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[RP]L'orage éveille les vices.

Lylie_blanche


9 Juillet 1467,

Pour la première fois depuis plusieurs semaines, l'orage gronde dans la ville. Accoudée à la fenêtre de cette chambre d'auberge, où elle reçoit de temps à autre, quelques clients, Renarde apprécie le tableau qui se dessine, se mue et s'active au dessus de Montpellier. La teinte unique et bleutée du ciel se pare de nuances plus sombres. Un dégradé de couleurs allant du noir profond au gris menaçant. L'orage gronde, le ciel craque et semble se déchirer sous des bruits puissants et intimidants. Sur les toits et les pavés, la pluie tombe, violente et épaisse. L'eau ruisselle déjà, tant sur les murs poisseux que sur les ruelles, emportant déchets et pourriture sur son passage. Montpellier semble se laver de ses vices, pour un temps du moins. Marchands s'activent pour protéger les produits, servantes s'empressent de refermer les fenêtres pour éviter que le mal ne s'y infiltre. En contre bas, les voix s'élèvent, tantôt agacée, effrayée et soulagée. La pluie bien que virulente, apporte son lot de fraîcheur et l'orage, aussi menaçant soit-il, apporte aux palpitants, cette dose d'excitation et d'appréhension. Fenêtre ouverte, museau dehors, Renarde savoure le déluge qui emporte les esprits et soulage les corps éprouvés par cette chaleur passée. Vent se perd au pelage, joue de quelques mèches rousses, quand de temps à autre, éclaboussures et gouttes viennent happer le derme pour le faire frissonner.

Si certains craignaient l'orage, Courtisane, elle s'en délectait. Cette puissance, cette imprévisibilité lui rappelait combien l'Homme pouvait être faible face aux caprices du Déos. Elle reste ainsi un moment, accoudée devant le spectacle quand la porte vient a être heurtée. Son délicat comparé au trouble qui emporte la ville. Volet est entrebâillé, fenêtre laissée ouverte comme pour conserver un lien avec ce qui se trame au delà et laisser les maux du Très Haut, envelopper sa chambre de ces déchirures.

Passant quelques secondes devant le miroir, elle arrange sa chevelure, pince ses joues et ses lippes pour les teinter de rosé et de pulpe. La tenue est simple, une robe teintée de pourpre, des bas blancs surmontés de rubans rougeâtre. Le parfum est saisi, porté à son cou alors qu'elle s'empare de quelques gouttes pour les porter entre ses monts, à ses poignets et derrière les oreilles.

Un regard vif et pointilleux se porte à la chambre, rangée. La couche dans l'angle gauche du mur est faite, surmontée d'étoffes. Son bureau est orné de ces divers ouvrages de lecture, tous rangés sur la tranche. Quant au baquet, ce dernier a été préparé par la servante de l'auberge à sa demande. La pièce est modeste mais elle dispose de tout le confort nécessaire pour une passe de qualité et inspirer, hygiène et confort à un client.

Tout est prêt..Doucement, l'échine se retourne et vient ouvrir la porte.

Face à elle, cet homme qu'elle avait rencontré au marché et qui semblait avoir entendu parlé de sa profession. Personnage qui semble commun et dont pourtant, la protection de ces hommes à ses côtés, laissait en deviner l'importance qu'il semblait, omettre, volontairement. Une stature assez quelconque, pas trop grasse ni trop musclée, une chevelure brune et des iris assortis. Il semble soigneux, sûr de lui et pourtant, à peine la porte est-elle fermée, qu'il ne semble plus rien avoir avec cet homme, naïf ou ingénu qu'il se plaisait à être au marché en présence des badauds.

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Rogacien
Lentement, pas à pas, il pénètre dans la pièce. Il prend son temps, savourant ce subtil prélude à la scène que client et courtisane s’apprêtent à jouer. Bien des acteurs ont dû arpenter ces planches, le même scénario à la main, ou plutôt dans les braies. Mais son scénario, à lui, est tout autre. Et sa partenaire de jeu s’en rendra bien assez vite compte. Pour l’instant, parvenu au centre de la pièce, il la contemple, appréciant sa mise, à la simplicité toute évocatrice. Loin de la putain de bas étage qui compense un cruel manque de charme par toute une foule d’accessoires affriolants. Ce genre de courtisane est son préféré. Sûre d’elle et de ses talents. Une proie de choix. Le triomphe qu’il ressent, par anticipation, n’atteint pas son visage qui lui, reste impassible.

Tout, dans son physique, respire la banalité. Ni grand ni petit, ni gras ni mince, ni maigre ni musclé, il ne se démarque par aucune caractéristique qui sortait ne serait-ce qu’un peu de l’ordinaire. Jusqu’à son visage, rond, couronné d’une tignasse brune soigneusement coiffée. Bref, le type lambda qu’on oublie sitôt regardé. Loin de s’en soucier, il a fait de son insignifiance une force et compte bien s’en servir pour ses projets.

