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[RP] La preuve par trois

Ceriera


Une fatigue, cette profonde fatigue… ces insomnies qu'elle avait d'abord mises sur le compte du tracas, puis ces siestes en journées si régulières, pendant des semaines.
À l'inquiétude de son mari, elle avait d'abord réagi par un léger agacement. Cerièra n'aime pas être traitée comme une malade, comme un problème à résoudre.
Donc, elle avait «fait avec» et continué à vaquer à ses activités sans se préoccuper plus que ça de la diminution de son énergie. La tête à autre chose, à l'archevêché, aux autres… au point de faire fi de ce que son corps lui criait pourtant depuis maintenant un mois et demi.

Jusqu'à ce que Sowelo s'en mêle et décrive son état à Damenic. La réponse de la blonde docteresse, de sa consœur universitaire, de sa compagne de voyages, ne se fit pas attendre. Un courrier dont le «verdict» semblait assuré, ponctué d'un «Mais permettez moi de vous féliciter pour votre - présumée... -  future paternité.»

À ces lignes, la brune était restée stupéfaite un long moment. Elle ? Non, ça n'était pas possible. Déjà* ? Certes, ils avaient fait «tout pour», l'enthousiasme des jeunes mariés… mais elle n'aurait jamais pensé cela Cerièra, elle qui au printemps dernier s'était crue incapable de donner la vie.

Nouvelle étonnante, stupeur partagée, pour petit à petit réaliser, les deux… qu'ils seraient déçus que Damenic n'ait pas raison. C'est à cela que l'on sait que c'est une heureuse nouvelle. Inopinée, mais heureuse…
«Être certaine» était devenu le Credo de la griotte, qui était bien décidée à n'en parler à personne avant de savoir. Mais comment faire ? Ils étaient à Toulouse pour quelques jours, ville déserte de médecin, avant de partir pour un voyage qui se révèlerait plus long que prévu.

Elle prit la plume, en espérant que la belle chaurienne répondrait à son appel et lèverait ses doutes.


    À la belle chaurienne, Cerièra a écrit:


      Tolosa, le 2 mars 1465

      Ma bien chère Damenic,

      Je suis une idiote. Une tête bien pleine, qui étudie tout ce qu'elle peut mais est incapable de mettre son savoir à profit pour elle-même. Sinon, j'aurais eu la puce à l'oreille bien plus tôt. Me former pour être accoucheuse, pour me mettre au service des autres, mais n'être pas fichue de comprendre lorsqu'il s'agit, peut-être, de mon cas…

      Vous l'aurez deviné, Sowelo m'a fait lire votre réponse à son inquiétude. Même si vous semblez affirmative, et même si là est l'explication la plus plausible à ma fatigue – et la plus rassurante, je l'avoue – j'aimerais une confirmation. Vous proposiez de m'examiner, non seulement j'y consens mais je pense que c'est nécessaire à ce que je sache si je me fais des idées pour rien. Car pour tout vous dire, passé la surprise et l'hébétude, je serais bien déçue que vous ayez tort.

      Nous sommes à Toulouse pour quelques jours, après quoi nous serons, comme vous le savez, sur les routes. Je vous serais très reconnaissante si vous pouviez faire un saut à la capitale. Vous trouverez aisément nos roulottes en bord de Garonne : guettez un chantier de construction dont la charpente est bien avancée, un panneau indique «Camp de Tounis». Nos roulottes sont au fond du terrain, votre monture sera nourrie et abreuvée et je tâcherai de vous recevoir au mieux en ces lieux.

      J'espère voir bien vite votre frimousse et vos cheveux de blés d'or,



      aux mille questions qui se bousculent dans le crâne.




* Pour les curieux, le sort de Cerièra fut tiré aux dés, selon la probabilité par cycle qu'une femme de son âge en condition de santé normale tombe enceinte. Jd Sowelo a juste tiré au dé… le bon chiffre tout de suite ! C'est comme dans la vie… on ne choisit pas quand ça arrive ! En tout cas, à l'époque…

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• •
Damenic
La missive de Ceriera la trouve assise sur le banc où ils aimaient se retrouver, Trol et elle, la journée accomplie, pour se raconter les menus faits qui tissent une vie...
Elle délivre le pigeon de son fardeau, et un petit sourire chasse les larmes qui n'allaient pas tarder à couler en reconnaissant l'écriture de la Griotte ...
S'occuper des autres est décidément le plus sûr moyen de se sortir de la grisaille !
Ses doigts tremblent un peu en ouvrant le message. Elle s'en voudrait tellement de s'être trompée en rassurant Sowelo.

