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[RP]L'orage éveille les vices.

Lylie_blanche


9 Juillet 1467,

Pour la première fois depuis plusieurs semaines, l'orage gronde dans la ville. Accoudée à la fenêtre de cette chambre d'auberge, où elle reçoit de temps à autre, quelques clients, Renarde apprécie le tableau qui se dessine, se mue et s'active au dessus de Montpellier. La teinte unique et bleutée du ciel se pare de nuances plus sombres. Un dégradé de couleurs allant du noir profond au gris menaçant. L'orage gronde, le ciel craque et semble se déchirer sous des bruits puissants et intimidants. Sur les toits et les pavés, la pluie tombe, violente et épaisse. L'eau ruisselle déjà, tant sur les murs poisseux que sur les ruelles, emportant déchets et pourriture sur son passage. Montpellier semble se laver de ses vices, pour un temps du moins. Marchands s'activent pour protéger les produits, servantes s'empressent de refermer les fenêtres pour éviter que le mal ne s'y infiltre. En contre bas, les voix s'élèvent, tantôt agacée, effrayée et soulagée. La pluie bien que virulente, apporte son lot de fraîcheur et l'orage, aussi menaçant soit-il, apporte aux palpitants, cette dose d'excitation et d'appréhension. Fenêtre ouverte, museau dehors, Renarde savoure le déluge qui emporte les esprits et soulage les corps éprouvés par cette chaleur passée. Vent se perd au pelage, joue de quelques mèches rousses, quand de temps à autre, éclaboussures et gouttes viennent happer le derme pour le faire frissonner.

Si certains craignaient l'orage, Courtisane, elle s'en délectait. Cette puissance, cette imprévisibilité lui rappelait combien l'Homme pouvait être faible face aux caprices du Déos. Elle reste ainsi un moment, accoudée devant le spectacle quand la porte vient a être heurtée. Son délicat comparé au trouble qui emporte la ville. Volet est entrebâillé, fenêtre laissée ouverte comme pour conserver un lien avec ce qui se trame au delà et laisser les maux du Très Haut, envelopper sa chambre de ces déchirures.

Passant quelques secondes devant le miroir, elle arrange sa chevelure, pince ses joues et ses lippes pour les teinter de rosé et de pulpe. La tenue est simple, une robe teintée de pourpre, des bas blancs surmontés de rubans rougeâtre. Le parfum est saisi, porté à son cou alors qu'elle s'empare de quelques gouttes pour les porter entre ses monts, à ses poignets et derrière les oreilles.

Un regard vif et pointilleux se porte à la chambre, rangée. La couche dans l'angle gauche du mur est faite, surmontée d'étoffes. Son bureau est orné de ces divers ouvrages de lecture, tous rangés sur la tranche. Quant au baquet, ce dernier a été préparé par la servante de l'auberge à sa demande. La pièce est modeste mais elle dispose de tout le confort nécessaire pour une passe de qualité et inspirer, hygiène et confort à un client.

Tout est prêt..Doucement, l'échine se retourne et vient ouvrir la porte.

Face à elle, cet homme qu'elle avait rencontré au marché et qui semblait avoir entendu parlé de sa profession. Personnage qui semble commun et dont pourtant, la protection de ces hommes à ses côtés, laissait en deviner l'importance qu'il semblait, omettre, volontairement. Une stature assez quelconque, pas trop grasse ni trop musclée, une chevelure brune et des iris assortis. Il semble soigneux, sûr de lui et pourtant, à peine la porte est-elle fermée, qu'il ne semble plus rien avoir avec cet homme, naïf ou ingénu qu'il se plaisait à être au marché en présence des badauds.

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Rogacien
Lentement, pas à pas, il pénètre dans la pièce. Il prend son temps, savourant ce subtil prélude à la scène que client et courtisane s’apprêtent à jouer. Bien des acteurs ont dû arpenter ces planches, le même scénario à la main, ou plutôt dans les braies. Mais son scénario, à lui, est tout autre. Et sa partenaire de jeu s’en rendra bien assez vite compte. Pour l’instant, parvenu au centre de la pièce, il la contemple, appréciant sa mise, à la simplicité toute évocatrice. Loin de la putain de bas étage qui compense un cruel manque de charme par toute une foule d’accessoires affriolants. Ce genre de courtisane est son préféré. Sûre d’elle et de ses talents. Une proie de choix. Le triomphe qu’il ressent, par anticipation, n’atteint pas son visage qui lui, reste impassible.

