Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Quand la famille s'agrandit

Ganwyn
Une de plus. Vassili ne se souvenait plus trop comment il l’avait appris, et surtout comment il avait réagi. La petite Blanche. L’homme à la hache rouge. Quelle idiote, et lui surtout quel idiot. Même pas foutu de s’occuper de la Blanche. Quel imbécile, le vieux mourait d’envie de le retrouver juste pour lui en coller une. Son fils, un imbécile de plus. Taré, mais ça, le vieux le savait d’avance. A savoir comment il l’avait eu, ça, il ne s’en souvenait plus non plus. Viol ou catin ? Sûrement catin. Oui sans aucun doute. Et la mère de la Blanche c’était qui déjà ? Encore une information qui s’était fait la malle. Bloodwen Raskovna. Cette information avait un peu changé la donne. Pas qu’il allait la prendre en pitié, manquerait plus que ça. Jusque-là, la Blanche avait été presque un jouet, mais maintenant qu’elle était de son sang, la situation n’était plus la même. Que faire de toi petite Blanche ? Que faire de toi ? Déjà la battre inutilement pour se calmer n’avait plus de sens. En vérité elle avait eu de la chance de l’informer involontairement de cette parenté. Beaucoup de chance même. Le soir de leur rencontre, le vieux avait eu le sang assez échauffé pour l’égorger au terme de leur petite fête. Oui il l’aurait égorgé, puis lui aurait enlevé ses jolis yeux rouges. Mais il ne pouvait pas tuer son sang. C’était une enfant, il fallait qu’il la fortifie un peu, qu’elle soit mieux que sa cousine, Valience. Cette gamine, Vassili la méprisait au plus haut point. Idiote et craintive, rien pour lui plaire, elle était jolie, enfin, elle ne faisait même pas attention à son physique. Une crétine de plus. Il aurait bien profité du physique de sa petite fille pour se faire de l’argent, mais son père était un Ambroise. Et le vieux n’était pas assez fou pour se mettre à dos l’une des plus puissantes familles de France juste pour quelques écus.

Et la Blanche qu’en faire ? Le vieux se l’était demandé. Il ne lui avait pas révélé ce lien de parenté. Enfin il ne le ferait pas tout de suite. Plus tard. Il aurait le temps de le faire. Mais il fallait la fortifier. La douceur ne servirait à rien, cette gamine ne comprenait que la violence. Au contact de la douceur elle ne pourrait que se ramollir encore plus. Elle était déjà assez faible comme ça, autant ne pas l’enfoncer. Non le vieux se disait qu’il pouvait en tirer quelque chose. Déjà elle lui était obéissante, et elle le craignait, et il espérait bien qu’elle finirait par le craindre plus que tout au monde, si il le fallait il deviendrait réellement son cauchemar. Qu’elle apprenne que toute faiblesse serait réprimée dans la douleur et les larmes. Qu’elle sache que ce monde, elle devra le combattre. Vassili se demandait également si il devait la maintenir dans son illusion d’être une créature du Sans Nom. Quelle idiotie. Cette gamine ne pouvait pas faire de mal à une mouche, comment pourrait-elle servir la pire créature au monde ? Elle avait juste été la victime du jeu cruel du Très Haut. Le vieux verrait, il avait le temps

Tout à ses pensées il n’avait pas vu qu’ils étaient déjà arrivés. Tout autour d’eux, la nature reprenait doucement ses droits après le long hiver. L’herbe perçait à travers la neige. Une Blanche aurait pu encore s’y perdre quand même. Le soleil s’était couché depuis longtemps, la Blanche le suivait plus ou moins. Malgré son âge il avançait plus vite qu’elle. En même temps. Elle était faible et affamée. Pauvre petite Blanche. Depuis qu’il avait d de écouvert leur lien, le vieux s’était arrangé pour la retrouver et s’occuper d’elle comme il se devait. Il avait un plan en tête pour la Blanche. En se retournant il la regarda marcher avec peine. Il ne lui avait pas donné de quoi marcher. Elle était pied nu, dans le froid. Et comme de coutume il l’avait menacé de punition sévère à la moindre plainte, à la moindre larme, à un ralentissement trop prolongé. Cette brave petite avait bien écouté. Vassili appréciait son obéissance à son égard. Il lui avait quand même promis un repas chaud si elle se dépêchait. Le vieux savait qu’il fallait alterner punition, menace, mais aussi promesse et récompense. C’est comme ça que ça marchait. Pour elle, ça marchera sûrement.

Au loin il aperçut la maison. Elle appartenait à un quelconque membre de sa famille. Il savait qu’il n’était pas là et qu’elle était juste gardé par une des filles de la famille. A savoir laquelle. De toute manière il s’en fichait, au pire il la jetterai dehors si elle osait se lever contre lui. Mais en général, la plupart des membres de sa famille s’en fichait complètement de ce qu’il faisait. Les activités du vieux ne regardaient que lui. Et dans cette famille, chacun faisait ce qu’il voulait un peu près. La maison. Elle était planté le long de la route de terre que le duo traversait. En face la forêt, à l’arrière des champs divers. A quelques centaines de mètres de l’habitation se trouvait un petit village. Il devait y retrouver une connaissance dans la taverne. Et il n’avait pas vraiment envie de traîner la Blanche avec lui. Au cas où le vieux traînait avec lui des chaînes. Enfin, il les avait confié à la petite. Elle avait vraiment pauvre allure, la face rougie par le vent, les vêtements en lambeaux, les pieds couverts de terre, et ses chaînes cliquetant avec ses pas. Chaque soir il l’attachait fermement à un arbre ou un meuble, comme un animal. Vassili espérait qu’il n’aurait pas trop de mal à trouver un point d’attache dans la demeure.

