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[RP] Le silence est d'or...

Colhomban
[Ceci est un RP fermé, si vous souhaitez y participer envoyez moi un MP, ce sera avec grand plaisir que nous vous accepterons.]




A l'ambassade du Périgord Angoumois


Minuit sonne. Une ombre file dans la nuit, plus loin c’est une porte qui claque. L’homme resserre sa cape autour de lui et halète doucement, se remettant de la course effrénée qu’il vient de faire. Autour de lui tout semble endormi, comme en proie à un doux songe il se sent lui aussi enfin « reposé ». Morphée l’assaille depuis quelques heures, mais il se retient de sombrer, s’accrochant tant est plus aux minutes qui passent, espérant simplement goûter à une chose bien méritée : DU SILENCE !

Et là, perdu dans le tréfonds de l’ambassade du Périgord-Angoumois, Colhomban l’a enfin trouvé !



***


Quelques heures plus tôt…

Messire je pense que vous devriez d’abord vider ce tiroir. Parce que voyez-vous il est directement placé au dessus de celui contenant les rapports du Berry, il concerne donc plus les choses générales et ainsi vous en aurez fini plus vite. Et je crois que présentement vu le piteux état de votre bureau, sauf votre respect, vous devriez présélectionner les endroits où trier vos parchemins et autres missives. Sachant que je vous ai posé différentes corbeilles au sol : une pour les papiers à jeter sans plus attendre, une autre pour les papiers qui méritent réflexion, et enfin une troisième pour les parchemins à conserver coûte que coûte. Mais si j’étais vous, je ne suis pas vous, c’est pour ça que j’appuie sur le « si », sauf votre respect… Enfin parce que si j’étais vous je serai déjà parti car j’aurai déjà tout rangé depuis un sacré moment… Donc je disais que si j’étais vous à cet instant je ne m’affairerai pas à la tâche comme cela. Un simple coup d’œil peut vous faire passer bien des détails importants et au final la missive que vous vous apprêtiez à mettre dans la corbeille « un » peut en fait finir dans la corbeille « trois »…

Les mains de Colhomban se crispèrent instinctivement sur le papier qu’il tenait à la main, ce geste compulsif lui avait fait chiffonner nombre de parchemins, cependant il ne pouvait retenir ses doigts qui se fermaient violemment sur tout ce qu’ils touchaient. Il faut dire que la voix nasillarde de son aide lui tapait sur le système depuis le petit matin, et le brun n’en pouvait plus des stupides discours à répétition du petit bonhomme. Malingre et pâle, sa figure donnait plus l’air d’être une invitation à la claque qu’à la caresse. Col se mordit les lèvres déjà bien entamées et se promit de se faire patience encore un peu, peut-être ficherait-il le camp dans quelques heures ? Mais même cette promesse lui donna envie de pleurer. Quelques heures avec lui équivalaient à la plus grande des souffrances ! D’un geste rageur il envoya une boulette de papier voler dans la pièce et regarda avec effarement son préposé au rangement la récupérer afin de vérifier que rien d’important ne venait d’être jeté.

Par la barbe d’Aristote… Je vais faire un meurtre… Col sourit niaisement à l’homme qui le regardait de travers et reprit son travail où il l’avait arrêté.

Cela faisait deux jours maintenant que le brun avait entrepris de vider son bureau à l’ambassade du Périgord Angoumois. A la fin de son mandat en tant que procureur il y avait déposé tous les dossiers traités et de nombreuses autres choses, se promettant de prendre le temps pour trier tout cela. Mais les jours étaient passés, avec eux les semaines et les mois… les parchemins avaient fini amoncelés et recouvert de poussière avant même qu’il y ait touché. Maintenant qu’il avait décidé de quitter le Périgord avec Sorianne il se devait de vider les lieux, vite, bien et sans ambages. Aussi on lui avait assigné quelqu’un pour l’aider dans cette tâche ardue. L’idée n’était pas mauvaise mais quand Colhomban avait fait connaissance avec son collègue de rangement il avait cru devenir fous...
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--Erneste



Il faut que vous aidiez le Sieur d'Eusébius a trier les papiers qu'il possède.

Voilà ce que l'on m'avait dit quand je me suis rendu au bureau du Chancelier. Mais je ne savais pas qui c'était moi ce Sieur d'Eusébius. Ils étaient tellement nombreux à passer ici! Je me tenais le plus possible le dos droit visage impassible et j'attendis donc la venue de cet homme que j'allais devoir aider. Réalisant quelque chose, j'allais trouver un des gardes afin de lui demander s'il savait à quoi ressemblait son rendez vous.

Grand brun, bien sapé, un noble quoi. Oui avec ça j'étais bien avancé. Bon, peu importe, me voilà qui me tenais de nouveau devant la porte de l'ambassade quand je vis arriver un homme assez grand et semblant noble, du moins d'apparence. Mais est-ce que c'était le bon? J'allais me présenter, au moins je serai fixé. Et oui! C'était bien lui. Je lui offris un sourire de mon meilleur cru. Sans doute froid, mais je n'aimais pas travailler à aider quelqu'un. Rien ne valait le travail en solitaire. Surtout quand il s'agissait de trier des papiers.

Arrivés dans le bureau du Sieur, je crûs mourir. Tout était entassé rien n'était rangé. Aussi je lui préparai quelques paniers desquels il pourrait s'aider pour trier les papiers à ranger.

Messire je pense que vous devriez d’abord vider ce tiroir. Parce que voyez-vous il est directement placé au dessus de celui contenant les rapports du Berry, il concerne donc plus les choses générales et ainsi vous en aurez fini plus vite. Et je crois que présentement vu le piteux état de votre bureau, sauf votre respect, vous devriez présélectionner les endroits où trier vos parchemins et autres missives. Sachant que je vous ai posé différentes corbeilles au sol : une pour les papiers à jeter sans plus attendre, une autre pour les papiers qui méritent réflexion, et enfin une troisième pour les parchemins à conserver coûte que coûte. Mais si j’étais vous, je ne suis pas vous, c’est pour ça que j’appuie sur le « si », sauf votre respect… Enfin parce que si j’étais vous je serai déjà parti car j’aurai déjà tout rangé depuis un sacré moment… Donc je disais que si j’étais vous à cet instant je ne m’affairerai pas à la tâche comme cela. Un simple coup d’œil peut vous faire passer bien des détails importants et au final la missive que vous vous apprêtiez à mettre dans la corbeille « un » peut en fait finir dans la corbeille « trois »…


A chaques papiers "rangés" je préferai vérifier ce dont il s'agissait. Sait-on jamais qu'il jette une chose de la plus haute importance. Celui-ci était bon, celui-là était à garder, celui-là non, à jeter, mais que faisait-il dans le panier "à garder"!?

Messire, sauf votre respect vous devriez regarder mieux les papiers que vous jetez. Je crois que ous vous trompez de paniers. Et ceux ci sont à garder, ils peuvent être importants pour votre successeur. Et ceux-ci ne sont que des notes de poste, je doute que les chevaux soient importants. Et ceux-ci...

