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[RP] Kaléidoscope

L_aconit


    Fractale : objet géométrique infiniment morcelé dont les détails sont observables
    à une échelle arbitrairement choisie. Focaliser sur une partie de fractale, permet de retrouver
    toute la figure. On dit qu'elle est auto similaire.


Les perspectives, les jours et les événements ont beau se superposer les uns aux autres, l'été se finit toujours tôt ou tard. Le Kaléidoscope des moments étale alors sa chatoyance, s'invite aux heures calmes des bilans muets. Aux moments perdus où les pensées ricochent. Psychédélique accouplement d'instants, mille-feuille trop beau pour qu'on daigne le découper. On le mange avec les yeux. On s'en nourrit l'âme. Pour attendre l'été suivant.

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Faust touche le visage de Geode.

- Aussi parfaitement imparfait. Que j'en ai des frissons.

Alphonse, monstre apprivoisé se laisse toucher sans frémir, aux hypnoses premières.
L'aconit a réellement une petite chair de poule qui s'étiole sur le fil de ses veines.


- Je veux le noir de tes yeux.
- Je te le donne.
- Donne moi le noir de tes cheveux.


Alphonse penche tête lentement, mèche barrant le regard d'un trait.


- Je te donne le noir de mes cheveux .
- Connais tu le prince charmant?


Faust Nicolas sourit, rayé de bleu comme dirait Alphonse. Raton laveur, soudain.


- Celui au cheval blanc?


L'aconit opine; Tabouret accroche sourire aux lippes.

- Où veux tu en venir?
- Je ne connais pas le prince charmant. mais j'ai un charmant caillou dans ma poche...


Il glisse sa main dans la poche d'Alphonse. Est un peu ivre, après tout.

- Ou alors, c'est lui. Qui m'a dans sa poche...

Il peut y trouver le denier de leur rencontre. L'aconit sort le denier. ébahi. Le regarde, mi sou, mi rire.



    Le raton laveur: Donne-moi le bleu de tes yeux...
    Emilie: Je te donne le bleu de mes yeux...
    Le raton laveur: Donne-moi le blond de tes cheveux...
    Emilie: Je te donne le blond de mes cheveux...
    Le raton laveur: Donne-moi le rose de tes joues
    Emilie: Je te donne le rose de mes joues... Connais-tu le prince
    charmant?
    Le raton laveur: Je ne connais pas le prince charmant...
    Le conteur: Tourne la page, Emilie, tourne la page!
    - Chanson du raton laveur, Emilie Jolie. -


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La jalousie. L'attente. l'angoisse des retours meurtrier. Les rubans qui sèchent à leurs derniers rayons de chaleur. Il y a dans les silences d'Alphonse des poussières de couleurs froides, des particules en grappes rubicondes. Peau de pêche blanche, jus tardif. La treille de chaque absence Faune arrache à Faust des Alphonies contagieuses. Alors, quand l'on n'a plus de voix, on parle avec les mains.



J’ai regardé devant moi
Dans la foule je t’ai vu
Parmi les blés je t’ai vu
Sous un arbre je t’ai vu

Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu

L’été l’hiver je t’ai vu
Dans ma maison je t’ai vu
Entre mes bras je t’ai vu
Dans mes rêves je t’ai vu

Je ne te quitterai plus.
- Paul Eluard, Air Vif -


L'amour, le bien, le mal, la peau éraflée qui s'accumule sous les ongles, sont-ils auto similaires, vus du prisme d'Alphonse ou de celui de Nicolas? Et ceux qui gravitent dans ce camaïeu, ce Maurice que l'on attend aux veillées, ce Benjen que l'on veut faire réagir, ce Jorgen qui tire le souci et le sourire? Tous ces hommes, qui s'imbriquent les uns à coté des autres sur une palette dont le pinceau vient diluer les teintes, font-ils la plus belle fractale que l'on ai su voir? Et que voit-on, lorsqu'on demeure trop longtemps ébloui...


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    L'Aconit baise sa main." Je vais écrire sur ta peau du bout de ma plume. manger à même ta bouche. Et j'inviterai des garçons imaginaires pour célébrer cette journée."


On traverse le village comme le désert. Referme la porte à clef. Se bouscule , se bascule, s'émascule d'avance à l’édredon. On se bat l'un contre l'autre, d'avoir trop besoin l'un de l'autre. Étrange monstre à deux tête entame sa mue minutieuse. A l'exuvie d'un drap qui se tâchera bien vite, un voyeur s'est invité au spectacle. Accoudé au bord du lit, l'après midi les observe en silence.
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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Alphonse_tabouret

Matinée : "Tu rentres tard aujourd’hui."
Après-midi : "Je sais, je n’ai pas vu le temps passer."
Matinée :" Tu es débraillé."
Après-midi : "Oui…" Après Midi lisse une nuée échevelée à son front.
"Soir m’a chevauché, je tardais trop selon lui. "
Matinée : "Que faisais-tu ?"
Après-midi : "Je les regardais s’aimer. C’était beau."





Dans le reflet longiligne, sosie répète chaque geste. Là, les doigts effleurent une épaule entachée de cinq ronds inégaux, presque identiques, ici, la strie nette des doigts déchire les côtes d’une trainée vive, et il a cessé de compter les reliquats de morsures dont les traces multiples achèvent de dissoudre leurs estampes aux inéluctabilités du temps


Baise-moi jusqu’à la syncope.



Nuit est tombée à un moment dont il n’a pas su percevoir l‘existence et a envahi Vésone d’un voile troublé par la mèche d’une lampe que Faust a allumé à la commode en se levant quelques instants plus tôt ; ombres immobiles peuplent la pièce tandis qu’au rez-de-chaussée, le bruit bouillonnant de l’eau annonce le retour au monde. Après-midi a égaré ses temporalités, perdu son humanité et l’on s’est peint le corps de mots absolus si férocement qu’il faut désormais laver, frotter, cacher ce que l’Amour témoigne de ses plus purs instincts.

Suspendu au tain, Alphonse aux angles nus compte à la fascination les bourgeons hématomes.
A la main verte de Faust, lui aussi est une terre fertile ; bleus y poussent en parterres de densités et chacun d’eux grignote d’adoration les dernières soieries rouges d’un souvenir de fièvre.


