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[RP] “La valeur d'un trésor réside dans son secret.”*

Xalta
Un décembre elle était devenu cac adjointe du maire Balthazar sous la houlette de Belgarion cac municipale. Ces deux hommes marquèrent tour à tour la vie de la jeune femme qu'elle était à l'époque. Elle découvrit les rouages de la mairie, le travail en équipe et comment former un conseil municipal efficace. Des apprentissages qu'elle put mettre en application par la suite.

Balthazar, un homme à femmes, avec un humour tranchant comme ses avis et autres opinions d'ailleurs, plein d'assurance sans être plein de morgue même si ses adversaires politiques se plaisaient à le dire. Un grand blond aux yeux verts, un léger sourire indéchiffrable. Les femmes se pâmaient devant lui, certaines se jetaient même à son cou, mais il n'aimait guère ce dernier type de femme. Un pilier de taverne même si la plupart du temps il donnait l'impression de dormir, en fait elle l'apprit plus tard, il faisait seulement semblant de sommeiller et on entendait alors sa voix s'élever dans la taverne surprenant tout le monde. C’était un homme aussi un brin rigide sur nombres de points comme la loyauté, la fidélité, le respect des lois oui et non, elle se souvenait qu'il se jouait de ces dernières en étant à la limite de la légalité. Un homme investi tant sur le plan municipal que ducal.

Cet homme l'avait attiré dès le départ, mais elle savait aussi qu'elle avait peu de chance de faire naître son intérêt du moins c'est ce qu'elle pensait alors elle ne lui courait pas après, ne cherchait pas à le séduire, elle se contentait d'être elle, sans fioritures, sans artifices, sans minauderies. etait-ce ceci qui lui avait plu chez elle ? Elle ne lui avait jamais posé la question et maintenant il était trop tard pour le faire: il était porté disparu.

Février, le mois où tout s'était joué. Il avait terminé son mandat de maire et avait eu des fourmis dans les jambes, avec ce mandat qui prenait fin, elle se retrouvait aussi désœuvrée. Un soir en taverne, il lui avait proposé qu'elle fasse le voyage avec lui. Elle était restée muette de surprise. Elle avait accepté spontanément, sa marraine Savhanna l'avait mise en garde contre les dangers que représentaient un tel homme: s'en éprendre et ne rien recevoir en retour. Elle lui avait conseillé de prendre ce qu'il y avait à prendre: de la bai-se sans attendre des sentiments, il se disait à l'époque que c'etait un homme dépourvu de sentiments. Et pourtant ...

Ce février-là, Montargis, la première ville-étape de leur voyage, ils logeaient à l'auberge de la Mésange bleue, tenue par une femme , amie de la bergère qu'elle était: Métisse. Ils avaient passé une soirée agréable en taverne entre Metisse, Ricardinho, Petrus, Diane et Fur puis ils étaient montés chacun dans leur chambre, alors qu'elle avait passé sa chemise de nuit_ Oui à l'époque, elle dormait encore habillée_ il avait frappé à sa porte, elle lui avait ouvert, elle savait que c'était lui, la porte s'était refermée sur lui, sur eux , c'est ce soir là qu'elle était devenue une femme, sur le sol d'une auberge, ils n'avaient pas atteint le lit. Cette nuit, elle n'avait jamais pu l'oublier. C'est ainsi que naquît cette romance qui dura près d'un an et demi. Dès le départ, il avait posé les jalons de ce que devrait être leur relation : pas de mariage ni d'enfant. Elle avait acquiescé, elle lui aurait tout accordé de toute manière.

C'était lui, l'homme de sa vie, elle le savait, elle découvrait avec lui l'amour dans tous les sens du terme. Elle n'était que passion, elle brûlait d'un feu intérieur qu'il nourrissait au quotidien par des paroles, des gestes, des attentions. Durant tout le temps que dura leur histoire, jamais ils ne se dirent ces mots que les autres se disent facilement et parfois à la légère. Mais elle savait qu'il l'aimait, il lui prouvait à chaque instant, elle appris à faire de même. D'ailleurs, des années après, elle était encore marquée par cela: autant il lui était simple de dire à ses enfants, à sa fratrie, à chacun des membres de sa famille qu'elle les aimait mais dès qu'il s'agissait de son compagnon, elle conservait cette pudeur préférant les actes aux paroles.

D'ailleurs elle avait eu la confirmation qu'il l'aimait lors d'une entrevue qu'elle avait mené pour le Giennois Express: il l'avait qualifiée d'amante et de complice, d'amie, mais aussi la moitié qui lui apportait l'équilibre qui lui avait manqué jusqu'alors. Ces mots-là, elle les avait chéri, ils l'avaient bercée, réconfortée lors des périodes plus difficiles surtout vers la fin quand il commençait à être plus absent que présent, qu'elle passait ses soirées à broder, s'étiolant loin de lui. Il était sa source de bonheur, de vie et il avait été aussi la source d'une autre vie.

Alors qu'ils ne se voyaient qu'épisodiquement parce qu'il était trop occupé ailleurs , elle avait découvert qu'elle portait un enfant de lui. Elle se rappelait encore de ce sentiment de panique qui l'avait envahie. Il ne voulait pas d'enfant, il avait toujours était clair à ce sujet et même plus d'un an après ce février à Montargis, il n'en souhaitait toujours pas. Mais Dieu en avait décidé autrement: elle était enceinte. Elle s'était tournée vers la seule personne qui pouvait la comprendre, l'aider et surtout ne pas la juger: Euphémie, sa gouvernante, sa maman de substitution. Avec sa complicité, elle avait caché sa grossesse à l'homme qu'elle aimait mais aussi à tous ses proches: famille et amis. Heureusement pour elle, elle eut une grossesse sans incidents, sans malaises, sans aucun soucis jusqu'à la délivrance. Un accouchement qui eu lieu dans une petite masure de Gien, louée sous un autre nom que le sien pour l'anonymat. Il n'y eu qu'Euphémie et elle, et dans la pièce voisine : Jean Loing encore jeune homme de 25 ans environ à cette époque.

