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[Rp] Chico-mania

Shawie
- Longny-au-Perche ? Alençon parait il -



Puisqué j'vous dis qué mon phomme habite ici. Bouge ton gros cul, couillon !

Hey, vous n'avez pas l'autorisation pour passer ! Madamee !


C'est la phrase qu'elle hurla sur le pauvre garde qui venait tout juste d'ouvrir la petite grille d'entrée. Sha s’engouffra sans attendre dans la cours pourtant poursuivis par le gringalet qui ne l'était pas tant. Elle, elle était absolument pas un danger. La tronche tuméfiée, boitillant d'une patte, pansement autour de la taille, et bras en écharpe, elle tenta d'accélérer le pas pour semer son poursuivant. Étant donné qu'elle était environ à 2,5 km/heures, le garde n'avait aucune difficulté à lui barrer la route.


M'enfin putaing, tu vas bouger ton cul plein dé vers d'la. J'te dis qué j'suis mariée d'abord ! Tocard.

Alphonse, va chercher la Vicomtesse ! Dis lui qu'une folle ivre force la grille.


L'autre garde fila comme une flèche dans la bâtisse pendant que l'espagnole lutta dignement dans la bataille verbale qui l'opposé à son ennemi du jour. Un grand con, avec un presque soulier blanc.


Bon écoute, tu vois bien qu'il mé manque une main ! Et presque un œil ! Quoi tu veux qué j'te fasse bon sang ! Tu m'reconnais pas en plus ? C'moi quoi. Shawie ! La Marquise ! Samy, Samuel, Cerbère !

Mariage !



L'homme en face d'elle semblait dubitatif quant aux propos de Sha. Tout le monde le serait. Cela ne voulait rien dire pour une personne extérieure à leur couple. D'ailleurs, est ce que leur couple existait il encore ? Dans son esprit, aucun doute la dessus et c'est avec conviction qu'elle arriva difficilement à passer à 4km/heure dans sa course folle. Plus l'homme la retenait, plus elle devenait verte de rage : le poussant, lui jurant à la gueule puis finalement, elle prit appuis sur un arbre pour reprendre son souffle. C'est moche de vieillir.


J'te jure, j'vais t'faire bouffer les roubignoles quand j'aurais repris mon souffle. Attends un peu t'vas voir !


Dit elle l'air menaçant, le doigt valide levé !


SAMYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY SAMUELLLLLLLLLLLLLLL !

Bon sang mais vous êtes ivre ! Je vais vous dégager de là à coup de pied dans le fondement !

J'suis même pas ivre ! Héhé bouseux. Mé touche pas sinon j'mords.


Et c'est ce qu'elle fit lorsqu'il posa sa main sur son bras : un coup de croc.
_________________
Samsa
    "Il faut des rires, il faut des pleurs,
    Faut des fleurs pour se souvenir
    Qu’on a eu des jours meilleurs.
    On dit qu’après le pire, qu’après la peur,
    Il y a cette chance à saisir ;
    Mais quel est le prix du bonheur ?"
    (Lilian Renaud - Ne plus avoir peur)



Dans son bureau, la baronne passée vicomtesse faisait des rapports et des lettres pour le Conseil Ducal. Les angevins intégraient des armées, la levée de ban durait et rien de tout cela n'étonnait Samsa. Elle serait encore longtemps coincée ici, à contempler les angevins s'empaler sur le Maine, interdite d'y aller. Rien n'agaçait plus Cerbère que d'être là où on n'avait pas besoin d'elle. A cette heure, elle devrait encore être dans le sud auprès de Lucie, sa suzeraine mourante. Était-elle encore seulement en vie ? Elle l'ignorait. Et puisqu'elle était toujours la dernière au courant, elle essaya de ne pas se figurer cette hypothèse.
Depuis son étage, elle entendait la vie de son château : les forges, les cris des badauds et des gardes, les chevaux et quelques animaux autres. Habituée au vacarme étouffé, un cri se distingue pourtant, faisant relever la truffe de la noble de ses affaires. Une seule personne l'appelle ainsi. Se précipitant à la fenêtre de son bureau, Samsa regarde en bas. La vitre est trouble mais elle la reconnait tout de même.


-Bordel Shawie, tu vas te faire buter té...

Immédiatement, la maîtresse des lieux quitte la pièce en trombe pour dévaler les escaliers. Elle y croise un garde qui n'a même pas le temps d'ouvrir réellement la bouche qu'elle répond d'un "je sais pardi !", continuant sa course. Quand elle arrive dans la haute-cour où Shawie a réussi à passer, quelques gardes sont déjà là en train de lui barrer le chemin de leur hallebarde. Du moins essayent-ils, de sauver en plus leur camarade qui se fait mordre au bras.

-Écartez-vous pardi ! Baissez vos armes.

Un bref temps d'hésitation des gardes avant leur obéissance. Ils savent qu'avec Samsa, la discipline n'est pas une option. Immédiatement, Cerbère passe ses gardes aux couleurs sable et or de la baronnie et prend Shawie dans ses bras en faisant attention au bras en écharpe qu'elle avait remarqué.
Elle savait d'où venait Shawie : de l'Orléans, qu'elle avait tenté de prendre avec une armée. Son armée. Cela faisait presque trois mois que Shawie l'avait quittée, suite à son anoblissement. Sa décision avait été sans appel, Samsa n'avait rien pu y faire. Elle avait réussi, bien souvent, à faire revenir Shawie auprès d'elle ou à l'empêcher de partir. Pas cette fois. L'Espagnole était partie, avait presque coupé les ponts et les lettres de Samsa avaient eu pour réponse le rappel de cette limite nouvelle qu'elle transgressait. Mais qu'importait pour Samsa, Shawie l'avait dit : elle était toujours sa femme. Elles étaient, et seraient toujours, la femme de l'autre. C'était comme ça, même si elles n'étaient plus ensembles. Samsa avait senti, cette fois, que le retour en arrière ne se ferait pas. Elle l'avait lu dans les yeux de Shawie.


