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Info:
Une rencontre furtive avec Magdelon, sans vraiment en être une, encore. Plus tard, au détour d'une taverne, Myelie voyagera avec eux et les accompagnera dans leurs périples de bras cassés.

[RP]Partons avant de danser sans musique au bout d'une corde

Magdelon
~~*~~ Quelques jours après leur arrivée en Limousin ~~*~~


Il y a des bleds comme ça qui attirent, révulsent, et prennent dans leurs filets quoi qu'il arrive. Limoges est de ceux-là, car malgré toute la volonté que l'oiselle a mis pour ne pas y retourner, voilà que les pavés de la capitale limousine sont à nouveau foulés. C'est en silence de son côté que les portes ont été passées, sans piper mot, car le souvenir de cette nuit d'hiver qui s'était soldée par un grand feu d'oubli était revenu la titiller sur le chemin. Son âne avait marqué la cadence, fidèle compagnon de route qui ne jugeait rien, puisqu'il ne savait pas. Au mieux sentait-il lorsque l'angoisse et l'inquiétude prenaient racine dans l'esprit bien peuplé de la brune. Tout se mélange depuis, les presque regrets qui reviennent la hanter, l'épilogue de cette nuit sans fin qui l'a liée à tout jamais aux jumeaux, le risque d'avoir été signalée comme ouvrière ce jour là, manquant à l'appel alors qu'un porion disparaissait à tout jamais. En début d'après-midi, ses compagnons de route ont été laissés, chacun partant vaquer à ses occupations diurne. Solitaire par nature, pucelle reprend ses errances durant plusieurs heures quotidiennement avant de revenir se lover dans les bras renards par intermittence. Leur relation basée sur ce rythme anarchique fonctionne ainsi, au mieux, chacun laissant toute liberté à l'autre pour retourner dans son monde. Les retrouvailles complices se font alors sans tension, l'un apaisant l'autre par sa présence tranquillisante. Brune et roux sont ainsi, unis par des liens indescriptibles que peu peuvent comprendre. Leur folie les cimente et leurs envies communes les font fusionner en une entité plus forte que tout lorsqu'ils sont ensemble.

La trogne préoccupée circule dans les ruelles, sans vraiment voir les visages, les silhouettes, les échoppes croisées. Limoges lui fait penser à Genève en plein tournoi du Léman, peut-être est-elle un peu plus calme alors que tous les regards des vilains sont tournés vers le Nord. Brunette évolue au milieu de la foule sans se préoccuper de ce qui l'entoure, chevelure tressée toujours picorée par les nœuds, quand son regard s'accroche à quelques pierres grises. Les mirettes se lèvent stoïquement pour aviser l'édifice devant lequel sa maigre silhouette s'est arrêtée. Au somment pointe une croix qui lui étire un sourire énigmatique, les desseins communs construits au fur et à mesure de leur voyage se dressant en son esprit. Il lui prend l'envie d'en faire le tour, s'engouffrant dans la minuscule ruelle circulant à sa dextre et donnant sur une porte en bois peinte menant dans le cœur de l'église. Sa marche se stoppe devant quelques instants, avant de la mener plus avant, s'engouffrant dans le sombre de la venelle qui n'est pas caressé par le soleil printanier. Plus loin se dessine une autre ruelle, louvoyant à travers les méandres de la cité et ses inextricables carrefours et voies s'entremêlant. De par son séjour hiémal, les chemins sont de plus en plus connus et reviennent à sa mémoire comme s'ils y étaient imprimés à tout jamais.

Vêtue d'une simple chemise et de braies de mauvaise facture car la douceur s'est faite amie en ce jour, permettant au corps malmené par l'hiver de se réchauffer un brin, et délestée de toute affaire qui pourrait encombrer sa marche, Magdelon repose sa carcasse contre le mur en pierre qui fait face au bâtiment, observant son architecture simple, ses pierres, son toit en bois qui pourrait s'enflammer en un claquement de doigts. Tout comme le reste des maisons autour, d'ailleurs, le bois étant un des matériaux principaux des constructions de ces grandes villes, les menaçant de brûler entièrement en une nuit. De la pointe de la botte, un petit caillou est envoyé valser sur le mur d'en face, prête à reprendre sa marche, pensive. C'est sans compter cependant sur ses traîtresses crises qui ne la laissent pas en paix. Son regard se fixe sur une des pierres, se perdant un instant sur les rainures qui s'y dessinent. Ces dernières se mettent à onduler bizarrement, hypnotisant le regard de la brune qui chavire, tête prise dans un étau et corps s'écroulant au sol en une poignée de seconde. La chute est rude, le bras s'écorche et le visage vient frapper les pavés laissant une marque instantanée sur la joue pâle. La sarabande commence alors, faisant vibrer les membres en une danse désarticulée et épileptique. L'environnement s'efface pour plonger son esprit dans les limbes, inconscient de ce qui se déroule autour, neurones victimes de ce grand mal qui ne cesse de croître, jour après jour. Les convulsions la secouent, bringuebalant bras, jambes, têtes, et sa mâchoire se crispe en une morsure cuisante sur la langue dont pucelle gardera les marques plusieurs jours.

