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[RP] Quand la vérité se joue aux dés.

Vivia


𝕬𝖚𝖙𝖚𝖓, 28 𝕱𝖊́𝖛𝖗𝖎𝖊𝖗 1466.

Devant elle, le vélin encore vierge et cette transparence qui n'aspire qu'à s'y poser. Cela fait plusieurs semaines qu'elle a quitté Mont, son Ancre pour retrouver un semblant de souffle et d'oubli. Récemment, ce dernier avait enfin pu répondre à sa missive et à ses inquiétudes, encourageant alors par la même, ce besoin et cette initiative malheureuse qui conduit la pulpe de ses doigts à épouser la plume. Entre eux, il n'y avait jamais eu de secrets et les maux de l'un étaient le fardeau de l'autre. Pourtant, elle avait volontairement enterré les raisons de son départ, de cette fuite loin des tensions qui n'ont eu de cesses de l'user, de ce triangle amoureux et malsain où tous, elle comprise étaient assurément trop dépendant de lui. Elle se rappelle alors cet échange avec Mary Lisa, ce secret ou plutôt ce silence qu'elles étaient prêtent à partager. Un commun accord où la paternité indéniable du Mont allait être concédée au détriment d'un Barbu. Cela était plus logique, plus facile, assurément plus agréable à supporter que la vérité elle-même. Après tout, étaient-ils seulement prêt à assumer ce qui grandissait en son sein ? A encaisser le joug du fiancé pourtant absent depuis un mois ? A se voir parents et responsables là où le trouble, le vice et les emmerdes n'avaient de cesse de leur coller aux chausses ? Triste ironie.

Lasse, elle observe cette pipe à opium qu'elle a, une fois de plus bourré par habitude et dont les flagrances lui soulevaient désormais les tripes. L'esprit est alors trop souvent conscient, le Barbier à son aise et les choix assurément assumés. Lui dire ? Ne pas lui dire ? Avouer la vérité au risque de les perdre..Lui et cette chose à laquelle elle a commencé à s'attacher malgré les inconforts naissants ? Et si...cette décision était remise au hasard.... Un lancé de dés. Pair, elle avoue..Impaire, elle continue de nier.

𝖉𝖊𝖚𝖝


Vérité. Toute la vérité ou juste celle-ci ? Devait-elle parler de son père ? De son frère ? De cette poisse ? Pair, elle dit tout...Impaire, elle nie tout.

𝖘𝖎𝖝




Mont,

Je te demanderai de t'asseoir avant de lire cette missive et de boire un verre de ce qu'il y a de plus fort dans ta réserve. Je t'en conjure.

Je n'ai pas été honnête jusqu'au bout, quant aux raisons de mon départ et je ne peux d'avantage continuer de nier ce qui rompt mon esprit. Nous avons toujours été franc, l'un envers l'autre. Assumé nos vices, nos parts de doute, nos incompréhensions..
Pourtant, vois-tu je suis obligée de me remettre au hasard pour rédiger cette lettre et avoir les tripes de tout avouer. Il faut croire que je ne suis pas chanceuse de nature, encore moins au dés.

Je t'ai fuis toi et la Cour pour quelques temps.

Te souviens-tu de ce murmure que j'ai abandonné dans le creux de ton oreille, alors que nous mêlions plaisir et phobie ? Je suis enceinte de toi...De trois mois, désormais.
J'avais toujours eu du retard et ne m'en étais pas réellement inquiétée mais ce retard s'est transformé en nausée, en seins gonflés et en inquiétude.
A ces tensions, ce triangle amoureux et à ce ventre habité, s'est ajouté un autre Mal.

Mon père est en vie.

IL m'a envoyé une missive directement à la clinique, semant en mon fort intérieur une angoisse corrosive, ce trouble infantilisant. J'ai retrouvé cette peur irrationnelle et panique qu'autrefois tu apaisais par tes baisers et ton amour. J'ai peur, Mont..Peur de ce qu'IL pourrait faire de nouveau, peur que mon poing vengeur ne se fige devant LUI. Peur qu'IL cherche à renouer avec ce vice qu'IL abandonnait entre mes cuisses...Peur qu'IL ne cherche à nous détruire..

J'ai laissé le cabinet pour quelques instants de peur qu'IL ne s'en prenne au bébé. Putain, c'est la première fois que j'emploie ce mot et que je l'appose... Je m'y suis attachée Mont. Au delà d'une marque indélébile sur ma cheville, il est le vestige de nos retrouvailles...de cet amour qui n'a jamais cessé malgré ma captivité et qui finalement s'est mué en autre chose sous mon nombril...

