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[RP]Château de Challes les eaux, Vie d’une noble jeune fille

Diane_vk
Citation:
24 mai 1467

Mes chers Vous,

Je crois bien que j'ai failli.
J'avais pourtant l'envie , mais la mélancolie et la solitude ont eu raison de ma précédente tentative de retour.
Cette Savoie si vide de vous et mon parrain au loin .. je ne suis pas si forte que vous je le crains.
Alors je me suis à nouveau réfugiée à l'abris des hauts murs du couvent pour quelques semaines, mois .. je ne sais plus.

Mais le printemps à eu raison de ma mélancolie à nouveau.
Me voila de retour à la vie et j'espère que cette fois ce sera la bonne.

J'ai fui Bourg pour la Capitale. Il me semble que celle ci est bien plus vivante et peut être cela m'aidera à profiter de la vie à présent.
Je garde l'espoir de vous revoir tous . Chaque matin que ce soit à Castellar ou à Chambéry la première de mes pensées est pour vous. La première de mes visions pour ce chemin où peut être vous apparaîtrez à nouveau.

Mais je vais laisser là cette éternelle litanie de votre absence qui me pèse.
Le printemps est là, le renouveau aussi et comme me disait cette chère Lisa , "tant qu'il y a de la gnole à pépé, il y a de la vie" .
Bien que je n'en boive pas , je comprends le sens de ses paroles. J'ai donc décidé de sortir un peu plus et d'aller vers les autres.
C'est ainsi que j'ai pu rencontrer certaines personnes hier au soir. Un petit moment agréable en taverne et le sourire vous revient.

Je vais aller au bal. Le thème du Printemps là encore y est le maitre de cérémonie.
J'ai du coup décidé de coudre une robe pour l'occasion. Elle sera fraise. N'est ce pas la saison ? Peut être un jour la verrez vous.

Mère, j'ai cassé mes pinceaux. Il me faudra en trouver d'autre , tout aussi beau que ceux que vous m'aviez offert lors de notre voyage en Italie. Avec un peu de chance des marchands passerons par Chambéry et je pourrais en acquérir de nouveau.
En attendant j'en ai trouvé de vieux dans une malle de la Chambre d'enfant où j'ai grandit dans votre castel de Verceuil.

Pour demain j'ai prévu de faire le grand nettoyage du laboratoire de Challes les eaux. Il est temps que je me remette à préparer les plantes pour les remèdes.
J'essaye de remettre en état les terres de différents fiefs dont j'ai la charge par la régence et pour mon époux. J'ai embauché deux nouveaux intendants qui me semblent performant dans leur charge. Je leur ai donné ma confiance , ne pouvant être partout. J'espère bien qu'elle ne sera pas bafouée.

Je laisse la plume pour ce jour. J'espère sincèrement que j'écrirais dans ce journal plus souvent qu'alors. Où que vous soyez mon Aimé, mes chers parents , priez pour que je garde la force d'avancer .

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Diane_vk


Lors de ses séjours à Chambéry, elle logeait à Challes les eaux. La baronnie familiale offrait cet avantage de la proximité que la jeune femme appréciait grandement. Elle avait ces habitudes dans ce castel que ces parents affectionnaient particulièrement.
Ce matin là , elle avait décidé de se rendre à la capitale à cheval. Elle avait délaissé depuis bien trop longtemps ce plaisir de chevaucher sa jument Pimprenelle.
Lorsque , vêtu de sa tenue d’équitation, elle traversa la cours du castel pour se rendre aux écuries , un léger sourire se dessina sur ses lèvres. L’air printanier , le chant des oiseaux , le plaisir à venir de galoper , lui faisait briller les yeux de joie.


- Gustave ! Gustave !

Sa voix s’envola entre les stalles et soudain une tête un peu revêche au premier abord apparu.

- Ah ! vous êtes là.

Elle sourit à l’homme qui se dérida un peu et pendant qu’elle allait saluer sa jument d’une caresse sur le chanfrein de celle-ci , elle donna quelques ordres

- Veuillez préparer Pimprenelle , je pars à Chambéry. Je vais prévenir le capitaine , qu’elle soit prête à mon retour.