Tout, dans son physique, respire la banalité. Ni grand ni petit, ni gras ni mince, ni maigre ni musclé, il ne se démarque par aucune caractéristique qui sortait ne serait-ce qu’un peu de l’ordinaire. Jusqu’à son visage, rond, couronné d’une tignasse brune soigneusement coiffée. Bref, le type lambda qu’on oublie sitôt regardé. Loin de s’en soucier, il a fait de son insignifiance une force et compte bien s’en servir pour ses projets.

Et ses projets, eux, n’ont rien de commun. Benjamin d’une des familles les plus influentes de la ville, il est dénigré, ignoré, méprisé par tous, à commencer par son père et ses frères, qui tous le surpassaient. Rejeté par tous, il a eu tout le temps pour nourrir ses ambitions. Car si la richesse de sa famille semblait uniquement provenir du commerce naval, il sait aussi tout des…autres activités. Toute ville abrite sa pègre, et il en est bien évidemment de même dans la capitale du vice. Or, qui de mieux pour gérer cet empire qu’un homme qui ressemble à tout le monde, sans cœur ni conscience ? En tout cas pas son père, ni aucun de ses frères, dont il a déjà prévu de se débarrasser. Un jour, il régnera sur Montpellier, de ses hautes sphères jusqu’aux ruelles les plus sordides.

Mais en attendant son heure, il s’amuse, dilapidant la fortune familiale. Et son grand plaisir, en ce moment, est de prouver aux femmes comme celle qu’il a devant lui qu’on ne tient pas un homme par le sexe. Bien au contraire. Âmes sensibles s’abstenir : ce client-là n’en a aucune. Depuis quelques mois, il accoste catins et courtisanes, se faisant passer pour un fils de bonne famille en quête de dévergondage. Son personnage, il l’a peaufiné jusqu’à savoir modifier ses traits pour avoir l’air aussi inoffensif que possible. Et toutes s’y laissent prendre. Des pintades à la cervelle de moineau – quand elles en ont une -, voilà tout ce qu’elles sont. Il voit presque ses actes comme une bénédiction qu’il daigne leur accorder. D’ailleurs, il était temps de procéder à la leçon avec la Blanche, dont il avait tant entendu parler. La meilleure, selon les dires de bon nombre de débauchés qu’il fait espionner par ses hommes de main.

« C’est ce que nous allons voir ».

S’arrachant à l’examen du corps féminin, il plante son regard vide dans celui de la courtisane et lui fait signe, du doigt, de s’approcher. Son autre main se glisse sous les replis de sa tunique, aussi sobre et sans relief que son porteur, et en sort une bourse plus que rebondit qu’il balance négligemment sur le lit. Quand rouquine le rejoint, la main restée en suspension s’échoue sur la douce peau d’une joue, s’y attarde un instant pour finalement atterrir sur la nuque où elle se pose, ferme et dominatrice. D’une pression, il fait encore avancer la jeune femme, puis sans prévenir fait violemment remonter son genou, l’envoyant sans scrupules à la rencontre du délicat bas ventre de la gagneuse. Dextre sur la nuque fait se redresser la fragile courtisane, puis relâche sa pression alors que senestre, d’un ample mouvement, vient frapper le si joli minois. Blanche est envoyée contre le mur de la chambre, aussitôt rejointe par son client qui lui empoigne les cheveux, préparant déjà le second acte.

Rideau se lève, la partie est lancée.
Lylie_blanche
Que serait une société sans putain ? Sans ces femmes qui soulagent les maux, les humeurs, mais plus encore les vices. Femmes de misères pour certaines, femmes formées et éduquées pour le stupre pour d'autres, elles n'en restent pas moins des pansements pour l'âme et pour les corps meurtris. Sans elles, les épouses seraient sûrement violées et le devoir conjugal, pleinement considéré comme un asservissement.

Lorsque la porte s'ouvre sur un nouveau client, il est difficile pour la courtisane de jauger du vice qui lui fera face. Alors, on apprend à la putain à observer, les traits, les signes d'agacements, la lueur d'un regard, les tocs voir même l'environnement lorsqu'elle le peuvent. Pourtant, cet homme-ci, semble si basique, si commun, si impassible, que le danger semble moindre. Erreur.

Puis-je vous offrir quelque chose à boire, Sir pour vous être agréable ? La question reste en suspens, tout autant que ce savoir faire acquis dès son plus jeune âge. Renarde s'adapte donc au silence et à ce signe qui l'invite à se rapprocher, elle s'exécute.