Je t'ai dans la peau.
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Alphonse_tabouret
    Tu es beau quand tu souris.
    Quand tu souris, il y a ce geste qui vient avec ta main, hirondelle qui se pose d’un éclat sur le dossier voisin, sur un bras, ou bien à ton ventre. Elle fait son nid d’une bienveillance heureuse, s’éprend d’une douceur comme l’on frissonne des ailes avant de les rabattre pour chanter.

    Ce midi, l’on a sorti une bouteille de vin, un rouge qui a accompagné quelques tranches de charcuterie et il reste sur la table, une trainée de miettes qui ressemble à l’une de ces vagues bordées d’écume au sable des côtes. L’on a parlé de Petit Vésone, de l’emplacement des tapisseries, puis du jardin. Nous avons aussi évoqué les simples de Saint Front, tes enfants de chœur et avons ri quelques instants en nous rappelant celui qui s’est pris les pieds dans sa robe lors du dernier office.
    Maintenant, tu tiens ton verre entre tes doigts, tous sur la tige, trahi par tes bonnes manières et boisson oscille, couve de houles légères selon ce qui se dit … Là, elle s’agite ; ta gorge vient de si joliment se tendre d’un rire que j’ai envie de la mordre.
    En fait non.
    J’ai envie de te sucer depuis tout à l’heure déjà… Je voudrais me mettre à quatre pattes, ramper sous la table et remonter ta bure sur tes cuisses… Je sais que je t’y trouverai déjà raide… Me voir à genoux devant toi suffit à t’éveiller si tu ne l’es pas déjà.
    Je connais ta queue par cœur. Quand je la découvre, elle se propose, orgueilleuse, parfaitement obscène, roide, longue autant qu’épaisse, constellée de quatre grains de beauté et d’un cinquième qu’il faut découvrir à sa base… J’ai envie d’ouvrir grand la bouche pour la recueillir toute entière.
    Rien que d’y penser je te sens. Je sens l’odeur de ton ventre, l’épice d’entre tes cuisses. Rien que d’y penser, je bande moi aussi.



C’est terrible, j’ai envie de toi depuis trois jours en continu…





    J’ai envie de toi à m’en faire tomber les bourses, à en jouir du sang, à ne plus me nourrir, ne plus dormir.
    Je voudrais un monde où l’on ne ferait que baiser et encore baiser pour espérer au moins une fois, une seconde, n’avoir plus faim de toi.…


A quoi penses-tu ?
Que je t’Aime ... et que je veux te sucer.

    Tu souris, quenottes fendant tes lèvres de ces infinis poèmes qui me promettent le ciel à hauteur de l'enfer.


Je t’Aime. Suce-moi.



L'Amour est parfois une chose simple.
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L_aconit


Caché. C'est à peu près le résumé de l'histoire d'un aller simple Octobre-Septembre. Une histoire d'amour des plus banale, discrètement jouée sous les tables. Derrière les portes fermées. Dans l'angle mort des portes cochères. Au bord des rivières désertes. Un histoire des genres moins commune; une histoire de statuts tout à fait scandaleuse. Oui. L'évêque avait un mignon. Qui le savait? Quasi personne. A qui mal y faisait? A celui qui pouvait s'offenser et qui ne vouait le savoir. Dieu. Les autres. La terre entière.
La semaine avait été comme annoncée et prévue ; longue et peu propice à se voir plus que le soir, après de longues journées partagées entre l'église, la pépinière et les cours. Scènes de vies quotidiennes défaisaient leurs panneaux , butaï kamishibai où la saveur des petits rien se superposaient à l'ordinaire, deux personnages narrés s'y trouvaient pourtant mis en avant après l’ébullition d'une Périgueux désertée.


L'Aconit entre dans la taverne, vient le chercher pour le tirer au lit. Alphonse tourne un museau qui s'éclaire d'un sourire à l'entrant.

- Tu as fini tes cours?

Nicolas opine et pose une patte à l'épaule.

-Philtatos. Tu dors debout. Viens te coucher.

Alphonse y appuie une joue et y sème un bâillement avant de se lever.


- Je voulais rentrer avec toi.


Il capture le cou d'un bras et pose baiser aux lèvres pâles. Faust tourne un peu en rond, au fil d'un baiser volé, sans pour autant stopper sa course. En éclaireur, éclaire. Sa main entraîne dans son sillage les bottes chattes à filer sur les toits de la nuit. Alphonse suit, silhouette à la sienne.



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- De quoi s'agit-il, Tabouret Alphonse? Liefde.

Il pose sur la table une assiette couverte d'un torchon, s'assoit, l'invitant à faire de même.
L'évêque lâche la porte qui tient très bien seule, et suit des yeux et du mouvement .


- En voulant faire leçon à Jorgen aujourd'hui, je me suis rendu compte de quelque chose... Tu es gourmand, et je ne sais pas cuisiner...


Nicolas croise les bras , dos à l'assise, dans l'expectative.

- J'ai rendu visite à tes cuisinières cet après midi...

Il se demande ce qui va sortir du torchon. Absolument intrigué, quoi que ménageant ses effets:

- Oui, et ...?

Oh il trépigne un peu tout de même dans le ton. Tabouret sourit discrètement, joue du coin du torchon entre ses doigts.

- Je leur ai demandé de m'apprendre une recette, quelque chose que je sais que tu aimes.
- Alphonse, ôtes ce torchon où je ne réponds plus de moi...


L'aconit penche le nez sur le torchon et hume.


- Des oreillettes...
- Maudit breton...

Il ferme les yeux. Oui. il en est sûr. ce sont des oreillettes.


-Quoi?!

Fin nez s'insurge. Alphonse Tabouret dévoile le plat d'un air désabusé qu'on l'ait percé à jour. Sourire blond perce le visage d'un enfantin rayon.


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- Ce qui m'a séduit chez toi ...

L'aconit pointe l'index comme une arme sur la tempe brune .
- Ne se voit pas à l'oeil nu.



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Alphonse Tabouret cueille la nuque d'une main autoritaire, pouce barrant les lèvres et exige: Tu m'aimes. Dis le.
- Je t'aime . Oh. ça oui...
- Dis le encore.
L'aconit sourcils arqués, opine
- Alphonse. Alphonse. Alphonse...

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal.

