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[RP] Châteaux félons et bottes de cuir. Genèse.

Cixi_apollonia
RP ouvert aux protagonistes évoluant autour de Cixi A. Sentez-vous libres.


- Introduction . Flashback. Trois ans: La Gonorrhée -



Gonorrhée.

Ce fut le premier mot que je découvris vraiment, de ceux qui s'imprègnent dans le cerveau comme le premier pas dans la neige fraîche et immaculée du matin. Cathau la borgne qui habituellement me bordait de ses grosses pognes maternelles et me racontait une histoire de son cru avant l'heure du coucher, était ce soir toute affairée à un tout autre type de conte dont elle se passionnait; le commérage.

Tandis qu'elle me coiffait, faisant de mes mèches d'airain une tresse aussi solide qu'une verge de genêts, la nourrice devisait sur la vie de potache du personnel de la Maison d'Abbruzzes avec la lingère, et je ne manquais pas de l'interrompre aux moments les plus croustillants par quelques fallacieuses suppliques plaintives; l'art que je maîtrisais le mieux. L'affaire semblait d'importance, accélérant ça et là le flot de paroles de la borgne et sans s'en rendre compte par la même, ma petite tragédie grecque.

    Il semblait que Zacharyas, le valet de ma mère, ait donc attrapé la Gonorrhée.

Si la nouvelle avait l'air de peser son poids dans la balance de vie d'une nourrice d'un bon quintal de son état, elle m'était strictement dépourvue d'intérêt. Aussi, dans un cri de chat mieux maîtrisé que les autres, je sonnais la fin de la tresse nocturne et dégageait le périmètre de Cathau d'un pas léger. Intrépide, j'avais le cheveu d'un noir foncé corbac et l'oeil clair. Les mains chapardeuses et pas partageuses pour un sou. L'oreille vive, quoi que sélective. La patience inexistante, c'est qu'il ne fallait pas en demander trop à une espiègle enfant de trois piges.

Je ne sais pas pourquoi du plus loin que je m'en souvienne, ce mot m'a tant marquée. La Gonorrhée, c'était pourtant un joli mot. Plus joli que le prénom entier de ma mère, Celestina d'Abbruzze. Plus joli que l’œil fermé de Cathau même quand je tentais de glisser une pièce rutilante dessus, et bien plus joli que mon visage séraphin appliqué à feindre la douleur comme la grande comédienne que j'aurais été plus tard: Cixi Apollonia de Leffe Miras, ou Apollonia Tout Court, indigne fille puînée d'une fille de Marchands drapiers & Wayllander de Leffe Miras, Comte de Rubroek de son état. Aussi compendieusement appelée Cixi. J'étais ainsi la première et la dernière oeuvre de ma mère quittée dès la couche refroidie et le dernier drame de mon père, qui nonobstant son grand â.. Sa grande expérience de vie, ne le savait pas encore, mais commençait à s'en douter au vu de l'application qu'il mettait à me cacher aux yeux du monde...

Il demeurait dans mon enfance un père absent, entité mystérieuse dont on ne parlait pas sauf quand une lettre arrivait, une fois tous les trois ans, accaparé par des affaires qui me paraissaient bien plus obscures que les contes nordiens de Cathau. Et quoi que je ne réclamais que ses bras lorsqu'il me les soustrayait cruellement sans daigner se présenter au seuil de la maisonnée, ma vie de petite enfant de riche marchande s'écoulait gaiement à Bruges entre les disputes théâtrales que j'entretenais soigneusement avec ma nourrice, et mon passe-temps passionnant à moi: l'art d'entamer des parties de cache-cache inopinées. Au marché. A l'église. Mais surtout, surtout, à l'heure du coucher.

    Si Zacharyas avait attrapé la Gonorrhée, je jurais intérieurement que plus tard, je ferais mieux que lui.

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Cixi_apollonia
- Retour au présent . Quatorze ans : L'Arrivée -



Arrivée au bastion de Sancte, les soldats m'ont expliqué ce qu'était la Gonorrhée . J'ai revu mes ambitions à la baisse. Je préfère devenir soldat.

