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[RP] Les passagers d'Hermes

L_aconit
    5 janvier 1467



Des talonnières aux chevilles.

C'est ce qu'ils avaient souhaité. Partir, il y étaient. Précisément ailleurs. Là où l'aventure commençait tout juste. Pour le Montfort, sans au revoir poignants, ni lettres d'excuses, un au revoir sans promesses, un retour à la nature inespéré. Soutane rangée, Faust Nicolas redevenait l'Aconit, à quelques années près ... A quelques soulagements près. Comme toujours, Montfort se déplaçait à dix. Neuf pour cette fois ci. Un nombre qu'il appréciait. Chariots, traîneaux, charrettes chargées, malles bouclées, bye-bye adios. Les neufs cavaliers si dissemblables avaient franchi les portes de la ville dans les grincements des roulis, et puis bientôt les frontières du comté, dans les murmures et autres banalités du voyage. Ils feraient étape, commerceraient à n'en plus pouvoir, dénombreraient les fois où les femmes voudraient s'arrêter pour épancher leurs vessies. Laisser-passés en poche pour les premières murailles, Nicolas avait souhaité monter à cheval et tracer une ligne sinueuse sur la carte peuplée de rendez-vous. A la fin de la première journée, le convoi fit halte dans une échauguette où le fumet consolait les moins baroudeurs, et l'on fut surpris de voir un Aconit dévorer un sanglier.

Premier repas de la journée, emplissant cette panse bientôt décharnée de chagrin, Nicolas se consolidait, pied posé où. L'oreille trainante aux conversations de cette si bigarrée escorte, Nicolas voyait cela de loin. Casas défendrait les joies de l'alcool pour masquer son regret de ne plus être accompagné de son italienne, Tabouret celui du Bushmills. Lyov et Lyanna finiraient de se chamailler un énième sujet. Madeleine d'éviter de parler de son veuvage. Kasia garderait ces yeux là sur sa belle Anna, son Anna belle, et on ignorerait un peu les moins causants qui resteraient au comptoir. Ainsi serait fait les choses.

Montfort aux malles jusque sous les yeux savourerait les silences comme les débats passionnés sans y participer . Ce n'est qu'à la fin de la journée qu'il consentirait un peu à abandonner ses airs taciturne, respirant à pleins poumons l'air frais comme retrouvé. Et qu'on le verrait parlementer avec les marchands ambulants du coin, en quête de trésors à négocier. Puis on prendrait des chambres séparées, s'assurant de laisser le lit froid pour aller en réchauffer un autre.

Pacte était entériné . Voyage débutait là. Des talonnières aux chevilles, comme des passagers d'Hermès.



RP ouvert aux rencontres et compagnons de voyage

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Anabelle7
    7 janvier 1467


Il y a ceux qui maîtrisent leur voyage et les autres.


Clairement Anabelle fait partie des autres. Elle détestait ce voyage avant même de le débuter. Pourtant, c'était pas faute de tout faire pour l'éviter. Bouder, argumenter, prévoir d'autres plans, et finalement céder. Céder à Kasia, trahir tous les autres. La belle affaire !

Le pire, ce n'est pas d'avoir fini par aller à Périgueux, ni de devoir faire mille détours pour rentrer à Rieux. Non, le pire c'est qu'elle s'impose une souffrance et une solitude dignes des plus belles #plumes. Et comme ça ne semble pas suffire à sublimer sa culpabilité d'avoir trahi ses promesses, elle impose son air lassé et désespéré à tous ceux qu'elle accompagne. Qu'importe ce qu'ils en pensent, elle ne se soucie ni du souvenir qu'elle laissera, ni des rencontres loupées. Elle ne désire qu'une chose : se donner bonne conscience. Et à son retour se faire pardonner.

L'avantage quand on voyage avec Kasia, c'est qu'il y a toujours quelques contre-temps, et cette fois ci il s'agit de devoir l'attendre seule à Rochechouart. Ca laisse un max de temps pour laisser libre cours à son imagination.

Elle a fait le compte de sa correspondance presque maternelle : cinq courriers envoyés pour un courrier reçu. Soit Lallie est surbookée par la couronne grand-ducale, soit elle est encore plus fâchée qu'attendu. Et soyons sérieux deux minutes, on parle de la Bretagne, l'activité annuelle doit à peine dépasser celle d'un cimetière de campagne. C'est forcément la colère. Que fera t-elle quand elle la retrouvera ? Elle va devoir s'agenouiller, au moins. Pleurer aussi, beaucoup. Avec un peu de chance, dans trois mois c'est oublié. Deux mois et demi si la fleur d'oranger fait son effet. Il faut croire que c'est ancré dans sa nature profonde : même quand elle se plonge volontairement dans les profondeurs de la tristesse, Ana garde une lueur d'espoir. Elle vit en positif, c'est plus fort qu'elle.

Mais Grannass ? Que lui dire ? Elle est loin de lui et paf ! Il se blesse. Une blessure intime, qui doit faire bien mal. Elle devrait être à ses côtés, occuper son esprit, participer aux Teatimes, admirer ses cheveux aux boucles si parfaites, choisir les tissus de ses futures tenues, partager son quotidien si stable qui lui fait tant de bien à elle qui est si instable. Pire amie, tu trouves pas. Elle s'en veut, tellement qu'elle a failli pleurer en lisant son dernier courrier. En plus, ça ne doit pas arriver si souvent de se péter le frein, elle n'aura plus l'occasion de se montrer présente dans ce genre de situation pour faire oublier sa lamentable absence actuelle.

Elle est à deux doigts d'enchaîner sur un autre proche délaissé quand Kasia débarque, la délivrant du mal. Elle lui saute au cou, l'embrasse avec joie, volupté, soulagement, tout ça. Demain elles seront à Limoges, le voyage reprendra. Mais aujourd'hui elle est #inlove et aucune culpabilité ne pourra gâcher leurs retrouvailles. C'est peut-être pour ça dans le fond qu'elle a cédé, elle supporte bien mieux ses propres trahisons que l'absence de Kasia.



Faut quand même relativiser, se faire tacler sur Fifa 19 par un enfant de 11 ans c'est pire que la vie d'Ana.
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L_aconit
7 Janvier 1467

    Limoges


Au fil des jours, l'on vit le Montfort se découvrir un peu. Loin d'être à poil, encore moins à plumes, mais Zébré laissant sa pèlerine-rempart-courtepointe plus souvent dans ses affaires, et arborer des tenues un peu moins sombres à chaque halte faite. S’effeuillant de l'exuvie du deuil, comme s'il prenait moins d'ampleur à lui coller à la peau à chaque lieue l'éloignant de Périgueux. Rochechouart avait été escale plaisante, découvrant Canéda, Zolen et leur rejeton Juliette, fraîchement née et couronnant Tabouret d'un statut tout neuf de Parrain. Loin d'être à l'aise avec l'idée de s'occuper de nouveau d'un enfant, il fut soulagé de voir qu'on ne l'affublait pas de nouvelles responsabilités, autres que d'être le Maitre Medecin bienfaiteur ayant permis la venue au monde sans encombre de ce petit être nouveau. D'enfants, Nicolas faisait un deuil étrange, ceux des autres lui apparaissaient soudain comme une douleur trop vive, mais le sourire d'Alphonse à faire risette l'avait baumé. Quid de Confiture de Lait de Dieu lorsque l'on n'avait plus ni la soutane pour la bénir ni les bambins pour s'en délecter...? Taiseux mais observateur, il avait laissé son compagnon s'ébahir devant le visage poupin endormi, le revoyant aux premières heures avec Lug, et une étrange question lui traversa l'esprit: Et si Tabouret avait besoin de se refaire une paternité? Ils ne passeraient pas par Angers, et donc, ne verraient pas Antoine cette fois. Peut-être qu'au fond, l'un comme l'autre, Tabouret et Montfort avaient des deuils en commun.

Limoges en vue annonçait une trêve, pour la simple et bonne raison que Kasia avait raté le départ.

Oui. Il avait dit qu'il n'attendrait personne. Mais Nicolas étant Nicolas, gentillesse faite homme, il avait passé la journée à se retourner la cervelle pour chercher une solution . Comment faire pour récupérer celle qui était à la traîne sans perdre de temps sur le voyage...? Changer d'itinéraire. Et abandonner avec tout cela ses plans pour une foule de ventes grassement payées qui attendaient à Tours et à Angers... Le secret Montfort n'avait bien sûr rien dit à Kasia, prétextant que ce changement d'itinéraire était à l'avantage de tous: il leur faisait gagner quelques précieux jours qui permettraient de pauser à Limoges pour qu'elle les rejoigne... La culpabilité, il se l'était bien trop imposée jusque là sans la coller dans les pattes des autres. Détermination scandait en agitant sa bannière, Nicolas avait promis à Alphonse d'être Heureux.

