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[RP] Anamnèse d'été - Plis de chemins

L_aconit


Des plis . Des chambres d'auberge. Des lieues et des lieues de chemins, de rivières, de secrets ardents, de larmes gardées, de tendresses sous la table, de journées interminables où l'on attend la nuit qui couvre, des minuits où enfin, l'on peut rejoindre l'autre et le rouler dans l'herbe fraîche. Le plaquer au mur derrière une taverne. Lui murmurer avec les mains des mots aveugles et tendres, des mots durs et désireux. Juste le toucher s'il le faut. Juste.

Tous ces mots, écrits, chuchotés, criés du haut des falaises, gisent là. Dans un relié de cuir qu'on range à la hâte du départ. Dans un écrin en peau que l'on fait tomber par mégarde sur le plancher et qui s'éventre, libérant comme une nuée d'oiseaux la vérité en déliés. Dans les mains qui les trient sous les yeux pensifs des arcanes d'été. Dans la brise d'un fenestron qui les effleure et les fait frémir un peu. Des Lettres, des mots glissés dans la poche, des billets interdits, des rendez-vous laissés sur le lit. Des pensées qui s’éprennent, se rencontrent, s'évitent parfois pour se soustraire aux yeux suspicieux.

Un pas devant l'autre. Pour se quitter au petit matin, et se retrouver, même tard. même mal. même trop peu.

Périgueux - Bretagne - Périgueux.


Citation:

De Faust Le 22 Juillet 1466



À quoi songes tu quand tu dors ? Tu m'as quitté pour cette nuit et je te regarde de l'autre rive. Tu es beau quand tu sommeilles. Ma bouche dit ton nom et le répète, comme un phare tourne en rond le halo qui t'aidera à rentrer.

Je songe à ce que j'ai omis de te dire encore. Et que c'est bien là faute à la longueur du jour de ne pas compter assez d' heures au cadran pour pouvoir tout te rapporter. Deux enfants seront abandonnés à l'hôtel dieu sous peu. Et ce ne sont pas ceux dont nous avons déjà causé. À toutes ces âmes à moi confiées il doit bien y avoir raison . Et si tu penses que j'ai trop de pitié à ramasser tous les cailloux esseulés sur nos routes, il me fait sourire de songer qu'à un denier près je ne t'aurais pas amené au chaud de ma maison.


Citation:
D’Alphonse Le 22 Juillet 1466


Mes nuits ont des horizons bleus, des parfums blancs et je ne t’y quitte jamais vraiment. Si j’y ai le nez au vent durant quelques instants, c’est parce que je te piste, je te cherche, je remonte ta trace. Ici, tu as touché mon épaule, là, respiré mes cheveux ; tu ne peux pas être loin, alors je brave les lisières de quelques cauchemars, longe les rêves transparents dont je ne me souviens pas, et inspecte l’opacité à laquelle je baigne jusqu’à la frondaison des éveils, jusqu’à ton odeur, jusqu’à ta silhouette.
J’aimais avant à me réveiller parce que cela signifiait la fin de la nuit.
J’aime désormais à me réveiller parce que mes journées te trouvent à leur huis.

Je n’ai jamais rien possédé et m’en suis toujours satisfait, convaincu que c’est là l’apanage des libertés, mais toi, tout cela tu le chavires, le tords de perspectives, de rouges maladies.
Tu as le cœur large, ramasse donc et pardonne ma mâchoire qui claque parfois fort ; je découvre à peine tes gammes de couleurs, et si ce que je touche, je le repose d’habitude, les tiennes à ma peau ont des reflets que je ne connaissais pas, qui me fascinent autant que m’exigent.
Les partager sans m’en être repu est difficile ; tu me donnes si faim.

A.




