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[RP] Qui a péché sans fin souffre sans fin aussi.

Montparnasse.


    Orphelinat Saint Catherine - Aout 1466


Il est était de retour, là où tout avait commencé…
C'est entre ces murs que leur histoire avait pris vie, et c’est encore ces murs qui assistait à leur fin.
La lettre avait été reçu il y a quelque jours mais Montparnasse ne pouvait y croire.
Il ne voulait ouvrir les yeux.
Il s’était emmuré.
Enfermé dans un silence, dans un mensonge, refusant d'affronter la réalité.
Pourtant il le devait. Il le fallait.


La porte de l’orphelinat claqua, Montparnasse traversa l’établissement d’un pas rapide, il ignora les enfants qui le regardaient surpris et effrayaient, il ignora l’homme qui essayait de le retenir, de lui parler, qui tentait de comprendre son absence. Son pas s’allongea et il gagna rapidement son bureau. Il brutalisa la porte et le bureau ne tarda pas à s’abattre avec violence contre celle-ci. Il ne voulait pas être dérangé, sous aucun prétexte, et si le message n’était pas assez clair, il sera bientôt limpide pour le premier trou du cul qui viendrait ne serait-ce qu’effleurer cette porte.

Le Directeur se laissa aller contre le mur et glissa contre celui-ci pour s’assoir par terre. Il sortit la lettre qu’il avait déjà lu et relu une bonne dizaine de fois, mais chaque fois les mots trancher sa chair, trancher son cœur, l’enfoncant dans une abîme de plus en plus sombre sans qu’il ne puisse se rattraper nulle part. Ses mains tremblaient quand il déplia pour une énième fois ce morceau de papier. Ces yeux s’embrumèrent de larmes quand ils parcoururent une nouvelle fois la lettre :


Citation:
Date d'envoi : Le 23 Août 1466 à 22h09
Objet Une dernière fois

Enguerrand.



J'ai pris le temps de réfléchir à ma vie, notre vie et le sens de tout ça.

Tante Vittorina m'a dit un jour que j'étais mal né, que j'avais vécu des choses qu'aucun enfant ne devait vivre.

J'ai fais le mal comme on m'en a fait.

J'avais un idéal, qui m'aidait à tenir quand la douleur et la peine étaient trop forts. J'avais Gueulemer, et malgré le temps passé, je le gardais contre moi pour ne rien perdre de ton odeur qui s'étiolait.

Et puis un miracle se produisit, j'ai pu m'enfuir, te retrouver toi que je pensais mort. Ces quelques mois passés à tes côtés avaient été une rennaissance, malgré la vie cahotique que nous menions.

Nos promesses, tes paroles que j'étais ton Dieu, que tu étais à genoux devant moi, que tu m'aimais plus que de raison, la croix sur mon visage, sur ton poignet, notre pacte.

Des circonstances qui ont tout changés et la chute, l'idéal qui s'effondre, les rêves qui disparaissent et la réalité qui refait surface encore plus noire et plus sale, ton départ après ma connerie, ta lettre ou tu me jures de revenir ou tu me parles de Vivia et son monde ou il n'y a pas la place pour moi. Je t'aurais suivi à l'autre bout du monde et j'aurais endossé les pires châtiments, encore et encore pour avoir encore ma place auprès de toi. Cet enfant que j'ai volé, vois-tu, n'est pas une connerie. Parce que dans mon monde à moi, mon frère n'a pas le droit d'être agressé, personne ne peut lever la main sur lui sans que je réagisse et la souffrance de cette mère est le résultat de ma propre souffrance à moi. Cet enfant ne grandira pas dans un milieu brigans ou il risquera à chaque instant d'être violé ou tué. Il vivra auprès de nobles, protégé par son statut bien loin de nos frontières. La souffrance de cette mère me bouleverse, mais mon frère est roy et j'ai fais ce que mon sang me dictait.

Je sais que là bas à Limoges ils me tueront, je sais que je me livre sans résistance et cela parce que j'ai péché et que j'ai perdu la foy que j'avais en nous et à la crédibilité de tes paroles. A combien d'autres que moi as-tu dis pendant l'amour que c'était unique et bien plus intense qu'avec tous les autres ? A combien d'autres as-tu dis je t'aime, les yeux dans les yeux, les corps unis ? Ou était le vrai du faux Enguerrand ? Aujourd hui, j'ai peur. Bien plus peur qu'à Marseille ou quand on a essayé de me pendre à Limoges, bien plus peur qu'en les Corleone.