Mont, en plus du retour de cette ordure s'est ajouté autre chose. J'ai un frère.

Dans sa missive, IL a parlé d'un autre enfant, d'un fils qu'IL était fier de pouvoir retrouver. Un meneur qui réside à la Cour, un meneur qui a déjà partagé ma cellule et qui fut témoin de mes maux et de ma mue.. Tanneguy, le dernier de la Horde Sanguinaire est mon frère...
Il m'a promis de m'aider à tuer Théophile.

Eng',
Je t'ai dis dans mes lettres que je souhaitais assumer mes choix...

Alors sache que j'assume d'être partie de peur de nuire à ce qui se trame en moi, de crainte que les propos tenus à Amelliane qui fut en cloque de toi, ne me sois communiqués ou que je culpabilise de cette compréhension, de cette exception que je représente pour toi...
Jenifael, est venue me retrouver pour m'éviter de faire la route jusqu'à Geneve seule. Nizam a accepté, sans que je sache l'intérêt qu'il y trouve...
Je m'éloigne de la Cour, créé une distance entre Cette raclure et moi pour protéger ce qui grandit...
Je m'éloigne de toi de crainte qu'IL ne te torture pour mieux m'atteindre...Qu'IL se venge de cet hymen que tu as pris à son insu...Qu'Il te torture jusqu'à ce que tu le supplies de te tuer..Là est son vice, son pouvoir...Et je ne le supporterai pas..

Je fuis pour la seconde fois de ma vie et pourtant, si autrefois je courrais vers toi, le corps encore marqué de SON empreinte, cette fois-ci mes pas m'éloignent de cette dépendance, de cet attachement et de cet amour que je te voue...
Je ne peux courir ce risque, tant pour toi que pour notre enfant..

J'espère que tu pourras comprendre ces mots...Ce trouble qui ravage mon esprit et qui ne peut plus être apaisé tant par les plantes que par l'alcool qui me vrillent désormais les tripes et me font remonter la bile jusqu'au fond de la gorge..

Même si la transparence a toujours été notre ligne de conduite, je m'en veux de tout avouer de la sorte..de ne pouvoir le faire de vive voix et de pouvoir apaiser tes craintes, ta rage et ce trop plein qui déjà te ronge...

Je te prie de croire que je t'aime plus que tout Mont... Je suis incapable de perdre cette trace de nous, ce qui grandit en moi pour mieux nous rappeler que malgré nos passés et nos choix, l'on peut être encore être à même de déverser et faire naître autre chose que la Mort et la destruction...

Pour la première fois depuis longtemps, je n'aspire plus à l'autodestruction.. Je me dois de protéger du mieux que je peux, ce que l'on a pu engendrer..

Mes pensées sont avec toi...avec cette chose qui se mue en moi et qui me rappelle à chaque caresse et regard, ta présence en mon sein...

Je t'en conjure, fait tout ce que tu peux pour te faire oublier des gardes et évite la potence....Je souhaite que cet enfant ait un père...et que, comme j'ai pu te le murmurer entre deux soupirs, tu sois celui-ci.

Je t'aime...
Ta Douce.


Sous les mots, les larmes finissent par couler..Mélange détonnant d'émotions incontrôlées et d'un poids qui s'allège, d'un fardeau qui finalement se glisse sous chaque lettres de ce vélin..Aussitôt plié, le vélin est confié à un coursier contre quelques écus..

_________________
Montparnasse.


    Le 28 février 1466


Il avait réagi comme un connard. Il faut avouer que la lettre de Vivia lui avait mis la plus grosse claque de sa vie. La situation dans laquelle il était lorsqu’il l’avait reçu n’avait certes pas arrangé les choses. Son père adoptif avait disparu, il s’était disputer avec son frère, sa sœur s’était tirée (et il savait pourquoi à présent), il était dans une relation inconnue avec Ameline, car oui jamais il n’était resté au côté d’une même femme aussi longtemps, et la cerise sur la gâteau, on voulait le voir pendu haut et court pour avoir tué le frère d’une noble du royaume.
La lettre fut donc la goutte d’eau qui mit le feu aux poudres. Aux poudres d'escampette pour son cas.
Il n’avait pas réussi à la lire en entier du premier coup. La première nouvelle avait été un tel choc qu’il n’avait même pas sentit ces jambes cédée sous son propre poids. Ce n’est que cinq minutes plus tard en regardant autour de lui qu’il se demanda ce qu’il faisait là, assis à même le sol d’une taverne crasseuse sous le regard interloqué des poivrots du coin. Et cela sans être soule…
Il se releva et rentra dans sa chambre pour finir sa lecture. Une fois la lettre lut et relut plusieurs fois il se prit la tête dans les mains et réfléchit. Sa réponse était floue mais il se rappeler lui avoir dit qu’il assumerait. Et bien il avait tort. Là au pied du mur rien d’autre qu’une envie indomptable de fuir loin lui serrer le cœur.
Il vomit son maigre diner à travers la fenêtre de sa chambre et pris une décision qu’il regrettera toute sa vie.
Il fit son sac, et partit.
Sans un mot pour personne. Il ne prit même pas la peine de répondre à Vivia. Pour dire quoi d’ailleurs ? Je ne veux pas de cette enfant ? Hors de question ? Pas la peine de craindre de ton père c’est moi qui le tuerais moi-même si je le voie ? Je suis un homme odieux qui vend des enfants à des pédophiles quand ce n’est pas moi-même qui les viols, mais qu’elle bonne idée d’avoir un enfant à moi !
Tous ces péchés lui revirent dans la gueule avec une telle violence qu’à cet instant il lui parut impossible d’aimer un enfant.
Son sac sur l’épaule il disparut en plein nuit, ne se retournant que quelque seconde pour regarder l’auberge ou son frère et Ameliane se trouvait avant de s’enfoncer dans la nuit.