Ma Bohème, Arthur Rimbaud

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
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    Au moment le plus furieux de la tempête, je vis, surnageant sur les eaux , avec des efforts désespérés, une tête énergique, aux cheveux hérissés. Il avalait des litres d’eau et s’enfonçait dans l’abime, balloté comme un liège. Mais bientôt, il apparaissait de nouveau, les cheveux ruisselants ; et fixant l’œil sur le rivage ; il semblait défier la mort (…). Et maintenant, il n’était plus qu’à deux cents mètres de la falaise et je le dévisageais facilement. Quel courage ! Quel esprit indomptable ! Comme la fixité de sa tête semblait narguer le destin, tout en, fendant avec vigueur l’onde dont les sillons s’ouvraient difficilement devant lui !... Je l’avais décidé d’avance. Je me devais à moi-même de tenir ma promesse : l’heure dernière avait sonné pour tous et aucun ne devait en échapper. Voilà ma résolution, rien ne la changerait…
    Un ton sec s’entendit et la tête aussitôt s’enfonça pour ne plus réapparaitre.


    Les chants de Maldoror, Lautréamont.







20 septembre, Guyenne.







Les dunes ont d’adoucis sommets, de tendres bras où se nicher, monticules charriés au gré des courants, des vents qui modèlent le littoral, et soleil tape d’un point haut à l’impavide azur comme un dernier adieu; demain, l’on ne le sait pas, mais il fera gris, presque froid et l'on croira à l'automne.

Planté d’une insolence en bordure de pente, un Pin parasol étire ses résineuses branches et zèbre les peaux nues abritées qui somnolent d’une récente baignade.
A l’arrivée en matinée, l’on a remonté les braies jusqu’aux genoux et orteils en guise de sondes improvisées ont tâtonné expertement au sable volatile jusqu’à remplir de coques et de palourdes une chemise nouée servant de baluchon, manquant par deux fois, à renforts d’invectives, d’attraper un hippocampe noir. L’on a salé les trous de quelques couteaux par jeu plutôt que par appétit au fil d’un concours de mâles certains de leurs qualités et couronne tressée de zostères a été déposée sur le front du breton en symbole de victoire quand bouche s’est cousue à l’égide d’un thyrse autoritaire ; dix à six est une défaite qui n’admet pas de protestations et que l’on a dégluti en léchant ses doigts d’une provocation.
Dessablé d’un litre d’eau fraiche, butin a été mangé cru, accompagné d’un vin clair dont la bouteille à moitié pleine s’est vue enfouie quelques mètres plus bas, dans l’humidité compacte d’un bord de plage, résistant pour les heures à venir à la rondeur jaune d’un soleil d’arrière-saison.
Sur le ventre de Faust, boucles brunes étirées ont fait leur nid et s’éprennent d’une vague qui remplit chaque nivelé ; respiration régulière de ces siestes à venir bercées de chaleur a brodé au paysage l’un de ces silences heureux que l’on sait propice à tout comme à rien.

Ressac, sourdine perpétuelle, l’Atlantique à perte de vue chante d’un ton grave et doux, d’un timbre de sirène, de mère, de lointain souvenir, et bulle la grève d’incessantes sinusoïdales de dentelles.


L’on raconte que lorsque le grain montait de l’océan à la lagune … Voix vient de s’élever sans percer la comateuse douceur des quinze heures à la plage ; Alphonse aux engourdissements heureux a choisi le rien pour parler à son Tout … les pirates de terre venaient près de l’embouchure et allumaient un immense feu avant de se cacher…
Sous les cils, brasier s’anime d’une étincelle et dessine les contours d’un foyer gigantesque; les doigts de Faust sont enfouis lascivement à la masse noire qui serpente, mèches alourdies laissant à la main qui s’en éprend, un baiser salé.
Les bateaux en mer prenaient cela pour de l’aide et s’y guidaient, jusqu’à s’échouer à l’immense bande de sable qui se tend des marais à l’embouchure du bassin… S’il était trop loin, ils tuaient les survivants de quelques projectiles, et s’ils pouvaient y aller à pied, ils prenaient d’abordage la coque immobilisée du vaisseau et décimaient l’équipage jusqu’au dernier…

Sordide anecdote locale fendait l’azur quiet d’un jour de septembre et ne se destinait à rien d’autre que de jouer berceuse à sa voix trainante.

Une nuit, il se dit qu’ils sont parvenus à enliser un petit galion qui convoyait une jeune espagnole dont les longs cheveux blonds brillaient comme de l’or, que lorsqu’est venue l’heure de la tuer, aucun d’eux ne put s’y résoudre… Rixe éclata pour savoir qui se l’approprierait et tandis qu’ils se battaient jusqu’à s’entretuer, sirènes éplorées par le sort réservé à la jeune fille, la métamorphosèrent en une dune immense…
L’on ne la pointe pas, mais l’on sait de laquelle on parle ; à gauche, plus haute que les autres, elle surplombe l’embouchure du Bassin, cheveux flottant de particules à chaque coup de vent.
Il se dit depuis que lorsqu’on l’aperçoit en pleine tempête, ou l ‘on change de cap, ou l’on meurt dans ses bras.

Crissement d’un grillon retentit quelque part et les doigts de Faust tournicotent le long d’une mèche ; dans quelques instants, l’on s’endormira, et si ce soir, aux cheveux d’or d’une infante d’Espagne, l’on aimera le sable comme une seconde peau, pour l'heure, un instant encore, l'on respire d'un temps qui se suspend.









