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[RP] Home, sweet home... ou pas.*

Haliosha
*La douceur du foyer... ou pas.


    Notre histoire ne commence pas à Sainte Catherine mais plutôt à quelques lieux de Paris dans un orphelinat de campagne. Ce bâtiment n’était pas très grand, ni impressionnant mais il convenait pour les enfants qui y étaient confiés. Ils ne devaient pas être plus d’une dizaine, garçons et filles confondus. L’orphelinat était dirigé par une femme âgée dont des mèches grises arboraient son chignon stricte. De même que cette dernière l’était autant avec le personnel que les pensionnaires. La discipline était son maitre mot, bien qu’elle n’hésitait pas à fermer les yeux sur certaines choses. Comme par exemple lorsque les enfants étaient méchants entre eux, pas vu pas pris. Le surveillant était là pour ça, elle s’occupait uniquement des punitions à distribuer et de la paperasse.

    Le ciel était cotonneux ce jour, comme si les nuages menaçaient de se désintégrer petit à petit en flocon de neige. Un manteau blanc recouvraient le paysage et des bonhommes de neiges avaient été érigé de ci de là dans la cours. Tous les enfants s’amusaient entre eux sauf une, éloigné du groupe, dans son coin. Emmitouflée dans un manteau, un cache nez lui couvrant ses épaules et son cou graciles. La tête dans les nuages, tourné vers la gauche, elle regardait les nappes de buées qui s’échappaient de sa bouche à chaque expiration, soufflant dans ses petites mains de temps en temps pour se les réchauffer. Cependant elle était seule, et cela lui allait. Pas très bavarde, elle n’avait pas tellement réussit à s’intégrer au reste du groupe. Puis elle avait comme l’impression de leur faire peur… Allez savoir pourquoi ?

    Tout à coup, elle reçut une boule de neige qui s’éclata dans sa chevelure noire. Surprise, elle tourna son visage dans la direction du lanceur, découvrant alors un œil noisette à droite et à gauche une pupille voilé d’un blanc opaque dénué de vie. Une vilaine balafre lui traversa verticalement le côté gauche de son visage enfantin. Le plus petit des gosses laissa échapper un cri strident à cette vue et se cacha derrière l’ainé. Les autres gardaient leur distance mais étaient partagés entre le peur et le dégoût. Néanmoins, cela ne les empêcha pas de l’insulté de « mocheté», « monstre » et autres sobriquets visant à la blesser.

    Soudainement, elle se leva d’un geste vif de son banc, créant automatiquement un mouvement de recule chez les enfants. Mais au lieu d’aller se défouler sur eux, elle préféra rentrer à l’intérieur avec un regard boudeur et les poings serrés. Elle n’avait pas envie de se battre avec eux, ni de leur faire plaisir en leur montrant qu’ils avaient encore touché au but avec les larmes qui perlaient sur son unique œil. Donc, elle alla se réfugier dans la salle commune où un grand feu de cheminée avait été allumé.

    Depuis son arrivé, il y a un an, dans cette orphelinat, personne n’essayait de l’intégrer, tous avaient peur d’elle chez les pensionnaires et les adultes ne faisaient rien pour améliorer cette situation. Son histoire l’avait suivit jusqu’ici même si elle ne se souvenait pas de ce fameux soir où elle avait faillit perdre la vie et qu’à la place elle avait perdu son œil gauche. Certain même osait penser que s’était à cause d’elle si son père était devenu fou. Mais personne ne connaissait vraiment la cause, et personne n’osait lui en parler. Sans doute avaient-ils peur de le devenir également.

    Aussi, lorsque des gens venaient pour adopter, personne ne la choisissait. Même si la directrice ne donnait pas vraiment de détails sur son histoire, à moins d’insister un peu…. Mais qui voudrait d’une borgne défiguré de toute façon ? À force de voir ses camarades partir, elle avait fini par se résigner. Alors vous comprendrez sa surprise lorsque le surveillant alla la chercher pour l’emmener dans le bureau de la directrice ce jour-là. Un cadeau de noël, peut-être ? Quelqu’un avait eu pitié d’elle ? Ou une grosse blague ? Lorsqu’elle pénétra dans la pièce, la vieille se leva et contourna son bureau pour s’avancer devant la borgne. Un fin sourire apparu puis elle posa sa main sur son épaule pour l’obliger à avancer vers l’homme qui se trouvait devant la fenêtre donnant sur la cours.