Elle donna naissance à un fils, en pleine santé. Un fils ! Elle se rappelait encore de la joie qui avait été la sienne, de ce sentiment nouveau pour elle quand elle tint pour la première fois le fruit de ses entrailles sur son cœur. Cet amour immense qui l'avait envahie, l'avait submergée au point de la faire pleurer de bonheur. Ils avaient vécu quelques jours coupés du monde. Puis il avait fallu retourner dans le monde, dans ce monde qui ignorait encore l'existence de sa progéniture. Il avait fallu alors affronter la réalité et prendre des décisions difficiles comme celle de tenir au secret : ce trésor que la vie lui avait offert.

Un jour elle commit l'irréparable en tentant de vouloir faire réagir Balthazar: des mesures extrêmes comme elle en était parfois capable, des sursauts désespérés pour une situation qui lui paraissait. Elle avait trouvé l'inspiration et la force après une confession auprès de l'évêque Dariush. Mais au lieu de sauver son couple du naufrage , cela accéléra la déroute. Elle se retrouva seule, avec son immense chagrin. Il s'enferma chez lui, rompant tout dialogue. Elle mit des semaines, des mois à se remettre de la perte de cet homme. Elle faillit plus d'une fois baisser les bras mais c'était sans compter sans le soutien de Phémie mais aussi de Belgarion, son ami qui devint son premier époux et surtout de ce petit bout d'homme qui grandissait entouré de l'amour inconditionnel de sa mère, de la vieille Phemie, de Jean Loing.

Belisaire.

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Belisaire
Scène d'une vie - Acte 1

"L'amour devenu sans objet n'entretient aucun foyer de lumière"*
Quelle est donc notre Lumière ?


Euphémie l'empressait de se rendre dans sa chambre et l'enfant tentait comme toujours de l'amadouer avec ses yeux noisettes. Pourquoi obtempérerait-il au demeurant ? Jean Loing le coursait. N'était-ce pas amusant ? Certainement mais quand le chat attrapa la petite souris de cinq ans la plaisanterie s’acheva pour laisser place à une vive inquiétude. Le moment était bien solennel. Son regard jouait d'un va et vient entre la femme et l'homme. Il ne retint que quelques bribes de leur conversation mais suffisant pour laisser apparaître un large sourire. Sa Mamouchka avait annoncer son arrivée et voulait LE voir, lui parler. Il en était heureux. Ce qu'il ne comprenait pas par contre c'était le lieux de cette rencontre. Assis sur un tapis, il observait les livres qui l'entouraient. Son regard s'y perdit jusqu'au moment où des pas s'approchèrent. Il scruta la porte qui s’entrouvrait et d'une voix bien hésitante non sans une once d'espoir...


    Mamouchka, c'est vous ?

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Xalta
Si elle avait été une mère aimante, présente dans les premiers mois de cette fragile existence, l'obligation du secret l'avait éloigné progressivement du fruit de ses entrailles. Elle s'était laissée accaparer par ses diverses fonctions, d'ailleurs bien des fois, elle se cacha derrière la raison d'état pour s'auto-pardonner ses absences. Mais la voix de sa conscience la titillait régulièrement lui rappelant que grandissait loin d'elle le fils né de son union avec l'homme qui marquait sa vie encore au quotidien malgré son absence. Il y a des fantômes bien plus présents que les vivants.

5 ans que son fils grandissait à l'abri de tous, de toutes, loin des vicissitudes d'un monde qui se limitait pour lui aux murs du domaine. Une nouvelle la foudroya , sa marraine: Savhanna mourut dans ses bras en lui confiant dans un souffle et une lettre: son propre fils. Elle se retrouvait ainsi mère de deux enfants. Elle se rendit donc dans sa demeure accompagnée d'un petit bonhomme blond qui répondait au nom de Titouan. Phémie prit l'enfant en charge le temps qu'elle aille voir son propre fils.

La porte s'entrouvrit à peine que son cœur bondit au son de la voix juvénile. Elle l'ouvrit plus large pour franchir en quelques pas l'espace qui les séparait. Ce sont des bras aimants qui l'entourèrent pour une étreinte maternelle: douce et chaleureuse. Le nez enfoui dans les boucles châtains, elle respira le délicieux parfum émanant de sa progéniture. Une étreinte qui s'éternisa, bouleversée par ce rappel brutal de la fragilité de la vie, muette. Puis elle finit par l'écarter de quelques centimètres pour mieux observer ce visage, savant mélange de lui et d'elle.

Comment va mon petit prince ?