Il y a quelques mois encore elle n’osait donner ainsi des ordres. C’était son père ou son époux qui gérait cela mais ça c’était avant. Il avait fallu grandir et apprendre à s’affirmer en tant que maitresse des lieux depuis leur disparition et surtout depuis qu’elle s’était résignée à prendre officiellement la régence des terres pour poursuivre l’œuvre de ses parents.

Ainsi qu’elle l’avait dit, elle fit. Le capitaine Archibald reçu sa visite et là aussi ses ordres. Elle se rendait à la capitale à cheval , quelques hommes dont le capitaine l’accompagnerait.

Même si elle avait l’impression de perdre de sa liberté, elle avait appris des aléas de sa famille et ne négligerait en rien sa sécurité. Son Père et son frère en avait fait les frais quand ils s’étaient fait enlevés. Elle n’avait pas son époux pour venir la secourir en cas de besoin comme lors de sa toute première escapade.
C’est donc une petite troupe qui quitta l’enceinte du château au petit trot avant qu’elle n’accélère l’allure une fois sur le chemin de la ville.

[Chambéry]

Il était trop tôt pour la messe quand ils arrivèrent. Elle décida donc se promener un peu dans les rues de la ville. Ils laissèrent les chevaux dans une auberge ainsi que la moitié des hommes. Les autres resteraient en retrait pour ne pas la déranger mais pour agir en cas de danger.
Ses pas la menèrent vers un joli pont de bois où elle laissa trace écrite de son passage puis elle se mit à flâner sur les bords de la Leysse en savourant ce début de journée ensoleillée.
Ses joues avaient été rosies par la chevauchée et ses yeux pétillaient d’une joie retrouvée.
Elle décida qu’à nouveau chaque matin, elle irait faire une promenade. Et qu’il était plus que temps qu’elle retourne en forêt avec Séléné.
Ces bonnes résolutions prises , elle se dirigea vers la Cathédrale pour aller écouter le vieux curé de Chambéry et sa messe.





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Diane_vk


- Gustave ! préparez Pimprenelle !

Il était tôt ce matin là quand elle pénétra dans les écuries de Challes les eaux. Pour l’occasion elle avait revêtu une tenue masculine pour aller en promenade avec sa jument.

Elle ne comptait pas se rendre en la capitale mais pousser vers un lieu dont elle avait entendu parler mais qu’elle ne connaissait pas encore. Une tenue confortable pour monter à cheval lui avait paru plus adéquat.

Après un repas matinal et frugal , elle s’était donc rendu jusqu’à sa jument pour lui flatter l’encolure et lui tendre une pomme piquée dans les cuisines.
Après quelques mots doux à son équidé, elle avait appelé son maitre des écuries pour qu’il prépare celle-ci pendant qu’elle irait avertir son capitaine de sa balade à venir.
Celui-ci était en pleine préparation de l’entrainement du jour avec ces hommes. Les salutations d’usage faites, ils discutèrent quelques minutes pendant que quatre gardes filaient se préparer pour l’accompagner.

Moins d’une demi-heure après être sortie des cuisines, la jeune Diane s’élançait hors des murs du castel sur des routes de campagnes pour se rendre à Chignin.

Le matin était vif mais promettait une belle journée.
La jument piaffait tout autant que sa maitresse et le train fut rapide. Le paysage défila, alternant forêt et champ , culture ou pâturage. Elle répondait aux saluts d’un sourire ou d’un signe de la main suivant ce que lui permettait l’allure de sa monture.

Elle avait entendu parler des tours de Chignin lors de l’une de ses promenades à Chambéry et avait décidé alors que cela vaudrait le coup d’œil.

Les tours se dressaient au dessus du chemin sur lequel ils arrivèrent , délaissant le village en contrebas, elle dirigea sa petite troupe vers le lieux qui lui semblait le plus proche de celles-ci.

Instinctivement elle guida Pimprenelle vers la plus grosse des tours , la Biguerne , qui de près ressemblait plus à un petit castel qu’à une simple tour.

La chevauchée lui avait rosi les joues et une fois encore apporté le sourire sur son visage. Elle décida de mettre pied à terre pour s’installer au pied des vignes qui étaient cultivées à l’endroit à savourer la vue qui s’offrait à elle.


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Diane_vk


Elle avait fini par s'assoupir , ses promenades lui apportaient la sérénité dont elle avait besoin.
Mais la faim avait fini par lui faire ouvrir les yeux. Les chevauchées creusent l'appétit c'était bien connu.
Ses gardes avaient attendus patiemment mais elle put sentir leur soulagement quand elle revint vers eux et le fit savoir qu'ils allaient rentrer à Challes.

