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[RP] - Je veux que tu crèves d'amour.

Tigist


      [Saint Girons]

    Elle a vomi si souvent dans sa vie qu'elle a pu retenir la bile quand il a été question d'éviscérer le Renard pour le vider de ses entrailles et éviter qu'elles n'empuantissent l'air ambiant sur le trajet. Bien sûr que cela a été plus ardu de se procurer du miel sur le chemin, et pourtant, il avait bien fallu et qui la croiserait serait en droit de se demander si les mouches qui la suivent, le font par appât du sucre ou pour le cadavre qu'il recouvre.

    Comme une mère, elle a soigné la dépouille de Judicael, l'a lavé, baignant la chevelure rousse, à l'exception d'une mèche partie en direction de la Cour des Miracles à destination d'une tête jumelle.
    Le courrier est scellé par un ruban rouge et à l'intérieur ? Il y a une mèche très longue et très rousse rasée de près, soin des embaumeurs orientaux, soin des tanneurs occidentaux. Un peu des deux, l'éthiopienne.


    Citation:
    Samael,

    Je t'avais demandé ce que tu ressentirais à l'idée d'être fils unique. Je te laisse réfléchir à la question.
    Ses funérailles seront organisées en Armagnac à Saint Girons.
    N'hésite pas à venir, tu es invité et tu es le suivant.
    Il n'a pas crié, il est mort comme il était, essaie d'en faire autant.

    T.


    Et chaque jour, elle avait repoussé les essaims d'insectes pour préserver le corps de tout sacrilège.
    Rouquin devait servir une autre cause que la simple survie animale.

    Il y a près d'un an, elle a foulé le sol d'Armagnac et Comminges et maintenant ?
    En entrant dans le bourg de Saint Giron, l'éthiopienne regarde de chaque côté, cherchant à apercevoir ce qui caractérise l'endroit en été, puisqu'elle l'a si fort aimé en hiver, l'animal qu'elle entraîne derrière elle semble épuisé, il n'a pas la force du merens offert par Martin des mois auparavant et qu'elle lui a fait renvoyé il y a plusieurs semaines.
    Ce cheval là n'a pas la placide endurance du petit cheval montagnard, il subit sa charge morbide et Tigist pourrait lui donner raison, il est temps d'arriver à destination.

    Ainsi, la noire de se présenter devant les portes de la demeure comtale. Jouons au jeu des sept différences.
    Tigist n'a plus de capuche, elle a retrouvé sa taille fine, elle n'a pas d'enfants avec elle, elle porte du rouge et non du noir, elle ne sourit plus, elle n'a plus peur et elle a un cadavre à la peau exsangue en travers de la selle de son cheval.


    « Dites au comte que l'on vient lui porter le cadavre de Judicael pour la prime. »

    Deux mille écus. Voilà ce que valait Judicael, voilà ce que valaient la mémoire de leurs fils.
    Deux mille écus. C'est trop peu, pourtant elle réclame cette prime.

_________________
Martin.cv
[Saint Girons]



L’annonce est là, la description ne peut tromper et moi, je ne peux qu’éclater de rire. La Noire est là, avec son crime à la main. La Noire est revenue pour une poignée d’écus.

La déception avait été grande lorsque je n’avais reçu que quelques informations sur l’endroit où pouvait se trouver ce chien. Aucun mercenaire n’était venu à moi pour me proposer ses services. Je m’étais trompé sur le compte de l’assassin de mes enfants, personne ne voulait le tuer. Personne ne voulait se salir les mains en s’abaissant à tuer la vermine qu’il est. La raison est plus que simple, il n’est rien. Je m’étais raccroché à cette idée. Judicael n’est rien. Il ne mérite pas notre intérêt.

La prime n’aura attiré qu’une personne, la seule que je ne veux plus voir. La seule que j’ai envie de blesser et de mettre à genoux. La promesse est là, son alliance, elle va la récupérer mais pas sans que je ne m’amuse une dernière fois avec elle.


    Laissez la dehors, je ne veux pas la vermine sous mon toit.


Le sourire se fait en coin. Tigist est là. Tant de chose se sont passés depuis notre dernière rencontre. Les mois se sont écoulés ma colère a laissé place à un trou béant au fond de moi. Un trou que je comble comme je peux entre l’alcool et mon poing qui appui dans un appel silencieux pour faire taire la douleur physique.

Je ne sais ce qui m’attend, je ne sais ce qui en ressortira mais je sais une chose, la fin est là. Il est temps qu’on mette un terme à ce petit jeu. Alors quand j’apparais au devant de mon castel, je redresse le menton pour la toiser du haut des quelques marches qui nous séparent. Je ne suis plus le même. J’ai perdu en état, j’ai les traits de celui qui boit trop mais je ne suis pas un homme à terre. Je suis un Duranxie. Mon regard cerné glisse sur sa silhouette avant d’accrocher le cadavre en travers du canasson. Le sourire se fait en coin et je tape légèrement dans mes mains pour applaudir les faits.