Main se porte à la robe, arrange un pli alors que la putain se retrouve désormais à quelques centimètres de son client. Le sourire s'étire, bienveillant comme elle le fait pour d'autre. Les premiers pas et instants sont de loin les plus délicats. Il faut inspirer confiance et bienveillance, se montrer courtoise et disciplinée, sensuelle et désirable...Intouchable et pourtant chienne. C'était cet art-ci qu'on lui avait inculqué depuis ces cinq, cet art-ci qui face au brun, semble n'inspirer que fadeur et indifférence. Le masque reste impassible quand l'épaisse bourse est balancée sur la couche. A vu d’œil, cette dernière contient une quantité indécente d'écus. Cela ne fait qu'affirmer, les origines hautes de cet homme. Mais cet indifférence et ce geste las, presque méprisant, commencent à éveiller les sens de la Renarde.

Main mâle se porte à sa joue en une infime caresse quand regard azur, jauge. Les phalanges viriles coulent, se perdent à la nuque et aussitôt, affirment leur emprise. Lippes rosées s’entrouvrent, avouant une légère surprise quand finalement, la distance qui les sépare est avalée.

Il y a bien des gestes qui trahissent le vice d'un homme. Il suffit parfois d'un terme, d'une intonation, d'un port de tête à la fois hautin et méprisant, d'accessoires, d'une poigne ferme apposée soit à la gorge, soit à la tignasse, d'un crachat qui se perd le visage quand bourse est déversée sur le sol pour assujettir et humilier. Ce sont dans ces gestes-ci que courtisane trouve l'inspiration et se mue en ce qui peut, au mieux, soulager le vice. Mais qu'en est-il lorsque le vice n'est que sadisme et mépris...

Sans s'y attendre, genou mâle vient heurter son bas ventre avec force, lui arrachant un cri de douleur et une grimace qui mêle surprise et maux. Aussitôt, l'échine se plie, encaisse quand une main se porte à l'avant bras mâle pour s'y accrocher. Sous la douleur qui irradie les tripes, Renarde cherche son souffle et ses repaires quand minois est relevé pour mieux lui asséner cette gifle puissante. Sous l'impact, pulpe des lippes se brise avouant le carmin qui signerait, en temps normal, la fin de la passe. Pourtant ici lieu, loin du lupanar, aucun homme ne viendra interrompre la violence gratuite.

Ainsi, corps subit la propagation de ce poison, de ce sadisme qui contraint avec force, l'échine à se plaquer contre le mur de sa chambre. Douleur est avouée par un souffle qui se brise, quand boucles cuivrées sont de nouveau saisie.

Haletante, grimaçante, une main portée à son bas ventre, Renarde vient porter sans conviction, la dextre libre contre les serres pour espérer en défaire l'emprise. Aigues-marines croisent le regard hautain quand enfin, le masque tombe. Il ne s'agit pas de ce client qui aime à dominer ou à humilier pour son plaisir. Ni de celui qui parfois s'emporte et se fait violent dans ces coups de bassin, ces gifles ou ces fessées. Non, il s'agit d'un tout autre vice, celui que toutes redoutent. Celui qui réduit la courtisane au rang de putain et la putain au rang de parasite. Ces hommes-ci, payent pour briser, non pour baiser.

..Sortez...ou..J'appelle à l'aide... Les mots se perdent hors de ses lippes craquelées et de ce goût de fer qui lui emporte la gorge. Menace ou ordre, qu'importe..Il ne s'agit là, que d'un ultimatum, d'une limite qu'elle fixe au détriment de cette bourse quand bien même fournie.

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Rogacien
…Sortez…ou…J’appelle à l’aide…


Quelle idée.

