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[RP] C'est gros comme un tonneau

Antoynette


Ma fille,

J'espère que vous avez perdu votre seconde main, et que telle est l'unique raison de votre mutisme à mon égard. Puisqu'Olympe sait scribouiller quelques mots, vous serez aimable de lui dicter la réponse que vous souhaitez me donner, car j'en attends une.
Quand cela sera fait, reprenez la route pour la Guienna. Si vous décidez de quitter l'Abbaye, je vous intime de m'en faire part en face.

Que Dieu vous rende un peu de votre raison,

Mère Ellya
 


Antoynette était-elle à Foix depuis si longtemps que ça ? Toujours est-il que le pigeon de sa supérieure Cistercienne lui asséna un atterrissage brutal. La jeune estropiée avait l'habitude de se faire secouer par Ellya. En général, ça se soldait par une réponse éclair, son retour tranquille et la reprise de ses habitudes à l'abbaye. Mais cette lettre-là lui fit un peu peur. Cette fois, elle ne ressentait pas de l'agacement, mais plutôt de la colère et de la contrariété.

La religieuse relut plusieurs fois la lettre, mais ne put se résoudre à y répondre. Pour dire quoi, d'ailleurs ? "Ah mince, j'ai pas vu le temps passer" ? Mère Ellya ne se contenterait sûrement pas d'une telle futilité. Elle avait toujours vu d'un mauvais œil l'attachement de sa protégée pour ses amis fuxéens.

Ancienne fuxéenne elle-même, Antoynette se sentait toujours une des leurs malgré ses vœux d'oblate. Depuis toujours, elle refusait de choisir entre ses amis et son mentor à laquelle elle était très attachée malgré son apparente absence de chaleur humaine. Aussi oscillait-elle fréquemment entre Foix et l'abbaye de Sainte Illinda.

Mais cette fois... le ton l'incitait à la prudence. Et une fois n'était pas coutume, c'est vers Cerièra qu'elle se tourna en lui montrant la missive, indécise quand à la conduite à tenir.

_________________
Ceriera
Même si Cerièra a toujours grand plaisir à revoir son amie lorsque leurs pas se croisent, pour elle Antoynette a «quitté» Foix, en esprit en tout cas, depuis bien longtemps. Ellya a gagné, «la secte» l’a avalée.
Car si elle évite de dire du mal trop de mal de l’Abbaye devant la désormais oblate pour ne pas la froisser, elle n’en pense pas moins. Et la lettre qui arrive sous ses yeux ne la dément pas.


Je ne comprends pas, il s'est passé quelque chose ? demande-t-elle à son amie une fois que ses yeux aient parcouru des lignes dont le ton ne l’étonne même plus. Cerièra vieillit. Où est passée sa fougue de jeunesse, celle qui l’avait fait écrire jadis à l’expéditrice, choquée qu’elle était, la griotte ? Quelque part avec sa naïveté, peut-être, au fond d’un tiroir.

Le fait qu’elle ne soit pas là-bas et ne donne pas de nouvelles, se voit-elle répondre. La chose lui échappe complètement, à celle qui préfère certes avoir tous ceux qu’elle aime autour d’elle, mais les laisse partir quand ça leur est nécessaire, comme elle a poussé sa sœur quelques jours plutôt à enfin prendre la tangente.

Et soudain, une idée bête. Oh non, Antoynette n’a pas perdu l’autre main voyons ! Il y a forcément une autre explication. Très rationnelle, si si. Une qu’Ellya n’a même pas envisagée : qu’elle soit séquestrée et empêchée d’écrire par ses ravisseurs !
Ce qui est absolument faux, évidemment, mais se traduit par un :


Je vais lui répondre que je te retiens prisonnière et que c’est pour ça que tu ne peux pas écrire.

Le propre d’une bêtise étant d’en entraîner une autre, la suite de la soirée fut dévolue, entre autres conversations, à déterminer une rançon.
Ça n’est qu’une fois les uns couchés et les autres partis que Cerièra prit la plume, chez elle, sur la table de la cuisine. Son époux ne dormait sans doute pas déjà, mais si elle l’avait rejoint pour écrire devant lui, elle aurait été gratifiée d’un sempiternel «Ma femme est folle».


Citation:

    Mère Ellya,

    J’ai bien intercepté votre courrier. Antoynette n’est pas en mesure de vous répondre car depuis son arrivée à Foix elle est séquestrée dans la cave de notre taverne. Elle est correctement traitée, repue et désaltérée mais ne peut s’enfuir sous peine d’avoir un ancien garde royal à ses trousses.