-T'es salement amochée, comme d'habitude pardi. Tu t'embellis pas avec l'âge !
Comment tu vas pardi ?


Les premiers temps sans Shawie avaient été très difficiles. Samsa avait tout perdu, elle s'était retrouvée à errer dans un bordel sans parvenir à trouver sa place, complètement paumée dans sa vie. Elle avait bu, beaucoup. L'alcool était son refuge. Elle avait fait un gros travail sur elle-même pour ne pas couler comme elle avait pu couler à la mort de Zyg. Elle avait travaillé dur pour accepter la décision de Shawie et la respecter. Elle remontait doucement la pente, aujourd'hui, un nom s'imposant peu à peu dans sa tête : Meroé. Rien à voir avec Shawie, ni mieux ni pire pour autant. Les gens, ça ne se compare pas. Celle qui était issue des pays de l'Est s'était toujours vu offrir une version très franche de l'histoire de Samsa avec Shawie, il n'y avait rien qu'elle ignorait, notamment le lien qui unissait Samsa et Shawie.

-Qu'est-ce que tu fais là té ? T'es listée dans tout le duché ! Et le royaume, j'imagine. Ton coup d'éclat n'est pas passé inaperçu en Orléans pardi.
Viens, rentre, je me demande encore comment tu tiens debout té.


D'un signe de la main, Samsa écarta ses gardes, incrédules. Le pauvre mordu devrait trouver réconfort ailleurs que dans l'estime de la Baronne : s'il avait pris un coup de dents, c'est qu'il l'avait mérité.
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Shawie
Ah bah j'tavais prévenus qué j'allais mordre hein. Chouine pas quoi.


Puis, Samy arriva comme un chevalier blanc parce que le garde avait déjà la main levé pour lui en coller une bien méritée. Du réconfort dans les bras de l'être aimé malgré tout ce qu'elle avait pu dire, elle était incapable de passer à autre chose. Et, l’égoïsme qu'elle pouvait avoir en temps normal lui criait chaque jour que cette rupture n'était pas la solution. Pour la protéger qu'elle avait dit. C'était pas faux, mais c'était pas très vrai non plus.

Elle ferma les yeux un instant, savourant ce moment avant de déposer sa main sur la joue de Sam.



Dans lé Royaume j'espère. Jamais dans la demie-mesure. Pour une simple histoire dé canard, j'me suis pris l'autre con dans la gueule. A cinquante contre 5, j'te raconte pas l'histoire bon dieu. J'étais tellement excitée Sam. J'ai encore cassé mon épée en passant. Et mon bouclier.


Elle prit le bras de Sam et lui emboita le pas, lentement. Comme dit, jamais dans la demie-mesure et l'Espagnole marcha quelques pas dans la cour, juste assez pour être assez loin des oreilles indiscrètes.

Machinalement, elle lui déposa un simple baiser sur la joue et plongea son regard dans le sien. Une boule énorme lui bloque la respiration et elle découvrit une nouvelle sensation bien étrange : la peur d'être rejetée par l'être aimé.

Un flux de parole sans fin s'apprêtait à être déversé. Quelque chose qu'elle n'imaginait même pas pouvoir dire un jour.



J'suis pas venue ici raconter mes faux exploits. J'suis venue pour toi Sam. Juste pour toi. J'veux té récupérer. J'veux pas té quitter, j'ai dis ça, mais j'veux pas. T'aurais du mé retenir, t'aurais du mé dire un grand non et mé frapper pour me faire retrouver la raison. J'ai essayé dé passer à autre chose mais t'es la Lui montrant son cœur et sa tête. Et j'arrive pas à t'en faire sortir. T'aurais pas du dire oui, t'aurais pas du mé laisser partir. Tu sais bien qué j'sais pas faire toussa, et puis après, j'ai cru qué ça serait mieux mais finalement être égoïste c'pas mal aussi non ?

J'veux pas. J'peux pas.



Avant de ... s'effondrer littéralement en larmes.


Je t'aime putain.
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Samsa
    "Il n'y a pas que l'amour qui blesse,
    Il y a les conséquence de certains de gestes :
    T'es partie.
    Ta famille pleure et la fête est finie,
    Il n'y a pas que l'erreur qui blesse,
    Il y a le mal de l'absence qui reste,
    Ce pour la vie."
    (Shy'm - T'es parti)



