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[RP] On our knees

Innommable




    Le crépuscule déjà faisait ployer le soleil sous un ciel teinté d’orange. Les derniers rayons aveuglants se faufilaient juste dans cette artère de la Capitale où l’animation peu à peu se taisait. C’est sur cette toile de fond que se détachait une immense silhouette dont on ne pouvait deviner les traits. La lumière comme un halo autour de l’homme permettait tout juste de distinguer une lourde cape que seul un géant pouvait endosser sans la subir.
    Le chemin était certain, il connaissait sa destination et ne prenait pas la peine de faire des détours, enjambant les objets faisant obstacle, bousculant ceux commettaient l’erreur de ne pas s’écarter. SI l’un d’eux protester, l’homme s’arrêtait brusquement, tournant la tête pour ancrer son regard dans celui du malheureux et lui adresser ce sourire carnassier si inquiétant dont il avait le secret.

    Voilà des siècles qu’il n’avait plus remis les pieds dans cette ville. Plus personne ne devait se souvenir, beaucoup même devraient être morts ou portés disparus. Mais l’objet de sa visite n’était pas de joyeuses retrouvailles avec des vieilles connaissances. De toute évidence, c’était le genre de mondanités niaises qu’il laissait volontiers aux animaux de haute-cour grignoteurs de biscuits. Non, il était là pour des besoins autrement plus vitaux.
    Des murmures parlaient d’une jeune femme qui avait eu le mérite de piquer sa curiosité. On la disait parfois docile mais complètement cintrée. Enfin, on ne parlait pas d’elle en ces termes, mais c’est l’image qu’en avait gardé l’homme et il avait décidé d’évaluer lui-même l’étendu des fêlures de l’inconnue.

    Pour ce genre d’individu, chaque fêlure représente un point d’accroche, une prise sur celle qu’il tient entre ses mains. Il fallait qu’il torde autant qu’il était tordu, qu’il brise autant qu’il était morcelé. L’échec n’était pas admis, les erreurs seraient punies. Était-ce une erreur que de s’aventurer jusqu’à l’étrangère ? Sûrement, mais la décision était prise.

    Le pas vif et assuré résonnait régulièrement jusqu’à cesser complètement. Il était arrivé. Lentement, machinalement, il réajusta soigneusement ses gants avant de frapper à la porte avec autant de vigueur que la maréchaussée un matin de perquisition ! – Non mais c’est pour l’image ! –
    La porte s’ouvrit sur une rousse trop pâle pour avoir un jour mis les pieds dans un champ. Il étira un sourire narquois, imposant sa présence chez elle d’un pas suivi d’un deuxième, la forçant à lui céder le passage tandis qu’il refermait la porte derrière lui d’un geste du pied. Déjà, il avait saisi une bourse dont le tintement indiqué clairement qu’elle était pleine, bien trop pour simplement s’offrir les services d’une putain. Il la balança alors sur la table, posant ensuite son regard bleu gris sur la jeune femme.


      Rassure-toi, tu vas la mériter.


    Le sourire était doux, la voix grave et le ton toujours aussi posé. C’est une main délicate qui se tendait vers le visage de Blanche, toujours gantée, c’est le cuir ornant son index qui frôlait la joue allant jusqu’à suivre le trait de sa mâchoire, depuis l’oreille jusqu’au menton qu’il releva lentement.

      Tu dois la mériter.


    L’homme avait quelque peu vieillit, il devait être à l’aube de la quarantaine à en juger par les quelques touches grisonnantes dans sa barbe et sa longue tignasse toujours aussi soigneusement coiffée d’un bandeau.


Titre : A genoux

Trad. :
Bien, quelque chose doit arriver
Ou nous serons à genoux
Tu le sens dans tes os
Le besoin de quelque chose de plus
Plus tu attends et plus
Ca te consume
Lylie_blanche
[A genoux : 1ère Rencontre]


Deux heures s'étaient écoulées depuis le départ du premier client. Par habitude, l'appartement était rangé, le corps de Blanche entièrement nettoyé, la peau parfumée de quelques touches d'huiles de parfum aux effluves de jasmin et camomille. La chevelure rousse désormais humide, continuait de sécher lentement, avouant sous le poids de cette tiédeur accrochée à ses épaules quelques ondulations involontaires. Quant à l'appartement, elle avait imbibé un mouchoir de tissu de quelques gouttes d'huiles de jasmin et l'avait fait tournoyer quelques minutes afin de diffuser ses fragrances au détriment de celle du stupre et du vice. De la passe antérieure, il ne devait rien rester, par respect pour le prochain client, parce que chacun d'eux devait se croire unique, premier. Là, était le propre du client, croire que pour lui, la passe sera différente, qu'elle ne se forcera peut être pas pour l'argent, mieux qu'elle aime ça et qu'elle joint juste l'utile à l'agréable, la fortune à des cuisses naturellement humides et avides. Hypocrisie ? Non. C'était simplement le charme des Putains, le charme candide de ce vice imagé, euphorique, érotique.

D'ailleurs pour rester dans la sensualité, dans cet érotisme, la tenue de la putain est changée au profit d'une robe dont elle refait les coutures. Cintrée, l'étoffe ébène se contente de dénudée les épaules, d'en avouer les omoplates, la naissance d'un buste alors que volontairement resserrée à la taille, elle met en valeur la chute des reins, ce galbe insolent dont les prises n'aspirent qu'à être saisies, maintenues. Quant à la jupe, celle-ci est fendue du bas jusqu'au haut des cuisses et ce, uniquement sur le côté. Cette coupure, nette, était aussi suggestive que pratique. Ainsi, sous la démarche, l'arrondi d'un fessier ou bien l'orée d'un fruit pouvait être aperçu. Libre au client de dégager le pan de cette robe, d'un côté ou de l'autre pour avouer la face qui lui sied. Les jambes quant à elles ne pouvaient être nues, elles étaient revêtues de ces bas noirs qui remontent à mi-cuisse et que l'on enserre d'un fin ruban de soie pour en éviter la chute. Prête, elle l'était en somme et allongée dans sa couche, elle savoure quelques taffs de sa pipe opium pour libérer son esprit de cette attente, de cette porte encore close qui tôt au tard, avouera un autre vice, un autre visage.

Quelques bouffées, quelques minutes à savourer le contact chaud des étoffes changées, iris clos que la porte est frappée. Doucement, le corps se remet en condition, oublie ce flegme et cette douceur suave. La tignasse est brossée à la pulpe de ses doigts pour en dénouée les quelques boucles et les allongées alors qu'elle finit par laisser entrer, Ce client.

D'un regard expert, elle dévisage sans un mot, observe, l'allure, les frusques, les traits, les accessoires et essaye de voir ce qui dans ce regard-ci, serait à même de le faire briller d'une lueur particulière. Cette entrée en matière est aussi mécanique que vitale. Homme hésitant ? Homme assuré ? Maintes tremblantes ou lâches ? Regard fuyants ou bien posé et fixe ? Vêtements d'une qualité piètre ou raffinée ? Jeune ou âgé ? Bourse mince ou lourde ?

L'invitation forcée, la courtisane s'efface pour laisser entrer l'homme au bandeau. Sous ce passage, les iris se plissent animés d'une méfiance qu'elle ne ressent qu'auprès de certains d'entre Eux. Mains de cuir, regard assuré, badine, bourse épaisse jetée avec cette once de condescendance, propos fermes et provocateur, tutoiement... Elle reconnaît cette espèce entre milles pourtant celui-ci, lui semble différent. La voix est calme, il ne semble pas ce complaire dans un rôle, dans un besoin irascible de contrôler pour compenser celle qui à la chaumière porte les valseuses.

La main s'élève, se porte à son minois et le cuir en effleure le derme avec un intérêt certain. Le sourire est aussitôt entendu. Blanche allait en chier. Blanche allait devoir être à la hauteur.

Douce, la voix se porte en réponse alors qu'elle relève le minois pour se séparer de ce doigté.

Si je méritais cette bourse dès la première rencontre, je gage que je serai une Soumise d'une piètre qualité et que le vice, le jeu et le partage..seraient aussi insipides pour Vous qu'ils pourraient l'être pour Moi.

Les azurs se portent sur Lui, dont elle ignore encore le nom alors qu'elle se rapproche de sa commode pour en sortir deux verres et une bouteille de carmin. Lui tourner le dos est dangereux pourtant, il est le seul moyen de lui avouer la marchandise, de lui offrir ces mets qu'elle prend soin d'acheter pour que, l'esprit autant que le corps soit rassasié une fois la porte franchie.

Les verres remplis, elle ouvre désormais un pan de sa commode pour en avouer quelques accessoire. Si la badine était déjà là, les liens et autres maux étaient quant à eux présents et cachés sous un tissu de soie.

Puis-je Vous proposer un verre, messire ?

_________________
Innommable
I crave excess,
Turning wine into sweat dripping down my neck
I can't deny, I'd die without this
Make me feel like a God
Adrenaline and sex

    IN THIS MOMENT - Adrenalize



    Le contact avec le menton de la jeune femme s’était rapidement éteint et il avait laissé retomber sa main avec cette douceur et cette lenteur propres aux mouvements beaucoup trop contrôlés qu’on lui connaissait. Et puisque aujourd’hui il avait accepté de la découvrir, il daignait écouter son discours bien que ce serait probablement la dernière fois qu’il prêtait réellement attention à son avis. Malheureusement pour elle, à mesure qu’elle s’exprimait, il arquait son sourcil fendu avec ce petit rictus signe d’un amusement certain mais inquiétant.