Salut Tigist, t’as fait bonne route ? Super t’as tué Judicael. Viens on va aller boire un verre pour fêter ça.


    Félicitations, tu as tué ce chien. Tu auras au moins été bonne à quelque chose.


Le regard se fait froid et le sourire finit par dévoiler quelques dents avant que je n’ajoute tout en lui jetant son alliance à ses pieds.

    Voilà tout ce que tu auras.


Mon nez se plisse tandis que je ressens toute ma colère emplir mes veines. Si elle pense pouvoir me dépouiller de deux milles écus après avoir tué mes fils, elle peut toujours rêver. Je n’oublie pas que c’est par sa faute qu’ils sont morts. Je n’oublie pas que si elle avait fait ce que je lui demandais, aujourd’hui je serais père. Jamais je ne pourrais lui pardonner son égoïsme. Jamais je ne pourrais lui pardonner d’avoir sacrifié mes fils.

    Va au diable…


Je n’irais pas vérifier qu’il s’agit de Judicael. Je n’irais pas vérifier ce qu’elle avance car ça n’a aucune importance. La seule responsable à mes yeux, c’est elle. Un dernier regard sur la noire, je lui offre une moue de dégout puis je lui tourne le dos. L’arbalète n’est pas en main, le temps qu’elle la charge et qu’elle cherche à me tuer, je devrais être à l’intérieur. Je ne suis pas encore totalement suicidaire… Normalement…
Tigist


    Aux gens qui passent à ses côtés, elle offre un sourire de façade, n'a-t-elle pas vécu avec ces gens pendant des mois ? Elle les connaît et les reconnaît. Le forgeron là-bas avec qui de nombreuses heures, elle avait planché sur la conception d'une nouvelle sorte d'arme, les cuisinières qui s'étaient bien souvent moqué de ses piètres talents et le veneur qui avait réussi à s'attacher la tendresse de Menelik en lui montrant les chiots et les chevaux. Pourquoi leur en voudrait-elle à eux ? Alors elle sourit à ceux qui la reconnaissent et tentent un sourire timide.

    Et le bruit caractéristique de l'applaudissement vient la couper dans ses civilités avant même qu'elle ne réalise qu'il est là. La rage se lit sur son visage, elle l'y a vu si souvent du reste. Comment Martin pourrait-il prétendre lui mentir, elle est celle qui comprend le mieux ce qui l'anime car elle se bat contre la colère chaque jour chez ceux qui l'entourent.

    Il se montre méprisant ? Soit.
    Il se pense supérieur ? Pourquoi pas.

    Et l'alliance est ramassée sans un mot pour être replacée à la place qui lui revient, celle offerte par le Nerra étant à l'autre main quant à elle. Les deux hommes qui ont su la demander en mariage et assumer de ne jamais comprendre celle qu'ils épousaient. Mais cela Martin n'aurait su le faire.

    Martin lui tourne le dos après l'avoir traité pire qu'un chien, comme il avait du reste traiter ses fils, alors enfin, elle prend la parole distinctement et avec un peu plus de force que d'ordinaire pour qu'autour, on entende.


    « Il viendra ici. Son frère et sa troupe vont venir récupérer le corps de Judicael à Saint Giron, ils ont vu ton annonce et ils savent qu'il est mort. »

    Tu vois petit comte, maintenant, c'est à Tigist de sourire finement. L'arbalète n'est pas armée, en effet. L'éthiopienne a changé d'arme, et le doigt a pressé le levier d'une mort plus brutale encore que celle qu'un carreau pourrait causer.

    Dans la cour, les murmures s'élèvent déjà. Des brigands en Armagnac, à Saint Giron. Alors Tigist se tourne vers les plus proches avec compassion.


    « Cet or aurait pu servir à acheter la sécurité de ces terres. Et puisque votre maître a promis une récompense à qui lui ramenerait le cadavre, j'ai jugé bon de l'amener ici et de récupérer l'or pour trouver des hommes pour protéger vos familles et faire enterrer nos fils décemment, comme le méritent les fils d'un comte. »

    Nos fils.
    Devant ses serfs. Oui.
    Et de nouveau la tête noire se tourne vers le castel où le comte s'empressait déjà de se terrer. A vouloir laver son linge sale en public en jouant les grands seigneurs, on prend le risque que de sacrées tâches soient portées au grand jour.

    Mais il n'y a pas de sourire sur le visage de Tigist, il y a un mélange de tristesse et de haine sourde. Il y a dans l'ambre le reflet exact du brouillard qui envahit le regard de Martin.

    Semblables et pourtant si éloignés.