C'est au détour d'une taverne Limousine donc, qu'il entendit la légende entrainante d'un fantôme errant vers Blaye, l'âme égarée d'un pauvre Troubadour amoureux, un nom qui se trouva sur la liste des choses à faire avant de mourir: s'il avait à grand peine raté l'occasion de faire découvrir le fantôme de La Rochelle à Alphonse, il ne raterait pas celle de cette bizarrerie là. L'Exorciste connaissait son affaire, voilà qui ferait un excellent divertissement de voyage lors d'une prochaine halte portuaire. D'ici là, qui sait, Nicolas aurait vaincu sa peur.

La nuit s'était approchée sur la ville, capitale animée. Un pli lui fut livré , retour des Laissers Passer demandés, dont la lecture lui tira un froncement de sourcil. Chambre mitoyenne fut rejointe et la mince silhouette foula le lit sur lequel il s'allongea, posant une simple question à Tabouret.



La Tourraine m'informe que deux individus dans la liste de nos compagnons ne sont pas les bienvenus sur leur sol pour être connu pour des troubles commis dans le passé... Une idée ....?


Et qui soupçonnait-on quand on criait aux méfaits? Les basanés. Casas se faisait bien silencieux ces derniers jours...

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Anabelle7
    9 janvier 1467, La Trémouille



Levée d'une humeur maussade. Comment avait-elle pu passer d'un tel état d'excitation joyeuse à une telle mélancolie en l'espace de quelques heures ? Elle écrit des petits mots dans le vent, des pensées qui volent vers leurs destinataires sans jamais les atteindre - à part peut-être Granny, rapport à leur lien si spécial #connect -, des vérités qui restent accrochées dans son silence des choses sérieuses. Enfin techniquement, si on oublie le style et toutes ces conneries, Ana est juste en train d'écrire des mots et de les foutre au feu au fur et à mesure. Et ça donne à peu près ça:

    "Kasia, je t'aime, j'ai si mal parfois de t'aimer, j'ai besoin d'absolu et de certitudes, tu me fais tout oublier. "

    "Lallie, je rentre, je rentre, je rentre, je rentre..."

    "Camille, pardon, je ne vous hais pas, je ne crois pas que vous me haïssiez non plus."

    "Gwen, pardonnez-moi."

    "Bahia, pardon de te décevoir."

    "Liz, diantre Liz ! J'arrive."

    "Granny, j'ai encore été instable, j'ai besoin de votre stabilité, si vous saviez. Je crois que vous savez, que je sais, que nous savons, que tous savent."

    "Mère, vous n'aviez pas le droit. S'il était acceptable d'insulter les défunts, je vous écrirais d'aller vous faire foutre."

    "Père, j'ai besoin de quelques centaines d'écus."

Le dernier frôle les flammes mais revient bien vite à température ambiante. Il sera envoyé. On peut très bien être honnête et se surprendre à être vénale.

Elle s'arrête, lance les parchemins vierges dans un mouvement de colère très contenue puis elle se lève. Hier, elle a encore eu peur, cette peur poignante et détestable de ne pas suffire, de ne pas être assez, de tout perdre encore. En quelques mots de Kasia tout s'est déclenché. Pour rien, pour si peu. L'espace de quelques heures elle est redevenue la petite fille de dix ans qui voit sa mère mourir et qui ne peut rien y faire, trop consciente de ne pas avoir été un argument valable pour éviter le geste funeste.

Rien ne semble changer et pourtant ! C'est pas grand chose, c'est discret. Pour la première fois depuis le début de ce voyage, elle décide de ne pas s'enfermer dans sa solitude. Elle se protège contre le froid et sort, déterminée à croiser l'un de leurs compagnons de voyage. Le premier qu'elle croisera deviendra tout l'objet de son intérêt. Vivre est son seul remède contre cette foutue instabilité qui la hante.

Du coup si elle croise personne, elle mangera, c'est pas mal aussi.

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Cidji_plume
11 janvier 1467 - Thouars


Elle dormait à cape fermée quand l’Angélus se mit à raisonner dans sa chambrette à la poussière ancestrale.
Le curé semblait être de bonne humeur, les cloches tintaient de leurs plus beaux sons métalliques. Pourquoi autant d'entrain ce matin?
Hier le silence avait baigné le village toute la journée...
Une paupière s'ouvrit puis deux encore protégées par la capuche couleur sienne.
Il faisait encore nuit , en cette heure si matinale.
La brune se leva toutefois, versa un peu d'eau dans le récipient posé sur une table branlante, et se fit une petite toilette de chat.
Son museau propre, elle descendit en faisant attention aux marches vieilles de plusieurs siècles.
Elles grinçaient... et cela amusait la jeune femme qui parfois faisait un pas en arrière pour entendre de nouveau la note boisée.
Le tavernier la regardait d'un oeil ébaubi.

L'encapuchonnée paya son dû sans rien manger. Son estomac n'aimait pas être dérangé avant que le soleil ne soit au plus haut dans le ciel.
Les mains dans ses poches, elle se dirigea vers le marché.
Le groupe du sud était arrivé et on lui avait fait part que le volatile commandé attendait sa future propriétaire.
Toute son enfance et adolescence, la jeune femme avait eu la chance de vivre dans un monde de riches avec une mère adoptive qui assouvissait chacun de ses caprices de vieille bourgeoise.
Un jour, sa pseudo maternelle fit construire une énorme orangerie dans le parc, où elle y avait fait disposé des arbres de pays chauds aux odeurs d'agrumes enivrantes.
A travers cette petite forêt intemporelle, de nombreux oiseaux virevoltaient, cela allait du moineau au flamand rose, en passant par des oiseaux exotiques.
Et tous les matins Cidji_Plume à l'époque Clarisse (mais ça c'est une autre histoire) adorait aider les employés à donner à manger aux volatiles, à les soigner si besoin, tout en observant ce petit bout de nature emprisonné dans cette boule de cristal.
Plus d'une fois , elle oubliait de fermer la porte de la verrière, pour laisser s'envoler quelques spécimens, ..
Elle sifflotait l'air de rien et son visage angélique lui donnait le bon Dieu sans confession..

Alors, en ce jour, elle avait eu envie de poursuivre son chemin de vie avec un oiseau.
Pas n'importe lequel, un faucon...un volatile que l'on pouvait apprivoiser mais qui pouvait partir des jours et revenir avec fidélité.
Le rapace pouvait se défendre contre les autres oiseaux contrairement à un passereau ou un pigeon .

La vagabonde avait mangé un bon morceau de viande, la veille, elle en avait prélevé quelques morceaux, qu'elle avait enveloppé dans un mouchoir.
Un parfait cadeau de Bienvenue pour "Horus" , un signe de confiance aussi.
Elle lui avait déjà choisi un prénom, et pas n'importe lequel...celui d'une des plus anciennes divinités égyptiennes à la tête de faucon, ... Dieu protecteur ...
Plume croyait en certaines choses, certaines énergies, liens, entre le monde visible et invisible.
Ses cartes étaient déjà un de ces liens, mais le faucon en était un autre...

Elle arriva sur la place et vit une cage recouverte d'un chiffon.
Elle s'approcha , un homme d'une belle stature aux cheveux blonds immaculés était là.


Messire Laconit?
Elle s'approcha timidement, je suis Cidji-Plume... la commanditaire du faucon..
Ses jades cherchaient maladroitement les écus dans sa besace, la prestance de l'homme la rendait fébrile.
Elle tendit les pièces puis sans attendre, et un peu sauvage ou mal polie, ou encore curieuse, spontanée comme une gamine,
elle souleva le voile et vit cet être emplumé au regard apeuré.


Hééé... n'aie pas peur mon beau, regarde ce que j'ai pour toi...
Elle sortit de sa poche son mouchoir et offrit les morceaux de viande au prédateur qui garda ses distances...

Elle planta ses yeux dans les siens pour qu'il voit en elle , qu'il comprenne qu'elle lui rendra sa liberté et qu'elle lui donnera le choix de rester ou de s'envoler...
Plume était captivée par "Horus" elle en oubliait le monde qui lui tournait autour...

