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[RP] Demain, de bon matin

Arnoul.
Je pars, seul, sans escorte*
J’irai sur les chemins
Partirai en claquant la porte


Arnoul était du genre à foncer dans le mur.
Mais Arnoul refaisait rarement deux fois la même erreur. Enfant, six ans, et l’honneur aussi grand que l’obstination. Cocktail explosif, qui, jusqu’ici, ne lui avait pas offert une vie eau de lac, paisible, et limpide. Ou bien était-ce cette vie-là, entre un père démissionnaire, puis gâteau, et une mère aussi ravageuse qu’une tempête furieuse, qui l’avait rendu ainsi ? Peu importait. Toujours était-il qu’il refaisait rarement deux fois la même erreur. Et pourtant, c’était bien la deuxième fois qu’il s’en allait sans prévenir personne, et ce, en l’espace de quelques semaines à peine. Et pourtant, Aristote seul savait à quel point sa première fugue lui avait coûté. Les longues nuits à ne plus savoir pourquoi, les heures de marche, le désespoir, parfois, avaient égrené les jours et les nuits, aussi régulièrement qu’un tic-tac bancal. Et encore ; il avait été accompagné. Caia. Caia était venue avec lui, lui avait tenu la main, lui avait montré comment voler de quoi se nourrir, l’avait emmené dans des recoins incongrus pour dormir en paix, en bref, l’avait sauvé de l’abandon total.

Et cette fois, il était seul. Seul avec sa trop grande cape pesant sur ses épaules, ses genoux écorchés, ses jolies petites chaussures, son cœur à la chamade déchiré, et Martin.


On va pas se mentir cette fois
Pour la dernière je veux être clean
C'est le cœur lourd que je vous quitte
Sans grand discours et sans émoi


S’il avait réfléchi, alors ? Pas vraiment. Autant dire, pas du tout. Mais comment rester en place alors qu’on apprend coup sur coup que notre mère n’est plus notre mère, et qu’elle envoie nounou pour venir nous chercher ? Comment rester calme alors qu’autour de soi, tout se met à tanguer, et les rochers se lèvent, et le courant nous y fracasse ? Oui, comment ? Comment ? Quelqu’un pourrait-il lui répondre ? Est-ce que quelqu’un, sur cette terre, pourrait un jour entendre ses pensées, et y passer un baume, comme les onguents qu’on met sur les bobos pour qu’ils arrêtent de faire mal ? Et si jamais personne ne pouvait, cesserait-il un jour d’en souffrir ? Et à présent qu’il marchait, que la décision avait été prise, qu’il ne voulait plus se retourner, il laissait les visages défiler dans sa caboche brune. Et Mama, et Papa, et Caia, et Isaure, et Cassian, et même Lucie, Eddard, Lénù, Tara, Henri, Sieg, Nicolas, Alphonse se donnaient tous rendez-vous entre ses tempes, s’incrustant sans y avoir été invités, y résonnant douloureusement. Isaure allait encore s’inquiéter, et maman se fâcherait encore plus. Peut-être même qu’elle la tuerait. Ou qu’elle mourrait. Et Caia allait être triste, tellement triste ! Ils n’allaient plus être séparés. N’était-ce pas ce qu’il voulait ? Pourquoi était-ce lui qui était parti, alors ? Était-ce ça qu’il voulait ? « Et toi, qu’est-ce que tu veux ? » C’était bien ce que lui avait demandé Lucie, et il n’avait pas su répondre. Qu’est-ce qu’il voulait ? Qu’est-ce qu’il voulait ?


Ce n'est pas pour vous fâcher
Et entre nous, ça changera rien
Mais je m'en vais déserter
Je disparais, soudain, magicien

Alors demain de bon matin
Je laisserai tout derrière moi
Et ce sera moi l'orphelin
De mes projets et de nos choix


Une paume s’écrasa contre une joue, noyée de larmes. Reniflant, il s’assit sur le bord du chemin, genoux remontés, pliés, contre la poitrine, et le menton appuyé sur eux. Contre son cœur, il sentait le bois rude et anguleux de son pantin, mais il ne s’en sentit pas apaisé. Au contraire. Un moment, il se dit qu’il n’aurait pas dû le prendre. Martin aurait dû rester avec tous les autres. Il ne l’aimait plus. Ou bien, il l’aimait plus fort que jamais. Mais il aurait voulu le laisser à Caia. Martin sans Paul allait s’ennuyer, désormais. Martin sans Paul n’était plus vraiment Martin. Et Arnoul sans Caia n’était plus vraiment Arnoul non plus. Cette dernière pensée fut celle de trop. Il fallait qu’il fasse quelque chose. Il ne pouvait pas s’en aller comme cela, sans mot, sans geste. Et il ne fallait surtout pas que les autres partent à sa recherche. Alors, il se redressa un peu, et fouilla dans la petite besace qu’il avait volé au marché, juste avant de partir. Étonnamment prévoyant, il y avait glissé une pomme, plusieurs gâteaux qui s’étaient déjà cassés, laissant des petites miettes partout, et même un peu d’argent qu’il avait discrètement soustrait à la bourse de Cassian. Mais il n’avait pas pensé à prendre de quoi écrire. Un soupir souleva ses épaules, mais il se sentait tout d’un coup moins abattu. Il savait ce qu’il allait faire : dès qu’il serait arrivé à la ville d’après, il irait acheter des vélins, et de quoi écrire. Une mine de plomb, comme celle de Caia. Et il prendrait… Quatre feuilles. Oui. Très exactement.

