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Crockdur rejoint la famille !

[RP] L'Homme est le meilleur ami du chien*

Samsa
    "Bulldogue, fox, et carlin et labrador,
    Colley, retriever et doberman voleurs.
    Husky, dalmatiens, Saint-Bernard et teckel,
    Bâtard, beagle, cocker, épagneul :
    Je veux un chien."**



Elle ne faisait même pas exprès de savoir où Shawie se trouvait. Elle ne demandait rien mais partout, on signalait son passage, on faisait part des inquiétudes, on augmentait les tours de garde; Cerbère pouvait la suivre à la trace. C'est d'ailleurs ce qu'elle faisait, juchée sur Guerroyant, son Cleveland Bay à la bricole fleurdelisée en signe de son statut d'officier royal. Un statut finalement sans grande importance puisqu'il n'empêchait pas d'être considéré comme des moins que rien, de vulgaires brigands et autres joyeusetés injurieuses. Samsa constatait avec angoisse et consternation l'obscurantisme dans lequel s'abîmait la France dans quelques sombres mains, et si cela entachait cruellement son espoir et son énergie, elle n'en abandonnait pas moins l'idée de se battre pour ce vaste royaume. Elle savait qu'un jour, elle parviendrait à le remettre dans le droit chemin à l'issue d'un âpre combat dont la partie la plus difficile serait de simplement le commencer. D'ici là, elle tâchait de laisser dans son sillage l'aspiration à l'honneur et aux valeurs. Ceci n'était pas un acte très complexe car Samsa avait un panache évident.
De taille moyenne, de carrure charpentée et de morphologie trapue, Samsa semblait légèrement qualifiable de petite sans pourtant l'être. Ses épaules larges et son dos, long et robuste, lui permettaient de porter une cotte de maille en permanence sous sa chemise grise. Des gantelets de combat, de cuir sur la paume et de métal sur le dessus, couvraient toujours ses mains dont la gauche était scarifiée et dont la droite était sensiblement calleuse à force de manier l'épée, toujours à sa hanche gauche. Quelques fois, elle portait des cuissots sur ses cuisses courtes mais à la puissance explosive, habillées de braies blanches aussi célèbres que sa cotte de maille. Elle avait une démarche martiale qui faisait claquer ses bottes noires où qu'elle allait et le fait qu'elle se tienne toujours très droite renforçait chez elle ce sentiment d'autorité et de fierté naturelle. En sus, le visage de Samsa, bien qu'avenant, avait une majorité de traits figés dans une immobilité dont on ne saisissait pas bien l'origine mais qui lui donnait un air faussement détaché. Ses yeux étaient petits, d'une couleur brun sombre, et enfoncés sous des arcades sourcilières marquées, soutenant magnifiquement sa vivacité et lui conférant l'expression ouverte dont manquait son visage. Ses lèvres, fines et de belle couleur, semblaient toujours sourire un petit peu aux extrémités de façon tout à fait inconsciente et habillant d'un peu de joie la jeune femme à l'air faussement austère. Ses cheveux, d'une couleur hésitant indéfiniment entre le brun et le roux, ondulaient légèrement jusqu'au bas de ses omoplates et ne cachaient nullement son visage, ni la tempe droite marquée d'une courte cicatrice, ni le sourcil gauche marqué au-dessus d'une estafilade sombre à l'instar de la joue du même côté.
A vingt-six ans maintenant, il était difficile de déceler chez Cerbère une quelconque marque de fatigue physique, malgré ses nombreux combats tant guerriers que politiques. Ou même sentimentaux. Elle semblait, au contraire, toujours heureuse de ces incessants rapports de force dont elle sortait rarement vaincue. Un fait qu'elle ne devait pas qu'à sa force morale puisque, il fallait le dire, elle bénéficiait de beaucoup de chance qui venait sublimer un talent certain pour la navigation diplomatique.

Tout le monde, jusqu'à elle-même, savait qu'elle irait loin dans la vie et dans son destin.
Mais certainement pas dans ses voyages.

Contrairement à Shawie qui s'apprêtait à partir pour la grande quête à l'Est histoire de s'emparer du butin du Grand Khan, un butin que Samsa imaginait bien maigre par rapport à l'investissement, Cerbère rechignait à quitter la France, non seulement à cause de son poste de Prime Secrétaire Royale mais également à cause de ses incessants déplacements ayant pour but la visite de ses amis et l'avancée dans son œuvre idéologique. Ainsi, l'Espagnole s'en irait, et la Bordelaise resterait. Mais il y avait des étapes avant cela et parmi elles, les au revoir.

Le soir tombait doucement sur la moitié nord de la France. Le ciel se colorait peu à peu de rose et de violet, couleurs légèrement nuancées du blanc cassé des nuages étirés et épars qui dévoilaient les premières étoiles. Samsa chevauchait dans un petit bois pas bien serré, tenant dans la main droite, en même temps qu'une de ses rênes, une laisse qui la reliait à un chien. Celui-ci, mastiff légèrement différent de ceux alors connus, le devait à son croisement avec un bulldog. D'une hauteur actuelle de deux pieds, soit soixante-quatre centimètres, il était encore jeune adulte et atteindrait, à sa taille adulte, deux pieds et un demi-pan, soit soixante-dix-sept centimètres environs pour peser sans forcer les soixante-cinq sinon les soixante-dix kilos. Sa robe était bringée à majorité sombre et ses oreilles pendaient autant que ses babines. Il était ce qu'on pourrait aujourd'hui qualifier de croisement entre un dogue allemand et un fila brasileiro. Il trottinait d'un air pataud à côté de Guerroyant pendant que Samsa, au lieu de guetter les bords du chemin pour dégainer l'épée au moindre danger de type brigand, observait le haut des arbres. Elle n'avait pas peur, en témoignait son bouclier sanglé à sa selle plutôt qu'à son épaule gauche comme elle aimait le porter. Elle tira sur les rênes à quelques mètres seulement d'un haut assemblage de branches d'arbres qui formait comme un abri de la pluie. Cerbère se pencha sur sa selle pour essayer de distinguer une silhouette installée à ce poste mais, n'en voyant aucune, mis pieds à terre et conduisit ses compagnons dans les bois, quittant ainsi le chemin pour s'enfoncer à l'inconnu. Soit disant.
Elle connaissait les techniques de Shawie, elle les avait vu. La technique de l'asticot ne serait pas au goût du jour puisque la nuit tombait et que la route était trop étroite pour un passage de charrette : l'Espagnole finirait écrasée dans le cas inespéré où un convoi s'aventurerait. Les hautes et longues branches étaient en revanche plus propices à un "Ange Déchu", cette chute totalement disgracieuse quand réalisée par Shawie et qui semblait plus avoir pour but de briser les vertèbres du malheureux passant en dessous que de le mettre au sol pour lui prendre sa bourse. Cerbère en avait fait les frais lors de leur première rencontre et elle ne pouvait pas nier l'efficacité de la chose lorsqu'elle avait été projetée au sol, écrasée comme une part de flan sous la patte d'un éléphant et coincée ensuite par le poids de l'Espagnole qui, elle, avait profité de Samsa comme d'un parfait matelas d’atterrissage amortissant. Nul doute donc que Shawie travaillerait ainsi cette nuit. Elle n'était simplement pas encore installée.

La Prime Secrétaire Royale attacha Guerroyant à un arbre et son mâtin-mastiff à la selle de celui-ci. Continuant de s'enfoncer seule, elle parvint à un petit campement sommaire et un sourire se dessina sur ses lèvres. Aucune preuve ni certitude qu'il s'agissait de celui de Shawie mais Cerbère était réputée téméraire. C'est donc tout naturellement qu'elle s'approcha de la tente apparemment déserte et d'où n'émanait aucun bruit ni mouvement pour passer la tête à l'intérieur, avec une impulsivité et un enthousiasme typiques.


-SALUTÉ PARDI !


