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"Tout passe", męme ce que Samsa n'aurait jamais cru possible...

[RP] Zénith et Nadir

Samsa
    "C'est remonter à la surface,
    C'est pousser sur les pieds,
    Se regarder en face,
    Si tu veux, c'est crier.
    C'est tout dans un sourire,
    C'est rien qu'une caresse."
    (Volo - C'est toi)



    [Paris, mi-février]



Elle était entrée au Louvre baronne de Longny-au-Perche et dame de Lansaq et elle en ressortait vicomtesse de Luzarches en plus. Dehors, l'air frais a un goût de reconnaissance, de victoire et de justice. Dans la cour pavée, Samsa inspire largement en fermant les yeux, un sourire étalé sur le visage. Une brise légère passe et caresse ses traits, file dans ses cheveux semi-roux ; elle a l'impression de voler. Sans avoir été jamais élue à aucun poste, sans avoir suivi aucun parcours classique, elle vient de faire son entrée en le ban d'Île-de-France. Après presque quatre ans passée au même poste qu'elle a quasiment construit, après sept ans au service armé de la Couronne, après des nuits éveillées à travailler et des jours entiers à se tuer à la tâche, elle a prouvé qu'on pouvait rejoindre les meilleurs. Par son parcours, elle avait cassé les habitudes, les codes, et inexorablement, Cerbère prouvait des choses au monde. C'est à croire qu'elle n'existait que pour cela, que pour prouver qu'on pouvait réussir différemment, qu'on pouvait être inébranlable. Il était de toute façon acquis que Samsa n'existait pas pour elle-même mais pour ceux qu'elle aimait et pour des causes qui les dépassaient tous largement.
Elle se décida finalement à se mettre en marche et traversa la cour pour sortir hors du Louvre. Dans les rues parisiennes, l'agitation régnait, nobles et badauds se mélangeaient pour chacun aller en des occupations diverses. Samsa les regarda un moment avant de prendre la direction d'une auberge somme toute commune : "A la chèvre qui joue". C'était ce qu'elle avait trouvé de mieux à choisir entre "le cochon qui vole" ou "le mouton qui pète". Elle se rendit au comptoir pour s'entretenir avec le tenancier, un petit homme joufflu dont on ne savait pas trop s'il était plutôt artisan ou bourgeois, et lui prit une chambre pour plusieurs jours. Elle lui indiqua également de commencer à prévoir de la nourriture et de la boisson en abondance car elle paierait un festin prochainement. Elle avait à faire ici, elle devait prévenir Shawie de sa réussite ! Sa femme avait brillé en Valachie puis au niveau royal en remportant le concours de poèmes de Sa défunte Majesté Alvira de la Duranxie -et elle avait réitéré au bal des roses pour récupérer son titre ! Ç’avait été à Samsa de réussir quelque chose et c'était chose faite désormais. Chacune son tour, ou presque.

Dans la chambre, Cerbère s'installe et prend ses aises, savourant un instant allongée sur le lit à écouter les bruits étouffés de la vie parisienne. Dans ce silence relatif, elle repasse son anoblissement récent avec délice, étale encore sur son cœur de battante les mots de la reine. Ce n'est qu'une fois ce moment de luxe accordé que la nouvelle Vicomtesse se relève et va prendre plume pour écrire à sa dulcinée :




Mon Espagnole,

Comment te portes-tu ? Es-tu dans les environs de Paris ?
Prends la route si ce n'est pas le cas -et même si ça l'est- car j'ai une grande nouvelle à t'annoncer !

Tu me trouveras à l'auberge de "la chèvre qui joue". J'ai prévenu le tenancier qu'un festin aurait bientôt lieu, une fois que tu serais là. C'est moi qui paye, profites-en !

Bouge tes -jolies- fesses ; aucune coupe de bois ne vaut ce qui t'attend.

Je t'aime,

Ton Dog Royal


P.S : prends même quelques jours, je t'emmène en virée. Toujours tous frais payés.



Samsa plia le parchemin avant de le sceller et sortit le remettre à un messager royal qui passait par là -ça tombait bien, ça lui éviterait l'aller-retour au Louvre. Elle remonta ensuite dans sa chambre et jubila d'avance : fêter ce succès avec Shawie l'enchantait. Elle utiliserait ses "modestes" économies pour leur faire plaisir, pour parier au ramponneau, boire et rire d'ivresse, partir faire un tour et profiter d'un temps loin des missions, des préoccupations et des organisations. Elle se voyait déjà en train de regarder Shawie lui apprendre de nouvelles techniques foireuses, tenter de la convaincre qu'elle communiquait avec les arbres et le vent pour trouver son chemin, essayer de la vaincre à la bagarre, aussi. Aventureuses et chanceuses comme elles étaient, elles se feraient courser par un sanglier et devraient plonger dans un étang pour lui échapper, Shawie l'accuserait d'être un piètre Chien de Chasse et la nourriture finirait envahie de fourmis mais qu'importe ! Samsa aimait ces moments avec Shawie parce qu'il n'y avait qu'elle pour lui faire vivre ce genre de choses. L'Espagnole était non pas le grain de folie de Samsa -assez bien servie en ce domaine- mais l'audace de le vivre. Là où Cerbère vivait encore souvent dans le passé et n'existait que pour la postérité, elle vivait avec Shawie la vie présente -et Dieu qu'elle aimait ça ! Au-delà de ce qu'elle vivait avec l'Espagnole, c'est elle qu'elle aimait, pour son franc-parler, son innocence parfois, sa combattivité et sa fougue -au lit, ça compte aussi. Leur première année d'union approchait déjà et Cerbère voyait ainsi cette future fête comme étant une célébration d'un petit peu tout à la fois, c'est-à-dire beaucoup de choses. Cette fois, c'était la bonne : le destin les laisserait enfin profiter d'un événement en paix !
_________________
Shawie
La plupart du temps, une bonne nouvelle pour Samy, n'était pas une bonne nouvelle pour Sha. C'était d'une logique évidente et, cette lettre qu'elle avait en main ne sentait pas bon du tout. Le "tout frais payé" annoncé certainement un cataclysme effrayant. Roulant le parchemin en boulette, elle le jeta dans le feu. La vie paisible de son feu de camps était terminée, elle avait fort à faire ce soir. Un chuchotis à sa Grand-Mère préférée pour lui indiquer son départ, et la voila sur son mulet, galopant en pleine nuit.