J'avais mis une semaine à gagner Tours, puis Chinon, traînant sérieusement des bottes, mais faisant malgré moi exactement ce qui avait été ordonné par le comte de Rubroek... Laisser Ganwyn derrière moi sans un mot m'avait donné du remord un temps, mais présentement, la faim avait fini de grignoter les dernières parcelles de mon empathie, s'y installant, peste ravageuse corrompant toutes mes pensées. Wayllander, non content d'avoir arraché l’œil au garde auquel j'avais faussé compagnie, n'avait pas manqué de me couper les vivres, pour me donner leçon. Leçon je vous garantis fut vite prise... Les soldats de la garnison se montrèrent impitoyables en affaires, et je payais de mes petits vols le double de ce qu'il fallait pour avoir un peu de gruau. Je m'estimais heureuse. Trop garçonne pour eux, je n'attirais pas leur convoitises, certains songeant parfois quand j'attachais mes cheveux bruns et lourds que je n'étais qu'un écuyer. Sans doute que d'ici un mois de siège, leurs exigences seraient elles aussi, revues à la baisse. D'ici là, vivre parmi les hommes me forgeait le caractère. Plus que jamais je découvrais l'univers des lansquenets et des hommes d'infanterie, plus que jamais, je désirais m'y fondre, pour m'y faire oublier. Et oublier les dures paroles qu'avait posé mon géniteur à mon égard.

Je sortais peu. Préférant pour l'heure me renseigner sur cette Zoyah à qui le comte me destinait plutôt que de rejoindre ses jupes sans ciller. Le Capitaine, Sancte, m'apparaissait plutôt comme une entité plus rassurante, paradoxalement. Avec les hommes, on avait vite fait de savoir ce qui leur trottait en tête. Les femmes étaient plus difficiles à cerner. J'appris que Zoyah était une de ces femmes plutôt portée sur la cour, les usages, la broderie et les robes. Quatre raisons de ne pas la rejoindre et de rester au campement, avec les sous fifres. J'annonçais cependant ma présence, par politesse, et parce que je voulais pas donner d'autres raisons à Wayllander d'être de trop insatisfait et d'y aller de sa démonstration...

Citation:



De : Zoyah Aurel-Novotny, Princesse de Chevreuse.
À : Cixi Apollonia


Demoiselle,

Enfin votre père m’a donné votre nom. Je sais maintenant à qui je peux m’adresser, qui je peux faire chercher. Tout d’abord, je tiens à vous adresser mes condoléances pour la perte de votre mère, tant bien même que mes propos puissent vous paraître plus conventionnels que sincères. Je ne m’étendrai pas sur le sujet afin de ne pas me montrer indiscrète, il vous appartiendra alors de m’en parler si jamais vous veniez à en éprouver le besoin.

Je suis actuellement à Chinon avec l’armée royale « les lions de guerre » et je séjourne dans le campement à l’entrée de la ville, près de la route de Saumur. Nous ne manquons de rien, mais vous devinerez assez aisément que nous sommes loin du confort et de la chaleur d’un logis bourgeois ou d’un palais. Je me suis enquis auprès de votre père afin de savoir s’il s’opposait à ce que vous me rejoignez au sein de l’armée. Il n’a émis aucune objection. Aussi, je vous laisse le choix. Vous pouvez faire partie de l’armée où une tente sera mis à votre disposition, apporter votre aide comme bon vous semblera en cas de combats (vous pouvez combattre au front comme restez en arrière et aider au soin des blessés) ou bien rester dans une auberge à Chinon.

Le Comte de Rubroëk m’a informé que vous étiez accompagnée et je tiens à vous rassurer, votre serviteur sera également le bienvenu. Je dois également vous avertir qu’il y a deux membres de la famille Leffe présentent à Chinon et à qui il faudra cacher votre lien de parenté. Il s’agit de sa majesté, la reine de France elle-même et un cousin de votre père, Cornelius de Leffe. Nous verrons ensemble comment vous présentez à eux si jamais vous deviez les croiser, peut-être vous faire passer pour ma pupille, fille d’un notable de Guyenne.


Faites bonne route.