J'ai l'impression que pour le môme
Que je suis, tout était tracé
Jusqu'à devenir un homme
Alors je me suis laissé allé


Nouveau décor. Ce n’était plus le chemin terreux, mais les pavés de la ville sur lesquels l’enfant était assis. Et, le nez plongé à son travail, la langue pointant au coin de ses lèvres, il s’appliquait à rédiger ses lettres.

D’abord, une à Isaure et Cassian.


Citation:
Isaure et Cassian

je sui parti mé je pensse que vou avé vu
cé pa de votre fote mé cé que je voulé partir
je sui tou seul parce que je voulé que Caia èle reste avec vou pour que vou ète pa tro triste
jé laissé Tinta-Martin-tamarre a la mézon il fo socupé de lui mé il fo pa que vou me cherché
je fé atenssion a Martin

ARNOUL


Une à Axelle, ensuite.
Pour qu’elle ne puisse pas reprocher à Isaure de n’avoir pas été prévenue.
Et peut-être pour, une dernière fois, tracer les quatre lettres, si jolies, deux à deux, sur le papier d’une lettre, qu’il ne scellera pas cette fois de son « je tème » maladroit.

Citation:

Mama

je sé pa si tu va lire cète lètre mé comme mème je lenvoi comme sa tu sé que je sui parti
peutètr tu ten fiche parce que tu di que je sui plu ton enfen mé je veu pa que tu é inkiète
je vé fère atenssion a moi et a Martin parce que je veu pa mourir
et je veu pa que toi ossi tu meur et Isaure non plu alor il fo pa la tuer

ARNOUL


Une à Lucie, ensuite. Certainement qu’il aurait préféré l’envoyer à son père, mais elle au moins, il savait à peu près où elle se trouvait.

Citation:
Lussi

je sui parti parce que je croi que cé sa que je veu mé je sui pa sur
il fo que tu di a papa que je vé fère atenssion a moi et a Martin
tu fé ossi un bisou a Enri et mème o bébé qui é pa encor né

ARNOUL


Et la dernière. La plus difficile, peut-être. Et celle, aussi, où il s’appliquerait le plus pour tracer ses lettres, pour qu’elles soient le plus rondes et le plus jolies possible.

Citation:
Caia

tu a vu que je sui parti parce que ce matin je sui pa venu joué avec toi
je men vé mé tu voi je técri parce que comme mème je sui triste que tu é pa avec moi
il fo que tu reste avec Isaure et Cassian pour que il soi pa tro triste et il fo que tu ler di que il fo pa me cherché
jé pri Martin avec moi et lui ossi il é triste que il a plu Paul pour joué mé je lui é di que dé foi on peu pa ètre avec cé ami et cé comme sa
mé jé laissé Tinta-Martin-tamarre alor il fo que tu tocupe de lui pour quil grandi bocou

ARNOUL

je tème


Et parce qu'il avait l'obstination et l’œil convaincant, il trouva quelqu'un pour envoyer les missives, payant des quelques deniers qu'il lui restait. Les miracles ne sont pas toujours gratuits .

Je deviendrai vagabond
Et en passant mais pas plus con
Mon cœur et mon corps à l'envie
Renaîtront petit à petit

Pour ce qui jugent ou me recherchent
Car je suis pas tout blanc ni même pâle
Je sais pas, dites leur que je me perche
Plus haut on peut mieux voir les étoiles



*Boulevard des airs - Demain, de bon matin, paroles librement adaptées.

_________________
Axelle
Va, vis et deviens.

[Bazens]


Pernette n'avait pas dû atteindre Marmande que la lettre à l'enfantine écriture avait fini sa course sous les mirettes noires de la manouche. A l'heure même où la sévérité gitane s'ébréchait, à l'instant même où, malgré la fureur et l'exaspération, l'inflexibilité reculait pour permettre un pas vers l'avant, Arnoul prenait la poudre d'escampette, claquant la porte qui s’entrouvrait pourtant. Irrécupérable. Ou gitan jusqu'au bout des ongles. Allez savoir. Au bas de la lettre, sous ce prénom voué à l'oubli, la main brune enroula quelques lettres d'une main étrangement déliée.