En arrivant près de la maison, le vieux s’accorda un sourire en voyant la lumière à l’intérieur, Dmitrov n’avait pas menti. Cette maison était prête à l’accueil. Regardant au bout de la route il aperçut les lueurs du bourg non loin dont il avait oublié le nom. Il se tourna vers la gamine, la regardant d’un air froid et sévère. Il l’attrapa fermement par la nuque, comme il le faisait dans sa jeunesse avec les nouvelles portées de chaton pour les noyer à la naissance, puis se pencha pour être sur qu’elle l’entende correctement.


Nous sommes arrivés maintenant écoute moi bien Blanche, écoutes moi bien car si je dois répéter ça se passera très mal. Je dois aller voir un…ami en ville. Tu vas rester dans cette maison avec son occupant. Je te préviens de suite Blanche. Si tu tentes de t’enfuir, ou d’alarmer qui que ce soit, je te retrouverai et je retrouverai la gardienne de cette maison, et je vous tuerai toute les deux. Tu entends Blanche ? Toute les deux. Je suppose que tu n’as pas envie d’avoir la mort de quelqu’un sur la conscience ? Donc tu resteras dans cette maison, et tu ne bougeras pas. Tu as été obéissante jusqu’à aujourd’hui, continu comme cela, je t’ai promis un repas chaud et tu l’auras. Allez on y va.

Puis il la poussa en avant sans ménagement. Et sans se préoccuper qu’elle se soit vautré ou non sur le sol, il s’avança vers la maison. Arrivant à la porte, il poussa celle-ci du pied sans même toquer. La chaleur réconfortante du foyer le ravit au plus haut point. Une bonne odeur de nourriture venait chatouiller ses narines, mais Vassili n’avait pas de temps à perdre, et de toute manière un repas l’attendait aussi en ville. Il regarda la jeune femme dans le coin qui l’observait. Valience. Vassili eut une moue de dégoût mélangé à du mépris. Si c’était elle qui gardait la gamine, il n’avait qu’à l’impressionner aussi, ça marcherait sûrement. Alors il attrapa violemment l’enfant qui traînait derrière elle, et la balança sur le sol de la maison. Puis il regarda Valience et se mit à lui parler en russe :

Valience, je te présente notre invité, Blanche. Tu t’occuperas d’elle, je dois aller au village. Nourris la et rhabille la. Si à mon retour elle a disparu tu me le paieras très cher tu m’entends ? Ah et avant que tu me demandes, elle est de notre famille. Mais si tu lui en parles, tu es morte, et elle aussi.

Puis ne supportant pas son visage, bien qu’il soit beau, le vieux prit une bouteille et la balança en direction de sa petite fille. Levant son poing en signe de menace pour la seconde qu’il avait précédemment jeté à terre, histoire de lui rappeler ce qui l’attendait en cas de désobéissance. Puis il reprit la porte et s’en alla en la claquant.
Bloodwen
Il m’avait retrouvé. C’était un matin tranquille alors que je chapardais sur un marché de quoi me sustenter. Le commerçant délesté m’avait repéré et m’avait coursé dans les ruelles attenantes. J’avais cru ma dernière heure arriver avant d’être sauvée, mais par qui ! S’était sa voix que j’avais identifiée en premier, comment aurais-je pu l’oublier ? Elle résonnait encore à mes oreilles certaines nuits durant lesquelles je revivais les tortures qu’il m’avait fait subir. Alors, sans résister, je l’avais suivie. Je ne voulais pas qu’il me batte à nouveau, et je ne voulais rien tenter qui ne lui donne une occasion de me brutaliser.
L’obéissance était ma meilleure chance de survivre et je m’y appliquais du mieux que je le pouvais. Par ailleurs, je n’aurais pu fuir puisqu’il veillait bien à m’enchaîner comme une bête lorsqu’il ne m’épuisait pas par une longue marche. L’hiver faiblissait, mais les températures étaient toujours rudes, et mes pieds nus, bien que rompus à l’exercice et aux plantes recouverts d’une corne épaisse, souffraient du contact avec le sol gelé, quand ce n’était pas de la neige. Pour parfaire son œuvre, il ne me nourrissait que peu, m’ôtant ainsi la force de me rebeller. Ces mauvais traitements, je les subissais avec résignation.

Si au début j’avais conçue l’espoir d’être secourue par mes amis, ou même par une âme charitable croisée au détour d’un chemin ou d’une taverne, il m’avait totalement abandonné quand j’avais compris qu’il m’emmenait dans un endroit inconnu. J’étais incapable de reconnaitre les bourgs et les paysages que nous parcourions. Et personne ne semblait se préoccuper de mon sort. Désespérée, je me laissais alors de plus en plus abattre et pris bientôt le parti de me faire à cette nouvelle situation. J’avais déjà connue des variations de sort si abruptes en des périodes si rapprochées que j’avais sans doute développée une capacité d’adaptation remarquable. Comme lors de ma captivité avec le faux moine, je me montrais docile, le laissant disposer de ma personne dans une indifférence morbide.

