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[RP] L'Aphrodite Colombe.

Blanche_alienor
La Jussienne. Elle me manquait. Il me revient parfois l’image d’une Cathy – mère désagréablement tendre, aussi raide qu’un manche à balais – aimant se pavaner dans le quartier de cette scène, comme si le monde lui appartenait. Parce qu’avec la mère d’Evroult, elles étaient cul et chemise. Elles étaient, les catins favorites d’un temps oublié. Catins de bas quartier où le paraître n’était pas roi. Avant que l’on ne quitte définitivement ce palais tranquille, pour Dijon. Fade, froid, et pourri jusqu’à l’os. J’étais, et je serais toujours une Parisienne ; une peste et une catin du fond du gratin.


Dijon – 1453


Evroult ! Blanche ! Dégagez vos culs d’là ! Et Lucie, elle est où ?

Aucune idée. Pendue au bras de celui qui se rapprochait le plus à un frère, quand bien même que de lait, je trottinais aussi vite que je le pouvais dans ses pas. Il fallait trouver Luciole, et mon Simon. C’est vrai quoi, il ne m’avait pas fait mon bisou de princesse, alors qu’Ev avait déjà fait celui de la fleurie luciole. Les couloirs du bordel semblaient ne jamais se terminer pour mes maigres enjambés. Ou bien le petit chevalier était en hâte de recouvrer sa jolie princesse. Je l’ignorais, mais je suivais la cadence. Les adultes souriaient sur notre passage ; la faute à mes boucles folles et rousse qui rebondissait. Moi-même, j’adorais tirer dessus pour voir se faire reconduire automatiquement l’indisciplinée boucle. Et, au grand désarrois d’Evroult, j’adorais donner plus d’ampleur à ces bonds, accompagnés de quelques « Boiiing ! » rieur.

Ev’oulte, l’est où ‘Uciole ?

La Jussienne – Ce jour


Elle était où, Luciole. Et Simon. Et Evroult. Ce dernier m’avait indiqué arriver dans une dizaine de jours à Toul. Ville où je m’étais cachée deux années durant. D’abord pour fuir se Prince de Montfort, ce bel enfoiré, voleur de virginité me faisant entrer dans le cercle incroyable des catins. Et aussi, pour fuir Rome. Enceinte au moment de ma fugue, le père de l’enfant était un Prélat, un vieil homme religieux dont la condition n’était pas moins que Baron. Et dont les autres enfants s’apparentaient à des garces et boudeurs jaloux les uns des autres, ne désirant que récupérer les richesses d’un vieillard. Il était hors de question que Robin ne mette le nez dans cette affaire. Ils pouvaient bien se passer de connaître l’existence d’un petit frère, qui je me le jure, n’en serais jamais un pour eux. Père en tombe, j’étais la seule à connaître le secret de son identité. Et c’était le mieux qui puisse se faire.

L’attente de ce loupiot tant aimé étant longue. Et la Jussienne me manquait. Cathy adorait nous faire voyager jusque Dijon ; là où sa chère Gertrude et elle refaisaient le monde entre leurs cuisses. C’était un monde que j’avais longtemps étudié, un monde qui m’avait vu grandir, jusqu’à y mettre les pieds un beau soir 1464. Montfort me devait ma virginité. Maddie me devait sa trahison. Prélat me devait un fils. Et moi.. Je me retrouvais devant les murs nouveaux de la Maison d’Ivret. La façade était pâle, plus sage. Aucun lanterne n’indiquait l’ouverture prochaine d’une symphonie de soupires. Aucune puterelle n’attendait, dos au mur, de voir arriver le premier grincheux du coin regorgeant de bière jusque dans les bottes. La Maison d’Ivret avait été la concrétisation d’une vie de putain ; et le feu qui y avait prit, avait marqué la fin d’une ère. Celle des vieilles maquerelles Ponthieu & Ivret était terminée. Mais, leur progéniture n’en avait pas finit.


J'peux t'aider ma mignonne ?