Citation:
Le fils de jument était assoiffé d’aventures, il était intrépide, il n’avait peur de rien… Plus il devenait beau, plus il devenait fort, plus il devenait doué avec les chevaux, plus tous les autres hommes le jalousaient et l’enviaient. Au final, cette jalousie se transforma en moqueries, en méchancetés… Ils se mirent tous à l’appeler « Gitan ».


Un instant, la manouche regarda les lettres courir sur la papier, puis, dans un soupir infime, murmura, comme si le vent suffisait à porter à la petite oreille ronde les derniers mots maternels. Me tuke phenav ake o drom oke le kanre; tu phir sar zanes. * Avec un soin ambigu, dégoulinant de la lenteur tant de la résignation que de la détermination , elle plia le feuillet pour le ranger dans un petit coffret de bois rouge qu'elle ferma à clef avant de le placer sous le regard aveugle de la petite vierge noire de bois brut, tel un rituel. Puis revenue s'asseoir dans le silence le plus absolu, prit la lettre d'Isaure qui avait suivi de peu celle d'Arnoul. Elle la déplia, sans pourtant que ses yeux ne se perdent une seconde fois sur les mots qui y étaient gravés et, d'une main paresseuse, piqua un coin du vélin dans la flamme de la chandelle ondulante sur le bureau de poirier ciré. Gourmandes, les flammes en grignotèrent les bords avant d'en dévorer le cœur. Belle débauche d'énergie pour une mort finalement si banale, au creux d'une coupe d'albâtre.

Puis, avec calme, lissa-t-elle un feuillet du plat de la main, plusieurs fois, comme si le temps se fracturait, avant d'écrire, sans relever la tête.


Citation:


A Rodrigo Casas,

Je sais que longtemps tu m'as cherchée. Je le sais car Manuel m'a tout dit. . Ce soir-là, aux abords de Dié, j'étais près de toi. Je t'ai regardé, longtemps. Mais toi, tu n'as rien vu, ou n'as rien voulu voir. Je crois que la seconde version est la bonne. Parce que depuis, tu as arrêté de me chercher. Et si tu as arrêté, ça ne peut-être que pour une seule raison. Tu m'as trouvé. Et maintenant, tu attends le bon moment pour frapper.

Et bien vois-tu, le bon moment, je ne te laisserai pas le trouver, puisque c'est moi qui viens. Je viens et je vais faire ce que tu dois attendre de moi. Depuis si longtemps. Payer. Oh, pourtant, si tu crois que je vais te payer à rien faire, tu te trompes. Je sais que tu vas renâcler, bouillir, te révolter. Mais ce n'est pas grave, car je te connais trop bien, tu es comme Lui. Avide. Tu ne pourras pas refuser tant d'argent. Alors, je ne vais même plus discuter.

Tu trouveras joints à cette lettre, mille écus. Plus d'argent que tu n'en as jamais vu pas vrai ? Tu recevras la même somme tous les mois. Mais il va falloir que tu bouges ton cul.

Il à six ans. Il s'appelle Arnoul. Il se trimballe toujours avec un patin de bois et une cape trop grande. Tu n'auras aucun mal à le reconnaître. Il a ma tronche. Ta tronche. Et donc, Sa tronche, à Lui. Ce qu'il fait, qui il voit, je ne veux pas le savoir, mais il ne doit rien lui arriver. Rien. Pas même une écorchure. Tu seras son ange gardien. Toi, un ange, on aura tout vu, pourtant, c'est bien ce que tu vas faire.

Débrouilles toi comme tu veux, suis le comme son ombre, mais que jamais il ne te voit. Et si tu es assez idiot pour te faire prendre par un môme, ne dis jamais ton nom. Ni à lui, ni à personne. Jamais. Si on te demande, dis que tu t'appelles Taloche**. Ça te va bien, tant pour celle que tu as reçues que pour celles que tu as balancées.

Bref, il est dans les alentours de Périgueux, un enfant seul, de cet âge, ça n'avance pas très vite. Magne-toi, de le renifler. T'as pas ton pareil pour ça. Il va se cacher, mais s'il est malin, il n'est pas très discret.

Tu dois savoir tout de moi, frérot. Alors si tu échoues, si tu essaies de m'entourlouper, tu finiras comme Lui. Un large sourire écarlate dessiné à ta gorge. Tu sais que je peux le faire. Tu sais que je le ferrai. Tu sais que l'argent, les récompenses et les titres n'éclairciront jamais le sang qui coulent dans nos veines. Tu le sais très bien. Le paternel est immortel.

Ta sœur.

A.