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Belisaire
Il se délectait à chaque fois de ces moments, rares mais si recherchés. Ses bras s'accrochaient a un espoir, celui qu'elle soit à elle, qu'elle ne le quitte plus. Il s’enivrait de son odeur et respirait à pleins poumons. En cet instant, il rêvait, il se laissait emporter dans sa vie, de celle aimée, désirée, là où il ne la quittait jamais, là où il pouvait l'admirer à chaque instant, là où il était choyer, où il était sien, son unique. Ses doigts s’agrippaient à à cette aspiration sans fin. Il lui souriait. Son Prince, oui il aimait être son prince alors en cette volonté de ne pas la décevoir et d'être aimé, il ne la peinait jamais.
    Je vais bien. Je suis très content de vous voir.
Il se précipita à nouveau dans ses bras, et avec un trop plein à vider ...
    Je vous aime.
Leur petit rituel finalement mais cette fois il y eut quelque chose qui changea. Le petit prince faisait face à sa reine. Et cette fois il s'effondra devant ce regard aimant. Cette fois-ci il voulait comprendre, s'il y avait à comprendre quelque chose en la situation. En cet instant, son petit nez, par un petit reniflement retint tout un flot de larmes. Aujourd'hui il voulait être grand et avoir ses réponses. Il ferma le poing sur ses vêtements, inspira profondément et son coeur se vida.
    Pourquoi je peux pas être avec vous ? Pourquoi je suis obligé de rester ici ? Pourquoi vous .... Pourquoi vous .... Pourquoi ....
Il se précipita à nouveau dans ses bras. Certes il voulait goûter son plaisir mais surtout cacher quelques larmes débordantes. Et dans un dernier sanglot tenté d'être dissimulé
    Qu'ai-je fais de mal ?
Et Bélisaire s'engouffra dans les cheveux de sa mère et ses doigts tremblotants s'ancrèrent sur ce corps qu'il voulait être sien à jamais.
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Xalta
Cette bouffée d'amour qui la submerge quand de ses petits bras il l'enserre, rien ne vaut l'etreinte d'un enfant. Certains disent que le plus beau collier d'une femme ce sont les bras de ses enfants et en cet instant, cette phrase prenait tout son sens. Oui, il n'y avait rien de plus beau que cela, plus beau que le lien, l'amour qui les liait même si elle ne savait pas toujours s'y prendre. Elle lui adresse un sourire empreint d'une tendresse infinie.

Je t'aime aussi.

Tellement, mais ça, elle ne savait lui dire. Elle l'aimait de cet amour inconditionnel, irraisonné qui lui prenait les tripes. Non seulement parce qu'il etait son fils, sa chair, son sang mais parce qu'il était le fils de Balthazar, cet homme qu'elle avait aimé avec passion , au point de réagir avec une violence extrême pour se soustraire au déclin de sa propre personnalité. Il était la preuve de cet amour même si Balthazar ignorait l'existence de son propre fils. Un secret, un mensonge qu'elle entretenait depuis si longtemps et que son fils dans sa candeur juvénile vint lui jeter à la face involontairement. Elle ferme les yeux un instant. Les questions de son fils sont légitimes mais comment lui expliquer comment lui faire comprendre qu'elle l'avait caché de son propre père, mais aussi du monde pour le préserver. Il était bien trop jeune pour comprendre. Mettre des mots sur ce secret, elle reculerait encore le moment de la vérité. Elle rouvre les yeux et les pose sur lui, ils sont emplis d'amour, de tendresse le tout saupoudré d'un léger voile de tristesse car cela lui coûte aussi de ne pas pouvoir vivre sa maternité au grand jour.

Tu ne peux pas pour l'instant, nous ne pouvons pas vivre ensemble mon ange parce que je suis toujours en train de courir d'un lieu à un autre. Je suis très occupée et si je t'emmenais avec moi, tu serais malheureux car tu devrais rester sage, silencieux, tu ne pourrais pas être aussi libre qu'ici, tu ne pourrai pas jouer, courir, sortir . Tu passerais ton temps à m'attendre comme ici mais sans l'amusement.
Tu es bien mieux ici avec Phemie et Jean. Tu peux jouer, lire, te promener, faire ce que tu aimes.
Mais un jour je te promets que nous pourrons passer plus de temps ensemble, quand tu seras un peu plus grand.


Et son coeur de mère s'étreint quand il fond en larmes. Sa gorge se noue et ses yeux s'embuent: faire face au chagrin de son fils, c'est ce qu'elle a de plus difficile à vivre. Elle peut supporter beaucoup de choses, faire face aux événements mais devant la tristesse de son enfant, elle est démunie. Elle serre fort dans ses bras, le cajole, le berce.

Tu n'as rien fait de mal, rien du tout, c'est juste moi qui suis très accaparée. Mais je te promets que bientôt nous pourrons passer plus de temps ensemble.

Rien mon fils, tu n'as rien fait de mal. Tu es ce qu'une maman peut attendre de mieux comme fils.


Elle lui répète encore les mêmes mots tout en continuant de le bercer, penchée sur lui. De longues minutes s'écoulent, une étreinte qui dure et qui les coupe du monde. Il n'y a plus que lui, elle. Le nez dans la chevelure de son fils qui sent si bon. Tout ceci aurait pu durer si un coup discret frappé à la porte ne l'avait point ramené à la réalité. Un soupir soulève sa poitrine.

Mon petit prince, aujourd'hui, je ne suis pas venue seule.
Mais accompagné de Titouan, tu l'as déjà vu et joué avec, c'est le fils de ma marraine Savhanna.
Sa ... maman


Elle se fait violence et poursuit alors que le chagrin la reprend.

est morte. Elle m'a confié Titouan.
Il va vivre avec toi, avec nous.

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Belisaire
Scène d'une vie - Acte II

“Tel père, tel fils.”
“A père avare, enfant prodigue.”
Lequel de ces proverbes croire ?”