Sans un mot, minois est secoué et déjà je quittais la contemplation du passé. Le foulard est placé sur les boucles brunes, - faute à une grossesse qui aura chambouler le moindre hormones - et je décampais. Il n'y avait plus rien ici. Maddie tenait son propre bordel, cette saloperie de vendue, grâce à ma vente deux ans plus tôt. Ev était.. incertain, je le sentais à ses mots. Lucie n'était plus qu'un souvenir ; la luciole vu par des yeux d'enfants dont le monde semble si grand et interminable. Simon.. Il demeurait tel une amourette enfantine, mais dont le songe s'effaçait peu à peu. Je sais mon Loup les pieds dans le monde de nos mère. Et je devais me résoudre à le rejoindre. Parce que je n'ai jamais su faire que cela. Séduire. Charmer. Parfois même, voler, et faire chanter comme ce couard de Montfort. J'étais née catin.

L'Aphrodite.

L'oeil glacial étudie le lieu dont le nom sonne au travers le royaume ; et si ? Et si, elle offrait à Robin, fils maudit, le confort d'une véritable maisonnée. Un confort et la sécurité d'une mère, quand bien même je ne parvenais à l'aimer pleinement. Il méritait de ne pas courir de mains en mains, sous l'oeil vigilant ou non des cuisses légères, comme elle, comme eux. Le gratin de notre monde venait se perdre dans des désirs entre ces murs ; loin de la vulgarité comme à la Maison d'Ivret. Alors, sans plus réfléchir, je laissais entre trois coups à la porte. Et si..
--Justine_aphro

Elle en avait marre la petite rousse de ce travail: marre de monter et descendre les escaliers à chaque fois que le Maître avait envie de changer de vêtements, prendre une collation ou écrire avec une plume neuve l’une des lettres qu’il destinait à ses membres préférées. Lorsqu’elle était entrée à l’Aphrodite, on lui avait fait miroiter des rencontres avec les dames les plus galantes du tout-Paris. On lui avait dit qu’elle croiserait le chemin d’hommes charmants et bien faits de leur personne, aisés et raffinés. On lui avait dit que si elle se débrouillait bien, elle pourrait se faire remarquer par l’une de ces personnes qui fréquentent régulièrement l’Aphrodite et se faire offrir une maisonnée parmi les plus prestigieuses de Paris. On lui avait même mis dans le coin de l’esgourde que la maison royale utilisait l’établissement pour ses tractations avec l’Empire et l’Anjou, que la Bretagne y envoyait des émissaires pour rencontrer certaines provinces vassales françoises et que certaines intrigues à la cour de France se faisaient et se défaisaient dans les draps de soie des chambres de l’Aphrodite…ou encore dans le couloir des voyeurs de la bâtisse.

Oui, on lui avait promis tant et tant et rien ne s’était réellement concrétisé. Et puis, il y avait cette personne qui un jour l’avait contacté. Elle, elle avait été gentille avec Justine. Elle lui avait fait don de quelques bourses sonnantes et trébuchantes, sans rien lui demander en retour. Oh ce n’était pas de grandes fortunes, pas de quoi abandonner un lucratif poste de servante à l’Aphrodite non mais cela permettait à Justine d’égayer son quotidien, de s’offrir quelques gâteries sucrées (sa petite faiblesse). Un jour, son bienfaiteur l’invita à une soirée pendant laquelle certaines de ses connaissances tenaient salon de littérature. Certes, la littérature n’était pas la tasse de thé de la petite rousse - Elle n’y comprenait pas grand chose aux tournures de phrases alambiquées, aux assonances, aux métaphores et aux allitérations. Qu’importe! Elle se faisait discrète lorsque le débat s’élevait, se contentait de sourire et d’être avenante comme elle avait vu certaines galantes le faire. Enfin ça, c’était sa propre interprétation des faits. Et puis bienfaiteur…Elle ne connaissait pas le nom de celui-ci, n’était même pas sur de savoir réellement si c’était un homme ou une femme. La voix? Elle chuchotait toujours. Si Justine avait trouvé cela intrigant au début, voir même un peu effrayant, les largesses dont la gratifiait cet ou cette inconnu eurent raison de sa méfiance. Jamais elle n’eut à la regretter.