_________________
Martin.cv
Aux premiers mots de la Noire je me fige. J'écoute avec attention les informations qu'elle me donne. Mon cœur se met à battre plus vite et mon esprit se met en action pour analyser ces nouveaux éléments. Son frère vient et il ne sera pas seul. Ma mâchoire se crispe et mes poings se serrent. La suite fait bouillir mon sang. Comment ose t'elle se présenter comme le messie ? Comment ose t'elle prendre à partie mes gens. Je me retourne le visage fermé, le cœur noir et d'un ton sec je renvois mes serfs à leurs tâches.

Je sens le poison envahir chaque partie de mon corps prenant le contrôle de ce dernier et ne me laissant plus aucune chance de contrôler quoi que ce soit. Je descends les marches lentement pour me fixer devant celle qui joue à la plus maligne. Mon regard gris se plonge dans l'ambre de celle qui aurait du être la mère de mes fils.


    Pour qui te prends tu Tigist ? Qui crois tu être pour venir et asséner tes vérités ?


Mon nez est toujours aussi plissé, ma bouche est tordue par la colère mais mon regard redécouvre ce visage qui m'a tant fait faillir. Ce regard qui m'a toujours calmé. Ces lèvres qui ont toujours appelées les miennes. Je sais qu'elle peut me lire comme un livre ouvert. Je sais que je ne peux rien lui cacher alors qu'elle est pour moi l'énigme la plus parfaite. Là à cet instant, elle doit voir que tout chavire en moi. Quand il y a de la haine, il y a de l'amour. L'un ne va pas sans l'autre. Tout me revient comme une claque me laissant un court instant sans souffle.

Je la revois dans mon Castel heureuse. Je revois son fils courir avec les chiens. Je vois ce bonheur qui aurait du être mien. La claque est là et elle fait mal. Comment en était on arrivé là ? Judicael.

La colère qui s'était essoufflée revient et mon cœur s'emballe de nouveau pour faire circuler cette rage qui ne sort jamais totalement.


    Tu n'es rien à Saint Girons...


Tu es tout pour moi.

    ... et nous n'avons pas besoin de toi ou de ta pseudo défense.


Mais moi j'ai besoin de toi pour survivre.

    Pars maintenant.


Entend ma supplique et reste pour achever ce que tu as commencé. Achèves de me détruire ou aide moi à me reconstruire. Pars pour me laisser agoniser dans mon château. Pars pour me laisser me saouler dans mon armagnac. Laisses moi avec cette épouse à qui j'ai tout donné pour ne rien recevoir. Pars pour ne jamais revenir.

Pourquoi continuer à me torturer ?
Pourquoi ne pas me laisser dans ma noirceur ?
Pourquoi m'avoir enlevé mes fils ?
Tigist, pourquoi m'as tu fait ça ?

Un pas après l'autre, je me recule de nouveau. Je flanche sous la douleur, sous les doutes et face à elle.


    Laisses son cadavre ici si tu le veux. Sa tête attendra son frère en bas de mes montagnes.


Mon regard accroche le corps emmiellé sans aucun état d'âme. Je ne côtoie pour ainsi dire jamais la mort. Cruel je peux l'être mais jamais par la violence physique mais ce qui attend Samael ce sera bel et bien la tête de son jumeau planté sur une pique en bas de Couserans. Le lien du sang est tellement fort que je sais que les représailles seront grandes. Mes fils méritent bien que je me batte pour eux.
Tigist


    Il descend les marches et Tigist entend le bruit de chaque pas, comme un coup de tonnerre qui ébranlerait une tour solide. Martin joue les comtes et renvoie ses serfs, il le faut bien s'il ne veut pas avoir à subir une émeute. Et Tigist ? Elle n'a pas bougé de sa place.

    Elle n'est plus la petite noire docile du Nerra ou l'insoumise épouse du Corleone, elle est la mère écarlate. Namaycush pourrait bien avoir trouver sa rivale en nuance de carmin, mais ce sang-là ne s'éponge pas, il coule viscéralement de ses entrailles et vient obstruer sa vision chaque nuit et à chaque instant où le sommeil veut bien la prendre.

    Les mots du Duranxie coulent et ne l'effleurent même pas, son regard n'a pas bronché, aucun muscle n'a tressailli. Car la vérité fait mal et Martin a mal, mais l'éthiopienne n'y changera rien cette fois. Elle ne le tuera pas, la mort de Judicael ne lui a rien apporté si ce n'est plus de doutes encore, pourtant, il faut que la vérité soit dite, il faut qu'il réalise enfin.

    Les rênes de l'animal sont saisies et le cadavre est rapproché d'eux jusqu'à ce qu'elle attrape la masse rousse d'une main pour la relever et montrer le visage boursouflé par la mort du brigand.