Les paroles de sa mamouchka résonnaient continuellement en lui. Chaque lever était un avenir ... un espoir vers cette promesse prononcée. Devenu un acte quotidien, il faisait face à la fenêtre et son regard se portait vers l'horizon. Il imaginait pouvoir concilier ses rêves nocturnes à une réalité souhaitée. Et à chaque fois, la déception pouvait se lire sur son visage. Une chose toutefois avait changé, son frère de coeur. Il se précipita vers la chambre de Titouan et l'heure d'exaspérer Phemie et Jean avait sonné. Au menu, petits exercices sur lits défaits alimenté de cris chevaleresques bras brandis. C'est a chaque fois par un bruit sourd provoqué par une chute de l'un ou de l'autre sur le sol que s'achevait cet exercice matinal. Et bien évidememnt, ce n'est qu'à ce moment là et uniquement à cet instant qu'ils entendaient Phemie les appeler. La question "depuis combien de temps" leur importait peu. Le premier à qui serait arrivé le premier en bas ? Bas voyons ! Pourquoi s'arrêter de savourer leurs menus plaisirs. Une pause ? Oui à chaque fois qu'ils voyaient les yeux noirs de Jean et qu'il se levait pour les punir. Mais il est écrit dans toute bonne recette de cuisine qu'un dessert se mange sucré et non salé. C'est pourquoi les braies de Phemie étaient à chaque fois pris d'assaut et quatre petits yeux séducteurs la suppliaient d'une complainte maintes fois entendue mais faisant toujours mouche au grand Damne de Jean. Aujourd'hui régnait des effluves inhabituelles. La cuisine était sans dessus dessous. Les petites mains furent vite repris à l'ordre même si plusieurs salves furent nécessaire. Aujourd'hui, le jeune Bélisaire avait sept ans. Aujourd'hui on allait festoyer mais il fallait attendre. Et pour passer le temps comme toujours on pourrait le retrouver dans son jardin secret, la bibliothèque de mère. Immobile, il regardait son portrait tout en se regardant dans un miroir situé juste à côté. Aujourd'hui il se perdait dans ses pensées. A qui ressemblait-il ? ...
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Xalta
“Le temps mûrit toute choses ; par le temps toutes choses viennent en évidence ; le temps est père de la vérité.”*


Sept ans.Que le temps filait vite, trop vite surement. Elle enchainait les fonctions, elle en délaissait sa vie privée, ses proches. Elle devenait une personne, une de celle qu'elle n'aimait guère, une de celle qu'elle critiquait car à trop courir on passait à coté de sa vie. Mais là, brusquement en ce jour, le temps lui rappelait qu'il filait sans elle et que son fils devenait grand.
L'âge de raison. Offrir un cadeau, oui mais lequel ? Que peut souhaiter un enfant si ce n'est la présence de ses parents par trop absents ? La culpabilité la ronge.

C'est sourire aux lèvres et le coeur empli d'un amour infini pour lui qu'elle rejoint la petite fête organisée. C'est un fils la mine assombri qu'elle retrouve. Après un câlin des plus affectueux, elle le relâche pour mieux regarder l'enfant aux yeux semblables aux siens.

Mon petit prince.
Tu devrais être plus joyeux.
Dis moi ce qui ne va pas .


Le ton est doux, le tout accompagné par des bras qui l'enserrent lui prodiguant cette chaleur toute maternelle que savent donner les mères.



* Rabelais
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Belisaire
Ces essences, ce toucher, ce regard ! Voilà bien des joyaux pour lesquels il donnerait tout ce qu'il avait. A son âge, peu ! Son cœur n'avait de place que pour sa mamouchka, tant par le vide qu'elle laissait que par son déferlement de sentiments qui l’enivrait à chaque visite. Le jour de ses sept ans ne changerai rien. La taciturne laissa place à la liesse. La liesse à un bonheur égoïste qu'il voulait profiter sans aucun partage possible. Aux câlins donnés, il offrit ses plus beaux sourires. Aux bras venant l'enlacer, il s'abandonna entièrement déversant son trop plein d'amour et comme si cela ne suffisait pas, les mots vinrent accompagner les gestes. Et dans un murmure au bord de son oreille ...
    Qui est mon père ? Ah qui je ressemble ? Pourquoi il est parti ? Ils nous aiment pas ? .... Il, il est .... mort ?
Il la regarde à nouveau, l'oeil déterminé et de sa petite autorité de petit prince à sa mamouchka, il tapa du pieds et avec affirmation.
    Je veux tout savoir, mamouchka.
Pour finir pas déglutir en s'apercevant qu'il avait peut-être été trop loin.
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Xalta
Elle aurait du s'y attendre. Mais elle n'imaginait pas que ce temps fut déjà arrivé: celui des questions qui nécessitaient une réponse. Elle reste là, figée . Le regard de Méduse n'aurait pas eu plus d'effet que ces questions. Elle l'étreint plus fortement, ce petit bout d'homme, cette preuve vivant de la passion qui l'unit à Balthazar! Alors elle se relève lentement emportant dans ses bras, ce fils devenu grand. Puis elle s'assoit sur le fauteuil et le garde contre son giron. Elle inspire profondément avant de se lancer.

Ton père se nomme Baltahzar!, c'est un giennois. Un homme qui s'est beaucoup investi pour la ville de Gien mais aussi le duché.
C'est un homme avec des principes. Parfois un peu rigides.
Il est grand, massif,des yeux bleus, un sourire en coin flottant souvent.
avant moi c'était un grand séducteur.

Il n'est pas parti, c'est moi qui suis partie enfin d'une certaine façon.