Citation:

D’Alphonse Le 25 Juillet 1466


J'ai envie d'embrasser ton ventre.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, Exorciste de Rome
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret
    Routes bretonnes avaient fendu juillet, comme les nouvelles habitudes.
    Sommeil si jalousement gardé durant vingt-cinq années avait trouvé en Faust l’étrange courbe de ces paniers-parenthèses et Chat y dormait, tantôt le ventre à l’air, tantôt noué jusqu’aux mains à son dresseur de fauve, amoureux que les heures bleues dépassaient sans qu'il ne puisse rien y faire; contre les cheveux blonds, gorge ronronnait.
    Nicolas avait apprivoisé la nuit, et ce qui était un calvaire était devenu un refuge, affronts aux indépendances accusées, une habitude que l’été venait embuer de houle: entourée, submergée, l’intimité cloitrée de Vésone s’effritait de courants d’air, de portes s’ouvrant à la volée du nombre et chaque moment se parait de ces teintes de Victoire que l’on célébrait en mangeant le raisin à même la grappe.
    Bretagne serait source de pleurs, de colères, de détresse et pourtant, ses bords de rivière recéleraient à jamais les lueurs de ces heures inoubliables, des pow-wows de garçons tissés de galets et de gerbes d’eau, d’empoignades et de baisers volés aux herbes hautes.

    Papiers témoins, mots comme autant d’annotations aux marges, anamnèse germait au deuil d’un père , s’empourprait d’une lune pleine et enflait à l’ombre croissante d’un premier jour d’aout, répandant en herbes folles, .feuilles et bourgeons à chaque ramure tâtonnant au soleil.


Quand se rendait-on compte que l’on passait l’un des plus beaux étés de sa vie ?







Citation:
De Faust Le 25 Juillet 1466


Embrasse mon ventre. Il grouille d'envie de toi.
Embrasse mes mains. Elles se tendent vers toi.
Embrasse mon front. Il brûle pour toi.

Il me plait que ta plume verse sur mon âme son encre noire. Quand elle se mêle à mon bleu, n'est-ce pas l'enfantement d'une ligne d'horizon?


J’aime te voir te prélasser à l'ombre, tu te fonds dans le décor, et quand tes parfaits yeux de Chat se ferment sur le monde, tout pourrait s'y suspendre. Tu as le sentiment de la nature . Cela tient je crois à ce que tu es un peu faune. Je suis certain de n'être pas le seul à trouver sensé de te qualifier ainsi.

Oui, tu es faune et l'es de la tête aux pieds. Tu passes des heures seul dans la campagne, la nuit, sur l’eau, tout seul, toute la nuit, le jour, dans les bois ou dans les vignes, sous le soleil furieux et tout seul, tout le jour, entouré de tous. Tu es seul parmis les autres, dans des sphères qu'il me serait impossible de percer. Je ne veux pas les percer. J'aime t'admirer au travers de ton propre prisme.

La mélancolie de la terre ne t’attriste jamais : tu es une espèce d’instrument à sensations que font résonner les aurores, les midis, les crépuscules, les nuits et d'autres choses encore.

Tu es un faune. Tu sais charmer les driades en société, les réunions du monde, relever la médiocrité des conversations, la laideur des costumes, la fausseté des attitudes, et quand tu viens te coucher le soir auprès de moi, je suis le Roy de ce monde.




Citation:
De Faust Le 27 Juillet 1466

Muse. Retrouve moi sur la colline au clocher ce soir. La lune nous donne rendez vous . Ne m'attends pas cet après-midi .

F.



Citation:
D’Alphonse Le 27 juillet 1466

Liefde,

Ce soir, à la lune.
Ce soir, à ta bouche.
Ce soir à ta langue.
Ce soir à ton souffle.
Ce soir, à toi.

Nuit, à tes heures; qu'elle soit mienne.

A.


Citation:
D’Alphonse Le 29 Juillet 1466

Karantez,

Ce soir nous quittons Rennes, et qu’importe la destination que nous prenons car date nous trouvera où que nous soyons.
Lughnasadh à la coupe des heures se rapproche m’as-tu rappelé aujourd’hui, queue à la paume de la main, bleus en tentacules d’épices à chacune de mes attentions. Deux jours, ai-je doctement répété à tes lèvres avant qu’elles ne me cueillent, deux jours pour enfin savoir ce que l’on songe à dire aux surins juin mais que l’on réserve aux climats aoutiens.
Qu’as-tu semé, Poucet, au fil de ces semaines ?