La main raffermit sa prise sur la chevelure rousse, et d’une torsion du buste, Rogacien envoie violemment sa victime au sol. Là encore, il ne lui laisse guère le temps de réagir et la rejoint aussitôt.
Rien n’a altéré l’impassibilité de l’homme, dont le visage semble figé en un masque de la plus totale neutralité. A vrai dire, il n’a même pas à forcer. Il ne ressent absolument rien. Ni plaisir, ni colère, ni mépris. Il est tout simplement…méthodique. Tout comme l’est le coup de pied porté aux côtes de la courtisane.
L’assaillir de coups. Occuper son esprit, le faire crouler sous un flot d’informations, pour ne pas qu’il pense à mettre à exécution la pitoyable menace sortie des lèvres fendues. Un poing ganté de cuir s’abat avec force au même endroit déjà meurtri par le genou.
Multiplier les impacts. Cette fois, c’est le cou qui déguste, alors que la tranche d’une main vient sèchement à sa rencontre. Varier les cibles. Le talon d’une botte écrase une délicate mimine, faisant craquer les phalanges. Dextre s’appose sans douceur sur la bouche sanglante, tandis que senestre récidive, heurtant cette fois la fine tempe.
Changer de rythme, pour ne pas qu’elle s’adapte à sa douleur. Une seconde s’écoule, répit dérisoire. Une autre ? Non. La tête couronnée de feu est empoignée à deux mains et envoyée à la rencontre du plancher.
L’amener au bord de l’inconscience. Le cou déjà malmené est à présent empoigné et serré sans ménagement. Billes marron sans âme se fixent aux azurs, suivant avec attention la progression des ténèbres salvatrices, à mesure qu’ils s’assombrissent. Mais point d’échappatoire pour la catin. Une baffe, puis une autre, ramènent l’esprit volage et l’ancrent dans la triste réalité où Blanche est désormais piégée.

Scintille alors la lame d’une dague sortie de sous la tunique informe du client qui n’en est pas un. D’un geste précis, le fin métal découpe la robe pourpre, tandis que la bourse préalablement jetée sur le lit est récupérée et délestée d’une poignée d’écus. L’or est enroulé dans un morceau de tissu découpé et fourré dans la bouche de la courtisane.

Au temps pour l’appel à l’aide.

Le reste du vêtement est proprement fendu et écarté, dévoilant le corps de la courtisane dans toute sa vulnérable nudité. Là encore, pas un éclat n’anime le regard semblant mort du noble à l’âme aux abonnées absentes. Lame est proposée au regard de la malheureuse, scintillante, puis la pointe acérée s'égare un instant sur les traits du fin visage. Telle le tranchant de la hache d'un bourreau prêt à exécuter quelque sentence, elle s'élève, lentement puis s'abat en direction d'un œil d'aigue-marine. Que gagnerait une putain borgne et défigurée ? La question ne se posera pas, ici, car la lame dévie au dernier moment pour lentement tracer un long et large sillon vermeil entre la poitrine sans défense et la toison rousse surplombant le gagne-pain de la courtisane.
La dague s'élève à nouveau, pour venir se planter à un cheveu du visage encadré de mèches à l'ordre désormais tout relatif. Nouveau coup est porté à la tempe fragilisée, puis Rogacien se lève et se détourne de sa victime, récupérant sa bourse au passage. Il en a fini avec elle.

D'un pas nonchalant, il rejoint la porte, l'ouvre et sort de la chambre. Fin du calvaire ? Malheureusement, Blanche ne semble en être qu'au prélude de ses malheurs. Trois hommes prennent la place occupée par leur employeur. Véritables armoires à glace à la mise typique du malfrat bien entretenu, les types s'approchent. Eux, par contre, n'ont pas le regard dénué d'émotion de l'homme qui les paie. Bien au contraire. L'envie et le stupre dégoulinent de leurs pupilles rivées sur le corps qui leur est offert. Leur désir est d'ailleurs clairement visible, et bientôt la courtisane en fera l'expérience dans sa chair.
Les ordres sont clairs. User comme bon leur semble de la meilleure courtisane de la ville, toute la nuit durant. Celle-ci sera longue, pour la prétentieuse. Très longue. Surtout quand le reste de la bande se pointera. Après tout, c'est le patron qui l'a dit. Rien de mieux qu'une fête pour souder la nouvelle équipe avec laquelle il entend régner sur la ville du vice.
Lylie_blanche
Une menace se perd et en réponse, tignasse rousse est sèchement empoignée, vrillée quand le corps est contraint de retrouver le plancher. Le cri d'alerte commence à s'articuler, quand coup se porte aux côtes. Souffle se coupe, corps se replie en position fœtal alors que mâchoires se crispent sous la douleur vive, qui irradie la carcasse. Les inspirations se font modérées, comme pour éviter que le buste ne s'étire de trop, ravivant alors malgré elle, la douleur à cette côte.

Pourtant, elle n'a pas le temps de se reprendre. Client s'acharne et courtisane devient défouloir. Coup se perd au ventre, ravive des maux frais. Phalanges sont écrasées, apportant au silence et au bruit sourd de ces coups, une craquement autre. Minois est relevé, regard hagard se port sur lui quand dextre pressée et massive se perd à la tempe pour la troubler d'avantage. Inconscience se gagne, à force de maux, quand le corps de la courtisane n'est pas fait pour encaisser le sadisme pur. Visage est relevé puis rabattu contre le plancher pour la contraindre à ne plus être.