Je regardais les papiers dans ma main et haussait le sourcil avant de loucher vers le nobliau que je devais aider. Enfin surveiller.

Il est étrange que Messire ait des papiers du Domaine Royal.

Je les rassemblais et les posais de côté avant de faire un signe de la main et de désigner l'immense tour sur le côté gauche du bureau.

Voyons tous ces vélins. Je suis sûr que les trois quart sont à brûler. Rhoo mais enfin mettez y du votre, sinon nous serons encore là dans une semaine, je n'ai point que ça à faire Sieur. Sauf votre respect (phrase passe partout), si vous aviez rangé tout ceci avant sans laisser tout traîner, je n'aurai même pas besoin d'être ici.


Il est vrai que je commençais à m'impatienter, et le faisais bien sentir. Il me tardait de retrouver mes précieuses archives.
Colhomban
Il avait bon dos son respect ! Le chafouin qu’on lui avait collé comme un garde chiourmes était des plus grossiers. Non seulement il contestait sans arrêt ses avis les plus stricts, mais il remettait aussi en cause sa façon de faire, et ça Colhomban ne le supportait pas ! Le brun se retourna brutalement vers le petit malingre, il lui arracha des mains le papier du domaine royal pour le fourrer sans sa besace.

Ce papier ci ne vous regarde pas ! Et veuillez cesser de jouer avec mes nerfs, sinon je crois que vous finirez coincé dans la corbeille numéro trois : à jeter !

Il claqua des mains sous le nez du prétentieux et alla s’asseoir à son bureau où il découvrit une flasque de pinault coincé sous un tas de feuillets. Le remontant avalé l’ancien ambassadeur se relâcha, il était tant d’en finir avec ce Comté. Il se remémora la discussion de la veille avec Sorianne où ils avaient projeté tous deux de remonter vers le Nord avec les enfants. La brunette n’avait eu de cesse de l’asticoter pour qu’il l’amène visiter sa famille au domaine d’Eusébius en Bretagne. Rien que l’idée lui donna la nausée, et il la noya bien vite par une autre gorgée d’alcool. Comment expliquer à Sorianne qu’il lui avait menti ? Qu’il n’était pas fils unique mais le puîné d’une famille nombreuse, qu’il avait la charge d’un grand domaine qu’il refusait ? Comment lui relater les trahisons de père, les confidences de mère et les élucubrations de deux frères plus jeunes qui ne cessaient de lui reprocher la disparition de leur sœur ?

Erneste le couva d’un regard suspicieux, refermant encore plus ses bras sur des parchemins qu’il triait. Il semblait veiller sur tous ses dossiers comme une mère poule. Avait-il peur que Col les lui inonde de vin cuit ? Cette idée arracha un sourire au brun qui se perdit bien vite dans de tristes souvenirs : sa fuite du domaine familial breton. Pendant qu’il s’abîmait dans la contemplation de son écritoire, se demandant comment il pourrait tout conter à Sorianne, l’assistant sortit d’un tiroir un dossier marqué d’un étrange triangle surmonté d’un compas. La chemise ouvragée de belles dorures fut secouée afin d’en faire partir la poussière et quelques feuillets calligraphiés d’une écriture courbe en tombèrent. Le même symbole ornait les coins de la missive ce qui ne fit qu’attiser la curiosité du petit homme. Col leva un sourcil, surpris par la soudaineté du silence qui régnait sur le bureau, allons donc, qu’était-il encore en train de faire l’autre malheureux ? Ses yeux s’écarquillèrent de colère quand il prit conscience de ce que reluquait son assistant. D’un bond il fut sur l’homme qu’il envoya tournebouler au fond de la pièce récupérant les papiers qu’il enfourna en vitesse dans le dossier décoré de dorures.

Si vous… Il pointa du doigt l’échevelé et éructa en silence.

Je vous… Et je… Il se mordit ses lèvres tremblantes de colère. Par Dieu, que cet homme était pénible !

Ce tiroir ci est IN-TER-DIT d’accès pour vos petites mains fouineuses, c’est bien compris ? Il acheva de ranger le dossier dans sa besace de plus en plus grosse de papier et grogna audiblement.

IN-TER-DIT !
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--Erneste



Le sourcil levé et l'air à n'y rien entendre, je fixais le Sieur d'Eusébius, surtout quand il fit la menace de me mettre dans le panier "à jeter". Il semblait ne pas maîtriser ses nerfs le pauvre homme. Était-il nerveux? J'étais parfaitement calme et maître de moi et de mes émotions, mais lui ne semblait que vouloir froisser du vélin.

Je pense que Messire possède un humour bien à lui, mais qu'il devrait se contenter de se concentrer afin de finir de ranger tous ces dossiers qui traînent ça et là.

La pile à gauche semblait sur le point de s'écrouler et je n'osais y toucher de peur d'abîmer ces précieux feuillets. Néanmoins quand le Sieur d'Eusébius voulait prendre le haut de la pile, je l'en empêchais, préférant le faire moi-même. Sait-on jamais s'il trouvait le moyen de tout faire tomber.

Et cessez donc de martyriser ces pauvres vélins, ils ne vous ont rien fait. Il faut les traiter avec délicatesse, au moins par respect pour votre successeur.

J'arrachais des mains le feuillet qu'il tenait, le pauvre, le maltraiter de la sorte. Avec amour je tentais de le faire redevenir lisse, voulant effacer la torture subie, les plis qui marquaient désormais la feuille. La pauvre. Je me demandais vraiment comment il pouvait leur faire subir tout ceci. Mais voilà que le Sieur avait attrapé une bouteille et buvait rapidement au goulot. Cela me fit frémir d'indignation. Était-il vraiment noble? Pendant qu'il en était à se poivroté, le tiroir du bureau attira mon attention. Il fallait les vider eux aussi, et vu le temps mis par le nobliau pour s'occuper de ses affaires, il était normal que j'ouvre ce fameux tiroir pour en sortir ce qu'il contenait. Un curieux dossier, mais un malencontreux mouvement du bras du d'Eusébius me fit tout lâcher. Qu'elle catastrophe, toute la paperasse au sol. Était-elle abîmée?! Je m'inquiétait grandement du sort qui leur était réservé. Mais ce curieux symbole présent un peu partout sur les documents en plus d'être sur la couverture en cuir du dossier me paraissaient étranges. Raide comme un piquet j'observais le tout sans pouvoir me baisser, obnubilé par la chose. Jusqu'à ce que l'homme se réveille et semble encore plus nerveux qu'auparavant. Interdit? Je fit une tentative de sourire. Pourquoi cet homme était-il si nerveux?