    - Haliosha, bonne nouvelle ! Ce sieur voudrait t’adopter ! Je suis heureuse pour toi. Sois gentille et dis lui bonjour.

    Son œil unique ouvert en grand, se fut une sacrée surprise. Enfin quelqu’un qui n’avait pas peur d’elle. Mais elle fronça légèrement les sourcils et prononça ces quelques mots, sceptique :

    - Pourquoi moi ?

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Montparnasse.
    L’hiver était particulièrement rude cette année. Le regard du jeune galant se portait sur les enfants qui jouer avec la neige plus bas dans la cours. Il sentait le regard appuyer de la directrice dans sa nuque et cela commençait à l’agacer prodigieusement. Cela faisait de longues minutes qu’il restait là à regarder les enfants sans un mot, et il sentait que la vieille femme au chignon strict s’agiter derrière lui. Elle brisa en première le silence qui s’était installé dans son bureau :

    - Comment vous avez dit vous appeler Messire ? Je ne m’en souviens plus.
    - Je ne vous les pas dit, c’est surement pour cela.
    - Ah. Oui… surement. Euh…
    - Qui est la jeune fille là ?


    La directrice s’approcha et regarda qui le jeune homme montrait du doigt et elle ne put cacher sa surprise :

    - Oh ! Elle ? C’est Haliosha, notre plus vieille locatrice. Personne ne souhaite l’adopter hélas.
    - Pourquoi ?
    - Et bien… Vous ne le voyez surement pas d’ici mais elle est borgne. La pauvre petite a perdu son œil dans de bien triste circonstance.
    - Racontez le moi.
    - Oh, a quoi bon ressortir une telle histoire ?
    - Parce que l’enfant m’intéresse.
    - Elle vous…mais…pardonnez Messire…
    - Adhémar, Adhémar de Brissaque.
    - Messire de Brissaque, mais je ne suis pas vraiment sur d’avoir bien compris ce que vous désiriez exactement.
    - Et bien je souhaite acquérir des enfants.
    - Adopter vous voulez dire ?
    - Il va de soi. Et cette jeune fille m’intéresse.
    - Mais pourquoi elle ? Vous pourriez en avoir de… bien plus…beau, si vous me pardonnez l’expression.


    Montparnasse se retourna et toisa la directrice de haut. Son regard était froid et tout dans son être indiquer que, non, il ne lui pardonnait pas l’expression. Pourtant un sourire fendit ces lippes et le jeune homme inclina la tête avec toute la déférence qu’il savait faire avant de poursuivre de sa voix grave.

    - Eh bien, je pense que chacun a le droit à sa chance. Et cette petite a déjà assez payé sa part au sans noms vous ne pensez pas ?
    - Euh… oui, oui, bien sûr, assurément, je ne peux qu’être d’accord avec une telle largeur d’esprit.
    - Je vous prie.


    Oui chacun a le droit à sa chance, mais ce n’est pas pour cela que Montparnasse avait jeté son dévolu sur la jeune fille. Les éclopés rapportent. Les borgnes attristent. Que penserait ton du nouveau directeur de sainte Catherine en apprenant qu’il porte secours a un petit être défiguré ? Que sait un homme bien, assurément. Les apparences sont primordiale dans ce monde et Montparnasse savait user et abuser de subterfuge quand cela était nécessaire. Retournant à l’observation des enfants dans la cours, il reprit :

    - Racontez moi son histoire je vous prie.
    - Oh c’est une bien triste histoire, je ne suis pas sûr que cela vous soit utile.
    - J’aimerais savoir.
    - Et bien…, Haliosha était la fille unique d'un homme alcoolique et violent. Un jour, il s’en est pris à elle. L’alcool aidant il n’a pas réussir à la tuer comme c’était son attention au de but, mais la pauvre petite en a perdu son œil. Elle avait 5 ans. Lorsque la maréchaussée est arrivée pour arrêter le père, il beuglait qu'elle était maudite et qu'il fallait la tuer, cet homme était fou il va s’en dire. Il croupit en prison depuis.
    Une fois soigné, elle avait tout oublié ce jour-là, une sorte d'amnésie ponctuelle. Et on la déposa à un orphelinat dans les environs de Paris.