_alphonse_tabouret
25 septembre , Bordeaux







Épaules ont épousé le bois de la tête de lit et l’arrondi du crâne s’y est ancré ; corps appuyé de moitié respire de courants nervurés, d’une organique vague qui s’amarre à la chair jusqu’à la soulever.
A califourchon, Faust danse. Epris d’une sérénade qu’il a accordée à un temps qui s’enroule, envahit, rassemble chaque fragment laissé aux vents brulants de l’été, buste marmoréen se tient droit, gorge tendue ; l’épaule s’est tordue d’une courbe et laisse rouler sous la peau, la délicatesse des muscles juvéniles ; cotes apparaissent d’ombres, téton darde en tertre d’argile et sexe gonflé frémit des poésies mâles qui se partagent.
Sur la cuisse blanche qui longe son flanc, dextre noire s’est étoilée, pulpe la rosissant à chaque balance qui les rassemble quand senestre fichée à la hanche l’éprouve d’une caresse définitive : mains sont de tendres oiseaux dont les envols lient les ailes tantôt à la peau, tantôt aux nœuds bichromes des doigts ; rythme tango a choisi ses mesures et égrène la lenteur suave de ses notes à d’aériennes splendeurs.
Au premier jour d’automne, l’on a délaissé l’euphorie des brutales envies qui saisissent la chair d’irrémédiables humeurs, de faims aux absolus appétits ; besoin a mué d’une autre peau, d’un autre chant, et il altère la voix de soupirs qui prennent le temps de monter jusqu’aux cieux, se laissent tomber d’une goutte à la langue et s’épandent aux corps qui se consument. Passion s’est déclarée de combustions mais Alphonse n’y est pas dupe ; sous la surface des flammes, lave est densifiée en un feu grégeois, un noyau aux runes bleues, aux accents noirs, et prendre le temps de s’y immerger, ne pas laisser les crocs des envies déchiqueter leur chairs d’un "Immédiatement" pour se soulager, c’est se voir y bruler jusqu’à l’hypnose, jusqu’à l’aveu... Et Paris brule, supplique de plaisir montant à la gorge enhardissant jusqu’à sa queue sur laquelle Faust est assis.
Mots éparpillés franchiront bientôt le mur de la parole, créatures désorientées, désinhibées, claires comme une eau de rivière qui n’existent qu’à d’infimes instants, à l’aube des confluents, mais pour l’heure, c’est l’ampleur d’une voyelle grave qui s’élance, liseron de sève recouvrant les murs, s’accrochant à chaque étoile pour joindre la suivante.


    Soulever la peau du monde, partager l'intime. Aimer en s'inoculant du bien.


Alphonse et Nicolas sont différents. Faune est absinthe sur le sucre qu'est Faust, liquéfiant sa substance en l'enrobant d'infiltrations. Autour d'eux tout s'anime , nous pourrions presque entendre non sans quelques nostalgies le bruit de la pluie. Des conversations. Des disputes qu'on leur envierait presque. On leur admire cet éclat sincère et ce désir commun de comprendre, d'analyser, d'apprendre.Chacun dans son langage corporel enseigne à l'autre avec son accent, sa cul-ture. Etreinte s'érige alors en bâtisse d'influences bichromes, où toit d'ardoise abrite une avancée sur la mer. Rapports de domination ont été laissés à un ailleurs, à un plus tard, et quand les ardeurs joueuses se feutrent, ne subsistent que deux hommes à l'âme nue qui s'offrent l'un à l'autre dans le plus parfait et - ressent-on - naturel des échanges. Eromène à l'abandon consent à tout, car Eraste le lui a bien appris ; "Il n'y a pas d'outrage en amour ". εραστης l'« amant », ερωμενος l'« aimé » , des notions aux frontières devenues floues au fil des mois; duo contrasté s'exerce aux saturnales à venir, et fêteront bientôt un an de liaison sans qu'on ne distingue plus bien qui monte à cru les aspirations de l'autre. Union des corps engendre chaque jour d'intenses joies célestes constellées de plaisirs plus terrestres et de nébuleux questionnements.Pour l'heure l'on sème, au renouvellement d'une saison, queue ensemence le torse-trône et mâchoire se zèbre d'une distorsion. Dimensions se renversent et plaisirs se télescopent jusqu'à éclater en une gerbe de couleurs. Dans la main, l'albâtre a transpiré de sa matière et à la haie du cœur, une nouvelle fleur a éclot. Panses flattées de gras magrets et de bon vin ronronnent de si bien vivre loin des leurs pain gris . Ce soir, ils dormiront d'un sommeil digestif plus que festif, indiscrétions murmurées par dessus des cartes qu'il n'ouvre plus et joues convexes au coin du feu emplissent les tripes de Faust de petits bonheurs régressifs.

Silence retombant à la chambre n’a rien de ceux qui choient au sortir d’une pipe de taverne, d’un pied audacieux qui se meut sous la table, de quelques mots crus dévalant de l’oreille au ventre; il retombe à la légèreté des plumes, virevolte de volutes hélicoïdales en même temps que brunes entrelacent la nuque et que blanches conquièrent le cou.
Lèvres se happent d’un baiser, de ces prolongements qui appartiennent aux extases communes, et babillent quelques instants à leurs souffles courts ; sur son torse, sève poisse et dissout le cuir pour ensevelir le cœur, nacre se mêlant au sang, à l’oxygène, à l’âme toute entière en un nouveau fluide. Il n’y a pas d’outrage en amour, il n’y a qu’un langage où rien ne devrait avoir à souffrir d’aucun jugement, où le vertige ne vaut qu’aux hauteurs de l’autre, qu’à la suprématie d’une complicité qui dénerve la pudeur, la timidité, l’inconnu ; cela ne déplait pas au Muse d’être repeint de foutre , au contraire, celui de Faust l’excite inexplicablement, cataire organique qui ne trouve à s’apaiser qu’au cannibalisme le plus brut.
Taché quand l’autre perle, garçons étirent l’étreinte, frottent leurs front moites d’un dernier bavardage muet, picorent quelques centimètres de peau, et quand Faust roule au côté, bras à l’horizontal traçant du sommier au vide une ligne pâle, Alphonse jardine d’un doigt qui vient nourrir les amours Titanides ; fils et filles se dégustent voracement au banquet de leurs unions.

Dehors, nuit s’est couverte d’une grisaille, plombant d’encre jusqu’à ses ombres ; l’on ne discerne par la fenêtre à laquelle on a oublié de rabattre les volets, que l’ombre d’un arbre qui agite ses branches.


Je veux choisir les tapisseries pour qu’il y ait de moi à Petit Vésone…
Dévoilant un recoin jusque-là soigneusement caché, mots affranchis s'échappent, percent le silence lascif installé depuis quelques minutes, ceux où l’on écoute la fréquence son corps, où l’on le découvre léger, traversé d’énergies moelleuses, bienheureuses. Dopamine coule à flot et inonde jusqu’au timbre du flot. Je veux qu’en les regardant, tu penses à moi…


Pas à elle.