Mais pour l'heure, son corps danse, comme pris par le diable en personne, prisonnier de cette venelle à l'abri des regards suspicieux, hormis celui des cieux et de leur Dieu, si proches, se terrant dans cette église à quelques centimètres d'elle.


* Titre inspiré de Sailor et Lula
RP joué ici mais reporté là pour cause de bug pnj !

_________________
Foulques_
« Les troubles et l'adversité ramènent à la religion. »
    - Francis Bacon

Une affaire religieuse conduisit Foulques à quitter sa paroisse de Saint-Lizier pour gagner Limoges.
Décalqué par son voyage, il voulut gagner le plus rapidement possible un endroit où prier - et se repose dans un silence absolu. Quoi de plus important que de se rapprocher du Très-Haut ? Rien ! Et quel endroit le plus à même d'apporter calme et sérénité ? Une église, sans doute. Il était un habitué de sa lieu, de part sa vocation et son métier. Curé, ça oblige forcément à passer son temps dans de tels endroits, même s'ils étaient souvent sombres et humides. Et celle de Limoges ne faisait pas exception à cette image.
L'église locale était déjà une vieille dame qui a trop vu et trop entendu. Elle se présente comme une masse noire et froide, imposante, inhumaine aux habitants de la capitale du Limousin. Et peu éclairée la nuit, elle était encore plus inhospitalière. Ce qui était, remarquez l'ironie, absurde pour un lieu qui devait accueillir la maison du Seigneur où chaque âme était la bienvenue.
C'était à pieds que, prenant les rues les plus praticables, s'éloignant du centre, donc de la taverne principale, où il fut déposé quelques instants auparavant, Foulques se dirigea vers la bâtisse. Devant la grande dame de pierre, il pressa la poignée de la porte qui s'ouvrit dans un grincement spécifique des lieux mal entretenus. Glissant un peu dans l'entrée déserte, rendue ainsi par le froid et l'importante corpulence de l'homme d'Eglise, il pénétra sans autre cérémonial que celui en usage dans de telles circonstances.

Habituellement, la chaleur des fidèles et des chants communs vous remplissaient le coeur, vous faisait oublier les nécessités de la vie terrestre. Cependant, en ces temps où la désertion des banquettes, il appartenait aux quelques derniers fidèles de se réchauffer eux-mêmes par plus de prières et d'actes de Foy. C'est pour cette raison que Foulques s'engageait pleinement dans la voie religieuse. Il lui fallait compenser l'absence de toutes les brebis égarées. Et comme toutes les brebis, elles finiront bien par revenir dans le troupeau. Du moins, c'était l'espoir de Foulques, et c'est ce qui le forçait à ne point baisser les bras.
S'approchant d'un inconfortable banc en bois, il s'y agenouilla pour débuter la récitation de ses prières. Lui-même ne savait pas trop combien de temps il était resté ainsi ; juste, qu'à un instant, les cloches sonnèrent une fois, puis deux. Sans carillon, sans fioritures.
Peut-être était-ce pour annoncer midi, quatorze heure, seize heure ou plus. Foulques n'en savait rien. Mais ce bruit eut pour finalité de faire sortir l'homme de ses pensées, et il se releva avec difficulté. Se frottant les genoux douloureux, il jeta un regard triste au décor de cette église dépourvu d'ornements. Songeur, son oreille fut attiré par un bruit extérieur. Intrigué et curieux comme par deux, l'homme s'obligea à aller voir ce qui s'y passait.