Qu'importe les coups qui pleuvent, elle ne les sent plus. Elle se retrouve dans une bulle..Hors de cette carcasse qu'il malmène et prend plaisir à désarticuler et à plier. Jamais, Lylie n'avait rencontré pareil client, pareil Vice. Les histoires de ces anciennes consœurs font alors écho à cette lame dont l'éclat est perçu, entre deux retour à la réalité.

Sous la menace, le palpitant ralenti encore d'avantage jusqu'à ce que finalement, ce dernier lui semble marquer une pause. Toutes les craintes propres aux putains éclatent à ses tempes. Vrombissement, assourdissement qui lui saisit les tempes rougies et égratignées. Lame pourtant se contente de tailler le tissu, quand lippes sont ouvertes pour y fourrer un bâillon, riche de sens. Regard troublé et flou se porte alors sur son corps, entrevoit la découpe de l'étoffe quand nudité est avouée. Gorge se serre de voir déjà quelques ombres se perdent sur ce teint, autrefois laiteux. Et menace revient, plus vile, plus réelle quand la lame vient provoquer le regard pour y asseoir toute sa domination. Poupée de chiffon, ne peut se mouvoir, tant les muscles et les os, électrisent ses tempes et sa chair à chaque respiration appuyée. Elle ne peut rien faire, sinon laisser ses larmes perler et essuyer crasse et carmin qui jonchent désormais ses traits délicats. Elle sent la fin proche, si proche qu'elle ne peut que supplier qu'il en soit autrement et que Vice se détourne et l'épargne. Pourtant, si œil est évité, les mâchoires se crispent, étouffant d'avantage le souffle sous cet amas de pièces et de tissus fourré à même sa bouche. Lame est là, présente à sa poitrine. Elle en sent l'entaille..et plus encore, le tracé qui saisit son corps meurtri, d'une douleur autre. Plus tranchante et sanglante. Phalanges blanchies, rougies, se serrent quand le corps se tend dans un dernier effort. Celle qui n'avait jamais subit la menace d'une lame, en découvrait pourtant la douleur.

Maux se perdent, mêlés, divers, complices quand il la surplombe. Elle ne parvient même plus à desceller les contours de cet être. Il n'est qu'une ombre imposante dont le regard semble briller d'une noirceur, troublante. Brise se perd au derme à travers les volets entrebâillés. Une pause. Iris se ferment, retrouvant alors l'écho de l'orage, de cette tempête qui semble s'emparer de Montpellier. Là, enfin..Elle entend ce ciel qui se brise, se déchire. Elle croyait ne plus jamais être à même de l'entendre. Puis, un autre bruit mais cette fois-ci, ce n'est pas l'orage qui gronde, mais la porte qui est claquée contre le mur. Regard se perd, hasardeux, pour desceller d'autres ombres, plus massives encore. Putain n'est pas dupe sur les intentions et la scène à venir.

Alors bulle est retrouvée plus douce, plus apaisante alors que poupée de chiffon devient, jouet. Elle ne saurait décrire cet état second, où le corps se mouve, encaisse les coups de butoirs, éveille les maux, alors que douleur, ne semble plus être là. Comme..occultée, évincée. Lylie est là, sans l'être. Spectatrice de ce corps qui passe de mains en mains, asservis, souillé, humilié, fourré. La décadence mâle dans sa splendeur. Vice lâché, sans borne, sans limite. Esprit hurle qu'on la lâche, qu'on la laisse, qu'on ne la touche plus et pourtant, rien ne sort de ses lippes dont ils ont déjà retiré la bourse pour plus de vices.

Elle est bien dans cette bulle finalement et volontairement, elle préfère s'y plonger, corps et âme. Lâcher la dernière bride qui la retient à cet état conscient. Partir, loin..Leur laisser la carcasse jusqu'à ce qu'ils en aient fini avec elle. Repenser à cette vie chaotique qui fut la sienne, bercée de ce vice dont elle en fut la plus dévouée des élèves et qui désormais la submerge dans sa forme la plus brutale.

Sons, images, maux..Tout cela se perd enfin dans un noir apaisant. Rien. Pas un son, un soupir, un gémissement rauque. Pas de douleur, de carmin..Plus d'ombres, plus de lame..

Inconscience est salvatrice.