Elle lit.
Son sourire s'élargit.
Elle laisse tomber ses mains sur ses genoux, sans lâcher la lettre de son amie.
Son regard se perd dans les buissons qui reverdissent, dans les violettes qui ont envahi un coin du jardin.
La vie est toujours la plus forte...

Elle s'organise dans sa tête pour pouvoir aller à Toulouse.
Il faudra qu'elle demande un congé à l'armée.
Il faudra qu'elle se remette à cheval.
Il faudra qu'elle trouve l'endroit de la caravane.
Heureusement qu'elle a un cabinet à Toulouse !
Il faut qu'elle prépare sa mallette de Toubib...
Il faut qu'elle prépare son bagage
Il faut qu'elle se secoue !!

Elle se lève et rentre écrire la réponse à Ceriera.




Castel, par une belle soirée qui sent bon le printemps !

Très chère, vous me demandez de venir, j'accours !
Je vais me faire une joie de confirmer ce que j'ai commencé à dire à votre époux.
Mais rien ne sert de s'avancer trop...
Je serai auprès de vous d'ici deux à trois jours, le temps de me retourner ici.
Je tâcherai de trouver votre nid, et ensuite je vous enlèverai jusqu'à mon cabinet où nous pourrons procéder aux examens nécessaires.
Sowelo pourra, à sa convenance, nous accompagner, ou non...

N'oubliez pas que j'ai un appartement à Toulouse, ne préparez donc rien pour me recevoir.
Prenez soin de vous, si vous êtes fatiguée reposez vous.
C'est long, une grossesse...

Je fais vite, pour que mon pigeon vous trouve avant la nuit

A tout bientôt, Chère Ceriera
mes amitiés à votre époux

Dame
Ceriera
Pas d'entrainement à l'épée qui tienne ce matin : la petite famille avait bénéficié d'une grasse matinée salvatrice «décrétée» par Sowelo pour le plus grand soulagement de sa brune. Du temps passé en famille, à prendre le temps, alors qu'elle se sentait fébrile, vulnérable : possiblement avec un enfant dans le ventre, déstabilisée plus que de raison par les contrariétés, Cerièra ne trouvait l'apaisement qu'entourée des siens dans cette bulle d'amour. Son vairon avait compris ça d'elle et proposé le bon «remède» au bon moment.

Elle avait un peu trop anticipé le printemps, pourtant, Cerièra, et cette nuit-là elle veilla à bien emmitoufler Fathia dans de moelleuses couvertures en mohair. Ses chèvres angora avaient été parmi les meilleures idées qu'elle avait eues professionnellement ces derniers mois, pouvant ainsi chouchouter leur fille venue d'horizons où l'hiver n'existe presque pas tout en évitant pour autant de se replier à l'auberge, au risque de faire de la petite une future craintive des conditions de vie sommaires, ce qui n'irait pas vraiment avec son tempérament nomade.

Un baiser sur le front de la gamine, pour aller ensuite se réfugier, littéralement, dans les bras de Sowelo. Impossible d'être loi de lui en ce moment, ne serait-ce qu'à un pied de distance. Et quand quelques rayons de soleil vinrent réveiller la maisonnée roulottée, c'est Fathia qu'elle fit approcher pour que tous se réveillent, tout proches, tout doucement. Elle la regarda un moment, se demandant comment ils lui parleraient de tout cela si Damenic confirmait son état.

En fin de matinée, les trois s'activaient lentement. L'opération gâteaux fut lancée par Fathia et Cerièra, pour en proposer à la docteresse. La jeune égyptienne ne savait qu'une chose : qu'un médecin devait venir pour «la fatigue» de sa mère, et n'avait heureusement pas posé davantage de questions. Le camp était calme, autour du brasero une odeur de miel… c'est comme ça qu'on «reçoit», à Tounis : simplement, dans un confort spartiate, mais avec le sourire et la convivialité dans les détails de recettes improvisées et de verre volontiers offert.
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Ceriera
Pendant que de l'eau chauffait sur le brasero, Cerièra se réveillait doucement en pinçant les cordes de sa mandoline. Quelques mots, quelques notes, qu'elle avait en tête, cherchant encore leur enchaînement tout en notant dans son carnet.
La mélodie, surtout, car les paroles étaient à peine fredonnées. C'est qu'ils n'étaient pas seuls dans les roulottes de Tounis : celle d'Aryanna était non-loin, et Sloan avait amené la sienne. Or, ils s'étaient bien dit de n'en parler à personne avant d'être certains, avant que Damenic leur confirme, peut-être, que la brune était «pleine de vie».

