Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Vol de nuit

Aertan
Il avait ri à l'évocation de la lavandière. Une grande histoire d'amour entre Aert et les lavandières. Certains faisaient du tourisme à la recherche de pierres dressées, de cimetières antiques, de falaises, de cascade, d'église, de cathédrale d'architecture mais lui, il cherchait les lavandières. Pourquoi ? il pourrait vous en parler des heures durant, ne le lancez jamais sur le sujet vous ne l'arrêterez plus. Comme quoi, il n'y a pas que les cailloux qui le passionne.

Il jeta un oeil à ses braies, qui effectivement ne ressemblaient plus à grand chose. Il la détailla à son tour, de haut en bas, de bas en haut, s'attardant parfois. Son regard et son sourire parlaient pour lui, ce sourire narquois et provocateur qu'elle connaissait bien désormais tout comme la pointe d'arrogance calculée qui luisait dans ses iris. Nul besoin d'en rajouter.

S'en suivit un regard profond, nul ne saura dire ce qu'ils avaient en tête, eux seuls savaient.

Lorsqu'il la vit se pencher sur le cadavre :


Non mais là, je pense qu'il est mort hein, au cas où tu aurais un dou...

Il stoppa la progression du fond de sa pensée lorsqu'il comprit ce pourquoi elle s'était donnée du mal à se baisser. Qu'on vienne le traiter de cupide, vénal, avare ou que sais je ! il lâcha un petit rictus et s'accroupit à ses cotés, genoux qui craquent au passage. Il l'aida à retourner le tas de viande sur le ventre. En général coté verso il n'y a pas grand chose à fouiller, si ce n'est éventuellement des poches arrières.

Il la laissa procéder à la fouille au corps, c'était son domaine. Toujours accroupi, de traviole parce que bon, tout lui faisait mal aux vieux, il astiqua son menton barbu entre son pouce et son index. Son attention était retenue par une marque dans le coup. La pénombre n'arrangeait en rien le décryptage, il tira sur le col pour la faire apparaître entièrement, ses sourcils tombèrent, son regard devint grave, il pensa à voix haute :


Je connais cette marque...

Il l'avait vu il n'y a pas si longtemps, on lui avait dessinée sur un bout de papier, bout de papier qu'il n'avait évidemment pas sur lui.
Il tourna la tête vers Andréa, les idées pas nettes, si c'était ce qu'il pensait...ça n'annonçait rien de bon. Il se releva en prenant appui sur son genou. Le regard au loin, cerveau en ébullition, craintes réveillées, il démarra.


Viens Déa, je dois vérifier quelque chose au campement...

Une fatigue lourde pesa sur ses épaules, c'était le contrecoup. L'adrénaline retombait peu à peu et la dur réalité le saisit, ses pas étaient incertains, ils ressemblaient vaguement à ceux du zombie au crâne explosé. Ils se tenaient l'un l'autre, là où ils le pouvaient à vrai dire, aux quelques minces endroits des corps respectifs qui n'étaient pas trop endoloris.
Les pensées fumeuses, la démarche vaporeuse mais un lien solide.

Combien de temps s'était écoulé depuis son ascension sur le rocher maudit ? une heure ? peut être plus...peut être moins. La nuit était bien entamée désormais, tout semblait avoir repris son cours comme si rien ne s'était passé. Le calme nocturne était saisissant, une enveloppe sourde par rapport au bruits déchirants de la lutte. Au loin, il aperçut enfin les formes des tentes, ils étaient proche du but.

Il tourna la tête pour s'enquérir de l'état de sa complice.


On est plus pressé je crois, on ferait mieux de se soigner un peu, boire un truc...j'en sais rien...

Personnellement après les coups pris il n'avait plus aucun appétit, mais qui sait ce que réservait l'appétit déassien. Tout ce qu'il savait c'est que le froid le tétanisait, il avait percé ses chairs et s'était enfoui en lui. En même temps vous allez me dire, torse nu, après la pluie, vidé de toutes forces...Normal.
Le campement était à portée de bottes.
Andrea_
Non mais regardez-moi l’homme dans toute sa splendeur. Ça commence par faire croire que ça ne comprend pas où tu veux en finir, et au final ça te montre comment le faire bien.
Parce que c’est bien connu, l’homme, ce petit animal à la patte brisée, fait tout mieux que tout le monde.
Alors j’dois quand même avouer que ça sert d’avoir un mâle dans les parages, quand tu te retrouves avec un tas de bidoche qui pèse un âne mort. Surtout quand tu fais 45 kilos. Enfin.. Toute nue, après avoir fait caca, le matin à jeun. Quarante cinq kilos selon la police, comme on dirait. Pis c’est quoi ces manières de demander le poids d’une femme ?
Bref, heureusement qu’il est là. On ne fera aucune réflexion sur le genou qui craque, et on n’y verra aucun signe qu’il est vieux, c’est clairement pas le moment, parce que la conne qui peut pas plier une de ses jambes, c’est Moi.
Se moquer, oui, mais sans risque de prendre le revers.
Alors voilà, pendant que je tâte l’animal avec la douceur d’une mère qui cherche des champis dans la poche de son fils adoré, Monsieur admire. Et en beauté s’il vous plait, et que ça se caresse la barbiche, que ça plisse les yeux pour regarder, pendant que Madame se tape tout le boulot.
J’étais à deux doigts de lui demander s’il comptait m’aider ou pas, mais il était clair dans sa posture qu’à part le pouce et l’index, il ne bougerait pas le petit doigt. Ah si, ça lui ouvre le col. J’avais envie de lui dire que c’était bien mignon de s’inquiéter pour la victime, mais que vu la rigidité qui commençait à le gagner, y avait fort à parier qu’il ait plus froid que chaud.

Mais je compris où il venait en venir quand il déclara qu’il connaissait cette marque. C’est vrai que notre petit bonhomme en mousse avait un zigouigoui gravé sur la nuque. Vous savez ce qu’on dit sur les tatouages hein : « c’pour les méchants », « faut être con pour risquer de choper le tétanos », et « tu regretteras ». On était sûr du premier point, pour les deux autres, forcé de constater que c’est pas le cas.
Moi, je soupirais d’aise en me disant qu’un jour, on dirait aux tatoués « tu risques de te faire tuer par la Colombe avec ce truc ». Et c’est pour ça que j’ai ricané.
Bon y a aussi parce qu’avec un œil tuméfié et la pénombre, j’avais beau me pencher et tourner un peu la tête, je voyais qu’un gros chibre dégueulasse. Et j’avais beau tenter de nettoyer le truc avec la pulpe de mon pouce, y avait rien à décalotter.

J’ai pas compris pourquoi Aertan avait soudainement changé. Je n’expliquais pas pourquoi son regard s’était soudain voilé, ni pourquoi je décelais dans son envie de déguerpir une certaine urgence.
Mais nos destins étaient liés désormais, et j’en savais suffisamment sur lui pour ne pas poser de question maintenant. Le temps. Le temps était la clé de tout, et le temps éclaircirait mes interrogations.

Et nous quittions cet endroit le cœur aussi lourd que le corps. L’être abimé d’avoir trop frappé, d’avoir trop mangé. Il y avait dans la démarche quelque chose d’incertain, quand les yeux, eux criaient la rage de vivre, la rage de vaincre. Nous avancions tels des robots qui auraient perdu leurs repères. Je retenais parfois un gémissement, lorsque mon pied tapait une aspérité du sol et que la jambe toute entière devenait douleur, il semblait serrer la mâchoire lorsque ma main prenait appui sur Lui, et je ne m’y attardais pas. Ne pas être un fardeau, je ne voulais pas être son fardeau.