La tête basse, chaque pas me coûtant davantage que le précédent, je le suivais vers un sort inconnu. Il ne m’avait rien dit, et je n’avais rien demandé. Ma tête était vide, mes yeux secs. Il m’avait défendu de pleurer et menacé des pires maux si je traînais. Aussi j’avais étouffés mes pleurs entre mes mains à la faveur de son sommeil jusqu’à ce que je ne sois plus capable de m’épancher. Et je forçais mon pas chancelant avec pour seule motivation d’échapper à une souffrance plus grande si je faiblissais. Le repas chaud qu’il me promettait, je ne préférais pas trop y penser, ni même y croire vraiment. Sans doute s’amusait-il à me tourmenter avec une vaine promesse, un vain espoir qui le réjouirais surement quand il le verrait mourir dans mes yeux en faisant passer le plat sous mes yeux avant de me le retirer. Mon peu d’imagination me torturait tant j’avais faim et j’étais fatiguée, seulement soutenue par la crainte de ce que le vieil homme me ferait subir si je m’arrêtais.

J’avais vaguement hoché la tête à ses propos, de peur qu’il me rompe la nuque de sa large main. Il avait raison, je ne voulais pas avoir une mort sur la conscience, et il pouvait compter sur mon obéissance, envers lui et envers la personne à laquelle il me confiait.


Je ne bougerais pas, je serais bien obéissante.

Projetée en avant, je trébuchais sur la route et m’empressais de le suivre, jusqu’à la demeure. A demi courbée, les mains sur mes genoux, je reprenais mon souffle. A bout de force, l’odeur de nourriture qui me parvint aux narines manqua de me faire défaillir. Mon ventre creux me torturait et mes pieds gelés me faisaient terriblement souffrir. Sans que je ne m’y attende, je fus projetée au sol, à l’intérieur, dans un fracas métallique. Visage au sol, je ne fis pas un geste pour me relever, bénéficiant que peu de la chaleur puisque je me trouvais au niveau de la porte par laquelle l’air extérieur pénétrait à flots. Je tressailli cependant en attendant la langue étrange, je l’avais déjà entendue, de la bouche de mon père, lorsqu’il était ivre, et qu’il s’en prenait à moi. Je ne la comprenais bien sûr pas, mais elle évoquait pour moi ce qu’il y avait de pire. Je levais le regard un instant pour entrevoir le geste menaçant qui m’était adressé, et me recroquevillais brusquement en entendant la porte claquer. Alors que le silence succédait au fracas qui l’avait précédé, je restais prostrée au sol, le regard baissé, incapable de le lever vers ma gardienne.

Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je m’imaginais qu’elle était à l’image de mon tourmenteur, et qu’elle me traiterait de la même manière que lui. Je ne doutais pas un instant qu’elle allait saisir mes chaînes pour me lier à quelques meubles dans un coin et m’abandonner là en attendant le retour du vieil homme. J’espérais seulement que ce soit près du feu. La chaleur ambiante faisait son effet, et ravivait les douleurs que le froid avait engourdies. J’avais si faim, et je me sentais si faible, que, relâchant mes efforts pour être bien obéissante, je me mis à pleurer en silence, le corps seulement agité de soubresauts caractéristiques, tandis que de grosses larmes dévalaient mes joues pour s’échouer au sol. Mon ventre trahissait mes besoins en grognant bruyamment, et je tentais de le faire taire en plaquant mes bras dessus.

J’étais si épuisée moralement et physiquement, que le fait que ma capuche soit tombée sur mes épaules dans ma chute et que ma tare soit visible me préoccupais moins que d’habitude. Mes longs cheveux blancs s’étaient répandus en lourdes boucles autour de mon visage toujours plaqué au sol. Mes yeux de démon restaient baissés, mais je ne pourrais les cacher éternellement à celle qui avait ma garde. Je craignais sa réaction, comme à chaque fois que je me trouvais face à un inconnu. Je doutais que mon regard rougeâtre et mouvant la mette en de bonnes dispositions à mon égard, et attendait, tremblante, de savoir quel sort elle me réservait.

_________________
Eloane_charlotte
Comment était-elle arrivée là ? Valience se rendait compte à quel point retrouver sa famille n’était pas aussi jolie qu’on le croyait. Elle était bâtarde de bâtard. Fille de brigand et d’un semi noble. Rien d’enviable. Rien de respectable. Le monde lui avait bien montré qu’elle n’était rien. Il lui avait fait comprendre dès sa plus tendre enfance, quand elle restait prostrée dans un placard noir avec sa sœur, dans l’espoir que son beau-père cesse d’user du bâton. Ce bâton, elle le terrifiait quasiment plus que tout. Et ses hurlements de rage, mère qui ne faisait rien. Il n’y avait qu’elle et sa sœur. Sa sœur adorée. Mais encore une fois elle était partie et avait laissé la Bègue toute seule. Elle ne savait pas trop vers qui se tourner. Sa famille paternel, une famille puissante et riche, mais elle n’était rien pour eux, et son père, elle avait encore la rancœur d’avoir été laissé pendant autant de temps. Alors elle était allée vers le clan de sa mère.