Citation:
Samy,

Ton pigeon est boiteux, il claudique d'une patte, je l'ai donc bouffé.

J'arrive sur Paris après-demain matin en espérant ne trouver personne dans ton lit qui est aussi le mien.

S.




Douce allusion.


PARIS.

Bienvenus dans la cité des voleurs ! Hideuse verrue à la face de Paris ; égout d’où s’échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage. Ruche monstrueuse où rentraient le soir avec leur butin tous les frelons de l’ordre social ; hôpital menteur où le bohémien, le moine défroqué, ou encore la catin retroussée. Mendiants le jour, se transfiguraient la nuit en brigands ; immense vestiaire, en un mot, où s’habillaient et se déshabillaient tous les acteurs de cette comédie éternelle que le vol, la prostitution et le meurtre jouent sur le pavé de Paris.

Elle ne mit la savate que le matin, tôt, très tôt.



"Le cochon qui vole" .... nah .... "le mouton qui pète", oh ! Ah non.


Elle aurait choisit la biquette qui pète, mais bon, encore une différence entre les deux. "La chère qui joue". Son bolide garé devant l'auberge, elle salue le maraud en face de lui, puis, suivant les indications, grimpe à l'étage. Toc une fois et elle déboule dans la chambre, au cas où.


C'moi. J'espère qu'aucune catin ne traîne dans ton lit, vermine qué tu es ! Dit elle en déposant tout son bordel et retirant son manteau de fourrure dernière génération. Posant son arme sur le petit meuble à côté de l'entrée, puis ses bottes et enfin son tricorne.


Bras croisés, regard plissé.


Parle phome, je sens la catastrophe. Qui t'a engrossé ?
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Samsa
    "Allongé le corps est mort,
    Pour des milliers
    C'est un homme qui dort...
    A moitié pleine est l'amphore,
    C'est à moitié vide
    Qu'on la voit sans effort
    Voir la vie, son côté pile."
    (Mylène Farmer - C'est une belle journée)


Évidemment, le pigeon avait été mangé. Samsa avait levé légèrement les yeux au plafond et lui était revenu la blague que Meroe lui avait envoyé à propos des pigeons : "Quelle est la différence entre un pigeon ? Les deux pattes ont la même longueur, surtout la gauche".* Ce à quoi Cerbère avait répondu par une blague du même ordre, mais compréhensible : "pourquoi les pigeons roux ne savent pas nager ? Parce que les pigeons rou(x)coulent". Samsa fit une moue pour essayer une fois encore de comprendre la blague de la patte du pigeon mais sans succès. Peut-être Shawie comprendrait-elle, si elle le lui demandait.
Elle passa ainsi le jour suivant à s'occuper. Le Louvre et son cher Secrétariat Royal étant à côté, la tâche n'était pas très difficile. Même dans l'optique où Samsa n'avait plus "rien" à faire, elle trouvait toujours quelque chose. Les travaux d'archivage du Secrétariat Royal prendraient fin bientôt et elle avait un nouveau projet, déjà, pour l'améliorer encore. Elle travaillait souvent tard dans la nuit, au plus grand plaisir de la reine qui l'avait parfois faite quérir alors que la lune était haute pour un discours ou une répétition dont elle avait besoin. Par conséquent -et de nature, de toute façon-, Samsa n'était pas du matin. Pas du tout. Elle restait en revanche toujours sur le qui-vive, prête à embrocher ceux qui voudraient profiter de son sommeil pour enfin l'abattre.

La porte de sa chambre ne fut pas un obstacle pour Shawie et Samsa se redressa prestement, surprise, la main déjà à l'épée à côté de sa tête de lit. En constatant que c'était Shawie, Cerbère ronchonna.


-Grumpf, un réveil en douceur m'aurait été plus agréable pardi... Prime a sonné ? J'suis sûre que non...

Samsa se recoucha et retira la couverture jusqu'à son nez avant de tapoter la place -vide et même pas froissée- à côté d'elle. Elle avait de petits yeux ensommeillés qu'elle s'était empressée de refermer. Qui avait inventé le matin ?