Et ses projets, eux, n’ont rien de commun. Benjamin d’une des familles les plus influentes de la ville, il est dénigré, ignoré, méprisé par tous, à commencer par son père et ses frères, qui tous le surpassaient. Rejeté par tous, il a eu tout le temps pour nourrir ses ambitions. Car si la richesse de sa famille semblait uniquement provenir du commerce naval, il sait aussi tout des…autres activités. Toute ville abrite sa pègre, et il en est bien évidemment de même dans la capitale du vice. Or, qui de mieux pour gérer cet empire qu’un homme qui ressemble à tout le monde, sans cœur ni conscience ? En tout cas pas son père, ni aucun de ses frères, dont il a déjà prévu de se débarrasser. Un jour, il régnera sur Montpellier, de ses hautes sphères jusqu’aux ruelles les plus sordides.

Mais en attendant son heure, il s’amuse, dilapidant la fortune familiale. Et son grand plaisir, en ce moment, est de prouver aux femmes comme celle qu’il a devant lui qu’on ne tient pas un homme par le sexe. Bien au contraire. Âmes sensibles s’abstenir : ce client-là n’en a aucune. Depuis quelques mois, il accoste catins et courtisanes, se faisant passer pour un fils de bonne famille en quête de dévergondage. Son personnage, il l’a peaufiné jusqu’à savoir modifier ses traits pour avoir l’air aussi inoffensif que possible. Et toutes s’y laissent prendre. Des pintades à la cervelle de moineau – quand elles en ont une -, voilà tout ce qu’elles sont. Il voit presque ses actes comme une bénédiction qu’il daigne leur accorder. D’ailleurs, il était temps de procéder à la leçon avec la Blanche, dont il avait tant entendu parler. La meilleure, selon les dires de bon nombre de débauchés qu’il fait espionner par ses hommes de main.

« C’est ce que nous allons voir ».

S’arrachant à l’examen du corps féminin, il plante son regard vide dans celui de la courtisane et lui fait signe, du doigt, de s’approcher. Son autre main se glisse sous les replis de sa tunique, aussi sobre et sans relief que son porteur, et en sort une bourse plus que rebondit qu’il balance négligemment sur le lit. Quand rouquine le rejoint, la main restée en suspension s’échoue sur la douce peau d’une joue, s’y attarde un instant pour finalement atterrir sur la nuque où elle se pose, ferme et dominatrice. D’une pression, il fait encore avancer la jeune femme, puis sans prévenir fait violemment remonter son genou, l’envoyant sans scrupules à la rencontre du délicat bas ventre de la gagneuse. Dextre sur la nuque fait se redresser la fragile courtisane, puis relâche sa pression alors que senestre, d’un ample mouvement, vient frapper le si joli minois. Blanche est envoyée contre le mur de la chambre, aussitôt rejointe par son client qui lui empoigne les cheveux, préparant déjà le second acte.

Rideau se lève, la partie est lancée.
Lylie_blanche
Que serait une société sans putain ? Sans ces femmes qui soulagent les maux, les humeurs, mais plus encore les vices. Femmes de misères pour certaines, femmes formées et éduquées pour le stupre pour d'autres, elles n'en restent pas moins des pansements pour l'âme et pour les corps meurtris. Sans elles, les épouses seraient sûrement violées et le devoir conjugal, pleinement considéré comme un asservissement.

Lorsque la porte s'ouvre sur un nouveau client, il est difficile pour la courtisane de jauger du vice qui lui fera face. Alors, on apprend à la putain à observer, les traits, les signes d'agacements, la lueur d'un regard, les tocs voir même l'environnement lorsqu'elle le peuvent. Pourtant, cet homme-ci, semble si basique, si commun, si impassible, que le danger semble moindre. Erreur.

Puis-je vous offrir quelque chose à boire, Sir pour vous être agréable ? La question reste en suspens, tout autant que ce savoir faire acquis dès son plus jeune âge. Renarde s'adapte donc au silence et à ce signe qui l'invite à se rapprocher, elle s'exécute.

Main se porte à la robe, arrange un pli alors que la putain se retrouve désormais à quelques centimètres de son client. Le sourire s'étire, bienveillant comme elle le fait pour d'autre. Les premiers pas et instants sont de loin les plus délicats. Il faut inspirer confiance et bienveillance, se montrer courtoise et disciplinée, sensuelle et désirable...Intouchable et pourtant chienne. C'était cet art-ci qu'on lui avait inculqué depuis ces cinq, cet art-ci qui face au brun, semble n'inspirer que fadeur et indifférence. Le masque reste impassible quand l'épaisse bourse est balancée sur la couche. A vu d’œil, cette dernière contient une quantité indécente d'écus. Cela ne fait qu'affirmer, les origines hautes de cet homme. Mais cet indifférence et ce geste las, presque méprisant, commencent à éveiller les sens de la Renarde.

Main mâle se porte à sa joue en une infime caresse quand regard azur, jauge. Les phalanges viriles coulent, se perdent à la nuque et aussitôt, affirment leur emprise. Lippes rosées s’entrouvrent, avouant une légère surprise quand finalement, la distance qui les sépare est avalée.

Il y a bien des gestes qui trahissent le vice d'un homme. Il suffit parfois d'un terme, d'une intonation, d'un port de tête à la fois hautin et méprisant, d'accessoires, d'une poigne ferme apposée soit à la gorge, soit à la tignasse, d'un crachat qui se perd le visage quand bourse est déversée sur le sol pour assujettir et humilier. Ce sont dans ces gestes-ci que courtisane trouve l'inspiration et se mue en ce qui peut, au mieux, soulager le vice. Mais qu'en est-il lorsque le vice n'est que sadisme et mépris...