Messire d'Eusébius veut-il une camomille? Je le sens quelque peu... Anxieux. Et dois-je vous apprendre qu'en tant qu'archiviste de sa grâce le chancelier, je puis avoir accès à tout ce qui se trouve dans les bureaux. Seriez vous traître à la couronne du Périgord ou plus, que vous cachiez ces documents de la sorte? Les papiers concernant le Domaine Royal doivent être remis à l'ambassadeur de cette région. Tandis que les documents tombés et que vous avez caché si promptement... Qu'était-ce que ce symbole? L'un de ceux du Sans Nom?

Je fixais de mon oeil torve l'homme face à moi. Cette situation m'amusait grandement. Il était plaisant de voir à quel point certain ne se contrôlaient point.
Colhomban
La mine furibonde, le noble marcha sur l’assistant.

Monsieur je vous prie de vous ravisez quand vous m’accusez d’hérésie. Je suis un fervent aristotélicien, et je soutiens la cause de l’Eglise dans bien des domaines. Cependant il est des choses qui vous dépassent, et vous ne sauriez être suffisamment censé pour vous voir éclairer par la Lumière. Col pinça les lèvres de mépris.

Esprit étriqué dans corps étriqué… La diffamation peut nous emmener loin, et vous n’avez surtout pas envie de perdre votre temps en siégeant dans un tribunal, non ? Moi un traître à mon comté ! On aura tout entendu ! Je chasse l’usurpation et je suis un traître !

Il se détourna, revint à ses papiers au pas de charge, et jeta des coups d’œil sur nombre de missives relatant tel ou tel traité dans le domaine royal, ou bien encore dans l’Alliance du Centre avec une moue boudeuse. Apparemment le petit échange avec la fouine avait fonctionné car il ne se vit pas déranger du reste de l’après midi. Dix-neuf heures sonnèrent enfin au tocsin de la cathédrale, et Colhomban réprimanda de justesse un gargouillis sonore : il avait faim ! Faisant mine de se lever, le brun fit quelques pas vers la porte histoire de jauger l’humeur de son condisciple (enfin il était moins « disciple » qu’autre chose…) et tourna la tête vers lui, l’air de celui qui attend la critique. Rien ne fusa de la pile de parchemins d’où sortait un crâne luisant. Bien. Il avait compris la leçon…

Bien la bonne appétit messire.

Avant que l’autre n’ouvre la bouche, ou ne comprenne ce qu’il en était, le d’Eusébius avait filé à la taverne du coin pour se faire préparer un petit encas du tonnerre : travailler ne nourrissait pas son homme, et Sorianne se plaisait à lui rappeler qu’il était un ventre sur patte. Pommes de terre en robe de chambre, et rôti de veau furent arrosés de bonne bière. Le brun s’enfonça par petite touche l’index dans le ventre. Il avait l’impression qu’il gonflait avec l’âge… Il faut dire qu’il amorçait doucement le tournant vers la trentaine et que cette dernière ne semblait pas lui réussir : tempes grisonnantes, articulations douloureuses et vue qui baissait étaient les lots quotidiens de sa vieillesse. Il se rasséréna cependant en se remémorant quelques câlins avec la douce brunette où cette dernière lui disait qu’il avait su garder sa carrure de militaire. Rempli de fierté et de ripaille le nobliau revint d’un pas traînant vers son bureau terminer l’office.

Fichtre, il lui tardait !

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--Erneste



Je pinçais les lèvres, ne pensant pas vraiment me faire rabrouer de la sorte. Cet homme semblait bien imbus et hautain et je n'aimais point cela du tout. Bordélique aussi, car quand on voyait l'état dans lequel il laissait le bureau qu'il quittait... Heureusement qu'il rangeait. Je poussais un soupire peu discret, d'agacement et allait m'asseoir derrière la table et les piles monstrueuses de dossiers. Il ne m'entendrait plus puisque c'était ce qu'il voulait. Mais discrètement, entre deux tours branlantes, je jetais des coups d'œil afin de voir s'il faisait bien son travail.

Quand il partit je regardais s'il n'avait pas oublié cette besace dans laquelle il avait mis le dossier qui me faisait m'interroger mais non. Il l'avait prise. Tanpis. Un page vint apporter un courrier pour le Sieur d'Eusébius, regardant de quoi il s'agissait, je vis que c'était les noms des ambassadeurs. Bien il l'aurait comme cela.

J'attendis donc que le nobliau revienne, grignotant un croûton de pain que j'avais dans la poche pendant que je rangeais les dossiers, et allait vider les paniers. Ah le voilà qui était de retour. D'un air toujours aussi pincé,

Messire d'Eusébius a-t-il bien mangé? Est-il prêt à reprendre?

Sans attendre je prenais des piles imposantes de sur une table pour les coller sur son bureau.

Tout ceci est à trier, j'espère que Sieur d'Eusébius a encore du temps devant lui, il n'est point prêt de revoir le jour. Oh et ceci pour vous.


Je finis par lui tendre le vélin qui m'avait été amené tantôt et alla me rasseoir, ne triant plus, mais surveillant les faits et gestes de l'ancien ambassadeur au Berry.
Colhomban
Messire d'Eusébius a-t-il bien mangé? Est-il prêt à reprendre?

Colhomban acquiesça, un sourire narquois aux lèvres. Il avait envie de faire bisquer le malingre, mais ce dernier dépensait son énergie à créer des piles de parchemins. L’homme dût reconnaître que par simple effet de flemme il n’avait plus très envie de travailler. Un paquet de dossier lui fut administré tout de même avec l’obligation de trier le tout.

Tout ceci est à trier, j'espère que Sieur d'Eusébius a encore du temps devant lui, il n'est point prêt de revoir le jour. Oh et ceci pour vous.

Erneste lui tendit une missive officielle, dont la cire était ornée du sceau de la chancellerie périgourdine. Grommelant, Colhomban fourra la dépêche donnée dans sa poche de gilet non sans avoir pris connaissance de l’entête « Nouveaux ambassadeurs nommés dans le Royaume de France ». Cela promettait encore une lecture passionnante ! C’était en quelque sorte le dernier courrier qu’il recevait ici, et cette affirmation, loin de l’effrayée, lui redonna espoir. Il s’arma de courage, remonta ses manches et s’attela à nouveau à sa fastidieuse tâche.

Quelques heures plus tard, alors que la lune dardait de doux rayons argentés sur les carreaux de son bureau, Col bailla à se rompre la mâchoire, remplaçant sur le chandelier pour la énième fois une bougie presque terminée par une neuve. Erneste babillait de choses et d’autres lui demandant de vérifier avec soin le moindre bout de papier. Ils avaient retrouvé dans le fouillis du brun de nombreuses listes de courses, ainsi que certaines descriptions de conquêtes féminines. Le rouge aux joues Col s’était empressé de bondir sur les descriptifs pour les jeter aux oubliettes, content que Sorianne ne soit pas là pour reluquer derrière son épaule. Il en aurait pris pour son grade… Le souvenir de sa compagne lui arracha un soupir : il la voyait bien peu ces derniers jours, et il lui tardait de se couler avec elle sous les draps pour goûter au sommeil du juste.