Etrange histoire que celle-ci , elle avait provoqué le pire pour tenter de le faire réagir, elle l'avait perdu. C'était quitte ou double. Ce fut quitte. Elle avait morflé, bien plus qu'elle ne l'avait montré. Il s'était enfermé, retiré dans une tour d'ivoire et depuis ne l'avait jamais quitté. Il avait alors ignoré qu'elle était enceinte de lui, qu'elle portait leur enfant. Dieu qu'elle avait aimé cet homme, elle en aurait perdu son âme dans les tourments d'une passion dévorante. Sept ans après le souvenir de cet homme était toujours aussi vif car même si elle s'en défend, quand elle aime, elle aime entièrement, sans faux-semblant. Chaque Homme de sa Vie avait laissé une trace indélébile en elle, en son fort intérieur, en son âme et son cœur.

Oh, tu sais, il ignore que tu existes.
Mais s'il savait je pense qu'il t'aimerait car c'est un homme bon et affectueux sous ses dehors rugueux.

Il vit toujours mais en ermite, plus personne ne peut entrer en contact avec lui.


Elle pose son regard clair dans celui-ci de sa chair.

Tu lui ressembles, tu as les mêmes cheveux clairs, je crois bien le même nez .
Je dois avoir un portrait.


Avait-elle répondu aux attentes de son fils ?

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Belisaire
Assis, les yeux grands ouverts, à la fois excité et nerveux d'en savoir plus sur son père. Mamouchka allait parlé et il buvait ses mots à s'en noyer. Les prunelles plongés dans les siens, a ce moment, rien n'aurait pu le faire sortir de cette communion. Il s'imbibait de chaque mot en faisant parfois écho aux propos maternelles mais sans l'interrompre. Oh non, il trépignait et tous ses sens savaient qu'il ne devait pas interféré dans une confession précieuse et rare. Ainsi donc il lui ressemblait. Il en ressentait une fierté.
    C'est quoi un séducteur ?
Il regretta sa question et empressa sa mamouchka de continuer en lui souriant. Il aurait le temps de satisfaire sa curiosité d'autant plus que la suite lui paraissant moins réjouissante forçat son intention. Ainsi donc il vivait. Mais il était dit qu'il resterait amer et frustré de ne pas le rencontrer un jour ou un autre. Rire ou pleurer ? Les émotions contradictoires le traversaient. Le portrait dans la main, il resta un long moment à le scruter dans un silence de cathédrale. D'autres questions lui vint mais rien ne pu sortir à ce moment. Il n'arriva qu'à se précipiter dans les bras de Xalta pour profiter d'un moment qu'il voulait sans fin.
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Belisaire
Scène d'une vie - Acte III

"Toute innocence se souille inéluctablement"*


Était-ce une fugue ? Le terme était légèrement exagéré. L'histoire familiale retiendra en la matière une escapade passagère passée presque inaperçue. Enfin ... du point de vue du jeune Bélisaire. Côté Phémie et Jean Loing, il en était tout autre et les sentiments de tout genre vinrent chatouiller leurs entrailles. Des inquiétudes associées aux sueurs froides quand leur petit trésor s'était envolé. Des pleurs et des cris quand, au final, ils s'étaient aperçu qu'il n'était plus du tout dans le domaine familial. Une peur grandissante pour l'Abancourt et la réaction de la Mamouchka durant des heures. Énervement et colère quand au final, aux aurores, ils virent subrepticement l'insouciant sortir des fourrées et tenter de se glisser dans sa chambre.  Malgré tout, soulagés, ils attendaient de pieds ferme l'intriguant qui sous aire de sainte ni-touche venait d'arriver en cuisine pour se  repaître d'une bonne nuit de sommeil. Tout y était, les étirements, les bâillements, le sourire et les yeux charmeurs. Le "bonjour" qui se voulait des plus naturel et aimant. L’accolade et le trop plein d'affection à peine surjoués. Vraiment, tout y était. A s'y méprendre. Les deux complices de toujours n'en revenaient pas et ne sachant s'ils devaient être admiratifs, amusés ou sortirent de leurs gonds décidèrent d'attendre le dénouement de la scène qui se jouait sous leurs yeux. Car, de toute évidence, le jeune comédien en herbe avait peine a feindre ce qui ressemblait à de la contrariété.

Et au bout d'un certain temps .... Phémie ravala un rire naturel. Jean Loing, lui, n'arriva pas pas a avaler et rejeta dans une toux ce qu'il tentait de boire. La main de Phémie s'appuya sur l'épaule de l'homme signe d'un échange silencieux mais voulant dire "allez débrouille toi avec ça".

Le jeune homme haut de ses dix ans et d'un ton des plus naturel, venait de lancer au couple l'interrogation suivante ....


    Dites j'ai une question. Çà veut dire quoi avoir les braies pleines.

Mais avant d'écouter la réponse du vieux, revenons en amont au pourquoi d'une telle question.

 

*G/ Leroy
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Belisaire
"du côté de chez Bélisaire"


