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[RP] Souvenirs d'un marlou

Vladimir_kriev
1464, bas-fonds parisiens.

Atmosphère enfumée, presque étouffante. Rires gras d’un équipage de bateliers venu s’encanailler, minauderies de quelques putains ayant flairé la bonne affaire, face patibulaires de quelques malfrats, dans un recoin, lorgnant le coup foireux, la bourse mal surveillée, la transaction douteuse. Odeur âcre d’hommes mal lavés, puanteur pesante du chanvre froid.
Une taverne qui en mérite à peine le nom -d’ailleurs, de nom, elle n’a pas. Une de plus, nombreuses, repaire de perditions pour tout ce que les environs comptent de marginaux, de coupe-bourses, de parias de la société.

Et toi, bien entendu, tu t’y sens comme un poisson dans l’eau. Minois aux traits rapaces déjà affirmés - as-tu, un jour, eu des traits enfantins ?-, regard acier, éternel sourire goguenard sur tes lèvres pâles. Beau garçon, d’après la putain/associée avec qui tu as partagé les richesses de son client et la couche, la veille. Bon camarade, d’après tes deux ou trois comparses du jour.

Vous n’avez pas vingt ans. Peut-être quinze, peut-être plus. Les bas-fonds, ça vous rend un homme sans âge. Gamins des rues, trop tôt grandis, trop tôt usés, trop tôt déniaisés de tout, désabusés plus encore. Vie qui consume ceux qui s’en approchent.

Mais, ce soir, tu n’as pas ça en tête. Ce soir, vous êtes jeunes, et votre groupe de jeunes loups aux crocs acérés et aux regards durs se remarque, dans le coin de ce taudis. Vous avez quelque chose à fêter, des écus à dépenser, qui vous brûlent les doigts. Trois-cent-quatorze écus. Tu les as compté. Une fortune délirante, ici, arrachée à la bourse d’un bourgeois venu s’encanailler, sentir le grand frisson, là, à quelques pas de la fameuse Cour des Miracles. L’histoire ne dit pas s’il a eu son compte de sensations fortes ; mais, assurément, tes phalanges resteront marquées quelques jours sur sa tempe.

Alors, ce soir, vous buvez. De cette fortune, demain, sans doute, il ne restera rien. Déjà, remarques salaces fusent, chez tes comparses, pour savoir quelle putain sera digne, cette nuit, de les perdre entre ses courbes. Pas toi. Déjà, dégoût viscéral pour l’idée, dégoût que tes comparses n’ont jamais réussi à comprendre. Ce qui te conviens parfaitement. Alors, puisque les plaisirs de la chair, des cuisses offertes contre quelques écus se refusent à toi, tu bois. Mauvais alcool, qui brûle la gorge, mais qui te saoulera sous peu. Tu en es venu, depuis quelques mois, à rechercher plus que jamais cette ivresse, qui te transcendes. A t’y perdre, les soirs ou les souvenirs se font par trop présents, ou la gorge se noue.

Ce soir, tu veux t’oublier.

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Esfir
    La dextre se lève, chasse l'air d'un mouvement furtif qui suffit pourtant à attirer le regard du tavernier. Il s'en vient peu après, ramenant sur la petite table de bois un nouveau verre d'un vin trop fort au goût douteux. Mais qu'importe, il conduira à l'ivresse aussi sûrement qu'un autre, si ce n'est de façon plus pernicieuse encore. Ce soir, c'est tout ce qui compte.

    Les orbes verts se portent sans cesse sur la tribu bruyante entassée dans l'angle du bouge. Certains d'entre eux lui rendent la pareille, sans doute surpris de voir une femme qui ne vend pas ses charmes dans ce taudis, d'autant plus lorsqu'elle n'est pas accompagnée. La convoitise se porte toujours sur ce qu'on ne peut posséder. Ou ce qui, du moins, ne peut se prendre aisément. Si la noiraude soutient leurs regards lourds, la nuit a été trop longue pour qu'elle leur fasse baisser les yeux. La fatigue pèse lourd sur ses épaules, pourtant il lui sera impossible de trouver le sommeil avant plusieurs heures.

    Ils échangent quelques mots, des rires graveleux avant que l'un d'entre eux ne se décide, poussé par les autres. Un grand rouquin se lève, une barbe naissante parsemant ses joues rougies par l'alcool. Un soupir passe les lippes féminines. Esfir repose son godet sur la table, se redresse légèrement, dans l'attente, déjà.

    Elle prévient, à peine le type à portée de voix : « Mauvaise idée, tu d'vrais faire demi-tour. »

    Il sourit, goguenard, amusé d'être interpellé, sans pourtant cesser sa progression. Il se poste à côté d'elle, la toise, use de sa stature pour tenter de l'impressionner, comme il le fait sans doute avec d'autres d'habitude. Son air bourru et sa dégaine d'armoire à glace titillent sans doute les nobliaudes en temps normal, leur imagination débordante ne demandant que de nouveaux fantasmes pour carburer.

    « Quoi ? J'peux pas te payer un verre ? »
    « J'en ai un neuf, tu vois, t'es aveugle en plus d'être lourd ? »

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Vladimir_kriev
Te souviens-tu de nos premières années
On commençait à traîner
Dans tous les bouges, les tripots mal famés
Là où on pouvait entrer
Je me souviens de trop rares endroits
Où nous étions les bienvenus
À condition d'avoir des sous en poche
Sinon il restait la rue…*


Oui, vous êtes les Rois, ce soir. Pourtant, toi, Roi des Rois, tu es en retrait. Ces beuveries sont devenues nécessité. Mauvais vin est devenu, plus encore que pour tes comparses, refuge pour chasser des souvenirs. Nécessité, presque, plus que distraction. Ton regard acier, s’est posé sur cette brune, seule, un peu plus loin. Pas le regard de tes collègues, chiens en rut ayant trouvé os à ronger, spécialement Guilhem, cette brute épaisse à la crinière de feu.