* = citation de Paul Carvel
** = paroles traduites de Pet Shop Boys - I want a dog

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Shawie
Mystérieuse, ancestrale, sauvage ou à conquérir, la forêt fascine, effraie, attise la convoitise. La "civilisation" s’est construite contre, à côté mais aussi avec ces espaces largement inconnus et étranges. Lieu d’exil, de refuge et spiritualité, terrain de chasse et de jeux, la forêt nourrit l’imaginaire.

Il n'avait pas fallu la convaincre plus que de raison pour qu'elle dise à cette quête. Les on dit sur cette quête la rendait légendaire et donc inaccessible. Toussa pour un œuf. Qui aurait pu penser qu'un maudit œuf acheté 1 écu était le point de départ d'une très grande aventure. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. L'Espagnole avait donc tout laissé tomber du jour au lendemain suite à la condamnation de son amie Satyne, Sha avait tout plaqué, revenant sans doute à la raison ou à la folie dirait certain. La Gamine vivante de sa presque pendaison, l'Espagnole se jura profondément de ne plus la laisser seule trop longtemps. Éviter de mourir deux fois serait un bon plan pour l'avenir. La joyeuse bande traversa et avala les chemins nuits et jours pour atteindre le but ultime que de la gloire future. Comme tout bon trajet en groupe, le convoi était devenu un bébé convoi pour fini par être un fœtus. Sous entendu, ils partirent à 20 et elle se retrouva à 2. Chose tout à fait normal que n'importe quel voyageur digne de ce nom ne pourra contre-dire.

Khân nous voila à grandes enjambées. Sha avait hérité d'une présence bien étrange. Une aveugle. L'aveugle, infirme et handicapée qui pourtant ne c'était trompée qu'une fois à un croisement. Contrairement à d'autre. C'est le monde à l'envers.

L'aveugle avait pour habitude de rester silencieuse au grand bonheur de l'Espagnole qui détestait faire la conversation pour ne rien dire. C'est ainsi qu'elle se retrouva sous une toile de tente trouvée là par hasard et qui était plutôt pratique. Alors qu'elle entendu du bruit aux alentours de son campement de fortune, Sha quitta presto sa toile de l'autre côté -par un petit trou fait par ses soins- et se baissa. Arme dégainée, cheveux attachés pour la praticité de l'attaque, foulard sur la tronche et bien sur, son tricorne visé sur la tête, elle contourna son repaire du soir pour s’enquérir de qui pouvait venir l'emmerder même en forêt.



Dégage d'ici sale en ... Voix plus grave que la normale, timbre de voix familière, un bruit de gling gling certainement dû à un attirail métallique, "pardi" reconnaissable entre milles. Mah putain Samy, j'ai failli t'embrocher comme un goret !


Dit elle en baissant son foulard et soupirant.


Par tous les seins jeu de mot voulu ! Qué viens tu faire ici ? N'es tu pas au courant qué la Bourgogne n'est pas très amicale et qu'on sé trouve pas loin d'eux ? Comment m'as tu retrouvé ... ? Mé faire pas croire qué tu m'as reniflé depuis l'Alençon quand même ?
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Samsa
    "Si les cieux et l'enfer décident
    Qu'ils sont tous les deux satisfaits,
    Illuminent leurs panneaux "complet";
    S'il n'y a personne derrière toi
    Quand ton âme embarque :
    Je te suivrai dans les ténèbres."*



Cerbère eut tout juste le temps de constater l'absence d'une quelconque présence dans la tente et d'afficher une moue déçue avant qu'on ne la menace par derrière. Malgré la pointe d'accent reconnaissable dans cette courte phrase interrompue, Samsa se retourna vivement, prête à mettre un poing si jamais ce repaire n'était pas celui qu'elle pensait. Mais bien plus que la taille de son agresseuse ou son accent, Samsa reconnu immédiatement le chapeau puis son surnom et afficha un nouveau sourire grimpant jusqu'aux oreilles. Elle prit son temps pour détailler le visage de sa compagne pendant que celle-ci exposait ses questions, s'assurant du même coup qu'aucune nouvelle blessure n'était venue s'ajouter à son compte déjà grand.

-Parle pour toi pardi, moi il n'y a que le Lyonnais qui ne veut pas de moi té. De toute façon le duc n'est qu'un pisse à foutre té.

La Prime Secrétaire Royale haussa légèrement un sourcil pendant un court instant avant que ce ne soit une épaule et qu'un sourire en coin ne s'affiche sur ses lèvres, début de justification à des paroles qu'elle ne se serait guère permise sans une situation anormale.

-Il a dit que je faisais partie d'une bande de cornichons pardi, alors s'il a le droit de mal parler d'une officier royale té, moi j'ai le droit de mal parler d'un duc pardi !

Enfin bref ce n'était pas le sujet té.


Le sujet abordé était ridicule, d'autant plus qu'officiel, et Cerbère ne tarderait pas à le prouver. On l'avait muselée mais elle avait encore deux gueules et ne manquerait pas de le faire savoir pour rendre la Justice à l'Honneur et aux Valeurs.
Elle remit en place le tricorne de Shawie avec un sourire et alla s'asseoir sur un arbre mort non loin tout en répondant aux questions de l'Espagnole.


-Je te renifle depuis bien plus longtemps que l'Alençon pardi, on suit ton odeur à des lieues à la ronde té. Tout le monde sait par où tu passes té, je n'ai eu qu'à suivre les traces pardi. Et à lever les yeux té. De toute façon je sais toujours tout, tu le sais bien té.

Samsa lui adressa un sourire tendre avant de regarder les branches pour lui expliquer d'un regard où elle voulait en venir avec cette histoire de yeux en l'air. Cerbère avait une excellente mémoire et si son apprentissage était parfois difficile à cause de son entêtement, elle savait, d'autres fois, s'adapter à une vitesse remarquable lorsque aucun obstacle ne venait encombrer le chemin de son amélioration. Ainsi, ses acquis étaient sûrs et lui permettaient, entre autre, cette ramification de relations qui lui assurait un pied-à-terre en tout domaine de savoir, dans toute la France. C'était d'autant plus facile quand on était Prime Secrétaire Royale.
Elle sortit une miche de pain et une carotte de la petite sacoche à sa ceinture et les partagea chacun en deux pour en proposer une moitié à Shawie.


-Je suis venue parce que tu me manquais pardi. Je voulais te revoir pardi. Et puis, te connaissant, tu serai partie sans me dire au revoir té ! C'est très impoli té.

Samsa retira son gantelet droit et approcha sa main pour caresser tendrement la joue de Shawie. Elle était fraîche à l'approche de la nuit tombante, et Cerbère en suivit les formes et les courbes dans une caresse qui ne s'étalait pas mais semblait faite pour bercer. Lentement, l'index prit la part du pouce et fit le tour du visage espagnol, des tempes au nez en passant par le front et le menton. Aucune parcelle ne fut épargnée par la pulpe glissant avec une douceur insoupçonnable mais pourtant bien réelle pour la Cerbère trapue et bourrinne.

-Il n'y a rien que je puisse dire qui te ferait changer d'avis té ? Le fait par exemple que tu seras dans un désert pendant des mois té ? Que tu ne couperas aucun bois té ? Que tu risqueras de te prendre trois armées par semaine sur le nez pardi ? Que tu vas te ruiner pardi ? Que tu vas regretter sitôt le pied posé en Italie pardi ? Que là-bas, y'aura Yohanna pardi ? Que vous n'êtes pas assez nombreux té ? Que le butin n'en vaut sans doute pas la peine pardi ? Que tu vas mourir de faim pardi ?
Vraiment rien té ?