J'ai peur d'arriver à 20 ans et de devenir comme toi, de faire des promesses que je ne pourrais tenir et de briser l'âme d'un enfant.

Je t'aime, Enguerrand et je te pardonne. Parce que parait-il que ça pèse moins lourd dans la balance lors du jugement dernier. Je t'aime inconditionnellement, comme un frère, un amant ou un roi, comme dans ces pièces de théatres qu'on voit à la Cour ou l'un des deux finit par mourir.



Je ne vais pas laisser la joie aux Corleone de se targuer de m'avoir tué Je ne vais pas non plus te laisser un motif d'encore te foutre dans une situation merdique.

Je mourrai au combat, l'épée au poing, si j'arrive à la soulever. Je mourrai en défendant une cause qui n'est pas mienne, dans un combat qui n'est pas mien mais qui aura fait de moi un homme.

Si cette lettre te parvient, cela veut dire que j'ai été tué sur un champ de bataille par une armée et qu'on t'aura livré avec le parchemin, mon masque et Gueulemer.

Que ma mort ne soit pas vaine. Ranges-toi, arrêtes les conneries.

A toi éternellement

Lutécien.


Il se mordit la lèvre inferieur, il laissa sa tête aller en arrière, et pour la première fois il laissa ses larmes couler. La lettre glissa de sa main et voleta quelques instants avant de se poser sur le parquet du bureau. Sa main droite vient caresser le tatouage qu’il avait au poignet.
Une croix, une autre promesse qu’il n’avait pas tenue.
Une autre vie qu’il avait brisée.
Une vie à laquelle il tenait plus que la sienne.
Pourquoi ? Pourquoi avait il fait ce choix ? Pourquoi n’avait-il pas sut protéger cette amour, cette admiration que ce frère lui porter ? Pourquoi finissait-il toujours pas tout gâcher ?
D’abord la vie d’Aliss, puis le respect de cette sœur, qui lui avait écrit qu’Océane n’était plus, et si c’est mot l’avait blessé au plus profond il n’était rien en comparaison de ce qu’il ressentait à présent.
Il avait l’impression qu’on lui avait arraché la peau, et que sur cette chaire à vif on y avait sel et citron avant de le jeter dans du verre pilé.
A dire vrai la douleur qu’il ressentait était pire que cela.
La culpabilité, la haine, l’amour, la rage, la colère, tous ces sentiment se mêler, lui donnant des haut le cœur. Mais il n’avait rien avalé depuis qu’il avait reçu cette nouvelle. Se nourrir, survivre, cela lui paraissait tellement futile.


Il plongea la main dans son sac, sortit le masque, sorti Gueulemer. Il les caressa doucement, l’un puis l’autre, les serrant contre son cœur tandis que la peine déformer son visage. Les larmes ne cessaient de couler quand petit à petit tout l’horreur de la vérité se dévoilait devant lui, dans toute sa monstrueuse nudité .

Claquesous n’était plus.
Lutecien avait préférer se donner la mort que finir comme lui.
La vérité est cruel, douloureuse.
Mortel.


Il ferma les yeux, et les images de leur enfance entre ces murs lui revient à l’esprit. Elle n’avait rien d’heureuse, elle n’avait rien de dorée, pourtant il avait été heureux, il avait étais heureux quand son frère était à ses côtés. Les liens de sang sont plus forts que tout. Les liens de sang sont plus forts que la mort.
Il y croyait lui-même.
Peut-être…
Peut-être qu’il pourrait le rejoindre ?
Faire taire cette souffrance, faire taire ce mal qui le ronger, cette culpabilité...
Son frère était mort par sa faute.
Son frère, son ami, son amant, son confident, son dieu, il avait été tout cela pour Enguerrand, et pourtant il lui avait tourné le dos.

Ce mot revenait sans cesse dans son esprit.
Pourquoi ?

Parce que. Parce qu’il était ainsi. Un monstre, dénué de la moindre parcelle d’amour.
Un monstre à qui on avait arraché cette possibilité de bonheur et qui s’échiner, jour après jour à reproduire ce même mal.