J’y espère des graines de violettes et des noyaux de pêches, des écorces de bouleaux et des roses sans chenille, (sauf les deux ou trois pour les papillons *). Chèvre-pied sans l’ombre des bois de la forêt n’est plus du peuple Sylve , mais de celui des plaines, et marcher sans danser aux racines ne s’envisage pas.
Mon corps à ton tronc croit et fortifie, mes cornes percent ma peau à l’aube de tes doigts et mes reins se voilent d’un crin sombre à tes mots ; soleil entre les dents, sous un halo de lune qui célèbre ton front, je dépose à ta bouche l’astre et sa lumière.
Roy, mon Roy, ferme les yeux. Ce soir, comme les autres, c’est toi que je couronne, c’est à ton flanc souverain que je bâtis ma nuit ; là plus que n’importe où ailleurs, se trouve mon panier.

A.




* Emprunté au Petit Prince

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L_aconit
Là, les premiers "je t'aime" offerts à Lugdnassadh . Ici, les fièvres d'un Dinan qui aura coûté si cher à son dissident. Les plis se déplient pour se percer de quelques notes, accordéons au fond des poches, petites ribambelles avalées par l'orgue de barbarie. Il y a sous les mots qu'on se glisse sous la table, l'excitation des risques adolescents. Des parapets Capulets où le pied montaigu fait ses pointes, tout entier caché dans le lierre de l'interdit. Des empreintes de doigts en guise de "Bonjour, je suis venu te veiller" , laissées au vu et à l'insu de tous. Comme autant de messages codés.

Les dents croquent les cerises qu'on se pend par deux à l'oreille. Les oreilles croquent les mots que d'autres laissent traîner négligemment .

Aout étire ses soirées à l'encre sympathique, que l'ardeur de deux amoureux qui se retrouvent aux secrets des chambres met en évidence. Si 'on a le deuil triste, l'on a aussi le corps à purger, l'âme à égarer aux courants pour ne plus y songer jusqu'au lendemain, quand d'une main leste, quelqu'un remontera un filet.

Et qu'importe la façon, quand on est garçon; c'est toujours l'été des premières leçons.

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Citation:
De Faust Le 02 Août 1466

Karantez,

qu'il est drôle de découvrir de nouveaux noms à ta bouche. Comme hier. Lorsque tu m'as appelé "mon Amour." En Français. En majuscule, parce que "mon" c'est comme tes deux bras qui se referment sur moi et qui me racontent qu'ils ne veulent pas me lâcher . "Amour", c'est comme lorsque l'on déloge une pierre du fond de la rivière. Elle est là depuis longtemps, pourtant, ce qu'elle recèle une fois qu'on a décidé de la braver, est inédit. Il y a tout un microcosme sous les mots que tu m'offres, et je crois que les mois à les espérer, les deviner, les dessiner d'une rêverie les ont rendus fossiles. Figés pour raconter une histoire.

Date nous a trouvés. Pas comme je le voulais, pourtant , ce matin, lorsque j'ai quitté ton lit pour regagner le mien avant que Dinan ne se réveille... Tout semblait s'être aligné dans un parfait ordre. Un ordre parfait. Alors je suis allé cueillir un bouquet de fleurs pour Lallie, et je suis allé au village. Il n'y a pas un seul de mes pas qui ne s'accompagnait pas de la sarabande de tes mots.

Ce qui me surinait hier m'a libéré aujourd'hui. Quand je te baise, j'ai l'impression de te rencontrer de nouveau. Est-ce fou? Je n'ai plus rien à protéger, plus rien à cacher, plus rien à soustraire à tes yeux et à soigner en secret, chien qui lèche sa plaie dans le coin de la pièce. Je n'ai que toi, et toi seul me suffirait si je ne désirais pas tant tous les autres que tu es.

Ce que j'ai semé, ce sont les récoltes de la nuit. Je suis botaniste.
Ce que j'ai semé, c'est de l'amour patient. Je suis religieux.
Ce que j'ai semé, c'est le baume des prochaines années. Je suis médecin.
Ce que j'ai semé, c'est notre langage unique. Je suis étudiant.
Ce que j'ai semé, c'est tout ce que j'avais et que je te donne. Je suis Faust.