Sans s'y attendre, genou mâle vient heurter son bas ventre avec force, lui arrachant un cri de douleur et une grimace qui mêle surprise et maux. Aussitôt, l'échine se plie, encaisse quand une main se porte à l'avant bras mâle pour s'y accrocher. Sous la douleur qui irradie les tripes, Renarde cherche son souffle et ses repaires quand minois est relevé pour mieux lui asséner cette gifle puissante. Sous l'impact, pulpe des lippes se brise avouant le carmin qui signerait, en temps normal, la fin de la passe. Pourtant ici lieu, loin du lupanar, aucun homme ne viendra interrompre la violence gratuite.

Ainsi, corps subit la propagation de ce poison, de ce sadisme qui contraint avec force, l'échine à se plaquer contre le mur de sa chambre. Douleur est avouée par un souffle qui se brise, quand boucles cuivrées sont de nouveau saisie.

Haletante, grimaçante, une main portée à son bas ventre, Renarde vient porter sans conviction, la dextre libre contre les serres pour espérer en défaire l'emprise. Aigues-marines croisent le regard hautain quand enfin, le masque tombe. Il ne s'agit pas de ce client qui aime à dominer ou à humilier pour son plaisir. Ni de celui qui parfois s'emporte et se fait violent dans ces coups de bassin, ces gifles ou ces fessées. Non, il s'agit d'un tout autre vice, celui que toutes redoutent. Celui qui réduit la courtisane au rang de putain et la putain au rang de parasite. Ces hommes-ci, payent pour briser, non pour baiser.

..Sortez...ou..J'appelle à l'aide... Les mots se perdent hors de ses lippes craquelées et de ce goût de fer qui lui emporte la gorge. Menace ou ordre, qu'importe..Il ne s'agit là, que d'un ultimatum, d'une limite qu'elle fixe au détriment de cette bourse quand bien même fournie.

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Rogacien
…Sortez…ou…J’appelle à l’aide…


Quelle idée.

La main raffermit sa prise sur la chevelure rousse, et d’une torsion du buste, Rogacien envoie violemment sa victime au sol. Là encore, il ne lui laisse guère le temps de réagir et la rejoint aussitôt.
Rien n’a altéré l’impassibilité de l’homme, dont le visage semble figé en un masque de la plus totale neutralité. A vrai dire, il n’a même pas à forcer. Il ne ressent absolument rien. Ni plaisir, ni colère, ni mépris. Il est tout simplement…méthodique. Tout comme l’est le coup de pied porté aux côtes de la courtisane.
L’assaillir de coups. Occuper son esprit, le faire crouler sous un flot d’informations, pour ne pas qu’il pense à mettre à exécution la pitoyable menace sortie des lèvres fendues. Un poing ganté de cuir s’abat avec force au même endroit déjà meurtri par le genou.
Multiplier les impacts. Cette fois, c’est le cou qui déguste, alors que la tranche d’une main vient sèchement à sa rencontre. Varier les cibles. Le talon d’une botte écrase une délicate mimine, faisant craquer les phalanges. Dextre s’appose sans douceur sur la bouche sanglante, tandis que senestre récidive, heurtant cette fois la fine tempe.
Changer de rythme, pour ne pas qu’elle s’adapte à sa douleur. Une seconde s’écoule, répit dérisoire. Une autre ? Non. La tête couronnée de feu est empoignée à deux mains et envoyée à la rencontre du plancher.
L’amener au bord de l’inconscience. Le cou déjà malmené est à présent empoigné et serré sans ménagement. Billes marron sans âme se fixent aux azurs, suivant avec attention la progression des ténèbres salvatrices, à mesure qu’ils s’assombrissent. Mais point d’échappatoire pour la catin. Une baffe, puis une autre, ramènent l’esprit volage et l’ancrent dans la triste réalité où Blanche est désormais piégée.

Scintille alors la lame d’une dague sortie de sous la tunique informe du client qui n’en est pas un. D’un geste précis, le fin métal découpe la robe pourpre, tandis que la bourse préalablement jetée sur le lit est récupérée et délestée d’une poignée d’écus. L’or est enroulé dans un morceau de tissu découpé et fourré dans la bouche de la courtisane.

Au temps pour l’appel à l’aide.

Le reste du vêtement est proprement fendu et écarté, dévoilant le corps de la courtisane dans toute sa vulnérable nudité. Là encore, pas un éclat n’anime le regard semblant mort du noble à l’âme aux abonnées absentes. Lame est proposée au regard de la malheureuse, scintillante, puis la pointe acérée s'égare un instant sur les traits du fin visage. Telle le tranchant de la hache d'un bourreau prêt à exécuter quelque sentence, elle s'élève, lentement puis s'abat en direction d'un œil d'aigue-marine. Que gagnerait une putain borgne et défigurée ? La question ne se posera pas, ici, car la lame dévie au dernier moment pour lentement tracer un long et large sillon vermeil entre la poitrine sans défense et la toison rousse surplombant le gagne-pain de la courtisane.
La dague s'élève à nouveau, pour venir se planter à un cheveu du visage encadré de mèches à l'ordre désormais tout relatif. Nouveau coup est porté à la tempe fragilisée, puis Rogacien se lève et se détourne de sa victime, récupérant sa bourse au passage. Il en a fini avec elle.