-Viens te coucher, on en reparle au vrai matin té. Et j'suis pas enceinte, t'es bête. Plutôt crever pardi... Hmmmm et oublie pas de refermer la porte té.
Si t'es gentille, j'accepte de me lever plus tôt.


La perspective d'un réveil tendre avec son Espagnole étira un sourire à Samsa qui n'ouvrit cependant pas les yeux. C'était les seuls moments où la Vicomtesse appréciait recevoir de la vraie tendresse, savourer une étreinte et une odeur. Mais bah ! Si la combattante avait sa cotte de mailles -qu'elle ne portait pas- en tue-l'amour, Shawie savait se distinguer aussi en la matière ; il y avait fort à parier que Samsa se prenne le tricorne dans la tête plutôt que de recevoir un baiser.


* = de Coluche

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Shawie
Elle plissa les yeux pour les habituer à y voir dans la pénombre de la chambre, s'assurant ainsi que personne ne trainait dans la chambre de son petit bonhomme de femme. La porte fut refermée d'un coup de fesse.


J'pus lé bouc. Ça fait des jours qué j'suis sur les chemins, vraiment, j't'assure qué tu veux vraiment pas qué j'vienne dans tes draps propres là.


Le tout dit en se reniflant. Elle n'était pas une pécore avec des croutes, pas encore du moins, mais faut il bien l'avouer qu'elle ne portait pas un certain intérêt à ce qu'on pouvait appeler "faire sa toilette". Elle n'avait tout simplement pas le temps ! Il file à une allure celui là aussi. Secouant la tête, elle ricana en se rappelant sa mésaventure du petit matin précédent. Forte en orgueil, elle ne quittait plus son câche-oeil. Lubie qui venait de lui passer puisque, faut il bien l'admettre : avec un seul œil, on y voit que dalle. Toussa pour dire qu'elle avait foutu les deux pieds dans du crottin de cochon. Joyeusement. Fort heureusement pour elle, c'était du pied gauche, ça porte bonheur.

Elle se baissa pour ramasser la botte en question et la balança tout droit sur Samy. Tout en douceur, elle ouvra les rideaux pour faire naître un jour imaginaire puisque dehors, seuls quelques soulards étaient encore réveillés.



DEBOUT ! Lève toi foutre dieu, j'ai pas qué ça à foutre !


"Pok", c'est le bruit de botte qui raisonne dans la chambre.


Ta petite vie dé bourgeoise est finie ! Renifle donc la vie d'une dure labeur qué je t'apporte là. Lé vrai matin est là mon petit sucre d'orge, lève ton cul avant qué ...


Ne voyant aucune réaction, elle prit les choses en main. Soulèvement de la couverture, attrapage des pieds de la grosse larve de Baronne pour lui saisir les pieds et tirer d'un geste tout en souplesse.
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Samsa
    "Tu souris quand tu me dis
    Que tu piges pas qu'on se crée des ennuis,
    Quand tout peut être si simple,
    Qu'on a besoin de rien.
    La vie est belle, facile comme nous."
    (Axel Red - Ce matin)



Cerbère était déjà en train de se rendormir quand Shawie mentionna son odeur. Un détail qui ne dérangeait pas vraiment Samsa qui, au contraire de son animal totem, avait un odorat déplorable. Et quand bien même, n'était-ce pas l'odeur de sa femme ? La Combattante avait un côté mièvre et niais, digne de tous les stéréotypes d'amour, et c'était celui-là : celui de s'en foutre. De son côté, l'Espagnole ne semblait pas décidée à s'octroyer une pause et envoya à sa belle endormie une botte toute crottée. Pok.

-Mgrmphraïeuh ! Grmpf...

La Vicomtesse s'empara de la botte lui étant tombée dessus et la renvoie à l'aveugle quelque part dans la chambre avant de se recouvrir complètement de la couverture. C'est pas vrai ça, quand même ! Pas moyen de dormir, ou au moins d'avoir un petit réveil tranquille ! Samsa aurait dû le savoir pourtant, Shawie n'était pas le romantisme incarné mais la Combattante était une naïve éternelle. Elle serait encore en train d'espérer dans cinquante ans.
Soudain, le froid de la chambre la saisit à bras le corps et avant que Samsa n'ait eu le temps de ronchonner, elle est saisit à la cheville et tirée à bas sans ménagement. Dans un grand "broum", la Prime Secrétaire Royale s'étale au sol.


-Aaaah, putain pardi ! J'me vengerai ! Groumph...

Elle trouverait bien quelque chose. Elles trouvaient toujours quelque chose pour emmerder l'autre. Un savonnage en règle en pleine nuit de l'Espagnole effleura son esprit. Ou bien un lancé de tricorne au milieu d'un lac ? Tout cela méritait réflexion. Cerbère finit par se relever, bailla largement et se frotta les yeux. Elle portait ses braies blanches et une chemise de lin quelconque, ses cheveux semi-roux étaient on pouvait s'attendre à les trouver un matin et elle mit un temps avant de remarquer le cache-oeil.

-Qu'est-ce que t'as fait encore pardi ? Tu perds une oreille, un œil... bientôt tu seras manchote ! J'aimerais autant que tu ne deviennes pas comme l'angevin Falco té. P'tain tu m'as rien dit en plus pardi ! Qui t'as crevé l’œil ?! ... et j'veux mon bisou du matin pardi.