La proximité du campement ne me disait rien qui vaille. Quelle image allions nous donner à ceux qui nous y attendait ? Je stoppais net et lui indiquais une clairière, à quelques encablures de là.


Allons nous laver.

La rivière passait non loin, et il ne serait pas difficile de nettoyer sinon les fringues, au moins la peau.
Sur place elle s’assied sur la rive avant de poser ses pieds, bottes comprises, dans l’eau, avant de remplir le fameux vase –un peu tordu- et de le tendre à l’attention d’Aertan.


Bois.

Ce qui sonne comme un ordre n’en est pas un. C’est un « je m’inquiète pour toi » déguisé. C’est un « je sais que tu n’as pas du faire ça souvent », quand c’était, il y a peu encore, mon quotidien. Tu as fait une entrée fracassante dans ma vie, tu m’as fait confiance, et maintenant, tu as la mienne.
_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Aertan
La gueule cassée suivait son homonyme féminin. Il jugea que sa décision était judicieuse, même s'il se demandait si beaucoup de monde était encore éveillé à cette heure ci. Il devait prendre son mal en patience, la réponse à ses tourments actuels se trouvait dans sa tente. Il râlait intérieurement, maudissant cette perte de mémoire temporaire, les chocs sur la tête n'arrangeaient pas son cas ce soir, autant dire qu'en matière de réflexion il était tout aussi évolué que l'était Moet, sa mouette. Pardon Goeland, on va la vexer.

Alors il déambulait on emboîtant son pas machinalement, l'esprit ailleurs. Le tatouage ressemblait clairement à un homard et non à autre chose comme pourraient, éventuellement, imaginer certains esprits forts mal placés je dirais même, lubriques.
Il cherchait des correspondances avec l'eau, la mer, un gang de requins ? les pinces...oui les pinces il y avait quelque chose à creuser, pince, radin, argent, mais c'était tout lui ça...non non non, il tournait en rond, le serpent se mord la queue, quoiqu'il n'ait jamais réussi. Un foutu homard...le résultat de cette réflexion tout à fait limpide et logique fut un gargouillis de ventre. Il avait faim maintenant.

C'est alors qu'elle émit un souhait tout à fait en adéquation avec l'instant présent, un bain de minuit. Non mais sérieusement, un bain, à l'heure là, dans leur état, pour sûr qu'ils offriraient un spectacle burlesque aux animaux voyeurs du coin. Il est vrai qu'il crevait de chaud aussi, une bonne eau de rivière allait lui faire du bien...Il sourit et secoua la tête pour lui même, cette pensée légère soulageait le poids qui le pesait depuis tout à l'heure.

Il prit le vase par ce qui ressemblait encore à une poignée et l'observa un moment. Ce qui venait de se passer là haut semblait irréel, si loin.
Il avala difficilement une gorgée d'eau, il sentit le passage de son écoulement en lui qui, malgré la fraîcheur, lui brûlait l'oesophage. Cette sensation désagréable le fit éternuer, ce qui ne manqua pas de raviver ses douleurs aux cotes. Les cotes et lui, une histoire d'amour, fallait toujours qu'elles prennent cher.

Il se pencha et remplit le vase avant de lui tendre. Il put mieux constater les dégâts sur son visage car le reflet de la lune sur l'eau illuminait faiblement les environs. Il plissa les yeux, réellement inquiet mais il n'en dira rien. Il savait qu'elle n'aimait pas la compassion, ils n'avaient pas besoin de grands mots pour se comprendre l'un l'autre. Il se releva, passa à coté d'elle en posant une main sur son épaule.


Je reviens.

Et il sinua jusqu'à sa tente, il se glissa à l'intérieur furtivement, la furtivité, sa spécialité de l'époque. Dans la pénombre et sans flash de portable à l'époque, il tâtonna jusqu'à sentir une forme cubique en métal. Il attrapa aussi deux couvertures qu'il roula en boule. Le truc quand tu n'as qu'un bras, c'est qu'il faut te démerder et ça peut parfois prendre du temps. Il plaça la boîte métallique sur les deux couvertures et s'y reprit à trois fois pour tout prendre sur un bras et garder l'équilibre du montage. Ceci étant fait, il retourna vers la clairière.

Il déposa le tout au sol, sur une pierre et ouais...grosse surprise n'est ce pas ? Il ouvrit la boîte et pensa de plus en plus que la vie avec une seule main, c'est galère. Après avoir farfouillé parmi de vieilles lettres qu'il n'a jamais ouvertes, il trouva le morceau de papier avec le homard, il retourna la feuille et une écriture fit jaillir ses souvenirs en pleine face. Il déglutit. Cette fois ci ce ne sont pas ses blessures qui rendirent le passage compliqué, c'était la culpabilité. Il leva les yeux vers Déa et reposa le papier dans la boîte laissée ouverte.

Déa je...j'ai ramené des couvertures pour qu'on ne crève pas de froid...

Il cogitait tout en s'approchant de la rivière, s'y pencha et, en faisant un bol avec une main , il passa de l'eau sur son visage dans l'espoir que le froid lui éclaircisse l'esprit. En répétant le geste il s'humidifia le torse plusieurs fois, oui il galérait et alors ? Il frissonna, à cause du froid ou à cause du poids qu'il avait sur le coeur ?Il se retourna et, de but en blanc, ne voulant pas avoir de secrets entre eux :

Le tatouage, ce sont des types qui en ont après moi, je suis...désolé.

Voilà pourquoi il se sentait mal, il s'en voulait. Son passé le rattrape alors qu'il pensait avoir réglé ce problème, son passé qui amoche sa partenaire. Il aurait préféré prendre deux fois plus de coups plutôt que de la voir ainsi à cause de lui. La culpabilité, quel affreux sentiment.
Andrea_
Alors voilà, c’est à ça que ça se résume un homme. T’es là pour le sortir de la merd’, il te file un micro coup de main –oui bon, c’pas la taille qui compte-, et quand tu crois qu’ENFIN tu vas pouvoir profiter de lui, il te balance un regard de chien mouillé et t’abandonne au bord de l’eau.
Mais bien sûr, AVANT ça, il se sert à boire, avant toi, des fois que la galanterie le fasse passer pour un humain…

Pour être honnête, j’étais vraiment loin de ce genre de considérations. C’est à peine si j’avais vu qu’il se rinçait le gosier. J’étais dans une sorte de brouillard dans lequel je me complaisais. Anesthésiée par la douleur, fourbue par le combat, complètement détachée de ce que nous étions.
Un éternuement pour me ramener sur Terre, décidément, Aertan ne fait jamais comme les autres. J’avais noté le bras tenant ses côtes et les traits tirés de son visage, son état m’inquiétait, mais je tentais d’annihiler mes craintes pour ne pas paraitre trop attentionnée. J’avais résisté à l’envie folle de poser ma main sur son bras et à celle de lui demander si tout allait bien. Et si certains y voyaient une sorte de compétition entre eux, à savoir lequel encaisserait mieux les coups, lequel ferait le plus de sacrifices, ou lequel avait la plus grosse, il n’en était rien, sinon de la pudeur.

Il faut du courage pour faire confiance à un presqu’inconnu, mais il en faut encore plus pour admettre qu’on a ses failles.