La mort serait bien trop douce comme châtiment. Non, il méritait cette souffrance, et il méritait de vivre avec cette douleur pendant de longues années. Il n’avait pas le droit d’être heureux, pas après ce qu’il avait fait. La noirceur l’avait enveloppé, avait gagné son âme et à présent son cœur. Il avait eu une deuxième chance, il en avait même eu plusieurs et il n’en avait saisi aucune.
Il n’avait que ce qu’il mérite.
Les derniers mots de son frère avait été dur mais juste.
Il était incapable de tenir la moindre promesse.
Il était incapable de faire une seule chose bien.

Sa peine se transforma en colère et Montparnasse lança le masque de son frère contre le mur face à liu. Celui-ci retomba lourdement sur le sol, en s’ébréchant légèrement.
Le Galant se leva et s’empara de la bibliothèque où il rangeait ces registres et la fit tomber avec force, s’acharnant à la briser à coup de pied de poing, égratignant les mains, se plantant des échardes dans la peau, mais tout cela il s’en moquait, il ne ressentait plus rien, il ne ressentait plus la douleur extérieur, seulement la haine et la colère. Et elles étaient toutes deux tournées contre lui. Il voulait se faire mal, comme il avait fait mal à son frère, à Océane, à Vivia.
Il n’aimait que trois personnes dans ce foutu monde de merde et avait réussi à les blesser toute les trois… jusqu’à la mort de celui qu’il aimait le plus.

Sa rage se transforma en cri. Un cri glacial, froid, qui n’avait plus rien d’humain. Il se brisa les cordes vocales. Même les murs frissonnèrent devant tant de désespoirs.

Ces murs. Sa maison. Leur maison. Le seul et unique lieu où il se sentait chez lui, chez eux. Un instant il eut envie de les brûler. L’histoire avait commencé ici, et il voulait qu’elle prenne fin avec l’établissement, pourtant il n’en fit rien....
Par manque de courage, par manque de foi, par abandon.

Il replaça ces cheveux, ajusta sa veste. Il ramassa la lettre, il ramassa Gueulermer, il ramassa le masque sur lequel il déposa un baiser.
Un murmure s’échappa de ces lèvres.


- Pardonne-moi mon frère. Je ne mérite pas ton amour. Je ne suis qu’un monstre. Et je ne saurais être autre chose.

Il enferma ces trésors dans le tiroir de son bureau qu’il ferma à double tour, puis, il replaça le meuble au milieu de la pièce pour libérer la porte.

Il avait repris son sang-froid, il avait verrouillé ces sentiments. Pas la peine de porter un masque il n’était plus que cela. Un visage froid, dénué de sentiment. Dénuer d’amour.
Il était un monstre, il ne savait que faire le mal autour de lui. Et bien soit, il tiendrait tout le monde à l’écart, ainsi il ne blesserait plus personne. Il vivrait avec sa culpabilité, sa peine, sa douleur, sa tristesse. Le jugement du très haut était rien à côté du jugement avait fait de lui-même.

En sortant de son bureau l’Orphelinat était étrangement silencieux, les enfants tremblaient devant ce directeur en proie à la folie. Montparnasse se tourna vers celui qui avait tenté de l’arrêter.


- Je suis de retour, l’Orphelinat reprend du service. Faites le savoir.
- Mais monsieur…vous…vous avez disparu longtemps et... un autre homme…un moustachu, il disait être le directeur…et…
- Vraiment ? Trouvez le moi, et ramenez moi sa tête. Sa tête me suffit amplement, je n’ai pas besoin du reste de son corps pour discuter avec lui.
- Mais Monsieur je ne suis pas…
- Et bien devenez-le. Maintenant cessez de m’importuner, allez ranger mon bureau, et quand vous aurez fini ramenez moi un des gosses. N'importe lequel.


Enguerrand tourna la tête vers l’escalier et croisa le regard de certains enfants. Il ferma un instant les yeux et respira profondément. Ses mains tremblaient encore de rage, il ne se sentait pas encore prêt à affronter la vie, mais il ne pouvait se permettre de se montrer faible, malgré la plaie ouverte et purulente qu’avait laissé la disparition de son frère dans son cœur. Il devait continuer à vivre. Pour lui. Pour eux.
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Largo.
Graine de misère, il porte le sobriquet de Largo, une banale histoire de surnom.
La misère, il la traîne, dès que se soulève la paupière sur le jour funeste, un jour de plus dans les bas fond, il faut s'en sortir, éviter les coupes gorges, les parvenus qui ne pensent qu'au cul.
Une main tendue est une main du sans nom, dans son monde l'âme mauvaise demeure sous les plus beaux apparats et les plus aimables traits.