Elle avait fait leur rencontre il y a quelques temps de cela. Elle avait été une déception pour le vieux, elle le savait. Pas sa sœur, sa sœur était forte, comme le vieux. Et elle, pauvre Valience. Qu’est-ce qu’elle était ? Une pauvre pantine trop faible pour même hausser le ton. Le vieux l’avait détesté, et pourtant, elle avait fait des efforts pour lui. Elle avait espionné sa famille Ambroise. Elle lui avait donné de l’argent, l’avait hébergé, mais jamais un merci, jamais un sourire. Pourtant elle n’abandonnait pas. Si sa mère l’avait délaissé au moins sa famille elle pas encore. Certains étaient même gentils, pas beaucoup, mais certains l’étaient, et cela lui suffisait. Et l’un l’avait hébergé. Il avait la quarantaine. L’air maussade et froid, comme beaucoup de son sang après tout, mais il était gentil et ne l’avait pas maltraité durant son séjour. Puis il avait dû partir, pour aller voir un quelconque cousin, lui disant que bientôt elle aurait de la compagnie. Mais quelle compagnie. Elle ne s’attendait pas à ça.

Se levant du confortable lit de paille, elle se dirigea vers l’âtre, humant la douce odeur qui en émanait. On lui avait dit qu’ils arriveraient aujourd’hui, ses hôtes. Alors elle avait fait un effort. Valience n’était pas mauvaise cuisinière, elle avait plusieurs fois remplit cette office pour sa famille, et aujourd’hui elle l’avait de nouveau endossé. Se faisant lécher par les flammes du foyer, trônait un énorme récipient de cuivre. Elle l’avait un peu surlevé, histoire que son contenu ne brûle pas, mais se contente de conserver une bonne chaleur. Qu’avait-elle à disposition ? Dans la marmite, des carottes trempant dans l’eau, près du feu dans un autre plat, un brochet qu’elle avait « emprunté » à un pêcheur dormant. Et sur la table, trois belles miches de pain, un pot de beurre à moitié vide. Le beurre, elle adorait ça, mais ça restait plutôt cher, donc elle économisait. Et enfin, son trésor, un sachet d’épice qu’elle avait emprunté à son père en visite chez lui. Lui était riche, c’était un seigneur et noble, il avait de l’argent, beaucoup d’argent. Alors un malheureux sachet d’épice, cela ne pouvait lui faire de mal.

Elle s’approcha de la fenêtre et aperçu au loin deux silhouettes avancés, avec la tombée de la nuit elle ne discernait quasiment rien. Mais ça devait être eux. Sûrement. Il fallait finir de préparer. Alors, elle retira les carottes du récipient, les mit dans le plat avec le brochet, se disant que ce mariage ci était des plus étranges. Mit quelques pincée de ces épices inconnus, puis un peu de beurre qui se mit à fondre sur le poisson. Elle regarda avec satisfaction son œuvre, ça payait pas de mine, mais ça sentait bon. Elle avait voulu se procurer de quoi boire, mais il n’avait trouvé qu’une atroce piquette, se disant qu’elle pourrait couper ça avec de l’eau fraîche.

La jeune femme s’assit doucement sur le lit, attendant avec appréhension l’arrivée de ses invités. Il ne prit même pas la peine de toquer, rentrant dans la maison en jetant devant lui quelqu’un. Valience regarda d’un air presque terrifié le vieil homme qui lui faisait face, le grand père. Elle en avait peur. Terriblement peur. Elle savait ce qu’il faisait. Longtemps avant, elle avait préparé ses phrases d’accueil. Son problème l’empêchant d’être crédible, elle s’était fait le scénario plusieurs fois dans sa tête, pour être sûre de pouvoir les accueillir dignement. Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle se contenta de déglutir lentement, ne prêtant même pas attention à l’enfant à terre. Hochant discrètement la tête quand il s’adressa à lui. Mais elle était surprise, une nouvelle ? Elle s’accorda un regard vers la petite, mais alors qu’elle voulait se pencher un peu en avant pour mieux la regarder, une bouteille vint exploser à une dizaine de centimètre d’elle sur le mur. Par réflexe elle ferma les yeux et rentra la tête, mais quelques éclats vinrent lui déchirer le visage. Trop peureuse pour le regarder de nouveau, elle n’entendit que la porte claquer, respirant difficilement. Un instant elle resta ainsi, laissant son cœur reprendre sa cadence normale. Puis son visage clama sa douleur, elle étouffa un petit grognement, passant sa main sur ses petites blessures.

Enfin elle regarde l’enfant par terre. Pauvre enfant. Tante ou cousine ? Mais il n’avait pas le droit de lui demander, autant ne pas tenter le loup. Lentement elle se leva, et regarda à l’extérieur, pour être sûr que le vieux était bien parti, ses blessures la faisant tiquer du visage. Elle passa sa main sur ses yeux, pour en essuyer les larmes de peurs qui en avaient jaillit plus tôt. Reniflant lentement, elle s’approcha de l’enfant, s’asseyant sur le sol pour la regarder de plus près. Elle percevait ses sanglots qui secouait son petit corps faible. Pauvre enfant. Pauvre petite Blanche. Elle ignorait son vrai nom, elle se doutait bien que Blanche n’était qu’un surnom en raison de la couleur de ses cheveux. C’était si inhabituel.