Alphonse. Alphonse. Alphonse... Pousse. Croit. Fortifies. Après Breizh, je ne craindrais plus rien de la vie.


F.






Citation:
Alphonse Le 04 Aout 1466

Sur la table de chevet, vélin a été déposé à côté d’un verre d’eau ; au premier abord, il semble vierge, pourtant, en son centre, l’empreinte noire d’un pouce signe un passage à la chambre, fiole de teinture posée à côté.




Citation:
De Faust Le 06 Août 1466


Je t'aime.



Citation:
D’Alphonse Le 06 Août 1466


Tes mots sont ma couronne et ainsi à mon front, roi devant les Hommes, je les veux germer à tes lèvres, encore.
Ik hou van jou*


* Je t'aime
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Avez-vous-vous aussi l’impression d’avoir vécu une vie entière durant ce voyage ?
Peut-être même deux

D’Alphonse à Archibald.







    Les cimetières sont des champs de fleurs *.
    Bourdons y charrient des cailloux, pollen ensemence les lèvres et pétales battus à la brise brusque d’un alizé, disloquent l’ombre des géants ; Bretagne de ciel bleu ajourne et détourne, baigne les bouches d’une amertume sucrée. Ce qui brule le matin se rafraichit le soir, ce qui compte le soir s’est envolé au matin, et l’on vit à l’heure même sans se préoccuper des conjugaisons ; en bord de rivière, n’existe que le Présent, de ses prismes étourdissants à ses angles tranchants.

    L’on eut pu rêver meilleures augures qu’un amour prononcé au jour d’un deuil national, ponctué à celui d’une gitane, et l’on eut pu trouver plus généreux protagonistes que ces deux-là, de ces belles âmes altières sans la moindre difformité sachant accorder la mort à chacun de leurs pas, mais ce n’est pas le cas ; créatures déviantes, Hommes aux si nombreux défauts, seconds rôles discrets aux noirceurs consumées avaient laissé l’intégrité du drame à de plus propres qu’eux.
    Aux douleurs répondantes, aux échoïques impuissances, à ces terreurs grêles de voir l’autre s’étioler de chagrin, l’aorte s’était acharnée de battements.



L'on s’aimait en dépit de tout, et l’été avait un gout de fruits frais.





Citation:
De Faust Le 09 aout 1466

Dors contre moi.



Citation:
D’Alphonse, le 09 Aout 1466

Ta bouche à mon épaule, mon nez à tes cheveux.
Ce soir, ma peau, à ta peau.


Citation:
D’Alphonse Le 11 Août 1466

Nuit sans toi n’est pas à moi.
Je veux plonger museau à ton cœur et y murmurer ma première leçon.
Je veux plonger ma queue à tes reins et t'y faire dire ta première leçon.
Je veux dormir à ton ombre, à tes bras , à ton souffle et nous y faire épeler la première vérité.
Da garout a ran, mijn Liefde.



Pli trouverait un évêque taciturne, aux humeurs amoncelées, et serait ouvert d’un œil austère. D’une main fermée. Lu. Et rassérénant.

Alphonse...
Lui qui redoutait un mot pour tenter de le convaincre de quoi que ce soit vis à vis de son page..
Alphonse a la décence de ne pas en parler. Philtatos sait toujours. Qu'il aimerait avoir ce don... Toujours le geste qui apaise. Le mot qui désamorce.
Il ne répondra pas. L'attendra simplement, endormi dans son lit.
Dormir fait oublier. Dormir avec Alphonse soigne toutes les vérités.

Nuits enchevêtrées ne se ressemblent pas et au matin du douze, alors que l'évêque a quitté tôt pour aller faire le marché et dénicher de nouvelles lubies d'achats comblant compulsivement le vide, sur le lit d'Alphonse comme un hommage, un bouquet d'œillets de poètes.
**



Citation:
D’Alphonse, Le 12 aout 1466



Vésone me manque.
Là-bas, quand je me réveille, ton odeur est encore à l’oreiller, aux draps, et même aux murs, entêtantes nuances, enivrants arômes qui appartiennent autant que désignent, qui m’embaument de ces assurances plénières : Ici, tu es chez toi.