Ça y est, Cerbère était réveillée. Elle n'aimait pas le matin mais savait se mettre rapidement sur pieds, d'autant plus quand c'était de Shawie qu'il s'agissait. Mais avant l'opération vengeance, il lui fallait son petit bisou, cette petite preuve d'amour qui avait tant de valeur à ses yeux.
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Shawie
Victoire.

Elle leva les bras en l'air.



Jé veux ? T'auras qué dalle jusqu'à ce qué t'es causée. J'viens pas dé traverser le Royaume pour té bécoter ! M'enfin en plus, t'es même pas lavée.


Un comble !

"Tout le royaume", était un brin exagéré mais connaissant l'Espagnole, Sam ne douterait pas une seconde de ce sacrifice qu'elle venait de faire. Il fallait toujours agrandir les histoires, les déformées légèrement mais ne jamais mentir. Le socle de toutes bonne histoire était bâti sur un fond de vérité ! Toujours ce souci d'en faire beaucoup plus qu'il n'en faudrait, elle annonça fièrement en se tenant l'entre-jambe :



J'ai mal aux couilles tellement j'ai galopé.


Haussement de sourcil parce que, habituée à se trimballer comme une bouffonne, elle oubliait bien souvent quelques accessoires, et en l’occurrence : le cache-oeil. Instinctivement, elle se le toucha et grimaça. A tort bien sur puisqu'il était bien en place mais juste assez pour repartir dans une histoire farfelue :


Et bah qué ? J'lai paumé un soir dé belle lune. On mé l'a tranché parce qué j'ai refusé dé montrer mes seins. Tu vois, les bonnes manières se perdent. La nouvelle génération est vraiment une bande de racaille. Mon pôvre œil est mourute avec fierté. Entre deux godets qui ont ponctué qué Satyne est en cloque. Mé demande pas comment, c'pas moi qui est planté la graine.


Croisant les bras parce qu'elle en avait gros sur la patate quand même. Sa Satyne enceinte, ça, c'était terrible pour garder bonne figure.


La Reine est morte et elle mé retire son titre dé "Poète culotté." ??
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Samsa
    "Maintenant je sais que je vais me défoncer sur la piste
    En testant ce que tu ne peux ignorer,
    Mais il y a quelque chose avec ce son qui m'accroche.
    Viens ici et regarde de plus près."*



Cerbère sourit en coin aux répliques de Shawie. Elle ne la croit nullement, en rien. Samsa croise donc les bras et l'observe avec ce petit air amusé qui la caractérise. Elle avait l'habitude des histoires de Shawie et savait reconnaître le vrai du faux. La plupart du temps du moins. Satyne enceinte, elle sait que c'est vrai, Shawie n'irait jamais chercher quelque chose du genre. L'histoire de la pomme de pin dans la face, par contre, elle l'avait gobé avec une facilité déconcertante -une histoire parmi d'autres.

-T'es plate comme une planche à pain pardi. Il devait être aveugle. M'enfin, j'imagine qu'il est mort maintenant alors ça va té ! Pis bien sûr que t'as pas planté la graine, t'es nulle en jardinage.

La Vicomtesse prit le poignet de Shawie et l'approcha du lit sur lequel elle grimpa pour se mettre debout. Plus petite que sa femme, elle apprécia cette fois la dépasser largement quand elle souleva un peu le cache-oeil avec un sourire.

-Et bien sûr que si tu viens de traverser le Royaume pour me bécoter pardi ! Pis c'est pas grave que je sois pas lavée, tu l'es pas non plus té.

Elle lâcha l'accessoire de borgne qui retomba avec un petit "poc" sur l'oeil vert et embrassa l'Espagnole avec un sourire en passant les bras autour de son cou. Chacune son tour de devoir étirer le dos ! Cerbère venait d'avoir sa victoire : son bisou sans avoir rien dit encore. Ça vient.

-La reine n'est pas morte et tu as toujours ton titre de "poète culottée" -encore que j'sais bien que t'en portes pas, de culotte. J'ai une tête à t'annoncer une mauvaise nouvelle là pardi ? NENNI ! J'suis vicomtesse pardi ! La reine m'a anobli vicomtesse en Île-de-France pardi !

Sans lui laisser le temps de rien, Samsa écrasa un baiser sur les lèvres de son Espagnole. Elle était si heureuse et excitée de dire ça à Shawie, de lui montrer sa réussite, de la rendre fière d'elle, elle qui la soutenait toujours dans ses rêves un peu fous de trône. Elle voulait partager cette joie avec cette femme qui était comme la seconde baronne de Longny-au-Perche, qui aurait aussi Luzarches en port d'attache si elle en voulait. Du fait des lois héraldiques desquelles Samsa était très respectueuse, les deux femmes ne partageaient aucun blason et Shawie n'était pas plus la vassale de sa femme par union -sujet de discorde d'ailleurs- mais dans le cœur de la Prime Secrétaire Royale, Shawie était patronne comme elle sur ses terres et elle espérait qu'un jour, celle-ci le comprenne.
Sautillant légèrement sur le lit comme un jeune chien un peu fou, les bras toujours autour du cou de sa belle, Cerbère enchaina :


-Alors, je l'ai mérité mon baiser maintenant pardi ?