    Le prix pour sa libération est de cinq tonneaux de votre inimitable ambrée d’abbaye que vous livrerez vous-même à Foix, si vous voulez la retrouver. Je vous dis à très bientôt.


    Engrais pour potager de qualité premium



Mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? se demande-t-elle en signant.
Je suis folle, c’est pas possible. Hé oui, son mari n’a pas tort, finalement.

Mari qu’elle va rejoindre, d’ailleurs, une fois le pli confié à son corbeau messager. Parti, c’est parti ! Se glissant dans leur lit déjà chauffé, elle se demande : se peut-il qu’en dépit des apparences la mère sup’ ait de l’humour ? Interrogations qu’elle gardera pour elle, tout au plus marmonnera-t-elle dans un demi-sommeil trouvé au creux de l'épaule de Sowelo :
Toynou vaut bien plus que cinq tonneaux…
En effet, c'est une rançon aussi ridicule que le courrier !
_________________

Ellya
Je suis le funambule et j’aborde mon fil
Je le connais par cœur mais ce n’est pas facile
Je suis toujours fragile et puis la terre est basse
Je pense que mon fil, se pourrait bien qu’il casse


Les moines fuient devant le regard assassin de la Mère qui fusille chaque ombre qui passe à sa portée. Ils mettent cela sur le compte d'un énième mauvais jour : ce n'est pas nouveau, même si c'était plus diffus dernièrement. Ils fuient et elle se retrouve seule dans la riche bibliothèque croulant sous les dizaines d'exemplaires originaux et les plus nombreuses encore copies de textes sacrés. Ils fuient et, des heures durant, personne n'ose interrompre sa lecture inlassable de la risible demande de rançon.
Parfois, sa voix s'élève.

Stupide femme impie. Cinq tonneaux, et puis quoi encore ! Cinq, ce n'est rien. C'est non !
Parfois, elle n'est que murmure.
Et elle ne dit rien, cette idiote ? Cinq, c'est tout. Qu'ils aillent au diable. Mais pourquoi, pourquoi ?
Le reste, c'est le silence pesant.

Que j’ai peut-être peur ou bien peut-être pas
Et puis que je vous aime, vous qui êtes en bas
Que vous m’aimez peut-être, ou que je veux y croire
Qu’il me reste mon cœur et toute ma mémoire


Penchée sur une feuille vierge, la réponse se fait attendre. La Cistercienne se sent elle-même cassante à l'instar de celles automnales qui commencent à joncher le cloitre. Pourquoi fallait-il que Cerièra se dresse constamment entre son apprentie et elle ? Une aigreur se fraye un chemin dans son estomac. Jalousie ?

Mais je marche pourtant
Je marche lentement
Je ne veux pas penser
Qu’on me ferait tomber


Antoynette est une faiblesse.
Cela ne s'est pas fait en un jour. La Fuxéeenne a usé de patience, comme les vagues éraflent la côte, lentement, jusqu'à y creuser leur marque.
Ellya hait viscéralement l'idée d'être faible. Cela la rend cruelle.
La femme demande de l'alcool ? L'autre serait capable d'user de mort.
Garde à ce que le jeu ne tourne vinaigre ...


Citation:
Stupide femme,

On ne m'achète pas, on ne me commerce pas, on ne me chante pas.
Laissez libre de sortie Antoynette.
Vous n'aimeriez pas me voir débarquer à Foix, je vous l'assure.
Qu'elle m'écrive immédiatement.

Mère Ellya
Ceriera
Anèm, minja* ! Ça, c’est Cerièra en mode maman, en train de viser avec une petite cuillère en bois le bec de Solveig pour essayer de lui faire avaler la vague purée d’avoine et de légumes que la petite s’entête à bouder, tournant la tête sur le côté. Évidemment, ça en fout partout.
Une des nombreuses scènes d’un quotidien tranquille au pied des Pyrénées. Certains tracas sont derrières, d’autres sont à venir, et pour le moment tout est calme. Calme au point qu’Ellya est presque sortie de la tête de la griotte. Et que la cuillère trouve enfin sa destination :
Hihi, je t’ai bien eue !
Grimace de la petite, sourire satisfait de sa mère : laquelle est la plus gamine des deux ?