La jeune femme souriait tristement, à son âge elle n’avait pas dû être bien mieux. Sauf qu’elle portait une chevelure vénitienne, et non blanche comme la neige. Lentement elle lui prit ses chaînes, et les tira dans un coin. Puis elle revint vers l’enfant, ne sachant pas quoi faire. Pas quoi dire. Que fallait-il dire pour réconforter une enfant comme elle ? Sûrement encore plus maltraité par le vieux que quiconque, dans un monde qui n’était pas le siens. Valience ne savait pas, elle se sentait si perdu en cet instant. Intérieurement elle souhaitait le retour de sa sœur chérie. Elle voulait qu’elle lui revienne, qu’elle la guide et la protège, et la petite avec aussi. Mais cette fois c’était elle la guide et la protectrice, quelle lourde responsabilité. Alors elle fit ce que sa sœur faisait autrefois pour la réconforter, elle posa doucement sa main sur son dos, la caressant avec tendresse. Puis elle se pencha à son oreille et lui dit d’une voix qui se voulait rassurante :


-N-n-n’aie pas peur B-b-b-blanche. N’aie pas peur, j-j-j-je ne te f-f-f-ferai aucun mal je te le p-p-promet.

Puis se rappelant que l’enfant avait faim, elle se leva et prit une bonne portion de brochet avec quelques carottes et du beurre fondant, et s’empara d’une miche de pain posant le tout devant l’enfant. Elle aurait préféré bien sûr l’allongé sur le lit, mais elle n’était pas sûre qu’elle le prenne bien, elle ne voulait pas la brusquer, ça non.

-T-t-tu as faim ? T-t-t-tiens, m-mange pendant qu-qu-que c’est chaud.

Puis elle vint caresser doucement son menton, lui relevant légèrement. Elle cacha sa surprise de voir ses yeux rougis, d’un rouge si étrange, mais elle sourit, un sourire franc et chaleureux. Comme savait le faire Valience
Bloodwen
Je sentais ma gardienne s’approcher de moi, et tirer sur les chaînes que j’hésitais à lâcher un instant avant de les lui céder. Les gestes que je percevais sans oser lever les yeux me semblaient doux et en totale contradiction avec ce à quoi je m’attendais. Je me calmais progressivement, ayant pleuré tout mon saoul, et tressailli en sentant la main inconnue me toucher le dos, avant de me détendre, surprise, sous ses caresses que je trouvais très agréables.
Je pensais qu’elle allait m’attraper et me jeter dans un coin, mais au lieu de cela, elle se montrait rassurante. Je ne savais plus quoi penser. Sa façon de parler était étrange aussi, mais avant que j’ai eu le temps de réagir, elle s’était déjà levée pour s’éloigner à nouveau. Lentement, je me redressais sur mes genoux, écorchés a force de chutes, gardant cependant toujours la tête basse, rentrée entre les épaules, prête à recevoir un coup. J’étais si habituée à être maltraitée que tout mon être avait adopté une posture défensive.

Je fixais le repas qu’elle avait déposé devant moi, réalisant à peine que j’allais vraiment pouvoir manger. Mes glandes salivaires s’activaient déjà, alors que mes yeux humides s’ouvraient en grand devant tant de profusion. Je me sentais toute chaude de l’intérieur, et je ne détournais pas immédiatement le regard alors qu’elle me relevait le visage. Son sourire acheva de me rasséréner comme je comprenais enfin qu’elle n’était pas comme le vieil homme. Je ne parvins cependant pas à soutenir son regard bien longtemps, mais je parvins à articuler, malgré ma gorge serrée d’émotion un
« merci » plein de reconnaissance.

Puis, n’y tenant plus, les mains tremblantes, je me saisis du plat que je dégustais, non pas avec précipitation, malgré ma faim, mais lentement, pour ne pas en perdre une miette, et pour que l’effet en dure plus longuement. J’avais découvert cela à la ferme, il y avait longtemps : si je mangeais vite, je restais sur ma faim, alors que si je mangeais bien doucement, parfois, si il y avait assez de nourriture, je n’avais plus mal au ventre pour un petit moment.

Avec mesure donc, je me restaurais, dégustant le meilleur plat que j’eusse mangé depuis longtemps, léchant le plat pour ne pas laisser une goutte de sauce. Puis, prévoyante, car je n’espérais pas plus qu’il n’était raisonnable, je glissais la miche de pain dans ma petite besace, pour plus tard, quand la faim me tenaillerais à nouveau. Rassasiée, je levais enfin les yeux vers ma gardienne pour préciser, d’une petite voix contrite, car je me sentais dépossédée de mon identité, et craignait de dévoiler mon vrai nom, de peur de subir le courroux du vieil homme :


...Je m’appelle Bloodwen

Puis, comme pour chasser mon inquiétude à ce sujet, je passais à autre chose, observant la demeure puis la jeune femme. Elle avait été blessée aussi, et même si elle était ma gardienne, elle avait l’air trop gentil pour être du côté de mon tourmenteur. Peut-être que nous étions ses prisonnières toutes les deux. Je ne pourrais pas lui survivre seule, je le sentais bien, j’avais besoin d’une alliée, d’un soutien réconfortant, rassurant, de quelqu’un sur qui compter, d’une épaule sur qui pleurer. Peut-être qu’elle le voudrait bien.

Il vous a fait mal à la langue ? Pourquoi on est ici ?

Cette dernière question, elle me taraudait depuis un moment, sans que j’ose la formuler. Pourquoi avais-je été emmenée ici ? Que me voulait-ton ? J’avais terriblement peur qu’il me ramène à mon père, ou au moine. C’était là ce que j’avais connu de pire dans ma courte existence, et je n’osais imaginer un sort plus terrible encore.
Qu’allait-il advenir de moi ? J’étais terrifiée et, au contact doux et chaleureux de cette inconnue, au chaud dans une chaumière débarrassée de la présence de mon bourreau, je sentais le peu de courage qui animait mon âme fondre. Alors, me laissant complètement aller, je tendis fébrilement les bras vers ma compagne pour l’enlacer et poser mon front fiévreux sur ses genoux, laissant échapper de mes lèvres la honteuse vérité.