Vint un jour où son protecteur lui posa quelques questions sur le Maître. Si les premières furent totalement anodines et même ne concernaient qu’indirectement Lucas Dentraigues, les suivantes furent de plus en plus ciblées. Petit à petit, la petite servante de l’Aphrodite devint une espionne en herbe, épiant les faits et gestes du Maître, ses fréquentations, lisant sa correspondance personnelle ou professionnelle, notant précieusement chacune de ses visites mais jamais elle n’en sut plus sur celui ou celle à qui elle transmettait ce flot d’information. Et si le jeu commençait à devenir dangereux (Elle avait toujours craint qu’un membre de l’Aphrodite la reconnaisse lors des salons littéraires auxquels elle était conviée. Et puis, depuis quelques temps, Lucas montrait des signes de suspicion à son encontre), elle y avait pris goût. Cette vie-là était bien plus palpitante que de s’entendre dire par le Maître : « Vérifiez s’il reste encore du parfum dans chacun des flacons à l’entrée de l’Aphrodite » … ou encore « Mon menu est-il bien mis en évidence? Ces dames y ont-elles un accès aisé? ». Et cela c’était sans compter les caprices du Maître, comme par exemple de prendre un bain dans sa propre chambre plutôt qu’aux étuves.

Elle en était là de ses réflexions ce jour-là, à arranger l’entrée de L’Aphrodite, à replacer les flacons de parfum de la Lyre d’Eurydice lorsque l’on toqua à la porte d’entrée. Celle-ci s’ouvrit sur une dame que Justine jugea du premier coup d’oeil. Visiblement, elle ne venait ni pour une des mystérieuses livraisons de Flavien, ni pour renforcer le personnel domestique. Une chose était sure: elle n’était pas encore membre de l’Aphrodite. Enfin, plus précisément, si elle était membre, elle n’était jamais passée pour profiter des services du cercle privé. Alors? Membre ou future galante? Justine avait vaguement entendue parler du fait que les propriétaires voulaient recruter.


- Bonjour et bienvenue à l’Aphrodite. Vous désirez?

Une voix masculine se fit entendre derrière elle.

- Laissez Justine. Je vais m’en occuper. Merci bien.

Lucas Dentriagues. Depuis la disparition de Flavien, le Maître en menait large. Il paraissait qu’il n’avait même pas eu de scrupule à proposer ses services de directeur aux propriétaires. Si lui venait à prendre la place de Flavien, avec son besoin de tout contrôler, l’Aphrodite allait devenir un véritable enfer.

Lucas dépassa Justine, se plaça entre celle-ci et la visiteuse et lui prit la main pour la gratifier d’une courbette et d’un baise-main.


- Lucas Dentraigues. Que puis-je pour vous être agréable?
Blanche_alienor
    Bonjour et bienvenue à l’Aphrodite. Vous désirez ?


Oh, mignonne. Il y a tant de choses que je désire par-dessus tout. Faire redevenir Robin à l’état de minuscule dont on oublie l’existence, ou encore voler les richesses du Prince Montfort. Mais ni l’un, ni l’autre n’était accessible. En contrepartie, je devais me résoudre à des désires plus raisonnable, moins envahissant. Mais aussi plus encrés dans le réel. Robin n’avait jamais demandé à vivre sous le sein d’une mère fauchée, ayant espérée obtenir quoi que ce soit d’un Prélat fortuné de Rome. Ils étaient si perfides, ceux-là. Oser prétendre au travail de leur Créateur, dans l’amour, et le partage. La confiance, et le pardon. Que Déos m’en soit témoin, un jour, je prendrais une partie de la richesse de ce fils bâtard. Si je me plaisais dans une vie de débauche, je ne pouvais pas me résoudre à autant maltraiter cet enfant. Quoi qu’il n’en serait sans doute que plus fort ! Evroult et moi-même étions en parfaite santé, au grand damne des nos catins de mères. Mais à nos plus grandes joies à nous.

    Je..


Hé bien je n’avais pas de droit de réponse. Déjà, un blondinet faisait son apparition dans l’encadrure de la porte. A cette arrivée, on pouvait y desceller une assurance non feinte. Qui pouvait-il bien être ? Le propriétaire des lieux ? Un valet ? Non, pas un valet. Il était bien trop classieux, et appuyé pour n’être qu’un simple valet. Glaciers fixés sur le visage venant imposer un baise-main, je laissais la réflexion s’afficher au minois, menton se redressant de peu.