Un volatile vient la distraire de ce repas donné, le petite a un peu de répit et en profite pour s’essuyer avec sa manche – bon sang, qui c’est qui lave ? – pendant que la brune, elle, prend connaissance du courrier. Une écriture qu’elle n’avait pas lue depuis bien longtemps.

«Stupide femme» la fait doucement rire.
Ah, j’ajouterai ça à mon palmarès. Les mots doux d’Ellya, elle devrait en tenir une liste, se dit-elle.
«On ne me chante pas» lit-elle à voix haute. Ah ? Et bien écoutez-moi vous chanter !

♪♫ Mère Ellya
De Sainte-Illinda
De la bière amènera
Et son amie reverra ♪♫


La suite est moins légère. Menaces ? Cerièra n’ose y croire, pour elle la cistercienne aime à être froide, aime à faire croire qu’elle est capable de tout, mais sans doute son amour de Dieu l’empêcherait de se révéler plus cruelle que le premier hors-la-loi venu. Toutes ces pensées se déroulent dans sa tête quand une grimace naît sur son visage : après tout, elle ne la connaît pas. Et c’est une romaine, donc, méfiance.

Bon, en tout cas nous avons notre réponse. Aucun sens de l’humour.
Ma puce ?


Sa tête pivote vers la petite. Son bol est à moitié fini, l’autre moitié étant dispersée sur la table et sur son visage. Un soupir. Un coup de gant, un habit propre, et c’est la blondinette dans les bras et le courrier en main que la brune prend la direction de la maison de son amie. La «séquestrée» a bien son mot à dire.

On frappe ?

* toc toc toc * fait Cerièra. * toc toc toc * fait Solveig, par imitation, mais ça ne fait quasiment aucun bruit.
La lettre dépliée dans la main de la griotte n’attend plus que l’ouverture de la porte pour qu’Antoynette puisse la voir et en prendre connaissance. Aux deux femmes de discuter de la suite à donner.

* Allez, mange !

_________________

Arioce
Semaine de dingue. Bordel de semaine ! Je ne parvenais toujours pas à m’en remettre, à le concevoir, à l’imaginer. Ce n’était pas réel, pas possible. Et pourtant ! Bordel ! Moi, père ?! Enfin, oui, je le suis, de quatre enfants : Ariane, Richard Ulrich et Adiran. Quatre, bordel ! Je sais, j’étais là à leur naissance, sauf un. J’étais là lors de la grossesse de leurs mères, j’ai pu observer le processus, toucher le ventre, les sentir se mouvoir en son sein. Puis je les ai vus grandir. Quatre enfants, quatre oursons, pas cinq !
Cependant… cinq, pas quatre, mais cinq…

La folie de la révélation – car oui c’était fou ! – avait chamboulé mon ennui d’attendre. Attente d’une promesse qui ne se ferait finalement pas, il fallait croire. Ah, ces Piques, cette Lépreuse ! De la merde ! Quelle perte de temps ! Enfin, pas totalement…
Cela m’avait permis de me rendre en Armagnac, puis en Toulouse, à Foix. D’y recroisé Sœur Antoynette, une amie ou plutôt bonne connaissance, et également de faire la connaissance de Ceriera, que j’avais pu déjà croiser de multiple fois à divers évènements, sans jamais que l’on s’adresse la parole. De bonnes rencontres en sommes. Et puis Flora… Bordel ! Enfin.
Il en était venu une conversation sur une lettre qu’avait reçue Antoynette, de sa Mère Supérieur – je ne sais pas si c’est la bonne appellation – Ellya. Une femme dont j’avais eu la chance – le plaisir ? – de rencontrer lorsque j’étais Garde Royal, sous le règne de Keyfeya. C’était d’ailleurs aussi ainsi que j’ai rencontré Antoynette, qui suivait Ellya. M-re Ellya, une femme de caractère, une de la Duranxie, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ; pieds nus, ça fait mal. Le genre de femmes qui méritent qu’on porte intérêt. Un fort caractère oui, peut être dur, parfois froide. Le sorte de mélange du stéréotype de la Mère Supérieur frigide et sévère et la noble matrone qui sait tenir sa maison à la baguette, mais avec subtilité et une certaine douceur. Enfin…