- Alphonse. Comment n'y aurait-il pas de toi à Petit Vésone? Je te vois déjà aux pierres de Bretagne que l'on a ramenées. Je te vois aux poutres, sur lesquelles l'on s'est assis pour observer les ouvriers avant même qu'elles ne soient posées. Petit Vésone se construit pour toi. Pour moi, nous, pour que l'on puisse vivre non pas chez toi, ou chez moi, mais dans un endroit que l'on aurait fait bâtir à nos images. En passant le seuil même de l’hôtel, je ne pourrais y penser qu'à toi. Dans tes présences ou tes absences, tu y es déjà partout. Tu es dans les sédiments de mon cœur


Et de se redresser sur un coude, main soutenant la tête blonde pour mieux sonder les pensées d'Alphonse.

- Hart, de quoi as tu peur?

Profil s’offre sans esquisser le moindre mouvement ; sous l’œil de Faut, le regard noir d’Alphonse est porté au plafond et la tête au moelleux d’un oreiller auréole d’encre une main qui s’y est enfouie.
Il est encore temps de rebrousser chemin, de chasser d’un sourire ronronné, d’une main délassée, une pensée que l’on aurait finalement trouvé incongrue au poids de la voix, mais Pudeur tâtonne encore, engourdie, échevelée ; elle n’a pas encore retrouvé sa jupe.


Ce n’est pas de la peur...

Plus lointaine, plus profonde, lézarde a eu le temps de cheminer, de s’enrichir de vérités et de poser conclusion à une rigoureuse observation ; Alphonse est jaloux, criblé d’évidences dont il ignore pourtant les largeurs, jaloux, jusqu’à cette mèche apoïde que Faust garde si précieusement que jamais Faune ne lui offrira l’une des siennes par dédain du plagiat.

Je veux que nous choisissions tapisseries ensembles, tous les deux, que tu te souviennes comme tu m’as trouvé beau ce jour-là, faisant état de mes bonnes manières auprès du peintre, de cette imbécile fierté qui t’a gonflé le cœur quand tu t’es dit " Il m’aime ", que ton cœur s’en déraisonne immédiatement, que tu en bandes à l’instant, même trente ans plus tard, et que tu me contemples avec un indescriptible sourire quand moi, je te dirai quelque chose de si ridiculement banal, comme : " Pourquoi me regardes-tu comme cela , Liefde? ".

Silence s’accorde au sourire songeur qui a poussé sur les lèvres du Muse, et tête pivotante ceint enfin les noirs aux bleus d’une note aortique :

Je veux qu’en les regardant, l’on se souvienne de cet instant, de cette nuit d’automne, de comment nous avons fait l’amour, que nous disions, à mi-voix ; "Te souviens-tu quand nous les avons choisies ?", et non pas " Te souviens-tu quand Perceval nous les a livrées ?"
- Oh... C'est donc cela... Que tu es beau .

Beau à en crever. Il vient se rouler contre lui comme un chat cherche à s'imprégner d'une odeur, pourrait y faire ses griffes, s'y coucher pour la nuit. Dans les cheveux noirs le nez vient à fourrager, sourire éclaire la pâleur du visage, creuse cette fossette conquise d'infinies satisfactions

- Je te promets de chérir les tapisseries choisies chaque fois que mes yeux se poseront dessus, à l'image d'un denier que tu sembles tant chérir lorsque tu laisses trainer tes doigts au fond d'une de tes poches... J'en couvrirai les murs et les sols, et m'y souviendrai de chaque fois où je t'y ai acculé, renversé, aimé comme je n'ai aimé personne. Petit Vesone sera fait de tapisseries, de tous les objets les lettres qui signifient des choses , ton odeur dans les pièces, des chiens qu'on grondera de dormir au mauvais endroit à nos absences, et quand tu le voudras... Ton fils.

Dans le froissement du tissu, bras en appui-tête se déroule, pose sa paume au marbre tiède d’une épaule bombée d’avoir fait son nid et barre le dos d’une aile noire jusqu’à mêler les peaux et leurs ombres. Liant de mots cimentent les corps de ces silences introspectifs qu’Alphonse sème à chaque syllabe qui vibre trop, comme si l’âme s’arrêtait, stupéfaite, pour évaluer l’infiltration à la tombe et la découvrait plus immergée à chaque fois, grignotée de remous, d’un sable presque transparent, avec là, en son coin, la pousse d’une Eponge-lyre étendant ses voraces lueurs jusqu’aux contrastes.

Harmoniques abyssales s’étirent d’un courant et chasse les semences du verbe ; étreinte au fil des mois, s’est mue en un langage, d’un pied que l’on pose sur l’autre, d’un doigt qui sillonne le dos à la furtivité d’un départ, d’une main qui capture une cuisse, une queue, quand elle ne réclame pas en prenant appui au mur.
Celle qui enlace garçons à l’instant chantonne diverses couleurs, de petits mots d’amour aux immenses élans, la tacite promesse des futurs couronnés , et parce que même à nu , même à vif , même hagard , la panse tendue et le ventre blanchi, l’on ne s’assoit jamais à seul à l’ombre d’une ramée, Alphonse emporte d’un sourire les lettres d’Antoine à celles de Vésone, répétant jusqu’à ce que sa voix soit noyée d’un baiser, le prénom de Faust à son oreille dédiée.


Dans la chambre, nuit s’installe aux chairs ensommeillées ; l’on a glissé, cuillères dissociées dont le bras de l’un sert d’oreiller à l’autre qui font bailler d’un creux les couvertures remontées. L’on tombe aux rêves, à la fin d’un voyage, au terme d’une parenthèse, et Paris s’endort d’un écho, le regard échouant comme le jet d’une ancre, à la discrète cicatrice qui habille l’épaule de la marque des crocs ; doigts se tendent à la faveur d’une spontanéité et la mâchoire endormie d’un songe à demi commencé s’orne d’un sourire faune quand le bras retombe mollement à la couche.




La saison qui s'avance.
Nous baille la défense
D'user des us d'été,
Le frisson de l'automne
Déjà nous pelotonne
Dans le lit mieux fêté.

Fi de l'été morose,
Toujours la même chose :
« J'ai chaud, t'as chaud, dormons ! »
Dormir au lieu de vivre,
S'ennuyer comme un livre ...
Voici l'automne, aimons !

L'un dans l'autre, à notre aise,
Soyons pires que braise
Puisque s'en vient l'hiver,
Tous les deux, corps et âme,
Soyons pires que lamine,
Soyons pires que chair !