La carte cachée "Yohanna" avait été glissée subrepticement entre toutes les autres raisons pour avoir un poids inconscient. Samsa savait qu'un différent non-négligeable éloignait les deux femmes et que si elles ne se sautaient pas à la gorge pour s'entretuer, elles n'avaient en tout cas aucune intention de s'offrir des fleurs. Il était très mauvais de combattre un ennemi quand on n'appréciait pas ses compagnons d'armes. C'était, en vérité, la pire chose à faire : mieux valait y aller tout seul que d'avoir l'esprit occupé par une possible trahison, même si Samsa n'imaginait aucune des deux femmes capables de ceci, quand bien même Shawie dirait que Yohanna avait déjà montré le contraire.
Samsa n'était pas venue trouver Shawie en pensant la faire changer d'avis. Elle savait bien que quand l'Espagnole avait quelque chose en tête, elle ne l'avait pas ailleurs, d'autant plus que Cerbère n'avait rien de mieux à lui offrir en échange : aucune grande aventure, aucun trésor. Si encore elle avait eu un trèfle, elle aurait pu monnayer l'annulation du départ de Shawie, elle aurait pu même lui faire décrocher la Lune tant sa compagne rêvait de posséder cette herbe, mais même pas ! Qu'est-ce que, cependant, cela lui coûtait-il d'essayer ? Peut-être aurait-elle dû bourrer Shawie mais Samsa n'y avait guère pensé, trop loyale pour avoir ce genre d'idée sans y réfléchir profondément.


-Rien de rien té ?


* = paroles traduites de Death Cab For Cutie - I follow you into the dark

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Shawie
Bref alors.

Leur relation avait toujours été spéciale. L'attachement était quelque de compliqué surtout quand les deux comparses n'ont pas du tout le même mode de vie. Le jour et la nuit qui finalement, s’emboîtent plutôt pas mal dans tous les sens du terme. Puis finalement, cette liberté accordée à chacune était peut être le seul moyen pour que tout ceci puisse marcher.



Bien sur qué je serai partie sans rien dire. Comme toujours. Jé ne sais pas dire au revoir.
C'est pas impoli, j'dirai juste qué ça aide au détachement tu vois. Ça évite qué tu me pleures dans les bras ...



La moitié de pain fut acceptée puis déposée sur un caillou. La carotte en revanche fut accueillis par une grimace. Jamais elle ne comprendra cet amour pour ce légume
horriblement dégueulasse en bouche.



H ... elle est venue me voir cette enfoirée. Jé te jure, la honte, elle en a pas assez cette andouille. Elle voulait m'acheter mon œuf. Jé te jure. Jamais je l'aurai vendu à quiconque et encore moins à elle. Si j'la croise la bas, jé l'enterre vivante. J'comprend pas trop porqué tu l'apprécies alors qu'elle bouffe à tous les râteliers. Vraiment, j'comprend pas ton amitié pour elle.


L'affaire H n'était pas finis. Affaire à suivre.

Tout le reste de l'argumentaire de Samy passa à la trappe. Cette quête, elle la ferrait quoi qu'il lui en coûte. C'était excitant de devoir un désert, de combattre des tempêtes de sable, de lutter contre la faim mais surtout contre la soif. Une petite gourde de rhum achetée pour l'occasion ferrait la fierté de sa propriétaire à sa ceinture. L'Espagnole finit par lâcher un rictus qui se transforma en sourire. Depuis bien des semaines sa compagne n'avait pas eu l'occasion de poser ses mains sur elle. Elle soupira presque de plaisir à cette sensation devenue étrangère.



Lé butin, c'est d'avoir fait cette quête. Jé n'a pas besoin d'écus.

Rien dé rien Sam. La vraie question c'est dé savoir porqué né viens tu pas avec nous ? Toi qui est si fière dé tes talents dé combattante, dé guerrière et j'suis certaine dé barbare dans l'fond. Porqué né viens tu pas prêter ton épée pour lutter contre cé grand con dé Khan ? Tu serais comme chez toi ... dans un bain dé sang !

Vraiment pas tentée ?

Qué fais tu dans les bottes d'une Reine ? Tu devrais lui prendre sa place, tu serais bien plus utile sur le trône qué dans l'ombre. Foi d'moi, Samy, tu dois prendre ... tsss.



Sans finir sa phrase, elle déposa presque pudiquement ses lèvres sur les voisines, une main déposée sur la joue de la presque rousse et resta ainsi quelques secondes qui pouvaient paraître de longues minutes à quiconque les verrait. Puis l'Espagnole tenta de glisser une main sous la chemise.


Mé dit pas qué tu as gardé ta cotte avec ces chaleurs ?
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Samsa
    "Oh, oh,
    La Folie Arcadienne.
    Celle que l'on aime,
    Celle qui nous éloigne de nos problèmes.
    Oh, oh,
    La Folie Arcadienne."
    (Arcadian - Folie Arcadienne)


-Comme s'il était dans mes habitudes de pleurer pardi.

Samsa sait bien que Shawie ne le pense pas, qu'elle le dit pour donner une justification à sa façon de partir, de ne pas aimer les au revoir. Cerbère, à l'instar de sa compagne, n'est pas une femme qui se plaint ou qui exprime ses faiblesses. Elles avaient certes des modes de vie différents, sans doute opposés, mais elles étaient faites de la même trempe, celle qui plie difficilement et ne rompt jamais. Et revient dans la face une fois qu'on les libère de leur pression; ça c'était le cadeau bonus pour ceux qui avaient tenté de se mesurer à elles.
Cerbère mange un morceau de carotte pendant que Shawie vide un peu de son sac sur Yohanna. Samsa n'y prête pas vraiment d'attention, elle se doute que ce sont plus des menaces qu'autre chose. Peut-être à tort. Aucune réponse ne vient satisfaire l'interrogation de Shawie sur pourquoi Samsa était amie avec la Hache. Tous, un jour, lui avait déjà demandé pourquoi elle était amie avec un tel, ennemi de l'autre. Parfois, on la traitait d'hypocrite pour ses multiples amitiés qui collaient à la règle "amie de tous, amie de personne". Pourtant, force était de constater que Cerbère était bien amie de tous, sans distinction aucune de rang, d'origine ou de profession, simplement parce qu'elle savait apprécier les valeurs des gens et que ceux-ci le lui rendaient bien. Mais cette multiplicité, cet avantage que certains qualifiaient de duplicité, faisait parfois grincer des dents. Aujourd'hui, c'est toute la haute-sphère royaliste qui grinçait des dents et Cerbère comptait bien s'imposer.

Au petit jeu de la persuasion, c'est au tour de Shawie de jouer. Elle aussi essaie de convaincre Samsa de venir, de ne pas rester mais, sans doute, elle aussi sait que la Bordelaise ne changera pas d'avis, pour des raisons aussi pratiques que caractérielles. Son discours s'interrompt cependant d'une manière bien appréciable, lèvres espagnoles sur celles françaises dans un baiser absent depuis trop longtemps. Le coeur royal s'arrête, implose, ou bien explose, tout est si puissant, quelle importance après tout ? Les yeux sombres se ferment, délaissent tout devoir de vision pour ne plus permettre au corps que de ressentir, répondre au baiser, ne plus le lâcher, plus jamais lui semble-t-il. Les mains deviennent discrètement baladeuses; au diable ses compagnons à quatre pattes attachés, ils passeront bien la nuit ainsi. Au diable les gens, le monde, les devoirs, les idéaux, les grands destins et les longues aventures; pour cette fois, Cerbère n'a pas l'intention de s'interrompre pour quoique ce soit car elle compte plutôt profiter de sa compagne, là, maintenant, de leurs retrouvailles qui lui creusaient violemment le coeur tant elle les attendait.
Mais chaque couple a son tue l'amour et celui des deux femmes, c'était la cotte de maille de Samsa qui vient, une fois de plus, s'immiscer dans leur élan. Cerbère ronchonne contre les lèvres aimées avant de reculer son visage pour se permettre de parler.


-Si pardi. J'ai failli finir comme un poulet grillé té, mais au moins j'étais en sécurité pardi !

Je ne peux pas partir pardi, tu le sais bien té, je suis Prime Secrétaire Royale té, j'aime servir pardi.
Je t'ai toujours dit qu'un jour, je serai reine pardi. Déjà que je compte l'être en faisant un hold-up historique pardi, je ne peux pas me permettre de quitter la scène aussi longtemps té...
Et puis tu sais pardi, ça ne m'intéresse pas d'aller taper des étrangers que je ne connais pas pardi. Ce serait combattre sans rage té, ce serait laid, et même idiot pardi.


Assez parler maintenant, il fallait reprendre les affaires où elles en étaient. Samsa reposa ses lèvres sur celles de l'Espagnole, reprenant leur baiser où elles l'avaient laissé mais c'était trop tard, l'esprit de droiture bordelaise avait eu le temps de s'immiscer. Connard.