Retournant dans le froid, exhalant une buée blanche à mesure qu'il respirait, Foulques Du Castelrouge regarda du côté droit de l'église : rien. Du côté gauche : une scène étrange. Prit d'une torpeur devant ce qui s'offrait à ses yeux, il en fut attiré irrémédiablement et fit quelques pas en direction d'un corps - ou plutôt d'un cadavre désarticulé. Battant des cils comme pour se persuader qu'il n'était pas en train de cauchemarder, Foulques se saisit de la croix qu'il portait autour du coup. La serrant très fort contre lui, il déposa dessus un baiser. Ce corps semblait habité, possédé par le Diable. Les cours de catéchisme avait enseigné que quiconque était trouvé ainsi devait passer sur le bûcher pour purifier son âme et protéger les autres du Mal infâme qui régnait en maître dans la carcasse de la pauvre femme. Cherchant du regard de l'aide, il ne fit personne dans les parages. Comme si le Destin avait obligé Foulques à affronter cette délicate situation. Prenant un bâton de bois à sa portée, il s'aida d'un des bouts pour toucher la personne à ses pieds. Un sursaut le fit tressaillir et lâcher sa branche. Reculant d'un pas, ne voulant croiser le regard de la possédée, il pointa son collier avec la croix pendante en direction du visage de l'autre partie à la scène.

La voix tremblante, il lâcha un désespéré :


- Vade retro Satana !
Adrian.w
- Le même jour -

Une journée comme les autres à Limoges, à base de picole, d'insultes et de ronchonchonnades. Ce n'était pas que la ville y était moins accueillante qu'ailleurs, mais après l'esprit bagarreur bon enfant de Genève et les semaines passées sur la route avec les bras cassés, l'air de Limousin en devenait presque irrespirable. Comme si un carcan invisible s'enroulait autour de la carcasse du Gascon sans qu'il n'y puisse rien faire. Il ne lui tardait pour autant pas de rejoindre l'Artois, qu'il estimait pays trop froid pour ses vieux os. Toutefois, l'idée de retrouver Montjoye père et filles lui procurait un sentiment de fierté mêlé d'excitation. Là-bas, l'action. Ici, l'attente.
Heureusement, le quotidien s'adoucissait et devenait supportable grâce à la Berrichonne, au rouquin et surtout à la Rochechouartaise dont il ne se trouvait jamais las d'accrocher son odeur à la sienne.
Ce soir-là, ils en étaient à railler dans une taverne moins crade que la précédente. Seule la Magdelon manquait à l'appel, probablement, selon l'avis du mercenaire, occupée à jeter des cailloux à la gueule des voyageurs de passage afin de subtiliser leur ceinture. Loin d'imaginer que la caillasse, elle l'embrassait de son corps évanoui et courbaturé, Adrian s'exclama déçu de ne pas avoir sa compagnonne de beuverie à ses côtés contrairement à ce qui avait commencé à rythmer une sorte d'habitude. Finalement, il se décida à lui laisser un mot dans la chambre qu'elle occupait.


Citation:
M.
La pas-mère de Jeannine est arrivée à Rochechouart aujourd'hui. On y part dans la nuit. Elle, ça lui fera du bien. Et moi, j'en profiterai pour bien me faire voir. On sait jamais. Faudra que je te raconte ce qu'elle m'a proposé. J'ai refusé. Attends-toi à quarante jours dans le Limousin. Y'aura bien moyen de faire un saut ici ou là pour se délier les gambettes. Après, la mer. Promis.
A.


- Le lendemain -

A pigeon emprunté, fut remis le courrier.

Citation:
M.
Histoires de mandats à la con. La pas-mère (vachement moins coincée qu'on pourrait s'y attendre d'une curette) a besoin de bras pour rapporter son paquetage. J'ai réussi à négocier un salaire, donc on l'accompagne à Angoulême avec Jeannine. Je sais que tu voulais qu'on reste à Limoges. C'est pour ça, le silence ?
Nos soirées me manquent. Même si tu me pétais le nez. On étouffe un peu, là, tu ne trouves pas ? Je regrette pas pour autant. Je l'ai elle. Et je la lâcherai jamais. Tu crois qu'elle en perçoit toute la portée ?
Je reviens vite. Détour à la campagne pour brûler du chanvre et raconter des conneries ?
Réponds à ton putain de coéquipier cette fois.
A.
Louis_marie
[Limoges - Le lendemain]