La vie vous fait parfois des coups de pute, littéralement. C'est si rassurant de retrouver Shawie, l'Espagnole avec qui elle a partagé quatre ans de sa vie, celle qui l'a changée sous bien des aspects, retrouver sa façon de parler, son état d'esprit... Tout ce que Samsa connait par coeur et auquel elle a renoncé, malgré elle. Il aurait été tellement plus simple que Shawie revienne juste lui conter ses exploits ; elles auraient bu ensemble et l'Espagnole serait repartie à d'autres non-exploits. Mais non. Et là, au beau milieu de la haute cour, Cerbère a pour spectacle la brigande qui éclate en sanglots. A-t-elle jamais vu Shawie pleurer ? Elle n'en a pas souvenir. Putain, c'est trop dur. Elle n'a pas eu le temps de se constituer une armure pour ça !
Paluche s'arrime au poignet de l'épouse et l'attire à l'intérieur du donjon. Passé le hall où règnent les armes de Longny-au-Perche et de Treiscan, elles arrivent dans la salle du banquet, pas si grande au vu de ce qu'elle devrait accueillir. Des tapisseries relatant les exploits royalistes, et notamment ceux de Samsa, ornent les murs, dont une assez remarquable au-dessus de la cheminée, représentant les armes de la baronne des lieux. Celle-ci, d'ailleurs, abandonne là Shawie, près d'un banc sur lequel elle peut s'assoir, et lui tourne brièvement le dos pour faire quelques pas, poing gantelé de combat entre les dents. Quand elle regarde de nouveau Shawie, les larmes ont déjà creusé des sillons sur ses joues. L'Espagnole aussi, a-t-elle seulement déjà vu la Cerbère pleurer ? Probablement jamais.


-J'ai essayé pardi. Je t'ai dit, que je m'en foutais. Mais tu ne m'as pas écouté, t'as remis tes bottes, et alors je t'ai retenu té. T'as pas voulu entendre.
Je t'ai déjà retenu Shawie, plus d'une fois, et ce qu'on a vécu, ça montrait que j'avais bien fait té. Je voulais te prouver qu'on pouvait s'en foutre, mais t'as pas réussi à passer ça. Et je... j'ai jamais voulu être ta geôlière té.


Trop de fois, Samsa l'avait retenue. Trop de fois, elle avait parcouru le royaume pour la retrouver, la rassurer. Trop de fois, déjà, elle avait endossé ce sentiment de l'empêcher d'être. Elle aurait pu l'endosser encore une fois. Elle l'avait toujours dit à Shawie : "je peux tout faire pour deux, mais pas te retenir contre ton gré". L'Espagnole avait usé de la seule faille pour partir. Pour elle, Samsa se serait détruite. Elle n'avait pas eu besoin de le faire : Shawie avait prit les devants. Et à présent qu'elle commençait à se reconstruire, après avoir coulé et avoir accepté l'inacceptable, Shawie revenait pour la marche arrière. Samsa en était-elle seulement capable, maintenant qu'elle avait recommencé à marcher ?

-T'es partie, Shawie... et je t'ai attendu pardi. J'ai écumé des endroits que j'aurais même pas pensé voir un jour dans ma vie, et j'arrivais même pas à y trouver ma place. Et j'aurais voulu, la trouver, devenir une grosse merde, crever sur place, exploser. J'aurais voulu, que tu m'laisses pas, que tu ne me rejettes pas pardi.
Mais tu sais quoi ? Je me suis relevée, pour toi pardi. Pour être encore celle que t'aimais, celle dont t'étais fière, pour pas que ton départ soit vain, pour pas que tu culpabilises pardi. Parce que c'était pas de ta faute et je voulais pas que tu te sentes responsable de l'état dans lequel je sombrais pardi.


Le désespoir, le chagrin et le reproche étranglaient sa voix, faisaient couler ses larmes. Elle lui en voulait, d'être partie, de ne revenir que maintenant, de ne lui dire ça que maintenant, après qu'elle en ait chié, après qu'elle se soit défoncée pour s'en sortir, après qu'elle se soit mangée ses rejets. Elle en voulait à la vie d'avoir placé Meroé sur son chemin maintenant, de ne ramener Shawie que maintenant. Accident. Carambolage.
Venant s'accroupir devant celle qui avait voulu rester sa femme et qui avait gagné sa place à vie, Cerbère prend sa main valide et la pose sur sa propre joue. C'est excessivement douloureux, ce qui se passe, et la Baronne s'étonne presque brièvement que "Cerbère" ne prenne pas le dessus ; ça l'aurait bien arrangée, là, de ne pas avoir à affronter ça.


-T'as une place particulière dans mon cœur. Tu l'auras toujours. T'es ma femme, et tu le seras toujours, c'est toi qui l'as dit et j'en pense pas moins té. J'ai jamais voulu te perdre. Je veux pas te perdre pardi.

Mais j'peux pas revenir té...


Elle pourrait regretter ce qu'elle vient de dire, comme Shawie a regretté d'être partie. Mais, comme Shawie en février, elle le dit. La main tenue est embrassée plusieurs secondes, les traits sont tordus de douleur et un relent de larmes se fait voir avant que Samsa ne se redresse et ne vienne s'assoir à côté de Shawie. Où puise-t-elle encore la force d'être là pour l'Espagnole, là où cette dernière avait remis ses bottes pour repartir dans des circonstances similaires ? Elle-même l'ignore. Ce cœur, le sien, la surprendra toujours : aussi fort que faible, même sur le point de lâcher, de crever, il trouve encore les ressources pour souffrir encore plus pour les autres. Samsa devrait être morte depuis longtemps, à ce simple regard. Là tout de suite, d'ailleurs, elle voudrait être morte. Où est l'alcool ?
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Shawie
Effondrement total. Comme si des années de non coulée lacrymale avait décidé de sortir maintenant. Et plus elle se retenait et semblait retrouvée un semblant de calme, plus les larmes tombaient de plus en plus grosses. Elle avait beau essuyer son visage pour camoufler une façade qui venait de tomber, il n'en était rien : les chaudes larmes se déversées sans pouvoir trouver un brin de réconfort.