J’ai peur…
_________________
Eloane_charlotte
Comment s’occuper d’une enfant ? Valience commençait à en trouver les clefs. Au début elle avait eu des doutes, surtout quand elle avait essayé de garder ses chaînes. Au final il n’avait pas fallu trop forcer pour les lui prendre. La jeune femme n’était pas forte, mais l’enfant l’était encore moins. Après, comme elle 8 ans plus tôt, les caresses l’avaient lentement détendu. Quand elle pleurait de peur, elle ne pouvait se calmer qu’au contact de sa sœur. Ce temps était révolu. Elle l’avait observé tout en apportant le repas, les épaules rentrées, comme si Valience allait attraper un bâton pour la frapper à tout moment. Mais comment, comment pourrait-elle faire du mal à qui que ce soit ? Elle n’était même pas capable de se défendre.

L’allure de l’enfant en voyant la nourriture ne l’avait qu’à moitié surprise. Elle l’avait laissé manger tranquillement, à son rythme. Son petit merci, avait insufflé en elle une douce chaleur, l’impression de faire quelque chose d’utile dans sa vie, l’impression de pouvoir aider quelqu’un. Car oui elle voulait l’aider. Elle n’avait jamais eu l’occasion de faire quelque chose, malgré sa volonté, car Valience était faible, et Valience avait peur. Pourtant son cauchemar était passé depuis longtemps, mais elle continuait de trembler en voyant des étrangers, ou en entendant une voix autre que celle de sa sœur. Enfin elle s’était améliorée depuis quelques mois. Le retour de sa sœur, le retour de la confiance.

Valience souriait, Valience souriait toujours quand elle n’était pas hanté par la peur ou la méfiance, et même dans ces cas parfois. Pourquoi ? Elle ne le savait même pas. Enfin si, en vrai elle pensait qu’en souriant les gens lui souriraient. Bon, sa théorie était assez bancale. Et elle essayait aussi de se donner une façade d’assurance. Là aussi ça foirait plutôt. Mais elle essayait de sourire à l’enfant, pour la rassurer, pour lui montrer qu’elle maîtrisait la situation, alors qu’elle en était autant prisonnière qu’elle. Elle voulait se faire responsable et adulte. La voir manger avec un tel appétit lui fit également plaisir, voyant qu’après tout, elle se défendait aux fourneaux plutôt bien. En voyant qu’elle rangeait la miche dans sa besace, Valience en prit une autre sur la table et la rangea dans sa besace en compagnie de sa sœur jumelle, devant poussé un peu pour la faire rentrer.

Le nom de l’enfant fut…étonnant. Bloodwen. Valience savait quelques mots d’anglais, en cause, un marchand anglais passant. Elle savait ce que voulait dire Blood. Cela rendait le nom presque désagréable. Bloodwen. Une mauvaise blague à cause de ses yeux sûrements. Où étaient ses parents ? Autant ne pas demander. Blodwen. Cela sonnait déjà mieux. Le mot Blood la dérangeait. Il lui rappelait les coups, la souffrance. Longtemps elle l’avait associé aux accouchements de mère, à chaque fois dans la douleur et le sang, à chaque fois elle s’en sortait, et à chaque fois Vali et sa sœur prenaient des coups de bâton pour une raison qu’elles n’avaient toujours pas compris aujourd’hui. Blodwen. C’était original comme nom, mais ça sonnait bien. C’était plutôt beau même.


Je m-m-m-m-m’appelle, V-v-va-valience…Mais t-t-tu peux m’appeler V-v-va-vali si tu veux. J-j-j-j-je t’appellerai Blodwen…Ou-ou-ou Belyytsve, ça v-v-veut dire f-f-fleur blanche en russe, c-c-c’est jolie non ?

Valience s’accorda un petit rire attendrie en entendant sa question. Peut-être qu’elle n’avait jamais rencontré de Bègue comme elle. Parfois elle faisait comme si son problème n’existait pas, mais il était bien réel. Les gens trouvaient ça drôle. Elle pouvait le comprendre aussi. Lentement elle caressa la joue de l’enfant, venant sécher ses joues mouillées. Son rire s’éteignit dans sa gorge en entendant la seconde question. Elle,elle était ici car elle n’avait pas d’autre foyer, mais la Blanche. Elle n’en avait aucune idée, et elle avait peur d’imaginer où il pouvait l’emmener. Elle se décida à lui répondre dans l’ordre, ses lèvres formant un petit sourire triste :

-Eh bien…J-j-j-je suis née c-c-comme ça. Le T-t-t-très Haut il m-m-m’a pas donné une l-l-l-langue complète. Et…M-m-m-moi je suis là p-p-p-parce que j-j-j’ai pas de m-m-maison pour l’instant, et D-d-d-dmitrov, celui qu-qu-qui à la maison, i-i-il m’héberge car i-i-il est gentil. M-m-m-mais je ne sais pas p-p-pour toi…