-Je ne te laisserai pas travailler cette nuit té... Ni cette nuit, ni demain, ni celle d'après, ni aucune autre même si j'veux pardi...

Mais avant té, j'ai quelque chose pour toi pardi.


Samsa lui reprit un baiser avant de se lever en lui tenant la main pour l'inciter à la suivre. Shawie sur ses talons, elle retrouva Guerroyant et le chien typé mastiff. Celui-ci, allongé sur le flanc, s'assit à l'approche des deux femmes, un petit air de bovin sur la face à cause de ses babines et oreilles pendantes qui affaissaient aussi ses yeux, un peu, lui donnant un faux air de mollasson-flasque, complètement démenti par sa morphologie certes lourde mais athlétique et secrètement agile.

-Je te présente Crockdur pardi !

Le chien, déjà belle bête, manifesta de l'attention en entendant son nom, entrouvrant une gueule qui, en cette position, dévoilait toute la puissance du dispositif naturel de la race.

-Il a trois ans pardi, c'est un mastiff croisé bulldog té. Il a aussi du sang de grand dogue té, c'est pour ça qu'il est aussi imposant pardi. C'est un chien taillé pour la défense, la garde et le combat pardi, il te protègera de tout et n'importe quoi, et n'importe qui, té. Et puis... C'est un peu comme si je venais avec toi comme ça té.

Samsa esquissa un sourire, caressant la large tête de Crockdur qui était venu contre les jambes de la semi-rousse à force d'entendre un mot particulier. Dans l'obscurité tombante, et tout juste levé, l'animal ne bavait pas trop ou, tout du moins, cela ne se voyait pas. Il s'avèrerait cependant digne de sa race sur le taux de bave à la minute et, à contrario, loin des caractéristiques de ses ancêtres, il s'avèrerait sans courage ni indépendance affective, se transformant en un pot de colle inutile, du moins en terme de protection. Des vices cachés que personne ne savait encore mais qui seraient contrebalancés par une parfaite docilité. A part pour l'ordre d'attaquer...
Samsa tendit à Shawie la laisse avec un petit sourire.


-Tiens pardi. Il est à toi té.
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Shawie
Comme un soufflet qui redescend, elle aurait été déçue si Samy se baladait sans cette maille infernale qui aurait raison d'elle un jour. En plus d'être encombrant et moche, cette chose immonde était un tue l'amour sans nom. Elle aurait donné n'importe quoi pour en défaire Samy mais la dite ne trouva rien de mieux que de la traîner plus loin. L'esprit bien loin d'imaginer la "surprise", l'Espagnole pensa desuite à une nuit pour réaliser de nombreux fantasmes goûter chaque parcelle du corps offert, croquer un petit bout, embrasser, effleurer, jouer, profiter quoi. Titiller au plus profond de son âme, ce simple baiser avait ravisé une flamme éteinte. La chaleur des lèvres Cerbertienne lui avait redonné un goût insatiable pour la chaire humaine. Imaginant une partie de jambe en l'air derrière un buisson, elle suivit sans broncher, se permettant même de reluquer cette donzelle offerte sur un plateau. Mais nenni. Un second ascenseur émotionnel en pleine poire.


C'quoi ça ?


Un chien bien sur. Qu'allait elle foutre avec était la question principale. Il avait la carrure d'un poney -exagération- et des pattes d'un ours qui ne présagé rien de bon pour la suite de la croissance de la bête. Des chicos acérée à défaire un homme -au moins !- Des oreilles totalement disproportionnées cachant vulgairement les petits yeux de la bête. Possiblement un taux de bave atteignant les 300% mais ça, elle ne le savait pas encore.


Tu m'offres un clebs pour qué je pense à toi ... tu aurais mieux fait dé mé filer un dé tes bas.


La laisse dans les bras, l'animal ne tarda pas de commencer à se coller à ses jambes et bientôt à renifler son cul. Un regard béat croisa l'animal et donc la nouvelle propriétaire. Un regard stupide qui annonçait doucement la suite de leur aventure. Ce chien avait une tête de benêt. A défaut d'être intelligent, il était gentil. Le mal du siècle.

Crockdur. Ainsi soit il.



Qué veux tu qué jé foute d'un chien dans lé désert ? Pardonne moi cette réaction qui me semble quand même vachement justifiée !


Chien, Sam, chien, Samy, regard vitreux de l'animal, regard noir de l'Espagnole vers sa compagne.


Jé sens bien qué ça té fait plaisir dé m'offrir ça. J'le sens bien mais j'ai du mal à accepter le cadeau comme un cadeau. J'vois plutôt ça comme un boulet qué j'vais me trainer dans l'optique bien sur ou cette ... chose daigne avancer. J'vois bien qué ça té fait plaisir tu vois alors j'essaye de relativiser lé truc ... c'comme si t'offrais un foulard tu vois. Merde j'étais pas prête du tout à ton excentricité !


La laisse toujours en main, l'animal semblait visé au sol mais cela n'empêcha pas notre héroïne de lui tourner autour comme si désormais c'était le chien qui promenait l'humain.


Crockdur ... c'moche en plus.
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Samsa
    "Elles sont énervantes les filles d’aujourd’hui
    Et malheureusement j’en fais partie.
    Elles sont trop hésitantes les filles d’aujourd’hui,
    Elles savent pas ce qu’elles veulent,
    Elles savent pas dire … oui."
    (Joyce Jonathan & Vianney - Les filles d'aujourd'hui)



Un sourire éclaira le visage de Samsa à la réaction de Shawie. Elle ne s'attendait pas à ce que sa compagne saute de joie ou ne manifeste une quelconque satisfaction du cadeau. Samsa savait bien que l'Espagnole ne réaliserait pas tout de suite l'opportunité d'une telle compagnie canine et tous ses bénéfices. Ne perdant rien de son enthousiasme, Cerbère s'approcha de Crockdur et s'accroupit pour mettre en lumière les qualités, d'abord physiques, d'un tel chien.

-Mais mes bas pardi, ils ne peuvent pas te tenir compagnie ni te défendre té !

Regarde-moi cette belle bête pardi ! Avec ça, tu pourras dormir sur tes deux oreilles dans le désert té, aucun raid maure ne viendra t'éventrer comme un pourceau té. Surtout que ton ventre n'est pas très solide hinhin pardi. Et puis tu vas forcément te perdre pardi, j'te connais té. Crockdur, lui, voit dans le noir et est incapable de se perdre té, il te guidera pardi ! Il grognera après ceux qui voudront t'arnaquer té ! Et puis c'est un chien de combat quoi pardi, il t'aidera contre Khan et donnera sa vie pour toi s'il le faut pardi. Et il chasse aussi pardi ! Et puis la nuit, il te tiendra chaud pardi !


Que des avantages, en somme. Tout en parlant, Cerbère tantôt flattait la forte épaule canine, tantôt montrait les grandes pattes griffues -mais bien moins aiguisées que celle d'un chat, certes-. Samsa se redressa et regarda Crockdur qui semblait bien loin des préoccupations actuelles des deux femmes l'entourant. Elle ramassa un bâton par terre et l'agita sous la truffe de l'animal qui manifesta un certain intérêt. Elle le lança ensuite un peu plus loin et le mastiff s'élança athlétiquement pour aller le chercher et le rapporter, le déposant par terre devant Samsa et Shawie.

-Assis pardi !

La gueule entrouverte pour respirer, Crockdur s'assit avec un air pataud démenti plus tôt. A l'ordre suivant de donner la patte, il le fit également, écrasant presque celle de Samsa.

-Couché pardi.

L'avant du corps canin s’affaissa à son tour pour donner au chien la position couchée demandée. La tête massive était relevée vers Samsa, attentive à la suite de l'exercice.

-Waf té !

Un aboiement rauque et puissant sortit de la large gorge du mastiff qui sembla le secouer dans toute son imposante carcasse. Cerbère le récompensa de caresses et se redressa pour faire face à Shawie, un sourire sur le visage.