      Tu n’as pas l’air de comprendre. Tu n’es pas une soumise sans avoir fait tes preuves. Tout au mieux, là, tu es une sous-merde. Alors épargne-moi la vanité de celle qui pense avoir tout vécu.


    Son expression autant que l’intonation de ses phrases avaient changé. Il avait cessé d’être celui qui joue pour être celui qui enseigne. Sans doute n’avait-elle jamais rencontré ce genre d’hommes, pas ceux qui pour s’offrir un quart d’heure de virilité n’avait d’autre choix que de battre une femme au préalable payer pour endurer leur complexe. L’éventualité qu’il soit le premier ne le rendit pourtant pas plus compréhensif ou patient, il noterait chacune de ses erreurs pour les lui rappeler à un moment plus propice.
    Dès qu’elle tourna les talons, il traina sa grande carcasse jusqu’à la table, appuyant son fessier contre le bord de celle-ci, les jambes tendues et bottes croisées. Ses mains étaient posées légèrement en arrière sur la table alors qu’il observait la jeune femme.


      Puis-je Vous proposer un verre, messire ?


    Il rit à sa phrase comme on rirait d’une blague et, d’une impulsion, se redressa complètement pour s’avancer dans son dos. Sans aucune précipitation, il referma le tiroir du bout de sa botte, veillant à ne pas entrer en contact physique avec Blanche. Pas tout de suite, pas comme ça.

      Bien.


    La voix était claire, vide d’émotion. On ne pouvait réellement saisir ce qu’il mettait derrière ce bien. Était-ce bien de la voir agir ainsi ? Absolument pas. Était-ce bien qu’elle commette autant d’impairs ? Pas vraiment. En avait-il tout simplement assez vu ? Probablement.

      Nous partons de loin. Tu vas commencer par les bases. Rappelle-toi que tu n’es qu’une vulgaire putain à mes yeux. Et ne te permets pas de m’appeler autrement que votre Grandeur ou Sir.


    Il lui restait de son passé chaotique quelques souvenirs à consonances anglaises qu’il aimait se rappeler. Ça devait être là son penchant masochiste.

    Il s’était tout de même saisi d’un verre qu’il portait à ses lèvres en retournant à sa position contre la table. L’homme semblait toujours exagérément calme et posé, rien n’avait l’air de pouvoir troubler cette attitude. Il but une autre gorgée avant de poser tranquillement son verre, entreprenant alors d’alléger sa tenue. Rien d’extravagant, il avait ôté sa cape en prenant bien évidemment soin de la déposer soigneusement sur le dossier d’une chaise puis il avait replié les manches de sa chemise aux trois quarts. De sa besace, il avait sorti une pomme et un carnet aux bords écornés et à la couverture usée. Finalement, il s’était assis sur le coin de la table, un pied posé au sol, l’autre se balançant dans le vide.


      Déshabille-toi.


    Il ne daignerait pas la regarder, trop occupé à lire, croquant dans sa pomme de temps à autres. Et il finirait sa lecture … et sa pomme. Qu’importe le temps qu’elle passera nue à l’attendre.


Trad. :
J'ai soif d'excès
Transformant le vin en sueur dégoulinant dans mon cou
Je ne peux nier, je mourrais sans ça
Fais-moi me sentir comme un Dieu
Adrénaline et sexe
Lylie_blanche
Mad about you.

[Chapitre 1 : Poser les bases]


Aux mots, l'esprit comprend enfin ce qui s'avance et demeure dans sa chambre. Il ne s'agit de l'un de ces clients qui se complaît dans l’approximatif, dans le coup de badine qui lui fait tremper les braies et lui fait encaisser sa bourse sans grande difficulté. Non. Pour la première fois, elle se heurte à quelque chose de plus profond, de plus concret, de plus viscéral. Les mots sont entendus, captés et compris. Penchée sur la commode qui vient à se refermer d'un coup de pied, la courtisane abandonne un regard à cet Homme. Posé, livre et pomme en main, elle ne saurait décrire ce sentiment qui la traverse. Curiosité malsaine et pourtant prenante, qui dépasse sa fonction même de pute pour venir intriguer l'esprit d'une Autre, autrefois interdite entre ses murs. Ce n'est pas Blanche qui frémit d'être si mauvaise, mais bien Lylie qui redresse l'échine et qui captivée par cette audace reste dubitative et interdite.

Pour la première fois, un client arrive à titiller les cuisses et l'esprit d'une donzelle qui n'a rien à foutre entre ses murs. Amas d'argile vierge, esprit ignare de ces pratiques, de ce qui peut se tramer dans cet esprit dérangé, qu'importe. Lylie est joueuse, Lylie est curieuse.

L'échine se redresse et alors qu'il n'apporte aucun intérêt à sa substance, à ce qui se trame, à ce corps que d'autres dévorent, elle s'applique. Se rattrape et assimile les bases données au compte goutte.

Sans un mot, elle porte une main légère au lien de sa robe et les défait. Le geste reste celui de Blanche, mêlée à la douceur de Lylie. Le regard azur se porte sur lui, elle le détaille, l'observe pour en saisir l'essence ou ce qu'il voudra bien abandonner. Cette indifférence, étonnamment, elle la comprend, lui paraît même cohérente. Elle avait merdé, lamentablement et avait par habitude, considéré ce client comme l'un des leurs. Or, il n'en est rien.

Sous le mou qui peu à peu se gagne sous les liens défaits, le buste est avoué. Le galbe et l'arrondi de ses seins qui fermes et ronds rentrent dans le creux d'une main large et gourmande. Doucement, la chute se poursuit et alors que ses iris ne le quittent pas, perplexes et curieux, elle laisse le tissus se perde à ses hanches. Le tissu étroit à cette base mérite d'être aidé. Ainsi les doigts s'immiscent entre l'étoffe et son derme pour en faciliter la libération. L’étoffe glisse sur ses bas et finit sa course sur le planché. Malgré elle, les iris se détournent pour mieux cibler le lien de ses bas et les ôter. Sans frein, sans contraindre, ils chutent à leur tour et c'est sans un mot de plus, qu'elle reste immobile face à lui. Nue. Mains croisées dans son dos. Patiente. Attendant que la pomme soit terminée, que la lecture soit agréable..

Les lippes restent closes, là où Blanche aurait peut être par erreur ouvert sa gueule d'un léger "Prenez votre temps, je suis payée à l'heure". Non, Lylie attend. Quoi ? Elle ne le sait. Mais qu'importe. S'il semble aussi captivité par sa lecture et son fruit, la Rousse l'est tout autant de ces interdits, de cet esprit qui n'avait jusque là, jamais osé franchir le seuil de son appartement. Si dans son ancien bordel, les mots de quelques putains lui reviennent, tout autant que les confessions de celle qui dotée d'un caractère fort domptait les hommes pour transformer ces sous merdes en âmes parfaitement dévouées, il ne reste aux tempes de Lylie que ce goût de l'interdit, cette opportunité de s'élever, d'être, tel cet amas de glaise..forgée, façonnée..être l'objet d'un vice plus dangereux encore.

Lylie est joueuse. Lylie est curieuse..
Lylie frémit sans un mot et oublie ce qu'elle sait et pense savoir.


    Feel the vibe,
    Feel the terror,
    Feel the pain,
    It's driving me insane.
    I can't fake,
    For God's sake why am i driving in the wrong lane


But in the end I'm not too bad

_________________
Innommable
You can't fight the temptation
When you get the vibration
It won't do you no good
It won't do you no good

    Kaleo - No Good

___

    La main tenant la pomme se détacha du rituel de l’homme pour tendre un index accusateur vers l’apprentie.

      Erreurs. Again.


    Ces mots prononcés, sans même avoir pris la peine de la regarder, il reprit sa lecture attentive de son carnet. Il semblait y chercher l’inspiration quand enfin il le posa délicatement sur la table, le refermant d’une caresse sur la couverture de cuir. Son esprit semblait vagabonder on ne sait trop où tandis qu’il finissait sa pomme. Mais à y regarder de plus près, il était évident qu’il ne s’agissait que d’une exagération pour marquer un peu plus encore son indifférence à ce corps nu. La nudité ne lui inspirait rien d’exaltant. Il fallait que ce corps, ces courbes, cette peau laiteuse se transcendent, se livrent à lui sincèrement et humblement pour qu’il y accorde une once d’attention. A cet instant, seules les attitudes retenaient cette attention, et elles ne convenaient pas.

    L’homme avait expliqué clairement une règle, il attendait une réponse claire de celle à qui il s’était adressé. Erreur. Et même si elle s’était appliquée à obéir – ce qui pour l’instant n’avait rien d’un exploit – il avait fallu qu’elle le regarde aussi attentivement, comme si cette contemplation lui était permise, comme si ce droit lui était acquis.
    Ces erreurs seraient sanctionnées, voilà une nouvelle règle qu’elle apprendrait bien vite... Dès à présent pour être tout-à-fait exact puisque déjà la pomme n’était plus que trognon abandonné non loin du carnet. L’homme se leva tout en réajustement méticuleusement ses gants, inspectant le positionnement et l’alignement des surpiqures sur le cuir, il s’adressa à Lylie qui semblait n’exister que dans son esprit tant sa présence physique était niée.