Valience s’en voulait terriblement d’ignorer cette vérité. Enfin si, le vieux lui avait confié le temps de voir quelqu’un, et il voulait qu’il la nourrisse et l’habille. Mais ce qu’il allait en faire ensuite, elle l’ignorait. Et cela lui pesait. Quelle horreur le vieux pouvait bien faire avec cette pauvre petite ? Ou quelle horreur comptait-il lui faire subir ? Déjà, elle se sentait plus que responsable de cette petite, la vie avait été injuste avec elle, mais que pouvait-elle faire. L’aider à s’échapper ? Il fallait peut être l’envisager. Mais quelles risques. Toute à ses pensées sur l’avenir de la pauvre Blanche, Valience ne vit qu’avec un peu de retardement qu’elle était venu à elle. Un moment, Valience ne sut quoi faire, un peu prise de court. Puis lentement elle la prit dans ses bras à son tour, la serrant contre sa poitrine, sa main caressant sa chevelure de neige, la joue se collant contre le haut de son crâne. Puis elle lui souffla doucement à l’oreille :

-M-m-m-moi aussi j’ai peur… M-m-m-mais il f-f-faut être forte, f-f-forte pour affronter le noir, s-s-sinon c’est lui qu-qu-qui viendra à nous.

La jeune femme déposa un léger baiser sur le front de la fille, puis la porta doucement jusqu’au lit pour l’y déposer. Cela ne se fit guère sans mal. La petite était maigre, mais Valience était faible. Cependant elle y arriva sans trop de casse, la déposant sans cesser le contact avec elle.

-N-n-n-n’aie pas p-p-peur Belyy…N-n-n-n’aie pas p-p-peur…

Puis ne sachant guère quoi faire, elle fit quelque chose que parfois sa mère avait fait pour la calmer quand elle pleurait dans le noir. Elle chanta. Une douce chanson à peine perceptible, une comptine pour endormir les petits enfants. Une chanson dans sa langue. La langue des Raskovna.
Bloodwen
Recroquevillée sur le lit, je m’agrippais de mes deux mains à celle de Vali, comme elle m’avait dit de m’appeler. Elle était douce, et chaude. Comme celle de ma maman, pour autant que je m’en souvienne. Je ne voulais plus la quitter, j’étais si perdue dans cette maison que je ne connaissais pas.

Tu as une jolie voix

Valience était gentille. Et j’aimais bien le nom qu’elle m’avait donné, même si je ne comprenais pas pourquoi elle n’aimait pas le mien. Il me convenait mieux que la blanche, comme le vieil homme m’appelait. Je le percevais comme une insulte, me rappelant sans cette tare si visible qui me causait tant de tourments. Valience était jolie, elle avait de beaux cheveux et de jolis yeux. Sa particularité à elle n’était pas évidente comme la mienne. Le Très-haut était vraiment très cruel avec elle comme avec moi. On se ressemblait en fin de compte. Notre défaut faisait de nous des victimes. Les blessures sur son visage le prouvaient.

Tandis qu’elle chantait pour me rassurer, je m’efforçais de ne pas avoir peur. Jusqu’à présent j’avais été seule, avec personne pour me protéger. Mon regard se promenait sur la pièce qui nous entourait. S’égarant sur les ombres que produisait le feu de cheminée. Je n’avais plus froid, et j’étais repue. Cela était assez rare pour me procurer une sensation étrange. Je regardais les ombres dansantes, tenant toujours fermement sa main, posant ma joue dessus. Pour la première fois de ma vie, je me pris à rêver. Nous ne serions que toutes les deux, dans cette vraie maison, avec un bon feu de cheminée et de la nourriture sur la table. Personne ne viendrait nous faire du mal et nous dormirions toutes les deux dans ce lit, en sécurité, serrées l’une contre l’autre, sans que nul cauchemar ne vienne nous troubler. L’homme Rouge ne viendrait plus me tourmenter, et le vieil homme non plus. Ce serait vraiment merveilleux.

Mon regard se porta sur le visage de Valience. Je ne le détournais pas rapidement, comme je le faisais toujours. Je n’avais pas peur de soutenir son regard. Avec elle, je me sentais presque normale. Elle ne savait pas pourquoi j’avais été emmenée ici. Mais elle avait dit que le propriétaire de la maison était gentil. Peut-être qu’il allait venir, et nous protéger. Peut-être qu’il empêcherait le vieil homme de m’emmener et me permettrait de rester avec lui et Vali. L’épuisement me faisait voir des chimères, mais je n’en avais pas conscience. Après tout, je ne m’attendais pas à rencontrer quelqu’un comme la douce jeune femme à laquelle je m’accrochais comme à un roc au milieu de la tempête.