♩♫♩ Nous t’apprendrons, mon ange
            À lutter chaque jour
            Pour que ce monde change
            Pour un peu plus d’amour* ♩♫♩

Mais Cerièra «débordait», et son petit cœur trop tendre s'exprimait déjà, lui, en musique. À voix basse, pour que les oreilles alentours n'entendent, pour les plus aiguisées, que les notes, que la mélodie.

Je t'aime déjà, pourvu que tu existes pour de vrai…

Certes, ils ne se mettraient pas en route pour le voyage qu'ils avaient prévu avant d'être certains, mais finalement ce contretemps était presque secondaire pour la griotte. L'essentiel, c'est qu'elle bouillait tout simplement de savoir. Qu'elle devenait presque dingue à devoir répondre à ses plus proches, surtout à sa sœur «Ça va, ça va… quoi de neuf ? Oh, rien de spécial… une charpente ?» Une charpente… c'était devenu si secondaire à ses yeux, c'est pourtant ce qu'elle «servait» à son entourage.

Impatiente, la brune reprit plume et parchemin… se pouvait-il que Damenic l'ait oubliée ? Avait-elle eu un problème en chemin ?

    À la docteresse-soldate, Cerièra a écrit:


      Tolosa, le 8 mars 1465

      À ma docteresse préférée,

      J'espère que vous n'avez pas eu de problèmes en route, perdu votre matériel, vos connaissances ou… que vous ne m'avez pas oubliée. Chaque jour je guette votre venue, et je deviens folle de devoir taire à tous ce qui fait tant s'emballer mon cœur faute d'en avoir la confirmation.

      Quoi qu'il en soit nous vous attendons avant de nous mettre en route. Quelques gâteaux vous attendent, notre grande apprend en cours de Maintien des recettes délicieuses. Ne les laissez pas sécher ou se faire dévorer sans vous.

      À très bientôt, j'espère,







*Renaud ~ Malone, juste pour le plaisir parce que la trouve troooop jolie

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Damenic
Le message de Ceriera a fait un long trajet pour une bien courte distance ! Il lui arrive quand elle aperçoit la roulotte décrite par ses amis.
Elle prend quand même le temps de le lire, avec les battements du coeur qui s'accélèrent : faudrait pas qu'il soit arrivé un malheur...
Mais le sourire s'élargit sur les lèvres de la blonde.
Elle toque à la porte de la maison sur roues, qui fait remonter à sa mémoire toutes les routes, tous les itinéraires, toutes les aventures vécues avec Trol et leurs enfants dans une semblable maison...
Elle rejette les souvenirs douloureux d'un revers de main au moment où Sowelo ouvre leur nid.

Pardonnez moi d'arriver si tard... mais les inconvénients de mon nouveau métier...et le mauvais temps ont fait que je n'ai pu partir plus tôt...

elle leur raconterait les détails plus tard, et seulement s'ils voulaient à tout prix les savoir...!

Un coup d'oeil à Ceriera lui suffit pour se confirmer le diagnostic qu'elle a formé sans voir !
Elle les embrasse chaleureusement, cherche où poser sa pelisse de voyage : il fait bon, chez eux...

Je suis venue à pieds, finalement ! ce qui explique en partie mon arrivée plus tardive que prévue.

Elle s'empare des deux mains de son amie, à moitié pour réchauffer les siennes, gelées... à moitié pour savoir comment elle va... Si les gens soupçonnaient ce qu'on peut savoir rien que par les mains, ils les garderaient soigneusement dans leurs poches !

Hmmm... vous avez l'air de vous porter comme un charme, Cerise, bien que je vous trouve l'air un peu fatigué...ajoute t elle en lui faisant un clin d’œil complice.
Je suis à votre disposition... mais je boirais bien quelque chose de chose de chaud pour commencer...
Ceriera
Des doigts qui toquent sur la porte de bois de la roulote, un vairon qui va ouvrir, la voix connue d'une blonde attendue. Cerièra se lève d'un bond pour aller la saluer.