* = paroles traduites de Taio Cruz - Higher

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Shawie
Les lèvres sont tendue légèrement avant de se mettre sur la pointe des pieds pour accrocher un peu plus le baiser de Samy. Le début de la conversation partait pourtant si bien, et bim, dérapage non réceptionné dans le fossé. La main dans celle de son épouse, elle lui sourit véritablement, peut être même une des premières fois. Quelque chose d'honnête venant du cœur. Samy le méritait tellement, si dévouée et si fidèle que cela rendait malade l'Espagnole, mais soit, elle était ainsi.

Son autre main vient effleurer la joue de la nouvelle Vicomtesse.



Jé suis vraiment très fière dé toi. Tu né peux même pas imaginer combien jé peux l'être, depuis lé temps qué tu attends cela, ce n'est qué justice. Et cette nouvelle couronne t'ira à merveille. La Reine a bon goût, j'le sais, elle m'avait choisis aussi un peu. Tu es merveilleuse, et c'est pour cela qué je t'ai épousé même si notre mariage a été une catastrophe. Jé t'aime comme personne, quoi qué tu puisses penser de Satyne. Tu es unique, la seule et unique.

Et jé t'aime pour tout ça.



Du rire aux larmes, ascenseur émotionnel. Satyne enceinte, Samy vicomtesse, l'histoire de sa vie était résumé en ces quelques lignes. Tout le reste devait se faire sans cris et sans larmes. Faire bonne figure, elle pouvait. Jurer des mensonges était tout à faire dans ses cordes.


C'est un chemin qué jé ne veux pas prendre avec toi.


Lui lança t'elle en lui relâchant la main. Geste symbolique dans le contexte de la conversation qui devait faire son effet. Prendre des décisions ne lui faisait pas peur non plus, mais celle ci était terrible, déchirante et accablante. Une décision qu'elle va regretter. Regretter sur le moment, à la minute ; ou plus précisément le matin qui va suivre. Une chose dont on sait qu'elle va forcément se retourner contre nous. On le sait, mais on le fait quand même. On récolte ce qu'on sème. On a ce qu'on mérite.

Il est tellement important de laisser certaines choses disparaître. De s’en défaire, de s’en libérer. Il faut comprendre que personne ne joue avec des cartes truquées. Parfois on gagne, parfois on perd. N’attendez pas que l’on vous rende quelque chose, n’attendez pas que l’on comprenne votre amour. Vous devez clore des cycles, non par fierté, par orgueil ou par incapacité, mais simplement parce que ce qui précède n’a plus sa place dans votre vie. Faites le ménage, secouez la poussière, fermez la porte, changez de disque. Cessez d’être ce que vous étiez et devenez ce que vous êtes. *



C'est fini Sam. On doit cesser toute relation maintenant.


La froideur dont elle faisait preuve pouvait être terrifiante, mais c'était un moyen de se protéger en quelque sorte. Ainsi, elle se baissa pour ramasser son cache-oeil qu'elle rangea dans sa poche, et elle remit ses bottes dans un silence de mort.

Et celui qui a dit « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » mériterait un bon coup de pied au cul.




* Paulo Coelho
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Samsa
    "Hé toi,
    Qu'est-ce que tu t'imagines ?
    Je suis aussi vorace,
    Aussi vivante que toi.
    Sais-tu
    Que là sous ma poitrine,
    Une rage sommeille
    Que tu ne soupçonnes pas ?"
    (Clara Luciana - La grenade)



Ça partait si bien. Elles étaient à deux doigts, chacune, de toucher le bonheur, de profiter de ce programme que la Vicomtesse avait organisé pour elles. Pour un pied de nez au destin, pour vivre l'improbable, l'impossible selon beaucoup, elles y étaient presque et là où Samsa cru que le baiser rendu, ce petit geste de rien qui signifiait beaucoup pour elle, serait une base immuable, il se transforma en fait en sables mouvants. Elle ne se méfia pas, de ce sourire si vrai qui lui fit comme un jet de paillettes dans les yeux, de ces mots si rares qui emballèrent son cœur. Comment aurait-elle pu ? Elle était si persuadée d'avoir vaincu les peurs de Shawie, si persuadée d'avoir trouvé l'équilibre entre leur deux monde. Elle l'avait trouvé, le sien ; où avait-elle raté celui de sa femme ? Que venait-elle de rater, là, à l'instant ? L'incompréhension et la surprise de la déconvenue remplacent les étoiles dans ses yeux, effacent son sourire comme un coup de vent balaye le sable. La main qui se retire de la sienne laisse une absence soudainement brûlante sur laquelle Cerbère baisse les yeux. Qu'est-ce que... ? La voilà sonnée. La voilà, aussi, l'assurance que Samsa ne mourrait probablement jamais au combat : les mots seuls savent l'atteindre, passer son armure de métal, échapper à sa fureur naturelle. Incrédule, Samsa relève les yeux vers Shawie qui se prépare déjà à partir.

-Quoi... ?