    « Regarde-le au moins. Tu leur dois bien cela. »

    Elle l'a regardé si souvent quant à elle. Essayant de chercher dans les traits de Judicael la mort de ses enfants, essayant de comprendre comment elle ne l'avait pas senti venir comme chaque désastre de sa vie. Mais elle a compris enfin, au fil des heures, de très longues heures nocturnes.

    Judicael n'est pas seul responsable. Martin l'est aussi. Elle l'est aussi.
    Les seuls innocents de ce triste conte sont ceux qui ont été brûlés et enterrés en terres angevines. Tous les autres sont coupables.

    Et courir le royaume de France pour retrouver Judicael ne les a pas ramenés parce qu'ils sont morts. A cause d'eux. La main se relâche et la tête retombe dans un bruit désagréable pour tout vivant sur la selle, le cheval se rebiffe un peu et les rênes retrouvent du mou, le laissant s'ébrouer.


    « Cinq mois. C'est ce que j'ai vécu avec eux. Tu ne me l'enlèveras pas. »

    Parle-t-elle des gens autour d'eux ou des enfants dans son sein ? Elle seule sait.

    « Tu n'y arriveras pas seul. Et je ne te demande pas ton avis, je ne suis pas l'une de tes servantes. Je l'attendrai ici et je finirai ce qui doit l'être, se faisant, elle lâche les rênes pour les confier à un des hommes non loin, pour se retourner face à Martin. Je sais où est ma chambre, et ma robe est dedans. J'aimerais autant la récupérer. »

    C'est factuel. Tout est dramatiquement factuel.
    Elle est là. Samael sera là. Elle va rester là. Et sa robe est là aussi.

    Le reste ? Tigist s'en fout, et pire que cela, en lâchant le cheval, elle a gravi un échelon sur le perron et se trouve de nouveau à la hauteur du comte. Ira-t-elle jusqu'à forcer la porte ? Va savoir hé.


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Martin.cv
La Noire ne m'épargne rien, c'est à se demander si elle ne se venge pas de tous les mots que j'ai pu prononcer, de tous ces maux que je lui ai infligé sans une once de remord. Le visage de Judicael me fait face me laissant un court instant sans voix. Je fixe le meurtrier de mes fils cherchant à apaiser la colère qu'il m'inflige. Si il n'était pas mort, je le tuerai de mes mains. Tigist m'a volé cet instant. Elle m'a empêché de serrer cette gorge, de regarder son regard se vider de la vie. Elle m'a volé ma vengeance et elle me laisse avec ma rage sans s'en soucier.

Quand elle reprend la parole, je suis à deux doigts de flancher mais ma fierté est bien plus grande. Je me reprends et je la regarde qui se dirige déjà vers les portes de mon Castel. Je la regarde prête à entrer que je le veuille ou non. Las je fais signe du bout des doigts qu'elle peut entrer après tout Couserans fut sa demeure. Je n'ai pas besoin de l'accompagner, ni l'envie.

Me tournant de nouveau vers le cheval, je le prends par la bride pour l’entraîner à l'écurie, le corps se laissant ballotter impuissant face à ce qui lui arrive. Les rênes sont tendues au palefrenier et les ordres donnés. La tête ira sur une pique attendre Samael. Quant au corps, il sera donné aux cochons qui n'en laisseront pas une miette.
Martin.cv
        [Castel de Saint Girons - Quand le soir arrive.]




Quoi que j'en dise, je tiendrais parole. Tigist aura son bal, elle aura sa danse et il ne nous restera qu'une chose à faire pour que la fin soit vraiment là : La mort de Samael.

Discrètement, j'ai demandé à quelques servants de préparer le petit salon, celui qui donne sur ma nouvelle terrasse aux roses. Cette fameuse terrasse qui me tenait tant à cœur à Lapeyre se voit copié à Saint Girons. Pâle copie mais les parfums qui s'en dégagent encore en ce début septembre suffisent à apaiser mes maux. Comme à Lapeyre, j'aime m'installer sur cette terrasse pour profiter du soleil mais l'air des plaines est moins présent dans les hauteurs. Le Castel est d'ailleurs moins frais et l'été y fut lourd.

Notre échange de la veille encore bien présent, je sens la main de Tigist sur ma joue et la trace qu'elle y a laissé est encore visible pour toutes personnes extérieurs. Le froid du couteau sous ma gorge ne me quitte pas non plus mais le pire dans tout cela, ce sont les mots. Sa haine et ce regard qu'elle m'a offert tout du long de notre échange musclé. Bien trop fier je n'ai pas pu apaiser sa peine. Je n'ai su que chercher à la blesser un peu plus. Bien trop fier, je n'ai cherché qu'une chose, chercher à l'atteindre encore un peu plus pour montrer que moi aussi j'ai mal. Comme si elle ne le savait pas. Comme si j'avais besoin de lui montrer que j'ai effectivement un cœur. Quoi de mieux que d'attaquer son Corleone. Quoi de mieux que de dire des choses qu'on ne pense pas pour montrer qui a la plus grosse ?