Il a poussé comme une mauvaise herbe ses deux dernières années, il marche les épaules voûtées, la tête rentrée, il frôle les murs, toujours le nez collé au sol, le regard aux aguets.
Quinze ans qu'il survit dans les bas fonds de Paris, les mômes n'y font pas de vieux os, quelques débrouillards se cramponnent à une existence vide de tout.
Ainsi, va Largo, il les connaît les murs de l’orphelinat comme il connaît les rumeurs des mœurs de leur funeste destin, entre les mains de ce malfaiteur directeur.

Pour quelques pièces, il vend l'innocence des gamins, il cogne, il vocifère, c'est un bon à rien qui a réussi !
Il doit la connaître la misère pour la manipuler de son infâme noirceur.
Largo, il a survécu et jamais n'a croisé son chemin, il sait se faire petit, et quitter l’orphelinat lorsque le chat n'est pas là, rentrer dans les trous de souris quand le félin rôde.
C'est devenu un rituel absurde que de survivre entre les murs sensés vous protéger.

La faim domine, le ventre gargouille, il a perdu le môme dans les ruelles de la cours, une demi-miche de pain pour tout festin, il va aller chasser la caillasse pour se remplir le ventre, le grabuge est retombé, c'est sa chance, il doit filer ou crever de faim.
Il déroge à sa règle première, ne plus circuler le soir tombé, il épie, l'ouïe tendue, le vacarme vient du bureau du directeur, il peut filer se sustenter. Il longe le mur opposé et là, à cette seconde, à ce moment précis, sa vie bascule.
La porte s'ouvre, une main s’abat sur son épaule, une main large, grasse et dégueulasse l'entraîne vers le domaine réservé du directeur, la porte se ferme derrière lui dans un bruit sec.
Livré à lui-même, les iris verts détaillent le lieu, ainsi, voilà, l'enfer.
Montparnasse.
L’homme avait bien fait son travail, et si Montparnasse ignorait qui il était, il avait parfaitement exécuté ces ordres sans rechigner et cela le Directeurs l’apprécia. Assis à son bureau, Montparnasse était occupé à fourré une pipe de chanvre, les yeux rivés sur ce tiroir qui renfermait tout l’amour qu’il portait à son frère.
Sa rage, sa douleur, sa peine était forte et il lui fallait toute sa maitrise de sois pour ne pas sombrer dans cette folie pourtant si attirante. Tandis qu’il allumait sa pipe avec des gestes délicat, la porte de son bureau s’ouvrir et un des enfants y fut introduit.

Enfant, ce mot devait pris avec tact, le jeune garçon tenait plus à présent de l’homme que de l’enfant. Montparnasse le détailla longuement.
Depuis quand était il entre ces murs celui-là ?
Son visage lui était presque inconnue, il avait dut le voir le jour de son arrivé et plus rien jusque là. Le jeune homme lui était sortit de l’esprit, mais pas ce qu’il comptait faire avec. Quand il le vit de nouveau devant lui, cela lui revint clairement. La mémoire est une chose vraiment amusante quand on y pense.
Montparnasse faisait habituellement commerce de marchandise plus jeune, plus malléable, mais le jeune garçon avait un joli teint et de réelle prédis potion à plaire. Si il avait de beaux yeux verts en revanche sa posture laisser à désiré. Trop vouté, trop timide, comme si il esperait se fondre dans la masse pour disparaitre. Montparnasse devra le travailler sur ce point là. Son regard parcourut le corps du jeune homme et un léger sourire se dessina sur ces lèvres.

Le choix du garçon était intéressant. L’homme, dont il ignorait toujours le nom, avait fait preuve de malice en le choisissant, démontrant au Directeur que derrière son œil vitreux et sa tenue déplorable il restait chez cet homme un semblant d’humanité. En lui apportant ainsi le plus âgés des pensionnaires de l’établissement, il avait surement voulut protéger les plus jeunes des foudres du Directeur.
Le raisonnement était loin d’être idiot quand on savait ce qui animait Montparnasse à ce moment précis.

Désignant le fauteuil devant lui le Directeur invita le jeune homme à s’assoir tendit qu’il prenait une bouffé de chanvre sur sa pipe, recrachant la fumée devant lui, brouillant ainsi un instant le contact visuel entre eux.