L’idée fut de taquiner Mère Ellya. Qui n’aime pas plaisanter ? Beaucoup de monde, mais l’on s’en fout. Nous on aime se marrer. Alors il fut décidé de faire chanter la Mère de la Duranxie. Que savent faire les moines? La bière bien sûr ! Alors bière fut le prix de la libération. Et pour donner un peu plus de piment et crédibilité – ou pas – je proposais de m’inclure à algorithme. L’Ancien Garde royal, reconvertis en vilain preneur d’otage ; une carrière en devenir....
Donc plan avait été mis à exécution et moi j’étais repartis sur les routes avec… la cinquième oursonne, que je ne savais encore rien. Il avait été convenu que Ceriera me donne nouvelle de la combine et de la réponse de Mère Ellya. Chose qui fut faite en cette sainte semaine de l’effondrement de ma capacité à assumer mes actes. J’ai pas signé pour ça moi. J’assume tous, mais une gosse sortie de nulle part. Bordel ! Il n’y a pas prescription après dix ans, non ? Bordel !

Toute cette folie de la découverte de l’enfant cachée/perdue-sans-le-savoir, bouleversa mes plans et la réponse à la lettre tarda donc. Cependant, le calme revint – pour quelques jours – avec le départ de Flora pour son voyage vers la mer – me laissant ainsi l’opportunité de méditer et prendre la plume.

Spoiler:
Citation:
Sénher Arioce,

J'espère que vous vous portez bien et que votre périple jusqu'à votre bien mystérieuse destination est sans encombre.
Je dois vous remercier d'avoir récupéré le col de la part de Samaële pour sa cousine Arya. Grâce à vous, ma cliente a pu être servie. Que ne vous ai-je pas confié le paquet directement ! Si j'avais su…

Nous avons enfin reçu une réponse de la «Mère Sup'» qui, sans surprise, nous confirme son manque cruel d'humour. Je vous la recopie ci-dessous mais garde le courrier original.
Aurons-nous de la bière gratuite ? Dieu seul le sait, et c'est ce que nous découvrirons dans un prochain épidose. Ne ratez pas la suite de «L'oblate séquestrée».

Au plaisir de recroiser votre route, un jorn,

Cerièra T.-V.

____________________
Stupide femme,

On ne m'achète pas, on ne me commerce pas, on ne me chante pas.
Laissez libre de sortie Antoynette.
Vous n'aimeriez pas me voir débarquer à Foix, je vous l'assure.
Qu'elle m'écrive immédiatement.

Mère Ellya


Je relus la lettre, trempais la pointe de la plume dans l’encre et écrivis de ma plus belle écriture.

Citation:
À vous Ceriera J.-V.,

Je vous remercie de m’avoir écrit et transmit la réponse de Mère Ellya. La lecture fut… intéressante. Je reviendrais là-dessus.

En ce qui concerne mon voyage, cela ne se passe vraiment pas comme prévu, mais alors du noir au blanc et du blanc au noir. J’ai retrouvé celle que je cherchais, mais impossible de mettre la main dessus ; parait qu’elle est morte et croupis, moisie, quelque part à Saint-Liziers. De ce fait, je reste en ville, si jamais le Très Haut décide de la ressuscité, enfin, lépreuse qu’elle est, ce sera une demi-résurrection dans tous les cas. Cependant, je n’ai pas complétement perdu mon temps. Je vous en ferais peut être part lorsque je repasserais à Foix, dans les jours à venir. Mais peut être avez-vous croisé Flora, qui est en route pour Montpellier ; peut-être vous a-t-elle parlé de cette histoire folle.
Enfin…

Ce fut un plaisir de transmettre le colis, bien que cela ne se soit pas passé comme prévu. Le tout est que votre cliente parvienne à avoir son vêtement ; même si celui si doit passer par quarante pairs de mains différentes, hé hé.

Viens donc mon commentaire sur cette fameuse réponse d’Ellya. Eh bien... Je suis curieux ! Curieux de voir jusqu’à où irait Mère Ellya pour récupérer Sœur Antoynette, sans avoir à céder les tonneaux de bière demandés. Mais mes poils de barbe me disent que c’est un coup à ce que ça finisse mal, cette histoire, si l’on pousse trop à bout la Mère Supérieure. Et pourtant ! Ça serait un régal de s’y tenter, non ? Après tout, c’est vous qui prenez les risques, hé hé. Enfin, vous et Antoynette. Et justement, il serait fort regrettable qu’Antoynette ait à en pâtir, de cette farce. Donc si vous souhaitez continuer dans ce jeu, je vous demande le plus grand tact et maitrise des mots, pour que rien ne retombe sur Antoynette. Et si jamais vous avez besoin d’aide, vous pouvez compter sur moi.