Mais par respect , elle attendit que la transaction soit terminée. elle laissa tomber au fond de la cage les mets sanguins, puis revint vers l'évêque.
Le soleil commençait enfin à se lever sur le village.








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Alphonse_tabouret
Limoges, Dans la chambre, lundi.




Juliette a un visage d’ange. Yeux gris encore incertains crèvent le monde des interrogations ouateuses qu’entretiennent les nourrissons aux horizons qui les entourent, joues roses et douces ne souffrent d’aucune ombre, bombances pleines de santé auxquelles on trouve la douceur d’une bouche humide et ses doigts, minuscules extasient le détail à l’aune de ces ongles minuscules qui viennent les sertir.

Surprise, l’âme de Tabouret s’est fracturée d’une tendresse condamnée à ses propres reproches, nivelés d’aigreurs amères et dans ses bras, filleule à peine née a brisé le cœur en même temps qu’elle l’a libellé d’une marque nouvelle, poinçonnant vérités en couleurs vives au terne de cendres soigneusement entretenues depuis des mois ; car au cœur de Paris, comme à celui de Vésone, le deuil des enfants n’est pas nouveau.
Saint Noël a achevé au talon ce que le temps avait assis ; à l’été, Salomon s’en est allé aux conflits des ordres et des désirs épinglant à l’âme de Faust les premiers givres des solitudes. A l’automne , Antoine lointain n’a pas retrouvé le chemin des bras paternels, guerre ravageant les routes et les campagnes jusqu’à figer les perspectives, et à l’hiver, Saint Front léchant le ciel de fumées enflammées a englouti d’horreur les joies simples des rires enfantins peuplant la vie de Périgueux et épanchant les absences de leurs présence multiples .
Par trois saisons, l’on est mort d’une douleur juvénile, et pourtant hier, Juliette, pomme d’à peine quelques jours, a ouvert l’aorte blême d’une absurde constatation : Pour vivre, il faut respirer.

La porte qui s’ouvre sur le couloir embrumé de nuit agrippe l’attention et la silhouette qui vient tiédir son flanc d’une verdure, fend l’introspectif silence d’une question :

La Touraine m'informe que deux individus dans la liste de nos compagnons ne sont pas les bienvenus sur leur sol pour être connu pour des troubles commis dans le passé... Une idée ....?

La voix de Faust chasse toutes les grisailles, dresseuse d’attentions, belluaire de chimères, et délaye au ventre cet étrange manque qui a germé d’une rencontre jusqu’à la réflexion. Noms sont passés d’abord passés à la revue méthodique des acquis, des certitudes avant d’être délaissés d’une langueur; les doigts de Nicolas viennent de défaire le ceinturon de ses braies.





La Trémouille, Un pied dedans, un pied dehors, Mardi.




Faust aura rejoint Alphonse dans les courses des chiens en concurrence, glanant au fil du chemin des herbes et des écorces, puis au terme d'une longue ballade à deux, aura murmuré au creux de l'esgourde Faune des envies de sieste crapuleuse. A la peau tant aimée, aux odeurs adorées, repoussant à plus tard le bain qui les effaceraient.

Dans la petite chambre d’auberge, forêt a été ramenée ; l’on trouve au sol propret quelques écorces renversées, l’une écrasée à l’empreinte d’un talon et un bouquet d’herbes qui, abandonné trop vite, est tombé de la table où on l’avait posé.
Face à face, amants se sont consumés de gestes, d’odeurs, de confidences ; "J’aime quand tu me touches", "Tu sens bon", "Encore", autant d'idiomes que l’on sème à l’aune d’une respiration déjà entrecoupée, la chair avide, les lèvres pleines de promesses. Épeires ont couru, dévalé, empaumé, les cheveux ont été dissous aux doigts, la bouche à la bouche et les corps d’une étreinte agenouillée ont fusionné d’un monstre, d’un appétit titan, d’une envie bariolée.
Brun sur blond, mêlées aux voyelles brèves des plaisirs qui n’ont rien de coupables quand ils sont faits d’échos, Âmes s’en sont allées rêver à d’autres cieux. La main de Faust aux reins d’Alphonse s’est contractée d’une mesure, celle d’Alphonse à la gorge de Faust s’est abimée d’une déclaration, et noirs penchés aux bleus, ravagés des lancinances de ces instants parfaits où fondus l’un à l’autre l'on n'existe plus qu’à l’unité, ont frisé la démence d’une jouissance commune, aérienne, entière.
Faune est resté assis, traversé d’une queue palpitante, pulsant de son assouvissement, créature affamée de chaque remous, de chaque étincelle arrachée au chaos de la vie, et se penchant sur son homme dont le ventre blanchi brille d’une luisance, a murmuré des mots comme une mélodie, déclinant d'un sourire, le bain à venir : "Ton odeur, sur moi, à moi, en moi… je la garde."






Poitiers, A table, Jeudi.




Les heures au voyage se succèdent avec de brèves haltes, dormir quelques heures, se sustenter, soulager les besoins inextinguibles. Besoins pulsionnels puissants. Alphonse, Alphonse, Alphonse... Toujours ce corps-ancre qui rassure, et assure la tranquillité des repos. Des siestes. Des Après. Corps errant sur le lit, nez à la recherche de son odeur, l'omoplate saillante. S'empoigner. Glisser est Maitre-mot. Fourrer sa queue n'importe où mais la glisser pour apaiser les tourments. Les tensions. Comme on presse sur la détente. Glisser la main sur la ligne d'une mâchoire ouverte, y caresser le ressac d'une succion. Glisser dans ce dos, glisser le bras contre cette gorge aux tendons distendus. Frotter son menton contre une oreille désorientée aux chants des sirènes. Elargir. Ces doigts sur ce torse doucement gaufré. Flexible. Vivant. Gonflé de renaissance. Midi a tout juste sonné et donné. Ecouter haleter le cœur, comme les gréements sous les voiles. S'étendre comme un chat, sur le gabarit de l'autre. Ne parler plus que par onomatopées, se faire oublier. Réduire le périmètre des perceptions à un unique échange multiple. Se reproduire d'une fausse autorité. Accoucher d'un orgasme. Long et profond aux ondes courtes. Laisser s'éteindre le feu et s'étreindre les minutes qui retrouvent leur longueur de temps. Les heures au voyage se succèdent avec de brèves haltes, dormir quelques heures, se sustenter, soulager les besoins inextinguibles.




Thouars, orteils dans l’eau, vendredi.


Au matin, parchemin annoté d’une encre bichrome a laissé ses lettres à la chambre de Faust. Veille a vu un vélin s’échanger d’une parenthèse en glissant à la table d’une auberge poitevine, survolé de conversations auxquelles se mêler quand l’ancre sillonnait les tempes d’une première réalité.


Citation:
An Archos
Le chat à la fenêtre

A toi le dernier mot. A moi, ta première peau.





A quatre mains
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L_aconit
10 janvier, Poitiers.

    - Melvil.
    Alphonse_tabouret lâche prénom au vent frais de janvier.
    - Quoi, Melvil.
    - C'est le nom que je donnerai à mon fils si j'en avais encore un.
    - Melvil...




Oricle venait de rentrer dans leur vie, par une porte discrète, si discrète qu'il ne fut pas remarqué. Était-ce parce que Montfort avait anesthésié et tué dans l’œuf la sensation étrange et piquante de refaire un chemin déjà emprunté, marchant dans l'exacte sillon de traces plus anciennes et figées à la tourbe depuis desséchée? Oricle avait dix sept ans. Là où Jorgen n'en avait que quatorze. Mais la même faim au ventre. Et la même volonté de se remplir, le ventre, le corps, l'estime. Dans un faux prudent " embauché à l'essai" , Nicolas n'était pas dupe de ses propres intentions. Remplacer l'essai raté. Trouver comme Tabouret à sa Juliette, un vélin vierge pour réécrire l'histoire. On ne dirait plus un page, celui qui venait de s'ajouter avec ses trois tenues protocolaires au groupe de voyageurs - une de jour, une camisole de nuit, et une tenue d'apparat - cristallisait à lui tout seul des espoirs secrets et profonds. Maintenir les apparences qu'il aimait tant. Pli en poche venait le lui rappeler.