Quel âge avait il, quatorze, quinze ans ? Comme Lutécien.
La coïncidence, si tant est que s’en fut une, le troubla légèrement, et, loin de l’apaiser, l’agaça plus encore qu’il ne l’était.

C’est donc d’un ton froid et dénudé de toute humanité qu’il s’adressa enfin à lui.


- Dit moi, qu’elle est ton nom ? Que fait tu encore ici à ton âge ?

Car oui, au même âge Montparnasse avait déjà, depuis bien longtemps, quitté l’enfer que représentaient ces murs. Si la question pouvait paraitre anodine elle ne l’était en rien. Il était là pour jaugeait le garçon, connaitre ses capacités avant de déterminer quel sort il lui réservait. Et son sort ne risquait pas d’être tendre, Montparnasse ne considérait l’enfant que comme une perte d’argent, et bien qu’il savait déjà quoi faire pour rendre le jeune homme rentable, il n’avait cependant pas encore complètement décidé de son sort.
Ecouterait il les recommandations de son frère ?
Épargnerait-il à ce jeune homme la vie qu’ils avaient tout deux menés, ou au contraire fermerait-il son cœur pour devenir à son tour le prédateur qu’il avait tué lorsqu’il avait sept ans ?

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Largo.
Les ruelles de la cours, les murs de l’orphelinat étaient ses seuls refuges, le monde extérieur faisait naître la bile dans ses tripes, la cruauté était partout, répandue comme la crasse qui recouvre l'immonde.
Ses iris printaniers balayèrent la pièce, la porte du jugement venait de s'abattre sur lui.
Un an a échappé à cette confrontation, un an à lécher le sol, à rentrer la tête, pour éviter ce jour funeste.
Il avait perdu le petit Jeanot aujourd'hui, le gamin n'est pas rentré, était-ce la raison de sa présence ?
Il était certain que non, il était passé au mauvais endroit, au mauvais moment.

Les mains fourrées dans ses poches, ses verdoyants passaient du bout de ses chausses au bureau, un va-et-vient incessant, les bribes de ce qu'il capturait pour mettre un visage sur le sans nom.
Une sueur froide lui parcourt l'échine, son instinct lui souffle, d'une voix moqueuse, le premier jour du reste de ta vie, ton destin va se jouer dans les minutes qui suivent, elles vont s'égrener lentement afin que son esprit soit marqué et n'oublie jamais.

Il s'avance, dans sa posture habituelle, se laisse tomber sur l'assise, il jette des regards brefs en direction du directeur.
Son nom, il ne la pas oublier, il s'en souvient, il le garde comme un souvenir précieux.
Il était âgé de quatre ou cinq ans, fasciné par une bestiole qui bavait en remontant le long d'un mur, il trouvait étrange cette créature, elle semblait porter sa maison sur le dos, il avait tendu son petit doigt pour la toucher et quelqu'un lui avait souffler que c'était un escargot, alors haut comme trois pommes, il s'était relevé et avait crié à la ronde, largo, largo, beau, largo.
Cela avait fait rire tout le monde et la rumeur c'était répandue, chaque fois qu'il passait quelque part, tout le monde criait largo.


Largo

Sa raison lui soufflait de déguerpir, son sixième sens abondait dans ce sens, dégage, lève-toi et court, quitte les lieux, mieux vaut l'enfer extérieur que la lourde sentence qui pèse sur le lieu.
Enfant des rues, il était réceptif à toute forme d'animosité, il en avait donné de sa personne, pour rester debout.
Fuir pour aller où ? Il ne connaît rien d'autre, il vit de vols, d'escroquerie, il a su préserver son innocence, une chance que tous n'ont pas eux.
Il trouve répugnants les hommes qui s'adonnent à des actes barbares entre les cuisses des catins, le plaisir, qu'est ce que c'est ?
Un instinct primaire, propre à l'homme, une manière de faire plus mal encore.