    - Elle ignore donc que c’est son père qui lui a fait cela ?
    - C'est cela Messire.
    - A-t-elle un dossier avec le nom de sa famille dedans ?
    - Euh… oui, je dois avoir ca quelque part.
    - Bien donnez-le moi. Et se père n’avait pas d’autre famille ? Pas de mère, de cousin éloigné, de tante qui aurait pu s’occuper d’elle ?
    - Non personne Messire.
    - Bien. Allez me la chercher, je veux la voir de plus près.
    - Oui, tout de suite.


    Des paroles furent échangées avec le surveillant qui partit dans les couloirs chercher l’enfant.

    - Je voudrais également le petit blond avec un pull rouge je vous prie.
    - Deux enfants ?
    - Oui deux. Mais je prendrais ce deuxième en sortant, pas besoin de me l’amener.
    - Euh…oui…oui mais, euh... d’accord.


    La directrice trouvait l’homme étrange mais n’eut pas le temps de se poser plus de question que déjà le surveillant revient avec l’enfant.
    La directrice alla l’accueillir comme si elle était presque soulagé de se débarrasser enfin de la petite.


    - Haliosha, bonne nouvelle ! Ce sieur voudrait t’adopter ! Je suis heureuse pour toi. Sois gentille et dis-lui bonjour.
    - Pourquoi moi ?


    Montparnasse cessa d’observer les autres enfants par la fenêtre et se tourna vers l’enfant. Il la détailla longuement en silence, de bas en haut. Aucune émotion particulière ne se lisait sur son visage avant que celui-ci ne se fendit d’un sourire qu’il adressa à la petite.

    - Je vois que l’on ne t’as pas encore appris la politesse, mais je ne m’en offusquerais pas pour cette fois, après tout ta question est légitime.

    Sans néanmoins lui répondre Montparnasse fit le tour du bureau sans adresser de regard supplémentaire à la gamine et vint s’assoir en face du bureau de la directrice.

    - Passons à la procédure d’adoption je vous prie.
    - Maintenant ? Vous ne pouvez pas repasser demain le temps que je prépare les documents ?
    - Non, je ne peux pas. Je suis un homme occupé vous savez. Quand à votre….paperasse.


    Montparnasse fit une pause et regarda autour de lui. Avant d’ajouter un sourire au coin des lèvres.

    - Un tel établissement, coûte une fortune. Que diriez-vous d’une généreuse donation de trois cent écus contre deux bouches à nourrir en moins et on oublie les papiers ?

    Une bourse fut posé devant la vieille femme tandis que celle-ci le regardait outrée d'une tel proposition.

    - Mais enfin ! Des enfants ca ne s’achètent pas !
    - Vous avez tout à y gagner à accepter mon offre. Vous ne perdrez pas votre temps à rédiger ces documents, et vous aurez de quoi chauffer cette bâtisse pendant plusieurs mois.
    - Mais, vous n’aurez pas vos certificats d’adoptions à vos noms si je fais cela.
    - Cela est mon problème pas le votre.


    Pour couper court à la résistance de la directrice, Montparnasse regarda la petite qui avait assisté à l’échange, et lui adressa à nouveau la parole.

    - Va donc préparer tes affaires, nous partons dans l’heure.
    - Et le petit Nicolas Messire ?
    - Cela n’est pas nécessaire, j’ai des affaires pour jeune garçon qui lui iront bien mieux que ces guenilles.


    Montparnasse se leva et prit sa capeline de bonne facture et s’inclina devant la directrice pour accompagner la gamine.

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Haliosha
    L'échange entre la vieille directrice et Montparnasse fut assez incompréhensible pour la borgne, d'ailleurs s'est de son unique œil interrogateur qu'elle regarda le surveillant à sa droite dont ce dernier haussa les épaules pour toute réponse. Évidemment, qu'est-ce qu'il en savait lui aussi ? Pas plus qu'elle sans doute. C'était un homme un peu simplet après tous, et Haliosha n'était qu'une gamine de six ans. À l'instar de la politesse, la balafrée avait appris le scepticisme et la prudence. Son père était violent avec elle, son petit corps avait été témoin de ses coups jusqu'à qu'elle soit abandonné dans cet orphelinat. Et pensant que les choses changeraient, elle réalisa que le monde était aussi noir que dans son ancienne maison. Les enfants étaient méchants avec elle, les adultes l'ignoraient autant qu'ils le pouvaient. Alors quoi ? Elle allait se montrer polit envers cet inconnu ? La confiance ça se mérite.