Citation:
Faust,

J'espere que tu va bien. Je n'ai pas encore eu de nouvele de la dame qui doit acheté la tenu que tu m'a confié. Tu me manque. J'espere que tu va bien, que vou seré bientôt en bretagne et a bor de votre bateau. Je voudré pouvoir veyé sur toi encore. Ecri moi tes avanture.
Je t'en remé au vent.
Archi



11 janviers, Thouars, sur le départ.



Thouars sonne étape avant les plaines de Bretagne, si proches , et la dense forêt de Brocéliande. L'on fait pause pour la journée, usés, déjà fourbus de chevaucher sans halte depuis Limoges. L'on change les chevaux, certains cherchent un lit pour une sieste courte, d'autres marchandent, ou louent une heure au étuves. Rendez-vous avait été donné à une acheteuse pour un bel oiseau qui commençait sérieusement à souffrir du voyage, balloté dans sa cage couverte, rapace solitaire et redouté des voyageurs qui préféraient ne pas s'en approcher. Nicolas faisait une belle plus value en le vendant, il ne fut pas mécontent de voir arriver sa nouvelle propriétaire, la présence du volatile caché dans le chargement excitant le flair des deux jeunes Lévrier, entités longilignes indissociables du duo de Vésone. Lug et Désiré cesseraient de farfouiller et de tourner autour du chariot.

L'affaire avait été vite conclue, son acheteuse semblait satisfaite autant que lui, tapotant sa bourse pleine. Une idée précise avait germée de l'usage de cet argent. Tabouret en serait le bénéficiaire, d'une façon ou d'une autre. Il prit malgré son malaise le temps de parlementer avec Cidji, qui outre le fait d'être une femme, était visiblement bohémienne et païenne... Deux profils bien différents face à face, qui finirent contre toute attente par se trouver quelques points communs inattendus. L'amour des plantes. Des arbres, qui n'étaient pas sans lui rappeler qu'il faudrait écrire à Aurore restée à Périgueux pour prendre nouvelles de sa miraculée Pépinière de Saint Front... L'amour des pierres.

Dire à un Arbre amoureux d'une Géode que l'on aime les pierres... Le destin.

Il ne s'attarda pas à ses côtés, encore à sa découverte et à ses observations, statue mutique au recul d'un réel besoin de prendre son temps pour savoir à qui il faisait face. Quelques mots sur l'Eglise Romaine et les Druides finirent par lui faire prendre congés, plongé à ses réflexions.

Depuis le départ, Montfort n'avait pas réellement reparlé de ses douleurs, mais les avait plutôt mêlées à celles d'Alphonse, faisant d'elles une force commune et une certitude érigée à deux, celle d'aller de l'avant en s'éloignant des fantômes de Périgueux et de Paris. Les hommes en règle générale ont une façon bien à eux de soigner leurs maux.
Face à face, deux jeunes hommes en pleine possession de leurs moyens et libérés de leurs obligations... De rares moments de solitude glanés... Des plis de chemins... La nature faisait le reste. A leurs absences momentanées.


    ________________

    Alphonse évite de l'y regarder, jais sur la route qui s'étend devant eux. Faust songe à cela. Avec des Si, on met Paris en bouteille...

    - Tu en voudrais un autre? Un Oricle. Une juliette... Un Melvil?
    Mais il regrette immédiatement ses mots. Donner l'impression que Tabouret a raté son premier rôle de père n'est évidemment pas ce qu'il veut. Alphonse s'accorde silence en se rendant compte que c'est le
    "oui" qui est venu à la gorge d'une spontanéité.
    ________________



    Un pli de chemin, posé sur un lit sera défait le temps d'une étreinte. .


"Tout à l’heure à la sieste, j’ai rêvé de toi. Nous étions au lit, et de ta bouche heureuse, un rire est monté pour se gorger de ciel, prendre en relief, et redescendre jusqu’à t’envelopper, t’absorber tout entier, te transformant en une forme bleue, lumineuse, dont la présence m’a traversé d’une inexplicable transe.
Ce nouveau toi sans visage, simple forme cotonneuse s’est redressé, jusqu’à s’asseoir et a glissé vers moi, y devenant plus consistant sans pour autant être solide, corps masculin nu, à la queue magistrale dressée d’une obscénité qui m’a excité sans que je ne sache le cacher.
J’étais allongé, consumé, offert, si désireux que tu me touches, si avide de percevoir la chaleur de ta matière à ma peau que je n’ai rien su faire d’autre que rester là, immobile, pétrifié de désirs. Je me suis entendu gémir quand tu as coulé sur moi, modelant tes formes pour m’absorber tout entier, envahir ma bouche, ma gorge, mes reins, tout en accueillant ma queue… Tu étais partout en moi, sollicitant chaque parcelle et je me sentais partout en toi, à prendre chaque lambeaux d’une ferveur pleine ; nous avions mille verges, mille cons et nous remplissions chacun d’eux de nos doigts, de nos langues, de nos lignes à autant que cadence que de sentiments possibles. J’ai senti la violence se mêler à la tendresse, j’ai entendu ta voix me demander si je t’aimais, et tu es apparu, blond, taillé au marbre, mon Homme, agenouillé devant moi, bouche ouverte , recueillant d’une langue concupiscente, un longiligne trait de foutre à tes lèvres en guise de réponse.

Rejoins moi, j’ai envie de jouir à ta bouche et de t’en lécher le museau.
Rejoins moi, j’ai envie de tes milles queues et de tes milles cons.
Rejoins-moi, que je te réponde enfin de quelques mots. "


A leurs intimités brèves, quelques sujets redondants. Il fallait renommer ce navire, mais les mains venaient toujours faucher les bonnes volontés, repoussées à plus tard. Au soir, Nicolas recouvra la chère compagnie de ses ouvrages. Le premier, éternel bavard de navigation. Le second, relié de vélins vierges pour former une oeuvre unique et nouvelle. Un cahier de verdure.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Diego_casas
Le 14 janvier, Vannes.

D'un coup de botte sec, la porte grinça sur son passage. La chambrée louée pour la nuit était simple et de taille modeste, mais propre. Du moins aucun cafard n'avait attiré son regard. Fatigué, il fit voler son chapeau sur le lit défait et aspergea son visage du restant d'eau froide paressant au fond de la cuvette de terre cuite. Trop de jours durant, il était resté à l'écart du groupe. Ce soir, il avait bien fallu sortir pour taire les éventuelles suspicions. Jouer sa petite comédie habituelle. Faire marrer son monde. Se plier au jeu. Il n'était pas trop mauvais à cette petite mascarade, d'autant plus que ses camarades de voyages étaient bon public et bienveillants. Bien plus que le manouche ne le méritait. Bien plus qu'il ne le fallait. Frottant ses yeux, il se pencha sur la table quelques instants, le temps de gratter quelques mots pour son ami d'enfance. Son port d'attache, celui-là même qui savait tout. Celui-là même qui comprendrait de quelques mots.


Citation:
Thibault, vielle branche,

Deux putains t’attendront au bordel de la ville. Elles sont déjà payées. Baise-les jusqu'à l'os mon pote, parce qu'après, j'vais avoir besoin de toi. Rudement besoin. J'ai l’auriculaire qui se réveille.

D.


Pliant le bout de papier déchiré avec une attention saugrenue, son regard glissa sur la lettre italienne oubliée sur un coin de table. A cette lettre-là, il ne répondrait pas. Qu'aurait-il pu écrire en retour ? Combien l'inquiétude lui filait la nausée de savoir sa maîtresse malade et seule, loin, bien trop loin de ses bras ? Non, certainement pas. Il aurait détesté et elle aussi. Sauf que rien d'autre ne lui venait en tête que cette vérité tant tous ses petits tours de passe-passe provocants et agaçants avaient été épuisés en taverne, à négocier le prix des putains en faisant le mariole devant une altesse rousse et un flamand amusé au balcon. Fichu Tabouret. Mais le Chat méritait bien cet effort, et Faust aussi.

Chassant ses bottes et chemise passée par-dessus la tête, il s'affala sur le lit et remonta sa dextre devant ses yeux, l'auriculaire tranché lui arrachant un mauvais rictus, piquant sa colère autant que ses peurs d'enfant. Sans quitter cette vilaine main du regard, la senestre fouilla sa poche. Le mot était là, froissé de rage d'arriver bien trop tôt. Il n'avait même pas besoin de le relire pour que les mots à l'écriture saccadée ne dansent devant les ténèbres de ses yeux.

Citation:
Oï danié buditié, tumen maladova, *

R


Définitivement, son frère avait un humour de merde... Et il fallut que le cadet se brûle la gorge de trop de prune pour l'oublier. Quelques heures.