Damenic, vous voilà ! Vous êtes là, c'est bien le principal ! Dans un geste bien naturel, elle la libère de sa pelisse qu'elle dépose sur l'un des coussins où la chaurienne sera invitée à s'assoir. C'est que la roulotte s'est vue meublée d'une partie des trésors que Cerièra a ramenés de leur périple alexandrin. C'est un bout d'orient ici, que ce soient les roulottes comme l'hôtel de Tounis lorsqu'il sera terminé. Fathia n'a pas de quoi être dépaysée, si ce n'est par la douceur printanière qui tarde encore un peu à s'installer. Le mauvais temps ? Oh, mais vous êtes venue à pied ? Ma pauvre… quelle idée ?

Les mains dans celles de la blonde, la griotte se livre un peu le temps que l'eau soit chaude. Je me porte bien oui, si ce n'est que j'ai l'impression d'être une vraie marmotte. Si j'ai bien ce que vous croyez, je crois que j'ai de la chance. Une connaissance me disait hier avoir été prise de vomissements, moi je n'ai que des fringales ! Ah, et… heu… jamais très à l'aise pour aborder les choses un peu intimes, Cerièra lui montre donc le bustier qu'elle porte depuis quelque temps pour maintenir sa poitrine : Ceci m'est d'un grand secours aussi, pour mon confort.

Ah ! Bloub-bloub, fait l'eau sur le brasero. C'est chaud ! Cerièra délaisse un les mains de son amie… Installez-vous, je reviens ! … et revient assez vite en effet. Il me reste un peu de thé ramené d'Alexandrie l'été dernier, ici. En voulez-vous ? Je n'en fais pas souvent sinon il serait parti à toute vitesse ! Quelques pas ça et là dans la roulotte pour amener le thé, les gâteaux faits avec Fathia – des étouffe-aristotéliciens bourrés de miel, juste comme il faut – et Cerièra s'assoit à son tour en tailleur sur un des coussins, près d'elle.

Faites-vous plaisir, réchauffez-vous un peu… je vous suivrai à votre cabinet quand vous serez un peu remise de votre marche.

Un sourire, et la brune tape déjà dans les gâteaux. Fringale.
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Damenic
Dame a réussi à se caler entre les coussins...elle n'est pas dans une condition intéressante comme Ceriera, mais il lui faut bien admettre que, depuis que Trol est parti, elle s'est un peu - beaucoup ? - arrondie... et puis... elle prend de l'âge, sans en avoir l'air !
La brunette revient avec une théière fumante et odorante !

Hummm.. ça sent bon ! Bien sûr que j'en veux !

Elle décroise et recroise les jambes dans l'autre sens... prend le bol des mains de son amie et pioche dans l'assiette de petits gâteaux.

En tant qu'ancienne boulangère, j'ai l’impression que j'ai encore à apprendre ! dit elle en agitant un gâteau au miel. M'en donnerez vous la recette ? ou est ce un secret que vous avez ramené en même temps que le thé ?

Le temps passe vite à bavarder de tout et de rien, mais Damenic n'est pas sûre de pouvoir se lever toute seule...Elle a les jambes tout ankylosées...
Ceriera
La brune sourit à la remarque de la blonde, elle-même n'étant pas une pâtissière chevronnée.

C'est notre fille adoptive Fathia que nous avons ramenée d'Alexandrie, c'est une recette de chez elle que nous avons réalisée toutes les deux. Ah, mince, je ne sais plus comment ça s'appelle… elle se lève et passe la tête par la porte de la roulotte… Fathia ? 'ayn 'ant ? Fathia ?

Elle se rassoit devant l'assiette de gâteaux et les bols de thé, attrape un parchemin et commence à griffonner la recette dessus. Elle doit encore vadrouiller aux alentours, elle est pire que moi ! Je vous dirai le nom plus tard. Dans un sourire amusée elle tend la recette à Damenic : C'est un peu long à préparer, faites-en une certaine quantité d'avance.

Et oui, le temps défile tout seul à parler de tout et de rien, de ces toutes petites choses qui sont font les moments simples de la vie. Une fois les bols bus, Cerièra adressa un sourire à la chaurienne, c'est qu'elle avait tellement envie d'être fixée !

Dites-moi Damenic… heu… m'examiner… pouvez-vous me dire comment cela va se passer, à quoi je dois m'attendre ? Question d'une brune avec un peu d'appréhension, ou essaie-t-elle d'évaluer à quel point elle laisse Sowelo l'accompagner ? Et… nous mettrions-nous en chemin ?
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Damenic
Mine de rien, l’œil du médecin est là, qui observe les attitudes, les réactions, les façons de bouger de celle qu''on peut considérer comme une future maman. Plus elle la voit, plus elle est convaincue de deux choses : Ceriera est bel et bien enceinte, elle se porte à merveille...
Et elle est plus belle que jamais ! son œil brille en parlant de la jeune fille qu'ils ont ramenée d'Alexandrie, sa main est vive quand il s'agit d'écrire la recette des gâteaux..
Quelle femme...