    Néanmoins, cet homme était fort pour éviter les réponses aux questions, et sans attendre une minute de plus, il entraîna Haliosha dans son sillage. Seulement, la dernière question de la directrice fit ralentir le pas de la borgne.


    - Nicolas ? Il part avec nous ...?
    demanda-t-elle déçue.

    Son regard se leva vers le visage aux traits fins de l'individu. Bien qu'elle ne comprenait toujours pas pourquoi on voulait l'adopter elle et pas un autre, elle espérait qu'aucun autre enfant de ce taudis ne la suive. Malheureusement, s'était cette brute de Nicolas qui avait été choisi en plus d'elle. Son arrivée à l'orphelinat se fit six mois après celle de Haliosha, mais à peine arrivé et dès lors que les adultes avaient le dos tourné, les plus faibles des enfants devinrent ses boucs émissaires, dont la borgne. Malgré la peur que ses camarades ressentaient envers elle, il faisait en sorte que tout le monde est une aversion pour elle et enjolivait le peu de chose qu'il savait sur son histoire. "Vous savez pourquoi son père l'a abandonné ?" Disait-il au milieu de la nuit dans le dortoir. "Parce que de son œil blanc, elle l'a possédé et rendu fou!" Depuis, les enfants avaient peur d'elle et l'évitaient autant qu'ils le pouvaient.

    Lorsqu'ils arrivèrent dans le dortoir, la gamine se dépêcha de rejoindre son lit pour y prendre sa poupée de chiffon qui dormait sous l'oreiller. Elle ouvrit la petite malle en bois au pied de son lit pour la glisser à l'intérieur et se retourna vers Montparnasse.


    - C'est tout ce que j'ai ...


    La valise contenait donc sa poupée et quelques vêtements tâchés, de pas très bonnes qualités et de différentes couleurs pas forcément assorti. Ce qu'elle portait actuellement était l'uniforme de l'orphelinat d'un blanc grisé par le lavage, mais assez épais pour tenir l'hiver. Cependant, qui dit être adopté, dit partir de cet endroit et donc de se défaire de l'uniforme... donc, elle retira son manteau et son cache-nez qu'elle posa sur son lit puis... Hésitante, son œil unique se posa sur l'homme face à elle. Elle le pointa du doigt et articula d'une moue boudeuse.

    - Retournez-vous ! Faut que j'me change.

    Derechef, elle plongea ses petites mains dans sa malle pour y prendre des vêtements et n'attendit pas pour se cacher derrière son lit. Assise parterre, elle s'extirpa de l'uniforme délavé, laissant apparaître quelques secondes des marques anciennes de ceinture sur ses omoplates qui laissaient bien à penser qu'elles continuaient dans le dos. Le temps de mettre un chainse et ses anciennes blessures n'étaient plus visible. Ensuite, elle cacha ses jambes dans des bas verts, puis des braies violettes, et finir par une tunique orange. Seules ses chausses usées étaient de la couleur naturel du cuir, soit marron. Laissant l'uniforme sur le lit, elle remit son manteau et son cache-nez.

    - Suis prête, dit-elle en s'avançant vers Montparnasse. Vous vous appelez comment au fait ? Et on va où ? Nicolas est obligé de venir ? J'l'aime pas, finit-elle boudeuse.

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Montparnasse.
    - Nicolas ? Il part avec nous ...?

    La mine déçue de l’enfant lorsqu’elle leva son œil unique vers lui, fit légèrement sourire le brun. En guise de réponse il se contenta de hocher la tête. Montparnasse savait se montrer prolifique en parole, tout comme il savait se montrer silencieux quand cela le nécessiter. Et entre les murs de cet établissement, le jeune galant ne comptait pas s’étendre plus que cela sur le sujet.
    Bien sûr il n’avait pas choisi Nicolas par hasard. Il avait bien vu qui avait lancé la boule de neige sur la gamine et il l’avait vu se moquer d’elle quand elle était partit. Le petit Nicolas n’avait attiré que mépris et irritation à ce nouveau directeur particulier, et il s’était dit que ce petit garnement serait sa première victime. Il ne méritait pas mieux de toute façon. Son corps s’éveilla à cette idée, à l’idée de s’en prendre à cet être innocent bien trop sûr de sa bonne étoile. Il prendrait un plaisir malsain de le détruire…

    Il fut tiré de ses pensées par la petite qui lui demandait de se retourner. Levant un sourcil, mais gardant les lèvres scellées il la regarda amusé, se cacher derrière son lit pour ôter sa robe informe… pour enfilé une tenue pire encore. Ce mélange de couleur criarde ! Mais qu’elle mauvais goût ! Il ne se posa pas de question supplémentaire sur ce choix surprenant, mettant cela sur les goûts exotique des enfants. Il prit la valise des mains de la jeune fille et lui adressa un autre sourire à ces questions.