Alors quand mon intendant est entré, je n'ai pas pu me résoudre à être celui qui ferait le premier pas. Je n'ai pas pu montrer que je pouvais être présent là maintenant. Bien trop orgueilleux, j'ai décidé de ne rien lâcher et de mettre à terre celle qui habite mon cœur et mon esprit. Sans plaisir aucun, j'ai laissé mon vassal remettre à sa place la Noire. Je l'ai laissé être odieux, trouvant en lui un allié pour finir de la blesser et gagner cette manche. Lorsque la porte s'est fermée, je n'ai pas souri. Je n'ai pas fanfaronné. Je suis resté silencieux me sentant merdeux.

Pourtant, plusieurs choses me resteront de cet échange : Elle m'aime toujours comme je l'aime toujours. Elle comme moi, ne pouvons seulement nous haïr. Dans notre haine aveugle, nous nous apprécions toujours. Dans notre colère et notre douleur, on trouve chez l'autre un écho salvateur.


Alors après une journée à manigancer ce bal intime et cette surprise, je fais envoyer quelqu'un chercher la Nerra. Je joins un mot disant qu'il est temps qu'elle se prépare pour cette danse. La soirée est là pour montrer que ma parole n'est pas que du vent. J'ai l'impression que cet événement est complètement décalé. Que je ne respecte pas la mémoire de mes enfants morts trop tôt. Que c'est de mauvais gout. J'ai l'impression de ne plus avoir le droit de rire, de sourire, d'être joyeux comme si leurs morts m'avaient enlevé tout droit de vie.

La peine est grande. La douleur plus encore et elle ne me laisse qu'un trou béant au fond du cœur. Pourtant je suis là, habillé pour l'occasion. Les mains dans le dos, le regard porté sur les roses qui ornent ma terrasse. Le soleil est presque couché, je ne sais pas encore ce que me réserve cette folie mais je suis prêt à voir la suite. Prêt à affronter la Noire et la mort même si elle ne semble pas prête à me délivrer de ce monde. D'un mouvement de main, je donne l'ordre au musicien de commencer leurs morceaux. Le luth s'élève offrant aux présents une mélodie... Il ne manque plus qu'elle et le jeu reprendra.
Tigist


    Accroupie non loin du brasier de la forge de St Giron, voilà où le valet de Martin la trouve. Elle y est depuis la veille, ayant réveillé l'artisan en pleine nuit sans qu'il ne juge bon de l'interroger, préférant de loin mettre à profit la présence de l'éthiopienne pour deviser finesse d'acier et garde soupesée.

    Voilà comme on se change les idées pour ne pas trouver d'écho aux propos dits, voilà comme on se défile pour ne pas assumer d'avoir fait souffrir chacune des personnes ayant été en son contact même un temps. Devrait-elle le dire au forgeron ? Bah l'homme a l'air de savoir se défendre des émotions humaines et leur préférer l'entrechoc du marteau sur la hache qu'il est en train de mettre au monde.


    « Elle serait prête pour ce soir ? »

    La hache.
    Car là, même si c'est elle qui l'a réclamé, cette danse lui paraît être une offense. A elle, à sa souffrance, une pique de plus après toutes celles d'hier. Il voudrait la voir à terre alors même qu'il a déjà commencé à la piétiner ? Qu'à cela ne tienne, Tigist s'appuie au mur et se redresse, rabattant d'un geste bravache les tresses en arrière.


    « Je vais lui apprendre ce que ça veut dire danser. »

    Nique, hein.
    A peine voit-elle le sourire en coin du forgeron qui en a déjà vu des jeunes gens se déchiraient et se disputaient pour mieux se retrouver, comment pourrait-elle le voir puisqu'elle est déjà partie d'un pas décidé jusqu'à sa chambre pour sortir la fameuse robe qu'elle n'avait pu porter, cette robe qui n'est pas noire, qui ne porte pas le deuil. Qu'importe la face de Tigist est noire et elle porte le deuil depuis sa naissance à en croire ce qu'en pensent certains.

    Le fait-elle attendre ? Pas le moins du monde. Ce genre de coquetteries n'est pas du goût de l'éthiopienne, elle va à ce bal comme on va en guerre, d'un pas vif et assuré, le cœur déterminé.
    Et ton cœur, Tigist, ne s'abîme-t-il pas un peu plus quand tu pénètres dans la pièce, baignée et ointe d'huile de rose, portant cette foutue robe et que tu entends les premières mesures, que tu le vois lui devant cette terrasse où le soleil jette encore ses derniers rayons pour allumer des reflets dans les mèches dorées.