-Tu vois pardi ! Il sait faire plein de choses té ! Bon, pas autant que moi pardi... Mais c'est pas un Cerbère quoi té.
Et puis toi, tu l'aurais appelé comment pardi ?


La question était risquée, étant donné que la réponse aurait de grandes chances de ne pas être flatteuse, mais c'était un bon test pour savoir si Shawie commençait à accepter l'animal ou, sitôt que Samsa aurait le dos tourné, elle le transformerait en épouvantail empaillé.
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Shawie
N'importe qu'elle bricole/babiole inutile aurait fait le bonheur de la Pégreuse. N'importe ! Partant d'un bocal d'anchois, à une planche en bois pour arriver à une boite de fois gras, elle aurait été ravi et aurait remercier sa compagne comme il se doit. Mais non, être originale n'était pas toujours un compliment Samy pensa t'elle si fort.


Moi, j'laurais pas appelé du tout, parce que jé ne veux pas dé chien ! En plus, il a une tête d'idiot.

Sache qué jamais j'me suis perdue dé mon plein gré déjà. Commence pas à balancer des fausses rumeurs alors qué j'suis encore la hein. J'ai une boussole dans la tronche moi madame parce qué moi madame, j'utilise pas les sentiers de la "royale terrestre poste".



lLa tête penchée sur le côté, l'Espagnole regarda avec une attention certaine les prouesses de l'animal en question. Un fait certain qui était une belle qualité : son obéissance. Et ça, c'était très rare de nos jours de tomber sur quelqu'un d’obéissant, même si c'était un chien. Un nid à puce, un nid de bave et de poil. L'utilité de la bête devança totalement sa mocheté. Tout d'un coup, elle lui trouva un tout autre intérêt. Et si elle le dressait de telle sorte à ce que se soit lui qui vole et pas elle ? Impossible d'envoyer un clebs au tribunal !La première éleveuse de chien voleur, ça en jette ! Crockdur grimpa dans l'échelle sociale et avec un peu de chance pour lui, il venait de dépasser Samy.

Elle fit le tour de l'animal -du chien pas de Sam- une fois son numéro terminé. Elle voyait en lui une future bourse encore plus pleine. Elle s'autorisa donc une petite tape brève sur la tête de Crock.



Attention qu'il té chourre pas ta place de chien d'honneur à mes côtés. Il mé semble bien plus utile qué toi : plus discret déjà, moins baveuse ... et il a l'air plus intelligent ...


Niak.

Puis en cas de coup dur, elle pourrait le bouffer. Dans le désert, on ne fait pas la fine bouche surtout que le Grand Khân semblait coriace le bougre.



Tu sais, il va être long lé voyage. J'comprendrai si jamais un jour t'as lé poireau qui frétille et qué tu vas voir ailleurs. Du coup, j'ferrai pareil pour éviter dé pourrir dé l'intérieur. D'ailleurs en parlant dé ça, faudra peut être qu'un jour j'pense à faire un bout dé papier pour té léguer des choses si jamais j'passe la savate à droite. Histoire qué ma fortune né se perde pas ou tombe entre dé mauvaise main. Puis en plus, comme tu vas devenir Reine, té faut des écus pour les préparatifs.


Si seulement elle avait été un homme, elle deviendrait Roy consort et ça, ça pète. Elle laissa cette idée de se transformer en homme le temps du règne de Samy, dans un coin de sa tête.
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Samsa
    "Ces nuits nous appartiennent,
    Il n'y a rien qui cloche avec nous;
    Ces nuits nous appartiennent."*



-Évidemment pardi, tu te perds toujours de mal gré té. J'te rappelle qu'en Empire pardi, j'ai jamais vu la couleurs de tes amis arbres et vent pardi !
Puis t'es jalouse parce que moi j'ai des passages privilégiés té.


Cerbère croisa les bras avec un sourire amusé et observa la prise de contact entre Shawie et Crockdur, satisfaite de la tournure des événements. Bien sûr que Samsa était douée pour tourner les choses sous l'angle favorable à chaque personne et elle venait d'en faire démonstration encore une fois. Loin de se douter du travail que voulait lui faire Shawie, elle aurait été cependant rassurée puisque la tête de l'animal ne mentait pas : gentil et obéissant, mais bête et peureux. Si tous ces paramètres avaient été connus, Cerbère aurait parié sa fortune entière sur le fait que l'Espagnole aurait du fil à retordre avec le chien dans le travail qu'elle espérait lui donner. Elle esquissa un sourire dans l'ombre du crépuscule bien avancé, décroisa les bras et tourna autour de Shawie avec l'air souhaité d'une prédatrice s'amusant. Finissant par s'arrêter derrière l'Espagnole, la Prime Secrétaire Royale déposa ses mains sur les hanches de Shawie, effleura son cou de ses lèvres qui laissèrent échapper un souffle léger et glissa finalement sa bouche près de son oreille pour lui murmurer :

-Il y a plein de choses que Crockdur ne peut pas faire pardi... Ou alors c'est un aspect de toi que je ne veux pas connaître pardi.

La zoophilie n'était pas quelque chose de particulièrement bien agréable à imaginer.
Samsa relâcha sa compagne, lui sourit et alla détacher Guerroyant de son arbre pour commencer à le ramener vers le camp de fortune. De retour à la tente, elle retira la bricole fleurdelisée et la rangea dans une sacoche de la selle; elle avait assez de problèmes en ce moment pour jouer à pile ou face. Elle avait pris un coup et devait se laisser le temps de se remettre debout pour retourner la gifle avec plus de violence encore, laisser croire qu'elle était à terre pour mieux revenir par la suite. Et quoi de mieux que d'être discrète pour laisser penser que l'infatigable combattante était hors-jeu ?
Tout en dessellant son destrier, Samsa adressa un sourire tendre à sa compagne.


-Faire un testament, c'est un petit peu admettre qu'on peut mourir, tu ne crois pas té ? Tu pars en acceptant l'idée de mourir pardi ?

L’extrémisme de Samsa la faisait penser différemment des autres gens. Son courage et sa force morale lui faisaient croire qu'envisager la mort affaiblissait la volonté de vivre, comme si, aux portes de la mort, on se disait que tout était en ordre pour partir, qu'on pouvait mourir en paix. Au contraire, sans précautions antérieures, les choses restées en suspens devenaient des raisons de vivre, de se battre et, pouvaient, peut-être, faire la différence entre la vie et la mort. Bien sûr, il ne suffisait pas de vouloir pour pouvoir mais cracher sur une arme contre la mort, ça ne se faisait pas. Quant à l'allusion de sa fidélité, Cerbère ne releva pas. Elle ne fonctionnait pas ainsi, par pulsions, par manque, elle était au contraire elle-même en se bornant à des valeurs et des principes, qu'importe ce que cela pouvait lui en coûter aussi bien d'un point de vue social que physique. Mais, sachant combien elle était dur et intransigeante avec elle-même, elle comprenait et acceptait, en certain cas et pour certaines personnes, que cela ne fut pas le cas pour tous. Sa discipline, plus qu'un choix de vie, était une nature, et les natures ne se convertissaient pas.
Elle déposa la selle de Guerroyant au pied d'un arbre, le pommeau au sol et le troussequin en l'air afin de ne pas abîmer le cuir, et changea la bride pour un licol qui laisserait assez de longe pour ne pas trop entraver l'étalon durant ses broutages nocturnes.


-Je suis en tout cas ravie de voir que tu te fais à l'idée de me voir reine un jour té !

Ah, et pour Crockdur pardi, fais attention té : il n'aime pas les chats pardi. Non pas que j'imagine qu'il y ai beaucoup de chats dans le désert pardi, mais si jamais le Khan en a un, ou quelqu'un là-bas té... Éviter les incidents diplomatiques quoi pardi.


Cerbère n'avait pu que remarquer le mastiff grogner méchamment après les félins mais aucun ne s'était montré assez aventureux pour répondre à ses menaces. Si un seul l'avait fait, peut-être Samsa aurait-elle pu constater que Crockdur se serait enfui la queue entre les pattes plutôt que de le déchiqueter comme un vulgaire steack de viande.
Samsa sortit justement des sacoches de sa selle un sac de toile renfermant un morceau de viande. Elle le tendit à Shawie avec un sourire.