Plume posée, chandelle soufflée, bourse et lettre remises à un coursier pour faire les quelques lieux du bouge où se terrait son frère, la gitane regagna son lit, la tête vide, refusant de réfléchir à ces foutus liens familiaux auquel définitivement elle ne comprendrait jamais rien, reléguant la sécurité d'un fils qu'elle n'avait pas aimé assez pour le garder, à un frère qu'elle détestait et qui lui rendait bien. Pourtant, elle pourrait dormir sur ses deux oreilles, Arnoul ne risquerait rien sous le spectre d'un Aîné trop fier et trop cupide pour échouer.



* Traduction du romani: "Je te dis voici la route, voilà les épines ; toi, marche comme tu sais."
** Clin d’œil au film de Tony Gatlif « Liberté »

_________________
Hazell
Caia frappa le sol du talon.
Furieuse. Exaspérée. Affectée.

La petite muette cala son carnet contre son bras, et y griffonna avec rage, s'emportant en y jetant les mots avec violence, brisant la pointe de sa mine de plomb à plusieurs reprises, laissant le vent qui présageait de l'orage emporter le sable sombre et brisé en trop qui n'avait eu prise sur la vague de vélin.
Puis, avec l'expression d'une terrible menace sur le visage, elle brandit bien haut à deux mains son carnet, comme un cri violent et puissant, entre le courroux, l'incompréhension et le désespoir.


Citation:
Rovien !
Tinta Martin Tamare !

O pié si te plé !!

Foutemouye !!!


Bien que les mots ne manquaient pas de panache, fort était de constater que le chiot se montra mystérieusement indifférent, et, sans un regard vers le carnet, il continua à batifoler impoliment dans les hautes herbes, coursant un papillon affolé et encouragé par des chenilles dont il était l'idole.

Restant quelques instants encore ainsi, et tentant de frapper le tapis de verdure avec sa chausse, Caia sentit peu à peu l'abattement prendre le pas sur sa colère. Sa détermination et sa fougue furent aspirées, la laissant sans force. La gamine finit par s'accroupir et poser son visage dans ses genoux. Voilà plusieurs minutes que le chiot que lui avait confié Arnoul faisait la sourde oreille à ses ordres muets, et elle ne savait plus quoi faire. Les feuillages se secouaient sous le vent, les arbres et les fourrées aux alentours chuchotant des moqueries à son égard. La muette n'était pas bien.

Enfant des rues, elle avait vécu dans une bulle monochrome. Elle avait souvent peur, elle avait souvent faim, mais au moins on ne lui faisait plus de mal. C'était sa bulle, sa sécurité, et si tout était sinistre et loin d'être parfait, elle était convaincue qu'une autre bulle pourrait être bien pire, lui être bien plus dangereuse voire mortelle, et elle ne pensait même pas aux jolies bulles irisées, qu'une cassée comme elle ne méritait pas. Mais dans son errance, elle avait rencontré Agnès Saint-Just, qui avait su gagner sa confiance et avait su trouver les mots en planches solides, pour bâtir un pont pour elle, de sa bulle monochrome vers la bulle d'Agnès. Une bulle où Agnès lui avait fait le serment de la protéger et de faire d'elle un chevalier, pour protéger les gens comme elle.

Elle était restée sur ce pont, à mi-chemin. Agnès avait des obligations, et en attendant que son agenda s'allège et qu'elle débute son apprentissage, Caia avait repris ses errances, jusqu'à croiser la route d'Arnoul, puis celle d'Isaure qui devait amener le petit bâtard de la Josselinière à Saint-Illinda en passant par une visite pour voir Agnès. Ils restèrent tous trois ensemble, et les visages les entourant changeaient... Madeleine, Octave, Pierre, Cassian... Et sans qu'elle ne s'en fût aperçue, Isaure et Arnoul avaient construit une nouvelle bulle pour Caia, une bulle merveilleuse, faite de couleurs, de moments de joie, de moments pénibles, mais surtout de découvertes et de vie. Caia n'y comprenait pas encore grand chose, mais avoir Arnoul à ses côtés la rassurait. Il galérait avec elle à comprendre les mécanismes, et quoi qu'il arrivait, il semblait toujours savoir quoi faire et pigeait les choses plus vite qu'elle. Ils s'inventaient des jeux, ils passaient tant de temps ensemble que la blondine finit par être convaincue qu'ils ne seraient jamais séparés, qu'ils seraient toujours ensemble, et que cette bulle était la plus merveilleuse de toute. Il y eut des menaces qui voulaient faire éclater la bulle en les séparant, mais finalement, ils étaient toujours ensemble, et Caia était si bien, si heureuse de se réveiller chaque jour, qu'elle en oubliait ses cauchemars nocturnes et ses peurs.
Rien n'arrivait à les séparer. C'était ce qu'elle pensait. C'était ce qu'elle voulait.

Et puis Arnoul était parti.
Sans elle.