      Quand je te dis quelque chose, j’attends un « Oui Sir » au minimum. Est-ce clair ? Oh et puisque tu sembles prendre des libertés, je vais te l’expliquer une fois gentiment.


    Aux mots il joignit les gestes lorsqu’il laissa tomber la badine accrochée à sa taille au sol. Il la coinça sous la botte pour la déplacer, la laissant à distance d’un bras tendu plus ou moins. Sans se départir de son calme, il reprit là où il en était : « Agenouille-toi dessus. » et l’ordre n’attendait aucune négociation, aucune protestation. Elle le ferait parce qu’il lui avait imposé.
    Il attendit qu’elle s’agenouille, la badine juste sous ses genoux pour lui saisir le menton de ses doigts gantés et lui relever le visage.


      Ne te permets plus ces regards appuyés sans y être autorisée. Regarde-moi maintenant et souviens-toi de ce que tu ressens là.
Lylie_blanche
Erreur. Le mot résonne à ses tempes et la sort de sa torpeur. Sans un mot, l'incompréhension la gagne alors qu'elle avait veillé, il lui semble, à se faire discrète, inexistante presque ce qui pour une fois, dénote avec son quotidien. D'ailleurs cette situation est aussi déroutante que saisissante. La curiosité est là, guidant son regard, ses gestes, ce besoin de bien faire ou du moins d'espérer faire comme il faut, là ou avec d'autres clients, il n'était pas question d'autant d'esprit. Elle sortait la croupe, encaissait quelques coups de cuir ou de badine, couinait de temps à autre pour les satisfaire, jouait les dociles jusqu'à se faire suppliante une fois à genoux, la bouche entrouverte. Du vulgaire, de l'envieux, de la putain soumise qui n'attend que son dû, celui que ce client satisfait, imbu et flatté, accepte aussitôt de donner. Rien de bien difficile en somme. Rien de bien réfléchit. Rien qui ne demande de s'élever. Non, le travail d'une courtisane à la hauteur des besoins merdique d'un client. En revanche là, il règne autre chose qui l'intimide, la pousse à réfléchir, à se remettre en question, à revoir cette facilité, cette image à la cinquante nuances d'idylles pour espérer entrevoir autre chose.

Là, il y a de l'enjeu. Là, il y a une réflexion. Là, il n'y a qu'un commencement qui si elle continue de fauter risque de lui glisser entre les doigts, risque de marquer son esprit d'une déception qu'elle ne vaudra qu'à elle seule. Lylie, Blanche, toutes deux le savent..Il peut partir et cela serait aisé pour lui de trouver quelque chose de plus intéressant, de plus éduqué. Pour revisiter une glaise, pour la façonner, encore faut-il qu'elle ne sente pas la merde pour qu'il souhaite ou daigne y apposer son empreinte.

Alors lorsque l'erreur est pointée du doigt, l'intérieur de sa joue est aussitôt mordu. En conséquence, elle écoute de nouveau les conseils, les ordres, ce comportement qu'il lui faut adopter voir même absorber. Après tout, ce n'est pas comme si, ce Sir l'avait choisi, bien que ce choix revêt en principe à la femme elle-même. C'est à elle seule de choisir la personne a qui elle confiera son esprit et son corps car il ne s'agit pas que d'un don de soi, mais d'un échange, d'une habile jeu de construction. C'est du moins ce que cette ancienne putain lui avait raconté. Erreur ou vérité ?

Quoiqu'il en soit, à cet ordre qui éclate à ses tympans, elle acquiesce et abandonne un Oui, Sir. Il ne faudrait pas non plus, se la jouer lèche-cul et abandonner dès le départ un Oui, Votre Grandeur. A dire vrai, ce terme-ci lui écorcherait même la bouche mais là, pour le coup c'est Lylie qui sentirait cette phrase sortir de sa gorge comme si elle devait dégueuler un nid d'oursin. Doux contraste entre cette envie grandissante de découvrir la suite, d'être happée par quelque chose qu'elle n'a jamais connu et cette contradiction, fière, ne pas laisser Lylie se rabaisser à cette vile dévotion. Pourtant, son bas ventre s'échaufferait presque, à croire que l'esprit ne semble pas être en accord avec ce qui se trame lorsqu'elle sent sous ses genoux, le côté rugueux et inconfortable de la badine.

Et que dire, de ce contact, de ce cuir qui vient chercher son menton pour la contraindre à se relever, à l'observer. L'ordre étant donné de le regarder, elle acquiesce d'un nouveau, Oui Sir, et s'y atèle. Cela lui écorche la bouche et pourtant, rien ne semble plus méprisant, plus asservissant à ses yeux que cette indifférence alors, lors qu’enfin, il appose une main à son menton, elle déglutit.

Ce souvenir de ce qu'elle ressent ? Là..Bien entendu, comment pourrait-il en être autrement. Le frisson est là, tenant son échine en alerte alors qu'entre ses tempes, s'y déroule le chaos, entre fierté et envie malsaine de s'offrir, de découvrir cet après..ce risque. Elle sent d'ailleurs et malgré elle, ses cuisses se faire plus chaudes qu'à l'accoutumée. Pour une fois, Putain ressent quelque chose. Pour une fois, Putain n'est pas là que pour fourrer à ses cuisses un vit, ce quelque chose qui parfois est négligé, parfois dégoutte, parfois blesse.. Si seulement, elle pouvait faire entendre à ces clients, que le contact sexuel, n'était pas un mal nécessaire pour conduire à une petite mort..Qu'il suffisait d'écouter ce que le corps ressent, ce que l'esprit se refuse ou parfois quémande..imagine, sollicite...Si seulement, ils étaient à même de comprendre cela, eux aussi..

La réponse est à portée de lippes. Ce qu'elle ressent. De l'intérêt. De la curiosité malsaine. Un trépignement. Une envie qui la déroute autant qu'elle l'anime et à la contraint à obéir, à ne pas agir en simple Putain..mais en Autre chose de plus consistant.

_________________
Innommable
'Cause hurt people just people hurt people
They do it, they do everyday, yeah
Hurt people just hurt people
Why are we used to the pain ?
    Two Feet - Hurt People



    Les ordres n’étaient pour l’instant que prétexte. Il tenait absolument à la cerner, à comprendre qui il avait en face de lui pour mieux tordre son esprit, le contraindre à Lui. Pour définir ce qu’il avait sous les yeux, il n’avait pas mieux que « passable ». Il était presque certain de déceler chez elle un plaisir couple mais pas encore ce sentiment d’abandon et d’humiliation qu’il recherchait. Il ne devait pas oublier qu’en bonne putain, elle avait sûrement forgé un masque de ravissement dont elle se parait pour satisfaire l’égo de ces clients. C’est cette façade qu’il voulait voir s’effriter d’abord, s’écrouler ensuite.

      Finalement, tout n’est peut-être pas à jeter chez toi.


    Une moue dubitative ponctua la phrase alors que pour la première fois enfin le regard de l’homme s’attardait sur les courbes de Lylie. Il la détaillait sans que rien ne trouve grâce à ses yeux, à aucun moment son regard ne s’était animé d’une étincelle de désir. A aucun moment il ne s’était attardé sur ses courbes. Définitivement, son corps n’était pas une fin en soi, juste un moyen dont il usait déjà. Un usage sadique qui ne faisait que commencer puisque las de la voir ainsi peser sur sa badine, il orchestra un changement mineur mais essentiel. En effet, toujours debout devant elle, il glissa sa botte entre les genoux meurtris, les contraignant à s’écarter à petits coups de pied indélicats pour libérer la badine.

    La nouvelle posture adoptée par son jouet du moment, il avait fait volte-face pour récupérer une chaise, ordonnant
    « Ramasse-là. » et saisissant le dossier de la chaise, il prit soin de préciser ce qui pour lui était évident « Sans les mains, bien sûr. » Il traina ensuite la chaise pour se rapprocher à nouveau de la jeune femme. Cette fois, un sourire narquois étirait ses lèvres et il attendit patiemment qu’elle se résigne et obéisse.
    Lorsqu’enfin elle fut assez penchée, il écrasa l’une de ses omoplates sous sa botte. Il n’était pas question d’être violent ou de la blesser. La pression était juste suffisante pour l’empêcher de bouger, pour l’obliger à poser la joue contre le sol et accepter.


      Bien, maintenant que tu es dans une position confortable, discutons.


    Il s’éloigna pour s’asseoir à califourchon sur la chaise, bras croisés sur le dossier. Il l’observait attentivement en souriant. Là, elle commençait à l’intéresser parce qu’elle allait devoir se dépasser. Quoi qu’il en soit, l’homme semblait peu pressé. Il avait pris son temps pour trouver la position la plus agréable et à nouveau, il avait réajusté ses gants, pliant et dépliant les doigts à plusieurs reprises pour s’assurer de leur position sur ses doigts. Il savait pertinemment ce qu’il allait lui demander, et il connaissait aussi les bonnes réponses. C’était un jeu injuste et elle allait devoir être très bonne perdante.

    Quel est ton prénom ? Question piège. Il se moquait de connaitre son prénom, que ce soit Lylie ou Blanche, à ses yeux elle n’était personne d’estimable, personne de nommable. Après tout, on ne nomme un chien que lorsqu’il nous appartient. La question à venir ne serait pas moins humiliante.
    Que penses-tu être ? Ça, il lui avait dit. Loin d’être soumise, elle était une sous-merde pour lui. Mais aurait-elle assez peu d’orgueil pour accepter de le dire ? C’est ce qu’il voulait savoir.