Elle avait profité de son absence pour maudire les couillons sur les routes, les mercenaires et leurs générations à venir. Elle avait viré ses bottes et les avait lancé plus loin, avant de les récupérer comme elle pouvait parce que quand même, elle y tenait. Elle avait envoyé boulé un caillou, elle avait grogné, à défaut de gueuler. Elle avait pris la mesure de ses blessures, en osant à peine toucher la plaie à sa cuisse. Elle s’est demandé s’il reviendrait vraiment, et n’avait presque pas pensé qu’il était peut être mort d’un truc interne.
Mais l’Homme était revenu, et avait déposé les couvertures. Oh bien sûr, j’avais vu le coffret qui trônait à leurs surfaces, et m’était contenté de ramener un peu d’eau à mon visage, histoire de ne plus ressembler à une pissotière en démolition, maintenant j’étais une pissotière d’un quartier sensible juste lavé. C’était mieux que rien.
Je n’avais rien dit de plus que ce hochement de tête lorsqu’il se rapprocha de l’eau, même si j’avais remarqué que son regard avait un reflet pas net. J’étais bien incapable de dire d’où venait ce trouble. D’un bras tendu j’avais tiré une couverture, et avec cette légèreté légendaire dont je faisais toujours preuve, j’avais fait tombé le coffret, qui s’était ouvert.

L’acier s’était posé sur le contenu du coffret dont je devinais sans mal l’origine, et je fus touchée qu’il le ramène avec Lui, près de moi. Je savais l’importance de ce dernier, offert par sa fille, et je savais le poids de ce qu’il contenait. Le poids des mots qui étaient couchés sur les vélins encore cachetés.
Mon regard malgré tout fût attiré sur une sorte de dessin, et c’était assez marrant de voir que le coup qu’elle avait pris dans la pommette transformait tous les des dessins en un chibre cabossé. Y avait rien à faire, sans avoir les idées mal placées, sans être lubrique, ce dessin ressemblait à celui qui était à la nuque du Golioth. Mais j’étais rapidement passée à autre chose, la couverture venant se poser sur mes épaules.

La chaleur l’avait instantanément envahie, et rendue quasi cotonneuse alors qu’elle regardait son acolyte profiter de l’eau gelée.


Tu vas encore te…
Le tatouage, ce sont des types qui en ont après moi, je suis...désolé.

Ce fût la douche froide, sans même avoir de contact avec l’eau. Elle connaissait son histoire, en grande partie. Il n’avait jamais caché le fait d’avoir eu quelques ennuis par le passé, d’ailleurs ne l’avait elle pas rencontré juste après, quand les côtes encore meurtries il s’était pointé à Bordeaux ?
Je n’expliquais pas la colère sourde qui s’insinuait dans mes veines. Je n’expliquais pas ce regain de vie qui me donnait la force de me lever sans m’arracher un cri de douleur. Je n’expliquais pas non plus, pourquoi j’avais balancé sur lui un regard des moins aimables. Incapable de faire autrement que de cracher mon mépris à l’homme qui se tenait en face de moi.


Combien sont-ils Aertan ? Depuis quand sais-tu que cette histoire n’est pas réglée ?
Parle.


Elle avait grondé les mots comme lorsqu’on retient la colère mais que le ton peine à rester neutre. Elle savait que la vie n’était pas un fleuve tranquille, qu’ils avaient tous deux des cailloux dans les godasses –surtout lui, avec ses cailloux…- et qu’il arrive toujours à un moment où ce qu’on sème est récolté d’une manière ou d’une autre.
Mais il n’était plus seul maintenant.
Et c’est à ça qu’elle se raccrochait. N’allez pas y voir de l’égoïsme ou la peur de payer pour un autre, seulement…

Elle s’était finalement radoucie, pour ne pas qu’il interprète ses mots de la mauvaise manière. Car, ils n’étaient que le reflet de l’inquiétude grandissante de devoir séparer son chemin du sien. Alors après avoir attrapé la seconde couverture, elle lui écrasa au torse.


Ça fait déjà deux de moins à... vouloir ta peau… Au moins ceux là ne t'abîmeront plus. Racontes moi maintenant.


Raconte-moi s’ils ont tous un chibre à la nuque. S’ils sont tous mercenaires. Ce qu’ils veulent et pourquoi Toi. La main ne se détache pas du tissu, maigre contact pour le toucher Lui quand les aciers semblent s’apaiser un peu, crochetés à ses émeraudes.
Puis elle éclate de rire, en le regrettant aussitôt, rouvrant légèrement la blessure de sa joue


Ils vont être sacrément inquiet de savoir que je suis ton arme secrète hein !


Un rire pour détendre l'atmosphère et effacer les inquiétudes que je peux avoir à imaginer une troupe de mercenaires voler ton cadavre.
Car on est dans le même bateau maintenant, et tu dois m’apprendre à nager.

_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Aertan
Les failles

Tout le monde a des failles. Certains les cachent, d'autres les dévoilent. Certaines sont même enfouies très profondément sous les strates du superficiel. Nombreux sont ceux qui se terrent sous une carapace qu'ils veulent incassable. Les histoires, le passé, les choix vous poussent parfois à créer cette barrière protectrice. Pénétrer dans l'espace secret de l'autre sans faire voler en éclat sa barrière était une tâche des plus délicate, la finalité étant d'essayer de créer une seule barrière pour deux.

Aertan portait un fardeau très lourd, et ce, depuis des années. Il réussit à lui en parler une fois, laissant une fissure se créer dans sa carapace. Pour le reste, il faudra du temps.
Ils avançaient pas à pas, l'un vers l'autre, se faisant parfois violence en laissant entrevoir une faille. Il faut du courage pour se mettre à nu, sentimentalement parlant entendons nous, face à l'autre. Aert pour sa part sentait qu'il pouvait lui faire confiance mais le savoir ne permettait pas de s'ouvrir comme une fleur au premier rayon de soleil.
Entrevoir une synergie entre eux demandait une absolue connaissance de l'autre et, comme le témoigne le combat de ce soir, ils n'étaient pas encore au point. Tout viendra à point à celui qui sait attendre n'est ce pas?

La faille

Il ne fut pas surpris de la voir s'emporter. Il s'imaginait de son côté que ses ennuis personnels venaient entacher leur projet commun et c'était inacceptable. Il encaissa, se disant qu'il le méritait bien.
Il s'était pourtant assuré de brouiller les pistes il y a quelques semaines. Il ne comprenait pas comment ça avait pu arriver.
Une colère sourde lui déchira les tripes, une colère dirigée vers lui même. Il fut presque heureux qu'elle matérialise cette haine envers lui, comme s'il cherchait à se punir, comme s'il cherchait dans sa réaction l'affirmation de ce qu'il ressentait.

Il ferma les yeux en inclinant la tête en arrière, il ne sentait presque plus le froid, comme si un feu infernal d'amertume brûlait en lui. A cet instant présent il se haïssait. Il détestait que, par ses erreurs, quelqu'un d'autre soit blessé. Il répugnait que, par sa négligence, Elle soit blessée.

Le tissu sur son torse le rappela à la réalité et, alors qu'il descendait son regard vers elle, le ton changea, l'atmosphère se métamorphosa et ses mots le firent vaciller. Il lui fallut un certain temps pour la sonder. Il s'était laissé happer dans un tourbillon néfaste alimenté par ses sentiments personnels mais, avait il pensé à ce qu'Elle pouvait ressentir ? Sa main se posa sur le tissu effleurant d'un contact léger la sienne.
Il crut comprendre que ce qui l'avait fait réagir de la sorte était une forme de peur.