Quand Ceriera lui propose de se mettre en chemin, Dame pose son bol de thé vide, masse ses jambes où il lui semble que des colonies de fourmis crapahutent ! puis capitule et lui tend ses deux mains en riant

Pfff... je réclame aide et assistance ! Une main pour vous, et une main pour Sowelo ! s'agirait pas que vous vous fassiez mal en soulevant votre médecin !!

Elle attend d'être debout pour répondre aux questions, bien légitimes, de son amie.
Elle prend son temps, tout en enfilant sa pelisse sans la fermer, pour lui expliquer et lui décrire en quoi consistera l'examen.
Puis, fronçant les sourcils, sans quitter Ceriera des yeux, elle ajoute

Si Sowelo n'y voit pas d'inconvénient, sa présence n'est pas indispensable, au stade où vous en êtes...mais loin de moi l'idée de le tenir écarté de notre entretien !
C'est vous, vous deux, qui décidez...

Elle enfile ses gants, le plus lentement possible, pour leur laisser le temps de choisir s'ils viennent à deux ou pas jusqu'à son cabinet...
Ceriera
Relever Damenic, d'abord. L'aide de Sowelo est bienvenue parce que bien qu'en parfaite santé, la brune se traine quand même une fatigue du tonnerre. Elle s'inquiète un peu que la blonde ait besoin d'aide, mais se dit que l'abattement moral peut tout à fait nous faire perdre nos forces. Elle sait très bien comment le deuil lui a «coupé les jambes» elle-même, à l'époque, et ce qui l'a tenue en vie : prendre des responsabilités, bouger, s'obliger de vivre, et même si le choix de l'armée lui échappait un peu, tout ce qui pourrait aider la chaurienne à tenir le coup était bon à prendre.
Elle ne lui dit rien de tout ceci cependant, pour ne pas la ramener à ses souvenirs. Si Damenic a envie de parler, Cerièra écoutera, si elle préfère que les discussions soient autres, elles seraient autres. Même dans son exercice de clerc, Cerièra ne brusque jamais les choses.

Quelques mots échangés avec Sowelo maintenant. Que pense-t-il faire, suivre ? Ne pas suivre ? Celui-ci semble curieux, après tout n'est-ce pas lui qui a sollicité Damenic le premier ? Et puis il a le don de s'inquiéter pour sa cerise, Dieu seul sait ce qu'il lui réserve si le diagnostic est confirmé.

Nous vous suivons tous les deux !

Cerièra passe sa peau d'ours, referme derrière eux la porte de la roulotte, cherche des doigts ceux de son vairon, et le couple suit la docteresse dans les ruelles de la capitale, n'ayant aucune idée d'où est son cabinet.
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Damenic
Dame tape un peu des pieds pour faire redescendre les fourmis qui engourdissent encore ses jambes avant de se mettre en route avec le jeune couple, puisque Sowelo a décidé de les accompagner.
L'air lui fait du bien, elle aime marcher, le nez au vent et les mains aux poches.
Elle a laissé sa malette de toubib dans la roulotte : elle est mieux équipée à son cabinet et comme ça, elle est prête à intervenir à domicile si besoin est... mais besoin ne sera pas ! Dame et son sempiternel optimisme !

Elle jette un regard en arrière de temps en temps pour voir s'ils suivent !
Elle en ramène à chaque fois un petit sourire crispé de Sow , un clin d'oeil dubitatif de Ceriera, une assurance que tout va bien...

Nous sommes presque arrivés, c'est tout à côté de la place du marché. C'est pratique, à plus d'un titre...

Et Dame pense à tous les patients qui disaient à leur entourage qu'ils allaient faire les courses et qui venaient en catimini au cabinet se faire soigner, ou simplement rassurer...

Voilà ! c'est là ! dit elle en poussant une lourde porte en bois. Il suffit de traverser la cour, c'est au fond.

Ils entrent à la queue leu leu, déposent leurs manteaux sur le banc dans le couloir.
Dame les installe directement dans le cabinet tandis qu'elle va se laver les mains et s'entortille dans un grand tablier. Elle n'aime pas la grande robe noire... Elle ne la met que quand elle va visiter un bourgeois qui n'est pas de ses amis !
Elle invite Ceriera à se dévêtir et tend une chaise à Sowelo.