Que le Très Haut vous garde des foudres de Mère Ellya – car je ne doute pas qu’elle soit capable de faire tomber l’éclair.
J’attends la suite avec une patience limitée.

Bien à vous,
Arioce Horn

PS : Saluer Soeur Antoynette de ma part et rappelez lui que si elle souhaite retourner en son abbaye escorté, je suis disponible. Merci.


Et hop ! Point final. On roule, on cache d'un peu de cire, on range dans le tube en cuir. Je fis ensuite appeler un coursier et lui remis la précieuse lettre ainsi que quelques écus, pour la course. Après l'avoir saluer, je revins à ma chambre d'auberge et me préparais à aller diner dans un bon établissement du coin, histoire de finir cette journée en beauté, et de ne pas trop pensé à la cinquième. Eh merde...

    - Bordel, je suis père !

_________________
Antoynette
La porte ne tarde guère à s'ouvrir. Non que l'oisiveté se soit emparée d'Antoynette, mais la religieuse attendait la réponse avec tant d'impatience que la moindre personne qui vient frapper à sa porte la fait bondir comme un ressors. La calme cistercienne est devenue un tantinet nerveuse, ces derniers jours. C'est cependant avec son sourire habituel qu'elle accueille Cerièra.

- Ah, je t'attendais. Bonjour.
Alors?


La question qui lui brûle les lèvres a failli sortir avant le "Bonjour". Cerièra lui tend la lettre et Antoynette la laisse entrer. Pendant qu'elle en prend connaissance, elle laisse Olympe lui sauter au cou. C'est toujours un bonheur également pour sa fille de revoir celle qu'elle a toujours appelé tata, même si aucun lien de parenté ne les unit. Et comme d'habitude, Cerièra doit jongler entre Solveig et la petite tornade rousse.

Le parcours de la missive est vite fait. Le ton est clair. Cette fois, la jeune estropiée ne pâlit pas, ne panique pas. Elle ricane légèrement et rend le parchemin à son amie.


- C'est à peine plus vindicatif que ce à quoi je m'attendais.

Maintenant, que faire? Elle hésite. Arioce doit revenir dans quelques jours à peine. Et elle doit lui faire savoir si, oui ou non, elle souhaite rentrer à l'abbaye. Si elle part maintenant, elle aura droit à une bonne dose de reproches. Si elle reste... elle prend le risque de perdre le peu de confiance qu'Ellya lui porte. Confiance qu'elle a mis des années à acquérir. A dompter, même.

Puis, un élément lui revient en mémoire. Si elle est à Foix, en ce moment, et si elle s'y attarde, ce n'est pas seulement parce qu'elle a promis de rapporter du miel. Un incident a fait naître en elle une contrariété qui pourrait très bien passer pour de la rancoeur: le voyage à La Rochelle. Elle s'assoit et raconte son histoire:


- Ellya cherchait Armenos, qu'elle appelle son ouaille. Elle m'a entrainée jusqu'à La Rochelle. Mais je crois qu'il était déjà reparti, alors elle a a quitté la ville... sans m'avertir. Je ne m'en suis aperçue que deux jours plus tard. Alors je suis rentrée à l'abbaye, j'ai rassemblé mes pots de miel, et je suis venue ici sans lui dire.

Elle baisse les yeux alors que le remord commence à l'envahir. Puis une idée germe dans sa tête, et elle retrouve le sourire. Elle plisse légèrement les yeux, et soumet son idée à Cerièra.

- On va jouer la-dessus. Et on va faire un peu monter les enchères. Même si je suis prête à parier qu'elle va trouver une excuse pour me faire encore culpabiliser.

Elle sort son encrier et une vielle plume et commence la rédaction de la réponse:



Ma Mère,

Ma main va bien, je vous remercie.
J'écris toujours aussi mal, mais puisque vous y tenez, je vous donne des nouvelles.

J'avoue me demander combien de temps il vous a fallu pour vous souvenir de moi. M'oublier à La Rochelle n'a pas semblé vous gêner. Moi, ça ma contrariée.

Pourquoi n'y retourneriez vous pas pour voir si j'y suis?

En plus des cinq tonneaux de bière, puisque la route pour y aller passe à Bordeaux, je ne serais pas contre un tonneau de vin.

La vie à Foix est clame, et Olympe a des camarades de jeux pour occuper ses journées. Elle s'épanouit bien mieux ici. Mes amis ont donc décidé de prolonger ma séquestration.