Samaël a écrit:
Elle a disparu.
Si tu y es pour quelque chose ou que tu caches quelque chose, je tue les otages de ton champs et j'offre ton oreiller au premier âtre venu.
Tu es prévenu.
S

LM a écrit:
Petit con,
Tu peux buter les otages. Ça me fera du boulot en moins.
En revanche, retrouve Grenouille. Vraiment, t'as intérêt à la retrouver. Si elle meurt à cause de toi, je t'assure que ce n'est pas le canif ridicule de mon aînée qui viendra te trancher la gorge.
Tiens-moi au courant.
LM

Samaël a écrit:
Je te retourne le message. C'est toi qui a parlé de la ligoter et la garder. Je pense que l'égorgé ne sera pas moi si tu la relâche pas. J'en suis même sûr.

LM a écrit:
Petit con,
J'ai rien fait. Je ferais jamais de mal à Grenouille. C'est mon amie. Ça me servirait à quoi de lui faire du mal ? Je pense qu'elle est sacrément débile de t'aimer et de rester avec toi, mais elle m'a dit qu'elle était bien avec toi et qu'elle trouvait ça bien de voyager avec toi. Me demande pas pourquoi, j'ai pas encore trouvé de réponse à cette question. Et le fait que t'arrives même pas à la protéger et à la garder auprès de toi me fait penser qu'elle s'est bien trompée.
Non, je ne l'ai pas ligotée pour la garder. Et même que je ne l'ai pas ligotée non plus quand on s'est vus à Paris, alors que c'était pas l'envie qui manquait.
T'as qu'à fouiller "Ta mère" si ça te rassure. Mais laisse mon oreiller tranquille.
LM

Samaël a écrit:
Mou du bas, ouais je préfère être un petit con qu'un geignard qui n'assume rien, pouah!
Elle est ma femme non pas ma prisonnière. Elle a toujours été libre de se promener ou elle voulait, il est pas dans mes habitudes de l'entraver dans ses envies. Plutôt de te demander pourquoi elle est avec moi demandes toi plutôt pourquoi elle n'est pas avec toi.
Tu as parlé de la ligoter et de l'enlever devant moi, tu es de ce fait le suspect numéro un.
Fouilles la tienne de mère non mais. La mienne est morte.
Ton coussin contre ma femme.
S.


Chaque mot reçu et chaque mot envoyé fut accompagné de profonds soupirs dépités, de gestes agacés et de marmonnements incompréhensibles. Tu ne devrais même pas lui parler, tu ne devrais même pas lui écrire. Tu as suffisamment d'emmerdes comme ça et ta tendance naturelle t'interdit de faire tiennes celles des autres. D'autant plus lorsque les emmerdes n'appartiennent pas à n'importe qui, mais à ce S. Le salaud qui embrasse ton amie, baise ta femme, viole ta nièce, fait gerber ta soeur, et t'inspires chaque jour davantage de mépris, et davantage de regrets de ne pas avoir osé lui balancer la droite qu'il mérite. Ou du moins de ne pas encore avoir osé.

Et malgré tout, tu réponds, à chaque fois. Au départ étendu sur ton lit, au sommet de la dépression depuis quelques jours, tu as fini par te lever, pour aller écumer toutes les tavernes de la ville. Serais-tu inquiet ? Non, c'est trop tôt pour s'inquiéter. Tournant et retournant la question dans ta tête, tu ne cesses d'arriver à la même conclusion : Magdelon ne peut pas être bien loin. Elle ne peut pas avoir disparu comme ça. Elle n'est à Limoges que depuis quelques jours, et vous avez à peine eu le temps de vous saluer, de parler, et de vous mettre des gifles. Alors bordel, où a-t-elle pu passer ?

Tu espérais trouver la Grenouille au fond d'un bar, ou près d'une mare. Mais pour l'instant, l'absence de succès dans ta quête ne te donne qu'une envie, celle de rentrer te coucher et d'attendre que rouquin t'écrive pour t'annoncer qu'il l'a retrouvée. Et s'il peut assortir cette nouvelle de quelques excuses pour avoir, ne serait-ce qu'un instant, pensé que tu étais coupable, ce serait tout à fait charmant. Alors tu rentres chez "Ta mère" et retournes dans ta chambre, bien décidé à t'offrir une sieste amplement méritée après tant d'activités. C'est seulement en t'écrasant sur ton lit qu'enfin, tu t'aperçois qu'il n'est plus là. Il a disparu. L'oreiller préféré, doudou consolateur laissé là sans une once de prudence. Ton précieux. Ils te l'ont volé.