Elle n'avait pas réellement hésité , elle aurait pu se rassasier au bourg qu'elle voyait en contrebas . Sauf que ce matin en passant par les cuisines, les effluves du ragoût de lièvre qui commençait tout juste à mijoter , lui avait effleuré les narines. La tarte aux épinards en cours de réalisation et elle avait pu voir des fruits en train de confire au dessus de la cheminée. Comment résister ..

Le retour se passa aussi rapidement que l'aller. Probablement même plus rapidement. Les chevaux comme les hommes avaient hâte de rentrer.

Elle n'eut aucun regret quand à son choix. Le repas fut délicieux et chaleureux. Pris dans la grande salle du castel avec une partie de la maisonnée. Si la jeune femme n'avait plus sa famille pour partager ce moment, elle avait la chance d'avoir des gens attachés à sa famille depuis bien avant sa naissance.

Aprés avoir remercié sa cuisinière du bon travail effectué, elle alla prévenir son intendant qu'elle serait dans l'herboristerie de sa mère les prochains jours.
Elle avait négligé le travail en ce lieu depuis trop longtemps et les réserves de remède venait à manquer.

Elle décida de commencer à préparer de l'électuaire de poire au fenouil des Alpes qui soulagerait les ventres gourmands des hommes du castel , puis ce sera des élixirs pour d'autres maux.

Pendant quatre jours on ne la vit quasiment plus mais les effluves émanant de la petite maison adossée aux remparts renseignaient sur la présence de la jeune femme.

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Diane_vk


Elle avait fini par ressortir de l’herboristerie.

Ces longs cheveux auraient nécessité le brossage de sa chambrière et elle ne rêvait plus que d’un bon bain dans les thermes de Challes pour se délasser.

Les étagères étaient à nouveau achalandées, pas moins de sept élixirs avaient été préparé pour en remplir des fioles.

L’élixir de persil pour garder bon cœur et luter contre la nervosité, celui d’absinthe pour nettoyer en douceur et profondeur la plupart de nos émonctoires, l’élixir d’hysope pour détoxifier le foie, celui de genièvre et de molène pour les mauvaises respirations , celui de lentille d’eau pour les troubles du ventre tout comme l’élixir de pivoine et pour finir l’élixir de violette pour la mélancolie et le manque d’ardeur au travail.

Elle avait emporté avec elle une des fioles de ce dernier pour son usage personnel. Parcequ’elle en aimait le gout mais aussi parceque ces promenades à cheval ne suffisait pas à lui apporter toute la sérénité qu’elle aurait souhaité.

Elle rejoignit alors ses appartements en passant par les cuisines pour échanger avec sa cuisinière.
Elle donna quelques directives, se fiat au bon sens et à l’expérience de cette dernière pour le reste.

Une fois dans sa chambre elle se dévêtit et passa une robe d’intérieure tout en préparant ses affaires pour son bain.
Passant devant son écritoire, elle hésita un instant puis prit place pour tracer quelques mots sur le vélin. La plume et l’encre n’attendait que son bon vouloir.


Mon journal a écrit:
Mes chers Vous,

Le temps file tranquillement et je ne me suis pas réfugiée au couvent cette fois.

Je trouve des occupations et ne les fuis plus. Vos terres dont j’ai la régence et la garde sont à nouveau gérées comme il convient, les champs ont été semé, les vignes taillées en temps et heure et il semble que le temps nous soit clément. Point de gelées pour perdre la production , je prie chaque jour pour qu’aucune catastrophe n’arrivent d’ici la moisson et les récoltes pour les greniers soient pleins pour l’hivers et pouvoir nourrir convenablement nos gens.

J’ai décidé de m’investir à nouveau dans la vie de la Savoie plutôt que de partir en voyage. Peut être qu’un jour je le ferais ce fameux voyage sans cesse repoussé mais pas pour le moment.

Je tente de participer comme je le peux et là où présence est nécessaire. Parfois c’est plaisant, parfois c’est stressant. Mais finalement c’est toujours vivifiant.