    Il s'agit de porter le coup de grâce à ce cœur.


    « Il y avait donc bien des roses. »

    La bravade est morte, étouffée par la boule bloquée dans sa gorge. Et une question qui revient en sous-marin et s'infiltre dans chaque pore de la peau.
    Pourquoi n'avons-nous pas commencé par cela ?

    Tout aurait été si différent.

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Martin.cv
« Il y avait donc bien des roses. »

A sa voix, je sens mon cœur rater un battement. Elle est venue. Pour tout dire, je ne pensais pas la voir venir à ce bal grotesque. J'avais cédé à son caprice pour lui faire plaisir tout simplement. Je me retourne pour la découvrir dans sa fameuse robe. Je reste un instant sans mot dire à l'observer le souffle coupé. Tigist est belle, elle l'a toujours été et là, ce soir elle l'est un peu plus encore. En homme amoureux, mon cœur s'emballe devant celle qui l'a brimé durant tant de semaines. Je déglutis tout en hochant simplement la tête à sa constatation.

    Tu es... très belle.


Je regarde cette robe qu'elle a préparé il y a des mois maintenant. Tant de souvenirs me reviennent. La traque des brigands. Son ventre gonflé de la vie de sa fille. Sa peur de tout perdre. Menelik. Clarens. Saint Girons. Notre amour. Mon besoin de l'éloigner. Puis la douleur. Celle de la perdre et de la voir mariée à un autre. Celle de la perte de nos fils. Celle de la croire morte. Le tout cuisiné avec un soupçon de colère et rancune. Un cocktail qui nous mènent là où nous sommes.

Je déglutis ne sachant plus vraiment sur quel pied danser. Je me retrouve comme l'adolescent que je suis impressionné par celle qui me fait face. Du bout des doigts je fais signe pour qu'on nous apporte de quoi boire tout en rebondissant sur mes roses pour ne pas m'enfoncer dans ce silence qui me pèse.


    Cette terrasse n'est qu'une pâle copie de celle de Lapeyre. J'aurais aimé te la montrer.


Un godet de vin Bordelais à la main je souris tristement à l'évocation de cet endroit qui avait été important pour moi. Une gorgée de vin est prise tandis que je nous laisse qu'un court instant dans le silence. Du bout des doigts je montre la salle intime préparée pour la Noire.

    Satisfaite ?
Tigist


    Sans rien ajouter à la situation pesante, l'éthiopienne se contente de saisir le godet qu'on lui tend pour considérer avec plus d'attention cette terrasse qui n'est qu'une pâle copie d'après lui, pâle mais délicieuse.

    A sa question, elle boit une gorgée pour peser le pour et le contre à dire, ce qui taira la douleur et ce qui pourrait raviver les rancoeurs.


    « Il manque des masques. Mais nous savons à qui nous avons à faire tous les deux, ce serait sûrement superflu, lance-t-elle d'un air sérieux avant de s'éloigner de la source de la musique pour rejoindre les fameuses fleurs. Tu sais, c'est sûrement cela qui a péché Martin. Apprendre vraiment qui est l'autre, cela ne laisse pas indemne. »

    Il est colérique. Elle est stoïque.
    Il est orgueilleux. Elle n'a pas d'amour-propre.
    Il est égoïste. Elle est mère.
    Il est prêt à faire mal à ceux qu'il aime pour se préserver. Elle est prête à tuer pour préserver ceux qu'elle aime.


    « Et puis le temps des roses, ça ne revient pas. »

    Est-ce cruel de dire à voix haute ce qu'ils savent tous les deux ? Ils n'auront pas le droit à leur nouvelle apothéose. Il y a deux petits linceuls tendus entre eux qui font de l'ombre aux fleurs.
    Pourtant quand elle se tourne, il y a un sourire tendre sur ses lèvres et elle finit son verre pour le poser sur la rambarde et se plier dans une légère révérence avant que de lui offrir sa main.


    « Si je dois mourir, je veux avoir dansé à ton bras avant. »

    Parce que Mère ne pardonne ni n'oublie. Et Samael vient.
    Il sera bien temps pour les roses de fâner, bien temps pour l'apothéose de s'envoler, après la danse.

    Là, dans cette main tendue et ce sourire, il y a le reliquat de cette vie qu'ils n'ont pas saisi quand elle s'est offerte à eux. Un mariage, des enfants, l'Amour, une vie à deux, paisible dans les montagnes ou par de-là les mers.
    Ca ne revient pas deux fois ces choses-là mais Martin, regarde. Les fleurs ne sont pas encore fânées et le soleil n'est pas couché.