*Ne me réveillez pas, laissez-moi dormir.
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L_aconit
    [14 janvier, Vannes ]


La Bohème... La bohème....

La bohème, ils l'avaient perdue en route. Mais pas que. Un à un, comme on sème des grains, ils avaient éparpillé leurs compagnons de voyage. Rien n'était jamais perdu tant que Faust ne l'avait pas trouvé, paraissait-il . De fait, quelques messagers bottés et réponses plus tard, Montfort avait rassemblé ses petits, et retrouvé à Vannes Lallie. Il était plaisant de la retrouver, bien que dans ce voyage, Nicolas maintienne toujours une certaine distance avec les éléments féminins. Pour l'heure, il observait avec marbre les petites histoires et les peines de ces dames et damoiselles, et se sentait irrémédiablement acculé de chagrin chaque fois que l'on évoquait une naissance, une grossesse ou l'un de ces foutus marmots auquel l'on avait envie de pincer les joues ...

Montfort à l'image de Diego, et sans doute dans une chambre attenante, s'était vautré dans son lit en faisant vaciller la flamme de la bougie sur des courriers reçus et d'autres encore non envoyés. Des plis de chemins, comme à chaque voyage, échangés avec Alphonse sous la table. Dans les poches. A la volée.


Citation:
Sans surprise ni originalité, je commence avec une toute petit liste.

le Sirius
le Messidor
le Nautile

en général, l'inspiration vient au fil des propositions. Quelque chose en rapport avec les parfums, ou la beauté de tes boucles brunes serait bienvenu...



Citation:


le Sirius
le Messidor
le Nautile
Le Cairn
Le fil tendu
Jean des Pierres
Le pied d’Iris.
Iris, Liefde, à la mythologie grecque, parfumait Héra lorsqu’elle revenait des enfers pour en chasser les relents, et l’on prétendait que les arcs en ciel étaient la trace de ses pas.) Elle était réputée pour n’apporter que de bonnes nouvelles

Continue, tu m’inspireras, je le sais. Je veux de toi, moi aussi, du blond dans les voiles, du bleu à la proue, ton sourire à la vigie.


Citation:
Le Sirius
le Messidor
le Nautile
Le Cairn
Le fil tendu
Jean des Pierres
Le pied d’Iris. ( Mais les pieds ça pue... )
l'Adonis ( parce qu'on les aime bien)
L'Agappe
Le Trois échos ...
An Archos ( sans chef, sans autorité, parce qu'un bateau après tout est un des derniers espaces de libertés et d'entraides existants )
Ar vag meo ( le bateau ivre)
La fleur de sel



Citation:

An Archos
Le chat à la fenêtre
Le pied d’Iris. (Parce que cela me rappelle que j’ai envie de prendre les tiens à mes doigts, puis ta bouche, puis ta queue…)


Citation:


"An Archos
Le chat à la fenêtre"

A toi le dernier mot. A moi, ta première peau.



Le nom du bateau. Peu à peu, les possibilités se réduisaient. Ils auraient sans doute trouvé l'inspiration avant de gagner Saint Brieuc. Le relié de cuir aussi dormait là, refermé sur le petit guéridon. Rare mobilier de la chambrée d'auberge. Au sortir de Brocéliande, cahier de verdure complété de quelques pages et découvertes, Nicolas avait pris le temps d'écrire un peu. Mauvais soir, cafard chez lui là où chez Diego en était exempt, passé la porte des tavernes où il s'accrochait un sourire de façade, Montfort ôtait son masque. Ménageant à moitié qui devait l'être, étalant quelques confessions à peine soulageantes à qui était loin.


Citation:

À Perceval_aelis

Perceval,

vous êtes bien bonne avec moi. Mais la peine n'épargne personne, et le courroux divin non plus. Si je crois perdre la foi comme le sang s'échappe des veines tranchées, je ne crois pas perdre votre aura, par delà la Bretagne où je suis retourné me réfugier, je pense à vos mots. A votre miel. Je crois que je ne refleurirai plus avant le printemps, il faudra sans doute y renoncer. Nous nous reverrons à Paris au printemps, mètre ruban sera sorti. Et si le temps le permet, ou qui sait, une presque coincidence, je viendrai vous voir en Artois.

Apres demain je découvrirai mon navire, je le baptiserais si son nom ne me plait guère. Ainsi, il faudra tuer le Macoui. Et chaque jour qui passe, j'essaierai de ne plus penser à me faire défroquer. Loin de Périgueux, je ressens une langue solitude, et un renouveau qui semble encore pour l'heure sonner creux. Je suis entouré de dix personnes, je mange à la table de la Reyne de mon pays, et je me sens vide. J'ai besoin de manger pour me remplir de quelque chose. De dévorer sans plaisir. Comme lorsque mon père est mort. Voyez, vous n'êtes pas la seule à percer des fragilités. Je déteste l'image que je me renvoie ces temps-ci. Mais las du silence, je vous dois bien la vérité.

J'ai renié mon page, l'ai largué en disgrâce, je n'ai plus d'enfants et tous les ventres du mondes ont choisi Janvier pour se remplir ou se libérer; Alphonse est de nouveau parrain. Je songe que vous aussi, en faisant bon mariage, vous aurez la joie de remplacer ces âmes que l'Infâme m'a arraché. Je vous souhaite d'être heureuse, bien plus que je ne le suis. Demain j'arrangerais mon cas, jai bon espoir, pour l'heure j'ai besoin d'un navire, et d'une mer à boire.

De Vannes.

l'Aconit.


Citation:

À Archibald_ravier


Archibald,

Je vais aussi bien que possible. L'acheteuse arrive par la mer et les marins croisés rapportent qu'elle est mauvaise, ne t'en fais pas, elle devrait arriver d'un jour à l'autre. Tu me manque aussi. Nous serons en bretagne le 16, à destination. Pas de nouvelles de l'amiral, j'ai cessé d'écrire, nous avançons et nous verrons bien. Alphonse est là, toujours pour veiller sur mon séant blanc et mes nuits... Cesse donc de t"inquiéter... Songe à toi . Ta manie de toujours t"inquiéter pour les autre ne passera jamais, j'imagine. Je te dis cela, mais au fil du voyage, je ne peux m'empêcher de faire pareil... J'ai embauché un jeune valet à l'essai. Il s'appelle Oricle. J'ai aussi vu Juliette, la fille de Zolen et de Lucie. Je crois que voir cet enfant m'a un peu plus peiné, mais c'est une bonne chose. De la peine nait le renouveau... J'ai rencontré une jeune femme en difficulté, Fanette, quelqu'un a enlevé son fils et je lui ai donné un petit coup de main pour accélérer ses recherches... Limoges était étouffante, nous sommes soulagés Alphonse et moi de ne pas y avoir séjourné de trop... Voyager en civil m'avait manqué. Il faut me faire à l'idée que je ne suis plus évêque. Vois tu, comme l'idée de l'avoir été... En poitou nous venons de récupérer Emrik, il s'est fait brigander sur les chemins avant notre arrivée, ainsi qu'une jeune bohémienne avec qui je me trouve quelques passions que l'église verrait d'un oeil circonspect. Elle aime les arbres, les plantes, et les choses qu'on ne peut pas voir. J'ai fait bon commerce, j'ai pu acheter des affaires pour la navigation en échange. Mes demandes de LP m'ont réservé des surprises, j'ai appris que Lyanna et Emrik avaient un sacré casier judiciaire... La compagnie des femmes m'est toujours aussi compliquée, mais je fais avec. J'ai hâte que nous prenions la mer...

Nom du bateau n'est toujours pas arrêté. Mais le sera bientôt. J'aurais aimé que tu sois là. J'ai du regret. Je pense à toi. J'ai croisé cet idiot d'Octave... Et des tas d'autres gens.


Je t'en remets au vent.


Les yeux tombèrent sur le vélin de l'Amiral. Au fond de lui, les mots qui y étaient couchés, succincts, le tiraient par le col du fond de ses abysses. Navire attendait au port, après demain l'affaire serait conclue. Après demain commencerait une autre vie.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Cidji_plume
[Entre le 13 et le 16 janvier 1467 _ D'une forêt inconnue à celle de Brocéliande]



Un égarement, une distance, et puis ... plus personne.
Cidji_Plume suivit confiante et se perdit en plein milieu de Brocéliande :
Plus d' amants, ni damoiselles, ...il ne restait que des fantômes qui cherchaient le chemin.
Plume vacillait telle une flamme à travers les arbres qui lui montraient davantage le ciel que le sentier.
Elle s'imaginait là haut , les ailes déployées à scruter les alentours, à voir les uns et les autres se diriger vers la mer ...