    "La réalité n'est qu'un point de vue"*


Curieux, pour sur, il l'était. Etait-ce une bonne chose ? Lui ne se posait pas la question quand les adultes, eux, restaient pondérés. Tout est toujours affaire de circonstances inscrites dans une échelle de temps qui le frustrait au plus haut point. Le domaine le distrayait mais chaque recoins lui étaient connus et reconnus les yeux fermés. L'envie de franchir la barrière interdite devenait plus prégnante. Et au bout d'un antépénultième refus, le gredin dans un élan chevaleresque décida de franchir le Rubicon. L'expédition fut préparée avec minutie : gaver les chiens, s'assurer de la pleine lune histoire d'y voir clair tout de même, passer devant chaque chambrée et s'assurer que le moment était propice. Cahin caha, zigzaguant d'arbres en arbres et franchissant les remparts de sa forteresse, il finit par se retrouver sur des chemins de traverses. Le téméraire avait frémit plus d'une fois mais le sang xaltien qui coulait dans ses veines l'entêtait à persévérer. Les lueurs de la ville furent perçues tout de même comme salvatrices. L'avant garde en herbe se joua alors des méandres et de ses ennemis pour conquérir le fruit interdit. Néanmoins, il n'avait pas songé un seul instant qu'il y aurait autant à manger. Tantôt il croisa deux "bras dessus bras dessous" valsant et essayant de trouver le nord quand ils faillaient qu'ils aillent au sud, tantôt son hilarité s'interrompait pour laisser place à la curiosité. Nez à la fenêtre, il observait une partie de carte. L'on gagnait beaucoup ... quel beau métier se disait-il ! Il en aurait appris plus s'il n'avait pas été dégagé par un ours mal léché vociférant et provoquant une fuite en avant. Bélisaire trouva son salut en franchissant une porte légèrement entrouverte. Ensuite, le danger passé, des rires et des chants l'empêchèrent de partir. Contre tout bon sens, il s'aventura plus en profondeur pour découvrir une scène des plus intrigante.

    "Chacun en matière de jouissance à son point de vue spécial"**


Bélisaire, désormais réfugié derrière un rideau, avait vue sur un salon où se jouait des parties de danses pour deux couples. Leurs mains bravaient des distances interdites voire s'activaient sur des endroits dont il ne se doutait pas que l'on pouvait y toucher de la sorte. Main sur la bouche pour éviter de rire, il détourna enfin le regard pour deviner derrière un voile plus fin une femme en danger. Elle criait et essayait de s'échapper des bras d'un homme qui l'empoignait par les hanches. La gêne l'assaillit, une larme surgit. Il n'avait qu'une idée, aller l'aider malgré son sentiment d'impuissance. Le retour au calme le dissuada d'opérer et son regard fut attiré par deux corsages défaits laissant apparaître deux astres étincelant et rayonnant de toutes leur splendeur. Hypnotisé, ses yeux se perdirent dans un dédale d'émotions les plus enivrantes les unes que les autres. Assurément il aimait ce qu'il voyait et évidemment il s'en délectait.

    "Un repas équilibré, du point de vue d'un petit garçon, c'est une part de gâteau dans chaque main"


Les yeux tourbillonnaient au gré des courbes. Bouche béé, sourire béat, interdit, Bélisaire se prenant pour Icare allait se bruler en voulant s'approcher du Saint Graal. Le malheureux attira l'attention et eut toutes les difficultés alors à entendre ce qu'on lui disait. Et pourtant Mamouchka lui avait dit qu'il était très impoli de ne pas regarder dans les yeux la personne qui s'adressait à vous. Mais il n'y arrivait pas. Il faisait des efforts pourtant mais non, décidément figé face aux deux méduses. Ecarlate, il sentait pourtant le psychodrame arriver. Et ce n'est qu'une oreille déjà carminée qui vint le faire sortir de sa torpeur. Une autre dame beaucoup moins plaisante lui tirait le lobe l'entraînant en dehors de la maisonnée le tout agrémenté d'un magistral coup de pied au séant.

    Tu reviendras quand tu auras quelque chose dans les braies et les poches bien remplies petit garnement. En attendant, j'men vais dire deux mots à la duchesse



Le retour au bercail fut difficile tant ses sentiments étaient contradictoires. La douleur au popotin lui rappelait ce qu'il pouvait prendre. La menace n'était pas gratuite et se demandait comment il se pouvait qu'elle le connaisse. Il y avait là un mystère qui lui échappait.
Et puis, de temps en temps, il se laissait aller aux bons souvenirs de ce qu'il avait vu et la chose était merveilleuse.


*P.K. Dick
**A. David Nëel
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Belisaire
"du côté de Phémie et Jean Loing"


Et pendant ce temps …

Phémie se réveilla brusquement. Ses sens en éveil, elle sentait une présence. Elle porta sur ses épaules de quoi se couvrir puis alla scruter dans le couloir. Rien ! Pourtant ce n'était pas un rêve. Non, quelque chose clochait. Elle tendit l'oreille, fit quelques pas et se rendit à l'évidence; son imagination lui faisait des tours. La porte refermée sa dextre ne lâcha pas la poignée. Elle se refusait à croire aux évidences et subitement, sans savoir le pourquoi du comment, elle se précipita vers la chambre du jeune Abancourt.

Les mains dans sa chevelure, elle resta longtemps figée hésitante à la prise de toute initiative ou décision. Puis ... *Jen Loing* ...

Ce dernier dormait à point fermé et ce n'est qu'après avoir été secoué une énième fois qu'il ouvrit mirettes. Il mit un certain temps à croire ce qu'il voyait. Il se pinça ... non il ne rêvait pas ... Il se re pinça ... Il se fit mal ... Il n'en croyait pas ses yeux. Ses rêves les plus fous allaient se voir exhausser. Phémie dans ses bras. Elle s'offrait à lui à sa plus grande joie. Tant d'attente ... Il se poussa et balaya d'un geste de bras les draps pour lui faire place.


    Tu fais quoi là ? t'attends quoi ?

    Hein !!! Quoiii ?!!! C'est pas ce queeee tu voulaiiiiis !!!

    Voulais quoi ?!!! Tu entends ce que je te dis. Allez réveille toi gros paresseux.


Il se frotta le visage. La confusion en était gênante. Il se ressaisit et s'asseya au bord du lit en regardant Phémie avec incompréhension.