-Tiens pardi, il doit avoir faim et il est trop tard pour chasser pardi.
Essaye de ne pas trop traîner pardi, moi aussi j'ai faim et j'ai déjà ma proie té.


La Prime Secrétaire Royale afficha un sourire en coin sans équivoque et croisa l'Espagnole, se permettant de lui mettre une petite claque aux fesses au passage. Le geste venant d'elle était suffisamment rare pour être explicite sur son appétit et le sourire renvoyé quand elle se retourna ne pu que l'appuyer. Cerbère entra dans la tête brièvement visitée plus tôt et puisque Samsa est ce qu'elle est :

-T'arrives à mettre du bordel dans un aussi petit endroit té ?!


* = paroles traduites de Skillet - Those Nights

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Shawie
Crockdur semble avoir un bon coup dé langue quand même.


Le tout suivit d'un haussement d'épaule, le tout agrémenté d'un bout de viande réceptionné dans sa main. L'odeur alléchante lui titillée déjà le naseau. Ah pour sur que la Cerbèer savait lui causer amoureusement. Mettez lui un bout de beefsteak sous le nez et vous pouvez être sur qu'elle demandera une paix durable le temps de manger le morceau.


Bien sur qué je pars en pensant qué je pourrai mourir. C'comme ça, tu vas pas mé faire croire qué t'as la frousse dé passer l'arme à gauche quand même ? Comment tu peux envisager une guerre sans penser à la mort ? Bon, bien sur, l'est pas question dé crever dans lé désert, j'veux une mort digne qu'on sé rappellera sur des générations.

Disons juste qué j'anticipe la léga ... légatation dé mes biens.



Tout en causant de philosophie -qui normalement n'était au programme qu'après une dizaine de verre- elle sortit la viande de son emballage et le huma avant de le déposer sur le sol, à côté d'un d'appoint. Le reste des braises suffiraient pour une cuisson bleue de la barbaque. Ah, les soirées où l'ont refait le monde avec des "et si" étaient toujours bien accueillis en fin de soirée. Ce sont ces mêmes soirs où l'on se promet de ne plus jamais boire une goute d'alcool, la tête plantée dans un abreuvoir et les cheveux tenus- et que finalement le lendemain, la promesse est oubliée.

Moui, tout le monde connait ce genre de soirée épique où les amitiés se lient aussi facilement que papa dans maman. Ahum.



Né lorgne pas dans l'intimité des gens. Cette tente n'est point la mienne. Lé propriétaire mé la prêter quelques heures, lé temps qué jé repose mes savates.


Un mensonge bien dit est une vérité cachée d'abord. Le morceau de viande -tel un Graal ancestral- fut déposé pour cuir lentement sur les braises restantes.


D'après tes courriers, c'pas l'amour fou avec la Haute.

Porqué, tu né viendras pas avec moi finalement ? Qu'est cé qui té retiens ici ?

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Samsa
    "Dans les nuits trop sombres,
    Elles.
    Quand tout vacille et s'effondre,
    Elles.
    Au bout du monde."
    (Patrick Fiori - Elles)



Installée dans la tente, Samsa est assise, les genoux ramenés contre sa poitrine qu'elle enlace de ses bras. Comme une enfant, elle observe la tente qui n'appartient apparemment pas à Shawie, détaille ce qui est visible mais ne fouille pas, respectueuse. Elle écoute l'Espagnole, se replace dans le contexte de leurs nuits libres, comme celle-ci. Seules, dans un bois, loin du monde et des autres, rien qu'elles deux s'aimant et profitant de la présence de l'autre. Cerbère s'allongea, la tête en dehors de la tente, les mains croisées derrière la tête et contempla les étoiles en répondant.

-Si j'avais peur de mourir pardi, je ne m’appellerai pas Cerbère té. Quand je pars en guerre pardi, ce n'est pas à ma mort que je pense té, c'est à celle des autres pardi. Je ne me bats pas pour attaquer gratuitement pardi, je me bats pour protéger les autres et chaque vie que je prends est une vie qui ne prendra pas celle de quelqu'un que j'aime té. J'ai mis ma vie au service de celles des autres pardi, c'est comme ça que je me sens moi-même pardi. A partir de là té, il serait contradictoire d'avoir peur de mourir té, tu ne crois pas pardi ?

Samsa renversa un peu la tête pour regarder Shawie et lui offrit un sourire confiant. La période où elle avait eu peur de la mort était passée, dépassée. Elle avait connu celle qui, sans cesse, chercher à détruire la vie, toutes les vies, surtout la sienne. Après cette tempête dévastatrice, il n'était resté qu'un équilibre, celui de vouloir vivre pour accomplir un destin mais d'être capable de mourir en l'accomplissant. Il était né, de cette période, un immense courage que beaucoup qualifiaient, à raison, de témérité. Le dévouement, cependant, était le sentiment le plus fort de tous, il était la Lumière dans la vie de Samsa et celle-ci savait bien qu'il serait aussi ce qui la mènerait à la mort. Pourtant, puisqu'il fallait bien mourir de quelque chose, l'idée de mourir pour une cause qu'elle défend, pour quelqu'un qu'elle aime, la gardait en paix. Cerbère savait que tant qu'elle mourrait en mission ou en sacrifice, sa mort serait belle et juste; pourquoi, dès lors, en avoir peur puisqu'elle vivait pour mourir ?
La Prime Secrétaire Royale s'étira et se redressa pour détacher ses cuissots de ses cuisses, hésita à détacher l'épée à sa ceinture et s'y décida finalement pour la poser tout contre elle, comme lorsqu'elle dormait au sol. Elle roula pour se mettre sur le ventre et posa son menton sur ses mains malgré l'inconfort du métal de ses gantelets.


-Ouais, c'est un peu difficile en ce moment pardi... Ils doutent. Ils ont peur pardi. Ils se méfient de ce qui leur est acquis pardi, ils se défient de ce qui les rallient té; ils ne devraient pas pardi, ils n'ont aucune raison de craindre té. Mais justement pardi. Je ne peux pas fuir, abandonner tout et tout le monde té. Je dois rester pardi, les rassurer, leur prouver qu'ils ont peur des choses qu'ils ne devraient pas pardi, des gens qu'ils ne devraient pas té. Ce serait leur donner raison que de partir pardi, ce serait... ce serait laisser encore un peu plus les ténèbres manger la France, l'Humanité en général même pardi. Je ne veux pas pardi. Je veux me battre pour l'honneur, la loyauté, la confiance, la justice, la grandeur té. Si je m'en vais, qui tiendra la barre du navire qui coule té ? Qui le sauvera pardi ?
Mon destin n'est pas à l'Est pardi. Mon destin est dans ce royaume té. Je dois combattre l'obscurantisme, la déchéance, la perte des valeurs, des principes pardi, je dois ramener la paix, l'honneur et la justice té. Je dois... créer quelque chose de stable et solide pardi, pour les siècles et les millénaires à venir té, parce que même si, quand je mourrai pardi, mon œuvre sera forcément mise à mal par d'autres pardi, elle sera référence pardi, elle aura semé tout ce dont je te parle pardi; ça ne mourra jamais té.


Samsa avait une certaine fierté, un certain orgueil. On voulait la qualifier de sauveuse du monde alors que son désir n'était que d'être un modèle historique, une figure qu'on n'évoquerait qu'avec respect et admiration, un nom qui inspirerait le courage et l'espoir. Elle voulait faire rentrer des valeurs dans l'Histoire, être suivie des générations futures, être la pionnière, la bâtisseuse d'un monde meilleur où l'honneur l'emporterait sur la perfidie, où la diplomatie sincère écraserait l'hypocrisie, éradiquerait les guerres de broutilles. La loyauté bannirait la vile ambition, la justice serait telle qu'elle convertirait les hors-la-loi, et c'est dans ce contexte que la liberté serait pleine et entière puisque, la confiance régnant, la peur n'existerait plus.
Cet idéalisme serait à la fois la force et la faiblesse de Samsa. Elle serait sa force puisque rien ne l'en détournerait, puisqu'on la suivrait, et sa faiblesse car elle trébucherait, souhaitant tout mettre en place en une vie quand il en faudrait dix, peut-être cinquante. C'est sa foi en ces valeurs et principes et celle de ceux qui la suivront qui compteront réellement, aussi la tâche n'était pas impossible. Cerbère avait déjà réalisé des faits qui, pourtant, avaient été qualifiés de tel, et c'est en cela qu'elle se croyait une des seules à être capable d'élever un tel monde.