Trad. :
Parce que les gens blessés ne font que blesser les gens
Ils le font, ils le font tous les jours
Les gens blessés ne font que blesser les gens
Pourquoi sommes-nous habitués à la douleur ?
Lylie_blanche
Les iris rivés sur le sol, elle attend que chose se passe. Elle ignore qu'il la détaille, qu'il reste indifférent à ce que les iris découvrent et jugent enfin. La seule chose qui s'imprime à ses tempes est cette once, infime, minime d'estime qu'il ose avouer. Comme si finalement, elle se faisait plus attentive qu'il ne l'attendait. Tout est encore à faire voir à détruite en réalité. Ce sont les premiers pas, disaient son amie. La phase la plus difficile, la plus dégradante, la plus humiliante. Celle qui touche l'orgeuil, la vanité, ce que l'on croit être et que l'on estime ne pas mérité. Mais tout cela, s'efface, s'effrite, se brise dès lors que l'on souhaite s'en remettre à quelqu'un, à un homme en particulier. Il ne s'agit pas d'une expérience que l'on prend à la légère, des maux qui couleront sur ce masque dûment créé sans toucher ce qui git en dessous. Lylie, pense le savoir mais qu'en était-il réellement ? Que serait-elle prête à endurer de cet homme dont elle ignore tout, sinon la prestance ?

Petit coup par petit coup, il invite les genoux à s'écarter pour en libérer la badine. Soulagée, elle l'est à moitié de ne plus sentir cette tige intransigeante barrer la chair de son genoux et se jouer de sa rotule pour y imprimer son sillage. Attentive, les iris restent sur le planché alors qu'elle entend son mobilier se mouvoir. Un ordre, un premier s'échoue à ses tempes. Ramasser la badine. Simple. Trop simple. Non, il manquait cette précision supplémentaire qui apportait à ce simple geste toute sa perversité. Ramasse la badine comme une chienne. C'est cela-même qu'il attend et après un Oui, Sir, elle s'exécute. Presque indifférente pour l'heure. Comme s'il s'agissait d'une humiliation de plus, que Blanche pouvait supporter. Comme si finalement être payée devenait une excuse pour supporter qu'on bafoue l'estime qu'elle a d'elle. Comme si être une pute, payée, habituée à encaisser bien des vices, faussait l'expérience. Ainsi le buste se penche en avant et la badine est prise entre ses crocs renardes. Mais voilà, une botte vient à s'imprimer sur son omoplate et le visage est alors contraint d'épouser le planché. Immobile, contrainte, elle l'est alors que la posture, loin d'être délicate, met en difficulté son échine.

Le souffle se fait court, le regard rivé sur ce qui se dessine au loin et une infime grimace s'affiche à ses traits. A la réplique mâle, elle retient un ricanement. Trop généreux, trop aimable. Elle a l'échine qui lui lance, la joue qui sûrement épousera le motif du pavé et pourtant, Lylie semble se complaire dans cet équilibre sordide. C'est malsain, elle le sait, le sent et pourtant cela l'intrigue et l'excite d'avantage. Pour une fois, elle sent qu'il ne s'agit pas d'un jeu, d'un rôle. Cet homme sait ce qu'il fait et assume ce qu'il est et impose. Il n'y a aucune frustration à compenser, aucune bobonne à haïr à travers elle..Non, cela semble trop limpide, trop facile, trop naturel pour que ce sadisme soit la source d'un mal compensé.

Attentive, elle inspire lentement comme pour apaiser cette douleur qui vient lentement lui saisir l'échine. Lylie le sait, elle ignore pour combien de temps, il allait lui falloir tenir la position et il ne tenait qu'à elle, de s'y résoudre. Loin d'elle, elle reconnaît néanmoins le bruit du cuir que l'on travaille mais elle ne peut y apporter d'avantage d'attention. Une première question est lancée, suivie d'une autre.

Son prénom..Ce qu'elle semble être.

Savait-il seulement qu'elle était incapable de répondre à ces propres interrogations. Que ces questions, elle se les pose de temps à autre, sans y trouver une réponse qui lui sied, qui la flatte ou qui sans vanité, lui correspond. Elle est tantôt Lylie, tantôt Blanche, tantôt chienne, tantôt putain..pute..raclure..sous merde..Depuis qu'elle avait franchit les murs du bordel, les noms dont elle fut affublée furent nombreux tant est si bien qu'elle n'arrivait plus à savoir lequel était véritablement le sien. Blanche la pute. Lylie la Femme. C'était des bases. Ses bases. Les mains jointes volontairement dans son dos, se serrent alors que la première réponse est apportée.

Je n'ai aucune prénom Sir. J'en porterai un, lorsque vous m'en estimerez digne.

C'est la seule réponse évidente qui lui vient aux lippes. Pourquoi celle-là ? Parceque finalement c'était toujours les clients qui décidaient de son nom, de celle qu'il voulait qu'elle soit. Le prénom d'une sœur, une amante, une mère parfois..Celle de leur fille pour les plus tordus. Mais là, la chose est différente. Elle se voit d'avantage comme une imperfection, une chose qui fut tellement bafouée qu'il lui fallait supprimer cette feuille, cette page, pour en commencer une autre. Alors au risque de plagier en annonçant que son nom est personne, elle préfère se résoudre à cette sincérité-ci.

Et la deuxième question est abordée. Ce qu'elle pense être. La réponse sort, évidente, si cruelle, si naturelle qu'elle ne peut être que véritablement assumée.

Une sous merde, Sir...Ne l'avait-il pas considéré ainsi, lui aussi. La société elle-même ne l'affublait-elle pas de ce simple sentiment. Était-ce de la vanité de se croire autre chose lorsque l'on passe son temps, sa vie à fourrer ses orifices d'immondices ? Lorsque l'on sert de réservoir à foutre pour certains. Si les putains avaient de l'estime pour elle, cela se saurait. Il n'y a que cette carapace qui les protège mais si tout le monde le pense, si tout le monde semble voir en vous une sous merde qui reste, pourtant, bien utile..indispensable diront certains, comment à force, l'esprit peut-il ne pas en être convaincu ? Elle avait envie d'être autre chose. Peut être même qu'elle l'est véritablement aux yeux d'Audrey, sa seule et unique confidente. Mais qu'en est-il des autres voir même de Lui..Lylie n'est pas gonflée d'orgueil, non. Elle sait ce que l'on pense d'elle, devine ce qu'elle croit-être et candide, naïve, aurait aimé être une autre.

..Une sous-merde qui a aspire à être mieux...A me prouver et leurs prouver que je vaux mieux..que ceux qui jugent.Oui, à cet instant la phrase lui semble complète. Le reflet de ce qu'elle est, une sous merde en quête d'amélioration pour Elle..

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Innommable
One, I love hurting you
Two, I love your pain
Three, Let's get together and play this endless game
Four is for the torture and
Five is for the shame
'Cause every time you want it, I get off on this game

    Korn - Lullaby For A Sadist

___

Au travers de ses réponses, elle se dessinait peu à peu. Il était presque certain que Blanche la putain rôdait encore comme une lionne blessée qui lutterait jusqu’au bout pour protéger sa progéniture ; ce petit être fragile et malléable. Est-ce si surprenant ? Ne sommes-nous pas tous un peu fragiles derrière nos masques si habilement portés en société ? N’avons-nous tous pas cette carapace au goût doux amer qui permet les relations autant qu’elle nous protège des dangers ? La réponse est évidente. Seulement, ce que cet homme avait à offrir, au-delà de cet apprentissage, c’est la vérité non jugée de ce que Lylie était. Il se foutait bien de ce corps jeune et aguicheur, il désavouait cette putain rompue à l’exercice de la punition physique, il ne voulait que Lylie, dans sa forme la plus brute.

Ses réponses amenèrent un soupir. Il était un client, elle était Blanche. Il serait sombre. Si les mots étaient justes, aucun ne sonnait vrai. Elle n’offrait que l’obéissance convenue de celle qui sait n’être que putain. Fallait-il lui en tenir rigueur alors même qu’elle devait n’avoir connu que ces relations de putain à argent, le client n’étant alors qu’un obstacle à passer ?


    Combien te paient-ils pour entendre ça entre deux coups de ceinture injustes et imprécis ?


La question lui arracha un petit sourire puisque la réponse il l’avait. Toujours posée sur la table, la bourse contenait quelques centaines d’écus. D’ailleurs il n’attendait aucune réponse alors qu’il quittait sa position et son observation pour aller récupérer l’objet de la conversation qu’il soupesa. Une petite moue sur les lèvres, il desserra lentement les cordons avant de verser progressivement le contenu sur le sol jusqu’à n’avoir plus que quelques pièces constituants une boule d’un diamètre modeste qu’il reposa sur la table.

    Tu les ramasseras plus tard, lança-t-il tout en balayant d’un coup de pied le surplus d’argent au sol. Prends soin de toutes les récupérer, il s’agit là de la première et dernière fois que tu reçois un salaire.


L’annonce semblait naturelle, c’était la façon la plus claire pour lui de lui annoncer qu’il ne voyait et ne verrait plus Blanche. Et c’est donc avec Lylie qu’il continuait sa séance.