Que Sainte Illinda vous garde.
Soeur Antoynette


Elle se retient d'écrire Saint Georges, sachant combien Ellya déteste ce nom, porté par son ex mari qui se fait passer pour mort. Elle plaint l’archange, mais si elle pousse le bouchon en faisant sa rebelle, il n'est quand même pas question d'abuser. Du moins, pas tout de suite.

Vaillant harnaché, elle le laisse s'envoler en direction de la Guyenne.

_________________
Ceriera
Olympe n’est pas de son sang mais c’est toujours avec plaisir qu’elle revoit la petite. C’est que Cerièra a connu la petite dans son «ancienne vie», celle de jeune femme célibataire, studieuse et nomade, mais qui a toujours eu une affection profonde pour les enfants et particulièrement la fille de son amie. C’est volontiers qu’elle a joué la «tata» et qu’elle continuera autant que faire se peut.

Elle s’inquiète un peu aussi pour la petite rousse, sans rien en dire à Antoynette, ou en tout cas rien de plus que «Olympe se plait à l’abbaye ?» Car pour elle c’est bien clos et bien austère pour faire grandir un enfant. À l’inverse, on pourrait lui reprocher de faire prendre des risques à ses filles, surtout à la plus petite, en les trimballant par terre et par mer un peu partout où elle va. Mais lorsqu’elle voyage, l’idée même de se passer d’elles plusieurs semaines lui est impossible.

Le temps d’une embrassade, de déposer Solveig près de «la grande» – comme Olympe est grande pour elle ! – son regard revient à Antoynette qui vient de finir la lecture de ce courrier. Cerièra est très attentive à sa réaction, et surprise par celle-ci.
Pas de pâlissement, pas de panique, celle qu’elle a déjà vue par le passé en larmes au ton sec d’un courrier de la Mère Sup’ semble garder son sang froid.

Elle l’écoute narrer l’épisode rochelais : décidément, leur relation leur échappera toujours. Mais il est un fait qu’Antoynette ne se promène jamais complètement sans l’ombre d’Ellya derrière elle, que ce soit son évocation dans une conversation ou comme maintenant, via un courrier.
Cerièra hoche la tête mais sans commentaire… que dire à quelque chose qui ne regarde que les concernées ?

La décision, c’est Antoynette qui la prend de son propre chef, sous le regard ébahi de Cerièra.

Olympe, tu montres tes jouets à Solveig ?
Il faut bien que les petites s’occupent pendant que les mamans répondent, l’une la plume à la main, l’autre regardant plus ou moins discrètement sur son épaule, sans rien dire et en n’influant d’aucune sorte. Ce qui se déroule sous ses yeux l’épate : Toynou se rebelle. Le regard plus incrédule à chaque ligne, elle imagine déjà la furie de la blonde à la lecture du courrier.

Son amie est folle. Peut-être encore plus qu’elle, mais au final c’est elle qui connaît le mieux Ellya, se dit-elle.
Lorsqu’elle recevra, un peu plus tard, le courrier amical d’Arioce, elle se félicitera de n’avoir pas pris part à cette réponse. Car oui, il ne faudrait pas que ses bêtises à elle, Cerièra, ne mettent son amie dans l’embarras.

Mais là, Antoynette a fait son choix.
Et ça ressemble à la coupe du cordon.
Soit pour le pire : sa relation avec Ellya part au crash.
Soit pour le meilleur : leur relation devient plus horizontale et plus saine.

Désormais que Vaillant est parti, il est trop tard pour remplir Antoynette de doutes.

Nous verrons bien. est le seul commentaire qui sort de sa bouche.

Et si nous allions faire une promenade avec les filles ?
Ça s’appelle «lâcher prise», car ce qui est fait est fait. Autant donc se mettre sous les yeux de beaux paysages de rouille.
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Olympe
- Des jouets? Mais j'en ai plus!

Ça date du voyage avec l'armée de la Reyne. Pas celle là, l'autre d'avant. Mais Olympe s'en moque bien, de son nom. Maman et Ellya avaient fini ce qu'elles voulaient faire et elles avaient repris leur propre chemin. Et là, des méchants leur avait tout pris: l'ânesse, le poney, la matériel de couture de maman, l'argent, la nourriture... Et même les poupées de la rouquine. A l'arrivée dans la capitale, maman et Ellya s'étaient fait jeter en prison, et la petite s'était retrouvée à l'assistance publique. Mauvaise journée.