La solitude lui pesait. Elle reçut un pigeon


Citation:
Je ne sais où vous êtes, mais nous allons à Saint Brieuc! La forêt de Brocéliande aura eu raison de vous !

Faust Nicolas.




Messire,
je suis bien avec vos amis, mais il semblerait qu'ils aient perdu votre plan de route...
Nous nous retrouverons à St Brieux.
A force de se perdre dans la foret, j'ai pris le temps de ramasser quelques simples.
Alors j'ai des plantes pour vous, je vous les ferais à très bon prix 0,05 écus si ça vous intéresse.

Belle journée à vous.
Plume*


Citation:
Oh, merci Plume, dans ce cas , à vous revoir promptement. Je recherche une ceinture de druides, si vous trouvez cela en route à bon prix.

Faust.


La gamine sourit...
Une ceinture de Druide? Mhmmm allait-elle croiser un druide ...
Elle en rêvait, elle avait tant de chose à lui demander.... mais et en attendant que Brocéliande la libère ou qu'elle fasse la rencontre de sa vie....
elle continua de cueillir des simples.
Le botaniste et médecin Faust allaient sans doute en avoir besoin, et la bohémienne n'aimait pas rester sans rien faire.
Elle remercia chaque plante avant de la séparer de la terre puis l'inséra dans son petit carnet turquoise avec soin.
Et ce soir à la lueur du feu et de ses bougies, elle les répertoria sur quelques vélins pour les déposer dans le carnet de verdure ...

La lune était croquée, et les jeunes compagnons de route qui avait perdu l'itinéraire, ou le nord... , s'étaient déjà endormis.
Plume n'avait pas entendu le son de leur voix depuis le départ...
Étaient-ils si farouches? ou simplement muets? A moins qu'elle faisait peur avec sa capuche, ses jades, et son faucon....

La gypsy haussa les épaules puis elle déplia sa carte, elle espérait que le meneur s'arrêterait à Rohan,
pour ensuite terminer les trois noeuds jusqu'à St Brieux...
Elle aurait voulu visiter quelques villages bretons et rencontrer quelques personnes car les feux étaient désertés...
Plume respira profondément et s'endormit...


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Cidji_plume
[Le 17 janvier 1467 _ Saint Brieuc]



Après des détours, le petit groupe retrouva également deux autres femmes qui avaient manqué le départ de la lance de L_aconit.
Tous ensemble ils reprirent les chemins en direction de Saint Brieuc..

Le matin était brumeux, et le petit village en bord de la Manche semblait perdu dans une mer de nuage.
Horus était sans doute parti à la chasse.
Cidji_Plume décida de rentrer dans une taverne pour se réchauffer, boire un bon hydromel et rencontrer des bretons.
Quelle fut pas surprise quand elle vit la grande Duchesse, elles échangèrent quelles bouffées de chanvre, plante qu'elle faisait venir de Perse.
L'effet fut immédiat pour la brune aux reflets de cuivre, la tête qui tournait et le dossier du fauteuil qui semblait s'enfoncer, s'enfoncer, s'enfoncer de plus en en plus.
Elle s'assoupit légèrement, son sang semblait avoir ralenti dans ses petites veines bleues...
Elle fit la connaissance de deux hommes dont un , gitan.
Lui était un vrai homme au sang de voyageurs , Plume , n'avait eu que le soin d'avoir évoluer dans le ventre de sa mère bohémienne,
... puis elle fut éduquer loin de cet univers...
Elle avait repris les routes comme si cette héritage de vagabondage faisait toutefois vibrer chaque cellule qui composait son être.

Mais ce jour , elle comprit par le regard de cette homme, ses mots, ......
Malgré que son grand père Nanosh lui avait dit qu'elle avait sans doute hériter du don de feu sa mère Cidji,....
Elle comprit qu'elle était bien loin de son expérience de diseuse de bonne aventure...
Elle comprit aussi, qu'elle était davantage une jeune femme sensible qu' une bohémienne.
Elle comprit bien des choses...
Et elle se mit à verser ses premières larmes après celles devant le grand chêne où elle était venue se recueillir sur la sépulture de sa mère à Tour.

Plume pleurait peu, elle était comme un soleil remplit de sourire et d'envie , d'amour pour sa planète, les animaux, les plantes...
Mais elle comprit qu'elle n'était peut être pas faite pour vivre au milieu des Hommes...
Elle n'avait pas sa place.

Elle s'emmitoufla dans sa cape, sous sa capuche... monta sur son canasson...
et se dirigea au plus profond de la forêt, le seul endroit où elle se sentait en communion, respectée, appréciée.... tolérée...

Elle déposa à L'Aconit un bouquet de plantes, puis elle lui écrivit ce petit mot ...





Demat comme on dit ici, Messire Faust,
Nous sommes arrivés à St Brieuc et nous avons retrouvé Annabelle et Kasia sur le chemin.
Une rencontre en taverne m'a légèrement bousculée... je vous avais dit que j'étais un peu sauvage, et sans doute trop sensible...
La forêt me manque, la puissance des arbres, l'odeur de l'humus, ... je vais établir mon campement là bas...
Je crois que je ne suis pas faite pour vivre en communauté.
Etrange pour une gypsy, n'est-ce pas...? Sans doute car je ne suis pas une bohémienne, mais une simple vagabonde.
Je ne suis pas cidji-Plume la gypsy, mais Plume l'Animiste...

Bien à vous
A bientôt
Plume*


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L_aconit
[19 janvier, dans la Baie de Saint Brieuc ]


Les jours passaient et ne se ressemblaient guère. Après quelques cours donnés à l'université de Bretagne, Montfort passa son temps entre les études et le commerce. Nombre de ses plantes et autres objets en tout genre s'étaient vendues, lui permettant de réinvestir dans quelques nouvelles trouvailles inspirantes. Oricle était rentré à bon port, entier, et avait passé sans mal l'épreuve des oreillettes... Valet définitivement embauché faisait connaissance avec le reste de cette équipée désormais Masculine, femmes laissées en ville ou peut être définitivement perdues en route? L'oeil d'Alphonse au détail de ce jeune homme fraîchement intégré faisait l'objet de toute l'attention d'un Faust désireux que l'entente soit mutuelle. Elle de prime abord, elle le fut. Le jeune Montfort se rendit aussi à Dol, pour s'étendre sur la tombe de son père, et lire en silence. On ne s'étonna guère de revoir cette tête blonde là où six mois auparavant, elle enterrait le Grand Duc de Bretagne. Désormais Lallie régnait à sa succession, Mère pour la Bretagne, Mère pour tous...

Rendez-vous avait été donné dans une petite crique à l'écart de la ville pour traiter la transaction du bateau, et huit marins d'eau douce se tinrent là, immobiles dans le vent à la découverte du tant espéré "Gardien", qui serait bientôt rebaptisé.

Les bleus dont la mauvaise vision de loin ne faisaient plus secret à cette malhabile contemplation, Nicolas ne put s'empêcher de poser un tas de questions à ses voisins, tous à la même découverte de ce monsieur de bois et de voiles...

Comment se porte la coque?

Quelque chose vous interpelle à le regarder?

Est-ce que vous y voyez une figure de proue?

Qui prend l'eau en premier pour aller l'inspecter ?

Barque mouillant non loin les accueillerait au compte goutte pour se rapprocher de ce vaisseau qui promettait enfin à son équipage de longues soirées en mer... Du moins une fois passé au peigne fin et affaire conclue.

Coeur battant, épi dans le vent, ils y étaient.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Diego_casas
21 janvier, à bord du navire.

C'est comme ça que pleure un ange
C'est la faute de ma propre fierté maladive
Va-t'en !
Va-t'en !
Va-t'en !

Awolnation – Sail



Cling... Cling... Cling...

Avec une lenteur douloureuse, les yeux noirs s'ouvrirent. Et se refermèrent. Mal. Ça faisait trop mal. Comme une écharde plantée dans le crâne. Mais ce cliquetis trop régulier était sans doute pire encore que ce ridicule rayon de soleil hivernal lui tapant dans l’œil. Alors, il les garda ouverts, limant sa joue sur les planches rugueuses du parquet en se tordant le cou dans une grimace. Et la vit. Cette bouteille. Cette fichue bouteille vide ricochant sur le pied de la table à la cadence molle du roulis. Il ne se souvenait plus ni comment ni quand il était tombé. En fait, il ne souvenait même pas être tombé.A peine se souvenait-il de la rage avec laquelle il s'était cogné la tête contre les poutres, pour en chasser le marasme de sa vie en sursit.