Je suis allée découvrir les Tours de Chignin. Les vignes y sont magnifiques. Si un jour j’ai une terre rien qu’à moi, j’aimerais qu’il y ai des vignes. Le vin a tant de vertu et de possible utilisation que je trouve cela formidable.

Je viens de passer plusieurs jours à concocter des élixirs , j’ai trouvé de nombreuses informations dans un recueil de la grande bibliothèque de Verceil. Vous devez certainement le connaitre Mère , je trouve pour ma part que cette Hildegarde de Bingen était une sainte femme.

Il est temps pour moi de laisser ma plume à nouveau , les thermes me tendent les bras après ces quelques jours de labeur et j’ai grande hâte d’aller m’y prélasser.
Mes pensées volent vers vous mes chers.



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Phaco


Le crépuscule étirait les derniers feux du jour, mais déjà le sentier se dérobait aux yeux. À cette heure, le voyageur sans torche ni lanterne cherche abri en fourré et prie pour que nul brigand ne le surprenne en ronflements. Phaco lui cheminait avec insouciance entre les vignes: ceps, feuilles et grappes devaient former en automne plafond de feuilles et de fruits sous lequel il devait faire bon de dormir son saoul, et pourquoi pas avec jouvencelle, à l’abri des regards. Heureusement pour lui, son nouveau cheval connaissait parfaitement ce chemin qui était pour cette brave bête celui de la maison.

Il arriva à hauteur des premières maisons du village de Challes avant que tombe totalement la nuit. Un gamin tentait d’atteindre un épouvantail avec des cailloux qu’il ramassait par poignées sur le chemin. Le barbu tira sur les rênes, mit sa monture au pas. Il ne dit qu’un seul nom « Zelle Diane », et le gamin, pourtant bien occupé par son jeu, se tourna vers lui pour lui sourire et lui désigna une large et verte étendue bordée d'arbres menant vers un petit château, ou un grand manoir, question de perspective.

L'ex-baron observa longuement la bâtisse seigneuriale au loin, mais décida contre l'avis de son cheval de pousser d'abord jusqu’au cœur du village, plus par instinct que par entendement. Il lui semblait qu'il y avait là petite place ainsi qu’accueillante taverne de laquelle s’échappaient cris enthousiastes de ceux qui ne boivent point à la petite cuiller !

Phaco hésita un instant à se lancer sur le chemin bien fauché et bien tassé qui menait à l’opulente demeure des Von Kolspinne. Les promesses qu'il avait fait à Chambéry à la jeune régente lui donnaient gorge sèche et il ne savait comment se présenter devant elle. Pour tout dire, sa main tremblait un peu à l’heure de demander accès en ces lieux… Non qu'il regretta lesdites promesses mais plutôt qu'il n'était plus certain d'être à la hauteur de sa réputation, tant celle-ci semblait être restée vivante tous ces ans où lui ne l'était plus vraiment. Il s’arrêta donc devant la taverne et se dit que finalement, petit verre de fraîche piquette pour fêter proche rencontre ne serait pas de trop. Il attacha monture et héla un serveur.

- Hola, l'ami Challésien, il est hors de question que je retournois me flétrir plus avant le cuir des fesses. Je n'ai quitté selle de la journée. Cette petite promenade m'a laissé vide de rires et d’amitié. N'y a t'il donc point place pour un vétéran de Savoie et son cheval, tous deux de bon appétit, à la table de ta taverne ?

Il sourit grandement.
Fanfoue_le_tavernier
Fanfoué l'Tavernier venait de remonter un tonneau de gnôle de la cave quand il fut apostrophé par le baron qui arrivait.

Viendez y ! y a toujours de la place pour l'bonnes gens!

Il place une chope sur le plateau du bar

On boit d' la gnôle ou bien?
Diane_vk


Cette après midi là , elle n’avait envie de sortir hors de ses murs. Elle avait préféré rester à Challes et sur la terrasse du petit castel rêvassait en admirant les montagnes.
Elle avait pourtant apporté avec elle son petit écritoire, quelques morceaux de vélins et bien entendu ses pinceaux.

Elle devait répondre à certains missives.
L’une d’elle l’avait ravie, son amour des mots ne pouvant rester insensible à la qualité du texte , quand à l’autre elle l’avait surprise.