La volubilité de son assistant lui faisait bourdonner les oreilles, et c’est non sans mal que le brun essayait de faire abstraction des tirades du chafouin pour se concentrer sur son office. Enfin, les piles et autres tas s’amenuisèrent, les corbeilles furent vidées et leur contenu brûlé, les tiroirs restèrent ouverts, gueules béantes nettoyées, et rien ne traîna plus dans le bureau qu’Erneste et lui-même. Rassemblant sa besace débordante de paperasse à conserver et sa cape en laine, Col jeta un dernier coup d’œil à ce qui avait été sa vie périgourdine. Il fut bien contraint d’admettre que cette vie-ci lui avait plu, et que les occupations au sein de son Comté avaient été des plus agréables malgré tout ce qui en avait découlé : jalousie, non-dits, critiques, et autres méchancetés. Un petit soupir s’échappa des lèvres entrouvertes et alors qu’il allait prendre congé son vis-à-vis l’abreuva encore de commentaires insipides.

Je suis bien forcé d’admettre sieur que vous n’êtes pas l’un des hommes les plus rangés ! Mais nous avons eu raison de votre passion pour les vieilles choses, et de concert nous avons pu mettre un frein à ces tas de papiers inutiles... Cela m’aide à savoir ainsi ce que je dois réellement archiver. J’avoue avoir un goût modéré pour le bazar des autres, cela me sort de ma routine propre et organisée. C’est une sorte de piment, de défit ! Erneste se laissa aller à plusieurs métaphores s’animant soudainement comme un prêtre en plein sermon. Col le regardait, yeux écarquillés, surpris par ce regain soudain d’énergie, et complètement abasourdi par cet homme qui n’était, ni plus ni moins, un fou à lier !

Le nobliau recula doucement vers la porte, cherchant de sa main la poignée, ne quittant pas des yeux le petit homme qui continuait de faire part de son expérience. Il secouait de temps en temps la tête pour donner foi à ses dires. N’y tenant plus Col tira sur la porte et prit congé en saluant vivement.

Minuit sonnait à peine quand il s’engouffra en courant dans les coursives de la chancellerie, laissant claquer une porte derrière lui goûtant avec délectation au silence des lieux. Il s’adossa haletant à un mur de grosses pierres et se laissa couler au sol un grand sourire aux lèvres. Il avait accompli quelque chose ce soir, et cette fin lui mettait du baume au cœur. Le brun fourra les mains dans ses poches, frissonnant un peu à cause du froid et il sursauta quand ses doigts rencontrèrent un parchemin rugueux. La missive dans les mains, il caressa le sceau connu : celui du Périgord, et décacheta le pli sans empressement. C’était là son dernier courrier officiel, et il mettait fin à plusieurs années de bons et loyaux services. Un achèvement dont il avait besoin pour mieux passer à autre chose. Colhomban sourit et parcourut la lettre.



«Investitures d’ambassadeurs dans le Royaume de France»




Ses yeux revinrent à ce qu’il venait de lire.

« Tsampa d’Eusébius »

L’air lui manqua, et il sembla que mille doutes foulaient aux pieds le cœur, la tête et l’âme toute entière du nobliau. Qui venait de fomenter une telle diablerie pour qu’il retrouve le nom de sa petite sœur disparue sur un parchemin d’infortune ? Qui s’amusait de son malheur ? Mais cela n’était connu de personne. Jamais il n’avait relaté cette histoire à qui ce soit en Périgord, même avec plusieurs verres dans le nez et dans les bras réconfortants de quelques personnes. Il se leva, faisant les cent pas dans les coursives et finit par détaler en courant vers le panneau des annonces : une farce de cet acabit ne serait pas affichée officiellement à la chancellerie !


***


Quelques minutes plus tard on retrouva notre homme à genoux devant les annonces d’investitures, le poids de la Vérité sur ses épaules, l’air hagard et les yeux pleins de larmes. On pouvait lire au dessus de lui en lettres calligraphiées : Tsampa d’Eusébius Duché de l’Alençon.

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Sorianne
L'ennui... So avait mis ses monstres au lit, et avait passé le temps comme elle le pouvait en attendant que rentre Col. Il lui tardait de se serrer contre lui et elle profita un peu du fait d'être libre, sans enfants à surveiller pour aller faire une petite promenade. Peut-être serait-il rentré quand elle même arriverait? Elle l'espérait fort du moins. La jeune femme avait hâte de sortir du Comté, qu'ils puissent se voir plus souvent. La nuit tombant doucement, Sorianne commença à faire demi-tour et arriva à l'auberge, grimpant les marches presque en courant, n'oubliant pas de soulever ses jupes pour ne pas faire une malencontreuse chute! Le sourire aux lèvres, elle se hâta vers la chambre qu'elle occupait, pressée de voir son compagnon... Vide...

Oh...

La moue qui venait de s'afficher sur le visage de la brunette en disait long sur sa déception. Un peu boudeuse de ne pas le voir présent, déçue, elle se changea et se glissa sous les draps.Mais le sommeil ne venait pas!! Grrr, So se redressa et rejeta les couvertures. S'il ne venait pas, elle irait à lui, après tout elle pouvait bien l'aider! Oh elle se doutait bien qu'elle se ferait houspiller pour être sortie seule à une telle heure et la nuit venue, pour un trajet aussi long, mais peu importait. Hop! Une robe et une ceinture aux hanches, la jeune femme hésita mais finit par attraper la dague qu'elle emportait. Et quelle dague... Celle qu'Il lui avait offerte. Après un passage rapide voir si les monstres dormaient, ce qui était le cas, et hop! La donzelle fila chercher Razel et se rendit au galop à l'assemblée... Enfin avant de s'apercevoir qu'elle ne savait pas où cela se trouvait...

Excusez moi... Pas de réponses, se tourne vers un autre, Pardon! Excusez moi! Ignorée... Excu... Esquive, après réflexion l'homme ne semblait pas très, comment dire... Digne de confiance!

So s'était remise en route, elle finirait bien par tomber sur l'ambassade à un moment ou à un autre. Enfin peut-être. Mais la nuit était déjà bien noire quand épuisée elle tomba nez à nez avec le bâtiment. De soulagement, elle laissa tomber sa tête sur l'encolure de la jument blanche à teindre, et souffla.


Ouf, enfin, j'ai cru qu'on n'y arriverait jamais...


Finissant par descendre, elle laissa là Razel et gravit les marches lentement, se demandant ce que Col dirait en la voyant arriver. Mais il fallait éviter de se perdre dans les couloirs, enfin si elle arrivait déjà à entrer. Ce n'est qu'après avoir bataillé sec avec le garde qu'elle put pénétrer la bâtisse et en plus il avait même finit par lui dire où se rendre! Elle était convaincante des fois on dirait. A droite au fond puis seconde gauche et troisième gauche, à moins que ce ne soit droite?