Si tes airs amorphes et ton attitude passive des derniers mois n'ont eu de cesse d'exaspérer ton entourage, ils seraient heureux de te voir ainsi, te levant d'un bond, comme piqué par on ne sait quel insecte. Le roux. Cette fois, tu vas la lui donner, la droite qu'il mérite. Il faut que tu le trouves. Et pour sûr que tu le trouveras. Poings serrés, tu sors de ta chambre, en claquant la porte pour plus de théâtralité, descends les marches et l'aperçois, assis dans un coin de l'auberge qui sert de foyer aux Ponthieu. Avouons qu'il n'était pas difficile de mettre la main sur lui.
Immobile et debout, LM inconscient se jette dans la gueule du loup et vient pactiser avec le diable. Et il le fait sans la moindre hésitation.


    On t'avait dit d'plus traîner ici. Silence, réflexion. Bon. Écoute, ducon. C'pas moi qui ait enlevé Grenouille, d'accord ? Arrête d'penser ça, tu perds ton temps. S'tu m'rends mon oreiller, j't'aide à la chercher. Pas pour êt' gentil avec toi, hein, rassure-toi, mais parce que c'est mon amie. Et j'sens bien qu't'es infoutu d'la r'trouver tout seul.
Myelie
[Aux abords de l’église, en même temps que M. ]


L’ennui, était certainement la chose la plus difficile à tuer. Pénible sensation de laquelle découlaient, le plus souvent, profusion d’ennuis justement. Parce que quand il s’installait, l’ennui, la noiraude pouvait avoir des idées obscures qui s’enchainaient telles les perles d’un collier. Une enfilade de bévues tout droit sorties de son esprit biscornu. Alors, elle tuait le temps en attendant de s'en retourner sur les chemins respirer le bon air champêtre.
Se mêlant indistinctement à la tourbe urbaine, musardant en ce bel après-midi printanier au soleil chatoyant, tout juste capable de surprendre, ci et là, quelque bribe de conversation entre les marauds qu’elle croisait. C’est que la soirée, de la veille – ou étais-ce du matin ?- en taverne avait été festive et que la gamine avait encore du mal à supporter de telles quantités de gnôle. Le chef sur le point d’éclater, encore un peu estourbie par l’alcool, supportant péniblement le concert de cornemuses entre ses deux esgourdes elle renâclait au sujet de cette bande de bâtards qui s’obstinaient à ne pas vouloir lui ouvrir un chemin. Son teint d’ordinaire pâle, oscillait entre le vert, le blanc et le cramoisi, ses lèvres pincées laissaient pourtant entrevoir ce qui allait se passer. Sans surprise, prise d’un haut le cœur, elle s’était penchée en avant pour mieux restituer l’horrible gaspacho qu’elle n’avait pourtant pas mangé. Heureusement, elle avait eu le temps d’éviter, de justesse, ses propres chausses et n’avait que peu éclaboussé celles des passants.
Quelque peu soulagée, essuyant ses lèvres d’un revers de main, les yeux encore larmoyants et sous le regard dédaigneux des Nobles passants, elle se redressa tentant de faire abstraction de ce goût amer subsistant entre ses dents. Le moins du monde déstabilisée d’être ainsi devenue, elle-même, l’attraction des badauds et autres puterelles aux airs graveleux auxquelles elle offrait une pause dans leur quête de verrats ; elle reprit sa déambulation pour échapper à ce vivier
C’est donc l’esprit encore embrumé, soudainement prise d’une autre envie pressée, qu’elle s’était dirigée vers un endroit plus propice à ce qui suit. Après quelques minutes à chercher, en vain, une carriole derrière laquelle s’accroupir, elle entreprît de trouver un lieu plus désert, plus intime, plus indiqué à l’évacuation devenue urgente. Si seulement, elle était un homme elle aurait pu faire son affaire n’importe où! Mais non, il « phallut » qu’elle naisse affublée d’une entaille plutôt que d’une poutre… Puisqu’il en était ainsi tiens, elle irait pisser derrière l’Eglise ! N’en déplaise au Très-Haut, coup bas pour coup bas, elle irait souiller ce lieu immaculé. L’endroit serait parfait. Il y avait jamais âme qui vive, plus personne ne venait écouter la prêche mis à part les Nobles « Tartufes » et les quelques lépreux à tournebouler en quête de guérison. En ce qui la concernait, elle n’était pas capable de lire tous ces ouvrages, pleins de fioritures et de belles enluminures ni d’valer leurs contes et leurs poèmes à se faire pétrir l’esprit jusqu’à en avoir le libre arbitre d’une poularde à la conscience boueuse. Myelie elle était plutôt du genre à briser les pédicules et à renverser l’eau du bénitier.
Arrivée devant l’édifice surplombé d’une croix, la bougresse eut elle aussi un sourire, mais narquois. Nonobstant, sa petite voix intérieure lui sommant d’écouter le tubercule semblant lui servir de cerveau désormais, lançant un défi au Pouvoir du Tout Puissant face aux assauts de cette bourrique bourrée en proie aux idées hélées par le Sans Nom, elle contourna l’Eglise par la senestre en quête d’une ruelle propice pour baisser ses braies et libérer le torrent.
Coïncidence ou non, l’endroit choisi se trouvait à quelques mètres à peine, sans que la noiraude ne se doute de rien, de l’endroit où M. chuta lourdement quelques secondes plus tôt. Décidée, à accomplir son méfait spirituel, son acte patriote aux forces du Mal, baissant ses braies, offrant une demi-lune en plein ascendant au monde entier, elle s’apprêtait à ouvrir les vannes lorsque sortit de nulle part une voix torturée, celle de Foulques :