Je connais rien d'autre


Le timbre s'est affirmé, le regard ne fuit plus, il se plante dans les yeux du directeur.
Derrière son apparence fragile, il cache une rage de vivre, à chaque chute, il se relève, il veut mourir debout que crever à genoux.
Personne veut de lui, personne le connaît, personne ne sait rien, il est juste planté là, quinze ans à survivre dans la misère, s'est un débrouillard derrière son apparence fragile.
Il vit et se démerde pour sa pomme, personne ne se fait de cadeaux et celui qui est en face de lui, ne lui en fera pas non plus.
Montparnasse.
That's the price you pay
Voilà le prix que tu paies
Leave behind your heartache, cast away
Laisse ton chagrin derrière, balance le
Just another product of today
Juste un autre produit actuel
Rather be the hunter than the prey
Plutôt être le chasseur que la proie
And you're standing on the edge, face up 'cause you're a...
Et tu te tiens sur le fil, fais face tu es.
Natural, A beating heart of stone
Authentique ,Un cœur de pierre qui bat
You gotta be so cold, To make it in this world
Tu dois être si froid pour y arriver dans ce monde
Yeah, you're a natural, Living your life cutthroat
Ouais, tu as ça en toi, vivant ta vie de façon impitoyable
You gotta be so cold, Yeah, you're a natural
Tu dois être si insensible, Ouais, tu as ça dans le sang


- Largo…

Le nom est répété, presque murmurer, le directeur s’arrête un instant, réfléchi, le regarde. Ces sentiments se bousculent. Haine, amour. Il ressemble à son frère mais il est pourtant bien différent, il n’est pas lui, et cela Montparnasse le sait, tandis qu’Enguerrand l’espère au fond de lui.
Mais Enguerrand est mort en même temps que son frère.
Il ne reste que Montparnasse.
Et le garçon l’agace. L’irrite. Comme un caillou dans une botte. Un nuisible, un rat, un parasite. Il doit l’écrasé, il doit le détruire avant que ce ne soit lui qui le détruise.


- Lève-toi.

Le ton est sec, froid, exigeant.

Largo.
Ainsi tu ne connais rien d’autre ? Et bien cela va changer, ta vie va changer.
Loin d’écouter les conseils avisés que son frère lui a laissés dans sa lettre Montparnasse s’enfonce, s’enlise. De victime il devient bourreau et s’en délecte jour après jour, il se délecte de la peur, de la souffrance et de la crainte qu’il inflige aux autres. Il sombre doucement dans une folie dévastatrice ou personne ne trouve grâce à ces yeux. Et si on aurait pu croire qu’un enfant violé, bafoué, insulté, fasse tout son possible pour que cela n’arrive pas aux autres, et bien il n'en ai rien pour Montparnasse. Il a fait preuve de bonté, une fois, en sauvant celle qu’il considère a présent comme une sœur, mais les mots de la blonde ont entaillé son cœur définitivement.
Océane n’est plus.
Celle pour qui il a sacrifié sa vie, son existence, son âme pour devenir le monstre qu’il est à présent n’est plus.
Aurait-il donc fait tout cela pour rien ?
La bontée n’a donc plus de sens ?
Et si en fait c’était les méchants qui gagne à la fin des films ?

Montparnasse se lève, et s’approche du jeune homme, son regard change à chaque pas qu’il fait. Chaque pas le rapproche de ce qu’il a choisi de devenir.
Il revoit le visage de son frère, pense à la souffrance qu’il a subit à Marseille, pense à l’homme à Marseille, repense à sa mort, il voit le regard apeuré de Lili, voit dans ces yeux la peur, la supplication muette pendant que le « mal » gagne sont cœur tandis que Montparnasse prend son corps. Il pense aux Corleone, il pense à Vivia, à Aliss. Il revoit les yeux clair de son frère, il voit le regard apeuré de la petite fille, celle pour qui tout sa vie à bousculer.
La cicatrice qu’elle a faite à son cœur s’ouvre.
Les mots de son frère dansent devant ses yeux.
Il les ferme un instant, vacille légèrement.

Il n’arrive pas à gérer tous les sentiments contradictoire qui afflue en ce moment dans son cœur. Il a envie de crier, de vomir. Il a envie que tout s’arrête, définitivement. Mais il a aussi envie de vivre.
Il veut être bon.
Il veut changer, mais cette haine dans son cœur est là, bien ancré, profonde.
Les moqueries des enfants de l’Orphelinat quand il était enfant résonnent encore entre ces murs. On le trouvait faible, efféminé, froid, on se moquait de lui, on l’affublait du surnom ridicule de Montparnasse.
Mais ce nom à présent insufflé peur et crainte dans le cœur de ceux qui savait de quoi il était vraiment capable.