Verlaine, La saison qui s’avance
L'Aconit, incarné par Gysele
26 octobre


C'est un secret.

Cousu de surprises muettes. C'est un secret. Rentrer, déposer tapisseries sur le lit. Repartir aussi vite. Sans un bruit. L'aventure, c'est découvrir la nature, se découvrir soi même, et découvrir les autres. Chaque décision est une aventure. Alphonse a saisit le prétexte d'une histoire au coin du feu pour maturer une inhabituelle déraison.


Ils n'ont pas envie de rentrer.


Alors, ils caracolent sur des sentiers, dérapent sur des pierres moussues avec l'adrénaline des adolescent faisant le mur.Glissent quelques cailloux glanés au fil de l'échappée belle dans leurs poches. Faust Nicolas sait que tout les attend. Et pour une fois, accepte qu'à son absence, le monde ne cesse pas de tourner. Relâcher le poids des responsabilités. Vivre, comme avant. Quand il n'était ni évêque, ni prêtre, ni ami, ni rien. Juste un adolescent en fugue qui dormait à la belle étoile, même plus un écuyer.
Adieu pondération. Bonjour, improvisation. Sentir le vent frais dans les cheveux, l'odeur de bois fumé des cheminées de la ville qui s'éloigne.


Je n'ai pas envie de rentrer moi non plus...
On n'y va pas, alors?

L'aconit tente, sur un malentendu... Alphonse le considère d'un oeil rond, mais irrémédiablement séduit. L'aconit attire Alphonse à son baiser.
Tu m'autorises à t'enlever?
S'il n'y avait pas tant de devoirs... Nous l'aurions fait, n'est-ce pas...?
Alphonse cueille bouche des lèvres, la naissance de la nuque des doigts
Non Liefde, nous pouvons le faire... Jetons les tapisseries sur le lit et partons à la Rochelle.
L'aconit le regarde, surpris. Alphonse Tabouret l'a dit.
à La Rochelle? Oh.
Tu ne voulais pas voir ton fantôme?

Il songe à ces dates données aux ouvriers, songe aux funérailles qu'il doit orchestrer.
Si. Jetons les tapisseries au lit et faisons-le.
Alphonse Tabouret rit d'un baiser qu'il décoche aux lèvres

Seule entorse à cette subite décision: Nicolas emporte son escorte qu'il commence même à apprécier. Il n'est pas écrit qu'il n'aille pas négocier deux trois objets de valeur sur la route de La Rochelle, et ses poches sont pleines d'écus. Chacun voit midi à sa porte. On ne saurait totalement dénuer un tel travaillomane de ses instincts.
Délivré de funérailles qu'il n'a pas envie de faire, confiées à Ane, chantier repoussé, il n'a pas réfléchit plus qu'il n'aurait fallu. Alphonse l'a surpris, c'était trop plaisant pour ne pas en profiter.

Ce n'est qu'un détour. mais à l'échelle de Faust, c'est un aventureux secret.
Alphonse_tabouret
5 octobre




Citation:
De Faust

Ce soir nous couchons dans notre lit.

N'est-ce pas délicieux? Retrouver l'odeur de l'appartement de Vésone, cette lame de parquet qui d'habitude nous agace de trop grincer, et dont le chant soudain nous semble si plaisant. Ouvrir LA fenêtre sur la nuit, quelques minutes, pour renouveler l'air frais, et tendre les draps propres à deux, replier soigneusement ce linge que l'on défait derechef en s'y engouffrant. Retrouver le silence loin des chambres d'auberges, et pourtant entendre le bruit lointain de l'océan. Compter les aspérités délicates de nos grains de beautés, là où trainent nos doigts. S'avouer vaincus, déjà, avant même de s'être lovés l'un contre l'autre, et écouter les chiens trouver leur place. S'endormir, comme si rien ne pouvait arriver. Demain sera à Périgueux. Et l'on s'enlèvera encore, à quelques portes, à quelques obligations, de la plus urbaine des façons.

Tu es là. Et moi. Sens tu? Je suis là où tu es et tu n'es pas.

Liefde.



Citation:

D'Alphonse




Tu es là où je suis, et ne suis pas.
Tu es sous mes paupières quand je m’extirpe du rêve, à mes yeux lorsque je les ouvre d’une première fois, à ma bouche lorsqu’elle te réclame, silhouette échevelée déjà en partance de la nuit pour rejoindre le jour. Tu es dans les draps que je quitte peu après toi, dans la porte qui me dit " Zie je later" lorsque tu la passes , dans cette fenêtre qui te regarde partir pour rejoindre Saint Front.
Tu es dans les lèvres que je saisirai à la volée d’un silence, à l’inespérée solitude d’un instant, tu es dans mes bras, dans chacune de mes envies ; tu es à mon bureau quand je le quitte, au ciel que je laisse derrière moi, à celui à venir.
Même ce matin, l’esprit à mes affaires, passant devant étal proposant bouquet par brassées, tu étais là.
N’est-il pas ridicule de ramener des fleurs à quelqu’un qui les cultive? Probablement, mais tu étais là où je n’étais pas, n’est-ce pas suffisante raison à braver le manque d’originalité?

Étendons les draps et salissons-les.
Tendons les bras et saisissons-les.
Vésone a notre odeur, et nos grains de beauté.
Là, toi et moi. Je sens. Je suis là où tu es et n’es pas.


A.



05/10/1466 : Vous avez offert à L_aconit 1 bouquet d'achillées



Citation:
De Faust


Est-ce bien original d'aimer? Est-ce original de jouir? De pleurer? De jalouser? Et moi, suis-je original? Et nous, est-ce original? Baiser, toujours. Et pourquoi rien c'est zéro alors que trois fois rien c'est quelque chose? Je veux bien qu'on réinvente le sens de ces mots. Qu'on rende ce qui n'est pas original, incommensurablement surprenant, comme un bouquet d'achillée. Je veux tourner sept fois mes mots dans ta bouche. Et te couronner de sensations que tu connais déjà, d'une nouvelle façon. Je n'avais pas cette variété de couleurs à mes achillées, j'en garderai les graines, et je sèmerai de nouvelles perspectives originales mon jardin secret. Il était temps que tu détrônes l'ancien page au geste d'un bouquet, de mon aveu, j'aurais préféré que tu sois le premier, et tu vois, quand je ferme les yeux; tu l'es.