C'est à cet instant précis qu'il se rendit compte qu'ils avaient une faille commune, la peur pour l'autre. C'était désormais Leur faille.

Il étira enfin un sourire lorsqu'elle mit en avant ses atouts en tant qu'arme.


Pour le coté secret avec ta délicatesse légendaire...ça va être compliqué de te faire passer incognito.

Maintenant qu'ils avaient découvert Leur faille, ils devaient construire ensemble La barrière qui la protégerait.

Il enroula la couverture autour de ses épaules et s'assit, jambe du coté valide repliée, il s'y arrima avec son avant bras en état de marche.


Je t'ai raconté que je m'étais fait avoir, lors de notre rencontre à Bordeaux. Ces types en avaient après ma cargaison, du moins, c'est ce que je pense à croire. La même nuit j'ai rencontré le cosaque qui, après plusieurs jours, est revenu me ramener la preuve de son travail accompli à Saintes. Il m'a avoué avoir retrouvé un des types, auquel il avait fait passer un sale quart d'heure, mais les deux autres avaient disparu dans la nature.

Il tira un pan de la couverture qui glissait le long de son bras cassé. Le froid recommençait à piquer.

Alors que tu écumais des jours heureux en prison, grâce à mes lettres...Il tourna son regard vers elle avec un sourire entendu avant de continuer...j'ai eu une information concernant les deux types. Ils portaient la marque. Le homard sur la nuque, comme les types de tout à l'heure.
Je les ai retrouvé et, après les avoir fait suivre, il était clair qu'ils étaient que des sbires.

Je voulus les piéger à mon tour.
Je me suis fait outrageusement remarquer partout où je passais, je voulais qu'ils sachent que j'étais là mais ils n'ont rien fait. Ce qui prouve qu'ils ont obéi à un ordre exceptionnel.

J'ai alors poussé la chose, j'ai laissé une rumeur grandir sur un convoi de grande valeur qui allait transiter vers Paris. Ils n'ont pas cherché à en savoir plus.

J'en étais donc arrivé à la conclusion que l'ordre venu d'en haut consistait à se remplir les poches et qu'il n'avait rien de personnel.
Mais ce soir j'ai eu la confirmation que ça n'avait rien d'anodin, que c'était bel et bien ciblé, ça fait trop de coïncidences. Je ne sais ce que j'ai fait pour provoquer leur colère mais, dans le métier, on ne se fait pas que des amis.

Il laissa se poser sur elle un regard expressif, il acquiesça d'un signe de tête.

Je vais devoir éradiquer ce problème Déa, je ne veux plus te voir dans cet état.
Il secoua sa caboche...Je ne vais pas éradiquer ce problème...nous, appuie ce mot, allons éradiquer ce problème. On va remonter la piste, nous les traquerons et nous ferons tomber la tête du monstre.

Il va lui apprendre à nager, et ce, même dans les gorges du Verdon si besoin.
Andrea_
Bien sûr qu’on avait tous nos failles. Il y a celles qui nous font grandir, et celles qui nous ont affaiblies. Ce sont les multitudes de failles qui nous ont ébréchées qui font ce que nous sommes aujourd’hui.
Rome ne s’est pas construite en jour, tu es tombé avant de savoir marcher, tu as du aimer pour détester, il faut goûter les brocolis avant de dire qu’on n’aime pas ça, c’est ainsi. Chaque choix que tu fais, chaque chose que tu entreprends changera ce que tu es. Pour toujours. Que tu l’aies voulu, comme ce jour où tu as quitté la mère de Kay, ou pas, comme ce soir.
Tu peux croire que c’est ton éducation, qui fera de toi ce que tu seras plus tard, mais c’est toi, et toi seul, qui dirige ta vie. Parfois à ton insu, voilà tout. Mais c’est toi, tes réactions, et ta manière de te servir de tes failles qui conditionneront toute ta vie.
Et comme un enfant pose des centaines de pourquoi à tes histoires, tu dois te souvenir d’où tu viens, pour savoir où tu vas.

J’ai maudit mes exploits lorsque j’ai compris que c’étaient eux, qui avaient tué ma fille. J’ai maudit mon ambition quand il a tué mon mariage. J’ai maudit mes silences autant que mes colères.
Mais avec le temps, tu comprendras qu’on ne revient jamais en arrière, qu’on peut regretter ce qu’on aurait dû faire, mais moi, je referais tout si c’était à refaire.*

Mais le temps passe, et sage tu deviendras, fort de tes expériences. Exigeant. Fier. Arrogant peut être.


Je savais ce qu’il ressentait pour l’avoir vécu des dizaines de fois. J’acceptais donc ses silences, ses yeux fermés et sa main effleurant le mienne. C’était son moment : Lui face à sa culpabilité. Moi, face à la peur qu’il fasse un choix que je devrais respecter quoiqu’il m’en coûte. Il parlerait, bientôt, et romprait sa carapace pour expier ce qu’il garde à l’intérieur. Et c’est là que nait l’expérience. Et le pardon.

Son récit était clair et donnait les précisions qui m’avaient manqué au début. Au début, quand d’un geste un peu brusque j’avais tamponné ses côtes tout justes remises. Tout y passait, ce que je savais : son passage à tabac, le Cosaque. Ce que j’ignorais encore, comme sa tentative d’en savoir plus. Tout. Même ce sourire aux lèvres bleutées lorsqu’il évoquait les courriers échangés il y a quelques semaines, et le mien en réponse. Déjà naissait notre amitié, par delà les barrières, un symbole quand on y pense.
Tout.
Le homard –c’était donc un homard et pas un chibre bizarre, mais je maintiens que celui qui avait fait ça n’était pas un bon illustrateur-. Les hommes gisants plus loin. Son envie de les retrouver depuis un moment. Ses tentatives, vaines, toutes plus ingénieuses les unes que les autres. Des excuses à demi-mots.
Tout.
Des promesses à mots ouverts alors que ses grands yeux verts se posaient sur moi. Son signe de tête. Le mien. Avant qu’il ne confie une faille supplémentaire, une nouvelle, que j’avais ouverte sans imaginer une seconde les conséquences. SA faille, ma présence. Moi, victime consentante de deux vies mêlées, pour le meilleur et pour le pire.


Tout, et la naissance de ce « Nous » qu’il prononçait pour la première fois.


J’avais écouté sans dire un mot, suspendue à ses lèvres sans que les miennes ne bougent d’un iota. J’avais des questions, des tas de questions, mais aucune d’elles ne remettait en cause notre coalition dans cette quête.

Et si le froid engourdissait nos corps déjà bien amochés, la pensée de ce qui nous attendait réchauffait mon cœur. J’avais allumé une étincelle, il maintenait le feu allumé.
La main féminine se posait doucement sur la sienne, avant de serrer doucement ses doigts sous les siens. L’acier maintenait les émeraudes. J’avais hoché la tête, presque cérémonieusement, scellant ainsi ses paroles.


Allons dormir maintenant. Demain est un autre jour, et nous avons du pain sur la planche.


Car au fond, peu importait où leurs pas les mèneraient, dans les gorges du Verdon ou dans cette grotte inexplorée, ils feraient de leurs failles un atout.