D’une main il se saisit de l’arrête de son bureau pour retrouver son équilibre, pour revenir dans le présent.
Le jeune garçon est là à quelques centimètres et de lui, et le poing de celui qui est autant directeur de l’Orphelinat que Galant à l’Aphrodite s’écrase sur la pommette du jeune homme avec violence.
Le bruit mat du coup fait cesser tous ces souvenirs qui affluent, se mélangent.
Le gout du sang envahit de nouveau sa bouche.
Il connaît cette sensation, il la déjà connue mainte et mainte fois et cela ne signifie rien de bon pour le jeune homme...

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Largo.
Suburban sprawl and alcohol
Banlieu tentaculaire
And what's the use in anything at all
Et à quoi bon quoi que ce soit
When you can't remember and you can't forget
Quand tu ne peux te souvenir et que tu ne peux pas oublier


Lève-toi !

L'ordre claque, vif et sec, il bondit sur ses pieds, il hume l'odeur qui se distille dans la pièce, l'opium, hallucinations, vertiges, celle qui vous fait perdre pied de la réalité, pas toujours bonne conseillère, elle se lit dans le regard changeant du directeur, il vacille.
Il est l'oiseau déployant ses ailes et ses griffes acérées pour s'emparer de sa proie.
En approche, par instinct, les poings se serrent, se crispent, les coups, il en a encaissés, il en a aussi distribués par mal.

Courir, fuir ? Il l'a fait des années et on revient toujours sur ses pas, il exècre cet endroit, les rues, les larcins, de tout ces trucs qu'il aime détester, il revient toujours sur ses pas.
Cette vie, c'est la sienne ! Bordel, il en a avalé des couleuvres pour toutes ces choses merdiques qui l'entourent.
Son quotidien est moche, dégueulasse, la vie est ainsi faite de noirceur et la noirceur du directeur est fétide.

Sa tête semble se décrocher de son cou, la pommette se tuméfie immédiatement sur sa peau diaphane, il remet sa tête en place, il ne peut pas répondre, c'est ce crétin qui tient son avenir entre ses mains.
Il entend encore le bruit de l'impact à ses oreilles, elles bourdonnent.
''Vas-y crève-moi, c'est tout ce que tu sais faire !? ''
La provocation reste muette, elle résonne dans sa tête, il n'est rien, ni personne, finalement, les coups c'est mieux que l'indifférence qui l'accompagne comme son ombre.

Ouai, un truc comme ça, il se sent vivant, il se sent presque bien, quelqu'un fait attention à lui, lui porte suffisamment d'intérêt pour avoir envie de le cogner !
Il n'est qu'une hallucination, c'est mieux que n'être rien, ça lui va.
La commissure de sa lèvre se soulève, provocante et insolente.
Montparnasse.
Le coup portait résonne encore dans son poignet, pourtant, loin d’avoir effacé l’air suffisant du jeune homme. Ses lèvres se soulèvent dans un sourire provoquant insolent.
Montparnasse le regarde, le môme le fait penser à lui.
Un garçon différent, et assez tête brûlé pour ne pas savoir quand baisser les yeux., ou devant qui.
Cela lui plait, et cela l’irrite.
Le gout de sang envahit toujours sa bouche, un autre coup suit rapidement le premier. Montparnasse se laisse porter par cette violence dont il s’abreuve. Une main se porte sur le cou du garçon, ses doigts se serrent sur sa chair tendre et douce. Il le pousse contre le mur. Le coince contre son corps. Il s’approche de lui, très près, trop près. Ces lèvres s’entrouvrent et un murmure se fait entendre dans l’oreille du garçon.


- Dit moi Largo, qu’elles sont tes rêves, tes ambitions ? Que désires-tu ?

Ouvre toi à moi, et je te laisserais peut être une chance petit insect insignifiant...
Une main saisit la hanche du jeune homme, la plaquant contre le mur, tandis que son torse vient frôler celui du jeune garçon. Le geste est érotique, mais la pression sur sa gorge reste inchangé.
Les yeux de Montparnasse sont aussi froid que son âme, et le sourire au coin de ses lèvres mauvais et sournois. La raison a entièrement quitté son corps, il n’est plus que désir et violence.
Sa langue se tend, vient lécher doucement la joue du garçonnet, attendant sa réponse avant de s’emparer du reste de son âme.

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