Chaque mot de Sam aussi juste pouvaient ils être, lui transpercés le coeur petit à petit. Des petites lames bien tranchantes la faisant saigner un peu plus. Assise sur le banc, elle n'entend plus rien. Les tergiversations de la Cerbère lui arrivent muettes aux oreilles. Contemplant sa femme, ses yeux se font lourds et n'ont qu'une envie : se fermer et clore ce chapitre qui lui semble si pathétique.



J'me suis pas relevée. Ca fait qué depuis février, c'pas possible de se relever comme ca. Tu pourra dire tout ce que tu veux, j'en veux pas de cette place particulière. J'veux pas mé relever du tout, j'pourrai pas. Tu comprends pas que ...

Que c'est toi et personne d'autre. C'est toi Sam. Toi. Je suis revenue pour plus repartir. Je suis venue avec ... mais regarde, j'suis poil la. J'te déclare quelque chose de profond, que j'pensais jamais dire à personne.

Même pas à Saty...

T'es à moi.



Pause sur image. Replay de la réplique. Elle hoquete et prend peur de voir sa tristesse se transformer en colère voir en rage. Le banc bouge légèrement à l'arrivée du Cerbere dessus, puis l'espagnole se tourne légèrement, essuyant son visage, et pose son regard dans le sien.


Comment ça tu peux pas revenir ? Tu es en train dé me dire quoi hein ? T'as plus de sentiments ?


Une sensation étrange lui traverse le corps et par réflexe, elle reprend sa main quelle venait à peine de déposer sur la jambe de sa voisine.


Quoi Sam ?


Phase 2 en approche des giboulées de Mars en retard.
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Samsa
    "Il nous laisse vide,
    Et plus mort que vivant.
    C'est lui qui décide,
    On ne fait que semblant."
    (Jean-Jacques Goldman - Et l'on y peut rien)


-J'ai l'air relevée pardi ?

Bien sûr que non, qu'elle ne l'est pas. Les sillons creusés par les larmes sur ses joues, la détresse dans son regard, la douleur sur son visage, tout parle pour elle. Quand elle parle d'elle à Meroé, elle dit encore "ma femme" et lorsque la Slave lui avait demandé si Shawie était toujours sa femme, Cerbère avait éludé la question avec, il fallait le souligner, brio. Samsa était loin d'être debout, et même si elle s'affichait avec une certaine assurance dans la vie de tous les jours, c'était pour mieux dissimuler ce gouffre immense qu'elle avait dans le cœur, visible là. C'est ainsi qu'elle avait toujours fonctionné, cachant sa faiblesse aux autres par des efforts parfois surhumains quand la blessure était, croyait-on, fatale. Shawie devait bien le savoir, elle avait déjà eu l'occasion de le constater, plus d'une fois.
Un peu brusquement, la Baronne entoure Shawie de son bras pour amener son visage tuméfié dans le creux de son épaule, sa main gantelée de combat se voyant libérée pour se crisper à ses cheveux. Elle a mal de voir l'Espagnole dans cet état, terriblement mal ; ça ne lui ressemble pas, ce n'est pas son élément, ce n'est pas le leur.


-Je sais pardi... je sais...

Bien sûr, qu'elle est à elle. Bien sûr, qu'elle sera toujours à elle. Bien sûr, qu'elle l'aime, que Shawie est indétrônable. C'est ce qui est difficile dans ce moment : ça, et rien d'autre. Cerbère, plus que n'importe qui probablement, est incapable de balayer le passé, surtout quand elle n'est pas la cause du départ.
Doucement, la Baronne se détache pour la regarder, les larmes brouillant ses yeux sombres. Comment lui dire ? Comment lui dire que ce n'est pas une question de sentiments ? Combien de temps durerait ce retour, avant que Shawie ne reparte sous le coup d'un nouveau revirement de conscience ? Le Pitbull avait mordu fort mais, une fois qu'on lui avait demandé de lâcher et qu'il l'avait fait, il ne pouvait plus mordre avec autant de force ; les mâchoires décrispées n'avaient plus l'énergie de replanter autant les crocs. Ce n'était pas une question de volonté mais de capacité.
Les mots sont choisis avec une précaution à peine utile, parce que s'il y a des mots plus doux que d'autres, il n'y en a aucun qui passerait sans faire de dégâts.


-C'est pas ça pardi, c'est... je... j'essaye de... de faire comme t'as dit, de... de me reconstruire pardi...

Samsa a la bouche ouverte mais aucun son n'en sort et la voilà à faire le poisson-rouge. C'est aussi dur à dire qu'à entendre.

-a... avec quelqu'un té...

Effondrement des deux parties. La vie, disions-nous, cette sale pute.
Meroé est-elle plus solide que Shawie ? Peut-être pas. Peut-elle vraiment refaire sa vie avec ? Peut-être pas. Souffrira-t-elle ? Probablement. Pensait-elle tout cela avec Shawie ? Bien sûr. A-t-elle essayé quand même ? Oui. A-t-elle envie d'essayer avec Meroé ? Oui.
Et là est toute la cruauté de la vie : là où Shawie avait déjà connu cette situation d'être entre deux, Samsa, elle, la découvrait, cette dualité du cœur, cette contradiction qui tue. Trois mille choses auraient pu empêcher cette situation, un milliard de "si", mais le destin avait noué les chemins de telle façon que chacune, tous et toutes, connaissaient la situation qu'ils vivaient en ce moment. Le Très-Haut, ce showrunner qu'on aime regarder mais pas subir.