Il y a quelque chose de différent, aujourd'hui, cette fois-là, et ce n'est pas dû à Samsa. De son côté, la même combattivité, la même hargne qui a la force de se battre pour deux, de tenir Shawie par la main pour lui insuffler son courage, mais du côté de l'Espagnole, il y a comme ce couperet qui est tombé, celui de la décision pour... quoi ?

-Mais... c'est absurde pardi. "C'est une mauvaise blague, c'est ça ?" Je ne te demande pas de suivre mon chemin, tu le sais bien.
Hé !


La Prime Secrétaire Royale saute à terre un peu précipitamment et va se planter entre Shawie et la porte. Ça, elle ne l'a jamais accepté, cette manière de lancer les mots en l'air comme des pièces de puzzle sans dire si toutes les pièces y étaient, sans dire le motif à former, sans dire même si les pièces collaient entre elles. Elle ne l'acceptera pas cette fois non plus. Jamais. Samsa est en train de perdre la guerre, elle le sent et ça lui fou la frousse mais elle refuse, ainsi qu'elle a toujours refusé, de n'avoir que le vide devant elle. Elle veut comprendre, au moins savoir. De quelle marge de manœuvre dispose-t-elle ? Si elle se retourne, va-t-elle rentrer dans le mur ? Comment est la vie autour d'elle ? Sans Elle. Que lui est-il arrivé ? Est-ce grave ?

-Hé, hé... "Tout doux". Elle pourrait tendre les mains vers les joues de Shawie pour l'apaiser, la rassurer, mais elle est si froide, si décidée, elle chasserait sûrement les mains royales et Samsa n'a pas la force d'essuyer cet échec. Doucement, alors, elle pose les mains sur les bras de Shawie pour la maintenir devant elle sans même forcer, plus en encadrement. Si l'Espagnole se dérobe, c'est un échec que Samsa peut encaisser. Regarde-moi pardi. Regarde-moi. Qu'est-ce qui a changé té ? Qu'est-ce qui se passe ?

Cerbère retrouve ses esprits suite au coup de massue qu'elle a reçu et elle perçoit bien que quelque chose a déraillé. La question est de savoir quoi et pourquoi car a-t-on déjà vu femme partir sur un coup de tête après une déclaration d'amour, sur la base d'un simple mot, celui de "vicomtesse" ? Si ce mot fut le détonateur, qu'est-ce qui constituait la bombe ? Samsa savait bien qu'elle avait la capacité de désamorcer ces engins dans les relations humaines, même une fois qu'ils avaient déjà explosé et fait leurs dégâts. Elle l'a déjà fait avec Shawie, plus d'une fois, mais aujourd'hui, quelque chose lui échappe et il lui semble soudain que leur avenir dépend dorénavant d'elle, de sa capacité à voir, à comprendre et à réparer.
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Shawie
4 ans.

Ce n'est pas comme d'habitude parce qu'elle se prépare à ce moment depuis bien des mois. Des années. Depuis leur rencontre, l'Espagnole a été persuadé de leur échec. Au début, cela avait été pris comme une sorte de jeu, de tenter l'impossible pour pouvoir le réaliser. L'objectif avait été atteint plus ou moins puisqu'elles avaient perduré dans leur
intimité. Le goût du risque, la découverte de l'autre, de son monde, des amis qui deviennent peu à peu, communs. Les sentiments n'étaient pas présents au début, pas desuite. En quelque sorte, si Samy devait tendre les doigts pour prendre un coup de règle, Sha s'en fichait royalement.

4 ans.

Aujourd'hui, il est un stade où l'engagement est tel que Sha ne supportera pas d'être une entrave à la gloire de son épouse qu'elle aime véritablement. Entrave qu'elle sait déjà être et qui pourtant, ne l'a jamais empêché de rester, mais les gens changent, même elle. Un peu.



Sam, laisse moi.


Les bras l'encerclent doucement, elle relève enfin le nez parce qu'il faut faire face. Une main affectueuse s'en vient lui prendre un des pattes, pendant que l'autre se dépose sur la joue Royale.


Tu es butée et tu né vois pas l'évidence. Tu né l'as jamais vu en fin dé compte. C'est cé qué j'aime chez toi. Tu es très naïve sur certains points et "nous" fait partit de ce point où le Cerbère se transforme en mulet aux œillères. Jouant avec une mèche de cheveux mi roux, elle continue : La Reine t'a anobli, jé crois qué tout est dit bon sang. Né vois tu pas ?

Tout cé qué je m'apprête à faire à l'avenir sera associé à toi. Tu seras associée à moi parce qué les gens parlent et qué les gens savent. Lé "nous" qui sonne si beau à tes oreilles déviendra ton fardeau et tu usera ta santé à prouver qué tu n'es pour rien dans mon comportement ou dans mes agissements. Les gens parlent Sam.

Vicomtesse d'Île dé France. Des comptes à rendre.



La vérité c'est qu'elle avait nullement l'envie de changer et que Samy représentait une sorte de précieux à protéger et qu'elle ne voulait pas être une embuche de taille pour son avenir. Oui Samy deviendrai Reine, c'était une évidence.


Il est temps qué tu apprennes à marcher sans moi. Il faut qu'on apprenne à être séparée. Jé suis certaine qué tu comprends même si tu refuses l'idée.