Col?


So s'arrêta aussitôt, hésitant un instant avant de se rendre compte qu'il s'agissait bien de lui, que lui était-il arrivé!? La jeune femme attrapa jupons et courut vers lui, pourquoi était-il à genoux au milieu de ce dédale et pourquoi semblait-il si bouleversé?

Col! Entourant ses bras autour de lui, à genoux aussi, elle posa la tête sur son épaule. Qu'est-ce qu'il se passe Col? Je m'inquiétais... Dis moi ce qui t'arrive...

Une de ses mains fines passait dans les cheveux du brun, pendant que So essayait de deviner... Jusqu'à ce qu'elle se tourne vers le panneau en face d'eux. Elle cherchait et cherchait ce qui avait pu mettre Col dans pareil état et son regard fut attiré par le nom qu'elle commençait à bien connaître. Son cœur manqua un battement... Hébétée... Ce n'était pas possible... Il était fils unique, il le lui avait assez dit... D'Eusébius... La tête de la brune se secouant doucement de gauche à droite, Sorianne s'était écartée et relevée pour s'approcher du panneau, passant un doigt léger sur le nom de cette Tsampa d'Eusébius... C'est qu'elle ne savait quoi penser. Il n'avait pas de sœur alors... Sa... Femme? Un poing qui se serre, mâchoires qui suivent. La voix vibrante

Je vois... Plus de mensonges hein...

So ne voulait pas le regarder, elle ne voulait pas qu'il voit à quel point elle avait mal, encore des promesses en l'air, les hommes n'étaient-ils donc que des menteurs? Ne pouvaient-ils avoir des femmes que par mensonges? Il était mariée, la voilà réduite au rang de maîtresse, deuxième alors qu'elle avait cru tout ce qu'il avait dit...

Quelle naïveté... Je suis vraiment stupide d'avoir voulu croire ce que tu disais...

Pas plus de mots, sans un regard pour l'homme qu'elle pensait traître, So tourna les talons, larmes aux yeux, honteuse de s'être faite avoir de la sorte, se sentant complètement idiote d'avoir cru tout ça, et d'avoir cru en lui. D'avoir voulu croire en eux, alors qu'en fait il était déjà prit par une autre, déjà marié... La phrase fusa alors qu'elle allait tourner au coin d'un couloir.


Ta femme t'attends, tu devrais aller la rejoindre...

A peine engagée dans le couloir perpendiculaire de celui où se trouvait Col, So se mit à courir, comment avait-elle pu retomber dans le piège de belles promesses, les larmes ne se retenait plus, et ce qui lui importait maintenant, c'était de partir loin de cet endroit et loin de lui.
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*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~* Une perche tendue dans un RP? Saisissez la et jouez avec nous!!! *~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Colhomban
Cette voix familière à ses oreilles, ces doigts frais sur sa nuque, et cette chaleur contre son corps chantaient au brun prosterné des litanies des plus douloureuses. A quand viendrait la confession ? Depuis combien de temps aurait-il dû lui dire ?

Col leva les yeux vers sa compagne, des syllabes inarticulées coincées dans la gorge. Sorianne se redressait à son tour, scrutant ce qui avait pu mettre à mal l’homme d’ordinaire si solide. Son doigt courait sur les panneaux d’annonce et il finit par s’arrêter sur le même nom que Col avait repéré quelques minutes auparavant. Tsampa d’Eusébius. Elle recula, effrayée, les sourcils froncés, la mine sombre, elle semblait en proie à une profonde réflexion. Un hoquet de surprise lui échappa et ses doigts masquèrent vivement sa bouche qui s’ouvrait déjà, figeant la demoiselle dans un masque d’horreur mêlé à de la peine. Colhomban tendit les bras dans le vide, il essaya de la saisir par les poignets quand les dires de la brune le clouèrent sur place.


Quelle naïveté... Je suis vraiment stupide d'avoir voulu croire ce que tu disais... Ta femme t'attends, tu devrais aller la rejoindre...

Mensonge ? Ho ça il y en avait… C’étaient plus des non-dits que des mensonges, mais durant tous ces mois, alors qu’elle le taraudait sur sa famille, il n’avait eu de cesse de lui dire que fils unique sans parent il n’avait rien à lui conter de son enfance.

Femme ? Col sortit de sa torpeur subitement, un « non » sortant de ses lèvres entrouvertes, mais Sorianne détalait déjà à longues enjambées vers la porte principale, insensible à ses appels et à ses cris. La jeune femme filait dans la nuit telle une comète. Par Aristote, elle se méprenait ! En un bond il fut sur ses pieds et courut après sa compagne, essayant de la rappeler en vain. Ils déboulèrent tous deux dans les rues sombres de la capitale. Les petites jambes de la demoiselle se mouvaient à un rythme impressionnant lui faisant gagner une bonne longueur d’avance. Col accéléra le pas, foulant le sol pavé comme un fou après ses rêves, comme un homme après sa vie… Car Sorianne était lui, comme lui était elle.


So ! Attends ! Ce n’est pas ce que tu crois ! Sorianne ! Laisse-moi t’expliquer ! So ! Arrête !

Il y était presque… Ses doigts effleurèrent l’épaule de la brune, avant qu’elle ne se dégage avec humeur et ne redouble ses efforts. Col sentait le souffle lui manquait : il ne tiendrait pas longtemps. Ils abordèrent la sortie de la place principale vers le lavoir, Sorianne n’avait pas vraiment l’air de savoir où elle allait et tourna la tête en tout sens. Il profita d’une hésitation de la jeune femme pour la saisir plus durement par le coude, l’obligeant à faire une rotation sur elle-même. Les deux coureurs valsèrent dans l’air moite de la nuit pour retomber lourdement dans l’herbe qui jouxtait le lavoir. Sorianne sur son séant, Col en face d’elle sur les genoux, sa main tenant toujours le bras de la brune.

Laisse-moi t’expliquer Sorianne ! Sa voix était une supplique.

Elle donna des talons, essayant de se dégager de l’étreinte qui se resserrait sur son bras. Col était partagé entre l’horrible idée de lui faire mal au membre, et celle de ne point la lâcher avant qu’ils ne s’expliquent. Il avança sur les genoux, se traînant presque devant elle, évitant comme il pouvait les coups de talon lançaient à l’improviste. Elle reculait toujours, son bras libre battait l’air derrière elle, ses doigts cherchaient à s’agripper à la moindre touffe d’herbe. Le brun passa sur elle pour la bloquer de son corps, les jambes de la demoiselle sous lui. Ses mains glissèrent à son visage, et il lui caressa les joues. Elle avait cessé de ruer. Les yeux dans les yeux, plus proches que jamais en cette soirée, Col lui murmura quelques phrases.