-A qui est la tente alors pardi ? De toute façon, ce qu'il y a à l'intérieur est à toi non ? Sinon tu sais, je m'en fiche pardi, le propriétaire ne viendra les récupérer que demain té, j'veux pas qu'il vienne nous déranger cette nuit pardi. Sinon je le tue pardi.

Radical, forcément.
Samsa lui sourit d'un air amusé et repassa sur le dos, tapotant au passage le flanc de Crockdur qui passait, intéressé par l'odeur de viande qui devrait constituer son dîner. L'animal s'assit près de Shawie et la regarda avec intérêt, haletant légèrement et se léchant babines et truffe par instant. Remarquant la bave qui commençait à poindre, Samsa n'en fit cependant pas une généralité et l'expliqua dans un rire :


-Il a faim pardi. C'est p'tetre lui qui finira par te manger dans le désert finalement té.
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Shawie
Elle tourna le dos quelques minutes aux braises pour faire face à sa Cerbère. C'était toujours un plaisir de la retrouver même si les opinons étaient diamétralement opposés entre elles.


Tu sais, tu viens dé me faire un discours de politicienne sur l'avenir dé notre beau Royaume. C'pas à moi qué tu devrais dire toussa tu sais, j'suis pas assez "comme toi" pour comprendre ton point dé vue. J'irais installer une estrade public non loin dé Paris pour qué ton talent charismatique puisse être jugé en bon et du forme. Tu mé remerciera un jour, foi d'moi.

Finalement tu veux té battre contre des gens comme moi. Tu vois, c'tout lé paradoxe dé notre relation.



Pendant tout le blabla, les deux femmes pouvaient parler pendant des heures sans se rendre compte qu'elles ne tomberaient jamais d'accord. Ô grand jamais, jamais. Et pourtant, c'est souvent -pour ne pas dire tout le temps- qu'elles s'empêtraient à débattre pour savoir qui avait le plus raison ou le moins tort. Donc pendant ce blabla, ni Sam ni Sha ne se rendit compte de la menace et catastrophe en approche. Crockdur s'en venait l'air penaud et la patte lourde, un coup de langue bien placé sur la barbaque en train de cuir. Jusque là, rien de grave. Malheur à la brave bête quand celle ci dégainer toute sa mâchoire pour engloutir le repas du soir.

Oh, bien sur, pour le moment, L'Espagnole ne se rendit pas compte sinon elle aurait déjà beugler de colère ou de désespoir.



N'en as tu pas marre dé ta battre pour des gens qui té chient dessus sans cesse ? Crockdur entame un long machouillement de la viande tranquillement assis devant. Tu mérites tellement mieux qué d'être lé sous fifre de toutes ces têtes couronnées. J'suis certaine qué bon nombre dé personne té suivrait. Mosieur Crockdur termina son repas suivit d'un bon gros rot digne d'un bûcheron.

M'enfin dis à ton chien dé faire moins dé bordel ... L'Espagnole daigna enfin se tourner vers l'auteur du terrible crime qui c'était passé derrière son dos. Elle resta stoïque devant le blasphème, blême et manqua de tourner de l’œil.


Sam putain lève ton cul et vient pas mé dire qué ton putain dé chien vient dé bouffer notre repas ? MON repas ! Des semaines qué j'ai pas mangé dé viande et la ... et la ... A la limite de la suffocation, la voix tremblante, la larmichette à l’œil. Mon putain dé repas qu'il vient d'engloutir et qu'il a failli gerber sans vergogne. J'vais lé buter.

Joignant le geste à la parole, elle sortir son arme de sa ceinture et les yeux rougis de colère et de haine, elle emboîta le pas à la bête qui maintenant, se roulait sur le sol.
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Samsa
    "Plutôt que de m'écraser,
    Pourquoi ne pas me manger ?"
    (Billy Ze Kick - Mangez-moi)


Elles n'étaient jamais d'accord sur le fond du monde. Samsa le voyait comme empli de principes, pour beaucoup à redorer, et Shawie le voyait comme une bourse pleine qui ne demandait qu'à servir de rivière, tel le coffre de Picsou. Samsa était persuadée d'avoir un destin à accomplir pour le monde, quand Shawie ne vivait que pour les plaisirs qu'il offrait. La première voyait grand et la seconde ne s'en préoccupait pas. Pourtant, dans ces perceptions opposées, elles trouvaient l'amour, la compréhension et même le plaisir de marcher dans les pas de l'autre. C'est ainsi que Shawie l'encourageait à devenir reine et que Samsa cherchait à lui offrir de quoi augmenter sa collection d'objets plus ou moins utiles.

-Je te remercierai de tout ce que tu feras pour moi pardi. Je te remercie déjà de croire en moi té. Quand je serai reine, je te déclarerai Patronne des Brigands pardi. Les autres viendront te voir avec admiration pardi, ils t'offriront des trèfles par centaine té, ils te prieront pour de grosses prises et ils te loueront quand, seuls, ils vaincront un groupe de six hommes d'armes pardi.

Samsa lui sourit affectueusement. C'était quelque chose qu'elle serait bien capable de faire. Être reine était une responsabilité à prendre au sérieux mais on ne bâtissait pas un monde meilleur avec uniquement des textes permissifs ou répressifs. Il fallait de la joie, de la légèreté aussi. Puisque les changements étaient toujours délicats, il fallait instaurer un climat agréable qui inspirerait paix et bonheur.

-Bien sûr que je serai suivie pardi. Mais le moment n'est pas encore venu té. Je pourrais quand...

L'Espagnole beugle soudain et Cerbère se redresse immédiatement, oubliant qu'elle se trouvait dans une tente et se prenant la structure dans la tête. Tente de fortune, celle-ci perd ses appuis et s'écroule sur la Prime Secrétaire Royale qui essaye de dégainer son épée sans y parvenir, prise au piège de la toile. Finalement, elle parvient à se dégager quelque peu et repousse le tissu pour regarder Shawie, appuyée sur un coude.

-Mais ! C'était pas ta viande espèce de maroufle pardi ! Je t'ai dit que c'était celle du CHIEN pardi ! Je sais bien qu'entre lui et moi tu dois te sentir exclue de la race canine mais quand même té !
Chouine pas, range ton couteau avant de te blesser et regarde dans les sacoches de ma selle pardi.


Cerbère se débat en grognant et finit par s'extirper de la tente. Elle s'ébroue, observe l'abri au sol avec une moue boudeuse, et se décide finalement à le redresser en soupirant. Crockdur, apeuré par les cris de Shawie à son encontre, avait finit par se relever en couinant pour venir chercher réconfort près de Samsa. Celle-ci, d'un naturel affectueux et sans comprendre que l'animal avait eu peur -et donc qu'il était froussard-, le flatta comme on le ferait avec un cheval et le caressa énergiquement.

-Regarde tu l'as dérangé dans sa digestion pardi ! Pauvre pépère, hein pardi, bah oui té. Elle m'a pas écouté, t'en fais pas pardi, elle est pas méchante, sois pas triste comme ça pardi, je sais qu'elle t'aime beaucoup déjà pardi. Allez, couché pardi ! Bon chien ça pardi, c'est bien té !

Le danger de mort apparemment écarté, Samsa alla près de ses sacoches et ramena une bouteille de vin et du saucisson. Elle s'assit près de Shawie qui devait probablement surveiller la cuisson de son nouveau de viande comme du lait sur le feu et lui posa sur les genoux en souriant.