- Vade retro Satana !

« Putain » lâcha-t-elle, saisie, se croyant prise sur le fait, tâchant de remonter promptement sa culotte éclipsant ainsi l’astre fendu... Sans demander son reste, comme la caravelle portée par le vent, elle prit le large histoire d’éviter de finir des chaisnes autour des chevilles à bouffer de la bouillie de rutabaga. Le jeu n’en valait pas la chandelle, Il avait remporté la première manche… Elle irait pisser ailleurs, cette fois…
Samael.
Je t'attends sur le banc comme on attend la mort en
espérant la vie
Je t'attends comme on attend voir pointer le jour quand il
n'est que la nuit





Et l’attente fut longue dans cette chambre d’auberge. Le crépuscule se pointa et la nuit ne tarda pas à tomber.
Allongé sur leur couche, Rouquin réfléchissait sur la stupidité et la médiocrité du genre humain, jusqu’à ce que la lueur de la chandelle projetant des ombres fantomatiques sur les murs, le tira de ses réflexions.

Magdelon n’était pas encore rentrée et si au début cette absence ne l’inquiéta nullement, les deux zigs ayant pour habitude de vaquer chacun de leur côté avant de se retrouver, lorsque ses pieds nus l’accompagnèrent à l’étable ou un Pedro affamé brayait à fendre l’âme, il comprit que quelque chose clochait.
Jamais, Brunette n’aurait négligé le repas de son âne.

Un truc était arrivé forcément et ainsi commença la recherche frénétique.
Chaque taverne fut minutieusement fouillée, chaque ruelle, le cœur serré à l’idée de la retrouver morte dans un caniveau.
Les paroles du Ponthieu lui revinrent en mémoire alors qu’il furetait à Ta mère la catin et retournait la literie de Gysele tombant nez à plumes avec le coussin favori de LM.
Sale petit emmerdeur qui avait osé déverser des mielleuseries à sa femme en voulant la ligoter pour ne pas qu’elle parte avec le roux.
Un coupable, il en fallait un, forcément et Ponthieu était l’idéal avec sa putain de barbe bien fournie, une de celle qu’il ne possédait pas bordel de merde et c’est ainsi que pour se calmer les nerfs, il planta son couteau au cœur du coussin, les yeux mi-clos imaginant éventrer le potentiel ravisseur.
Il se calma, forcément que l’édredon ne couina pas, ne supplia pas comme aurait pu le faire son propriétaire.
Renard emporta son larcin et quelques missives plus tard, il s’en alla faire le point en tête à tête avec sa bouteille d’absinthe.


Citation:
Elle a disparu.
Jamais elle n’aurait laissé son âne.
Je prie votre Très Haut pour que tu n'aies rien à voir avec ça.
S.


Citation:
Maël,

Disparue ? Quand ça ? Comment ?
Tu sais que je n'y suis pour rien. Tu le sais.
J'espère qu'elle s'est juste égarée... tiens moi au courant s'il te plait.