    Oh c'est pas possible. Tu m'en fais d'un énergumène. C'est pas possible. Le petit n'est plus là. Envollé. Parti. Kidnappé.... Oh non ! on l'a enlevé ! Comment le Très Haut peut-il nous infliger celà ? Je n'y survivrais pas.

    Alloooons bon, calmeeee toiiiiii. C'est impooooossiiiiiible. Il est partiiiiii se substanter. Satisfaire quelques besoins. que saiiiiis-je encoreeeee !!


L'echo de la giffle reçut se fit entendre jusqu'au bout du couloir. Elle eut le don de mettre Jean Loing au diapason de Phémie. Il y avait désormais contagion et ils décidèrent de revisiter chaque recoin de la maisonnée. Au bout d'une heure, il était temps de se rendre à l'évidence. Le petit n'était pas dans le domaine.


    Et la duchesse ? va falloir lui dire ...



Qui avait prononcé ses paroles ? Peut importe. Ils eurent la même réflexion au même moment. Comment allaient-ils annoncer la chose ? Phémie était en transe, Jean Loing livide.

    ben toiiii. Je neeeee peux pas rentrer dans la chaaaaaambre de laaaaa ducheeeeeesse voyoooooons.


La suite ? La maisonnée fut sans dessus dessous. Le domaine refouillé ... Des serviteurs furent envoyés aux alentours. Le domaine tremblait, grondait ... Et tout cessa aux aurores quand Phémie lâcha une tasse qui allait voler en éclat.

    Il est là ...


Elle n'avait pas encore verser une larme et de le voir là, à travers cette fenêtre se faufiler sain et sauf, toute la tension retomba. Jean loing la prit dans ses bras et, soulagé ...

    C'est à toooon tour

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Belisaire
Scène d'une vie - Acte IV




En cette belle soirée de clair de lune, en cette promenade vers cet endroit aux imaginaires fantasmés, en cette allure extravagante engendrée par ces illusions et obsessions, tout n’était qu’excitation.
L’éphèbe jouvenceau en rien entamé, stimulé par son pressant compagnon, frappèrent à ce qui pouvait être considéré comme une poterne de tous les vices. Ici, le lupanar travestissait une réalité diurne en une simple officine d’apparence le jour. A cette heure si tardive où ces deux enfiévrés ne pouvaient justifier une présence sous peine de divulguer leurs délires dévergondés, l’œil de bœuf inséré dans le huis s’était refermé pour ne laisser apparaître mirettes bien plus expertes et à l’assentiment bien plus définitif que quelques minutes éternelles plus tôt. A la lueur de l’unique lanterne, ils furent scrutés, jaugés et jugés pour enfin constater, au son du verrou lâchant prise, que le seuil devenait accessible. Le trouble attisait un peu plus leurs nervosités ; les regards curieux posés sur leurs fébrilités sondaient des intentions difficilement dissimulables ; les sourires en coin de la vieille pourvoyeuse jubilaient de cet appel charnel.


    Tiens, tiens ! Voyez qui nous voilà ! Il a bien grandi le petit Bélisaire. Aurait-il les braies mieux remplies désormais.



Le rire vexatoire laissant apparaitre une dentition des plus séduisante refoula le nommé et, sans son ami ayant cure de ses états d’âme, sa fuite aurait engendré une hilarité bien plus sordide. Alors, voyant un encouragement à se rendre dans l’interdit toujours aussi présent, la vielle main se tendit invitant nos jeunes comparses à montrer pattes blanches.

    Les bourses sont-elles bien pleines. Il y a, derrière, affaires qui nécessite quelques donations.



Il ne leur fallut pas longtemps pour prouver leurs motivations, leurs exaltations. Surprise par tant de largesse, le transport des deux jeunes bouillonnants se fit avec, somme toute, bienveillance. A cet instant, il était loin le temps de songer à la provenance de ces écus, à cette entrée dans le bureau de la duchesse, à cette main se servant avec discrétion, à cette honte qu’il avait et ce repas évité, à ce regard maternelle qu’il ne pouvait soutenir. Non, ce soir, en ébullition, il venait d’être introduit là où jadis il fut éconduit. Ce soir, en émoi, il faisait son entrée dans ce lieu des passions où la raison se voit détrôner pour y être par la suite jeter dans un feu ardent virevoltant.

Interdit, il observait la scène, les rires faisaient échos aux murmures chatoyants et sulfureux. Les tableaux pernicieux pour son regard bien naïf agissaient comme des miroirs. Des corps légèrement dénudés émoustillés par quelques langues, mains et doigts bien inquisiteurs se dodelinaient vers des alcôves dont des fins rideaux fertilisaient une imagination désormais bien corrompue.

Son ami parti parmi ces ombres, il était seul planté devant ce spectacle, énervé, irrité, agité. Soudain, son teint rouge pivoine vint se confronter à un visage au teint albâtre. Les cheveux dorés glissaient sur ses épaules nues. Les azurs l’envoutaient, le sourire angélique le rassurait, la main glissée dans la sienne le guidait. Ensorcelé, enivré il était à la merci des mains expertes. Propulsé sur un lit, l’index vint rapidement se déposer sur ses lippes afin d’y étouffer toute contestation possible, toutes explications rendues inutiles. Envahit d’une chaleur étouffante, son salut vint d’effets qui lui étaient ôté délicatement. L’embrasement, évité par cette interdiction d’utiliser des mains qui ne demandaient qu’à explorer des courbes et interdits, ne vint alors que plus tard, guère plus tard. Contrit, elle n’en eu cure si bien qu’un chatouillement vint à nouveau naitre en son bas ventre pour cette fois offrir à sa cavalière un ravissement plus notable. En cette nuit ses ardeurs ne furent pas économisées, l’euphorie le guidait, la frénésie le rendait amnésique d’un temps indomptable. A l’écoute studieuse, la récompense d’explorer un corps désormais alité lui fut faite jusqu’à une apothéose venant clore une nuit inoubliable.