    Blanche. M’être agréable. De bien des façons, mais restons courtois au premier abord, ne pensez-vous pas ? Peut-être pourriez-vous me faire entrer.
Lucas.

Blanche. Ce fut le mot qui retint l’attention du Dentraigues. Blanche… Son prénom. Une autre couleur, toute aussi associée à l’Aphrodite, à un prénom vint à son esprit. Le Maître esquissa un sourire amusé qui disparait presque immédiatement: la rigueur professionnelle rimait mal avec le badinage plus personnel. « M’être agréable. De bien des façons, mais restons courtois au premier abord, ne pensez-vous pas ? » fut la deuxième vague qui vint s’échouer sur la grève de l’esprit du galant, refluant en laissant coquillages et autres aspérités sur lesquels celui-ci s’accrocha. Lui être agréable, de bien des façons… Le galant passa mentalement en revue la liste des membres de l’Aphrodite et il y chercha une teinte virginal qu’il ne trouva pas: point de Blanche parmi les membres de l’Aphrodite. Le duc d’Aunou aurait-il oublié de mettre cette liste à jour? Ou de le prévenir qu’un prospect était attendu pour visiter les lieux?  


- Il existe effectivement moultes façons d’être agréable tout en restant courtois. La première consiste à prendre mon bras pour vous laisser entraîner dans l’antre d’Aphrodiite.

Lucas joignit le geste à la parole et offrit son bras à la visiteuse. Le Grand Salon lui tendait les bras, C’est là qu’ils se dirigèrent. Présentant un fauteuil, il s’assit en face une fois qu’elle eut pris place, les mains posées à plat sur les accoudoirs, l’air décontracté et sur de lui: Lucas, façon Dentraigues. La galant détailla alors sa visite et ce fut d’abord les mains qui retinrent son attention. Des mains fines, élégantes ne présentant aucune marque du dur labeur des champs ou de certains artisanats. Ce fut ensuite les tâches de rousseur qui parsemaient sa peau qui l’intriguèrent: Blanche certes mais pas immaculée. Elle n’était ni paysanne, sans doute pas artisane et si elle était de la noblesse, elle devait sans aucun doute venir d’une des provinces vassales: la mode parisienne ne rimait pas avec tâches de rousseur même si le roux dans la chevelure était apprécié des salons mondains. Enfin ça, c’était Paris signé, griffé même « Lucas Dentraigues ». Le blanc laiteux était plus de mise dans la capitale, le blanc pur, un peu comme l’était sa peau oui mais sans les tâches de rousseurs qui étaient plus associées aux catins. La séduction parisienne se conjuguait au virginal avec une mouche à la commissure des lèvres ou juste au dessus, une mouche qui signifiait indubitablement dans l’esprit du Dentraigues : « Embrassez-moi. »

Elle était jeune. Ce fut le troisième trait qui ressortit de l’inspection visuelle auquel s’adonna Lucas. Oui, le troisième, bien avant la couleur des cheveux d’où ressortaient des mèches d’indécence, ce roux qui trahissait l’origine des tâches sur sa peau. Membre de l’Aphrodite? Elle manquait de classe mais pourquoi pas: tout le monde ne pouvait avoir en lui le raffiné parisien. Fournisseur? Peut-être. Galante? Elle n’avait pas la prestance d’une Rose mais cela s’apprenait. Quand aux autres qualités requises, la tenue qu’elle portait ne permettait pas au Maitre de juger si elle les avait. Employée? Possible. Les bains nécessitaient une étuvière depuis la disparition de la magyare.


- Vous permettez que je vous appelle Blanche?

Lucas ne demandait pas. Il prenait même quand il y mettait les formes. Claquant des doigts en direction de Justine qui n’avait pas quitté la pièce, il fit part de ses désirs.

- Justine, pourriez-vous nous amener de quoi nous désaltérer?

Il tourna alors son regard vers la visite.

- Figeac? Cela vous convient-il? Depuis la réouverture de l’Aphrodite, ce vin est devenu en quelque sorte la marque de qualité de notre établissement. Et si vous me disiez, Blanche, la raison de votre visite à l’Aphrodite?

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