La vérité c'est qu'on est jamais prêt à dire au revoir.
_________________
Samsa
    C'est comme un mur de Berlin en plein milieu de la chambre,
    C'est la neige au mois de juin, la canicule en décembre.
    Y a plus de sol sous nos pieds, plus qu'un fil qui nous supporte.
    Est-ce-que tout va s'écrouler, si l'un claque la porte ?
    On se sépare, on se sait par cœur."
    (Calogéro - On se sait par coeur)


La surprenante tendresse de Shawie en cet instant force Cerbère a rendre les armes. Si l'Espagnole avait été froide, agressive, Samsa aurait mordu comme un pitbull, elle n'aurait rien lâché, elle aurait voulu comprendre sans relâche. Devant Shawie qui lui explique ce qu'elle a toujours su, Samsa n'est plus rien. Sans adversaire, pas de combat. Qu'est-ce qui se passe, quand on ne combat pas ? La Vicomtesse l'ignore, elle qui en a fait sa vie, qui s'y dévoue corps et âme. Onyx dans les émeraudes, Samsa écoute celle qui est en train d'abandonner au sol son statut d'épouse. Ce discours-là, ce discours rassurant sur ses sentiments, elle peut l'entendre. C'est, en vérité, le seul qu'elle pouvait entendre. Doucement, la Prime Secrétaire Royale entoure la brigande des bras pour se blottir contre elle, nicher encore son visage contre elle, encore un instant. Samsa est une femme intelligente, prompte à comprendre bien des choses, mais tout ce qui la concernait mettait soudainement une éternité, semblait-il, à se faire une place dans sa tête. Il lui faut un peu de temps, un léger sas de décompression, quelques secondes pour que les mots fassent leur chemin.

Shawie a raison. Samsa n'a jamais voulu voir l'évidence qui ne l'est à son sens pas : elle est bien trop idéaliste pour cela. Pourquoi une officier royale devrait-elle être tenue en partie responsable des agissements de son amante brigande ? Pourquoi l'entourage compte-t-il plus que l'individu lui-même ? Ce n'est pas juste. De la même façon qu'on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux. Même les amis ne se contentaient pas d'être ou bien des angevins ou bien des royalistes : la notion d'individu transcendait, chez Samsa, bien des frontières. Shawie était loin d'y être étrangère ; n'était-ce pas elle qui lui avait appris cela ? Ce combat, elles l'avaient mené ensemble avec des hauts et des bas mais, quatre ans après, elles avaient prouvé bien des choses. A tort, Samsa avait pris pour acquis que leurs différences étaient surmontées. Hélas, il était un combat quotidien et cela impliquait que, chaque jour, le risque de perdre existait. Ce jour était venu. Aujourd'hui, elles avaient perdu. Et Samsa devait l'accepter.

Elle releva la tête vers Shawie, les yeux luisants. Samsa ne pleurait pas, elle était devenue trop dure à ce genre de choses. Ça ne l'empêchait pas d'avoir des émotions. Quatre ans qu'elles étaient ensemble, à écumer les chemins ensemble, parfois, à vivre des aventures, à dormir côte à côte, à être heureuse pour ce que l'autre faisait même quand c'était contraire à leur personnalité. Elles ne s'aidaient pas, elles se respectaient, et cette harmonie si admirée, si elle ne prenait pas fin, perdait en tout cas son âme. Il était temps que Samsa comprenne que Shawie faisait cela par amour et pas par fuite. Et qu'elle l'accepte, encore.


-Je comprends. Je comprends que tu fasses cela pour moi té. C'est la seule chose que j'accepte de comprendre pardi.

Et quoi ? Rien.
Et maintenant ? Elle ne sait pas.
Alors elle essaye de penser de façon rationnelle, elle essaye d'être forte. Dans ce qui doit être un dernier baiser, elle pose ses lèvres sur celles de l'Espagnole, ferme les yeux et caresse ses joues. Alors seulement, elle se recule, les narines pleines de l'odeur de sa femme, le toucher de sa peau encore sous ses doigts et la sensation de ses cheveux sur ses joues. Elle recule, jusqu'au lit sur lequel elle s'assoit. Voilà. C'est fini, c'est ça ? Maintenant Shawie va partir et elles devront vivre l'une sans l'autre, c'est la suite ? Les épaules basses, accablées par un poids même pas imputable à la cotte de mailles, Cerbère la regarde.


-Tu peux... tu peux y aller, si tu veux pardi.

Samsa est désarmée, désarçonnée, comme une soldate à terre et ensanglantée. Elle ne sait pas comment réagir, elle n'envisage jamais l'échec, elle n'a jamais envisagé le leur. Pourtant, elles ont échoué. Elle a échoué. Plus tard, cela lui entrainera nombre de questions existentielles mais, pour le moment, il lui reste quelque chose à dire.

-Hé... Je t'aime pardi.

Et "reste" lui hurle son regard.
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Shawie
Au baiser de sa femme, elle se laisse faire parce qu'elle l'aime bien sur. Ceci sera sans doute un acte de non égoïsme à noter sur un calepin. Finir comme ça n'avait jamais été dans les plans. Non, elle voyait quelque chose de bien plus grandiose parce qu'elle ne faisait pas à moitié avec Samy. Elle méritait au moins cette considération de statut d'épouse que personne d'autre n'aurait jamais. Cette bague qu'elles portaient au doigt avait une saveur bien particulière.