As-tu déjà remarqué que les maisons prennent l’odeur de leurs vivants ?
Vésone ne fait pas exception ; elle a de toi dans ses courants d’air, dans la vue de ses fenêtres, à sa porte où le cœur bat chamade , toujours, quand la main la pousse. Elle a de moi dans l’ordonné fatras de son bureau, dans le lit que je ne fais jamais, et dans sa volée de marches qui semble s’étirer lorsqu’on la grimpe en courant pour aller baiser.
Ici, tu t’es levé, tu es déjà parti sans rien me laisser d’autre que le gout de ta peau à ma peau, un parfum de fleurs cueillies à mes égides, et Vésone me manque plus encore. Quand la dernière fois, ai-je lézardé au lit esseulé, toi à ce point partout autour de moi que je m’y suis branlé pour conjurer l’infini de l’envie ?
A l’instant, ne compte pas.

Elles sont longues ces journées, ces journées où je ne peux pas te toucher, où je ne peux pas te dire quand tu es pourtant si près de mes mains, de ma bouche; supplice se délaye jour après jour, et je brule, me consume, foudroie les secondes qui dardent sur moi de curieux regards. Et moi, je ne vois que toi.
Toi qui m’attends sur le perron d’une marche, qui cherches mon pied sous la table, qui m’accules à un mur comme au sommier, toi qui crois que parfois le silence préserve.
Il est si bruyant ton silence, mijn Liefde, il crie si fort, s’empourpre de précipices, s’effile d’aiguillons, mais qu’importe, je m’y avance quand même : qu’il me lamine, qu’il me transperce, qu’il me déchire, particule après particule, j’y tendrai toujours ma main, dussé-je ne laisser que mes os à tes pieds, litanie aux lèvres : "Je voudrais dévorer tes peines, souffler à tes cils pour en chasser les voiles, et refaire le monde tel qu’il devrait te porter."

Je suis triste, j’ai mal et j’ai peur ; août a pris un tribut que je n’avais jamais songé payer et me laisse battu à des vents qui me chavirent de regrets.
Mais je t’aime. Je t’aime et cela me fait sourire, chasse les nuages jusqu’à cingler l’azur, me chante à l’oreille des berceuses obscènes tout autant qu’apprêtées.
Je t’aime et cela pose aux fronts de mes douleurs de ces inexplicables joies qui les apaisent.
Nous sommes vivants.

J’ai hâte que nous soyons à la maison

Ton Amour.





*Roman de Yann Moix
** JD L_Aconit

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L_aconit
On ne sort pas. On est contrarié. Alors on brode des mots à des froissements. Salomon arraché à son autorité nourrira encore longtemps la rancœur. Si sa sœur se plait à écrire qu'il n'a pas d'âme à veiller, c'est qu'elle n'a jamais compris ce qu'était au prélat son enfant de chœur. Chatière bat au vent des libertés, si Faust reste au lit, Alphonse lui inventera auprès d'autrui de savantes maladies.


Citation:


De Faust , le 14 août 1466


C'est le matin. Tu es sorti. Je sais que j'ai souhaité ne pas mettre un pied dehors en taverne dans cette ville, pourtant quand tu quittes la chambre, la couche n'est qu'une mer de désolation. Un navire sans capitaine. J'ai dans mon corps des vagues languides qui réclament leurs récifs. Des sirènes éplorées qui attendent leurs marins. Je lis des livres que je trouve insipides, j'ai la voix enrouée de manque et je tangue d'être ivre... Je t'imagine encore là, sous l'égide de ma main. Greffé de soupirs. Ton buste se soulevant doucement, comme la houle de fin de journée. On trouve toujours la mer plus calme à l'insu du jour, est-ce bien vrai?