    - Patience petite, tu auras bien vite la réponse à tes questions. En attendant tu peux m’appeler Monsieur.

    La précédant dans l’escalier Montparnasse alla signifier leur départ à la directrice et, galant jusqu’au bout il lui fit même un baise mains qui la fit rougir et balbutier un :

    - Au plaisir de vous revoir Messire de Brissaque, n’hésitez pas à me donner des nouvelles de vos nouveaux enfants, en espérant qu’il vous apporte tout la joie que vous désirez.
    - Je n’y manquerais pas Madame, mais je vous prie appelez moi Adhémar.


    Cette invitation la fit de nouveau rougir surtout qu’elle fut accompagné d’un clin d’œil et de l’un de ces sourire les plus charmants. Montparnasse savait y faire avec les femmes, surtout quand elles étaient âgées et aigris… un vrai jeu d’enfant.

    Refermant la veste qu’il avait entrouverte à l’intérieur, autant pour la chaleur que pour laisser à la directrice le loisir de se rincer un peu l’œil, Montparnasse passa une main dans le dos de la petite et la poussa gentiment à l’extérieur. Il n’avait plus temps de trainer de trop dans ce lieu.
    S’approchant des enfants qui jouer dans la cours, ceux-ci le dévisagèrent avec des yeux rond, ne comprenant pas ce qu’il faisait avec la petite Haliosha. L’avait-il vraiment adopté ? Pour de vrai ?


    - Nicolas ? Viens. Et suis-moi.

    Pas un mot de plus que nécessaire, ce qui, bien sûr, ne plut pas au garçonnet. C’était lui le roi de cette cours, et il était hors de question qu’il parte avec "la maudite" sans plus d’explication.

    - Z’êtes qui vous ? Vous me voulez quoi ?

    Un léger soupire exaspéré sortit des lèvres de Montparnasse tandis que la petite Haliosha l’attendait quelques mètres plus loin.

    - Je t’ai adopté, alors je te prie d’être plus respectueux. Maintenant suis moi et cesse de discuter.
    - Mais ! et mes affaires ?
    - Tu n’en auras pas besoin là où on va.


    Le gosse ouvrit grand la bouche sous la surprise et hésita un peu à le suivre. Montparnasse le saisit par le bras tandis qu’il disait au revoir à ses camarades de l’autre. Arrivé à la hauteur de la petite borgne il lui fit signe de le suivre n’ayant toujours pas lâché la valise de son autre main.
    Un peu plus loin une voiture les attendait et Montparnasse leur fit signe de monter…

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Haliosha
    La borgne regarda la scène de loin, mais elle se réjouissait intérieurement que le Roi de la cour se soit fait détrôner sans plus de cérémonie. Alors que "Monsieur" le traînait par le bras, il fit signe à la gamine de le suivre jusqu'à la voiture qui les attendait. Mains jointes dans le dos, elle se retourna d'un seul geste tout en gardant la tête haute et ne portant aucun regard sur Nicolas, ni les enfants qui leurs disaient au revoir. Elle n'avait que faire d'eux. Elle suivit donc le pas de Montparnasse avant de grimper dans la calèche.

    Une fois à l'intérieur, elle laissa le garçon se mettre à côté d'elle. Enfin, ce dernier la poussa pour qu'il lui laisse de la place plutôt. Lui jetant un regard assassin de son unique œil, elle lui donna un coup de coude dans les côtes avant de le pousser à son tour.


    - Nan mais tu vas arrêter de me pousser!
    - T'm'as fait mal mocheté! vociféra-t-il en lui tirant les cheveux.
    - Aïeuuuh!