* Pas eu le temps, Patrick BRUEL

_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Aertan
Il avait ri à l'évocation de la lavandière. Une grande histoire d'amour entre Aert et les lavandières. Certains faisaient du tourisme à la recherche de pierres dressées, de cimetières antiques, de falaises, de cascade, d'église, de cathédrale d'architecture mais lui, il cherchait les lavandières. Pourquoi ? il pourrait vous en parler des heures durant, ne le lancez jamais sur le sujet vous ne l'arrêterez plus. Comme quoi, il n'y a pas que les cailloux qui le passionne.

Il jeta un oeil à ses braies, qui effectivement ne ressemblaient plus à grand chose. Il la détailla à son tour, de haut en bas, de bas en haut, s'attardant parfois. Son regard et son sourire parlaient pour lui, ce sourire narquois et provocateur qu'elle connaissait bien désormais tout comme la pointe d'arrogance calculée qui luisait dans ses iris. Nul besoin d'en rajouter.

S'en suivit un regard profond, nul ne saura dire ce qu'ils avaient en tête, eux seuls savaient.

Lorsqu'il la vit se pencher sur le cadavre :


Non mais là, je pense qu'il est mort hein, au cas où tu aurais un dou...

Il stoppa la progression du fond de sa pensée lorsqu'il comprit ce pourquoi elle s'était donnée du mal à se baisser. Qu'on vienne le traiter de cupide, vénal, avare ou que sais je ! il lâcha un petit rictus et s'accroupit à ses cotés, genoux qui craquent au passage. Il l'aida à retourner le tas de viande sur le ventre. En général coté verso il n'y a pas grand chose à fouiller, si ce n'est éventuellement des poches arrières.

Il la laissa procéder à la fouille au corps, c'était son domaine. Toujours accroupi, de traviole parce que bon, tout lui faisait mal aux vieux, il astiqua son menton barbu entre son pouce et son index. Son attention était retenue par une marque dans le coup. La pénombre n'arrangeait en rien le décryptage, il tira sur le col pour la faire apparaître entièrement, ses sourcils tombèrent, son regard devint grave, il pensa à voix haute :


Je connais cette marque...

Il l'avait vu il n'y a pas si longtemps, on lui avait dessinée sur un bout de papier, bout de papier qu'il n'avait évidemment pas sur lui.
Il tourna la tête vers Andréa, les idées pas nettes, si c'était ce qu'il pensait...ça n'annonçait rien de bon. Il se releva en prenant appui sur son genou. Le regard au loin, cerveau en ébullition, craintes réveillées, il démarra.


Viens Déa, je dois vérifier quelque chose au campement...

Une fatigue lourde pesa sur ses épaules, c'était le contrecoup. L'adrénaline retombait peu à peu et la dur réalité le saisit, ses pas étaient incertains, ils ressemblaient vaguement à ceux du zombie au crâne explosé. Ils se tenaient l'un l'autre, là où ils le pouvaient à vrai dire, aux quelques minces endroits des corps respectifs qui n'étaient pas trop endoloris.
Les pensées fumeuses, la démarche vaporeuse mais un lien solide.

Combien de temps s'était écoulé depuis son ascension sur le rocher maudit ? une heure ? peut être plus...peut être moins. La nuit était bien entamée désormais, tout semblait avoir repris son cours comme si rien ne s'était passé. Le calme nocturne était saisissant, une enveloppe sourde par rapport au bruits déchirants de la lutte. Au loin, il aperçut enfin les formes des tentes, ils étaient proche du but.

Il tourna la tête pour s'enquérir de l'état de sa complice.


On est plus pressé je crois, on ferait mieux de se soigner un peu, boire un truc...j'en sais rien...

Personnellement après les coups pris il n'avait plus aucun appétit, mais qui sait ce que réservait l'appétit déassien. Tout ce qu'il savait c'est que le froid le tétanisait, il avait percé ses chairs et s'était enfoui en lui. En même temps vous allez me dire, torse nu, après la pluie, vidé de toutes forces...Normal.
Le campement était à portée de bottes.
Andrea_
Non mais regardez-moi l’homme dans toute sa splendeur. Ça commence par faire croire que ça ne comprend pas où tu veux en finir, et au final ça te montre comment le faire bien.
Parce que c’est bien connu, l’homme, ce petit animal à la patte brisée, fait tout mieux que tout le monde.
Alors j’dois quand même avouer que ça sert d’avoir un mâle dans les parages, quand tu te retrouves avec un tas de bidoche qui pèse un âne mort. Surtout quand tu fais 45 kilos. Enfin.. Toute nue, après avoir fait caca, le matin à jeun. Quarante cinq kilos selon la police, comme on dirait. Pis c’est quoi ces manières de demander le poids d’une femme ?
Bref, heureusement qu’il est là. On ne fera aucune réflexion sur le genou qui craque, et on n’y verra aucun signe qu’il est vieux, c’est clairement pas le moment, parce que la conne qui peut pas plier une de ses jambes, c’est Moi.
Se moquer, oui, mais sans risque de prendre le revers.
Alors voilà, pendant que je tâte l’animal avec la douceur d’une mère qui cherche des champis dans la poche de son fils adoré, Monsieur admire. Et en beauté s’il vous plait, et que ça se caresse la barbiche, que ça plisse les yeux pour regarder, pendant que Madame se tape tout le boulot.
J’étais à deux doigts de lui demander s’il comptait m’aider ou pas, mais il était clair dans sa posture qu’à part le pouce et l’index, il ne bougerait pas le petit doigt. Ah si, ça lui ouvre le col. J’avais envie de lui dire que c’était bien mignon de s’inquiéter pour la victime, mais que vu la rigidité qui commençait à le gagner, y avait fort à parier qu’il ait plus froid que chaud.

Mais je compris où il venait en venir quand il déclara qu’il connaissait cette marque. C’est vrai que notre petit bonhomme en mousse avait un zigouigoui gravé sur la nuque. Vous savez ce qu’on dit sur les tatouages hein : « c’pour les méchants », « faut être con pour risquer de choper le tétanos », et « tu regretteras ». On était sûr du premier point, pour les deux autres, forcé de constater que c’est pas le cas.
Moi, je soupirais d’aise en me disant qu’un jour, on dirait aux tatoués « tu risques de te faire tuer par la Colombe avec ce truc ». Et c’est pour ça que j’ai ricané.
Bon y a aussi parce qu’avec un œil tuméfié et la pénombre, j’avais beau me pencher et tourner un peu la tête, je voyais qu’un gros chibre dégueulasse. Et j’avais beau tenter de nettoyer le truc avec la pulpe de mon pouce, y avait rien à décalotter.

J’ai pas compris pourquoi Aertan avait soudainement changé. Je n’expliquais pas pourquoi son regard s’était soudain voilé, ni pourquoi je décelais dans son envie de déguerpir une certaine urgence.
Mais nos destins étaient liés désormais, et j’en savais suffisamment sur lui pour ne pas poser de question maintenant. Le temps. Le temps était la clé de tout, et le temps éclaircirait mes interrogations.

Et nous quittions cet endroit le cœur aussi lourd que le corps. L’être abimé d’avoir trop frappé, d’avoir trop mangé. Il y avait dans la démarche quelque chose d’incertain, quand les yeux, eux criaient la rage de vivre, la rage de vaincre. Nous avancions tels des robots qui auraient perdu leurs repères. Je retenais parfois un gémissement, lorsque mon pied tapait une aspérité du sol et que la jambe toute entière devenait douleur, il semblait serrer la mâchoire lorsque ma main prenait appui sur Lui, et je ne m’y attardais pas. Ne pas être un fardeau, je ne voulais pas être son fardeau.