Sur le coup, ça lui avait fait du bien d'observer Tabouret mentir avec aplomb. L'examiner alors qu'il enfilait sa panoplie de menteur patenté, à son l'image. Il ne valait pas mieux que lui. Du moins, telle avait été sa certitude quelques minutes. Avant qu'elle ne se brise. Et la culpabilité n'avait été que pire encore. Comment avait-il été assez idiot pour croire que les travers des autres pourraient calmer ses propres nausées ? Mais la leçon était apprise. La vase des autres ne consoliderait pas sa propre boue. Tout au contraire, la méthode ne vomissait que plus d'enlisement. Aussi maladroitement d'un animal blessé, il se releva péniblement, les muscles bandés d'un effort dont il refusait d'être incapable.

Sa cabine était étouffante. Tout ce foutu rafiot était étouffant. D'air, il avait besoin d'air, gitan prisonnier d'un bateau sur lequel il n'aurait jamais dû mettre les pieds. La mer, les navires. Tout cela n'était pas pour lui, même pour une poignée de jours. Lui qui ne savait respirer que la poussière des chemins roulant sous ses semelles, suffoquait. S'accrochant aux parois, il ouvrit la porte de sa cabine, laissant le froid rouler sur une missive à l'écriture chaotique, toute embarrassée de taches qui, par erreur, trouverait sa destinataire.

Citation:

Peste, t'es où ? Peste, quand viens-tu ? J'ai besoin de toi. J'fais n'importe quoi. J'respire plus. J'ai pas d'air. J'étouffe. Je vais te perdre. En fait, je te perds déjà. Non. Je t'avais déjà perdue avant même de te rencontrer. Viens m'étrangler de ton regard, que j'étrangle plus personne. Viens me bouffer de tes bras. Kamao tut*. Ma bouteille est vide. Viens où pars, mais restes pas là. Pillav schumuni **? Oui, bois, bois avec moi, on sera beaux. Je te promets, je serai beau quand je s'rai mort.


Enfin parvenu sur le pont vide battu par un vent sec, il ne sentit même pas le froid. Ni à son torse nu, ni à ses pieds déchaussés tant son sang surnageait à peine dans la marée d'alcool. Titubant, il arriva à la proue du navire et parvint miraculeusement à grimper sur le parapet avant de déplier sa carcasse brune, au dos lacéré du destin de son existence. Et, les yeux flous, perdus dans l'eau noire aux écumes tranquillement mousseuses, entre ses lèvres bleues il murmura.

Te bisterdon tumare anava ***


*je t'aime ** tu veux boire un verre ? ***Puisse ton nom être oublié (malédiction gitane)
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Cidji_plume
[Saint Brieuc quelques jours plus tard....]


Plume se baladait à travers St Brieuc, sous la lune descendante encore bien ronde.
Les tavernes étaient lumineuses et avec surprise elle vit L'Aconit dans l'une d'entre elles.
La vagabonde qui vagabondait peu ces derniers temps sourit.
Le Capitaine était revenu avec son bateau et son équipage.
Avec joie, elle poussa la porte, et vint saluer l'homme au Faucon, l'homme aux plantes, le botaniste, le médecin, l'homme aux rêves d'Eaux salées.
Elle aimait sa sensibilité, ses discussions ..
C'était comme ça..
Son calme était agréable même si parfois il aimait s'évaporer d'un claquement doigt, telle un funambule à travers l'espace temps.
Elle acceptait cette liberté fantasque, parfois impulsive, sauvage.

Plume prit ensuite le temps d'écouter Ana , qui avait besoin d'une oreille attentive,
d'une main chaude sur son âme titubante.
L'utopiste fit au mieux pour faire sourire la Belle ...et au bout d'un laps de temps ,
Anabelle se détendit et esquissa un léger sourire au milieu de ce nuage gris qui l'enveloppait.
Même si Cidji-Plume avait décider de ne plus lire à travers les gens, elle sentit ...
Elle y pouvait rien, elle ne le faisait pas exprès, l'hypersensible ressentait.
Et elle avait compris.

Les courants d'airs s’accumulèrent, les uns et les autres rentraient, sortaient, ...
Une belle chorégraphie de la vie nocturne se jouait devant les jades de Plume qui se laissait emporter...
A défaut d'être dans la foret sur une souche, elle était sur une chaise...
à défaut de regarder les arbres danser sous les caresses du vent, elle regardait les gens réagir sous l'énergie ambiante....
C'était à la fois étrange et intéressant...Cette comparaison qu'elle établissait dans sa petite caboche cabossée.
Les arbres semblaient parfois plus simples à comprendre que les Hommes.
Même si elle était une femme, le plus dure c'était toutefois, la gente féminine qu'elle avait tant de mal à cerner....
Des jalousies incompréhensibles, des non-dits, des regards... au moins les hommes étaient francs!
Même si l'un d'entre eux l'avait complètement retournée par ces mots tranchants , au point que l'âme de Cidji s'était retrouvée comme déplumée à vif.
Au moins cela avait été clair.
Depuis, elle n'employait plus le mot "gypsy" juste... vagabonde...
Depuis, elle avait emballé ses cartes et ses sensations au fond d'une malle fermée à double tours et avait jeté la clef dans la mer.


Elle termina la soirée seule avec une Bretonne. elles discutèrent longuement :
De recettes, de plantes, du climat breton, légèrement de politique, et surtout ce qu'elle aimait le plus....
Plume tendit l'oreille pour écouter les rêves de la dame qui se dévoilait à elle naturellement.
Le temps filait à une vitesse incroyable....

Et comme chaque jour, il fallait terminer l'histoire de cette journée , refermer le livre, et aller se reposer.
Mais surtout, surtout.....
Vivre une nouvelle vie à travers les nombreux rêves.... et Plume adorait ça...
Parfois elle imaginait que sa vraie vie se trouvait lorsqu'elle rêvait la nuit et ses journées n'étaient que les rêves de ses nuits....

Un autre monde....
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Alphonse_tabouret
[ Imaginarium ] 1/2




Contre le bois de la coque, l’eau résonne à la berce d’une houle diffuse, ressac minime qui n’ébranle pas et qui chante pourtant, rythmant d’une cymbale aquatique discontinue les respirations hachées de la chambre.
Bretagne a livré ses premières récoltes, fait passer le vent aux fenêtres et si les rideaux ont parfois claqué d’une bourrasque, rien encore n’a été balayé ; air frais marin a chassé les remugles et se réserve à d’autres heures l’insensé pouvoir des terraformations, mais à cette première nuit sur l’eau, l’on baptise l'Hiver.
Les draps ont fini par glisser jusqu’aux reins, révélant les peaux brulantes aux températures glaciales de janvier ; investis tardivement dans la soirée, les poêles n’ont été lancés aux chambres qu’à la hauteur des fagots qui siégeaient à côté, et aux quelques heures déjà envolées, il ne reste que les braises, diffuses étincelles, qui cernent d’une aura tiède les contours de leur réceptacle.
Aux bouches amoureuses, buée fend parfois d’une volute les souffles disjoints avant de se diluer d’une dilatation aux vertiges ascendants, s’entêtant à noyer aux courants les mots qui ont échappé.


Fais-moi un bébé.


A corps perdu, à cœur perclus, hanches s’égarent à leur lente régularité d’une fébrilité prémonitoire et les doigts jumeaux se crispent à la peau d’une voyelle grimée des fers d’une mâchoire serrée, élégantes et avides lianes, plaisir luisant aux lèvres entrouvertes qu’ont momentanément gercé la concupiscence et sa horde d’envies.
La spontanéité consumée a cousu la gorge d’une aphonie, et de balbutiements en abandons, Alphonse, terrifié de ce syndrome de paternité, a effacé les mots jusqu’à leur combustion, s'est noyé au blond mêlé de bleu comme l'on cherche l'air ; corps faits d’horizontaux se sont enroulés aux temps des amours que l’on fait jusqu’à l’oubli salvateur, l’absolution des inconsciences fauves et aux portes des jouissances, l’on ne se rappelle plus que l’on a crevé d’indécence le deuil encore à vif, que l’on a demandé l’impossible d’une sincérité absurde . A l'instant, contradictoire créature, dans un gémissement rocailleux fait d’échos vibrants, aux gorges rayées de discrétion, aux chairs qui s’arcboutent, Paris fait génocide d’une plénitude qui arrache l’âme d’un baiser passionné et y nait d'une ferveur, d'un prénom.