_________________
Shawie
Elle a de ces lumières au fond des yeux
Qui rendent aveugles ou amoureux
Elle a des gestes de parfum
Qui rendent bête ou rendent chien
Et si lointaine dans son coeur
Pour moi c'est sûr
Elle est d'ailleurs
Pierre Bachelet bien sur !



Tête déposée sans rechigner, elle écoute la voix de son épouse dans un calme olympien ne se doutant pas pour le moment de la catastrophe qui va abattre sur elle dans quelques minutes. Mais pour le moment, c'est un souvenir de leur vie qui remonte à la surface, peut être celui qui sera un des plus forts et pourtant, un des plus culcul ! La fameuse pigne de pin ou encore la fois ou Samy s'est retrouvée pendue par les pieds. Ça aura au moins eu l'avantage de la faire sourire.


Reconstruis toi avec moi.


Eut elle le temps de lâcher avant de prendre la vague en pleine face. Finalement, peut être que cette cérémonie de mariage totalement foiré et sanguinaire représente leur mariage. Intérieurement, elle murmure "ne le dis pas, s'il te plait ne le dis pas." Trop tard, la bombe est lâchée. Une légère irritation, une douleur lancinante, une douleur que l’on supporte tous les jours. Et il y a le genre de douleur que l’on ne peut pas ignorer. Une douleur si grande, qu’elle bloque tout le reste. Et fait disparaître le reste du monde ! Jusqu’à ce que la seule chose à laquelle on pense, c’est à quel point on souffre !


Avec qui ?

Mais ça fait à peine 3 mois. Comment tu peux avoir la tête à batifoler avec une autre ? Pas maintenant. Pas là. Dis mois qué c'est une blague pour mė blesser. Dis le moi et je te dirai que tu as gagné.



La tête relevée, et voyant bien le visage grave de Cerbère, Sha comprend desuite qu'elle est sérieuse, peut être même trop. La seule chose qu'elle trouve à faire c'est de l'embrasser tendrement Plusieurs fois parce qu'elle espère encore la faire revenir.


Je t'aime, et tu m'aimes.

Et, qu'importe cé qui arrive, jé m'en moque. Toi et moi on fera beaucoup l'amour. Peut-être qu'on pourra faire un bébé, peut-être pas. Peut-être que tu auras une nouvelle pigne sur le visage, peut-être pas. Peut être qué tu auras dé nouveau les pieds pendus dans un arbre, peut être bien ! Peut être qué j'peux changer encore un peu pour éviter d'aller couper du bois. J'peux lé faire tu sais. Peut être qué j'pourrai faire sourire Nolwenn, ou peut être pas d'ailleurs.

Voila ce que jé veux. Je ne veux pas une place particulière avec toi. J'veux toute ma vie.



Et de l'embrasser de nouveau.


Dis oui. Jé t'en supplie.
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Samsa
    "Oublier que tout se casse,
    Que la vie nous dépasse.
    Comme avant,
    Contre le temps,
    Remonter les jours et retrouver l'innocence,
    Comme avant,
    À contre-courant,
    Emmenée vers un passé où rien n'a d'importance,
    Comme avant."
    (Marie-Mai - Comme avant)


"Oui."

Elle aurait pu le dire, comme la blague d'un poisson d'avril. Shawie lui aurait mit une claque, Samsa aurait ri à gorge déployée malgré tout et, pendant des mois, elle lui aurait rappelée sa tête à ce moment-là. Ça aurait eu le don d'agacer l'Espagnole de façon très franche mais ça aurait été chouette.

"Oui."

Seconde occasion où elle aurait pu le dire. Elles se seraient excusées chacune en pleurant, se seraient promises une vie pleine de bonnes résolutions, comme un Premier de l'An qu'on ne tient jamais parce qu'elles ne vivaient pas comme les autres.

Il n'aurait fallu que ça, que ce mot : "oui". Et alors tout serait redevenu comme avant. Retour à la vie d'équilibre enfin trouvé, retour à ce respect mutuel entre deux mondes incompatibles, retour aux défauts et aux qualités de leur relation. Un seul mot, et Samsa sortait de l'inconnu dans lequel elle se jetait avec Meroé pour retrouver la sécurité d'une relation parfaitement connue auprès d'une femme qu'elle n'avait jamais fini de découvrir. Elle retrouverait le confort de savoir de quoi seraient fait ses lendemains, de pouvoir prévoir et comprendre les réactions de sa femme, les anticiper aussi, dans ce cocktail si parfait entre elles d'identité et d'imprévu.

Mais Samsa ne le dit pas.


-Batifoler pardi ? Tu crois vraiment que j'ai batifolé, que je batifole ? Pendant que je t'écrivais et que tu me rejetais, pendant que je vidais l'équivalent d'une cave à vin par semaine, toi t'étais en Orléans à faire ce que tu aimes pardi. Je ne te le reproche pas, mais ne me fais pas de reproches en retour té...