Finalement, elle ne saurait dire quand, les sens s'étaient éveillés de nouveau. Sinon que l'orage étai passé, ne restait plus que cette pluie lourde qui heurtait ses volets. Rien que ce son, délicat. Rien que cette brise qui se perd à ses courbes moites et poisseuses. Puis, une voix..Qui se distingue. Familière. Aigues marines s'ouvrent et découvre son visage. Associé est là..Oui, il est vrai..qu'elle devait les rejoindre dans la ruelle..Elle l'avait..promis.

Pause est marquée quand les lippes, meurtries tentent d'articuler quelque chose. Elle voudrait s'excuser à dire vrai, de ne pas avoir tenu sa promesse..S'excuser de lui infliger la vue de son corps..brisé, teinté de bleus, de carmin et de foutre. Elle n'a plus rien de l'élégance qui la caractérise. Honte se dessine donc, sous cette esquisse infâme. Elle voudrait le repousser..Qu'il ne la voit pas ainsi, qu'il la couvre d'une étoffe et la laisse..Elle n'a besoin de personne..De personne qui pourrait la voir ainsi..Dans cet état plus proche des Abysses que de l'Opulence.

Pourtant, rien n'arrive à sortir de ses lippes..et ce mélange de douleur, de honte et de maux se mêle en larmes qu'elle ne peut retenir, quand bien même fierté serait grande. Si elle avait grandit trop vite, nul doute que cette expérience-ci, a arraché le peu d'innocence qui lui restait.

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Lui
Délicatement... Il inhale une bouffée de sa pipe...

Le temps...
Pour la première fois depuis plusieurs semaines, l'orage gronde dans la ville.
Il est accoudé à la fenêtre de cette chambre où il à passé une journée à gérer cent et une choses.
Une partie de ses pensées et actions pour Elle, cette association, cette ruelle...
Il regarde l'azur sombre se zébrer... comptant machinalement, comme il le faisait enfant, avant que le ciel ne se déchire dans deux assourdissants vrombissements...
Ce chaos des cieux n'est guère loin..

Au ralenti... Lèvres soufflent long filet qui s'étire et disparait...

Le temps...
Il lui avait toujours donné de l'importance à ce temps... en le prenant... en l'embrasant... en jouant avec... en changeant son rythme...
On ne forme une affaire aussi sombre soit elle qu'avec le temps...
On ne crée, fait grandir et élève qu'avec le temps...
On ne construit relation à deux qu'avec le temps...
On n'apprécie la valeur des choses qu'avec le temps...

Longuement... Ses lèvres tirent sur ce petit objet en bois...

Le temps...
la pluie tombe, violente et épaisse et son eau ruisselle déjà sur la ville. Les pavés saillants se changent en milles secours pour badauds au milieu des ruisseaux, une toiture en pleure sur les passants. Et voila que ville s'agite comme toutes ces gouttes qui explosent sur murs et chaussées... Marchands se précipitent, deux enfants courent en riant aux éclats, volets et fenêtres s'entrechoquent et claquent...

Lentement...Il exhale doux nuage grisonnant rejoignant les siens...

Le temps...
Il contrôlait tellement de choses dans cette vie qui était sienne. Il s'était bâti avec, armature de ce qu'il était.
Mais.. mais... pour une fois... il n'en était pas Maître de ce temps.
Une fin, de toute association soit elle, n'est jamais bonne, surtout en ce sombre monde, surtout quand confiance est morte, surtout quand information est donnée...
Il avait mis des "Yeux" dans cette ruelle, devant cette auberge, devant cet appartement... ombres cachées sur toits trempés ou derrière volets fermés...
Il avait mis deux "Jambes" pour chaque lieu, pour chaque poste, pour tout lui rapporter... pour courir sur chaussées trempées...
Et il était là... à cette frontière ou il ne pouvait rien faire.. laissant à ce Temps de jouer sa partition.
La première partie de la Sienne ayant été donnée.

Gravement....Braise se consume...

Le temps...
Éclairs pourfendent le ciel... illuminant la ville qui embrasse l'obscurité grandissante... d'une cape qui cachent milles choses...dans laquelle elle se vautre tant...
A l'image de beaucoup des acteurs de ce soir... dont il se méfie comme peste et cholera... alors qu'au milieu de ça Perle finit contrat.
Ses deux yeux glissent sur la ville... alors que Nyx la recouvre de son manteau de ténèbres... roulements et rugissements de la pluie en colère l'accompagnent...

Doucement... fumée se forme devant son visage...

Ce chaos des cieux est désormais sur eux.
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