Gy'

Citation:
Je le savais. Je ne le sais plus depuis que tu as répudié un gosse qui apprécie ma simple compagnie.
Elle ne ségare jamais, comme si elle avait avalé une boussole. Elle ne serait jamais partie sans Pedro et sans moi.
J'ai cherché partout.
S.


Citation:
Attention Maël,

Un enfant rentre dans ta vie et tu bois ses paroles comme un texte sacré.
Gendry n'est pas répudié, ma soeur est en mauvais état à chaque fois que tu es abordé en taverne et il aime provoquer des réactions. Il a pour consigne de ne plus parler de toi devant elle. Mais crois-donc l'enfant si ma parole n'a aucune valeur.

Je vais me renseigner, poser des questions et fouiller le village. Je n'ai rien de mieux à faire. Si je la croise, je te le dis... et inversement.

Gy'


Citation:
c'est étrange la vision que tu as de l'enfance. Je pourrais te retourner la remarque pour ta nièce qui en était aussi une d'après vous. Vous avez bu ses paroles la croyant sur mesure sans même comprendre ce qu'une...enfant de 13 ans est mariable) ...faisait seule dans un endroit mal famé la nuit à agresser un homme.
Question de point de vue, moi j'ai vu un regard plein de détresse d'un minot qui t'aime comme sa propre mère. Que dois-je en déduire.?
Renseignes-toi, aide-moi au nom de notre amitié passée et pour le bien de Magdelon.
Sans nouvelles à l'aube, je tue les otages.
Et j'ai réquisitionné tout un champ!
S.
Maël,

Citation:

Tu ne peux pas comparer Gendry et Elise. L'une, tu l'as violée, l'autre a juste été congédié après avoir fait gerber ma sœur et avoir insulté ceux qui se sont battus pour lui au prix de leur vie. Car oui, Arry a été blessé par mon père quand ce dernier a tabassé Gendry et moi j'ai été abimée aussi en passant. Nous avons défendu ce garçon que j'aime profondément. Ne viens pas me faire de leçon, Maël, Gendry doit aussi apprendre les siennes, sans viol, ni coups. Juste il doit savoir tenir sa langue. Tu ferais mieux de le lui enseigner, tu sais tout comme moi qu'une langue mal avisée peut coûter beaucoup.

Tue les otages si tu veux. J'en ai rien à foutre. En fait, je me fous de tout, sauf de Grenouille. Au diable les autres.

Gy'


Citation:
Maël,

Tu peux dire à Marguerite d'arrêter de tirer la gueule et de répondre à mes putains de lettres ?

Adrian


Citation:
Elle a disparu putain! Le Ponthieu l'a enlevé. Il l'a menacé de la ligoter pour la garder que pour lui et depuis je l'ai plus revue.
Il a enlevé ma femme bordel!


Citation:
... Tu déconnes ?
Et tu me dis ça que MAINTENANT ?
Crétin ! C'est qui ce Ponthieu ? On le tue où ?



Citation:
Je serai là demain. Laisse-moi un bout... On touche pas à ta femme. On touche pas à ma coéquipière.


Hautement énervé, il alla se confronter à la belle Gysele qui comme à son habitude tenta de calmer sa folie furieuse et l’emmena à réfléchir posément.
La colère reprit le dessus lorsque le gamin lui annonça qu’il voulait partir avec lui et que la rousse s’enfuit. Ils reprirent les recherches, Renard la mèche au vent, l’œil hagard et la bave au coin du bec prêt à mordre le premier venu.
Sans aucun succès.

Plus tard, lorsque tout le monde dormait, il revint chez Gysele, affalé contre l’âtre, la mort dans l’âme lorsqu’une porte au premier claqua, il leva à peine les yeux.
Une présence à ses côtés, la voix du Ponthieu le fit relever le museau et dévisager son interlocuteur.
Dieu que cet homme l’horripilait avec ses airs de Diva à barbe pour un peu il lui aurait demandé le prix d’une gâterie si l’instant n’était pas tragique.

Froidement il rétorqua.


    J’en ai rien à foutre de s’qu’on m’a dit. Je traîne ou j’veux.