Non, toi, c’est la curiosité qui domine. Une femme seule, ni putain ni bourgeoise venue vivre le Grand Frisson en votre compagnie et dans votre couche, c’est pas courant. Alors, quand tu sens le ton monter, tu abandonnes ton verre de réconfort. Dextre se pose sur l’épaule de ton ami, et ton éternel sourire un brin caustique s’étire sur tes lippes pâles.


Fous-lui la paix, Rouquin.


Quelques écus, qui passent de pogne en pogne. De la tienne à celle de ton comparse. Senestre vers la table, d'où vos comparses vous observent. Tu n’entends pas, ils ne t’intéressent pas.


Va t’mettre la tête à l’envers. J’paye, ce soir.


Un grognement. Regard torve de regret, lancé à la Noiraude. Puis, demi-tour vers le reste de la bande. Ils se paieront sans doute sa tête. Mais toi… Toi, tu te tires un siège, face à elle. Silence, quand les regards se croisent. Bref sourire, puis quelques mots.

Moi, j’ai pas d’verre. T’m’en offres un ?

Regard se fait plus insistant. Tu as découvert qu’il existe deux façons d’oublier. Se retourner la tête au chanvre ou à l’alcool, ou causer avec des inconnus.

Ce soir, tu espères ne pas avoir besoin de te saouler, finalement. T’as envie de causer.




*Corrigan Fest, Nous étions les Rois.

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Esfir
    La noiraude, habituée à assurer sa propre survie, laisse courir ses prunelles sur la salle, sans jamais réellement les éloigner de l'homme qui s'est approché d'elle. Elle voit se lever celui qui, de tout évidence, est le chef de la bande. On ne saurait affirmer que c'est lui qui donne les ordres, en revanche il a cette assurance calme et confiante de ceux qui sont écoutés lorsqu'ils parlent. En témoigne le naturel avec lequel il empoigne l'épaule importune, la voix posée qu'il emprunte pour lui demander de partir. Les écus échangés ne sont qu'une illusion, un baume pour apaiser l'ego blessé du rouquin qui, sans broncher, s'éloigne.

    Haussement de sourcil à l'intention de l'inconnu, qui se pose là comme si les lieux lui appartenaient. Si c'était le cas, il n'aurait pas besoin de payer.

    « Pourquoi, t'as filé toutes tes économies au rouquin ? »

    Signe de tête vers le type en question qui, retourné à sa place, ne les quitte pourtant pas des yeux.

    « C'est dommage, il semblait avoir envie d'payer à boire. »

    La curiosité la pique déjà, pourtant, insidieuse, traîtresse parce que toujours omniprésente dans son esprit. Il est trop jeune, indéniablement, pour tout avoir, pourtant il se déplace, se tient, respire et parle comme s'il était évident que tout lui appartiendrait. Les questions, souvent les mêmes, défilent déjà sous ses yeux. D'où vient-il ? Que lui est-il arrivé ? Quels projets, quels rêves emplissent son crâne ? Esfir aussi, ce soir, a envie de parler. C'est la seule chose qui la pousse à lever le bras, pour faire un signe au tavernier.

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Vladimir_kriev
Ton mince sourire reprend sa place, sur tes lippes pâles, quand tu vois la dextre se lever. Silence, entre vous, le temps qu’un cruchon de mauvais vin -à quoi d’autre s’attendre, en ce lieu ?- et deux godets prennent place entre vous, apportés par le tavernier adipeux.

Ton regard gris-bleuté se perd sur la Noiraude. Crinière brune, peau mate qui éveillent souvenirs douloureux à tes tempes. Fugacement, minois et regard laissent paraître le trouble. Un instant, carapace se fend, puis tes lèvres fines s’étirent pour reprendre cet éternel sourire, qui sait se faire, parfois, piquant. Fierté des bas-fonds, confinant parfois à l’arrogance.


Et toi t’as l’air plus disposée à payer un verre qu’à t’en faire payer un.


Sourire se fait légèrement moqueur, et s’étire sur ton minois. Un jour, une Rousse sulfureuse te surnommera Corbeau, en hommage à ce visage à ce visage aux traits rapaces.
Pour l’heure, ta dextre porte à tes lèvres ton verre de picrate. A peine une gorgée, avant que le godet ne regagne la table. Les regards se croisent, et tu reprends, d’une voix égale.

Ton accent n’est pas d’ici. Et j’ai pas souvenir de t’avoir d’jà vu….

A vrai dire, tu brûles de questions, toi aussi. D’instinct autant que d’expérience, tu sais que ces rencontres sont souvent les plus riches. Et à ta curiosité débordante, s’ajoute cette touche, ce souvenir, amer, qui ne la rend que plus précieuse à tes tempes.

Vladimir.

Marlous savent dire beaucoup avec peu. Un nom, un surnom, un tatouage, pour dire l’origine, la mort, l’amour, les geôles de la prévôté, le coup de surin fatal, un soir. Ton nom ne lui évoquera sans doute rien. Si ce n’est, pour toi aussi, des origines lointaines. Que tu supposes. Que d’autres ont deviné pour toi, pour le gamin sans père ni mère que tu es.
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