Regarde-moi So ! Comment peux-tu penser que je suis marié ? Il déglutit péniblement. Sorianne je t’aime ! Foutre dieu il faut que je te le dise de quelle manière ? Ses doigts vinrent s’accrocher à la nuque de sa compagne, la rapprochant toujours plus de son visage.

Lis dans mes yeux Sorianne ! Lis dans mes yeux… Colhomban soupira et libéra la jeune femme de son étreinte, appuyant ses mains sur ses genoux, tête baissée.

Je suis né en Bretagne de Paolo et Yseult d’Eusebius. Je suis le puîné d’une famille de 5 enfants. Mon frère aîné, Heyctor est décédé en guerre. Domaine royal contre Bretagne… Ca doit te parler… Il fit un pauvre sourire, yeux toujours baissés. J’ai deux jeunes frères, et une petite sœur : Althea. Lorsque nous étions enfants j’aimais la prénommer Tsampa…

Tsampa d’Eusebius n’est pas ma femme, ou quoique ce soit d’autre. C’est juste ma sœur Sorianne. Ma petite sœur.

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Sorianne
La course effrénée dans laquelle elle s'était lancé avant de se retrouver au sol sans avoir eu le temps de se rattraper, avait éreinté la So qui cherchait son souffle tout en défendant Col de l'approcher de trop prés et essayant vainement de dégager son bras de la poigne du brun qui ne voulait surtout pas la lâcher. Comment avait-il pu lui faire ça!? Oh il voulait parler mais à quoi bon se perdre dans des explications, encore des mensonges?! Pour qu'elle retombe dans le panneau?! Non! Les ongles de sa main libre labourant la terre à la recherche d'une prise qui lui permettrait de se dégager, la jeune femme n'écoutait rien et ne voulait rien entendre, jusqu'à ce que, fatiguée de lutter et à bout de souffle, elle abandonne la fuite, se laissant retomber au sol, les cheveux sombres étalés sur l'herbe humide de l'orage de la veille. Plus la force de se débattre, essoufflée, échevelée, Sorianne écoutait maintenant Colhomban, perdue en voyant l'air qu'il affichait. Pourquoi un tel air alors qu'il était en faute?

Partagée entre l'envie de le croire et la colère, So tourna la tête, butée, vexée et malheureuse. Pourquoi lui disait-il encore tout ça alors qu'elle avait vu le nom! Elle l'avait eu devant les yeux! Le nom de cette femme alors qu'il n'avait pas de famille! Comment quelqu'un pourrait le porter s'il était seul?! Mensonge, mensonge, mensonge... Elle repensa à tout ce qu'il s'était passé avec Veg, toutes ces histoires qu'elle avait supporté et pardonné, non, elle ne le ferait plus, elle ne voulait plus souffrir pour ça, plus de mensonges et plus de jalousies, elle voulait de la confiance! Oh oui elle lisait dans ses yeux, elle y lisait beaucoup de chose, mais comment expliquer ce nom, pourquoi fallait-il que le nom d'une femme vienne tout gâcher...

Quand Col se décala, So se redressa, toujours assise dans l'herbe fraîche, essuyant les larmes qui lui restaient avant de frotter son bras endolori. Il n'y était pas allé de main morte, et elle n'y avait même pas prêté attention avant de s'appuyer dessus. Écoutant les confessions de son compagnon, la jeune femme fût surprise,soulagée, mais chagrinée.


Ta... Ta petite... Soeur...

Pas sa femme. Il n'était pas marié. Un soupire de soulagement franchit ses lèvres, accompagné d'un sourire fugace, il n'était pas marié... Mais So fixa bientôt son regard sur Colhomban, sourcils froncés, en proie de nouveau au doute. Il lui avait menti une fois, ne mentait-il pas encore?

Pourquoi m'as-tu dis ne pas avoir de famille? Pourquoi?

Elle se leva, besoin de se défouler, besoin d'évacuer, les cents pas feraient l'affaire, les mains à la tête, signe d'incompréhension, elle cherchait pourquoi, ayant peur des réponses plus ou moins saugrenues que son esprit fatigué par la course, la lutte et l'heure tardive, lui suggérait. Rageuse, elle tournait et retournait, longeant le carré d'herbe. Elle aurait pu s'arracher les cheveux à chercher la raison de pareille cachoterie.

Pourquoi Col! Pourquoi m'as-tu menti?! Cinq!!
La main de la So arriva sous le nez de Col, grande ouverte sur ses cinq doigts écartés, Cinq enfants Col! Tu avais des frères et des sœurs! Vous étiez cinq!! Et tu m'as toujours dit ne pas avoir de famille! Alors pourquoi!?

Blessée de ne pas avoir été au courant avant, qu'il lui ait à ce point menti, elle cherchait ce qui avait pu motiver tout ceci. Il avait fallu qu'elle tombe sur le nom de cette femme pour être au courant, pour apprendre tout ça. Si elle avait attendu bien sagement à l'auberge, elle n'aurait sûrement jamais apprit qu'il avait une famille! So finit par stopper sa marche, convaincue d'une chose que venait de lui souffler son cerveau. Le souffle encore court d'avoir couru et d'avoir reprit les cents pas sans vraiment avoir récupéré, elle se laissa retomber séant au sol, empêtrée dans ses jupons, chose dont elle s'inquiétait peu pour le moment. Le regard perdu, dans lequel se trouvait un léger espoir qu'elle se trompait, elle regarda Col...

Tu ne me fais pas confiance... C'est pour ça que tu ne m'as rien dit... Tu ne me fais pas confiance toi non plus... Pas entièrement...

Oh oui, elle ne voyait que ça pour qu'il ait omis de lui raconter tout ceci, pour qu'il n'ait pas eu envie de lui parler de lui et de son enfance... De lui parler de sa famille... Son regard fut attiré par un cavalier qui avançait lentement et qui semblait tenir péniblement sur sa selle... C'est là qu'elle se rendit compte qu'il était vraiment tard et qu'ils ne devaient pas faire bonne figure au milieu de ce coin d'herbe juste à côté du lavoir... Les yeux dans le néant, elle avait finit par croire ce que lui disait Col au sujet de cette Tsampa... Mais par Aristote elle lui en voulait... So lui en voulait de lui avoir mentit sur sa famille... Et maintenant comprenait mieux certaines choses.

Tu ne voulais pas aller en Bretagne... C'était pour ne pas que je sache que tu y avais de la famille? Ou pour ne pas les voir? ... Un sourire sans joie apparut avant de s'éteindre aussitôt... Quoi qu'il se passe avec ta famille, tu aurais pu me le dire, m'en parler... J'aurai compris, même s'il s'était passé beaucoup de choses! Il aurait suffit que tu m'expliques! Même s'il fallait que je me cache pour ne pas qu'ils sachent que tu frayes avec la gueuse plutôt qu'avec des baronnes dignes de ce nom...