Elle ne comprenait pas pourquoi, personne ne lui avait expliqué. Elle avait vu que le garçonnet n'était pas bien les derniers jours, et elle avait fait de son mieux pour l'amuser. Mais ça n'avait pas suffi. Arnoul était parti, et elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne comprenait pas la lettre qu'il lui avait laissé. Et elle ne savait pas pourquoi elle faisait comme il lui demandait dans cette lettre : rester avec Isaure et Cassian, s'occuper de son dogue encore chiot.
Mais Tinta-Martin-Tamarre ne l'écoutait pas, elle ne savait pas s'en occuper. Cassian avait disparu aussi. Isaure était allée en prison, puis était tombée gravement malade, et on l'empêchait de venir trop la voir. Et chaque matin, Arnoul n'était plus là, et des bouts de glaces tranchants lui lacéraient le coeur et lui gelaient le sang. Sa bulle merveilleuse était devenue monochrome. Sinistre. Sans vie.

Le ciel explosa d'un grondement titanesque. Elle s'en ficha.

Quelque chose de chaud et d'humide vint se coller au dos de sa main. Elle releva un visage ravagé pour apercevoir Tinta-Martin-Tamarre auprès d'elle, à lui donner des coups de langue. La petite muette lui fit la même chose, puis, elle enlaça le cou de l'animal et enfouit son nez mouillé dans le pelage. Ils restèrent un moment ainsi, immobiles.

*


Ils formèrent des ruisseaux sur le parquet de la Pinardante, nourris par quelques cascades dévalant les escaliers de la taverne périgourdine. Tinta-Martin-Tamarre s'ébroua une fois dans la chambre, et Caia se laissa tomber près de le fenêtre dans un bruit aqueux, la robe et les cheveux lourds d'eau.

Elle regardait l'orage commencer à prendre fin par la fenêtre, elle entendait Archibald l'appeler pour vérifier si c'était elle. La blondine sécha ses bras sur ses couvertures, et commença à gribouiller sous la lueur blafarde de la fin de pluie dans son carnet.


Citation:
De Caia,
A Arnoul,

Lé ou Arnoul ? Va bien ?

Caia ve joé avec Arnoul, Caia ve serché dé briosses et dé bon mangé pou Arnoul. Caia ve fère sorire Arnoul.

Isaure Beaumont Wanger malade. Dana et Nicolas ve pa tro Caia va voir Isaure Beaumont Wagner. Ve pa Isaure Beaumont Wagner cimetière.

Caia a ganié épée à loterie. Fé peur Caia. Mé Caia voudré gardé épée, pou devanir chovalié et protèje Arnoul et Isaure Beaumont Wagner. Archibald jenti mé ve fère dé tresse a Caia. Caia a pa mordu tro for séte foa.

Nicolas di Arnoul roviendra. Vré ? Arnoul voudra encore joé avec Caia ? Petéte pas, peutéte Arnoul pati sans Caia passeke Caia cassé.

Tinta Martin Tamare bon sien. Jenti. Mé nul pou mangé papyon.

Caia kième Arnoul.


La blondine déchira soigneusement la page de son carnet, et la posa sur la pile qui commençait à se former à l'endroit où Arnoul dormait, et gardait ses affaires. Un pot de confiture de lait qu'elle avait fait avec Nicolas servi de presse-papier aux lettres sans adresse.

_________________
Lucie
Il est trois heure du matin. Assise dans un fauteuil à bascule qui oscille doucement, nimbée du silence doux de la nuit, Lucie, allaite sa fille nouvellement née. De là où elle se tient dans la nurserie endormie, elle peut, en dépit de la pénombre que seul un rayon lunaire crève, observer les aînés d’Eldearde. Dans son berceau, la jambe de sa peluche chevalier serrée au creux de son poing, Henri dort du sommeil des justes. A côté, dans son petit lit tendu d’un drap blanc sur lequel ont été brodés des animaux riquiquis, Nathaniel a le sommeil plus agité. Sous ses paupières les yeux roulent, sans bruit sa petite bouche sucrée s’agite. A quoi rêve-t-il ? Marchand de sable l’a-t-il porté jusqu’à un nuage sur lequel sa maman, l’Eldearde dont le nourrisson a hérité le prénom, l’attendait ?

Lucie n’a pas encore dormi, elle. Sa tête est lourde et pleine de rêveries. De ce premier nuage à quelques plus lointaines constellations, elle saute. Du chagrin indicible de cet enfant dont la mère ne voulait plus vivre à celui tout aussi cruellement lésé dont le père est négligent et la génitrice sans doute un peu dépassée, elle va. Où est Arnoul à cette heure ? Qu’égrène Petit-Poucet rêveur dans sa course ? Son auberge est-elle à la Grande Ourse ?*

Elle l’a trouvé émouvant, à Périgueux, ce petit garçon déjà paumé, avec son innocente violemment agressée par les maux des grands et son regard au noir brasier. Elle l’a trouvé bouleversant, plus tard, quand lettre à l’orthographe incertain lui est parvenue. Aujourd’hui elle trouve seulement inquiétant le silence qui entoure sa fuite. Logique veut qu’il soit recherché, on aurait déjà dû le retrouver. Alors, sans un mot, tournant seulement le regard vers le ciel étoilé, elle lance vers Dieu une prière muette pour qu’il soit aussi bien-portant que ceux à qui chaque jour, de cent gestes du quotidien, elle assure son amour et vers le môme une bénédiction secrète pour lui assurer que s’il le veut elle lui ouvrira les bras, que s’il en a besoin, auprès de ses cadets place lui est réservée.