_________________
Martin.cv
Il est vrai que cela aurait été plus simple d'apprendre à se connaitre avant. Peut être que bien des choses auraient été différentes. Peut être que nous n'en serions pas là. Peut être que nous aurions nos fils. Peut être que nous aurions une vie heureuse. Peut être que nous nous serions quittés bien avant en sachant qu'une Noire et un Comte ne peuvent s'unir. Peut être que tout aurait été différent. Ou pas...

Ses doigts dans les miens, je fais signe pour que la musique d'une basse danse débute. Le temps des roses ne revient pas. Elles se fanent toutes, ainsi va la vie. Ainsi va notre vie, notre destin. La mort sera notre seule délivrance. Reste à savoir qui doit mourir.

Pas à pas, je l'entraîne avec moi. Lors de la révérence, je la regarde en coin. Puis j'avance, ses doigts toujours prisonniers des miens, mon pouce ne pouvant s'empêcher de glisser sur sa peau noire dans une caresse silencieuse avant de la libérer. On se sépare, on s'éloigne l'un de l'autre en rythme. Je suis chacun de ses pas tandis qu'on se rapproche pour se retrouver. Ma main se tend pour recevoir la sienne. Une fois encore, j'avance pour faire une révérence face à nous, puis face à elle. Tout en moi cri que je l'aime. Je ne veux pas la voir partir mais je ne peux pas le dire.

La même scène se reproduit. On reprend les mêmes pas. On reprend la même base. On se quitte pour mieux se retrouver comme on l'a souvent fait dans notre vie. Aujourd'hui, tout cela me semble impossible. Aujourd'hui, j'ai l'impression que l'on s'est quitté pour ne jamais se retrouver.

Je profite de chaque pas, je savoure chaque volte et je regrette chaque fois que sa main quitte la mienne me ramenant à une réalité qui m'est difficile d'accepter. Sa main dans la mienne, j'ai l'impression de pouvoir tout affronter. Sa main dans la mienne, j'ai l'impression de pouvoir survivre à tout alors que lorsqu'elle me quitte, j'ai l'impression de mourir. Je reprends en pleine face tout ce qui a pu nous arriver.

La première danse arrive à sa fin. La soirée ne fait que débuter mais le désir de la sentir contre moi se fait ressentir. En douceur je l'attire plus prêt de moi. En douceur je m'approche encore sans la quitter des yeux. Elle m'aime et je l'aime. A quoi bon le nier ? Je termine cette basse danse par un baiser sur sa joue. Un baiser pudique, amère et emplit de peine.


    Danses encore Tigist... S'il te plait, offres moi encore une danse.
Tigist_denerra.




    La nuit tombe quand des domestiques viennent apporter des chandelles pour illuminer la salle qui s'assombrit à mesure que le soleil disparaît, et Martin et Tigist ne cessent pas de danser parce que c'est ainsi, leur monde les a habitués à ne pas tenir compte des domestiques.
    Alors de quoi tiens-tu compte Tigist ?

    Du regard de Martin sur toi, de sa main sur la tienne, de la supplique dans tout son corps. Chasseresse, tu connais le langage du corps et ce qui le trahit, pourquoi n'en fais-tu rien ? Il y a derrière cette haine vengeresse un cœur qui bat la mesure, qui conduit la danse. Ne pas l'écouter et ne pas lui céder demande tant d'efforts qu'il n'est pas question de briser cela en vaines tentatives de destruction. Il convient de toucher juste, mais le veux-tu vraiment ? Tu l'aurais déjà fait sinon, tu aurais déjà .. La danse s'arrête mais pas pour le comte.


      Danses encore Tigist... S'il te plait, offres moi encore une danse.


    Alors lentement, l'éthiopienne lâche la main qui la tient, s'écarte de ses lèvres sur sa joue pour reculer de quelques pas, calquant ses gestes sur la musique qui déjà reprend en voyant se mouvoir la cavalière.

    C'est une basse danse mais pas celle d'avant, c'est bas ce que tu fais Tigist et tu danses.

    Comme elle l'a appris dans sa jeunesse, comme elle a vu Meseleh le faire souvent, elle danse l'éthiopienne, oubliant que ce n'est pas un krar qui joue ses accords mais un luth, oubliant même qu'elle n'est pas à Debre-Berhan, qu'elle n'est pas vêtue de gazes comme la Shéhérazade que Gabriele aimait tellement la voir incarner.