-Tiens pardi. Ça c'est pour toi té. C'est du Bordeaux et du saucisson de Limoges pardi. Les gens à l'Est, ils ne savent sans doute pas ce qui est bon pardi. Et puis quand tu mangeras du sable ou un de leur plat douteux pardi, tu te souviendras de ce que tu as quitté té !

La Prime Secrétaire Royale lui sourit avec ce même amusement constant qui l'habitait encore. Quand Shawie s'en irait, cette impertinence s'en irait avec elle, mais Samsa savait que ce n'était pas un secret; elles avaient toutes deux l'humour comme armure. La Cerbère passa un doigt sous le menton de l'Espagnole affamée et ramena son visage vers elle pour l'embrasser avec tendresse. "C'est aussi ça que tu quittes". Une pensée qui n'était guère un reproche, Samsa n'en voulait pas à Shawie de partir à l'aventure, de vivre sa vie. L'Espagnole avait tenté de changer, de se ranger pour Samsa, et le résultat avait été plus que douteux. Elles étaient faites pour vivre dans des mondes différents, faites pour vivre de sacrifices, de compromis, quand leur chemin n'avaient pas l'occasion d'évoluer ensemble. Être heureuses dans leur vie respective leur permettait d'être heureuse ensemble, c'était leur façon de s'aimer et d'avancer, et cela semblait leur réussir.

-C'est ton chien en plus maintenant pardi. Mais on peut dire que c'est le mien ad vitam eternam si tu veux pardi, si ce simple changement de dénomination peut te faire plaisir té. Je suis même à peu près certaine que tu adoreras jurer après moi pour ça té.
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Shawie
Si on regarde bien dans le coin de son œil, c'est une petite larme qui se retient de couler parce que oui, la bouffe c'est vraiment sacré. Sha n'avait ni le temps ni l'envie de se prendre d'affection pour cette chose baveuse. Et si La Cerbère n'était pas là, le chien serait déjà en train de la supplier pour rester en vie. Les seuls animaux qu'elle aimait c'était ceux qu'elle pouvait bouffer ou Sam parce qu'elle était utile à sa survie.

Ouep, comme une gourdasse de rhum, tout pareil.



Tu crois vraiment qué je vais bouffer du saucisson alors qué lui, il vient dé tiaper mon bout dé viande ? Depuis quand les chiens mangent mieux qué moi ? C'est ton plan pour m'affamer et m'empêcher dé partir, c'foiré ! Je voulais cette viande la putain de merde de con dé chien qui sert déjà à rien ! Mais c'est normal, lui bouffe sa viande cuite à la perfection et moi, j'me tape de la cochonnaille séchée avec une piquette de Limoges. Tout est normal.
Bientôt quoi ? On aurait plus dé Roy et le premier pignouf pourra prétendre à gouverner ?



Monologue lancé on. Le baiser de Sam fut accueillis sans grand succès puisque quand l'Espagnole partait dans une idée, elle y fonçait tête baissée. Les lèvres juste à peine tendues pour répondre poliment à sa compagne et rien de plus. Son regard ne devient pas moins noir pour autant, bien au contraire. La haine contre cet animal était bien lancée et un bras de fer terrible allait s'engager contre lui pour que Sam choisisse son camp. Son camp à elle de préférence.

Le saucisson fut subtilement subtilisé et passé directement dans sa poche. Pour le moment, elle n'avait plus faim, bien trop préoccupé par ce clebs. C'est mangeable un chien au moins ? Les plus sauvages diront que oui et les plus sages diront que c'est un anima l de compagnie. Nous somme d'accord que cette réponse ne répond absolument pas à la question du mangeable ou pas.



Si c'est mon chien, jé le libère maintenant.


Elle hésita même à lui jeter une chaussette et à crier "le mâitre délivre Crockdur, Crockdur est libre"*


Sam, pas tous les Saints, t'as dégommer la tente du pauvre vieux et c'est pas comme ça qu'elle va tenir le choc. Une seule solution : on va ailleurs.


L'option de lui remettre droite n'était pas au programme.


J'ai pas lé temps pour m'expliquer aux miliciens et vu qué maintenant t'es encore plus black listée qué moi, bah tu sers à rien. On serait capable dé nous jeter dans un cachot royal et vendu pour trois pommes au BA.


L'Espagnole ramassa son baluchon et l'accrocha sur Fanfan -son cheval de compet- puis grimpa dessus.


Viens on bouge, si Crock se perd, c'pas bien grave, j'voudrai pas qu'il té fasse tomber dé cheval.


Regard noir au chien toujours fourrée dans les pattes de SA Cerbère, puis elle commença un petit trot.




*Réplique Harry Potter détournée !
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Samsa
    "Et je ne fais que parler, parler, parler, parler de toi.
    Ton nom je l'ai crié, crié, crié sur tout les toits,
    Et ça veut rien dire non,
    Oh non, puisque tu ne m'entends pas."
    (Indila - tu ne m'entends pas)



L'Espagnole avait-elle bu ? Ingéré des champignons étranges ? Cela devait plutôt être sa surdité de l'oreille droite. Samsa se souvenait de cette lugubre nuit où un dérangé lui avait pris son ouïe droite. Depuis, il était vrai, certaines choses ne rentraient pas dans la tête de Shawie. Peut-être, parfois, le faisait-elle exprès. Mais pour de la nourriture, c'était sûr, ce n'était pas volontaire.
Samsa roule des yeux et agrippe Shawie par les épaules pour la secouer un peu, l'enjoindre à un peu plus d'attention.


-JE T'AI DIT QUE C'ETAIT LA NOURRITURE DU CHIEN PARDI ! TON MORCEAU DE VIANDE EST DEVANT TOOIIII PARDI ! ET TU AS DU SAUCISSON ET DU VIN EN PLUS PARDIIIII !

C'était fou ça. D'ailleurs, Shawie s'en fou. La voilà qui ramasse ses affaires et s'en va simplement, au trot sur son cheval, alors que Cerbère reste derrière. Qu'a-t-elle cru ? Qu'on ressellait un cheval aussi vite qu'on descendait une pinte de bière ? Il arrivait que Shawie soit insupportable, aussi Samsa haussa-t-elle simplement les épaules, laissant Crockdur suivre l'Espagnole -puisque c'est elle qui avait la nourriture- et s'occupa de rééquiper Guerroyant. Shawie était déjà éloignée quand la Prime Secrétaire Royale se hissa de nouveau en selle pour emprunter la direction prise par l'Espagnole, abandonnant derrière elle la tente bancale d'elle ne savait qui. C'est plus loin qu'elle retrouve Shawie et qu'elle met pied à terre, s'employant de desseller Guerroyant de nouveau.

-Et puis je pas blacklistée comme tu dis pardi. Je suis indésirable sur une terre où je n'ai pas l'intention de mettre les pieds té.
T'es chiante tiens pardi ! Tout ça parce que t'as confondu la viande de Crockdur avec la tienne té ! Soit disant que t'es riche mais tu crèves la dalle pardi. Et tu veux aller dans un désert té !


La Prime Secrétaire Royale posa son arrière-train sur le sol et croisa les bras, une mine boudeuse sur le visage en regardant sa compagne. Elle, elle n'avait rien mangé et elle était loin d'en faire tout un foin. Pourtant, le Très-Haut savait que la Cerbère avait besoin d'énergie, en dépit de sa taille moindre comparée à l'Espagnole. Samsa avait en revanche une stature plus imposante, forcée à porter une cotte de maille et parfois plus en permanence.

-Et depuis quand tu travailles avec des vieux pardi ? C'était qui le vieux té ? Il vient avec toi té ? J'dois l'menacer ou il te touchera pas pardi ?

Samsa était très à cheval sur toutes les questions d'honneur, et si elle laissait croire qu'elle tolérait le partage, il n'en était pourtant rien et elle n'aurait pas hésiter à en découvre physiquement avec celui ou celle qui aurait tourné autour de Shawie. Elle était, en revanche, moins coriace avec les autres quand l'initiative de tourner autour provenait de l'Espagnole, puisqu'il s'agissait de son choix. La bataille prenait alors une toute autre tournure, bien plus psychologique et délicate. Mais c'était tellement plus radicale de tout résoudre avec une épée.
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