D'un pas nonchalant, il rejoint la porte, l'ouvre et sort de la chambre. Fin du calvaire ? Malheureusement, Blanche ne semble en être qu'au prélude de ses malheurs. Trois hommes prennent la place occupée par leur employeur. Véritables armoires à glace à la mise typique du malfrat bien entretenu, les types s'approchent. Eux, par contre, n'ont pas le regard dénué d'émotion de l'homme qui les paie. Bien au contraire. L'envie et le stupre dégoulinent de leurs pupilles rivées sur le corps qui leur est offert. Leur désir est d'ailleurs clairement visible, et bientôt la courtisane en fera l'expérience dans sa chair.
Les ordres sont clairs. User comme bon leur semble de la meilleure courtisane de la ville, toute la nuit durant. Celle-ci sera longue, pour la prétentieuse. Très longue. Surtout quand le reste de la bande se pointera. Après tout, c'est le patron qui l'a dit. Rien de mieux qu'une fête pour souder la nouvelle équipe avec laquelle il entend régner sur la ville du vice.
Lylie_blanche
Une menace se perd et en réponse, tignasse rousse est sèchement empoignée, vrillée quand le corps est contraint de retrouver le plancher. Le cri d'alerte commence à s'articuler, quand coup se porte aux côtes. Souffle se coupe, corps se replie en position fœtal alors que mâchoires se crispent sous la douleur vive, qui irradie la carcasse. Les inspirations se font modérées, comme pour éviter que le buste ne s'étire de trop, ravivant alors malgré elle, la douleur à cette côte.

Pourtant, elle n'a pas le temps de se reprendre. Client s'acharne et courtisane devient défouloir. Coup se perd au ventre, ravive des maux frais. Phalanges sont écrasées, apportant au silence et au bruit sourd de ces coups, une craquement autre. Minois est relevé, regard hagard se port sur lui quand dextre pressée et massive se perd à la tempe pour la troubler d'avantage. Inconscience se gagne, à force de maux, quand le corps de la courtisane n'est pas fait pour encaisser le sadisme pur. Visage est relevé puis rabattu contre le plancher pour la contraindre à ne plus être.

Qu'importe les coups qui pleuvent, elle ne les sent plus. Elle se retrouve dans une bulle..Hors de cette carcasse qu'il malmène et prend plaisir à désarticuler et à plier. Jamais, Lylie n'avait rencontré pareil client, pareil Vice. Les histoires de ces anciennes consœurs font alors écho à cette lame dont l'éclat est perçu, entre deux retour à la réalité.

Sous la menace, le palpitant ralenti encore d'avantage jusqu'à ce que finalement, ce dernier lui semble marquer une pause. Toutes les craintes propres aux putains éclatent à ses tempes. Vrombissement, assourdissement qui lui saisit les tempes rougies et égratignées. Lame pourtant se contente de tailler le tissu, quand lippes sont ouvertes pour y fourrer un bâillon, riche de sens. Regard troublé et flou se porte alors sur son corps, entrevoit la découpe de l'étoffe quand nudité est avouée. Gorge se serre de voir déjà quelques ombres se perdent sur ce teint, autrefois laiteux. Et menace revient, plus vile, plus réelle quand la lame vient provoquer le regard pour y asseoir toute sa domination. Poupée de chiffon, ne peut se mouvoir, tant les muscles et les os, électrisent ses tempes et sa chair à chaque respiration appuyée. Elle ne peut rien faire, sinon laisser ses larmes perler et essuyer crasse et carmin qui jonchent désormais ses traits délicats. Elle sent la fin proche, si proche qu'elle ne peut que supplier qu'il en soit autrement et que Vice se détourne et l'épargne. Pourtant, si œil est évité, les mâchoires se crispent, étouffant d'avantage le souffle sous cet amas de pièces et de tissus fourré à même sa bouche. Lame est là, présente à sa poitrine. Elle en sent l'entaille..et plus encore, le tracé qui saisit son corps meurtri, d'une douleur autre. Plus tranchante et sanglante. Phalanges blanchies, rougies, se serrent quand le corps se tend dans un dernier effort. Celle qui n'avait jamais subit la menace d'une lame, en découvrait pourtant la douleur.

Maux se perdent, mêlés, divers, complices quand il la surplombe. Elle ne parvient même plus à desceller les contours de cet être. Il n'est qu'une ombre imposante dont le regard semble briller d'une noirceur, troublante. Brise se perd au derme à travers les volets entrebâillés. Une pause. Iris se ferment, retrouvant alors l'écho de l'orage, de cette tempête qui semble s'emparer de Montpellier. Là, enfin..Elle entend ce ciel qui se brise, se déchire. Elle croyait ne plus jamais être à même de l'entendre. Puis, un autre bruit mais cette fois-ci, ce n'est pas l'orage qui gronde, mais la porte qui est claquée contre le mur. Regard se perd, hasardeux, pour desceller d'autres ombres, plus massives encore. Putain n'est pas dupe sur les intentions et la scène à venir.