Mais la plume restait posée sans bouger, une conversation lui revenant en mémoire et sa curiosité naturelle l’avait poussé à chercher. Dans la bibliothèque de Challes , elle avait trouvé son bonheur dans un recueil de géographie de la région.
Elles étaient toutes nommées. Toutes celles qui veillaient silencieusement sur elle , dont certain pourrait dire qu’elles écrasaient mais qui pour elle s’élevait vers le ciel pour en toucher les étoiles à la nuit tombée.

Mont St Michel, Montagne de la Coche, Montage du Crémen, Montagne de l’Epine, Montagne de Bonvillard, Roche du Guet.

Chacune avait sa forme, sa couleur, ses histoires. Elle regardait la lumière qui en changeait l’aspect à mesure que l’après midi s’égrainait et que le soleil se faisait plus rare. L’ombre fini par tout envahir et un frisson de fraicheur lui fit réaliser qu’elle n’avait rien fait d’autre que de contempler ces grandes dames qui l’entouraient.

On la dirait probablement oisive , elle n’en eu que faire. Pour une fois , ne pas se pencher sur les rapports des intendants était plaisant.

Elle sourit et rassembla ses affaires pour se diriger vers les cuisines, ses lettres pliées bien rangées dans la poche de sa robe. Elle avait laissé le reste sur place et demanda en arrivant dans la demeure qu’on aille récupérer le tout pour le ramener dans ses appartements.

Les effluves qui l’accueillir dans la cuisine firent grogner son ventre de faim. Elle n’avait guère mangé plus tot dans la journée, l’appétit lui manquant. Mais l’odeur de la tarte qui trônait sur la grande table rappela son estomac à l’ordre.

Sans plus de manière elle s’installa à la table et se servit d’une part tout en devisant avec la cuisinière. Celle-ci était habituée aux façons simples de la jeune femme et elles discutaient régulièrement des mets à préparer et des besoins pour nourrir convenablement toute la maisonnée.

Sa tarte engloutie et son verre de vin .. savoyard évidemment descendu , elle se rendit dans son bureau pour enfin répondre aux missives.
Mais à peine dans la pièce, elle ouvrit un roman et se perdit dans l’histoire. Elle en oublia l’heure et ne remarqua pas quand on vint allumer les bougies de la pièce. Le noir avait envahi le monde et les étoiles veillaient sur elle.



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Phaco


{ BLAAAAAMMMMMM }

Protestation inutile de la porte que l'on ouvre avec un peu trop de véhémence tant le bonheur que l'on éprouve a du mal à être contenu. Le front haut, la barbe luisante, le torse bombé (les mauvaises langues diront qu'à cette hauteur ce n'est pas le torse, mais la panse), Phaco qui a toujours rêvé d'entrer en cour comme on entre en taverne, se fait le plaisir d'entrer en taverne comme on entre en cour.

D'ailleurs, c'est pas loin d'y ressembler, à une cour. Sa Majesté le Tavernier y trône comme un duc, entouré de tout ce que la combe de Savoie a jamais vu de grâces et de gentillesse réunies. Pas amples et lents, orteils pointés vers l'avant, comme quand on danse le saltarello, Phaco s'avance la barbe ornée d'un indécrottable sourire.


L'endroit point trop mal n'estoit, par ma foi !
S'il suffit, pour goulotter, d'lever l'petit doigt,
Pour qu'aussitôt, du comptoir, accorte madonne s'en venoist,
De gnôle emplir vostre godet et raviver votre foi...


Salut presque gracieux aux inconnues, baise main appuyé à la serveuse, et révérence théâtrale au seigneur Fanfoué.

Permettez, mon seigneur, que semonce vous adressois :
Bieau sire, point trop de vin ne buvoist,
Si vous voulez carriole conduire droit !
Car l'abus des plaisirs nous fourvoye,
Et nous gaste l'esprit tant que le foie !


La taverne est bondée, pleine de challésiens fort occupés à vidanger à qui mieux mieux le contenu désespérément insuffisant des tonneaux du patron. Aussi la survenue d'un grand buveur comme Phaco, aussi fortuite soit-elle, ne peut-elle manquer de les mettre d'excellente humeur. Luths et bombardes à portée de main, la troupe reprend aussitôt, couvrant de ses cacophonies les pauvres bruits de la rue, et la serveuse sert, sillonnant l'espace de table en table, frémissant de toutes ses si désirables chairs sous la cascade avide des commandes.