« Reprenons. » L’injonction avait été lancée alors qu’il ouvrait le tiroir qu’elle lui avait vulgairement présenté au premier abord. Il y récupéra des liens avant de revenir à la chaise qu’il plaça cette fois le dossier côté table. « Lève-toi. » A son rang, elle ne méritait pas plus qu’un claquement de doigt, l’enjoignant à se positionner devant la chaise. « Ici. »

La position devait être précise, les genoux de Lylie contre les pieds avant de la chaise, il pressa doucement ses doigts écartés entre ses omoplates pour la contraindre à se pencher en avant, posant ses épaules sur le sommet du dossier. La position devrait être tenue, et pour l’y obliger, il opta pour des liens simples. Le premier, l’empêchant de se redresser consistait à passer une corde sur sa nuque, la laissant retomber de part et d’autre pour finalement la croiser simplement au niveau de sa gorge et lier chaque extrémité aux pieds arrière en tendant correctement la corde. Le second, plus simpliste encore attachait simplement ses poignets à ses genoux. Pourquoi ? Parce qu’elle n’était pas assez grande pour tenir cette posture sans devoir se tenir sur la pointe des pieds et appuyer ses genoux sur les bords tranchants de la chaise. Donnez contre à cet homme une chaise, il en fera un pilori.

    Je n’aime pas être pris pour un idiot. Et c’est ce que tu fais là. Je vais t’expliquer les choses comme je les vois. Entre temps il était retourné s’installer contre la table pour lui faire face. Tu veux jouer à la putain, l’endurcie qui semble avoir rencontré plus d’un homme brutal. Ce que tu ne comprends pas, c’est que celle-là, je la briserais pour qu’elle ne se relève jamais si l’envie me prenait. Il prit ce qu’il restait dans la bourse dans sa main. Tu pourrais être Blanche et lécher le sol, ma botte sur ta joue, un trognon de pomme fourré dans la bouche et ton dû enfoncé dans le cul. Un silence de quelques secondes fut observé pour la laisser s'imprégner de ce fait. Puis il reprit avec ce calme qui ne l'avait jusqu'alors jamais quitté. Tu n'es Rien, progressivement éduquée et soigneusement observée. Alors je vais te laisser le choix et ce sera la dernière fois. L’argent ou l’éducation.


Alors, la lionne était-elle morte ce soir ?
___

You wanted to play, the coldness follows
This isn't a game, your life I'll swallow
And I can't help but smile at your pain
You wanted to play but I already won…


Trad. :
Un, j'aime te faire mal
Deux, j'aime ta douleur
Trois, réunissons-nous et jouons à ce jeu sans fin
Quatre est pour la torture et
Cinq est pour la honte
Parce qu'à chaque fois que tu le veux, je prends mon pied à ce jeu

Tu voulais jouer, la froideur suit
Ce n'est pas un jeu, ta vie je vais l'avaler
Et je ne peux pas m'empêcher sourire à ta douleur
Tu voulais jouer mais j'ai déjà gagné …
Lylie_blanche
Dupe, il ne l'est pas lorsqu'il entend la facilité avec laquelle l'objet est porté à sa bouche et combien elle n'avait que faire de cette botte contraignante sur son omoplate. Putain en avait vu d'autre. Mais s'il semble évident qu'il cherche à détacher la pute de l'esquisse, or, le masque lui reste solidement encré à ses tempes, par nécessité et habitude. Il est plus aisé de surpasser l'humiliation, la douleur, les piques, la vérité lorsque l'on est une autre, lorsque le masque constitué de marbre restait aussi impassible que résistant. Néanmoins, en dehors de cet aspect protecteur, ce dernier lui permet également d'accepter cette curiosité malsaine, cet Abandon qui l'intrigue autant qu'il l'appel. Se cacher derrière un masque, en soit, encaisser sans vraiment être touchée, faire sans jamais se donner entièrement, écouter sans être accablée..

Dupe, il ne l'est pas lorsqu'il s'empare de cette bourse et en jette au sol, quelques écus. Le geste est médisant, désinvolte, brutalement vrai et infâme. Si les mots étaient à même de l'effleurer, cette gestuelle-ci, résumait la décadence de sa vie. Ce fût l'argent qui dicta la perte de son hymen, la nécessité de ces passes, l'évolution de ses vices et de ses tolérances. L'argent reste une nécessité, tant pour se nourrir que pour payer ses loyers et créances. Sans cet amas d'écus, elle n'était rien, sinon une crève la dalle, une clocharde des bas-fonds. A défaut d'être facile, l'argent d'une passe n'en restait pas moins rapide. Une dépendance, une nécessité, une merde à laquelle la putain était liée. Elle ne fait pas parti de ceux qui naissent avec une cuillère en or dans la bouche, ni de ceux qui peuvent se payer un serviteur pour essuyer une raie. Son argent, cet argent, elle le gagne par le vice, par cette dignité parfois souillée alors lorsque les pièces sont jetées au sol, la Renarde serre les poings avec une rage qu'elle peine à contenir. Les azurs se font troubles, tempête et en son sein, dans le creux de sa gorge, une rage est étouffée. Jamais de son vivant, elle n'avait toléré ces gestes de dédain, de mépris, cette suffisance qu'on certain de croire que cet argent ne valait pas mieux que celui que réclamait un mendiant. Jamais de son vivant, elle n'avait jeté l'argent pour contraindre un miséreux à les acquérir. Non, l'argent était remis avec humilité, de la main à la main et non jeté comme de la merde, comme des os qu'un chien n'aspireraient qu'à ronger.

Le geste lui semble déjà de trop, plus piquant et percutant que la verbe qu'il emploie. Les injures, les menaces, la condescendance, tous ces maux n'étaient rien plus qu'un air de violon insipide. Elle n'y accord aucun intérêt, aucun sérieux. Les paroles ne sont rien quand parfois les gestes, simples sont tout aussi brutaux. Celui-ci l'était et elle ne cache pas la faille qui vient de saisir le marbre.

Toutefois, elle ne peut s'y attarder car des ordres viennent à lui être dictés. Elle l'observe chercher les liens, revenir armé de ces derniers et si en principe, Blanche aurait déjà interdit le geste, la suite, Lylie n'en fait rien. Premier affront pour Blanche qui sait par expérience que la Putain ne se fait jamais attacher. Il s'agit d'une règle simple, qu'elle avait apprit à ses dépends, à ses débuts lorsque sous les caprices d'un homme, elle s'était retrouvée acculée à la couche, pieds et poings liés, soumise à des affres, à des humeurs aussi tordues que sanglantes. Inutile de préciser que l'homme était reparti sans payer, que le Bordel avait finit par le retrouver et par l'émasculer. Mais le mal lui, avait été fait et il fallu à la rousse plusieurs semaines pour s'en remettre. La dette s'était faite plus grande et la liberté plus lointaine.

Alors oui, cela lui coûte de le laisser manipuler les cordes alors qu'elle se fait docile sans connaître la finalité de cette expérience, sans avoir l'assurance qu'elle aurait la vie sauve. L'inquiétude est là, prenant son palpitant, humidifiant ses mains et troublant son esprit. Entre ses tempes, des acouphènes s'installent rendant la compréhension de ses ordres et de ses mots difficiles. Les sourcils se froncent, se plissent pour se faire plus attentive alors que Renard teste malgré elle et par instinct, les liens.

Sotte, Idiote, inconsciente..
Envieuse, entière, curieuse...


Attentive, autant que faire se peut malgré cette angoisse qui lui prend l'échine, Lylie entend l'ultimatum qui lui est imposé. Soit elle se fait putain et ne se relèvera pas. Soit elle abaisse le masque pour lui laisser entrevoir Lylie et se donner le moyen de devenir une autre, sous le poids d'une éducation, d'un dressage dont elle ignore tout.

L'Argent ou l’Éducation.


Le masque pour tout supporter, endurer, justifier voir même pour se cacher ou l’Éducation pour tout subir, ressentir sans aucune garantie. Suivre un chemin dont elle connaît les sillons, dont elle se sait être Maîtresse et dont les mots ne seront qu'écumes ou Suivre un chemin dont elle ignore les tenants et les aboutissants, la rigueur et la rusticité, la perversité et la finalité...

Sir..Les putains ne se font pas attacher de leur plein gré. Les putains ne s'indignent pas lorsque les écus sont jetés comme de la merde alors qu'il leur est vital et leur assure pitance et existence. Elle ignore si elle a le droit de s'affirmer de la sorte, de lui faire entendre ce que le regard, un peu plus tôt exprimait avec rage. Elle ignore si cette audace lui sera faite payer au quintuple et pourtant...Entre entière passe par ce besoin d'exprimer un doute..une crainte...

Le souffle est faible marqué d'une appréhension qui rend sa voix moins stable. Avez-vous déjà confié votre essence, votre corps et votre esprit en toute connaissance de cause ? Volontairement ? Avez-vous déjà laissé un Autre vous modeler, vous sublimer..tester vos failles, vos forces et vos limites pour vous contraindre à les surpasser ?..Lylie, non.

L'éducation, Sir..

Choix est fait. Conséquences encore à définir..