Silence réflexion, il l’écouta et se calma, continuant posément.
    Tu connais la ville mieux que moi. Il y a forcément un coin que j’ai négligé. Tu m’aides, on la retrouve, dans son intérêt à elle et j’te rendrais ton coussin.
    Mais attention, tu m’l’as fait à l’envers et ta femme devra prendre des pinces pour récupérer tes dents dans s’qui restera d’ton beau visage
.


L’index vint relever le menton du brun, regard froid et dément planté dans celui du Ponthieu.
Il le relâcha ensuite, comme si un pacte venait d’être scellé.


    Viens
.

_________________

le Renard
Magdelon
Dans les limbes où tout son être se plonge lorsque les crises viennent la cueillir, diurnes ou nocturnes, tout mouvement est rendu impossible. Chaque membre tenaillé, torturé, secoué par les spasmes se plonge en une dangereuse léthargie la rendant vulnérable à son environnement. Le sol poussiéreux se fait linceul, accueillant le corps endolori et immobile. A peine la respiration saccadée et fragile révèle-t-elle que la carcasse posée là est encore en vie. Habituée aux réveils douloureux, l'oiselle attend que les premières minutes suivant l'orage se calment afin de se remettre debout et de tanguer sur des flots déchaînés. Les bruits lointains des rues ne lui parviennent pas, le silence est cotonneux alors que doucement la réalité refait surface. Ses paupières laissent filtrer le soleil de ce début de printemps, venant réveiller l'iris et dilater la pupille à leur levée, fenêtre à nouveau ouverte sur le monde. Dans l’apparente tranquillité de la venelle, brunette reprend contenance, tout du moins essaie, et calme les mouvements de sa poitrine pour que son cœur se remette à battre à un rythme normal. Il est presque temps de pouvoir s'appuyer sur un coude, de relever comme il lui est possible sa carcasse sans force, afin de doucement reprendre une station verticale. Presque.

Un bruit, cependant, la fait sursauter, prenant conscience que la sécurité dans laquelle elle se croyait plongée n'est que chimère. A contre-jour, ce n'est qu'une étrange silhouette qui se dessine dans la ruelle, et cette dernière s'approche dangereusement. Sans moyen de reprendre le dessus, encore trop profondément vaincue par la valse de ses neurones fous et s'entrechoquant, c'est avec angoisse que pucelle voit s'approcher celui qui est maintenant distingué assez sûrement pour savoir que c'est un homme. Et la mise, paupières relevées, n’apporte aucun doute sur son appartenance. En une poignée de seconde, ses pires cauchemars la rattrapent, faisant buter dans sa cage thoracique son cœur qui se fait emporter par l'afflux sanguin bien trop important, nouant la gorge et le bide. Dans sa mémoire revient le nombre de fois où elle a pu prévenir ses compagnons de galère sur les risques encourus si un homme d’Église lui tombait dessus. Et en cet instant, Magdelon le sait, le sent, que rien de bon ne peut émerger de celui qui s'empare du bâton du bout des doigts pour tâter le corps endolori et sans mouvement.

De ses lèvres essaie de s'échapper une supplication, non par croyance, mais parce qu'elle refuse déjà l'idée même de pouvoir souffrir encore plus aujourd'hui. Combien de fois lui a-t-on raconté les sévices perpétués par ces fous pratiquants sur les âmes qu'ils estiment eux-mêmes en perdition ? Un gémissement passe sa bouche, autant de douleur que de colère contre elle-même de ne pouvoir se mouvoir, bouger, se lever, se servir de sa fronde pour l'assommer et lui arracher sa croix pour lui faire bouffer. Les quelques paroles lancées dans l'air en latin lui apportent le coup de grâce, si tant est qu'un doute subsiste encore sur la croyance du ratichon. La trouille se lit sur le visage mâle, dans ses yeux, et ce n'est pas la complainte sortant des lèvres bleuies qui peut lui prouver le contraire. Il n'y a rien que Magdelon puisse faire pour sortir de cette situation inextricable dans laquelle elle vient de se fourrer.

Doucement, les minutes s'égrainant en des heures interminables, le corps perclus de douleur est soulevé et ramené au sein même du presbytère, la cachant à la vue de toute personne susceptible de lui apporter son aide. Alors que l'ombre de l'église l'avale pour la plonger à l'intérieur, un dernier mot réussit à percer le jour déclinant, se répercutant pour se perdre contre les murs de la ruelle vide.

    - Samaël...

Mais il est bien trop tard, pucelle s'engouffre dans le piège se refermant sur son esprit déjà par trop malmené.
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