La proximité du campement ne me disait rien qui vaille. Quelle image allions nous donner à ceux qui nous y attendait ? Je stoppais net et lui indiquais une clairière, à quelques encablures de là.


Allons nous laver.

La rivière passait non loin, et il ne serait pas difficile de nettoyer sinon les fringues, au moins la peau.
Sur place elle s’assied sur la rive avant de poser ses pieds, bottes comprises, dans l’eau, avant de remplir le fameux vase –un peu tordu- et de le tendre à l’attention d’Aertan.


Bois.

Ce qui sonne comme un ordre n’en est pas un. C’est un « je m’inquiète pour toi » déguisé. C’est un « je sais que tu n’as pas du faire ça souvent », quand c’était, il y a peu encore, mon quotidien. Tu as fait une entrée fracassante dans ma vie, tu m’as fait confiance, et maintenant, tu as la mienne.
_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Aertan
La gueule cassée suivait son homonyme féminin. Il jugea que sa décision était judicieuse, même s'il se demandait si beaucoup de monde était encore éveillé à cette heure ci. Il devait prendre son mal en patience, la réponse à ses tourments actuels se trouvait dans sa tente. Il râlait intérieurement, maudissant cette perte de mémoire temporaire, les chocs sur la tête n'arrangeaient pas son cas ce soir, autant dire qu'en matière de réflexion il était tout aussi évolué que l'était Moet, sa mouette. Pardon Goeland, on va la vexer.

Alors il déambulait on emboîtant son pas machinalement, l'esprit ailleurs. Le tatouage ressemblait clairement à un homard et non à autre chose comme pourraient, éventuellement, imaginer certains esprits forts mal placés je dirais même, lubriques.
Il cherchait des correspondances avec l'eau, la mer, un gang de requins ? les pinces...oui les pinces il y avait quelque chose à creuser, pince, radin, argent, mais c'était tout lui ça...non non non, il tournait en rond, le serpent se mord la queue, quoiqu'il n'ait jamais réussi. Un foutu homard...le résultat de cette réflexion tout à fait limpide et logique fut un gargouillis de ventre. Il avait faim maintenant.

C'est alors qu'elle émit un souhait tout à fait en adéquation avec l'instant présent, un bain de minuit. Non mais sérieusement, un bain, à l'heure là, dans leur état, pour sûr qu'ils offriraient un spectacle burlesque aux animaux voyeurs du coin. Il est vrai qu'il crevait de chaud aussi, une bonne eau de rivière allait lui faire du bien...Il sourit et secoua la tête pour lui même, cette pensée légère soulageait le poids qui le pesait depuis tout à l'heure.

Il prit le vase par ce qui ressemblait encore à une poignée et l'observa un moment. Ce qui venait de se passer là haut semblait irréel, si loin.
Il avala difficilement une gorgée d'eau, il sentit le passage de son écoulement en lui qui, malgré la fraîcheur, lui brûlait l'oesophage. Cette sensation désagréable le fit éternuer, ce qui ne manqua pas de raviver ses douleurs aux cotes. Les cotes et lui, une histoire d'amour, fallait toujours qu'elles prennent cher.

Il se pencha et remplit le vase avant de lui tendre. Il put mieux constater les dégâts sur son visage car le reflet de la lune sur l'eau illuminait faiblement les environs. Il plissa les yeux, réellement inquiet mais il n'en dira rien. Il savait qu'elle n'aimait pas la compassion, ils n'avaient pas besoin de grands mots pour se comprendre l'un l'autre. Il se releva, passa à coté d'elle en posant une main sur son épaule.


Je reviens.

Et il sinua jusqu'à sa tente, il se glissa à l'intérieur furtivement, la furtivité, sa spécialité de l'époque. Dans la pénombre et sans flash de portable à l'époque, il tâtonna jusqu'à sentir une forme cubique en métal. Il attrapa aussi deux couvertures qu'il roula en boule. Le truc quand tu n'as qu'un bras, c'est qu'il faut te démerder et ça peut parfois prendre du temps. Il plaça la boîte métallique sur les deux couvertures et s'y reprit à trois fois pour tout prendre sur un bras et garder l'équilibre du montage. Ceci étant fait, il retourna vers la clairière.

Il déposa le tout au sol, sur une pierre et ouais...grosse surprise n'est ce pas ? Il ouvrit la boîte et pensa de plus en plus que la vie avec une seule main, c'est galère. Après avoir farfouillé parmi de vieilles lettres qu'il n'a jamais ouvertes, il trouva le morceau de papier avec le homard, il retourna la feuille et une écriture fit jaillir ses souvenirs en pleine face. Il déglutit. Cette fois ci ce ne sont pas ses blessures qui rendirent le passage compliqué, c'était la culpabilité. Il leva les yeux vers Déa et reposa le papier dans la boîte laissée ouverte.

Déa je...j'ai ramené des couvertures pour qu'on ne crève pas de froid...

Il cogitait tout en s'approchant de la rivière, s'y pencha et, en faisant un bol avec une main , il passa de l'eau sur son visage dans l'espoir que le froid lui éclaircisse l'esprit. En répétant le geste il s'humidifia le torse plusieurs fois, oui il galérait et alors ? Il frissonna, à cause du froid ou à cause du poids qu'il avait sur le coeur ?Il se retourna et, de but en blanc, ne voulant pas avoir de secrets entre eux :

Le tatouage, ce sont des types qui en ont après moi, je suis...désolé.

Voilà pourquoi il se sentait mal, il s'en voulait. Son passé le rattrape alors qu'il pensait avoir réglé ce problème, son passé qui amoche sa partenaire. Il aurait préféré prendre deux fois plus de coups plutôt que de la voir ainsi à cause de lui. La culpabilité, quel affreux sentiment.
Andrea_
Alors voilà, c’est à ça que ça se résume un homme. T’es là pour le sortir de la merd’, il te file un micro coup de main –oui bon, c’pas la taille qui compte-, et quand tu crois qu’ENFIN tu vas pouvoir profiter de lui, il te balance un regard de chien mouillé et t’abandonne au bord de l’eau.
Mais bien sûr, AVANT ça, il se sert à boire, avant toi, des fois que la galanterie le fasse passer pour un humain…

Pour être honnête, j’étais vraiment loin de ce genre de considérations. C’est à peine si j’avais vu qu’il se rinçait le gosier. J’étais dans une sorte de brouillard dans lequel je me complaisais. Anesthésiée par la douleur, fourbue par le combat, complètement détachée de ce que nous étions.
Un éternuement pour me ramener sur Terre, décidément, Aertan ne fait jamais comme les autres. J’avais noté le bras tenant ses côtes et les traits tirés de son visage, son état m’inquiétait, mais je tentais d’annihiler mes craintes pour ne pas paraitre trop attentionnée. J’avais résisté à l’envie folle de poser ma main sur son bras et à celle de lui demander si tout allait bien. Et si certains y voyaient une sorte de compétition entre eux, à savoir lequel encaisserait mieux les coups, lequel ferait le plus de sacrifices, ou lequel avait la plus grosse, il n’en était rien, sinon de la pudeur.

Il faut du courage pour faire confiance à un presqu’inconnu, mais il en faut encore plus pour admettre qu’on a ses failles.