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Innommable
“La tolérance est la vertu des faibles.”
- Sade

    Il était toujours à demi assis sur la table, une seule de sa jambe appuyée sur l’angle de celle-ci, et le pied balançant dans le vide s’était finalement immobilisé aux remarques désinvoltes concernant les putains. Elle semblait ne pas mesurer qui était en face d’elle, comme si elle refusait de voir un homme réellement différent des autres. Comme s’il lui était possible d’enfreindre la plus primaire des règles et de s’en sortir indemne. Malgré tout, il devinait une envie pugnace sous les ardeurs tenaces de la jeune femme rebelle et il savait qu’elle y céderait bientôt.
    Patient, il ferma lentement les yeux avec un léger sourire l’espace d’un instant. Lorsqu’il les ouvrit à nouveau, c’était pour la regarder, malaxant distraitement la bourse délestée. Elle avait fait son choix, et il n’aurait pas pu lui promettre qu’il s’agissait du bon. S’il devait être honnête, il admettrait qu’il n’y avait pas de bon choix, qu’elle y perdrait forcément quelque chose. Et si elle n’avait pas été la nouvelle putain à la mode, sans doute aurait-elle vécu une vie bien plus tranquille éloignée de lui. Mais il avait toujours été un homme curieux et son rang ne lui interdisait plus grand-chose. Il avait bien à l’esprit qu’elle n’était pas un gros risque social, mais elle pouvait être une déception de plus.

    Pour ne pas être déçu cette fois, il prenait son temps. De la bourse toujours dans sa main, il sortit une pièce qu’il caressa de son pouce ganté. A travers l’épaisseur, il parvenait à sentir les reliefs sous ses balayages répétés de la surface. Cette fois, il ne s’agissait pas de témoigner d’indifférence à l’égard de la jeune femme puisqu’il continuait de l’observer en silence. Elle était inquiète, distraite par ses réflexions, par ce tournant radical que prenait sa vie et même s’il le comprenait, il ne l’autorisait pas.


      Reprenons, encore. N’abuse pas de ma patience. Il va falloir apprendre à contenir ces humeurs vulgaires de putain qui n’ont pas leur place avec moi. Ton regard noir, tes paroles, ce petit ton … sont les motifs de ta première punition.


    Mais avant, il fallait que les choses soient claires, que les limites soient posées. L’homme ne lui ferait pas signer de document interminable à mi-chemin entre un contrat de vente et un état des lieux. En premier lieu parce qu’elle n’avait pas son identité et qu’il n’allait pas décemment signer « Le terrible comte innommable » au risque de ne pas garder son sérieux, mais aussi et surtout parce qu’elle n’était plus Rien. Elle était sa soumise.
    « Tu fais le choix de m’être soumise. » Avant de poursuivre, il se rapprocha, posant un genou au sol et lui saisissant le menton du bout des doigts, l’invitant à relever le visage pour que leurs regards se croisent réellement pour la première fois. Il souriait en coin, gardant cet air inquiétant de celui qui maitrise la situation, celui qui dirige et ordonne. « C’était ton dernier choix. » Pas vrai. Elle aurait toujours le dernier mot. Il ne basculait jamais dans la maltraitance, jamais dans l’excès où il n’était plus maitre mais esclave de ses pulsions. Ce qui était impensable pour un obsédé du contrôle comme lui. « Maintenant soumise, tu m’appartiens. » Et si la phrase paraissait aussi classique qu’attendue, elle ne portait pas de notion de jalousie ou de possessivité du corps. Qu’elle jouisse de ce dernier mais avec quelques conditions. « La moindre trace n’étant pas de mon fait, la moindre obéissance à un autre, le moindre plaisir sans mon autorisation ne t’est pas permis. » Et il le saurait, parce que les gens parlent, parce qu’elle ne lui mentirait pas. « En revanche, je n’aime pas que l’on abime ce qui est à moi. Tu seras donc protégée. » Par lui, par des gens gracieusement payés, qu’importe. Il estimait avoir fait le tour des points essentiels même s’il aurait sûrement à revenir sur le sujet lorsqu’elle aurait des questions légitimes de celle qu’on plonge dans l’inconnu.

    Et parce qu’en terme d’inconnu, il estimait avoir déjà longuement insisté sur l’emprise morale, il était temps de retourner à des sévices plus supportables pour elle.
    Toujours agenouillé devant elle, il relâcha son menton pour caresser sa joue. Le besoin de contrôle excessif transpirait dans ce geste. La peau était à peine frôlée par le cuir et la main trop ferme pour épouser correctement la forme de son visage. L’intention n’était que de lui faire ouvrir la bouche, ce que se chargea de faire son pouce impérieux, glissé entre ses lèvres. C’est à cet instant que la pièce jusqu’ici précieusement conservée dans son autre main vint se poser sur la langue de Lylie.


    Elle pourrait t’être utile, murmura-t-il au creux de l’oreille de la jeune femme avant de se redresser. Et elle y verrait ce qui lui semblerait le plus à propos. La référence à de vieilles croyances trouvées au fond d’un livre sur les civilisations éteintes, la possibilité de mordre pour encaisser, un peu des deux ? Elle n’aurait pas plus de précisions de la part de son maitre puisqu’il était déjà debout, défaisant lentement la boucle de sa ceinture.




Trad. :
Facile, facile
Tu casses la bride
Afin que la perte de contrôle soit
Facile, han facile
Tu as piétiné ce en quoi tu tiens,
Afin de pouvoir dire que lâcher prise est
Lylie_blanche
Oui, Sir.

L'intonation se fait résolue alors qu'elle entend les conseils avisés du Maître. Choix avait été fait et dans son esprit, cette place devait être sienne. Pourtant, il s'agit d'une première expérience, d'un inconnu trop grand, d'un trouble certain qui tend à rendre cette tâche difficile. Tout autant que l'idée d'avoir de soi-même remis son corps, son esprit et ses maux sans en espérer une compension financière. Il n'y aura donc aucune excuse, aucune fourberie pour rendre cet Abandon, ce choix plus tolérable, plus justifiable. Ce choix est sien, voulu et assumé. Elle ignore tout de l'éducation, de ce que sera son quotidien, le véritable prix de cette Abandon et de ce choix. Pourtant, quand bien même cela serait malsain, étrange, déroutant pour d'autre voir absurde et asservissant pour les plus incompris, elle l'assume. Lylie en a envie, simplement. Lylie souhaite découvrir une autre part d'Elle, écouter ce vice qui la ronge, cette dévotion silencieuse qui l'intrigue et la fascine. Lylie souhaite devenir une Autre et s'il lui semble évident que ce n'est que par Lui, qu'elle y arrivera, elle ignore encore le chemin à parcourir.

Poignets endoloris par les liens, échine qui peine à rester souple sous la pliure imposée, Lylie inspire calmement et tente d'assouplir sa cambrure et ses instincts primaires qui la pousse à rejeter toute captivité. Doucement, Maître se rapproche d'elle, posant un genou au sol pour mieux l'inviter à redresser le minois. Regard se partage car autorisé. Soulagée, elle l'est d'être enfin considérée, d'avoir eu grâce à ses yeux, d'être affublée de Soumise à défaut de sous-merde. D'être effleurée, là où son regard coulait autrefois sans jamais la toucher, sans jamais la considérer.

Attentive, elle écoute les ordres et les conditions de cet Abandon. L'appartenance avait alors un goût étrange voir amer, celui d'un corps qui ne pourra être marqué, jouir et n'obéir qu'à Lui seul. Si elle pouvait aisément entendre la protection, qui lui fait défaut, c'est tout une façon de vivre, tout un métier, tout une fonction qu'il met à mal et bouscule. Si Blanche et Lylie ne faisait qu'un, qu'elles partageaient le même corps, il lui semble alors difficile de dissocier la Putain de la Soumise. Allait-elle pouvoir expliquer à ses clients que désormais, elle n'obéirait plus..que désormais aucune trace ne devra être laissée sur son corps et que ce plaisir qu'ils essayaient parfois maladroitement de lui offrir ne devra être que feint.. Ces habitués seraient-ils à même de comprendre cela ? Qu'en sera-t-il de son rythme de vie, de son loyer..de tout ce qu'elle avait construit. Qu'en sera-t-il de ces habitudes qu'elle pense acquise et obligatoire pour être une bonne putain. Qu'en est-il de cette pensée qui discrète et naïve, lui laisse entendre que c'était peut être l’opportunité, l'interdiction qu'elle attendait pour enfin s'accorder un peu de respect et de considération...

J'aviserai..la clientèle de Blanche, Sir pour qu'il en soit ainsi. Pour que ce corps et cet esprit ne répondent qu'à Vous.. Que se passerait-il si jamais un habitué n'accepte pas ? ..Rares sont ceux qui se contentent d'interdire une bourse lorsque des années durant leurs vices ont été ainsi assouvis...La colère, la Frustration conduit à bien des vices... Mais si tel est le cas et que les conditions sont posées, j'aimerai être la seule dont les lippes et le séant vous apporteront la jouissance. Loin d'être totalement ignorante, Lylie savait au moins que le Contrat était avant tout un échange. Et pour l'heure, elle avait besoin d'être rassurée, besoin que cette exclusivité passe à travers ce qu'elle a toujours connu et le priver de ces plaisirs, ces outrages qu'elle aimerait être seule, à lui offrir.

Caresse se perd à sa joue, éphémère, légère tant et si bien que c'est d'avantage un frisson qui s’appose à sa joue plus qu'un contact assumé. Les lippes s'ouvrent sous le pouce inquisiteur sans que pourtant, aucun mot ne se dissipe. Soudain, une pièce se perd à sa langue et les lippes se contentent de se refermer alors qu'elles effleurent de leur pulpe, ce pouce au goût de cuir.