Les grandes personnes discutent un moment, et c'est avec joie qu'Olympe accueille l'idée de la promenade.


- Chouette, je vais pouvoir jouer avec mon amie invisible.

Maman a bien essayé de lui refaire une autre poupée, mais.. c'est pas pareil que Prunille. Olympe boude cette nouvelle amie au visage asymétrique, lui préférant celle de son imagination.
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Ceriera
Plus de jouets ?

Un regard incrédule de la griotte se porte sur son amie. L’événement lui semble «vieux» et elle peine à croire qu’Olympe puisse rester autant de temps sans jouets.
Évidemment, elle n’a pas connaissance de la tentative infructeuse d’Antoynette pour remplacer Prunille. Sans commenter davantage pour ne pas ajouter de pathos à cette journée, elle se promet de plancher dessus dès son atelier retrouvé.


Tu as une amie invisible ? Comment se nomme-t-elle ? Parle-moi d’elle.

Et toutes prennent direction des bois.
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Antoynette
Le regard étonné de Cerièra fait rougir Antoynette qui baisse les yeux. Quelle piètre image de mère donne-t-elle à son amie? Elle lui est cependant reconnaissante de ne pas poser de question. Elle sait pertinemment que Cerièra n'approuve pas tellement qu'une enfant passe sa vie dans un institut religieux. Bien qu'Antoynette lui assure le contraire, la griotte s'inquiète du bien-être d'Olympe. Elle ne peut pas lui en vouloir pour ça.

L'attaque datait, en effet. Et depuis, Antoynette n'avait pas racheté de nécessaire de broderie ni de couture. Elle s'était décidée à s'inscrire à l'université et consacrait désormais le plus clair de son temps à étudier. Et sans pratique, son "talent" semblait s'amenuiser. Olympe n'avait eu pour choix que de s'inventer une amie, faute de mieux.

C'est la la fois avec une certaine gêne et un grand soulagement qu'elle suit tout le monde pour la promenade.

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Olympe
- Elle s'appelle Illinda. Mais elle vient me voir que dehors.

Contrairement à sa mère, Olympe n'est absolument pas gênée se parler de ça. Sa main dans celle de Cerièra, elle vend même la mèche en marchant:

- Elle vient me voir depuis que maman m'a refait une poupée qui était un peu moche.
On joue à plein de trucs. A cache-cache, à cueillir des fleurs. Et des fois, elle me dit des secrets.


Et l'air de rien, elle continue, sans se douter que sa mère doit à nouveau rougir de sa piètre performance.
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Ellya
Bordel de bon Di... Réprimant sa colère, la Cistercienne se signa avant de quitter le pigeonnier d'un pas rapide et agacé, froissant la lettre dans ses doigts rigides. En bas des marches, elle déplia le feuillet après une expiration digne d'un taureau entrant dans l'arène, et relut les mots assassins. La Rochelle... Elle l'y avait effectivement plantée, en chasse d'une ouaille qui n'était pas Armenos mais Theodrik : elle ne le lui avait probablement pas même conté, trop occupée à ses propres affaires pour les partager. Eh merde. Voilà qu'il fallait maintenant se faire pardonner !
Pour ce qui était de le faire auprès du Créateur, elle était experte.
Là... Là... Cela dépassait ses compétences et elle se retrouvait démunie. Fragile. Encore.
Oui. Encore une fois : Antoynette était une faiblesse.
Et il faut mieux garder ses faiblesses enfermée près de soi.


Elle veut me voir ? Eh bien elle va me voir !

Quelques heures plus tard, un pigeon prenait son envol.

Citation:
Ma fille,

Vous aimez être séquestrée ? Fort bien ! Vous allez en avoir, de la séquestration.
J'arrive.
Vous aurez tout le temps de boire du vin et de ruminer ce léger oubli de ma part à La Rochelle derrière la porte de votre cellule !

Mère Ellya


Plus tard, une affiche fut placardée en gargote.

Citation:
Cherche escorte Guyenna / Tolosa
Aller retour
Grassement payé
Expériences requises : briser des portes ; ramasser des colis ; air menaçant exigé
Se faire connaitre auprès d'un gosse des rues si intéressé
Antoynette
- Houlà!