Faust.



Citation:
D'Alphonse

Je
Nous
Aime


_________________
Alphonse_tabouret
Nuit bruisse et octobre étend ses derniers jours.
A Vésone, les bagages de Faust ont été chargés à la voiture que l’on attellera dès Potron-Minet et Paris comme destination, dessine déjà à ses flancs les lancinantes distances ; depuis combien de temps ne s’est-on pas quitté ?
Aux draps éventrés, tête bêche, l’on a inversé les polarités, mondes renversés d’un filigrane de soirée et l’on a confié secrets la bouche pleine ; il reste çà et là, de discrets reliquats, les traces éphémères des mots tracés de nacre comme autant de sarments au brasier vif des chairs.


Citation:

Elle t'aime... Je ne sais pas si je suis choqué ou juste jaloux. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je ne sais plus.

F.


Citation:
Ce qu’aime Perceval chez moi, c’est l’amour que tu me portes. Elle l'ignore seulement.
Là, j’en crève, tu le sais, de ces cœurs qui soupirent pour toi et celui là Faust, est bâti du même bois que le mien. Quand il aime, il n’aime qu’un.
Perceval est ma rivale. Pas la tienne.

Là, je t’aime, n’aime que toi.
Toi
Moi.
Nous.

A.



Je n’ai pas envie que tu partes. Je voudrais rester.
J’ai envie que tu viennes.
Je voudrais t’accompagner.



Présent assoit aux plumes frémissantes d’un trouble encore palpitant les circonvolutions de ses élans d’automne et si la gorge s’entrave, ce n’est plus au pli des antipodiques colères mais au parfum des horizontales perspectives.
Depuis combien de temps n’a-t-on pas dormi seul ?



Citation:
Perceval est amoureuse de toi, je te le dis. Je lui ai posé la question, et sa réponse était trop hésitante et trop absconse pour ne pas me conforter dans ma conviction. Et cela crève les yeux. On ne répond pas " je crois que non" à ce genre de question. Je crois que cela me blesse. Qu'on t'aime passe encore, mais que ce soit elle... Je crois que je me suis fait des idées. Et que cette petite claque me remet les idées en place. J'ai été présomptueux de penser qu'elle pouvait s'amouracher de moi qui de toutes façon ne regarde que toi , ce n'est qu'une fille, et les filles devant toi ne font pas un pli, et puis, ce sont de vraies girouettes, c'est bien dans leur nature. Je déteste tant leur nature. Perceval ce soir n'avait rien d'un garçon. C'est une fille comme les autres, je l'ai vu de mes yeux. Elle t'aime je te dis. Range tes jolis mots, la vérité est là. Et tu le sais. Et moi, j'ai pris un seau d'eau sur la trogne. Si je m'étais attendu à ça...

Je suis jaloux de la façon dont elle te regarde parce que je me méfie des filles, elles ont toujours fini par emporter mes amants. Ansoald est parti se marier, et quand je suis rentré dans les ordres, Lestat a aussi pris épouse. Ses yeux sur toi, je ne les aime pas. Et ne tente pas de me rassurer, les autres aussi m'aimaient mais les femmes ont quelques pouvoirs que je ne m'expliquerai jamais.

Je suis jaloux qu'elle m'ait couché de tendres mots pour arriver ici et changer si brutalement. Nos conversations sont stériles, là où elle se trouble d'un seul mot de toi. mon égo en prend un coup, je n'ai pas de raison de te le cacher.



Citation:
Je ne suis pas Lestat , encore moins Ansoald et je hais que tu m’y compares encore, comme je hais chacun d’eux de t’avoir appris comme leçon que tu n’étais pas Unique et Absolu, comme je crève qu’hier soir, tu sois allé chercher réconfort auprès de lui plutôt qu’auprès de moi.

De fait, Perceval n’est pas un garçon, et cela, tu l’as toujours su.
Je suis jaloux d’elle depuis la première heure et aujourd’hui que tu la déshabilles jusqu’au cru, cela n’y a pas le gout que j’espérais ; je n’avais pas compris qu’il était si important qu’elle t’aime aussi follement que je t’aime, qu’à ta façon, tu l’aimais aussi, que tu es déçu bien plus que froissé, et cela écrase chacun de mes os.



Sur la cuisse de Faust, le coude d’Alphonse esquisse l’ombre serpentine d’un angle arrondi et les doigts tracent d’infinies arabesques à la hanche qu’ils frôlent ; langage de buée, Tabouret y plante des fleurs, des runes, et parfois, la pointe d’un cœur, peintre du dimanche, condamné de semaine.
Dos au sommier, Patrocle a le vertige, autant qu’à ces jours d’été où, à l‘herbe du jardin, nez planté à de céruléennes teintes traversées d’un unique nuage, l’on se prend à penser que le sol est le ciel et que l’on va tomber. A ses tempes, s’étendent les heures à venir, les silences nouveaux, les solitudes anciennes.