Je garde mes pieds dans le sable du lit, je compte les lames du plancher et mes chateaux qui s'effritent. Il me vient quelques pensées noires, pas comme le noir de tes yeux, non, de ce noir qui étouffe et qui engouffre tout; je sais que tu as mal. Ta tristesse est la mienne, et quand tu souris, je vois bien par le tain que tu te forces un peu. Alors je técris des plis de chemin , ils ont peut être l’aspect de tes lettres, ils voltigent comme des oiseaux pour épier tes salons. Les petites courtoisies que tu offres aux filles de Limoges, à leurs drames orchestrés et leurs concupiscence creuse. Ton petit papier m’a fait un drôle d’effet ; au lieu de le dévorer je n’osais pas y toucher en le voyant — je l’ai pris avec un saint respect, j’y ai compté toutes les petites marques d'amour et toutes celles de tristesse — mais il a bien fallu ensuite lui manquer de respect...

Alphonse, quand tu pars mon coeur est un atelier en désordre, reviens ce soir et apporte moi des pêches. Que je pourlèche à tes lèvres leur sucre de perle . Et puis va, je leur laisse un peu de toi. Pas comme on jette des miettes mais plutôt comme on fait une faveur.


Citation:


De Faust , le 14 août 1466



Alphonse, J'ai le coeur en joie quand tu me laisses

la lecture de tes mots, un petit pli laissé là,

tout raide sur l'oreiller, attendant sa sentence

à mon oeil avisé. Ta bouche, si douce quand tu daignes

comme un jeune supplicié qui réclame baiser

me la laisser un instant, est autant de caresses .

Je te prouverai que je suis l'homme

le plus sincère, capable de t' offrir le sentiment

le plus profond; et tu verras, l'étroitesse

je n'en ai pas , ce soir tu auras la meilleure preuve

que je puis t'offrir ... Ce soir je reçois ; mon Amour.







Panier de pêches n’a pas attendu la nuit ; il gît, osier renversé, éparpillant la rondeur de ses trésors et l‘un d’eux a roulé sous un sommier troublé de cuivres harmoniques.
Quand août au soleil a le gout des rivières, les chambres se poissent de celui des pêches et des vers mélangés ; assemblés au hasard d’un détour, ils ont perdu leur mue, et semé, à une lecture sautillante, le secret d’une nouvelle lettre. *



    "Alphonse, J'ai le cœur en joie quand tu me laisses
    tout raide sur l'oreiller, attendant sa sentence
    comme un jeune supplicié qui réclame baiser
    Je te prouverai que je suis l'homme
    le plus profond; et tu verras, l'étroitesse
    que je puis t'offrir ... Ce soir je reçois ; mon Amour."



Mot retour trouvera lecture plus tard lorsque la fièvre s’assagira, noyau fendu jusqu’à l’amande.*


Citation:


D'Alphonse, le 14 août 1466

"Je n’ai pas la patience d’attendre.
Mon pardon à ma bouche, ma bouche à ton ventre, ton ventre à ma main, ma main à ta gorge, ta gorge à mon oreille, mon oreille à ton cœur, ton cœur à moi, moi à toi.

A."



* By Alphonse

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De Alphonse

Sur le bureau


Citation:


    Elles sont longues, ces heures sans toi, et s’étirent, j’en suis certain, un peu plus à chaque instant.
    Je voudrais dévorer le temps, l’assagir jusqu’à l' endormir et dans cette parenthèse figée, laisser venir la nuit, l’asseoir d’un baiser fait de dents et en percer la peau pour nous y faire berceau.
    J’ai envie de ta bouche, de ta peau, de ta queue. De Toi.
    Trois jours ont des accents de trop.
    Là, mon Amour, trois jours et je viens tourner à tes jambes en y miaulant.
    Caresse-moi.

    Liefde.

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Voyage à quai, même au sec, parfois, l'on avait les pieds dans l'eau d'une crue de Seine.



Citation:
De Faust


Liefde.

J'ai été stupide hier. Je t'ai demandé depuis quand tu ne me parlais plus, alors que tu venais de me confier quelque chose qui visiblement te tracasse et te rend plus taciturne que d'habitude.