Le voyageur de l'Autre Monde a enfin retrouvé le sien, il se met à rire. Là dans cette salle s'étend son véritable fief, sa terre, sa patrie. Qu'il soit pour le temps d'une visite le sujet des seigneurs de Challes, mais Savoie reste sa reyne et sa maitresse.

Il frappe dans ses mains.


Boire ! Boire ! Boire !
Ha, j'avais oublié comme il est assoiffant de vivre, tudieu !
Fanfoue_le_tavernier
Boire ! Boire ! Boire !

Pour sur qu'ça le Fanfoué il avait compris. Pour l'reste, l'était moins sur. C'est que l'barbu y parlait drôlement tout de même.



Un grand BAM! sur la table devant le baron et de quoi sustenter sa soif apparu.
Le Fanfoué hésita une seconde et planta ses yeux dans ceux du nouvel arrivant.


Z'avez y de quoi payer au moins? C'est qu'la maison fait pas crédit! c'est y pas qu'je veux faire de gôgnes moi mais j'ai des ptiots à nourrir !

Avant de lâcher la bouteille, il attendait confirmation du buveur assaoifé
Phaco


- De quoi payer ? Diantre l'ami... mais tu ne sais point qui je suis ? Si tu ne veux pas subir le sort de ces six italiens qui m'ont fait l'affront de croiser mon chemin ce matin, tu ferais mieux de me servir à boire, aussi vrai que ta maîtresse, noble Diane, est la dame la plus vertueuse de tout le duché, et que je suis ici sur sa demande...

Évidemment, il n'y avait pas grand chose de vrai dans tout cela, sinon l'invitation... Mais en cette sortie d'hiver la bourse du barbu était encore fort maigre, et le tavernier était le cobaye parfait pour tester sa force de persuasion: peut-être toutes ces années loin du monde lui avaient-elles fait perdre son bagout d'antan, allez savoir...

- Je dois lui rendre un avis objectif sur ta taverne... des rumeurs sont parvenues à ses oreilles que tu ne recevrais pas bien les estrangers. Mais si les rumeurs s'échinent à ternir ta réputation, dame Diane dans sa légendaire sagesse a préféré envoyer un homme de confiance les vérifier, et c'est moi.

Voyant toutefois le Fanfoué qu'à moitié convaincu, le sournois Phaco usa alors d'une ruse vieille comme le monde. Bien fort, il hucha à la ronde:

- Que celui de vous qui n'a jamais touché la femme de Fanfoué me paie le premier verre !

Bien entendu, comme personne du village ne voulait se mettre à dos le vaillant tavernier, on se bouscula pour lui offrir un verre.
Fanfoue_le_tavernier
GrmMbllll

Borborygme du Fanfoué pas convaincu effectivement. C’est y qu’on la lui f’sait pas à lui. L’était aussi grigou qu’le barbu à la langue pendue et asséchée.
Moins d’temps qu’il fallait pour le dire, il s’était retrouvé avec une tablée pleine de godets et de buveurs aussi assoiffés que lui. Alors le grincheux tavernier était retourné derrière son comptoir . Il observait les yeux plissés le fameux inspecteur de la ptite duchesse.


C’est y qu’il la connaissait lui la drôlesse. Elle s’arrêtait régulièrement en partant pour la capitale pour prendre des nouvelles des p’iots et du village. Elle disait qu’sa taverne c’était le cœur du village, qu’elle battait au rythme de la vie d’ici et d’autre chose étrange dans le genre. Il la laissait dire et faisait des grands oui et inclinait rapidement la tête comme s’il comprenait tout. Quand elle partait elle laissait toujours une ptite bourse , elle disait que c’était pour les p’iots.

En parlant de p’iots , il passa dans la cuisine pour appeler son fils le Pior.


T’va y aller au château d’mander la Dame. T’dira qu’c’est y moi Le Fanfoué qui t’envoye. T’dira qu’y a un drole d’bohomme qui s’dit être là pour me ‘spionner . Et qui dit connaitre Dame Diane et qu’c’est elle qui déboursera pour lui ! Qu’faut pêtre envoyer la garde d’château parc’que l’a l’air d’savoir s’battre quand même si c’est y pas un envoyé de sa grâce. Et traine z’y pas en route si t’veux pas t’en prendre une !