Alors bulle est retrouvée plus douce, plus apaisante alors que poupée de chiffon devient, jouet. Elle ne saurait décrire cet état second, où le corps se mouve, encaisse les coups de butoirs, éveille les maux, alors que douleur, ne semble plus être là. Comme..occultée, évincée. Lylie est là, sans l'être. Spectatrice de ce corps qui passe de mains en mains, asservis, souillé, humilié, fourré. La décadence mâle dans sa splendeur. Vice lâché, sans borne, sans limite. Esprit hurle qu'on la lâche, qu'on la laisse, qu'on ne la touche plus et pourtant, rien ne sort de ses lippes dont ils ont déjà retiré la bourse pour plus de vices.

Elle est bien dans cette bulle finalement et volontairement, elle préfère s'y plonger, corps et âme. Lâcher la dernière bride qui la retient à cet état conscient. Partir, loin..Leur laisser la carcasse jusqu'à ce qu'ils en aient fini avec elle. Repenser à cette vie chaotique qui fut la sienne, bercée de ce vice dont elle en fut la plus dévouée des élèves et qui désormais la submerge dans sa forme la plus brutale.

Sons, images, maux..Tout cela se perd enfin dans un noir apaisant. Rien. Pas un son, un soupir, un gémissement rauque. Pas de douleur, de carmin..Plus d'ombres, plus de lame..

Inconscience est salvatrice.

Finalement, elle ne saurait dire quand, les sens s'étaient éveillés de nouveau. Sinon que l'orage étai passé, ne restait plus que cette pluie lourde qui heurtait ses volets. Rien que ce son, délicat. Rien que cette brise qui se perd à ses courbes moites et poisseuses. Puis, une voix..Qui se distingue. Familière. Aigues marines s'ouvrent et découvre son visage. Associé est là..Oui, il est vrai..qu'elle devait les rejoindre dans la ruelle..Elle l'avait..promis.

Pause est marquée quand les lippes, meurtries tentent d'articuler quelque chose. Elle voudrait s'excuser à dire vrai, de ne pas avoir tenu sa promesse..S'excuser de lui infliger la vue de son corps..brisé, teinté de bleus, de carmin et de foutre. Elle n'a plus rien de l'élégance qui la caractérise. Honte se dessine donc, sous cette esquisse infâme. Elle voudrait le repousser..Qu'il ne la voit pas ainsi, qu'il la couvre d'une étoffe et la laisse..Elle n'a besoin de personne..De personne qui pourrait la voir ainsi..Dans cet état plus proche des Abysses que de l'Opulence.

Pourtant, rien n'arrive à sortir de ses lippes..et ce mélange de douleur, de honte et de maux se mêle en larmes qu'elle ne peut retenir, quand bien même fierté serait grande. Si elle avait grandit trop vite, nul doute que cette expérience-ci, a arraché le peu d'innocence qui lui restait.

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Lui
Délicatement... Il inhale une bouffée de sa pipe...

Le temps...
Pour la première fois depuis plusieurs semaines, l'orage gronde dans la ville.
Il est accoudé à la fenêtre de cette chambre où il à passé une journée à gérer cent et une choses.
Une partie de ses pensées et actions pour Elle, cette association, cette ruelle...
Il regarde l'azur sombre se zébrer... comptant machinalement, comme il le faisait enfant, avant que le ciel ne se déchire dans deux assourdissants vrombissements...
Ce chaos des cieux n'est guère loin..

Au ralenti... Lèvres soufflent long filet qui s'étire et disparait...

Le temps...
Il lui avait toujours donné de l'importance à ce temps... en le prenant... en l'embrasant... en jouant avec... en changeant son rythme...
On ne forme une affaire aussi sombre soit elle qu'avec le temps...
On ne crée, fait grandir et élève qu'avec le temps...
On ne construit relation à deux qu'avec le temps...
On n'apprécie la valeur des choses qu'avec le temps...

Longuement... Ses lèvres tirent sur ce petit objet en bois...

Le temps...
la pluie tombe, violente et épaisse et son eau ruisselle déjà sur la ville. Les pavés saillants se changent en milles secours pour badauds au milieu des ruisseaux, une toiture en pleure sur les passants. Et voila que ville s'agite comme toutes ces gouttes qui explosent sur murs et chaussées... Marchands se précipitent, deux enfants courent en riant aux éclats, volets et fenêtres s'entrechoquent et claquent...

Lentement...Il exhale doux nuage grisonnant rejoignant les siens...

Le temps...
Il contrôlait tellement de choses dans cette vie qui était sienne. Il s'était bâti avec, armature de ce qu'il était.
Mais.. mais... pour une fois... il n'en était pas Maître de ce temps.
Une fin, de toute association soit elle, n'est jamais bonne, surtout en ce sombre monde, surtout quand confiance est morte, surtout quand information est donnée...
Il avait mis des "Yeux" dans cette ruelle, devant cette auberge, devant cet appartement... ombres cachées sur toits trempés ou derrière volets fermés...
Il avait mis deux "Jambes" pour chaque lieu, pour chaque poste, pour tout lui rapporter... pour courir sur chaussées trempées...
Et il était là... à cette frontière ou il ne pouvait rien faire.. laissant à ce Temps de jouer sa partition.
La première partie de la Sienne ayant été donnée.