Elle avait profité de son absence pour maudire les couillons sur les routes, les mercenaires et leurs générations à venir. Elle avait viré ses bottes et les avait lancé plus loin, avant de les récupérer comme elle pouvait parce que quand même, elle y tenait. Elle avait envoyé boulé un caillou, elle avait grogné, à défaut de gueuler. Elle avait pris la mesure de ses blessures, en osant à peine toucher la plaie à sa cuisse. Elle s’est demandé s’il reviendrait vraiment, et n’avait presque pas pensé qu’il était peut être mort d’un truc interne.
Mais l’Homme était revenu, et avait déposé les couvertures. Oh bien sûr, j’avais vu le coffret qui trônait à leurs surfaces, et m’était contenté de ramener un peu d’eau à mon visage, histoire de ne plus ressembler à une pissotière en démolition, maintenant j’étais une pissotière d’un quartier sensible juste lavé. C’était mieux que rien.
Je n’avais rien dit de plus que ce hochement de tête lorsqu’il se rapprocha de l’eau, même si j’avais remarqué que son regard avait un reflet pas net. J’étais bien incapable de dire d’où venait ce trouble. D’un bras tendu j’avais tiré une couverture, et avec cette légèreté légendaire dont je faisais toujours preuve, j’avais fait tombé le coffret, qui s’était ouvert.

L’acier s’était posé sur le contenu du coffret dont je devinais sans mal l’origine, et je fus touchée qu’il le ramène avec Lui, près de moi. Je savais l’importance de ce dernier, offert par sa fille, et je savais le poids de ce qu’il contenait. Le poids des mots qui étaient couchés sur les vélins encore cachetés.
Mon regard malgré tout fût attiré sur une sorte de dessin, et c’était assez marrant de voir que le coup qu’elle avait pris dans la pommette transformait tous les des dessins en un chibre cabossé. Y avait rien à faire, sans avoir les idées mal placées, sans être lubrique, ce dessin ressemblait à celui qui était à la nuque du Golioth. Mais j’étais rapidement passée à autre chose, la couverture venant se poser sur mes épaules.

La chaleur l’avait instantanément envahie, et rendue quasi cotonneuse alors qu’elle regardait son acolyte profiter de l’eau gelée.


Tu vas encore te…
Le tatouage, ce sont des types qui en ont après moi, je suis...désolé.

Ce fût la douche froide, sans même avoir de contact avec l’eau. Elle connaissait son histoire, en grande partie. Il n’avait jamais caché le fait d’avoir eu quelques ennuis par le passé, d’ailleurs ne l’avait elle pas rencontré juste après, quand les côtes encore meurtries il s’était pointé à Bordeaux ?
Je n’expliquais pas la colère sourde qui s’insinuait dans mes veines. Je n’expliquais pas ce regain de vie qui me donnait la force de me lever sans m’arracher un cri de douleur. Je n’expliquais pas non plus, pourquoi j’avais balancé sur lui un regard des moins aimables. Incapable de faire autrement que de cracher mon mépris à l’homme qui se tenait en face de moi.


Combien sont-ils Aertan ? Depuis quand sais-tu que cette histoire n’est pas réglée ?
Parle.


Elle avait grondé les mots comme lorsqu’on retient la colère mais que le ton peine à rester neutre. Elle savait que la vie n’était pas un fleuve tranquille, qu’ils avaient tous deux des cailloux dans les godasses –surtout lui, avec ses cailloux…- et qu’il arrive toujours à un moment où ce qu’on sème est récolté d’une manière ou d’une autre.
Mais il n’était plus seul maintenant.
Et c’est à ça qu’elle se raccrochait. N’allez pas y voir de l’égoïsme ou la peur de payer pour un autre, seulement…

Elle s’était finalement radoucie, pour ne pas qu’il interprète ses mots de la mauvaise manière. Car, ils n’étaient que le reflet de l’inquiétude grandissante de devoir séparer son chemin du sien. Alors après avoir attrapé la seconde couverture, elle lui écrasa au torse.


Ça fait déjà deux de moins à... vouloir ta peau… Au moins ceux là ne t'abîmeront plus. Racontes moi maintenant.


Raconte-moi s’ils ont tous un chibre à la nuque. S’ils sont tous mercenaires. Ce qu’ils veulent et pourquoi Toi. La main ne se détache pas du tissu, maigre contact pour le toucher Lui quand les aciers semblent s’apaiser un peu, crochetés à ses émeraudes.
Puis elle éclate de rire, en le regrettant aussitôt, rouvrant légèrement la blessure de sa joue


Ils vont être sacrément inquiet de savoir que je suis ton arme secrète hein !


Un rire pour détendre l'atmosphère et effacer les inquiétudes que je peux avoir à imaginer une troupe de mercenaires voler ton cadavre.
Car on est dans le même bateau maintenant, et tu dois m’apprendre à nager.

_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Aertan
Les failles

Tout le monde a des failles. Certains les cachent, d'autres les dévoilent. Certaines sont même enfouies très profondément sous les strates du superficiel. Nombreux sont ceux qui se terrent sous une carapace qu'ils veulent incassable. Les histoires, le passé, les choix vous poussent parfois à créer cette barrière protectrice. Pénétrer dans l'espace secret de l'autre sans faire voler en éclat sa barrière était une tâche des plus délicate, la finalité étant d'essayer de créer une seule barrière pour deux.

Aertan portait un fardeau très lourd, et ce, depuis des années. Il réussit à lui en parler une fois, laissant une fissure se créer dans sa carapace. Pour le reste, il faudra du temps.
Ils avançaient pas à pas, l'un vers l'autre, se faisant parfois violence en laissant entrevoir une faille. Il faut du courage pour se mettre à nu, sentimentalement parlant entendons nous, face à l'autre. Aert pour sa part sentait qu'il pouvait lui faire confiance mais le savoir ne permettait pas de s'ouvrir comme une fleur au premier rayon de soleil.
Entrevoir une synergie entre eux demandait une absolue connaissance de l'autre et, comme le témoigne le combat de ce soir, ils n'étaient pas encore au point. Tout viendra à point à celui qui sait attendre n'est ce pas?

La faille

Il ne fut pas surpris de la voir s'emporter. Il s'imaginait de son côté que ses ennuis personnels venaient entacher leur projet commun et c'était inacceptable. Il encaissa, se disant qu'il le méritait bien.
Il s'était pourtant assuré de brouiller les pistes il y a quelques semaines. Il ne comprenait pas comment ça avait pu arriver.
Une colère sourde lui déchira les tripes, une colère dirigée vers lui même. Il fut presque heureux qu'elle matérialise cette haine envers lui, comme s'il cherchait à se punir, comme s'il cherchait dans sa réaction l'affirmation de ce qu'il ressentait.

Il ferma les yeux en inclinant la tête en arrière, il ne sentait presque plus le froid, comme si un feu infernal d'amertume brûlait en lui. A cet instant présent il se haïssait. Il détestait que, par ses erreurs, quelqu'un d'autre soit blessé. Il répugnait que, par sa négligence, Elle soit blessée.

Le tissu sur son torse le rappela à la réalité et, alors qu'il descendait son regard vers elle, le ton changea, l'atmosphère se métamorphosa et ses mots le firent vaciller. Il lui fallut un certain temps pour la sonder. Il s'était laissé happer dans un tourbillon néfaste alimenté par ses sentiments personnels mais, avait il pensé à ce qu'Elle pouvait ressentir ? Sa main se posa sur le tissu effleurant d'un contact léger la sienne.
Il crut comprendre que ce qui l'avait fait réagir de la sorte était une forme de peur.