De retour dans la grande salle, il apporte une grande assiette pleine de cochonnailles du village qu’il pose devant le barbu.

Z’allez ben voir si j’sais pas r’cevoir les visiteurs Mouai ! c’est y qu’ici on sait y faire la rioule mon brave !

C’est qu’il avait une petite idée derrière la tête le Fanfoué. Si c’était un ami de la chatelaine, il serait remercié … et donc un belle bourse pour lui. Si ce n’était pas un envoyé de celle-ci, il finirait au trou et lui serait récompensé pour avoir déniché un imposteur voir même dédommagé ! D’une manière ou d’un autre, il avait tout intérêt à faire prévenir la haute avait il décidé.
Phaco


La maitresse des lieux n'allait sans doute pas tarder à faire son apparition...

Non, Phaco était bien incapable d'entendre à travers les murs en torchis de la cuisine, et encore moins de lire dans les pensées. Mais il se doutait bien qu'avec l'animation qu'il avait mis, et vu de qui il se disait invité, cela remonterait bien vite aux charmantes oreilles de Diane, et sa demeure n'étant qu'à deux pas de là, elle ne manquerait pas de venir s'enquérir de la situation.

Car s'il avait une confiance aveugle en la jeune damoiselle -et c’eut été goujaterie que le contraire vu les cadeaux qu'elle lui avait fait- il n'oubliait pas qu'elle était la p'tite fillote de certains Von Valendras et autres Von Kolspinne qui avaient été autrefois ses adversaires. Des adversaires, et non point des ennemis car on ne pouvait nier la vaillance ni la droiture de ces deux vieilles lignées... un peu trop droites, même, au goût du barbu qui n'appréciait la rigidité qu'à l'heure de s'allonger en couche et en bonne compagnie...

Ce qui n'était vraiment pas l'objet de sa visite, mais enfin, depuis quand le renard visitait-il le chenil toutes couleurs sorties, même en sachant les crocs de la meute bien émoussés ? Il préférait donc que cette rencontre débute en terrain neutre, et cette hébergerie faisait parfaitement son affaire.

Il goûta donc avec délice au somptueux plat de charcutaille si gentiment offert, tout en partageant et devisant avec ceux qui l'entouraient, se renseignant l'air de rien sur celle qu'ils nommaient la petite duchesse. Car il n'est de meilleur moyen pour connaistre la cime d'un arbre que de demander aux racines ce qu'elles en pensent...
Diane_vk


Effectivement le Pior arriva rapidement aux cuisines du chateau où la jeune femme s'était rendu après sa lecture.
La faim avait fini par avoir raison de sa tranquillité et s'est tout naturellement qu'elle avait pris place sur un des bancs de la grande table.
On lui avait servi une grande tranche sur laquelle était posée une belle part de pâté , un bol avec du bouillon de légume.
Alors même qu'elle allait plonger la cuillère dans ce dernier , la porte s'ouvrit laissant apparaître le fils du tavernier, légèrement essoufflé qu'un garde avait laissé passé. Celui ci était connu des lieux et cela n'avait rien d'étonnant à cela.

Avant même de demander à voir la maitresse des lieux, il l'aperçu et une lueur de soulagement traversa son regard. Il avait eu peur que la terreur des cuisines du castel ne le jette dehors vu l'heure et la requête.


Dame Diane! c'est y mon père qu'y m'envoye vous voir!

Etonnée, elle lui fit signe après avoir posé la cuillère et abandonné l'idée d'un bon repas tranquille.

- Approche. Que se passe t'il ? rien de grave au village j'espère ?

Le jeune garçon lui répéta ce que le Fanfoué lui avait demandé de dire à la chatelaine et rajouta qu'il avait croisé le fameux sieur sur le chemin avant son arrivée à la taverne, et qu'il avait demandé où il pouvait la trouver elle, Diane.
Intriguée , se demandant qui cela pouvait bien être , elle demanda à Pior de l'attendre là, à la cuisinière de le nourrir le temps qu'elle revienne et demanda qu'on fasse venir le capitaine et Gustave à l'entrée avec chevaux et trois hommes.
Elle partie rapidement se changer pour monter à cheval puis les rejoignit. Elle avait beau réfléchir , elle ne voyait pas trop qui pouvait espionner pour elle le tavernier du village.
C'est ainsi que la petite troupe dévala la pente jusqu'au bourg pour rejoindre la taverne où elle entra sans façon suivit de ses hommes. Gustave quand à lui était resté dehors et avait déjà reconnu le cheval de "l'inconnu".

