elle entreprend de lui retirer sa chemise. Avec un sourire en coin elle vient le narguer:

"Avouez que vous n'imaginiez pas que je vous retirerais votre chemise dans ces conditions..."

L'angoisse a disparu maintenant qu'elle est auprès de lui. Elle sait, elle a étudié, elle a exercé depuis des années. Elle va le sauver, elle est confiante. Mais d'abord...les doigts s'agitent à venir délacer les braies du Renard. Le sourire mutin s'élargit. Pas besoin de mots. A part peut-être...

"Je vous préviens, ça va être un peu frais..."

La main fine vient étaler l'argile fraîche sur le bas ventre en couche épaisse. Une fois fait elle s'essuie les mains sur un chiffon et vient récupérer la compresse sur son front et l'essore sur le sol avant de la tremper à nouveau et de la lui remettre sur le front. Puis elle sort une fiole au liquide ambré mais clair, de l'infusion de saule blanc.

"Buvez Louarn, ça vous fera du bien..."

Une main derrière le crâne, elle l'aide à se redresser un peu pour boire le contenu.

"On va s'occuper de votre plaie maintenant...mais d'abord..."

La Blonde se relève et sort de sa besace quatre petits paquets d'herbes séchées dégageant une puissante odeur. Les allumant, elle vint les disposer aux quatre coins de la pièce avant de refermer la fenêtre.
L'Ankou n'a qu'à bien se tenir. Blondie va lui exploser la tronche.

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