Ce n'était pas juste. Combien de fois Shawie avait-elle flirté ? Combien de fois en avaient-elles parlé ensemble ? Combien de fois l'Espagnole avait-elle dû rassurer la Baronne ? Celle-ci n'était pas exempte de tous reproches non plus. C'est vrai, elle n'avait pas été correcte avec Yohanna vis à vis de Shawie, et l'innocence qu'elle y mettait n'excusait pas ses erreurs. Mais alors qu'elle noyait sa peine, son chagrin, sa détresse, qu'elle se débrouillait seule avec sa suzeraine mourante, qu'elle se faisait rejetée par ses courriers, elle ne pouvait décemment pas laisser Shawie lui faire le reproche de vouloir remonter la pente. Une pente que l'Espagnole, pensait Samsa, n'avait jamais descendu, et peut-être même jamais connu. Peu importe. Il y a plus important.
Ses lèvres, ses baisers, elle les connait si bien. Mais la détresse et la tendresse que Shawie y met cette fois sont inconnues à Cerbère. Elle sait qu'elle est sincère -et sobre. En d'autres circonstances, elle aurait souri, se serait amusée des souvenirs évoqués et de la situation totalement improbable où l'Espagnole ferait sourire son Héritière taciturne. Celles-ci, de circonstances, ne prêtent en rien à sourire. Rien ne peut la faire sourire en cet instant. Les mains dénudées de leur gantelet de combat viennent se poser sur les joues espagnoles et le front s'appuie au sien, des sanglots étranglant ses mots et sa respiration, yeux clos et pourtant incapables de faire barrage à ses larmes.


-T'as toujours voulu me protéger, parce que t'as toujours cru en moi pardi... Et moi, j'ai compris depuis longtemps que tu avais besoin de couper du bois pour être toi. Et c'est pas grave, je m'en fou pardi. Je ne veux pas que tu arrêtes pour moi té... Alors tu continueras, et un jour, tu repartiras pour me protéger, et j'échouerai encore à te rassurer et à te retenir pardi...

La Baronne détache son front de celui de sa femme et la regarde, essuyant ses joues dans le creux de son coude. Geste inutile. Elle n'en a pas fini. Elles n'en ont pas fini. Quand un membre est gangrené, il faut savoir y plonger l'arme blanche. Quand une plaie est trop large, il faut savoir la cautériser. Même quand on est malade, il faut savoir prendre les mixtures abjectes.

-Tu sais... Meroé... Meroé, c'est quelqu'un de bien té... Je... je ne sais pas si on peut vivre quelque chose, tu sais, comme on ne sait jamais pardi... Peut-être que... peut-être que j'ai tort... Putain, si tu savais comme j'ai peur, peur d'avoir tort, peur d'échouer et de tout perdre encore té ! J'ai tellement peur putain... mais je... je veux essayer pardi...

Shawie avait dû aduler la mort de Zyg en secret, quelques fois, ces fois où Samsa lui avait dit "jamais plus je ne laisserai la peur me dominer et m'empêcher de dire aux autres ce qu'ils sont pour moi", héritage de la mort de Zyg à qui elle n'avait jamais avoué ses sentiments. C'est grâce à elle, à l'apprentissage de sa perte que Samsa et Shawie avaient été ensemble. Ironie dégueulasse du sort, c'est à cause d'elle aujourd'hui que Samsa ne revient pas. Entre Meroé et elle, il y a quelque chose, un lien, une alchimie, quelque chose qui n'est pas forcément plus fort que ce qui lie Samsa à Shawie, mais quelque chose qui ne peut pas être ignoré, même avec toute la volonté du monde. Shawie est partie, elle l'a abandonnée, rejetée, même pour ce qu'on pourrait appeler de bonnes raisons si elles existent pour ce genre de situation et Cerbère doit désormais suivre l'enseignement de son vécu : aller au bout des choses. Shawie a mit le mur qu'elles croyaient final à leur histoire, elle a déporté involontairement Samsa dans un autre couloir dans lequel elle doit marcher, à l'aveugle, jusqu'au bout. Un couloir que Samsa n'aurait jamais emprunté sans cela. Peut-être un jour reviendrait-elle dans celui qu'elle a parcouru avec Shawie, si celle-ci le lui permettait, le voulait : mais pas avant d'avoir vu la fin de celui avec Meroé. A chaque centimètre avalé de ce corridor, il existait la probabilité qu'une infinité de murs se dressent devant elles. Demain, dans un mois, six, un an, trois, qui pouvait savoir où était le point final ? Samsa voulait savoir. "Pas de regrets de n'avoir pas fait" lui avait appris la mort de Zyg. Elle apprendrait, peut-être, qu'on pouvait regretter d'avoir fait, aussi. Mais cette leçon, si elle doit l'apprendre un jour, n'est pas encore venue. Pas tout à fait.

-Je n'peux pas pardi... Je n'peux pas...

Cerbère se recroqueville, allongée sur ses propres genoux et front posé sur ses derniers, mains nouées à l'arrière de sa tête. Des sanglots incontrôlables secouent sa carcasse et des tremblements de peur agitent ses muscles. Samsa est terrifiée.

Elle aurait pu dire "oui" et s'éviter ça.
Mais Samsa n'a jamais plus reculé face à la peur.

_________________
Shawie
3 mois Sam. A peine 3 mois et té voila entichée d'une autre femme. Une autre femme qui té fait mé rejeter. Alors oui, laisse moi penser qué tu as dû passer des mauvaises semaines mais finalement pas autant qué tu peux lé penser qué ... m'enfin sois franche, tu es en train dé tomber amoureuse d'elle. T'as peut être du mal à lé reconnaître, mais c'est la vérité.