La main à son bras, elle ne le regardait pas, vexée d'avoir été tenue à ce point à l'écart de sa vie, qu'il ne lui parle pas de lui, qu'il lui cache ces choses pourtant ô combien importantes. Elle même n'avait pas tout raconter, mais jamais elle n'avait caché... Une famille!! So aurait voulu voir son expression, mais non, elle ne jetterait même pas un œil. Du moins, elle se retenait de le faire. En boule, elle lui en voulait, mais s'inquiétait de l'état dans lequel il était. Mais non, non non non, elle ne comptait pas lui rendre la tâche aisée. Sans prévenir, elle se releva, frotta ses jupes crottées de terres et de boues, retira quelques feuillages de ses cheveux lâchés, tout en cherchant par où ils étaient arrivés là...

Et si on rentrait à l'auberge...

D'un côté elle cherchait des explications, mais d'un autre elle voulait les fuir. Déjà vexée, elle ne savait pas ce qu'il adviendrait si c'était par manque de confiance qu'il ne lui avait rien dit de tout cela. Que d'autres ne lui fassent pas confiance malgré ce qu'elle essayait de montrer ou de prouver, peu lui importait... Mais que Lui, que Colhomban lui même ne lui fasse pas confiance...

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*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~* Une perche tendue dans un RP? Saisissez la et jouez avec nous!!! *~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Colhomban
La brunette avait fini par se défaire de l'étreinte de son compagnon, un peu comme une anguille glissant entre des mains trop avides. Colhomban avait fermé les yeux, les membres tendues dans l'expectative d'une giffle qui ne vint jamais. Pourtant elle lui avait collé sa main sous le nez, mais n'était pas allée jusqu'à le frapper, Sorianne préférait les coups de pied, il était vrai... Le brun retint un sourire en se remémorant ce souvenir : le soir où il avait enlevé la belle la chargeant comme un sac de pommes de terre sur l'épaule. Ce qu'elle avait pu lui en vouloir ! Un coup dans le tibia et plusieurs baisers après, ils s'étaient rabibochés rouge de gêne.

Tu ne me fais pas confiance... C'est pour ça que tu ne m'as rien dit... Tu ne me fais pas confiance toi non plus... Pas entièrement...

Son ton se fit accusateur, triste, et défait. Col sentit le coeur lui manquer. Il avait une entière confiance en la demoiselle, ne lui avait-il pas révélé ce qu'il en était de sa vilaine blessure de guerre ? Ce bras difforme qu'il avait fait passer pour invalide pour mieux le dissimuler ? Il l'enroulait encore de bandelettes, n'osant laisser cette monstruosité à la vue de tous, tandis que Sorianne l'encourageait à le montrer afin de se défaire de ce complexe.

L'homme secoua la tête, revint à la réalité et serra les poings. Ouvrant la bouche pour parler il fut couper dans son élan.

Même s'il fallait que je me cache pour ne pas qu'ils sachent que tu frayes avec la gueuse plutôt qu'avec des baronnes dignes de ce nom...

Le rouge lui monta aux joues, non pas parce qu'elle avait visé juste, mais parce que cet incessant discours sur sa qualité de roturière lui déplaisait. Par Aristote, Sorianne n'avait rien à envier aux duchesses, baronnes ou marquises qui peuplaient les cours ! Elle était charmante, bien pensante, un petit bout de femme avec un grand coeur, certes têtue, cela n'en faisait pas moins la dame qu'il aimait !

Il se leva à son tour, épousseta ses vêtements en désordre et fourra au fond de sa poche le serment d'ambassadrice de Tsampa. Emboitant le pas à Sorianne il ne put s'empêcher de la retenir par le bras.

So... Tu aurais aimé que je te dise entre deux conversation sur les enfants que j'étais un lâche ? Il lui prit les mains, yeux ébènes contre pierres vertes.

J'ai fuit Sorianne ! J'ai fuit de la Bretagne le jour où ma mère est décédée. Mon père m'ayant renié avant sa mort, elle m'a rétabli dans le testament famillial avant la sienne. J'ai hérité du domaine... Mais je ne veux pas de cette charge ! Il recula, deserrant son étreinte des doigts de la jeune femme et fit quelques pas. Mon effronterie a tué mon frère. Comment pourrai-je un jour me le pardonner et m'occuper de terres qui auraient dû lui revenir ?

Col passait frénétiquement sa main dans ses cheveux et finit par s'accroupir au bord du lavoir.

Je ne peux pas y retourner... Tsampa disparue ma relation avec mes deux jeunes frères s'est singulièrement dégradée. Nous ne nous parlons plus, et je ne peux que les comprendre... Qui voudrait d'un aîné aussi lâche que stupide ?

Quelques galets furent envoyés en ricochets sur l'eau. Le brun se releva, fixant des yeux sombres sur sa compagne.

Tu sais tout...
Et maintenant...?

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Sorianne
Sorianne avait déjà commencé à faire machine arrière. Il fallait qu'elle retrouve Razel, mais ne savait pas exactement par où ils étaient arrivés. Elle n'eut pas à chercher bien longtemps, Colhomban l'attrapant de nouveau. Se retournant pour l'observer, So chercha à comprendre, quand il finit par parler. La jeune femme l'écouta sans mot dire, essayant de se mettre à sa place et se rendait compte que son fardeau ne devait pas être aisé à porter. Elle ne savait pas tout ça...

Elle se mordillait la lèvre, ne le quittant pas des yeux, cherchant ce qu'elle pourrait dire et qui pourrait soulager le poids pesant sur ses épaules. Elle se souvenait du jour où il avait dû partir promptement en Bretagne, du jour où il avait été rappelé auprès des siens. Elle était là. Quand il s'éloigna et qu'il lui tourna le dos, elle eut un geste vers lui, cherchant à le rattraper, geste hésitant qui n'eut aucun effet, aussi attendit-elle qu'il termine. Après tout, elle avait voulu ces explications, elle ne pouvait se permettre d'y couper court.


Et maintenant...?

Et maintenant... So guettait l'ombre sombre de son compagnon qui se découpait sur le fond noir des maisons et du lavoir. Et maintenant... Elle savait tout, elle ne pouvait plus dire le contraire. Pour sûr, elle lui en voulait encore de ne pas le lui avoir raconté avant, mais le voir ainsi lui déchirait le cœur. Il était toujours si fort et si sûr de lui que de le voir ainsi, semblant si fragile, la chagrina, se sentant un brin coupable...

Col...


La jeune femme s'approcha doucement de lui et une fois à sa hauteur passa ses bras autour de lui avant de l'enlacer doucement et de poser sa tête contre son torse.