J'ai envie de te deviner. Chaque fois que tu ne me regardes pas, et chaque fois que tu poses ton pied sur le mien. J'aime quand tu me parles, à voix basse, à l'oreille, en mimant des lèvres, avec les mains, avec le peau à peau. Tu es inquiet. Chasse tes craintes, tu es à la maison. Je ne suis pas un grand autoritaire, mais je t'interdis la tiédeur. Tu me parles dans une langue riche et subtile telle l'Illiade, et par delà toutes les brumes il n'y a rien de plus limpide que cette langue pour moi. Alphonse; tu n'es pas un criminel. La seule mort que tu donnes, elle éclot dans un de mes hoquets, la seule peine que tu infliges, elle est greffée à tes propres pensées. Cesses de te torturer l'esprit. Et confesse-toi autant que tu veux, je suis toujours au même endroit que la première fois, à l'endroit exact ou je demeure dans l'attente. De toi. Au lit ou au fond d'une église, tu sais où sonne l'heure de nos rendez-vous.

J'ai pour t'apaiser, le frôlement de nos paumes en caresse. La préhension de ta bouche humide, écartée contre la mienne. Les pulsations douces de mon sexe sur tes lèvres. Ces lèvres dégorgeantes de houle. Quatre incisives sur mon épaule. mon beau muse, j'ai des remèdes à tes inquiétudes qui allégeront ta conscience jusqu'à ce que tu ne sois plus qu'un flot concentrique de sensations. Une lame de fond. Je poserai ma joue contre un édredon, un mur de pierre frais, un carré d'herbes tendres et je te regarderai comme si c'était la dernière fois, de ces yeux avec lesquels un jour de départ l'on voudrait emporter un paysage qu'on va quitter pour toujours. Peut être que je laisserai errer mes mains dans tes cheveux, redessinant l'accroche cœur que j'aime tant et qui ondule à ta tempe.

Dépendant, primitif et les pieds nus, n'est-ce pas ainsi que la brume se dissipe? Viens essayer. Liefde, mon bel attrait mortel, quand tu auras vidé ton corps et ton esprit, tu te sentiras lointain tu verras, et je te lirai quelques fables , allongé au borde de l'Isle pour sanctifier ta première heure de paix nouvelle.

Aconit



Citation:


De Faust


Alphonse. Ce soir, au con fesseur, je veillerai un peu pour raconter des contes. Si tu veux y venir, j'y serai pour 22h.




Citation:
D'Alphonse


Il y a les vies que l‘on traverse, celles que l’on délaisse, celles qui nous attachent.
Il y a aussi, le gout de promesses et leurs poids pesant aux lèvres.
Paris m’en a épinglé quelques-unes, et les autres, je les ai faites à un temps où le bonheur n’était que grammage dans une solution de plomb, insignifiante quantité aux éclats vifs et volatiles.
Quand tu as trouvé mon monde, tu en as inversé les pôles, basculé les chromatiques et je vis maintenant le nez dans un ciel bleu où chaque particule saturne que j’y aperçois me terrifie à l’idée des contaminations.
Mon Amour, mes silences sont des nuages dont je ne sais que faire. Je crains que chacun t’ombre le visage, que cette vie d’avant, cette vie de métal t’aveugle d’un reflet de rouille... Et puis je me souviens.

Tout n’est pas fragile. *


Mon corps et mon cœur sont d’obscènes créatures ; ils se dressent tous deux pour toi et je bande, d’émotions, de concupiscences, de folies, de sagesses. Ce que tu as réuni , tu le modèles à chacun de tes pas et je t’Aime pour cela.
Je te vois crever la carapace de tes bleus, je te sens fouiller dans mon vide pour en extirper le plein, et quand je jouis de toi, je jouis de nous. Ta queue est mon sceptre, ta bouche mon paradis, ton cul, ma délivrance, et ton cœur… ton cœur Faust, est de ces choses précieuses que j’arroserai de foutre, que j’ensoleillerai de salive, que je ferai pousser en le branlant longtemps, souvent, jusqu’à le transvaser au mien pour me sentir enfin Un. Là, ainsi, nous deviendrons Arbre, à jamais l’un dans l’autre, fourmillant de sève, laissant écumer des fleurs par dizaines à chacune de nos voyelles et couvrant le ciel qu’il soit bleu, ou gris de nos multiples amours sylves.

Ce soir, à 22h, à ton auditoire.
Toujours.

A.




* Fauve, Blizzard
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