C'est à cet instant précis qu'il se rendit compte qu'ils avaient une faille commune, la peur pour l'autre. C'était désormais Leur faille.

Il étira enfin un sourire lorsqu'elle mit en avant ses atouts en tant qu'arme.


Pour le coté secret avec ta délicatesse légendaire...ça va être compliqué de te faire passer incognito.

Maintenant qu'ils avaient découvert Leur faille, ils devaient construire ensemble La barrière qui la protégerait.

Il enroula la couverture autour de ses épaules et s'assit, jambe du coté valide repliée, il s'y arrima avec son avant bras en état de marche.


Je t'ai raconté que je m'étais fait avoir, lors de notre rencontre à Bordeaux. Ces types en avaient après ma cargaison, du moins, c'est ce que je pense à croire. La même nuit j'ai rencontré le cosaque qui, après plusieurs jours, est revenu me ramener la preuve de son travail accompli à Saintes. Il m'a avoué avoir retrouvé un des types, auquel il avait fait passer un sale quart d'heure, mais les deux autres avaient disparu dans la nature.

Il tira un pan de la couverture qui glissait le long de son bras cassé. Le froid recommençait à piquer.

Alors que tu écumais des jours heureux en prison, grâce à mes lettres...Il tourna son regard vers elle avec un sourire entendu avant de continuer...j'ai eu une information concernant les deux types. Ils portaient la marque. Le homard sur la nuque, comme les types de tout à l'heure.
Je les ai retrouvé et, après les avoir fait suivre, il était clair qu'ils étaient que des sbires.

Je voulus les piéger à mon tour.
Je me suis fait outrageusement remarquer partout où je passais, je voulais qu'ils sachent que j'étais là mais ils n'ont rien fait. Ce qui prouve qu'ils ont obéi à un ordre exceptionnel.

J'ai alors poussé la chose, j'ai laissé une rumeur grandir sur un convoi de grande valeur qui allait transiter vers Paris. Ils n'ont pas cherché à en savoir plus.

J'en étais donc arrivé à la conclusion que l'ordre venu d'en haut consistait à se remplir les poches et qu'il n'avait rien de personnel.
Mais ce soir j'ai eu la confirmation que ça n'avait rien d'anodin, que c'était bel et bien ciblé, ça fait trop de coïncidences. Je ne sais ce que j'ai fait pour provoquer leur colère mais, dans le métier, on ne se fait pas que des amis.

Il laissa se poser sur elle un regard expressif, il acquiesça d'un signe de tête.

Je vais devoir éradiquer ce problème Déa, je ne veux plus te voir dans cet état.
Il secoua sa caboche...Je ne vais pas éradiquer ce problème...nous, appuie ce mot, allons éradiquer ce problème. On va remonter la piste, nous les traquerons et nous ferons tomber la tête du monstre.

Il va lui apprendre à nager, et ce, même dans les gorges du Verdon si besoin.
Andrea_
Bien sûr qu’on avait tous nos failles. Il y a celles qui nous font grandir, et celles qui nous ont affaiblies. Ce sont les multitudes de failles qui nous ont ébréchées qui font ce que nous sommes aujourd’hui.
Rome ne s’est pas construite en jour, tu es tombé avant de savoir marcher, tu as du aimer pour détester, il faut goûter les brocolis avant de dire qu’on n’aime pas ça, c’est ainsi. Chaque choix que tu fais, chaque chose que tu entreprends changera ce que tu es. Pour toujours. Que tu l’aies voulu, comme ce jour où tu as quitté la mère de Kay, ou pas, comme ce soir.
Tu peux croire que c’est ton éducation, qui fera de toi ce que tu seras plus tard, mais c’est toi, et toi seul, qui dirige ta vie. Parfois à ton insu, voilà tout. Mais c’est toi, tes réactions, et ta manière de te servir de tes failles qui conditionneront toute ta vie.
Et comme un enfant pose des centaines de pourquoi à tes histoires, tu dois te souvenir d’où tu viens, pour savoir où tu vas.

J’ai maudit mes exploits lorsque j’ai compris que c’étaient eux, qui avaient tué ma fille. J’ai maudit mon ambition quand il a tué mon mariage. J’ai maudit mes silences autant que mes colères.
Mais avec le temps, tu comprendras qu’on ne revient jamais en arrière, qu’on peut regretter ce qu’on aurait dû faire, mais moi, je referais tout si c’était à refaire.*

Mais le temps passe, et sage tu deviendras, fort de tes expériences. Exigeant. Fier. Arrogant peut être.


Je savais ce qu’il ressentait pour l’avoir vécu des dizaines de fois. J’acceptais donc ses silences, ses yeux fermés et sa main effleurant le mienne. C’était son moment : Lui face à sa culpabilité. Moi, face à la peur qu’il fasse un choix que je devrais respecter quoiqu’il m’en coûte. Il parlerait, bientôt, et romprait sa carapace pour expier ce qu’il garde à l’intérieur. Et c’est là que nait l’expérience. Et le pardon.

Son récit était clair et donnait les précisions qui m’avaient manqué au début. Au début, quand d’un geste un peu brusque j’avais tamponné ses côtes tout justes remises. Tout y passait, ce que je savais : son passage à tabac, le Cosaque. Ce que j’ignorais encore, comme sa tentative d’en savoir plus. Tout. Même ce sourire aux lèvres bleutées lorsqu’il évoquait les courriers échangés il y a quelques semaines, et le mien en réponse. Déjà naissait notre amitié, par delà les barrières, un symbole quand on y pense.
Tout.
Le homard –c’était donc un homard et pas un chibre bizarre, mais je maintiens que celui qui avait fait ça n’était pas un bon illustrateur-. Les hommes gisants plus loin. Son envie de les retrouver depuis un moment. Ses tentatives, vaines, toutes plus ingénieuses les unes que les autres. Des excuses à demi-mots.
Tout.
Des promesses à mots ouverts alors que ses grands yeux verts se posaient sur moi. Son signe de tête. Le mien. Avant qu’il ne confie une faille supplémentaire, une nouvelle, que j’avais ouverte sans imaginer une seconde les conséquences. SA faille, ma présence. Moi, victime consentante de deux vies mêlées, pour le meilleur et pour le pire.


Tout, et la naissance de ce « Nous » qu’il prononçait pour la première fois.


J’avais écouté sans dire un mot, suspendue à ses lèvres sans que les miennes ne bougent d’un iota. J’avais des questions, des tas de questions, mais aucune d’elles ne remettait en cause notre coalition dans cette quête.

Et si le froid engourdissait nos corps déjà bien amochés, la pensée de ce qui nous attendait réchauffait mon cœur. J’avais allumé une étincelle, il maintenait le feu allumé.
La main féminine se posait doucement sur la sienne, avant de serrer doucement ses doigts sous les siens. L’acier maintenait les émeraudes. J’avais hoché la tête, presque cérémonieusement, scellant ainsi ses paroles.


Allons dormir maintenant. Demain est un autre jour, et nous avons du pain sur la planche.


Car au fond, peu importait où leurs pas les mèneraient, dans les gorges du Verdon ou dans cette grotte inexplorée, ils feraient de leurs failles un atout.



* Pas eu le temps, Patrick BRUEL

_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)