A vous voir

SA Zoyah Aurel-Novotny


Citation:

A : Zoyah Aurel-Novotny, Princesse de Chevreuse.
De : Cixi Apollonia


Je serai au campement avant la fin de la journée. Point envie de parler de ma mère. Le confort ne m’intéresse pas non plus, et rester dans une auberge pendant que la guerre gronde serait d'une couardise éhontée. Rassurez-vous, je resterai avec la garnison, personne n'aura donc à s'enquérir de ma filiation, je n'irai point en taverne et les grouillots sont en général peu curieux. J'ai appris à bretter il y a peu, et la compagnie des soldats sans noblesse m'agrée mieux que n'importe quelle autre. Chacun pourra donc se tenir avec ses pairs. Le mien ne sera pas inquiété.

Cixi Apollonia.


Citation:
De : Zoyah Aurel-Novotny, Princesse de Chevreuse.
À : Cixi Apollonia

Mademoiselle,

Me voilà rassurée de vous savoir arrivée à bon port et cela sans malaventures. Je n’ai pu venir à votre rencontre, vous m’en voyez désolée, mais ayant été malade, on m’a contrainte à me tenir au chaud et à éviter tout contact. Bref, je ne compte pas épiloguer sur ma santé qui m’a fait défaut quelques jours. Je me sens mieux, maintenant. Voilà.

Je peux comprendre que vous puissiez apprécier la compagnie des gens d’armes qui sont souvent francs, le caractère rude, non sans esprits, ni sans humour. Toutefois, je tiens à préciser que si je me dois de vivre selon mon rang, j’apprécie aussi la vie simple, en dépit de ma charge qui me porte vers la vie mondaine plus que je ne l’apprécie vraiment.

Si votre père m’a confié temporairement à moi, c’est certainement parce que je ne suis pas née parmi la noblesse, mais plutôt au sein d’une famille d’artisans qui ne manquaient de rien. Ainsi, j’ai dû faire miens les codes de la noblesse lorsque mon premier titre de noblesse m’est tombé dessus. Et je pense que c’est dans l’optique que je vous transmettre ce que j’ai acquis qu’il a fait appel à moi, et aussi parce que j’ai un pied dans la sphère où il aime évoluer.

Je ne compte pas vous surveiller, juste conserver un œil bienveillant sur vous. Je n’ai pas non plus l’intention de vous priver de votre liberté, un tant soit peu que vous me teniez informée de vos sorties. Cependant, j’aimerai que vous finissiez par rejoindre mon camp. C’est à moi et non aux soldats que votre père vous a confiée. Je me vois mal l’informer que vous dormez sur une paillasse entre un piquier et un arbalétrier.

A vous lire et vous rencontrer

Zoyah.AN


Citation:

À Zoyah

Altesse,

Loin de moi l'envie de vous froisser. Cependant, Le Comte de Rubroek m'a coupé les vivres voilà une semaine, sous prétexte que son fils m'ait rencontrée et que je me sois présentée à lui sous le nom qui est le mien : Leffe miras. Il a de plus, gracieusement arraché un œil au messager à qui j'ai faussé compagnie le temps d'une ballade de quelques jours et décrété que si son "seul et unique " héritier avait envie de me passer au fil de sa lame la prochaine fois qu'il me croisait, il ne l'en empêcherait pas. Leçon est faite. Je gage qu'un arbalétrier, un piquier et une paillasse sont bien plus encourageants que tous projets qu'il a pu mettre à jour pour mon bien être... Sauf votre respect. Je ne veux plus croiser Bastian, une fois m'a suffit. Je veux monter à cheval et être au front, avoir une lame et rester pour l'heure, loin des Leffe. Sauf Cornelius. Celui ci est tout à fait charmant, et j'ai sa cape à lui rendre...

Vous m'aideriez en m'équipant.

Cixi A.


Citation:
De Zoyah

Mademoiselle,

Vous ne m’avez nullement froissée.

Pour en venir au sujet important, votre équipement. Hélas, je ne suis pas en mesure de vous équiper d’une épée, ni d’un bouclier, n’ayant pris avec moi que le strict nécessaire puisque j’étais alors en voyage quand mes compagnons de routes ont décidé de rejoindre les armées royales.