C’était mieux ainsi. Pour tout le monde.
Ainsi il ne les mettait plus en danger… De toute façon il était le diable, il ne savait que semer désastre et chaos autour de lui…

Ils seraient mieux sans lui.


    Le 27 Juin 1466


Quatre mois était passé. Quatre mois sans qu’il ne donne de nouvelle à personne. Quatre mois à errer sans but dans le royaume. Quatre mois pour comprendre une chose : on est rien sans les être qu’on aime.

Il avait appris que son frère était à Mont de Marsan et avait décidé de le rejoindre. Sans un mot. Une surprise ? Il espérait surtout qu’il lui pardonnerait. Il l’avait abandonné sans une explication, et Claque aurait toute les raisons du monde pour lui en vouloir.

Mais avant de pénétrer dans la ville, et il espérait, plus tard, dans son frère, il s’arrêta devant la porte de la ville pour écrire à Vivia.
Il avait reçu il y a quelque jour une lettre d’elle. Le retour de sa petite trogne n’était pas passé aussi inaperçu qu’il l’avait cru.




Eng,

J'ai eu vent par quelques Miraculés, quelques Rats que tu étais de retour parmi nous. Rien de surprenant à cela, mais vu ta discrétion et les difficultés rencontrées pour m'assurer que tu étais encore, en vie..J'ose espérer que tu n'es pas dans une impasse ou dans une situation qui te serai préjudiciable..

Quoiqu'il en soit, je te souhaite une bonne continuation et sache que je garde toujours sur moi, cette trace indélébile à ma cheville.

Prends soin de toi, de ta famille et des tiens... Et si tu le peux, évite la potence...

Ton Amie.

V. [/quote]

Entre ces deux lettres il en avait reçu une troisième d’elle. Une qui lui annoncer qu’elle avait perdu Aliss. La pire de toute en fait. Dans ces quatre mois Montparnasse s’était rendu compte d’une autre chose. Il ne lui avait pas mentit ce jour-là dans la cave. Il voulait vraiment un enfant. D’elle. Et la perte de cet être qu’il n’avait pas su accueillir lui avait laissé une cicatrice profonde dans le cœur. Il avait tant de chose à lui dire. Tant de chose à se faire pardonner. Tant de chose qu’il était incapable d’exprimé. Aussi avant de retrouver son frère il prit le temps de lui répondre enfin… Enfin depuis quatre mois.



Vivia, ma belle, ma douce… mon amour,

Je sais que je n’ai pas était l’ami, le frère, le confident, l’amant que tu mérites. Mais j’ai fait une terrible erreur en m’enfuyant devant toi. J’espère que tu sauras me pardonner un jour ce moment de faiblesse.
J’ai eu peur en apprenant que tu attendais un enfant, mais cela n’était rien comparer à la peine que j’ai ressenti en apprenant que tu la perdu. Mon monde s’est écrouler, mais pas mon amour pour toi. Ce que je t’ai dit l’autre fois dans cette cave est plus vrai encore à présent. Si un jour je dois être père, je veux que ce soit toi et pas une autre qui me fasse ce magnifique cadeau.

Tu me manque, et si tu acceptes de me revoir, je te donne rendez-vous à l’endroit où l’on se retrouvé enfant aux miracles dans 5 jours.

En espérant t’y voir.

Je t’aime plus que jamais.

Engu’


Il accrocha la lettre a la patte du pigeon et pris une grand respiration en allant rejoindre Claque…
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