Son réveil le sera tout autant mais ... A cette main qui ne trouva qu’un drap froissé, a ce corps qui se perdait dans cette solitude, a ce regard hagard qui ne trouva, après moult recherches, que son regard évidé de toute pudeur, à ces sourires complices et moqueurs, peut-être, du moins le croyait-il, à cet élan vers cet autre homme, à cette ignorance de ce qu’il avait été, de ce qu’il avait ressenti, il ne put qu’y opposer une fuite plein de remords. Il avait aimé, il avait détesté, il ne savait où se situer…

Il se retourna au domaine comme il était venu, l’esprit enflammé, le corps transi … La colère de sa mère ne suffirait même pas à lui faire oublier ce sentiment …



« L’histoire est plus romantique s’il trouve son inspiration dans les yeux d’une muse.»*


Il ne pourrait concevoir la chose autrement… Il en serait quitte pour prendre quelques bains froids.

*A. Michalik
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Xalta
Scène d'une vie - Acte IV


Son fils lui avait paru étrange, fuyant, énervé et en même temps il avait eu cette lueur dans les yeux. Quelque chose de fugace mais assez prégnant pour qu'elle en soit marquée. Une impression qu'il se trame quelque chose. Indéfinissable sentiment que celui d'une mère. Sentiment confirmé par un repas qui dut se passer de la présence de son fils. Malgré tout elle profita de Titouan et de Tancrède, ses deux autres fils. Ils rejoignirent leur chambre et elle se retrouva seule.
Elle gagna alors son bureau pour y travailler, elle devait discuter avec Jean Loing, intendant, régisseur et ami de longue date des divers travaux et salaires à verser à quelques journaliers qui depuis quelques jours œuvraient à la réfection de pans de murs de l'aile ouest de la demeure. Ils firent ensemble l'état des lieux des avancées et vérifièrent ensemble les calculs pour les salaires à verser. Cette besogne les poussa assez tard dans la soirée, labeur qui fut allégé par la dégustation d'un vieil armagnac dont la couleur doré reflétait les flammes des bougies.
Pour finaliser cette tâche de comptable, elle sort du tiroir de son secrétaire une bourse conséquente qui contient les écus nécessaires au versement des soldes des manouvriers . Par acquis de conscience, même si la veille elle a déjà pris le temps de compter, elle décide de recompter sous les yeux de Jean. Les pièces sont empilées en petites tours et la main difforme de la duchesse s'arrête net. Un silence s'installe, incrédule elle fixe Jean, puis de façon spontanée et surtout idiote, elle secoue la bourse au-dessus du plateau de bois de son bureau. Mais rien ne sort: avez vous déjà des pièces de monnaies s'accrocher au fond d'une bourse pour faire une plaisanterie à leur propriétaire ? Non, bien sûr !
Une évidence s'impose à elle, très rapidement. Tout se place désormais logiquement : le comportement de Belisaire, son absence, les écus manquants.

Bélisaire.

Un long soupir s'exhale de la poitrine xaltienne. Elle est stricte, certes, mais très généreuse. Elle refuse rarement à ses enfants quoique ce soit. Son regard se fait insistant sur Jean : elle sait que Belisaire et lui sont très proches.

Jean, vous savez quelque chose ?

Le pauvre secoue la tête négativement, et la moue de son visage lui indique qu'il ne ment pas.

Bien réglons un souci après l'autre.
Dans mon coffre, nous allons prendre le complément pour les ouvriers. Vous pourrez leur verser demain. Je vous laisse annoter le prélèvement dans le coffre.
Pour Belisaire, je vais l'attendre, vous pouvez demander à Phémie de me préparer un fauteuil dans l'entrée avec plaid et de quoi tenir pour l'attente.


L'entrée est installée comme elle l'a demandée. Un fauteuil avec plaid et fourrure, un guéridon avec un verre et un flacon qui contient un vieux whisky. Un chandelier est posé , il éclaire la pièce de sa lumière blafarde et qui tremblote au moindre souffle d'air.

Vous ne voulez pas que l'on éclaire davantage l'entrée ?

Elle secoue négativement la tête.

Merci , allez vous coucher!

Elle attendra son fils aussi longtemps qu'il le faudra, même si cela doit la conduire au petit matin. Tout a été fait pour qu'il ne puisse emprunter que ce chemin pour se rendre dans sa chambre. Une longue attente débute pour la duchesse qui l'occupe par de la lecture. Une lecture sur laquelle elle aura bien du mal à se concentrer. Elle dut relire parfois plusieurs fois la même page. Que pouvait faire son fils avec une telle somme ? Où pouvait-il être en cet instant ? Avec qui ? Pourquoi ne pas lui avoir demandé l'argent s'il était dans les ennuis ? Était-ce vraiment lui ? Bien entendu, nul dans la maison n'aurait osé un tel geste ! Elle oscille entre colère, inquiétude et tristesse. Qu'avait-elle raté ? Etait-il vivant ? Indemne ? Et parfois elle se jurait de l'étrangler dès qu'il rentrerait.

Les chandelles se consument lentement au rythme d'une danse oscillant entre langueur et fièvre. Elle est recroquevillée sous son plaid, Dago, le chat noir ronronne paisiblement sur ses genoux. Pour un peu, elle se serait crue des années en arrière , dans sa maisonnette giennoise.
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