Toutefois, j’ai contacté le Duc de Touraine afin de savoir si son connétable pouvait vous confier une épée et un bouclier. Je vous aviserai de sa réponse dès qu’elle me sera parvenue.

Enfin, je peux mettre entre vos mains un de mes ronçins. Point de destrier. Mais ne le dédaignez pas pour autant, c’est une monture courageuse à la robe noire, issue de de la région de Foix, dont les ancêtres ont porté les soldats de l’armée de Gaston Phébus. Il a le pied sûr et l’ossature solide. Il gagne en endurance et en intelligence, ce qu’il perd en force et en rapidité. Il se nomme Tencendur.

Pour ce qui des Leffe, j’avais cru comprendre que votre père vous avez donné des consignes claires à leurs sujets, consignes que je vous ai répété, il me semble. N’en faites-vous toujours qu’à votre tête ?

J’avoue que je comprends à peine le fait qu’il veuille conserver le secret de votre existence au sein même de sa famille. Probablement qu’il trouve difficile de composer avec son passé en ce moment où il aspire à faire montre d’une réputation d’homme vertueux et honorable, tout en arrachant les yeux des messagers ce qui est assez discordant !

Et pour Cornelius, vous avez raison, il est charmant.

Z.AN



    Conviction s'était forgée. Zoyah n'était pas mon ennemie. Peut-être irais-je dès lors, à sa rencontre. Je n'imaginais pas que dès le soir, j'allais retomber nez à nez, avec l'ennemi Leffe public numéro deux: mon demi frère.

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Cixi_apollonia
- Chinon : Le Serment. -



Quelques jours dans la fourmilière d'étendards m'avaient confrontée aux réalités des guerres. Une épidémie touchait la plupart des soldats, la nourriture y était rare et se payait parfois du prix de la vie. L'alcool était un moyen d'échange fiable, aussi je m'occupais à voler quelques précieuses bouteilles lorsque, rarement, je pointais mon museau en taverne. Aller en taverne m'exposait à une difficulté majeure. Rencontrer des Leffe. Quoi que je les évite par crainte d'être questionnée, ou ennuyée, j'apprenais que l'on n'attirait pas plus les regards que lorsque l'on les fuyait...

Un jour, alors que j'étais partie chercher une bouteille en quête d'un repas du soir à échanger dans la garnison, l'apparition redoutée dans l'encadrement de la porte me fit me figer, rétive et sur mes gardes, dans l'expectative de ce qui allait se passer s'il faisait un pas en ma direction... : Bastian de Leffe, l'homme par qui tout mes soucis avaient émergés via la lettre de mon Père était entré, et visiblement, à ma vue, n'était pas dans les meilleures dispositions. Sans que je n'ai le temps de bien réfléchir à ma fuite, il m'avait invectivée la babine retroussée, exigeant de savoir qui j'étais et pourquoi je m'étais octroyé le droit d'user de son nom à Orléans, la fois où nos chemins s'étaient croisés. Acculée à mon propre châtiment pour avoir été imprudente, je le repoussais d'une cri d'animal belliqueux, " Laissez-moi tranquille ! " qui peut-être, l'avait plus désarmé que je ne le songeais.

Oh Bastian, si tu es bien mon frère, tu apprendras que ce n'est pas le meilleur moyen de m'aborder et d'espérer tirer quoi que ce soit de moi...

J'avais sorti les crocs, et dédaigneux , il avait rebroussé chemin en répondant qu'il n'y avait rien à trouver par ici, car les Leffe ne reculaient pas face au danger. Ainsi, piquée , je ne ripostais pas, ne le lâchais pas des yeux jusqu'à ce que sa carrure disparaisse de ma vue.

Alors... Ainsi étaient les Leffe? Un Père puissant et agressif. Un frère qui semblaient l'être tout autant. Des deux côtés je me sentais désabusée et seule, totalement colérique. Si Bastian voulait des informations, je ne pouvais pas les lui donner sans risquer encore de payer du prix fort mon imprudence. Après tout, c'était de sa faute si j'en étais là, réduite à voler quelques bouteilles pour me nourrir et à me faire plus petite que je ne l'étais. S'il n'avait pas écrit derechef à Wayllander pour lui demander des comptes sur la jeune brune qui portait le même nom que lui, la suite des événements aurait été bien plus en ma faveur. J'avais lamentablement couillé. Je m'en sortais drapée dans ma fierté et mon silence, un point d'interrogation qui commençait à attirer trop l'attention...