Murmure se perd ensuite dans le creux de son oreille, comme un présage ou un avertissement qui par sa rareté, son origine se fait pourtant plus intense, plus chaud qu'un autre. Si la courtisane ignorait certaines coutumes, elle avait côtoyé suffisamment la misère pour connaître le poids de cette pièce, de cette traversée. Entre les lippes, sur les iris..Elle est la pièce du dernier voyage. Sous l'écho de cette coutume, l'intérieur de sa joue est mordue alors qu'elle l'observe défaire la boucle de sa ceinture avec une lenteur aussi provocante que saisissante. Pièce est glissée entre les crocs, serrée sous l'appréhension alors que le regard se perd au loin, mêlé entre envie, excitation et abysses.



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Innommable
Tonight you will obey
You'll have no control
Tonight you'll be my slave
You'll want to surrender
I can smell if you're afraid
I'll tell you exactly what you want
Teach you to behave

    In This Moment - Turn You



    S’il avait eu l’air sourd à ses exigences, c’est parce qu’à nouveau elle s’illustrait par sa vulgarité de putain. La voilà marchande de tapis négociant quelques tristes privilèges alors qu’elle venait de donner tout ce qu’elle fut, tout ce qu’elle était, tout ce qu’elle serait. Devait-il encore lui rappeler la posture dans laquelle elle était uniquement parce qu’elle y avait consenti ? Il n’était Maître que parce qu’elle était soumise, évidemment, mais ce constat n’accordait aucune légitimité à ces demandes tout juste dignes d’une épouse prête à tout pour un peu de reconnaissance. Il n’était plus marié, ce n’était pas pour vivre aujourd’hui encore les affres d’une union sacro-sainte qu’il finirait de toute façon par souiller de foutre et de colère. Encore.

    « Quel vaste chantier … » Il avait baissé les yeux sur elle, ajustant parfaitement les deux extrémités de la ceinture au creux de sa main pour raccourcir la longueur. Il se caressait la barbe tout en tapotant l’extérieur de sa propre cuisse avec ladite ceinture, marchant lentement. Le geste n’était pas nerveux, il lui servait à prendre conscience de la force nécessaire pour la punir. Elle était habituée à recevoir ce genre de punition, il n’hésiterait pas à se montrer sévère et sans pitié ; peu importe qu’elle gémisse, se débatte, pleure ou supplie. La punition serait brève, quelques coups, mais intenses, les traces écarlates nuancées de pourpre resteront présentes quelques jours.

    Revenu à côté d’elle, c’est avec une caresse qu’il flatta sa cambrure, remontant alors jusqu’au creux de ses omoplates. Le poing se ferma, s’écrasant alors progressivement. L’homme s’était penché pour observer attentivement le profil de Lylie, il appuyait juste assez pour que le dossier de la chaise pèse sur sa trachée sans qu’elle ne vienne à manquer d’air. Elle ne devait plus s’exprimer librement, mais elle pouvait encore respirer sans entrave.



      Nous discuterons plus en détails de ta nouvelle vie quand j’en aurais fini avec tes mauvaises manières. Tu n’imposes rien, tu n’exiges rien. Ta bouche ou ton cul ne valent pas plus à mes yeux que n’importe quels autres. Rends-les uniques.


    Et si de séant il était question, ce fut pourtant ce sein que le cuir vint mordre laissant place ensuite à une caresse qui n’avait pour but que de raviver la douleur cuisante sous la peau meurtrie. Rien ne devait être précipité, l’attente permettait à cette brûlure de lentement se répandre un peu plus loin dans ses chairs, de se raviver à chaque inspiration un peu trop profonde, de l’électriser quand, sur la peau teintée de carmin, le majeur ganté vint tracer un sillon laiteux dans un mouvement d’une lenteur indécente et suppliciante.

    La douleur devait être vécue, entendue et admise. Elle devrait le faire seule et construire sa propre justification à ces maux, guidée par sa volonté de Lui plaire, d’être assez bien. Alors il la laissa seule avec elle-même quelques minutes, éloigné de deux pas, dans son dos pour ne pas être vu et silencieux.
    Les minutes accordées s’étaient écoulées trop lentement à son goût et pourtant, il n’avait pas écourté ce temps. Il avait attendu, réajustant une fois encore ses gants, lissant parfaitement son bandeau, observant ce séant offert devant lui avec un petit sourire carnassier qui ne laissait aucun doute sur la suite.
    Sans un mot, sans un bruit, il s’était rapproché. Il avait repris le cours de sa punition. Il s’en tint à ses premières intentions ; à ceci près que les quatre premiers coups furent suivis d’une pause. Son regard s’attarda sur la peau zébrée, abimée, sanguinolente et la boucle que formait le cuir s’était glissée entre ses cuisses jusqu’à cueillir délicatement cet aveu chaud et honteux d’un plaisir non feint. La ceinture resta pressée là alors que la main libre se faisait inquisitrice, s’aventurant jusqu’à apprécier l’étroitesse de cette anatomie dont elle exigeait un usage en exclusivité. Un doigt, puis un second en renfort servait de mesure autant que de distraction quand enfin la boucle de cuir qui s’était éloignée revint infliger une dernière et violente morsure à cette peau autrement plus fine et moite que ce séant déjà trop exercé.



Ce-soir tu obéiras
Tu n'auras pas de contrôle
Ce-soir tu seras mon esclave
Tu voudras te rendre
Je peux sentir si tu es effrayé
Je te dirai exactement ce que tu veux
T'apprendrai à bien te conduire
Lylie_blanche


Audace, d'avoir osé suggérer que son propre séant et ses lippes auraient pu le satisfaire.
Honte, d'avoir osé décevoir une nouvelle fois celui pour lequel elle se fait Soumise.

Entre ses tempes, Lylie réalise que les habitudes sont tenaces et que sous cette heure qui s'écoule, les erreurs sont nombreuses. Ainsi, lorsque la ceinture flatta à plusieurs reprises la cuisse du Maître, elle sentie en elle, cette appréhension et cette angoisse se faire plus forte encore. Niché derrière elle, la Renarde se fige lorsque la caresse se perd le long de son échine. Envieuse elle l'est, de sentir ce frisson lui parcourir le derme mais en soit, ce dernier n'est qu'une vile flagornerie. Une fois échouée, la caresse se mue en poing, qui ferme se niche entre ses omoplates pour appuyer d'avantage son buste contre le dossier, pour contraindre sa voix à se faire moins libre, moins vulgaire. Sous cette pression, elle ne pipe mot, reste aussi immobile que possible pour ne pas fauter à nouveau. Là, enfin elle commence à entendre ce qu'est une véritable soumise dévouée. Une Femme qui endure, obéit, se dévoue pour son Maître, peu importe ce qu'il en coûte. La Dévotion passe par ce besoin viscéral de lui plaire, d'obtenir par son éducation et sa force, cette reconnaissance qui pourtant lui échappera sans cesse...

Ainsi lorsque les mots, à nouveau se perdent, elle se contraint à les assimiler et à les entendre pour de bon. Ne rien exiger, ne rien imposer. Se rendre digne d'intérêt afin de lui accorder ce qu'elle souhaite.
A cela, elle acquiesce d'un hochement de tête entendu et sous le claquement qui vient à se briser à son sein, le corps entier se crispe et encaisse cette meurtrissure. Solidité des liens sont éprouvés alors que poignets et gorge sont d'avantage serrés sous le soubresaut que la morsure du cuir avait imposé à son corps. Mâchoire est crispée. Pièce se heurte à l'émail de ses crocs. Douleur se fait vive, puissante à son sein dont elle devine aisément que le derme avait cédé.

Premier coup.


Lentement, les iris restent clos pour entendre ce qu'ici lieu se déroule et la Folie dont elle fait l'objet. Contrainte par ce pilori, courbes et docilité offerte, l'esprit de Lylie avoue malgré lui une première faille. Sous l'impact du cuir aussi cinglant que sanglant, l'écho de sa seule et unique agression lui revient. Ce fût également captive qu'elle vit les deux premier coup s'abattre à sa mâchoire, senti les autres se perdent à ses flancs, y briser des côtes jusqu'à ce que l’insouciance enfin la soulage de ces affres, de ces vices tordus qui n’épanchèrent aucun plaisir sinon celui de ceux qui les donne par sadisme, égoïste. Les iris clos laissent à l'esprit, le loisir de se rappeler sa convalescence, cette angoisse, cette peur d'y rester qui fût la sienne à cet instant et des mois durant. A quoi jouait-elle ? Pourquoi cette pièce pour faciliter la traversée ? Et si..
L'angoisse est là, plus pressante, plus asphyxiante, la contraignant à se débattre là où finalement les liens lacèrent et marquent. L'angoisse est chaotique. L'Angoisse est sadique.

Troublée, les liens rougissant son derme, le teint de la Rousse se fait livide, blafard alors qu'elle réalise le poids de sa captativité, qu'elle entend ce qu'Abandon veut dire dans sa face la plus vile, la plus malsaine. Prête ? Envieuse ? Elle pense l'être, finalement quand un frisson autre que d'effroi vient lui saisir l'échine et les cuisses au passage de cet index mesquin qui se repaît du carmin. Il est Ce contact qui la rassure, qui l'échauffe, qui lui fait entendre qu'elle ne crèvera pas ce soir, pas ainsi. Pire, il est Ce contact qui l'invite à encaisser d'avantage pour en espérer un autre..Il est Ce contact qui lui vrille les tempes et les cuisses pour en espérer un autre..Pour expier..Se soulager..Frémir sous Sa main.