Anémone amnésiée fleurit d'une crête d'écume; bientôt les vérités, bientôt l'heure des plaies démuselées .



Un là, dans ton ventre? Avait demandé l'index d'une pression nombriliste. L'absurde a le gout de l'amertume quand il se matérialise au moment le plus inattendu, ramenant avec lui dans ses filets les douleurs et tristesses intestines. Le souvenir que chaque étreinte s'est juré d'anesthésier. Les enfants de Saint Front avaient pourtant momentanément cessé de crier.

Première nuit. Corps enchevêtrés aux respiration échos d'où se retirait lentement la marée. Derrière les mots-coffre-ouvert d'Alphonse, la toile de fond des quelques indices prémonitoires jusqu'ici passés inaperçus s'était étirée en un décor brumeux et étrange.. Laissant Faust désarçonné, égaré éperdu. Piqué d'une surprise neuve, mais férocement mordu. Il revoyait très exactement le sourire-héroïne d'un Tabouret couronné parrain devant sa Juliette, qui avait l'art de repeindre d'insensés paysages où il finissait inexplicablement par se laisser entraîner, et s'animer, même à tâtons. Alphonse était beau face à ses révélations . Pourtant, l'idée qu'il puisse désirer un enfant n'avait pas effleuré l'Aconit, depuis Noël recroquevillé sur ses propres peines. Si l'un savait ce qu'était le bonheur d'être père, géniteur, d'extirper des entrailles de femmes une prolongation de lui-même, l'autre n'avait qu'en boucle les visages de ceux qu'on lui avait arraché, marchant dans une éternelle forêt calcinée. Empoigné par le cœur, d'une manière qu'il n'arrivait pas encore à déterminer, Montfort fixait son amant, jouant des mèches brunes. Dans une autre vie aurait sonné le moment de s'allumer une cigarette, pour se concentrer sur les volutes légers , et à leur diversions, sur les sujets importants. Pour se donner l'impulsion des désamorces. Des confidences volées avant que le sommeil ne les fauche. L'un dans l'autre, prêts à oublier sans y parvenir encore vraiment, Nicolas et Alphonse évoluaient ensemble mais séparés vers une direction commune. Deux sensibilités aux besoins qui s'effleuraient, glissant l'une sur l'autre sans jamais oser se rencontrer. En escalier à double révolution.



Je ne sais pas, j'ai pensé... j'ai vu...
Un petit blond à la peau mate, un petit brun aux yeux bleus.
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Le jour se lèverait bientôt, ramenant avec lui un semblant de notion du temps. Qu'est-ce qui avait poussé l'amant si réservé aux épanchements à jeter ces mots stupéfiants, au secret de la nuit froidureuse de la côte bretonne? Le besoin ou l'envie, peut-être quelque chose se situant entre les deux. Quelque chose d'infiniment viscéral. Un regret reformulé? Une histoire à réinventer. Tabouret s'était livré tout cru. Frappant d'un éclair de plein fouet dans le duramen de Nicolas. Et il avait raison. Qu'est-ce qui empêcherait les hommes de refaire le monde quand il avait commencé tout de travers? Le pouce s'éternisa sur l'angle zygomatique. A cet instant précis, il eut envie de remodeler son visage. Ses traits indécis . Les dernières heures, pour ne les livrer qu'à l'immensité béante d'une évidence. Alphonse venait d'une question de l'engrosser d'amour, à défaut de trouver la solution à une équation nouvelle et mystérieuse.

J'aime ton corps...

Doigts s'égarent à d'autres parcelles. Clavicule. Téton sensible. Tête blonde reposée à la coupe d'une main d'albâtre.

Tout ton corps.

Dessinant un cercle léger autour de ce nombril, phare de nuit. Péninsule .Dessin au foutre étend ses lignes.Lettre Aime. Lettre M.

Si je pouvais te le donner, je le ferai.


Je me vois bien vieillir à tes côtés.



Tout était parti de là, poignée de mots jetée au vent d’une insouciance sincère qui avait envahi l’horizon de la crique bretonne d’une vague immense sous le regard suspendu de Tabouret. Le vent avait cessé de souffler et les herbes gelés avaient frémi d’une émotion… " Jusqu’à l’Hiver, nous nous aimerons jusqu’à l’Hiver… Toi le nez à ton jardin, moi à la fenêtre, toi les cheveux blancs, moi les cheveux gris… "
Temps avait défilé, accélération brutale de clichés aux couleurs fixes, jaunies d’une vie qu’ils n’avaient pas encore vécue mais qui leur tendait les bras, utopies irréalistes, absurdes toutes les unes autant que les autres, d’un Eden où cela était possible, où le Monde pouvait supporter une telle chose, et au milieu du chaos, au milieu du fantasme et de ses déraisonnables conciliations, avaient percé les cris d’enfant.
" … et nos petits-enfants… "




    Embolie momentanée de la pensée, vitre se brise d’un vitriol acide à l’impact d’un pronom possessif.
    Nos.
    Les fenêtres s’achètent, l’on peut les partager. Les pierres s’élèvent, l’on peut les agencer. Le ciel s’étend, l’on peut s’y amarrer. Mais comment conjuguer ce qui ne se partage pas, ce qui appartient déjà ?
    L’évidence serpente d’une foudre le long de la gorge, et délivre quelques mots spontanés, irréfléchis, d’une tendre cruauté.



    Fais-moi



    Un à nous ; un qui aurait de toi, de moi. Un garçon, un garçon bien sûr. Un beau qui tiendrait de nous deux, avec ta curiosité, ton intelligence… tes lèvres aussi, il lui faudrait tes lèvres… Dieu, le nombre de pipes qu’il taillera avec ta bouche…
    Un qui aurait mes yeux, quelque chose qui ne soit qu’à moi, quelque chose qui dise que j’ai participé, et puis, tu les aimes mes yeux, et j’aime que tu les aimes… Et tes cheveux blonds sur la tête, putain de perchoir à abeilles, épais, désordonnés de boucles, comme ces garçons qui grandissent en bords de mer, mats et insolents de beauté…
    Ou brun si tu veux. Brun, mais avec tes yeux bleus. Un qui aurait mes airs graves et ton rire, un qui ne plierait jamais son linge avant d’aller dormir… Un qui aurait ta sociabilité et mes manières, et qui à ton grand désespoir, aurait un gout prononcé pour la gente féminine que tu me reprocherais d’un " Tel père tel fils "…



    un bébé.



    A peine le point est posé que le bruit du silence explose aux tympans, gerbe de souvenirs brutaux qui percutent le fantasme d’une embardée sanglante. Saint Front. Les cris. Les pleurs. L’odeur. Nicolas. Nicolas brisé, émietté, vide…

    Le doigt qui s’appuie d’une bienveillance démonstrative à son ventre fauche une réaction humaine, désordonnée à l’animal : Un rire, un certain dans sa conviction, un rire en guise d’excuses…




Index trace d’une lettre le langage binôme d’une réponse et déloge des limbes cotonneux, le museau de la pragmatique créature, car Géode reste pierre, et si les racines de l’Arbre-Monde y poussent, l’environnement stérile a déjà recoupé d’une seconde à peine les possibilités et aux pas qui résonnaient aux quais, Alphonse avait déjà réduit au néant les spontanéités de l’instant ; il faut un ventre pour faire un enfant.
Épeires s’égarent d’une caresse légère à la peau blanche de Faust, adrénaline des shoots a laissé place aux derniers gestes, ceux où l’on s’attarde, passerelle entre les mots et la dopamine.


Je sais, Mijn Liefde… Voix s’étoile d’un songe, et sans lien apparent, à la trame discrète des battements de cœur, Paris délie la langue : D’autant que je n’en voudrais pas un qui ne soit pas de nous…
Draps se froissent; d’une main qui cueille la nuque l’on délaye baiser, l’on abjure l’impossible de quelque chose de concret et qui, loin d’apaiser le grain, l’incendie d’un terreau.
Réponds-moi, sans réfléchir, sans les impossibles, sans les mauvais souvenirs... dis-moi juste… En voudrais tu un... à nous ?




A quatre mains
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