Gravement....Braise se consume...

Le temps...
Éclairs pourfendent le ciel... illuminant la ville qui embrasse l'obscurité grandissante... d'une cape qui cachent milles choses...dans laquelle elle se vautre tant...
A l'image de beaucoup des acteurs de ce soir... dont il se méfie comme peste et cholera... alors qu'au milieu de ça Perle finit contrat.
Ses deux yeux glissent sur la ville... alors que Nyx la recouvre de son manteau de ténèbres... roulements et rugissements de la pluie en colère l'accompagnent...

Doucement... fumée se forme devant son visage...

Ce chaos des cieux est désormais sur eux.
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Vladimir_kriev
Mardi 09 Juillet 1467 – Ruelle des Capucines

Tambourinement sourd, inlassable, de la pluie sur les tuiles. La pluie roule sur les toits, glisse le long d’un pan de mur, se perd à un coin de corniche pour venir, avec une régularité exaspérante, glisser entre derme et col de chemise, pour ruisseler le long de ton dos.
Assurément, l’orage ne t’inspire pas, à toi, quelconque réflexion philosophique sur la purification salvatrice des péchés de la ville. A vrai dire, tu n’es même pas assez religieux pour penser un rapprochement avec le Déluge. Non, toi, tout ce que cette eau qui s’infiltre inlassablement contre ta chemise déjà trempée t’inspire, c’est un profond agacement.

Dominant à peine le grondement diluvien, les bronzes de la cathédrale sonnent. 23 heures. L’heure du crime ; déjà, à travers le rideau d’eau, ton regard acier se porte sur une silhouette. Mantel trop riche pour être d’ici, regard trop fuyant pour être un bourgeois regagnant le confort de sa demeure. Votre homme est là. Rituel déjà rodé. Ta dextre se referme sur ton gourdin, sous la chemise éliminée détrempée. Client s’abrite sous une porte cochère, ignorant votre présence, à quelques dizaines de pas. Et, tous, vous attendez la même silhouette gracile, même pas assuré de la Courtisane. Les uns comme le signal qui lancera la curée, l’autre comme celui qui lui permettra d’assouvir un quelconque Vice qui le ronge. Tous, comme l’heure de la délivrance, pour échapper enfin à ces trombes d’eau qui s’infiltrent partout et reprennent l’incessant ruissellement le long de ton échine. Heure de la fin d’une Alliance, crois-tu, qui s’achèvera sur une dernière victime. Coeur se serre, à cette pensée. Opportunité trop tôt perdue. Complicité et franchise propre aux bas-fonds, abandonnées à la crainte du gibet. Menace lointaine, épée de Damoclès dans la vie de tout vaurien, trop vite concrétisée par quelques mots irréfléchis, perdus dans une oreille innocente.

Les minutes s’égrènent. Attente vous vois vous crisper, Acolyte et toi, sur vos armes de fortunes. Instant ou il faudra bondir, frapper, détrousser, apparaît maintenant comme une délivrance. Sortir de cet enfer humide, de cette tension qui vrille les tempes. Le pire n’est pas l’action, c’est ce moment ou le corps est déjà tendu, arqué, mais où l’esprit a encore le loisir de se perdre en conjectures sur ce qui se passera, bientôt. Là-bas, proie paraît aussi impatiente et nerveuse que vous. Sans doute cogite-il, lui, à ce Vice qu’il s’apprête à sublimer contre les courbes de la renarde, contre une poignée d’écus.

Nouveau tintement de bronze, au-dessus de la ville calfeutrées derrière ses volets. La demi-heure. Senestre remet en place, machinalement, une mèche détrempée qui obscurcissait ta vision.

Elle ne viendra pas. Ponctualité est qualité indispensable chez les courtisanes, d’autant plus chez celles qui se piquent de faire commerce de la luxure dans le plus luxueux des cadres.
Feu à tes tempes redouble. Un signe, à ton acolyte. Pas ce soir. Pas sans elle. Frapper le client en son absence la désignerait par trop comme coupable. Tu lui confies ton arme de fortune, dont tu n’auras que faire ce soir. Alors que le bourgeois lorgne encore, espoir au fond des yeux et poison renard aux tempes, sur l’entrée de la ruelle, vous vous éclipsez discrètement. Silhouette se scindent. L’une regagne le confort et la chaleur d’un toit.
L’autre se perdra, à nouveau. Plongée aux Abysses n’en finira pas, plus loin que tes pires cauchemars ne l’auraient imaginé.

Feu aux tempes, tête baissée, tu chemines, dans les ruelles désertes, écrasées par l’orage sans fin. Une question, un visage. Pourquoi n’est-elle pas venue ? Trahison de l’Alliance ? Un instant, ton esprit s’attarde sur la possibilité. Hypothèse que tu ne saurais admettre. Lui fais-tu confiance ? Non, mais à qui fais-tu confiance ? Personne, pas même toi, voyou et noble, dont tu ne sais lequel l’emportera, écrasera l’autre. Minois rapace se secoue, pour éloigner le poison de la trahison.

Alors, quoi ?