Enragement interne.


Regarde moi Sam. Regarde moi. Arrête dé pleurer maintenant.


Elle le lui releva le menton, juste assez.

Quand on est enfant, on fait des rêves. Des rêves sur ce que serait notre vie : la robe blanche, le prince charmant qui nous emporte jusqu'à son château sur la colline ... S'allonge le soir dans votre lit, vous fermiez les yeux et vous y croyiez dur comme fer. Le père noël, la petite souris, le prince charmant ... Ils étaient si proches que vous auriez pu les toucher. Mais finalement vous grandissez. Un jour vous ouvrez les yeux et le conte de fée disparaît. La plupart des gens se dirigent vers des choses et des gens en qui ils ont confiance, mais le fait est que c'est difficile d'oublier complètement les contes de fée, parce que chacun de nous garde toujours une minuscule part d'espoir, de foi, et se dit qu'un jour il ouvrira les yeux et que ses rêves deviendront réalité. En fin de compte, la foi est une chose très particulière : elle se révèle quand on ne s'y attend pas.

Simplement par bon sens, elle avait décidé de mettre fin à sa relation avec Samy ; pour lui éviter certainement des complications. Par amour. Pour une fois dans sa vie, elle avait agit pour une autre personne qu'elle même, et la tournure des choses n'avait pas du tout était comme prévu. Parce que l'Espagnole avait été persuadé que Sam l'aurait attendu tout simplement. C'est un facteur qu'elle n'avait pas pris en compte : grave erreur.



Meroé.


Quel nom horrible.

Sha se releva, le visage fermé, sans plus de larme. Parce que la tristesse avait une raison maintenant, un prénom même. Il suffisait de se débarrasser du "problème" pour retrouver la plénitude.


Il y a quelques mois, j'ai fais un choix, peut être pas lé meilleur, mais j'ai fais un choix pour né pas être égoïste sur lé long terme. J'ai eu tort mais au moins j'ai fais un choix pour té laisser avancer. Tu né peux pas savoir les détails dé tout, c'pas possible et en plus, j'pense qué ça té regarde pas. Ça n'apportera rien surtout.

Aujourd'hui, c'toi qui fais un choix mais j'ai pas l'impression qué c'est pour mon bien à moi. J'entends bien qué tu as besoin dé toussa, dé refaire quelque chose avec quelqu'un dé plus stable et peut être bien qué tu as tort. J'en suis certaine même. J'suis ta femme, c'moi et personne d'autre. Mais j'te connais, tu es pleine dé fierté et si jamais cette histoire avec cette femme né fonctionne pas, t'aura jamais lé courage dé venir mé le dire.



Machinalement, elle toucha la petite alliance qu'elle refusait de retirer. Machinalement, elle avait envie de la retirer et de lui faire manger, mais ça serait extrême, surtout que toute cette situation n'était le résultat que de ses choix.


Jé ne vais pas t'attendre Samy. J'reviens maintenant parce qué j'suis prête à tourner la page. Maintenant, pas demain. J'veux pas récupérer les miettes qué cette femme ferra dé toi. J'veux pas dé miette, tu mé connais.


Elle essuya les dernières larmes qui lui coula le long des joues, parce qu'intérieurement, elle était hors d'elle. Sa main valide déposée sur la joue de Samy en déposa une dernier baiser sur la joue de Samy.


Jé vais partir maintenant. Mais j'reviendrai plus. Tu lé sais. J'vais pas té souhaiter bonne chance avec elle, ça serait hypocrite. Je t'aime Sam et c'est peut être ça qui aura raison dé moi.
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Samsa
    "J'aimerais tellement te dire ce que veut mon cœur
    Mais je n'ai plus les mots, non.
    J'aimerais tellement te dire que je n'ai plus peur
    Mais ces mots sonnent faux.
    Je dois tout recommencer une nouvelle fois
    Baby, pardonne moi si je fais un faux pas."
    (Jena Lee - J'aimerais tellement)


-J'suis pas entichée pardi ! Tu m'as rejetée !

Elle l'a dit avec une certaine rage, le visage en prenant la forme. Ce n'était pas si simple, ce n'était pas blanc ou noir, mais qui avait raison entre les deux femmes ? Shawie, prompte à juger, ou Samsa, reine du déni ? Aucune, probablement. Comme d'habitude.
Cerbère relève le nez, juste ce que Shawie lui relève. Elle n'aime pas, le regard qu'elle lui jette. Elle se sent jugée, elle se sent coupable, et ses yeux sombres finissent par fuir les premiers. Samsa n'est qu'un animal, un animal blessé, dominé par la douleur, peu importe que ce soit la sienne ou celle de Shawie. Elle n'a pas la force pour l'affronter, elle n'a jamais eu les épaules pour mener ce genre de combat. Ce n'est pas son domaine.