J'avais enfourné quelques bouteilles dans mon escarcelle et disparu, et quelques heures plus tard, dans une autre taverne, profitant que je sois seule, la trogne blonde à la grande taille avait reparu, me ramenant à mon éternel silence défensif. Une pierre posée sur une chaise. J'aurais pu rester ainsi des mois, sans lâcher le moindre mot, analysant toute sa gestuelle, son timbre, l'agressivité amère qu'il émanait, et refoulait à la fois, s'il n'avait pas été habile en me désarçonnant d'une paire d'excuses plutôt inattendues. Je ne savais pas encore alors, que c'était là une manifestation que j'aurais du marquer d'une pierre blanche, car Bastian de Leffe Cetze n'en était pas coutumier, loin de là.
Sans baisser mon bouclier de fierté ni sans me départir de ma ride du lion, compagne de contrariété trop habituelle ces derniers jours, j'observais vite un fait : Bastian était prêt à beaucoup pour savoir la vérité à mon sujet, et même à se faire agneau, ce qui en soit devenait attirant... On avait toujours besoin d'un agneau pour se sentir repu, moins seul et moins vulnérable du froid, d'ailleurs, en cas de besoin, l'on pouvait même le tondre...

Pas née de la dernière pluie, j'acceptais de lui livrer la réponse désirée à la condition d'un serment, vers lequel je tendais une main pour sceau. S'il tenait à savoir si j'étais bien la fille de Wayllander, il devait me livrer l'assurance d'un secret qui le compromettrait aussi, et dont je ne manquerais pas d'user s'il me balançait à quiconque. Echanges furent faits d'une poignée de main encore sur la défensive, ainsi le jeune homme blond eu sa confirmation, et j'héritais de sa pépite : Bastian couchait avec une roturière.

Si de prime abord la révélation me paraissait peu équitable, je réalisais à quel point Wayllander de Leffe miras tenait les rennes de nos vies, que l'on le veuilles ou non. Ni l'un, ni l'autre n'avions donc le droit de fréquenter librement les gens que nous souhaitions.

Ainsi débuta le premier jour du Serment aux côtés de mon ainé. A l'aube d'une guerre et en temps de siège, j'allais apprendre combien ce dernier était précieux. Peut-être la plus précieuse chose qu'il m'ait été donnée de porter sur moi depuis toujours.

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Cixi_apollonia
- Chinon : Les Autres. -


Les jours, dès lors, prirent une nouvelle saveur. Ganwyn s'effaçait peu à peu de mon esprit comme l'unique source de compagnie et d'apprentissage qu'il avait représenté jusqu'ici entre la mort de ma mère et mon départ pour la Tourraine... Zacharyas lui même n'avait pas réapparu, sans doute découragé et effrayé par la force de la colère Leffe. Zach n'était qu'un couard, de toutes façons, de ça j'étais déjà affranchie. Peut-être que l'un ou l'autre réapparaîtrait un jour, comme revenus d'un passé qui semblait vouloir se refermer comme une mauvaise plaie. ma vie de jeune fille unique dans la draperie familiale était restée à Bruges, au devant, certes la guerre grondait, mais surtout, une certaine liberté illusoire, encore grisante.

J'observais et tirais leçon de ceux qui m'environnaient, me maintenant pour l'heure à distance de celle qui m'apparaissait immanquablement comme la main de mon géniteur, revêtue de douces manières ... Une main de velours tenant le gant de fer? Qui était celle que Wayllander avait choisi pour m'élever à sa place? Pourquoi l'avait-il choisie elle? Invariablement, moi qui en voulait au comte de Rubroek de m'avoir si brutalement rappelée à son bon vouloir, je n'arrivais pas à me décider à nouer de lien de confiance avec l'exécutrice des ordres Leffe, la Princesse de Chevreuse. Il y avait en elle pourtant cette disposition avenante que je n'arrivais pas à situer, était-ce une façade pour mieux rapporter à mon père ce que je pourrais montrer ou confier? Etait-elle ainsi naturellement, par devoir, par serment elle aussi, ou avait-elle vraiment envie d'apprivoiser mon intérêt ? Le soir, lorsque je regagnais la tenture que je partageais avec d'autres jeunes soldats peu causants, les questions se bousculaient les unes aux autres dans mon esprit, et ce qu'il en ressortait n'était qu'une purée maussade, qui ne nourrissait rien.