*Référence, évidemment, à Ma Bohème de Rimbaud
_________________
Arnoul.
Assis sur un muret de pierre longeant le sable d'une plage marseillaise, Arnoul ne faisait rien. Rien, si ce n'était penser. L'enfant bougeait peu, parlait beaucoup, râlait trop, se plaignait sans cesse, et pensait, en plus. Réfléchissait, même si, parfois, certains pouvaient en douter. Se posait mille questions, comme n'importe quel enfant normal, et n'avait aucune réponse, comme n'importe quel enfant normal. Se demandait si ses parents le cherchaient ou s'ils étaient morts, comme n'importe qu... Ah non. Ça, ça lui était propre. Et certainement la bouille impassible avec laquelle il accueillait ces morbides pensées lui était propre encore davantage. S'en séparait-il d'ailleurs jamais ? Si, parfois, le temps d'un froncement de sourcils ou d'un regard noir, expression qui semblaient ne rien avoir à faire sur un visage aussi jeune et qui, pourtant, s'invitaient beaucoup plus souvent qu'un sourire. Et malgré cette apparence boudeuse, il avait actuellement à ses côtés quelqu'un qui lui disait chaque soir qu'il était adorable, ou mignon, qui l'appelait "mon petit chat", bien qu'il lui ait déjà précisé qu'il n'était pas un chat, qui l'avait serré dans ses bras, fort, si fort, cette fois où il s'était perdu. Et il y avait même l'amoureux de cette personne, qui avait bien cru qu'il les avait abandonnés parce qu'ils ne lui convenaient pas, et qui en avait été malade jusqu'à ce qu'il revienne. Drôle d'attachement. Drôle d'amour. Avait-il déjà entendu ces mots-là, ces phrases-là, de la bouche d'un adulte qui l'avait en charge ? Et n'était-ce pas trop rapide pour prétendre l'aimer ? Pourquoi eux l'aimeraient-ils, et pas les autres ? Qu'avait-il pour eux ? Qu'étaient-ils pour lui ?

Peut-être une sorte de parents de substitution. Ou de bouée de sauvetage.
Mais voilà qu'à peine trouvée, la bouée se crevait, et se dégonflait, lentement. L'amoureux ne venait plus, la mariée délaissée attendait. Elle était colère et frustration, et elle faisait semblant. Semblant de. Semblant que. Que c'était pas grave. Et parfois même, pour rigoler, elle disait qu'il était mort. Mais ce n'était pas vraiment drôle. Pas drôle du tout, même. Comment pouvait-il se raccrocher aux branches qu'il venait à peine de trouver, alors même qu'elles menaçaient de craquer à chaque instant ? Il s'était déjà cassé la gueule. Déjà trop de fois pour sept années d'existence. Il en avait marre de s'écorcher le cœur - s'il avait su que ce n'était que le début d'une longue hémorragie silencieuse ! Et ce jour-là, devant la plage, il en avait marre tout court. Il s'ennuyait, il s'impatientait de choses qui n'arrivaient pas, qui n'étaient même pas prévues. Et peut-être même qu'au fond, tout au fond de lui, il regrettait. Un peu. Jamais trop. Jamais assez. Ce n'était plus Isaure qui lui donnait à manger et le bordait le soir, c'était Svan. Oui, mais qui remplaçait Caia ? Qui venait avec lui à la chasse aux fantômes ? Qui s'amusait avec lui à ramasser tous les scarabées des environs pour faire un gros tas de scarabées et les protéger des oiseaux ? Qui donnait un coup de pied aux cailloux qui lui avaient égratigné le genoux, de rage de voir son compagnon de jeu pleurer ? Personne. Personne, personne, personne.

Il est des silences qu'on ne peut plus tenir.
Il est des absences qu'on ne veut plus souffrir.
Alors, il est des lettres qu'on finit par écrire.