    Et bien cela commençait bien pour une première sortie, les deux gamins se donnèrent coups de pieds, coups coudes, morsures et tirages de mèche à tous va jusqu'à que la borgne eut la mauvaise idée... ou la bonne, de lui donner un mauvais coup dans les bijoux de famille. Plié en deux contre la paroi de la voiture et pleurnichant en protégeant son entre-jambe de ses mains, il regrettait amèrement de s'être fait adopté par l'homme qui avait adopté la maudite de l'orphelinat. Ne s'excusant pas, Halïosha se cala contre la paroi opposée, bras croisé et front contre le bois, boudeuse.

    - Tu l'as cherché, c'ta faute idiot.

    Le laissant chouiner dans son coin, son œil noisette se posa sur Montparnasse.

    - Vous n'allez pas nous renvoyer? C'est sa faute si je lui ai fait mal, il n'avait pas qu'à m'pousser et me tirer les cheveux. Et j'veux pas y retourner... J'aime pas c't'orphelinat.... J'y retournerai pas t'façon.

    Pour finir, elle se mura dans le silence. Il est clair que si Montparnasse changerait d'avis à cause de leur bagarre à peine entrer dans la voiture et qu'il les redonnerait à la vieille directrice, elle ferait tous pour s'enfuir et partir loin d'ici coûte que coûte. Elle n'avait nul part où aller, mais elle n'avait pas peur de partir à l'aventure, même si pour cela elle devait devenir une petite chapardeuse et vivre dans la rue. La vie lui avait apprit qu'à compter que sur elle-même. Et pourtant elle n'avait que six ans.

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Montparnasse.
    A peine entré dans la voiture que déjà les enfants se disputent. Montparnasse ne dit rien, il observe sans intervenir. Observer les enfants se battre aide a déterminé leur personnalité. Le coup dans les glaouie le fait sourire. La petite a du caractère. Cela lui plait. Alors que le gamin chouine, la petite, bas croisé l’interpelle.
    La question le fait sourire. Son regard se pose sur le garçon, lui aussi espère une réponse de Montparnasse. Il en fait des tonnes, espérant ainsi pousser "leur nouveau père" à faire demi-tour et à se débarrasser de la gamine, mais Montparnasse ne fait rien de tout cela et encore une fois il ne répond pas à l’enfant.

    Passant une main par la fenêtre il fait signe au cocher de rouler. Pas besoin de donner la destination l’homme connaît d’avance l’itinéraire à suivre.

    Tandis que le coup de fouet réveil le cheval et que les roues tressautes sur les pavés irrégulier, la main du Galant s’écrase avec ce bruit caractéristique sur la joue de Nicolas. Cette gifle fait échos au tourment du directeur. Il devait avoir le même âge que le petit Nicolas quand il s’était pris la même gifle dans la même voiture.
    Et le destin qu’il réserve au jeune garçon n’a rien à envié au destin qu’il a lui-même reçut.

    Pourquoi ?
    Parce que.
    Parce que Montparnasse est remplie de haine.
    Montparnasse c’est l’histoire d’un garçon qui se fait violer et qui devient violeur.
    D’un garçon qui se fait battre et qui bat en retour.
    Son premier crime lui a apporté un sentiment de pouvoir et de force, alors il cherche cette sensation en tuant encore, sans raison parfois, pour de bonne raison d'autre fois. Si on lui donne le bon dieu sans confession avec sa gueule d’ange et ces grands yeux bleus, Montparnasse n’est rien d’autre que le mal incarné.
    Et si son ascension dans ce monde passe par le malheur de quelques enfants et bien qu'il en soit ainsi. Il n'y a aucune hésitation dans ces choix.
    Cela endurci lui dit la raison.
    Pourquoi serais-tu le seul ? lui répond le cœur.

    Alors oui Montparnasse décroche à ce gamin qu’il trouve hautin une claque monumental et ne bronche pas devant la stupeur de l’enfant.
    Le silence se fait pesant tout à coup, Nicolas n’ose plus broncher. Tant mieux. Ces pleures incessant aurait énervé le jeune directeur.

    Les minutes passent. Le temps s’écoule.
    Après une demi-heure de route la voiture s’arrête enfin. La chevelure blanche de son frère se distingue dans la ruelle. Il fait signe à la borgne de ne pas bouger. Ses yeux sont glaciale et il ne tolérerait aucun écart de comportement de sa part.

    La tignasse du garçon est saisi et Montparnasse le fait descendre de la voiture, en lui emboîtant le pas.
    Un sourire est destiné à son frère, pas besoin de discuter plus, le deal se fait en plein jour, pas besoin de trainer plus qu’il ne faut dans ces rues. De simple mot sont échanger.