Quand l'Espagnole se lève, Samsa peine toujours à la regarder. Elle respire plus fort, plus profondément. Elle n'aime pas ce qu'elle entend. Ne pas être égoïste à long terme... mais n'était-ce pas précisément ce qu'elle voulait être en étant revenue ? Et jusqu'à quand ? Et c'est quoi, tous ces détails dont elle, sa femme, n'aurait pas à les connaître ? Samsa aurait presque pu se servir de cette colère pour ne pas couler mais Shawie l'en empêche, poignarde celle-ci : quelqu'un de plus stable... Elle a tort. Elles ont tort, toutes les deux, et pourtant, elles en sont là, aujourd'hui, incapables de se réunir sur cette base solide. La vicomtesse pourrait répliquer. Elle sait faire. Elle pourrait poignarder Shawie comme elle vient de le subir, remonter à la surface en se servant de ça. Non, elle ne le fera pas. Elle n'en a pas envie. C'est sa femme, elle l'aime, et elle refuse de lui faire le moindre mal. Surtout pas à son profit.

"Marche ou crève". Ça a toujours été l'esprit de Samsa pour elle-même. Elle n'y dérogerait pas et les dernières paroles de Shawie sonnent comme un avertissement : "réussis ou crève". Parce que c'est ça, son futur. Réussir avec Meroé ou échouer, et mourir. Quelque chose chatouille brièvement le nez de Samsa qui y porte un revers de main. Merde, elle commence à saigner du nez... "Cerbère" rôde. La situation devient dangereuse, pour elle. Rapidement, elle essuie le dos de sa main portant légère tâche de sang au bas de ses reins. Elle aussi, elle porte toujours son alliance, et, contrairement à Shawie, elle n'a jamais pensé à la retirer. L'Espagnole l'avait dit et redit : elle serait toujours sa femme, à elle.
Les yeux bruns embrumés se relèvent vers Shawie quand celle-ci vient essuyer ses larmes. "Ne me rejette pas", hurlent-ils. "Reste avec moi", supplient-ils. "Je t'aime", murmurent-ils. Ils parlent là où Samsa en est incapable. Une main se pose sur la sienne avant qu'elle ne quitte le toucher de sa joue, s'agrippe à elle et la gorge se décoince, juste assez, sous l'effet d'un violent effort.


-Je... je t'aime, Shawie pardi...

Là était le drame.
La main royale laisse celle de la brigande s'échapper après qu'un baiser fervent y ait été déposé et la vicomtesse laisse sa femme s'en aller. Qu'y aurait-il d'autre à dire ? A lui dire ? Rien. C'est à Cerbère de porter son fardeau, un de plus, mais bien plus lourd que ce qu'elle aurait cru parce qu'elle accepte de porter celui de Shawie en même temps.

"Vas-y, cogne-moi. Mets-moi le nez dans la boue, tabasse-moi. Charge-moi plus que je ne peux le supporter, défoule-toi sur moi. Casse-moi les genoux, casse-moi la gueule, casse-moi le cœur, casse-moi tout court. Allez, qu'est-ce que tu attends, hein ? Bute-moi. Soulage-toi, soulage-moi, soulage-nous. Mets fin à ce calvaire : achève-moi. Étouffe-moi. Fais-le. Pas pour moi. Pour toi. J'ai promis, Shawie, de t'aimer, à la vie, à la mort. Je n'ai pas menti, je ne défaille pas. Je veux bien mourir pour toi. Je veux mourir pour toi. C'est la seule mort que j'accepte."

Elle part et Samsa la regarde, suit sa silhouette jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'elle disparaisse et que la mémoire de ses yeux s'estompe. Le goût carmin qui coule sur ses lèvres lui rappelle qu'elle n'est psychologiquement pas capable d'endosser cela. La douleur la saisit, étreint son cœur qu'elle ignore fragile. Elle pourrait mourir, là, de douleur, réellement. Mais "Cerbère" veille.


-... Vas-y pardi...

D'habitude, "il" prend le contrôle sans lui demander son avis, parce qu' "il" réagit dans l'urgence. Cette fois, elle lui donne l'autorisation et ce n'en sera que plus terrible. Les lèvres s'agitent de minuscules rictus alors que les pupilles se dilatent, envahissent de noirs les yeux déjà sombres. Samsa se lève et, dans la salle du banquet, se laisse exploser. Le hurlement qu'elle pousse est celui de la rage et de la douleur, incommensurables. De ses mains dénudées, elle fait chuter quelques tapisseries qui ornaient les murs, brise de ses deux poings les planches reposant sur les tréteaux et servant de table. Ses poumons semblent ne pas avoir de fond, hurlent ensemble comme une armée entière à en faire trembler les vitres. La pierre, stoïque, se fera le sac du poing de "Cerbère" qui s'écrase contre, broie l'articulation de la main. Douleur, si bonne douleur ; tellement plus supportable que celle du cœur. Et il ne reste qu'elle une fois la rage diminuée. Samsa, dans un sursaut de conscience, dégaine le couteau à sa ceinture, malintentionnée. "Cerbère" s'interpose, retient sa main, se voit obligé de combattre celle qu' "il" protège, de cette folie suicidaire qu'elle ne connait que trop bien. Cette fois, "il" la vaincra, et envoie la main planter l'arme dans un banc, force décuplée l'enfonçant jusqu'à la moitié de la lame. Vainqueur, "il" fait ployer les genoux de Samsa, la met au sol et la laisse crier, encore, croire que ce simple cri, aussi fort soit-il, pourrait détruire sa douleur. Il n'en est rien. Il ne sert qu'à l'exprimer. Et ça, ça ne change rien.

"Apprends, Samsa, qu'il n'y a pas de limites à la douleur. Il y a toujours pire. Mais là, tu as peut-être touché le fond."

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