Citation:
Caia

té ou ? moi je sui avec Svan et Robin mé Robin dé foi il vien pa a la taverne alor Svan elle é triste mé elle di que elle é pa triste mé moi je le sé
Martin il é toujour avec moi et Paul il é toujour avec toi ?
é Tinta-Martin-Tamarre il é bien ? èce que il a bocou bocou grandi ?

tu mécri a Arles

ARNOUL

je tème


Et la lettre de s'envoyer, le soir-même, sans difficulté, le pigeon suivi par deux grands yeux noirs sans tristesse, ou alors bien cachée.
_________________
Svan
Cette colère. C’est cette colère qui l’avait si longtemps rongée qu’elle avait retrouvée dans les yeux noirs de l’enfant. Elle se voyait à son âge. Pleine de colère et de rage. Colère faite d’incompréhension et de non-dits. Comment peut-on être si désabusé à cet âge ? Elle avait toutes les raisons de l’être à son âge. Enfin, elle le pensait. Elle était petite, brune avec des yeux d’un noir abyssal quand elle avait six ans. Et elle évoluait dans un monde fait de personnes si grandes et si blondes et avec des yeux si bleus … Elle était le vilain petit canard danois. Andersen avant l’heure. Et malgré tout l’amour qu’elle recevait, de son père, de ses frères, elle se détestait tant. Et elle se détestait encore parfois. Moins souvent … Beaucoup moins. On se lasse de haïr le monde entier, de vouloir se battre contre les autres, contre soi-même. On apprend à accepter les défauts des gens et les siens. Pas le choix. Alors quand elle avait rencontré ce petit homme avec son aplomb et ses airs de chat sauvage, elle n’avait pas pu s’empêcher de lui tendre la main. Elle avait imposé sa présence aux autres et de toute façon, ce n’était pas négociable. Robin avait accepté sans broncher, il savait qu’il était impossible de lutter contre son épouse quand cela concerne les enfants malheureux qu’elle prenait sous son aile. Et d’aile, il offrait la sienne. Lui qui ne voulait pas d’enfant, lui qui n’avait jamais réellement imaginé s’occuper d’eux. C’est tout naturellement qu’il s’inquiétait pour eux. Quand elle lui avait dit quelques jours plus tôt que ses absences répétées rendaient Arnoul inquiet, il lui avait asséné comme un reproche : « Et depuis quand je suis père de famille ? » Et ce qu’elle avait pris pour un reproche à son encontre à elle, était en fait contre lui-même. Il lui avait expliqué qu’il se sentait mal de ne pas être assez présent pour le petit et pour elle aussi.

Tout cela avait commencé quand elle lui avait expliqué qu’elle avait payé la moitié de son mariage avec Zilo. Et depuis le début, il tente en vain de se différencier de lui … Sauf qu’il lui ressemble. Dans ses bons côtés. Mais il veut tant faire en sorte de ne pas lui rappeler, qu’il se tue à la tâche pour qu’elle n’ait rien à payer, rien à faire. Et qu’il en devient un mari absent. Il se lève à l’aube pour travailler, revient tard dans la nuit, épuisé. Et Svan était devenue Fanette. Oh seulement deux jours. Elle avait tu les absences qui commençaient à la peser. Les nuits seule avec Arnoul et Tartine. Et Martin ! Qui aussi petit soit-il prenait une place importante dans leur vie et dans le lit. Faire semblant que tout va bien. Et sourire.

Sauf qu’on ne dupe pas Arnoul si facilement.
Parce que les câlins sont différents depuis quelques jours.
Le nez s'enfouit dans la tignasse brune tandis qu'elle le serre contre son coeur.
Assis sur ses genoux.
Ne lui avait-il pas dit que les câlins, c'est quand on a le cœur lourd ?
Et ces derniers jours, son cœur était lourd d'absence.

Alors pour qu’elle n’attende pas des heures durant le retour du mari, il lui avait dit qu’il ne pouvait pas dormir seul. Il s’inventait des peurs pour qu’elle vienne avec lui. En pleine nuit, il venait la chercher pour qu’elle ne soit pas seule. Il était là. Lui. Et ça avait fendu le cœur de la danoise. Littéralement. Elle ne pouvait pas lui faire peser ça sur ses petites épaules. Il n’était pas là pour ça, il ne devait pas faire ça. Alors le lendemain, elle s’était confiée. A son ex-mari. Il lui avait écrit une lettre si adorable qu’elle lui en voulait d’être si gentil alors que ça aurait dû être son mari qui le soit. Mais les absents ont toujours tort. Et toute la journée, ils s’étaient écrit. En toute amitié ? Elle ne savait pas réellement comment définir leur relation qui a toujours été très compliquée. Faite de sous-entendus que personne ne comprenait jamais. Mais s’ils avaient pu se haïr si fort, à présent, tout semblait mieux aller entre eux et il lui avait promis de toujours être là pour elles. Pour sa fille mais aussi pour elle. Alors elle lui avait dit que ça n’allait pas très bien mais sans en dire plus. Et il avait été parfait dans le rôle qu’elle lui attribuait. Celui de la faire sourire. D'accepter de nouveau leur complicité innée. De lui donner un coup de pied au cul pour la faire réagir. Comme il l’avait toujours fait.

Et Svan avait ri. Des vrais rires qui sortent du plus profond de soi.