Le mot est à peine murmuré. C'est la seconde fois qu'Antoynette essaye de se rebeller face à Ellya, et c'est la seconde fois que son mentor lui cloue le bec! Antoynette se mord la lèvre inférieure. Son assurance s'envole bel et bien à la lecture de la courte missive. Loin de se douter de la culpabilité qu'éprouve Ellya, elle l'imagine plutôt furax. Et ça la met mal à l'aise.

**J'ai peut être abusé.**

Elle jette un coup d’œil à Olympe qui, avec les joues collantes et une moustache blanche au dessus des lèvres, prend tranquillement son petit déjeuner composé d'une tartine de pain au miel et de lait de chèvre, sans se douter le moins du monde de ce qui est en train de se tramer.
La jeune religieuse se freine pour ne pas la bousculer et la laisser finir tranquillement. Il ne faut surtout pas l'inquiéter. Mais dès qu'elle peut elle lui enfile son écharpe verte, celle là même qu'Aryanna lui a offert à son baptême, et fonce en ville.

C'est une Antoynette pâle qui entre au Bar Central et tend en silence la réponse tant attendue à Cerièra. En apparence calme, elle attend le cœur battant que son amie finisse la rapide lecture et s'en remet à elle une fois de plus.


- On fait quoi, cette fois?

L'estropiée décidée et sûre d'elle n'existe plus.
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Ceriera
Lorsqu’Antoynette passe le seuil du Central, Cerièra est en train de finir un courrier à un vigneron duquel elle ne recevra sans doute jamais de réponse tant l’homme est un «saisonnier». C’est à dire qu’il donne signe de vie une fois tous les deux ans, en moyenne. Ça n’est pas ça qui va aider la brune à choisir à quel endroit de Peyregoux elle va planter ses vignes !
Mais bref…

Elle relève donc le nez à la voir et sourit, comme d’ordinaire, ne se doutant pas qu’Antoynette est chamboulée par une réponse avant de voir la tête de la cistercienne. La lettre qui arrive devant ses yeux ne l’étonne donc pas.


On attend. Que veux-tu que l’on fasse ?
Elle dit qu’elle vient, on ne va tout de même pas fuir Foix !


Elle ne peut décidément pas s’empêcher de dire une bêtise pour alléger les tracas, toujours.

D’autant qu’elle n’a pas précisé si elle amène à boire. J’espère qu’elle arrivera avant que je parte, que je puisse réceptionner les tonneaux.

Bêtise, prise deux ! Car vu le ton de la lettre, elle ne s’attend pas à voir arriver des tonneaux mais plutôt une Ellya en pétard, peut-être même accompagnée d’un fou furieux comme elle sait si bien les dénicher.

C’est plutôt mignon qu’elle vienne te chercher…
Et puis au moins cette fois tu auras une escorte.


Soyons pragmatiques et voyons le bon côté des choses !

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Ellya
Chou blanc du côté de la Guyenne : aucun péquenot désireux de gagner facilement une centaine d'écus n'avait répondu à l'appel, et la Duranxie en était à se demander s'il fallait faire appel à l'ouaille immuable et monstrueuse qu'était Edvald. Elle avait cependant vite craint qu'il n'attaque Antoynette et s'était résolue à trouver une solution moins conflictuelle, jetant son dévolu sur un retraitant qui avait l'âme bien en peine puisqu'il méditait en l'Abbaye depuis près d'un an.

Citation:
Mon filh,

Votre silence et la contemplation dans laquelle vous vous plongez sont de mauvaises choses. Ce n'est pas en s'excluant des choses du monde que l'on en guérit.
J'ai grand besoin de bras pour m'accompagner jusqu'à Foix y récupérer une âme égarée.
Je vous ordonnerai bien de m'accompagner, mais j'apprécierais que vous le fassiez de bon gré.
En échange, je vous promets un pèlerinage revigorant.

Mère Ellya


La réponse ne tarda pas, de bon matin, tandis qu'elle retroussait ses amples manches pour ramasser les courges du potager.

Citation:
Ma mère,

je serai très heureux de vous accompagner. Pouvez-vous m'en dire plus ? ( date et heure de départ par exemple) . J'aime vous tirer ...les vers du nez.


Citation:
Mon filh,

Comme vous êtes obéissant, cela fait plaisir à voir !
Partons demain, soit vendredi soir. Je préparerai l'âne dans la journée : ça se bichonne, vous comprenez ?
Nous serons lourdement armés : bière et vin.
Habillez-vous chaudement.

Mère Ellya


C'est ainsi que la Cistercienne prit la route pour Foix, chargée de rançon et de colère.
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