Encore.


Le désir se heurte à ses tempes alors que sciemment, elle souhaite provoquer ce frisson une nouvelle fois. Sentir son esprit et son corps se briser sous le poids d'une angoisse, d'un Abandon dont elle ignore encore tout le potentiel. Un autre coup s'abat à son flanc, sec, puissant, lui arrachant une plainte étouffée entre les mâchoires serrées. Ce fût là, que l'Autre avait échoué son poing puis ses chausses pour la briser et la laisser pour morte sur sa couche jusqu'à ce les autres courtisans soient alertés et qu'il puisse enfin, la laisser respirer. Ce coup-ci ne sera plus celui de cet Autre. Il sera le Sien.

Frappez.


Cuir se perd à son échine, à son séant et son omoplate. Trois coups de cuir supplémentaire qui brisent la chair, claquent, saisissent, brûlent et pourtant l'échauffent. Faut-il être troublé ou perdu pour éprouver cette soif, cet Interdit, cette Délivrance par les maux imposés ? Peut être. Mais qu'importe. Doigts finalement se délient, phalanges autrefois serrées et blanchies par la douleur finissent par se détendre et alors que la douleur est acceptée, souhaitée, appréhendée et pourtant enviée, c'est tout le corps qui peu à peu lâche prise. Elle ne crèvera pas ce soir, elle le sait. La pièce lui permet à défaut d'étouffer les cris, les plaines qu'elle n'ose avouer de crainte de décevoir, de peur de relâcher d'entres ses crocs ce qu'il lui avait confié.

Respiration.


Pause est accordée et c'est haletante que le corps sous le moindre de ces gestes se rappelle la morsure du cuir au risque d'électriser son échine et son derme. Frisson lui saisit d'avantage les reins lorsque le contact froid de la boucle s'échoue, perverse, à l'intérieur de ses cuisses pour en jauger la tiédeur. Soupir envieux, imperceptible est avoué alors que ce simple contact, aux vus des maux reçus, lui semble décuplé. Ce ne sont pas les caresses à ses cuisses qui lui manquent et pourtant, celle-ci vient de Lui, celle-ci s'échoue après des morsures cuisantes...Encore vulgaire, encore envieuse et maladroite, les lippes se préparent à réclamer un autre contact, jusqu'à ce que la raison ne lui lient les lippes pour en éteindre l'affront anticipé. Ne pas exiger. Ne rien imposer. Alors le corps endolori se repaît de ce qui est offert, simplement. Sans que sous ce dernier naisse l'attrait d'un stupre décadent, trop gourmand pour être finalement entiché d'une laideur banale, diminuée et vorace.

Boucle est restée coincée entre ses cuisses alors qu'une autre caresse, plus inquisitrice se perd entre deux galbes. Sous le sillage, les reins restent immobiles. Elle n'est pas cette putain qui viendra chercher l'offense, ni même cette autre qui lui interdira le passage. Regard rivé devant elle, Lylie inspire doucement alors que le plaisir l'étreint déjà, prématurément, car mêlé au poids, à l'écho de chacune de ses plaies qui sous la respiration trouble, s'animent et la saisissent. Pourtant, ces dernières lui paraissent infimes lorsque sous cette distraction, ce plaisir volontairement dosé, s'échoue une morsure plus brutale encore. Sournoise, boucle avait quitté la peau délicate pour venir la mordre avec plus véhémence, plus de hargne.

Sous le claquement qui se porte à ses cuisses, une plainte à moitié étouffée se brise à sa gorge alors que l'émail déjà éprouvé avait manqué de se briser contre la pièce. Haletante, tremblante, brisée par endroit, saisit à vif au niveau cet antre qui est de tous le plus vicié, le corps d'albâtre peine à cacher cette fragilité. Mâchoire serrée, visage barré par quelques mèches humides de sueurs, Lylie laisse échapper un souffle désorganisé et chaud alors qu'à contrario, c'est un frisson, une sueur froide qui s'échoue et remonte son échine jusqu'à s'échouer à ses tempes.

Merci..


Parmi les vices, parmi les maux, c'est cet mot qui résonne en boucle sous les mèches rousses alors que pour panser les plaies, l'esprit s'accroche à cette caresse, cette distraction qu'il lui offre et dont elle doit en saisir et apprécier l'essence. Accentuer le plaisir éprouvé à travers la douleur ou au mieux, se repaître durant un temps accordé, du plaisir offert par son Maître...L'Abandon était aussi destructeur que salvateur, encore fallait-il essayer de comprendre son fonctionnement et d'adapter les vices et les conséquences...


Toi, tu es tout ce que je veux
Et moi, je suis tout ce dont tu as besoin
Cette nuit me scie à l'intérieur
Tu m'attaches, tu me regardes saigner
Et nous risquons tout ce soir...

Je, je suis la misère que tu désires
Et toi, tu es mon fidèle ennemi
Cette faim semble me nourrir
Un péché sacré, une race mourante
Et nous risquons tout

_________________
Innommable
I will dress you in constraints
With the promises of pain
Let me show you what I can

I will tie you to a chair
Kiss your neck and pull you hair
Let me show you who I am

    - Ordo Rosarius Equilibrio - Let Me Show You, All The Secrets Of The Torture Garden


___

    Il mettait un point d’orgue à l’achèvement de cette punition initiatique. D’autres fois, il partirait sans un mot après l’avoir simplement libérée de ses entraves, mais cette fois il irait un peu plus loin.
    Elle ne semblait plus tenir en position que par les liens qui la contraignaient, pourtant il n’en tint pas compte et ses deux doigts qui n’avaient fait montre que de paresse s’était finalement animés sous l’impulsion de désirs primaires que l’homme réprimait pourtant. Les gestes étaient lents, profonds et lascifs. Il n’était plus question de douleur physique, il n’ajouterait plus à sa souffrance d’autres plaies à panser, il l’entrainait déjà sur un autre terrain.

    Un genou posé au sol à nouveau, il était à la parfaite hauteur pour la contempler d’abord. Et ce qu’il avait sous les yeux lui appartenait bien au-delà de ce qu’elle consentirait à admettre. Il venait de la marquer – temporairement certes – pour qu’elle n’oublie jamais le coût de la désobéissance mais il devait laisser une autre trace, un autre souvenir qui se rappellerait à elle dans ces instants de plaisir difficilement contrôlable.
    Le regard était attentif à ce corps secoué par une respiration difficile, à cette peau moite et meurtrie, à cette intimité depuis longtemps désacralisée. La main avait abandonné la ceinture au sol pour se consacrer à l’appréhension de cette fesse galbée ; elle fut fermement saisie puis lentement relâchée. Combien de temps résisterait-elle à ses doigts ? Se souvenait-elle de l’interdiction de jouir ? Il n’était plus question de douleur non. Elle avait expérimenté déjà, au même titre que l’humiliation … Place à la privation et la frustration.
    De cette main aventureuse, il exposa un peu plus encore cet antre à sa vue alors qu’un léger sourire de satisfaction étirait ses lèvres. Il devait contenir cette envie qui venait de le saisir, embrasant pour la première fois depuis le début son corps.

    Lentement, il vint cueillir de ses lèvres ce fruit malmené dont la peau fine était couverte de suc encore tiède. Lui qui avait longuement observé l’onanisme de femmes obéissantes avait pris le soin d’être assez curieux pour aujourd’hui maitriser plus que les fondamentaux. Ses caresses linguales ne devaient rien au hasard. D’abord timides et tendres, découvrant chaque relief, chaque recoin. Puis plus franches et gourmandes, s’attardant jusqu’à s’imposer en Elle juste assez pour que d’une pression, sa langue marque son passage. Finalement, appliquée et concentrée, la pointe de cette langue vint titiller juste là, ce petit amas de chair rendu hypersensible.
    Brusquement, il s’était arrêté. Il ne la touchait plus, ses mains l’avaient fui aussi vite que ses lèvres. Elle devait être privée de cet aboutissement. Qu’elle désobéisse et jouisse, qu’elle se retienne et supplie d’y mettre un terme … Aucune de ces deux issues n’impacterait la suite directe, si punition il devrait y avoir, elle ne succéderait pas à celle en cours, pas immédiatement.

    Il s’était redressé et il avait dénoué les liens pour lui rendre une partie de sa liberté.



      Tu veux être la seule à poser tes lèvres sur moi, montre-moi que tu en vaux la peine.


    Il ne ferait rien pour l’aider malgré la turgescence notable au travers de ses braies. Il ne voulait pas d’une de ces soumises dociles et abruties par la crainte qui attendaient patiemment qu’on les exploite. Ces soumises devaient être femmes pour être intéressantes. De celles qui existent autrement que dans l’ombre d’un homme, autrement que par la souffrance qu’un sadique acceptera de leur faire endurer. Était-elle capable d’être fière et d’obéir ? D’être humble mais femme ? Lâcherait-elle prise face à son ignorance à nouveau, ou relèverait-elle le défi ?
    Il avait récupéré son carnet, s’était adossé à la tête de lit à demi allongé et lisait cette vieille relique avec attention.



Je t’habillerai de contraintes,
Avec des promesses de douleur,
Laisse-moi de montrer ce dont je suis capable.

Je t’attacherai à une chaise,
Embrasserai ton cou et tirerai tes cheveux,
Laisse-moi te montrer qui je suis.
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