Je n’ai plus peur avec toi, Vali

Bercée par le doux murmure qui s’échappait de ses lèvres, je tordais mes lèvres dans un simulacre de sourire, et fermais les yeux, rassurée par sa présence et sa douceur. Lentement, je sombrais dans un sommeil paisible, m’immobilisant totalement sur la couche, complètement détendue entre les draps. Je n’avais pas peur, parce que je savais qu’elle me protégerait. L’Homme Rouge ne viendrait pas me faire du mal avec sa hache, parce que Valience veillait sur moi. Un véritable sourire fini par s’immiscer à mon visage.
_________________
Eloane_charlotte
Valience serra doucement les petites mains de Blood avec ses doigts. Puis, elle passa ses mains dans le dos de l’enfant, maintenant le contact le plus longtemps possible avant de lâcher ses doigts pour venir couvrir son dos, la pressant doucement contre elle dans une étreinte qu’elle ne réservait normalement qu’à sa sœur. La jeune femme ne comprenait pas vraiment pourquoi l’enfant s’était attachée aussi vite à elle. Enfin, au final, la réponse était simple. Si elle n’avait connu que la violence et le mépris, avoir enfin le repos et la chaleur d’une protectrice, cela pouvait facilement endormir la paranoïa des plus méfiants. Peut-être que leur différence les unissaient, une union face au mépris du monde et des gens à leur encontre. La semi rousse se doutait bien que vivre sans couleur devait être bien plus terrible que vivre sans parler correctement. Les gens se méfiaient des albinos. Ils étaient regardés comme des curiosités, et les femmes albinos attiraient l’envie de certains. Son problème de locution lui attirait juste quelques moquerie et le mépris de vieux, cela avait été pire avant, mais les temps changeaient. Mais elle, qu’avait-elle vécu ? Qui avait bien pu l’aimer et la protéger ? Peut-être personne. Valience se sentait proche d’elle. Elles avaient vécu les mêmes malheurs sans doute, elles avaient dû affronter l’incompréhension ou le rejet des gens.

La jeune femme aurait aimé pouvoir se dire qu’elle était en sécurité. Elle n’avait plus peur. Plus peur grâce à elle. Sans le savoir Blood plaçait une plus lourde responsabilité sur les épaules fragiles de Valience. Au fond elle l’avait voulu, qu’elle se sente en sécurité, au chaud, le ventre plein, avec quelqu’un d’attentionné. Mais maintenant elle ne savait plus trop comment faire. Pour l’instant tout était calme, pour l’instant elles pouvaient être tranquilles. Valience n’était pas dupe, bientôt le vieux reviendrait et voudrait reprendre l’enfant. Cela l’effrayait. Elle se sentait si coupable. Si coupable d’être impuissante pour garantir sa sécurité. Cela faisait à peine une heure qu’elles étaient ensemble, mais en une heure, quelque chose s’était passé. Elle avait vu son miroir d’il y a 6 ans. La Bègue aurait rêvé de pouvoir lui garantir la paix. Mais elle n’avait rien à opposer au vieux, aucune volonté et aucune force. Et pourtant, elle ne pouvait pas le laisser simplement l’emporter. Elle ne survivrait pas. Personne ne le pouvait avec lui. Pouvait-elle la laisser partir ainsi sans rien faire ? Bien sûr que non. Pour la première fois depuis 10 ans, Valience trouvait un peu de courage. Oh évidemment elle savait qu’elle allait payer cher ce courage, mais n’était-ce pas un maigre prix par rapport à ce qu’elle pouvait faire ?

Un peu inconsciemment, Valience resserra doucement son emprise sur l’enfant. La serrant contre elle comme si ses simples bras pouvaient préserver la petite de tous les maux du monde. Comme si cette simple étreinte pouvait servir d’armure d’acier à la petite. Tout ceci était bien sûr illusoire. Mais l’instant était si doux. La Bègue sentait sous ses fins doigts, la respiration calme de l’enfant. Valience ressentait son état de calme et de sérénité, bientôt elle le ressenti également. Cette petite créature dans ses bras, elle aurait voulu ne jamais la lâcher. Qu’elles restent ainsi, l’une contre l’autre, dans le calme de la maison de Dmitrov. Elle aurait aimé que Dmitrov revienne. Il n’était pas très causant, mais Valience savait, que au fond, c’était un homme bien. Bien plus droit et bienveillant que la majorité des gens de sa famille. Dmitrov n’était pas à moitié fou comme les autres, il était juste froid et morne. Mais il les protégerait. Il les protégerait, elle le savait. Valience voulait le voir venir, pour qu’il les protège, car lui saurait. Oui il saurait. Elle se disait cela pour se rassurer. Terrifiée à l’idée de devoir affronter son grand-père.

Mais il ne fallait pas inquiéter l’enfant. Ses idées sombres avaient déformé son sourire. Alors Valience répara cela. Son visage se para de son beau sourire.


M-m-m-merci Belyytsve, et t-t-toi, tu es b-b-belle, et t-t-tes cheveux c-c’est le plus chouette chez t-t-toi. Ne les écoute p-p-p-pas petite Belyy. D-d-dis tu sais quoi ? T-t-t-tu es…

Valience cherchait quelque chose pour la rassurer. Elle se doutait qu’elle avait dû être sujet aux moqueries.

T-t-t-tu est comme un ange t-t-tu vois ? C-c-car les anges i-i-ils sont b-b-blancs, p-p-parce que le blanc c’est la c-c-couleur de la pureté tu vois ? Le T-t-t-très Haut a juste oublié tes couleurs !

La jeune femme trouvait son idée un peu bidon, mais peut être que l’enfant comprendrait qu’elle ne la jugerait pas par sa couleur. Puis elle se remit à chantonner doucement, berçant la petite doucement, laissant ses doigts caresser son petit crâne. Valience ne put s’empêcher de sourire largement en voyant le sourire de l’enfant. Continuant sa chanson, un sourire aux lèvres. Puis voyant qu’elle s’endormait, elle arrêta doucement sa chanson, déposant un baiser sur son front. Elle souriait dans son sommeil. Alors la jeune femme ne pensait plus aux risques, aux vieux et aux dangers. Elles étaient seules, dans cette grande maison.

Dors en paix Belyy…Je veille sur toi…Promis
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)