Citation:
Mais que dis-tu , fou ! Tu vois, je suis si fou aussi, de toi, Parce que je suis scindé en deux, te voulant libre d'être aimé sans pourtant réussir à n'autoriser personne à te regarder comme je peux te regarder, à te désirer comme je peux te désirer, elle, oui car c'est une Elle, ne sera jamais qu'une fille, et je l'ai compris, il n'y a aucun Trésor à trouver chez Perceval que je n'ai déjà au centuple chez toi, Liefde, mon Amour. Je suis fou de me recroqueviller pour deux yeux qui te dévisagent, mais ces deux yeux là, je les préfère sur moi , oui; là j'ai l'assurance pleine qu'ils seront occupés et n'atteindront jamais mon cœur. Je suis orgueilleux, n'est-ce pas? Je t'Aime tellement, je m'en suis flagellé toute la nuit, assailli par la colère, par l'impuissance, j'ai envie de te prendre et de te mordre, de manger ta chair pour qu'elle n'appartienne qu'à moi, de frémir de me sentir la digérer jusqu'à en être repu. Qu'elle m'aime me rassurait, si elle n'aimait qu'un comme tu dis, ce serait une personne de moins sur cette terre que je n'aurais pas à détester de poser les yeux, l'envie, l'idée même, sur Toi. Tu es à moi, et libre à la fois, et je m'enorgueillis d'être le seul à te trouver beau, fascinant, monstrueusement unique et infiniment, de façon inaltérable, précieux comme une Géode. Du reste, moi je ne suis qu'un homme, un homme déguisé en curé, et la déception m'atteint oui, d'où qu'elle émane, j'attends toujours autant des autres ce que j'investis en eux. Tes os écrasés seront ma poudre de jour, et je veux bien m'en recouvrir le visage et le corps, les diluer dans le vin et les boire, moi aussi j'absorberai à ma façon, tes douleurs. Ne doute pas de mes sentiments, ils sont purs envers toi, et curieux envers les autres, mais rien d’eux, je dis rien, ne m'émeut comme tu m'émeus. Je suis comme un fou, quand on te parle, quand on t'admire, ta liberté je la voudrais pour moi, et libre, je te voudrais toujours. Anso? Ne te méprends pas, hier je suis allé lui dire au revoir, je n'avais pas même pris le temps de lui parler de Paris, à la veille du départ c'était bien la moindre des choses. Voilà longtemps que je ne me console plus sur ce qui m'a blessé, je sais au fond, bien que j'en doute souvent, que je mérite mieux que cela, c'est Toi que je veux. Toi. Toi. Tu m'obsèdes, et j'apprivoise le monstre en moi, par celui en toi. Je veux bien qu'un inconnu te désire, mais pas qu'une Perceval te veuilles. Qu'elle me regarde, qu'elle me désire, cela me laisse froid et me tranquillise, je voudrais arracher ses braies pour y voir une vérité toute fendue pourtant, mais ne te méprends pas, ce n'est que de la curiosité, la recherche de réponses, comme je passe mon temps à le faire pour tout. Je suis imparfait mais je t'aime, dans mes tripes, dans mon âme, j'ai gravé au silex ton prénom par-dessus de vieilles inscriptions, car c'est ainsi que la vie se passe, comme les livres, une page après l'autre, pour faire une histoire.

Viens m'embrasser ce soir, viens me voir avant que je parte. Viens me dire que tu m'aimes, et admirer mon teint poudré, ce sera la mode de demain.



Citation:
Tes mots sont beaux, je les aime, les lis et les relis encore, les embrasse d’une tempête, m’exalte de leur encre, et si cela pouvait me les graver à l’âme, je presserai chacun d’eux au-dessus d’un verre pour les boire d’une traite.

Mon Amour, j’ai ton prénom en bouche à chaque fois que je respire, tes bleus à mes noirs dès que je ferme paupières, et ton parfum… Ton parfum, Liefde, est un chèvrefeuille millénaire au tronc fait de nœuds, de visages heureux, le tien, le mien, le nôtre , au pied duquel je m’enroule, me consume, renais à chaque effluve et dont la cime étire le ciel jusqu’à en crever l’azur.
Là, regarde, regarde Mon Arbre, mon cœur-géode y bat d’une cadence, emmêlé aux racines. C’est ici que tu as poussé d’une feuille il y a un an seulement, un an déjà, c’est ici que tu grandiras encore, m’emportant avec toi, jusqu’à frôler comète d’une grappe de fleurs

Je suis à toi. Tu es à moi.
Je suis toi. Tu es moi.
Même Cyclope, je te reconnaitrais.

Ma langue poissera la poudre, mes crocs y feront des dessins, mes doigts la rayeront de largeurs, mes mains l’étaleront sur moi, et ma queue y sera blanche.

Ce soir, évidemment. Rien ne saurait en être autrement.

Ton Amour



Dans quelques heures, l’on n’inversera pas seulement les pôles mais aussi les trames et Alphonse devine la silhouette oubliée des années passées patientant à l’entrée, à cette porte qui fatalement s’ouvrira pour prendre Nicolas.
Sur le muret, en bas de la fenêtre, Attente sifflote ; son heure viendra.

Coude se plie, et silhouette y trouve les relatives hauteurs de la contemplation ; la peau pâle de Faust cache ses sanglants trésors et seule la langue rose d’une liane plus gourmande qu’une autre, déborde d’une pointe effilée à sa taille. L’on y entendrait presque siffler le martinet.



Reste. Viens.
Viens.
Reste.



Échos muets se télescopent d’une imbécile supplique aux regards tentacules, et l’on sourit, pauvrement, tristement, résolument ; égoïstes amours sont rattrapées du quotidien et fracturent, lézardent, l’Éden cadencé des aortes liées du même chuchotement.

Tu m’aimes.

Le ton est doux autant que catégorique ; créature de raison, Alphonse énonce avec un aplomb souverain un fait dont il s’émerveille pourtant chaque jour.
Faust sourit, creusant la fossette de son visage, accueillant sans mot dire le pouce muse d’une ligne chaude à ses lèvres ; Chat s’est étiré, a retrouvé le sens commun des racines et entrave le corps au poids du sien, côtes discrètement soulevées au ventre qu’il s’approprie d’une étreinte.
Pulpe des doigts suit le tracé de la bouche et la tire d’une douceur pour entrouvrir la bouche, y perdant les noirs d’une épice à l’émotion encore vive d’y avoir joui d’un cri étranglé de foutre.


Tu m’aimes, répète-t-il plus bas, syllabes rehaussées de ces assurances arrogantes qui arrosent risée plutôt que ne l’assèchent et les bouches s’y mêlent pour y poser virgule.
Tu bandes, répond la bouche blanche d’une malice heureuse, main espiègle dessinant d’un frémissement la ligne qui déborde à la cuisse.
Toi aussi, rétorque Faune sans même y regarder, caprine couronne assurée au front échevelé.

Monstrueuses passions se consument de la lave jusqu’à la cristallisation, s’éprennent d’irrésolues douceurs quand on ne les attend pas et résonnent d’un rire; Cru se découvre un nouveau visage encore timide, celui des quiétudes ingénues, et bien que l’on y dresse les queues, ce sont les doigts qui s’emmêlent d’un premier amour.



Sur les murs de Vésone, kaléidoscope d’octobre projette ses dernières images aux cœurs qui s’empoignent d’une imminence, et fragments assemblés d’ombres, réunis de couleurs, réfléchissent les courbes multiples d’un conte partagé, nombrils sanguinolents.

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