Et ce soir quand Arnoul la rejoindrait, encore inquiet de la voir seule, elle lui offrirait un vrai sourire. Et ce soir quand Arnoul s’inquiéterait de l’absence de Robin, elle lui dirait que c’est pas grave. Que tout va bien. Parce qu’elle a quelqu’un sur qui elle peut toujours compter. Et qu’elle serait aussi toujours là pour son petit chat. Même si un jour, il décide de s’en aller.
Hazell
La petite muette écarquilla les yeux.

Un long filet d'air d'étonnement s'échappa de sa gorge.
Elle passa les doigts sur l'encre séchée, vérifia que le courrier n'avait pas déjà été lue, décomposa les lettres écrites, maladroites, familières, les rassembla, souffla encore.

Puis elle sautilla dans la chambre encore sommaire, où trônaient juste le strict nécessaire mobilier et leurs malles. La blondine sautilla, sautilla, la lettre contre son coeur, bondit sur le lit, rebondit sur le lit, sautilla, sautilla, descendit du lit, remonta, descendit, buta contre un obstacle indéfini, chuta, roula, se releva et sautilla encore.
Au bout d'un moment, elle finit par tourner la tête à gauche et à droite, puis se mit à la recherche de quoi écrire une lettre en envoyant tournoyer des affaires quelconques d'un coin à l'autre de la pièce, puis se posa, essoufflée, effervescente, le coeur affolé de joie, et commença à écrire. La gamine plissa les yeux et renonça à écrire.
Elle se rendait compte qu'elle n'avait pas encore lu la lettre d'Arnoul.

La pauvre lettre était arrivée à la Pinardante, à Périgueux, le lendemain du soir où Isaure, encore convalescente, était réapparue comme dans un rêve lynchien, et avait sommé Caia de plier bagage car la Beaumont avait décidé sur un coup de tête de la ramener à Agnès à Toulouse, investie d'une mission sacrée. Et en toute logique, Isaure avait ramené Caia avec elle, et était devenue sa Maman.
Les lettres à leur adresse durant leur absence s'étaient empilées à la taverne, et Isaure n'avait pu faire le tri, ayant eu peu de temps pour se préparer à son ordination, qui en toute logique n'en fut pas vraiment une. L'esprit ailleurs, un nouveau voyage s'organisa rapidement, et ces lettres non-lues furent ficelées ensemble et embarquées, alors qu'Isaure et Caia prenaient la route pour l'A&C pour rejoindre Octave. Et lors des retrouvailles, en toute logique, Caia apprit qu'Octave était son père, si elle le voulait.

Ce n'est qu'après avoir gagné la chaumière d'Octave qui y passait peu de temps et qui était peu meublé, que le petit paquet de lettres oubliées réapparut, au détour d'une fouille archéologique dans une des malles de voyage à la recherche de la paire de chausses perdue. Oubliant sa quête initiale, curieuse, Caia mordit dans la ficelle, puis regarda une à une les lettres et les noms, jusqu'à tomber sur la lettre d'Arnoul.

Et après lecture et relecture et trilecture et soupirs et grand sourire et secouage joyeux de Bleuet qui passait par là et n'avait rien demandé, Caia se mit à répondre.

Citation:
Arnoul !
Arnoul ! Arnoul !
Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arounl ! Aounrl ! Arnoul ! Anroul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Alourn ! Amourl ! Arnoul ! Arnoul ! Arnouuuuul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Anruol ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Noul Noul ! Noul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnoul ! Arnounoul ! Arnoul ! Arnoul !
Bojour.

Caia contente lire Arnoul !
Caia chez Octave à Saint-Bertrand-de-Comminges, dans Armagnac&Comminges, avec Isaure. Isaure est Maman Caia elle a di et Octave Papa Caia. Isaure et Octave von marier 4 août. Après Caia va baptème et après poura marier Arnoul !

Qui cé Svan et Robin ? Caia coné ? Poucoi vien pa taverne ? Ya peur fantome ?

Paul tout blan. Guillemette a froté dans l'eau.
Tinta-Martin-Tamarre bien. Sé assis, tourner, mé touletan fatiké. Graaaan. Plus gran Bleuet. Tinta-Martin-Tamarre suit partou Bleuet.

Caia envoi lettre à Arles. Arnoul écrit encore Caia si teplé. Caia téleman contente. Arnoul di Caia ou écrire apré. Arnoul vien mariage Maman et Papa ? Di oui ? Caia a plin brioche pour Arnoul et cado.
Abasael a apri Caia fére bato et Jades a doné Caia petit choval pour Arnoul.

Bizou.
Caia. Et dé fois Constance-Raphaëlle. Maman et Papa pa dacor.
Aime for for for Arnoul.

Arnoul, Arnoul. ♥


Elle joignit le mot avec un bateau en papier plié, un petit cheval en bois, et une cuillère au manche se finissant en tire-bouchon.
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