L’idée vrille ton cerveau.
Non…
Autre ruelle, autres pavés.
Non…
Autre visage. Traits doux, enfantins encore. Mangés par deux grands jais rieurs. Lippes purpurines, ouvertes en un large sourire sur des quenottes blanches. Crinière bouclée corbeau, peau hâlée.
Non…
Jais se font rieurs. Doux. Complices. Lèvres avouent des mots, d’une douceur cruelle.
Non…
Corps disloqué, sur le pavé parisien. Rigoles pourpres, au sol.
Non…
Sur le derme que tes doigts et les lèvres ont tant parcouru, fleurs carmins et violacées.
Non…
Les deux jais fixent sans le voir les cieux, au-delà des toits rapprochés de la triste ruelle parisienne.
Non…
Au sol, une bourse avoue le prix de la passe. Le prix du Vice.
Non...

Tu ne sais comment, mais tu cours, à en perdre haleine, sous le torrent.
Tu sais.
Tu refuses.
Rares passants se détournent, méfiants de cette furie, de ce jeune homme, beau comme une statue antique, aux yeux fous, courant comme s’il avait le Diable aux trousses.
Enfin, l’auberge. Tu connais la chambre. Porte s’ouvre, avouant l’horreur.
Non…
Corps désarticulé au sol. Souillé, détruit. Tes genoux heurtent le parquet. Deux doigts, pour chercher désespérément un pouls, à la gorge. Lippes pleines, avouent sans le prononcer la honte. Émeraudes se troublent. Un râle rauque, inhumain, échappe à tes lèvres.

Cauchemar, ou tu te vois hurler, faire quérir la Sorcière. Tu te vois enserrer le corps frêle contre toi, pour la porter au baquet. Nettoyer l’horreur. Redonner humanité. Cerveau figé, yeux gris qui voient sans les voir tes mains se faire délicates, purifier le corps de l’horreur. Eau se teinte de carmin.

Minois renard se confond avec un autre. Boucles rousses deviennent corbeau. Émeraudes se font jais. Peau d’albâtre se fait halée. Lylie se fait Emma. Putain, comparse, amante, fauchée par le Vice, deux ans de cela, dans d’autres bas-fonds.

Sur tes joues creusées, les larmes roulent librement, silencieuses.

Tu ne sais qui tu pleures.

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Lui


Il attend... le temps se jouant toujours de lui... les secondes glissent avec lenteur alors que milles pensées lui traversent l'esprit à chacune d'elles, chaque seconde prenant son temps.. prenant Le temps. Ce dernier jouant de sa Paresse pour cette soirée, souriant à la vue de cette homme, accoudé à cette fenêtre sous pluie battante, fumant pipe alors qu'il ronge son frein. L'heure tourne si doucement... s’éternisant, et déjà 23h a sonné au loin, cloches en témoignant à ville entière loin d'être endormie, ville se protégeant tout au mieux de cette pluie qui diminue en voiles et crachins...
Personne ne vient... secondes dansent..
Pas de bruit ni de course dans la rue.... minutes piétinent...
Aucun pas dans l'escalier... calme avant la tempête qui pourtant a déjà grondé.

Elle avait voulu finir ce contrat.. Gourmandise à cet appât du gain ou respect pour son associé...surement un peu de tout avec un zeste d'affection. Curieux cocktail et piège qui se referme sur tout être humain. On pense pouvoir enfermer ce que l'on vit dans des mots.. duperies et mensonges de l'esprit. L'humain est si complexe...
Lui même l'éprouvait en ce moment même, un combat dans lequel il se retrouvait plonger, entre milles mots et pensées, pour elle, son associé, pour cette nuit, pour ce qu'ils avaient tous construit les uns avec les autres, pour ce piège de la complexité humaine qui se refermait également sur lui... Doutes, peurs, affect... vile créature que ce qui vit sous poitrine.

Il avait dépensé beaucoup pour être sur que tout se passerait bien ce soir... Avarice n'avait pas lieu d'être quand on craint. Tout comme il avait déjà préparé et supervisé quelques coups, il sentait que cette nuit pouvait basculer à tout moment. Une fin entre associés n'était jamais à prendre à la légère, et il avait été au courant de leur première prise... il voulait juste s'assurer que tout serait fait dans les règles.. Celle de l'art ou des larcins, sans qu'une animosité ou rancune ne ronge ce partenaire, ne le pousse à se venger, ne le...
Pensée s'arrête soudainement alors qu'une course effrénée d'un homme qu'il reconnait tant se fait entendre dans la rue.
Et le temps s'arrête.. Pourquoi court il aussi vite...

Elle était en danger, ou qu'elle soit. Le temps et ses pensées explosent, se dilatent et contractent dans un maelstrom qui l'emporte. Il lui fallait tout savoir, tout comprendre, il avait besoin d’être partout.... Il voulait être Dieu.. de cet enfer. Les informations arrivent, claires et confuses, hachées et précises, alors qu'il se retrouve dans la rue devant chez lui sans qu'il ne se soit vu descendre, alors qu'il parle si fort sans s'en rendre compte et que tous peuvent entendre. Des Yeux accourent, des Jambes courent, des hommes sont renvoyés, alors qu'il a qu'une Envie c'est de hurler... Rien n'est arrivé dans la ruelle, une bande est visiblement passée dans sa taverne, personne n'est passé à son appartement, et lui, cet associé... ils l'ont vu courir vers la taverne comme un fou furieux. Et le voila lui aussi qui dévore l'espace, tentant de rattraper le temps, son cerveau explosant, jurant entre ses lippes contre cet instant, contre la nuit, contre la pluie, contre cet associé, alors que certains le suivent, d'autres courent plus avant...