Citation:

Mademoiselle,


Sa grâce, Le duc de Touraine s’est montré prompte à répondre à mes sollicitations. Et son bailli a été fort zélé, si bien que j’ai pu obtenir, monnayant 160 écus un bouclier et une épée* soit le prix minimum.


Avez-vous la possibilité de les récupérer ?

Zoyah.AN



Citation:

Aucunement, de fait, Bastian s'est proposé de m'offrir les écus nécessaires à l'achat d'une lame, que la mairie m'a cédé sur les conseils du capitaine Sancte... Dans l'urgence. mais je prends le roncin. Cet après midi, je dois aller prendre leçon de monte... Je vous remercie de vos bonnes grâces, et viendrai à votre rencontre à mon retour.

Dieu vous garde.

Cixi A.


Le cheval avait été pourtant, loin des yeux de Zoyah, une incroyable source de joie. Je n'avais jamais eu de monture, d'ailleurs, je n'avais en vérité jamais monté assez pour savoir tenir l'assiette quelques heures, je le découvrais avec beaucoup d'humilité lorsque l'heure de le chevaucher avait sonné. Autour de moi, Bastian semblait avoir décidé de se positionner en mentor, et bien que le chemin pour apprendre aussi de ce frère s'annonçait long, je ne ratais aucune occasion de l'observer échanger avec les autres, d'écouter ses raisonnements et de tirer leçon de ses avis auxquels je me rangeais la plupart du temps sans même en avoir conscience. J'avais jugé durement ce frère que je rejetais puissamment les premières heures, et qui dévoilait une féroce sens de la famille, quasi manichéen... Rien de ce à quoi j'avais été habituée avec notre Père, auquel je n'avais d'ailleurs pas répondu depuis "l'incident". Attendant l'ennemi, mon quotidien brillait de trop de premières fois pour que je puisse réellement prendre trop de temps à percer les mystères de Chevreuse. Cela viendrait en son temps.

Rapidement, comptant parmi ma seule richesse un coutelas et un vieux bouclier, j'avais reçu les attentions de Bastian et de Lénù, son italienne d'amante. Cette dernière semblait être respectée de tous, et elle n'était pas sans me rappeler ma mère, Celestina d'Abbruzzes, dont l'image venait encore me réveiller la nuit, dans le sommeil trop léger de ceux qui attendent un assaut. Sans dire que je l'admirais, j'avais un grand respect pour elle, peut-être que l'idée qu'elle soit donnée comme étant la fille de la discorde aux yeux de mon Père m'y encourageait aussi un peu... mon frère l'aimait sincèrement malgré que son art puisse le terrasser en une gorgée de mauvais vin, et lui vouait une confiance évidente, c'était une raison déjà à elle seule suffisante pour que je puisse l'apprécier.

Une caissette d'argent qu'il me remit pour pallier aux manques m'avait permis de m'acheter un équipement , un plastron de cuir et des gantelets que je graissais jusqu'à tomber de sommeil, ainsi qu'une épée courte surnommée "Coutelas" , selon la réflexion qu'avait éructé le Balafré, Siegfried, garde rapprochée du Leffe. De ce dernier, j'avais eu au début grande méfiance, impressionnée par sa carrure semblant à une montagne, son timbre brut et rocailleux, son ton décidé, sa gueule abîmée par les combats. Je songeais en regardant ses mains qu'il pourrait me briser d'un seul geste si je le contrariais, aussi, et bien qu'il ne soit pas particulièrement agressif, je me taisais en sa présence préférant écouter son éternel verbiage sur les armes et l'art de la guerre avec mon frère, une passion qui ne faisait plus grand mystère et dont je m'abreuvais avec application.

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