Le brouhaha de la taverne cessa un instant quand elle ôta sa capuche pour se dévoiler. Elle échangea des saluts et des sourires avec certains. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait en ce lieu et elle en connaissait presque tous les attablés de ce soir. Soit elle les avait croisé dans les champs, soit ici même , soit encore à la messe ou lorsqu'elle rendait justice dans la grande salle du castel prévu à cet effet une fois par mois pour régler les conflits internes au fiefs.

Bien qu'elle échangeait ici ou là quelques phrases avec ces cerfs, l'un sur l'arrivée du ptit dernier , l'autre sur le furoncle qu'elle avait soigné à sa main ou encore sur la grand mère qui bientot ne serait plus de ce monde, de l'autre coté de la salle un visage connu mais qu'elle voyait pour la première fois en ce lieux.
Un léger sourire aux lèvres, elle finit par arriver jusqu'à lui.


- Ainsi donc voila l'espion dont le Fanfoué se méfie ?

Elle prends place à la table sans plus de façon et fait signe au tavernier.

- Vous m'avez fait rater mon souper ... Portez moi donc un potage et remplissez donc ce plat quasi vide ainsi que les chopes de tous. C'était donc sa tournée.

- Le Fanfoué ... n'oubliez pas la mienne de chope!

Elle avait faim, il était tard et ils l'avaient obligé à sortir à cette heure. Pour le coup , elle grognait un peu.

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Phaco


Il aurait fallut être sourd pour ne pas avoir eu vent de la dernière rumeur qui se répandait en Savoie, ville par ville, telle une soudaine marée. Le seigneur de Castellar était sur le retour. Quel dommage, avait simplement pensé Phaco. Il connaissait maintenant mieux Diane, mais pas du tout Laurent pour se permettre de porter un quelconque jugement en cette affaire. De plus, s'il brillait dans les affaires de jupons, il était beaucoup plus maladroit quand il s'agissait du cœur.

Alors il avait simplement haussé les épaules, soupiré un peu en pensant à sa jeune amie, et repris son débitage de pâtés et charcutailles. Mais ce qui était chez lui une espèce de conscience ne le laissait pas en paix. Comment pouvait-il encore se prétendre l'ami de Diane et la laisser à ce qui semblait être une espèce de mélancolie rampante qui la gagnait parfois, malgré les airs de joyeuse jouvencelle qu'elle se donnait ? Dans les moments difficiles comme dans les moments aisés, sinon, l'amitié n'avait pas de sens. Et ce n'est pas parce qu'il n'avait rien à lui dire sur ce sujet qu'il devait éviter la compagnie de la damoiselle.

Il savait comment le pouvoir et les responsabilités isolaient l'être humain. Peut-être sa simple présence en ces moments adoucirait-elle ceux de la petite duchesse. Quand elle s'installa à sa tablée, il fit son sourire le plus enjôleur et balaya la table devant elle pour faire place nette.

Flottement de ceux qui se sont déjà parlés par d'autres formes que la parole, regard pour mesurer la part causée par les critères extérieurs. Pour retrouver l’autre derrière ses histoires. Phaco, pour avoir traversé tant de pays, et rencontré tant de situations différentes, lisait depuis qu'il la connaissait dans les yeux de Diane ce qui réchauffait un vieux cœur comme le sien : l’honnêteté vis-à-vis de soi, la sincérité, la simplicité d’une âme généreuse et sans vanité.

C’étaient ces critères là qui servaient au barbu de mesure pour jauger du mérite et de la gloire d’un homme ou d'une femme.
C’était également selon ces seuls critères là qu’il admettait d’être jugé.

Posant le nez sur le cruchon, il huma fort tout en regardant la petite duchesse.
Mystique des parfums.
Affluence des souvenirs de ripailles…
Sourcil arqué interrogatif.
Rire de ventre difficilement contenu…

- L'amitié c'est comme l'acier, ma petite dame. Plus elle est trempée, plus elle est solide.
Mouillons donc la notre à ce vin là. Et si vous avez besoin d'un homme, je suis celui là.
Et puis voilà.
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