Machinalement, elle jouait avec sa propre alliance qu'elle se surprenait à ne pas enlever. Sha vient s'installer à côté de son Cerbère, une main sur la cuisse de celle ci.



Jé t'aime aussi. Jé n'ai jamais pu té l'exprimer peut être. Tu aurais dû avoir une personne bien plus attention qué moi. Enfin, j'suis pas si mal, mais dans lé genre romantique et attention, jé né t'arrive pas à la cheville.


Un Cerbère enragé et baveux, d'un Dog Royal. D'un Samuel aux pectoraux parfaitement dessinés et au "pardi" chantant. D'un homme subtilement habillé en femme qui gling-gling en marchant, des oreilles pointues aux aguets du moindre danger, d'une truffe au vent pour renifler le fion des passants. Plus je vois les hommes, plus j'admire les Chiens. Il possède la beauté dans la vanité, la force dans l'insolence, le courage sans la férocité -quoi que- et toutes les vertus de l'homme sans ses vices.

Samy était parfaite sous tous les angles. Fin du débat.



J'ai pas envie dé partir. Jé vais té demander quelque chose maintenant. Une promesse mutuelle peut être.


L'espagnole déposa sa main sur la joue de sa moitié et lui montra sa bague.


Quand tu refera ta vie, parce qué oui, tu devra la refaire et né conteste pas, jé veux une chose. Apprendre dé ta bouche qui est lé malotrus qui foulera ta couche. Jé veux savoir et par respect par moi, tu mé dira.

Tu restes quand même ma femme.

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Samsa
    "Passez notre amour à la machine.
    Faites le bouillir
    Pour voir si les couleurs d'origine
    Peuvent revenir.
    Est-ce qu'on peut ravoir à l'eau de Javel
    Des sentiments,
    La blancheur qu'on croyait éternelle,
    Avant ?"
    (Alain Souchon - L'amour à la machine)



Samsa sourit doucement à Shawie quand elle vient s'assoir près d'elle. Elle sait que l'Espagnole n'aime pas les au revoir et elle lui en est donc d'autant plus reconnaissante, qu'elle prenne le temps cette fois. Ses mots, aussi, l'attendrissent, la rassurent, l'apaisent : ce n'est pas une question de sentiments, au contraire. C'est à peu près tout ce que Samsa devait savoir. C'était l'important. La Cerbère échoue à l'épaule espagnole une de ses trois têtes. Alors c'est ça, la fameuse friendzone ? A peu de choses près. Ça fait mal, tout de même. C'est de la merde.

-Je t'aime pour ce que tu es pardi. Je ne te veux... je ne t'aurais pas voulu différente té.

Le courage de Shawie, Samsa l'avait toujours admiré car il était bien supérieur au sien. La vie ne semblait pas avoir d'emprise sur l'Espagnole, elle était fidèle à elle-même jusqu'au bout, laissait le destin se casser les dents sur elle là où Samsa tremblait. Cerbère, colliers autour du cou, attachée à la Couronne, contemplait la liberté de Shawie avec des yeux brillants, de ces yeux qui rêvent en sachant que cela n'ira jamais plus loin parce que leur place n'est pas là-bas, de l'autre côté de la barrière. La mer, c'est bien quand on est sur la plage : dedans, c'est froid, dangereux, et on se noie. Sauf les poissons. Samsa n'est pas un poisson, elle est un Chien, Chien de Chasse, de Travail et de Guerre. A peine Secouriste.
Shawie a une requête à formuler et la Vicomtesse redresse légèrement la tête pour la regarder, interrogative. Ce doit être important. Pas de surprise, ça l'est et ça lui colle l'émotion dans les yeux, comme si la réalité venait de lui remettre une claque dans la tronche. Elle doit lui faire cette promesse, elle en a envie mais sa fidélité extrême lui noue la gorge : elle s'apprête à dire qu'un jour, elle en aimera une autre. Qu'un jour, elle dira "je t'aime" à une autre, que son coeur s'emballera en la présence d'une autre. C'est dur pour Cerbère à dire, à concevoir aussi, en cet instant. Le triste sourire foule son visage et la main mariée vient trouver son homologue pour croiser leurs doigts, les anneaux de basse facture -anneau de cotte de mailles argenté et gravé de "Dog Royal" pour Shawie, rose incarnadin gravé d'un "Shawnaper par la Marquise" pour Samsa- se touchant.


-Si je te promets, tu dois promettre pour toi aussi pardi. Et si tu promets, alors je dois promettre que je ne lui casserai ni les genoux, ni les dents, ni la gueule té. Et à l'autre éventuelle, tu promets de ne lui casser ni les genoux, ni les dents, ni la gueule ? J'imagine que je l'aimerais bien. ... J'aurais le droit de la claquer ? T'auras le droit de la claquer té.

L'humour avait toujours été une carapace pour Shawie et Samsa s'y prêtait de bonne grâce. En cet instant qui ne faisait plaisir à aucune des deux, elles devaient s'aider mutuellement, chacune son tour. A la joue de sa femme, Cerbère y dépose un baiser avec ce qu'elle veut être un sourire. Pour Shawie, pour son bonheur, Samsa fera n'importe quoi.
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