    Sa main s'élève, repoussant l'épais mantel qui est nécessaire à Saint Giron au mois d'octobre pour le faire tomber dans un bruissement de tissus avant de tourner sur elle-même. Ce n'est pas Martin qu'elle regarde, ce sont ces roses qui déjà ont commencé à se flétrir. Et le fermail qui retient la cape saute d'une arabesque décrite par le bras. Comme autant de pétales autour d'une rose qui ondule au vent, les couches de tissus somptueux s'étalent en corolle à ses pieds, décrivant une aire limitée où les pieds n'en arrêtent pas moi de glisser de l'un à l'autre, indifférente aux regards interloqués des musiciens.
    Et les mains qui glissent dans sa nuque, ouvrent le fermoir qui retient le haut col pour d'un mouvement aux allures de caresses sur ses épaules, sur ses bras, sur son buste, Tigist ne s'en extrait telle Aphrodite sortant des eaux, vêtue de son seul linge de corps. Enfin, l'ambre s'arrête pour fixer le comte, elle ne sourit pas mais il voulait une danse, c'est ce qu'elle fait, elle danse. Et la musique s'est arrêtée, tant la situation est choquante pour ces hommes qu'on a payé pour jouer à un bal et qui n'en comprennent plus la tournure.

    Dans le silence de la salle de bal, on entend une chouette au loin et le bruit de la chainse qui glisse au sol quand les doigts délacent le cordeau qui retient son encolure.
    Dans l'ambre de Tigist, il y a du défi et de la douleur, car elle est nue dans le froid qui s'engouffre, et si son corps n'a rien à envier à certaines statues, il y a sur sa panse une cicatrice boursouflée qui s'étend du nombril au sternum et l'une plus soignée qui descend vers le bas ventre.

    Un regard qui vaut tous les mots, toutes les injures et toutes les larmes.
    Un regard qui vaut autant de
    « Je n'ai pas menti. » et plus encore de « J'avais confiance. »

    Et les pétales des fleurs sur la terrasse s'envolent dans une bourrasque, le temps d'une danse, il est déjà trop tard pour revenir en arrière.


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Martin_couserans




Je n'aurais pas eu à me faire prier pour obtenir une nouvelle danse mais la surprise se lit sur mon visage lorsque la Noire prend soin de m'exclure de celle-ci. Elle m'offre alors une danse que je n'ai jamais vu. Elle m'offre un spectacle digne d'une Déesse. Je suis hypnotisée par son balais. Le tissus tourne au rythme de ses pas. Ses bras envoûteraient tout homme présent. Je me perds dans la contemplation de ce corps qui tourne sans me rendre compte que la musique s'arrête. Les premiers vêtements rejoignent le sol et si je ne m'en formalise pas, je commence à me décomposer en voyant qu'elle ne s'arrête pas là. Son corps m’apparaît petit à petit et si il m’apparaît il apparaît aussi aux yeux des présents.

En homme jaloux, je fronce les sourcils mais je n'aurais pas le temps d'agir que la Nerra se retrouve nue face à moi me défiant de ses ambres. Si mes yeux sont habituellement attirés par ses lèvres, ses hanches et ses formes, il n'en est rien. Je découvre cette balafre que j'ai tant redoutée. Je découvre cette blessure qui aurait du la tuer et qui a tué mes fils. Je lève la main pour que les présents sortent. Une main faible et ma gorge est tellement serrée que je ne peux rien dire. C'est un regard douloureux que je porte sur les ambres. Un regard remplit de souffrance. Plus aucune haine. Plus aucune colère. Je cherche la force en elle pour ne pas sombrer là.

Elle vient de m'exposer la cause de mes tourments. Elle vient de me mettre sous les yeux la cause de ma rage. Mes fils. Ma vie. Mes désirs. Le tout envolé à cause d'un seul homme. Sa mort n’apaise en rien mes maux. Je sais que rien ne pourra jamais panser cette blessure même pas elle.

Toujours dans ce silence protecteur, je me penche pour ramasser son manteau et je le pose sur ses épaules. L'émotion est trop grande et l'envie n'y est plus. L'impression de suffoqué me submerge. J'entrouvre les lèvres pour retrouver cet air béni mais rien n'y fait. J'étouffe. Une larme traîtresse glisse sur ma joue. Je me hais dans ces moments de faiblesses. Je me hais de ne pouvoir être plus fort. Le trop plein est là. Je dois fuir. Je dois m'échapper de l'enfer qu'elle vient de m'offrir. Je sombre dans mon chagrin.

La fuite est plus simple. Ma terrasse est là. Elle me semble salvatrice tout d'un coup. Sans même m'en rendre compte je tourne les talons. Sans même le vouloir, je tourne une fois de plus le dos à Tigist pour panser mes plaies loin de son regard ou de sa pitié. Une première brûlure fait remonter la bile dans ma bouche. Fuir... Il me faut aller plus loin. Pas à pas je rejoins cette terrasse aux roses qui auraient du être un havre. Mes mains s'appuient sur la rambarde le temps de retrouver mon souffle mais à la place c'est un sanglot étouffé qui me prend, suivi d'un autre. J'ai perdu mes fils.... J'ai perdu ce qui présagé un nouveau départ. J'ai perdu mes rêves.



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