S'agirait pas que vous tourniez de l’œil en me voyant pénétrer là où vous avez vos entrées réservées...
Les hommes c'est fragile, en fait ! ça sait faire la guerre et tout plein de choses, mais la grossesse ce sont les femmes qui s'en chargent !
Elle ne parle pas, pas encore... de l'accouchement... ils ont le temps...
Mais son amie est en petite tenue, il n'est pas question de la faire attendre. Non pas qu'il fasse froid, mais il fait frais quand même.

Allez, en piste chère Ceriera ! Allongez vous là, que nous en ayons le cœur net et que nous puissions faire la fête !

Damenic troque son air rieur pour l'air sérieux et appliqué que lui donne le soin qu'elle apporte à son travail. Elle n'est plus que docteur à présent.
Elle a les gestes sûrs mais doux.
Le silence a pris possession de la petite pièce.
Le temps parait s'étirer.

Enfin l'examen se termine, et Dame adresse un sourire heureux et confiant à ses patients.

Permettez moi d'être la première à vous offrir toutes mes amicales et chaleureuses félicitations : vous allez être parents, dans à peine 6 mois, environ...
Ceriera
Tout lui semble aller très vite, à Cerièra. Elle a emprunté les ruelles toulousaines la tête toute à ses pensées, et elle n'a pas bien compris comment elle se retrouve à cet instant en chainse, dans le cabinet de Damenic, avec… hein ? Quoi ? Sowelo qui peut assister à l'examen ? Ha ça non alors !

La brune ne l'entendait pas vraiment de cette oreille. Déjà d'un naturel pudique, elle avait fait un effort surhumain pour se laisser examiner par Léanore, à l'époque. Faut-il vraiment que parfois elle ait besoin de réponses pour qu'elle accepte de se laisser aller avec une médecin. Le «une» a son importance.

Mais c'est son mari me direz-vous, et si enfant il y a… oui, certes, mais dans l'esprit de Cerièra ça n'a rien à voir. L'intimité amoureuse est une chose, la médecine… surtout celle-ci, en est une autre, et c'est une affaire de femmes. Il ne manquerait plus qu'il la voie comme ça !
Elle prend donc la chaise offerte à Sowelo pour la porter… dans le coin le plus reculé de la pièce.

Voilà, tu seras très bien ici mon cœur ! Ou comment éloigner l'époux, avec le sourire, avec un baiser volé, mais… et tu ne regardes pas ! sachant par avance qu'elle ne sera pas tout à fait à son avantage. Tout partager avec la personne aimée a ses limites.

Puis elle s'allonge, essaie de se détendre pour laisser faire son amie. Elle essaie de ne pas trop penser à ce qui est en train de se passer, ses yeux se posent sur un endroit de la pièce, et puis un autre… air de rien elle guette tout son qui pourrait provenir su coin où elle a «remisé» son amour pour l'instant, mais ce moment n'est que silence. C'est la blonde chaurienne qui le brise avec son verdict qui fait pousser à Cerièra un soupir de soulagement.

Dieu merci c'est bien ça !

C'est un sourire ravi qui s'étire sur son visage. Non qu'elle réalise encore bien tout ce que cela entraine, les réflexions et ressentis seront le fait des semaines à venir, mais la nouvelle la rassure : elle est fatiguée pour une bonne raison, et est tout simplement en bonne santé.
Ni une ni deux elle rabat sur elle sa chainse et se redresse. Son regard se pose sur Sowelo pour croiser le sien et l'inviter, d'un bras tendu ouvert vers lui, à les rejoindre. C'est qu'elle a encore quelques questions pour Damenic…

Mais dites-moi, est-ce normal que j'aie eu de petits saignements ? Ça n'était pas autant que des menstrues classiques, mais c'est pour cela que je ne me suis pas doutée de mon état.
Et… d'habitude les femmes ont des nausées non ? Pourquoi n'en ai-je pas ?

Va savoir que tu es enceinte quand tout dans ta tête te crie que «mais non, c'est pas possible, pas moi, pas déjà», et que les quelques indices qui pourraient te mettre sur la voie ne sont pas les plus couramment attendus !


Bien vu, elle est bien, à la consultation, en fin de premier trimestre de grossesse. Mais vu que je pense le jouer en terme de 2 mois IRL = un trimestre RP, démoulage dans quatre mois ! ^^
Et… désolée pour le délai, pfiouuu, je traine à écrire en ce moment !

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