    - A livrer à l’Abbé Dophile.

    Un clin d’œil et un baisé est envoyé tandis que Montparnasse remonte dans la voiture. L’échange n’a même pas duré une minute.

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Claquesous
Adossé à un mur, à l'ombre d'une ruelle sombre et peu fréquentée, Lutécien attendait, pipe coincée au coin des lèvres, il s'appliquait à renvoyer dans l'air de petits cercles de fumée.
Peu de passants s'aventuraient à cet endroit mal famé, mais le jeunot y évoluait, discret et sûr, sans être importuné le moindre du monde.

Il attendait, patiemment et lorsqu'il en eût marre de ses diamètres opiacés, il se mit à fredonner.


    Une, deux, Monty te coupera en deux 
    Trois, quatre, remonte chez toi quatre à quatre
    Cinq, six, n'oublie pas ton crucifix
    Sept, huit, surtout ne dors pas la nuit
    Neuf, dix, il est caché sous ton lit


Enfin, le claquement des sabots et le roulement de la voiture raisonnèrent sur les pavés. Le masque du ventriloque fut réajusté sur la partie supérieure de son visage et lorsque le convoi s'arréta, il sortit de l'ombre pour réceptionner l'enfant pas si plus petit que lui finalement.
Nul besoin de paroles, un regard de connivence avec Montparnasse, sans oublier le d'attrapper le baiser fraternel pour le coller sur son coeur, il s'éloigna, un bras pseudo-protecteur autour des épaules de Nicolas essuyant ses larmes et son nez d'un joli mouchoir immaculé.
.
Bien sûr qu'il allait le livrer à l'Abbé Dophile, mais avant...avant...fallait bien rentabiliser la chose au maximum.

Il avait le temps et rassurant, il entraîna le gosse jusqu’à une petite chambre d'auberge, ou toujours complice et souriant,l'amusant avec ses tours de ventriloquie et le laissant jouer avec sa poupée, il leur servit deux timbales de lait vanillé.
Seulement, celle qui tendit à son compagnon se vit amélioré d'une pincée de graines de pavots.
Ils trinquèrent et rirent, comme deux mômes qu'il étaient, l'un retrouvant du poil de la bête, trouvant certainement celui aux cheveux blancs, d'une gentillesse rassurante et d'un calme à toute épreuve.

Nicolas ne tarda pas à cligner des yeux et lorsque la tête roula contre son torse, Lutécien le berça tendrement et l'allongea sur la couche, le bordant avec délicatesse. Enfin, il quitta la chambre fermée à double tour et descendit dans la taverne.
Il s'approcha d'un homme, assurément un bourgeois ou un noble vu ses apparats coûteux et lui tendit la clef.


    Chambre 13.
    Vous avez une heure et je veux les 200 écus d'avance, comme convenu.


Il réceptionna la bourse, comptant les piécettes avec minutie et remercia d'un signe de tête, s'installant au comptoir tandis que le client se rendait dans la chambre.

Le gamin était opportuniste et sans scrupules et au retour de l'homme, il retourna faire boire son lait de pavot à sa petite victime et le vendit encore par trois fois, baissant le prix a 150 ecus, après tout, l'enfant n'était plus pur après le premier passage.
Des remords, il n'en n'avait aucun. N'avait-il pas lui-même subi le même sort depuis ses huit ans ? Et il en était pas mort.

A son réveil, Nicolas ne se rappellerait de rien, malgré une douleur au fion, il ne se douterait pas que pendant qu'il dormait, Claquesous s'était fait 650 écus .
Les Vêpres sonnèrent, le crépuscule se pointait, il était temps de remmener le garçon à destination.
Plus tard, lorsqu'il retrouva Montparnasse dans le bureau, il déposa devant son frère la moitié du butin amassé..


    Pour la caisse de l'Orphelinat.


Tout sourire, une gueule d'angelot à qui on donnerait le bon dieu sans confession, il observa son aîné fredonnant de sa voix douce.

    Un, deux, Claque te crév'ra les yeux
    Trois, quatre, attention il va te battre
    Cinq, six, saisie-toi vite d'un crucifix
    Sept, huit, reste éveillé toute la nuit
    Neuf, dix, si tu t'en dors s'en est fini *




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