Je t'en veux toujours hein... Elle soupira... Tu n'es pas lâche. Je ne sais pas ce qu'il y a eu pour que tu penses ça... Mais tu ne l'es pas. Et si ton frère est parti se battre, c'est parce qu'il l'a choisit, pas parce que tu l'y auras conduit. Donc non, ce n'est pas de ta faute s'il est mort à la guerre. C'est la faute de ceux qui ont décidé de tout ça, ceux qui ont décidé de se faire la guerre ont des tas de morts sur la conscience. So fit une petite pause avant de reprendre. Et si ta mère t'a rétabli, c'est bien qu'elle devait penser que tu le méritais non? Alors tu devrais réfléchir à ça. Quant à ta soeur... Elle eut un sourire en coin, - Et non ta femme... Quoi que tu ne me contrediras pas, j'avais toutes les raisons de le croire!- Elle est apparemment retrouvée... Et ce n'est pas de ta faute non plus si elle a disparue... Tu sais où elle est maintenant. A une quinzaine de jours à cheval au plus.

So finit par lever la tête vers Col, laissant son menton appuyé contre son buste, et ne le lâchant pas.

Peut-être que tu pourrais aller la trouver... Et la ramener auprès des tiens...? Et tu pourras me présenter à elle, si tu en as envie, en espérant que je te fasse honneur hein! Je ne coudrais pas avant. Je n'aurai pas de poupées plein les doigts... Et tes frères... Ce ne peut pas être si irréparable que ça... Si?

La tête penchée légèrement de côté, Sorianne l'observait afin de deviner si c'était vraiment si grave qu'il avait l'air de le sous entendre. Levant une main légère afin de déplacer quelques mèches sombres qui tombaient sur le front soucieux de son ami, amant compagnon, un léger coup de poing atterri ensuite dans les côtes de Colhomban quand elle arriva à la partie lâche et stupide.

Et ne dis plus que tu es lâche ou stupide, c'est un mensonge!

La jeune femme finit par s'éloigner, sourire aux lèvres. Bon, elle était toujours en boule, mais ce n'était pas drôle si lui non plus n'était pas en forme. Poing sur la hanche, doigt pointé sur le nez de son compagnon et nez plissé, elle le regarda

Et ne crois pas que je vais oublier ce fichu mensonge avant un moment! Tu vas le payer! Foi de moi!

So se tourna vivement, les deux mains à la taille, cherchant désespérément d'où ils venaient... La ruelle face à elle ne lui disait rien à bien regarder.

Bon sang j'étais persuadée que l'on venait de là...

Alors celle de droite? Peut-être à gauche? Dubitative, So regardait les ruelles plongées dans le noir... Elle s'arrêta un instant et glissa un regard en direction de Col qui s'était rapproché. Hmm nan, pas maintenant. Pourtant elle avait déjà ouvert la bouche pour lui dire ce qu'elle ne lui avait jamais avoué mais elle finit par se raviser. Après tout ils étaient dans la capitale et pas envie de se retrouver de nouveau en geôles.

Euh non rien... Je te le dirai plus tard...

Un grand sourire innocent illumina ses traits, et elle finit par attendre qu'il la rejoigne vu qu'elle était hum, perdue...

Je sais pas d'où on vient... Et tes frères, comment s'appellent-ils? Et comment sont-ils? Et ta soeur? Donc tu as ton enfance à me raconter aussi, si si, il faut te rattraper maintenant.

Pourquoi avait-elle ce sourire victorieux accroché à ses lèvres...? Allez savoir...

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*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~* Une perche tendue dans un RP? Saisissez la et jouez avec nous!!! *~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
--Un_soudard_saoul



*Hips*
...
*Hiiiips*
...
Les bruits de sabot du baudet couvraient en parti les hoquets gras et puants du soldat en bien piètre état. C'est qu'il avait touché sa solde et en avait profité pensez dont. La chope pleine encore en main, il buvait ou engloutissait la bière rugueuse avant de s'essuyer sa bouche crasseuse et pleine de la graisse du repas, du revers de la manche.

Gagnvaaaaaaaance! *Hips*

Difficile d'articuler quand on n'a plus les idées claires. Et puis c'est que ça tanguait dangereusement là dessus. Donnant des talons afin de faire avancer l'âne plus vite, la bête finit par se révolter et envoya l'homme gras au sol. Peinant à se relever, il dû s'agripper à un mur afin de se retrouver sur ses jambes qui tenaient plus du coton que de l'os.

Mo... ModIIIIte carnnn'...

Levant difficilement le poing en direction du baudet qui s'en allait d'un pas tranquille, le laissant ainsi derrière elle, le garde maugréait, jurait, crachait, et maudissait l'animal à n'en plus finir. Il avait brisé la chope qu'il tenait, et il ne lui restait maintenant plus rien.

Jche... Jche vfais t'tuer saaaaale bête. Tu vas vvvvoirrrrr.

Tâtant sa taille au contour impressionnant, la soldat finit par trouver son épée, et la tira avant de la brandir brièvement en direction du truc brun avec les grandes oreilles qui avait déjà disparu.

Gnhumpf. *Hips* Chbliiiiiing.

La pointe de l'épée toucha le sol en un bruit sec mais se répercutant sur les murs de la ruelle. Il fallait que son esprit embrumé trouve quelque chose à faire. D'avoir fêté ainsi, il se retrouvait sans le sou, seul... Ah moins que... Mais oui! Une idée, un souvenir plutôt avait fait sa réapparition dans la tête de notre homme. N'avait-il pas vu ce type trousser une donzelle prés du lavoir?

*Hips* M'en vais m'dis... Dis... Disppppp'ter la putain...

Oh oui, le bordel était bien trop loin. Du moins trop loin pour ses jambes goures, la catin plus proche, il suffisait de faire demi-tour et de marcher quelques mètres. D'ailleurs il les vit rapidement, encore en train d'parler?! Un rot sonore, gras et immonde sortit des lèvres du soudard.

*Hips* Ssssav'pu y faire ccccces jeunes...

Il allait lui montrer lui. L'épée trainant dans son sillage provoquait un bruit étrange, métal frottant pavés. Quelques étincelles parfois, mais il n'entendait même pas, fixé sur l'idée d'ivrogne qui lui avait germé. Il allait s'refaire avant la prochaine solde, a moins qu'la putain soit chère. Mais elle aurait que ce qu'il voudra bien donner, et c'est tout. Le soldat ne regarda même pas l'nobliau (sûrement pour ça qui savait pas y faire avec, ces culs dorés savent rien faire d'bien) et attrapa la donzelle par la taille avant de la ramener brutalement contre lui.

A... Mmmmon tour la Ggggrue.

Essayant d'assurer son geste le plus possible, le soudard leva son épée émoussée d'avoir trainée au sol, et la pointa sous le nez du richard.

L'dddamoiseau, il aura ben quequ'pièces que jch'pppppprofite aussi d'mmmma soirée non? Cccchacun son tour, et la pputain, elle est à mmoi maint'nant.

C'est qu'elle se débattait la trainée, il tituba sur le coup, mais finit par la maintenir coincée tout en menaçant le bonhomme de son arme. Fallait pas trop abimer la marchandise, mais c'était que quelques instant à attendre. En attendant, il lui arracha ce qui se voulait être un baiser avant de revenir au cul doré.

*Hips*
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