Il se précipite à perdre haleine, il ne prend plus le temps de rien. Cet associé allait il se venger d'autant plus qu'elle n'était pas au rendez vous ? était il l'acteur de sa propre farce ? de sa propre machination ?... Tripes et boyaux sont serrés à s'en étouffer, il vole sur pavés glissant laissé par l'orage...
Ruelles sont dépassées, croisements sont pris, chutes sont évitées alors qu'ils cavalent vers cette taverne, temple de Luxure. De rares badauds, sortant après la tempête, les dévisagent s'écartant comme furies fondant sur leurs proies. Des Yeux l'attendent devant la taverne, mains levées, il ralentit, le regarde et l'écoute, perdant du temps contre son gré... alors que sang se glace... un dernier rapport est donné..Un cri a déchiré la nuit.
Il est déjà en haut des escaliers, et porte est enfoncée.... Horreur est contemplée.

Elle est la.. gisant dans un bassin rouge carmin... morte...dans ses bras.. pleurant son acte, le sien, et sa trahison, la sienne. Ce chien avait eu raison d'elle, comme il le soupçonnait, stupide qu'il était..
Colère et rage sont assommées, sonnées, abasourdies par la scène, alors que Bête est pourtant libre de sa furie, aucun gonds ne la retenant en rien...
Le temps s'arrête... Carmin est partout dans la pièce et dans ce baquet... le sien... alors qu'elle n'est que poupée de tissu et chairs entre ses bras... Vue se trouble..
Pensées s'arrêtent... tempes battent le sang qui afflue, le sien, alors que la chambre tangue et que main est portée à l'épée...
Cœur s'arrête... alors qu'il s'approche de cet homme qu'il hait plus que tout en ce bas monde et pointe de fleuret se lève..

Il la contemple alors que respiration s'arrête... alors que son si beau visage se niche dans le bras de ce meurtrier terrassé.. s'y réfugiant....S'y réfugiant.
Pointe de métal froide est portée au cou de ce dernier, puis soudain bras se relâche et muscles se libèrent...Respiration est la.. la sienne, la leur...elle n'est pas morte.
Elle n'est pas morte.
Et détails font sens dans ce cerveau qui reprend vie...du foutre... du sang.. ses larmes.. son cri...
Elle est vivante et victime.. mais visiblement pas de lui.. visiblement pas de lui...
Et c'est dans son bras qu'elle se réfugie.. Orgueil est piqué... mais elle est en vie.
Jambes tanguent alors qu'épée tombe, glissant près du bac, près de cette perle, pleine de bleus et rouge carmin.

Enfer se déchaine...

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Rael
Mauvais PS....Mille excsues. C'est Lyanea, qui agit.



Elle ne rêve pas. Plus depuis longtemps. Chaque nuit, elle se contente de se laisser couler dans l’océan de ténèbres qu’est devenue son âme, trouvant dans le néant une étrange forme de réconfort. Et chaque matin, elle retourne péniblement à la surface, rassemble ses masques éparpillés au gré des vagues remous agitant parfois l’obscure ondée, débris du vaisseau de sa vie avant qu’il ne s’échoue. Elle les arbore, passant de l’un à l’autre, parfois à dessein, parfois sans s’en rendre compte, évanescent reflet de ce que les autres souhaitent qu’elle soit. Et dans ses rôles, par eux, elle retrouve un semblant d’existence. Un ersatz de vie, qui dure jusqu’à ce qu’elle dorme à nouveau. Sans rêver.

Pourtant, cette fois, quelque chose perce l’opaque rideau de son sommeil. Un son lointain. Comme celui d’un…tonnerre. Un rêve ? Il n’y a jamais d’orage, dans le néant. Il n’y a…rien, d’ailleurs. C’est même le principe du néant. Et pourtant. Les coups de boutoir sonores s’intensifient. Percent les ténèbres. La tirent vers le haut. Elle ne veut pas. Elle lutte. Et pourtant, elle finit par crever la surface, avec violence. Pas même le temps de chercher ses masques. Le tonnerre retentit encore. Plus fort que jamais. Ah, c’est pas le tonnerre, finalement. Quelqu’un frappe à la porte. Et ce quelqu’un insiste, en plus. Plus que lourdement.

Un sourd grondement s’échappe de la gorge encore serrée par le sommeil, tandis que la Sorcière s’extirpe du lit et va ouvrir. Derrière, une brute. Le genre de type qu’elle hait le plus. Le temps d’un battement de cœur, elle l’observe. Pas d’air lubrique. Pas de posture agressive. Quelque chose ne va pas. L’homme n’est pas là pour ce pour quoi ses semblables se pointent, habituellement.
Ou peut-être est-il simplement surpris. Faut dire que la vue d’une lame effilée peut en faire réfléchir plus d’un. Surtout si la lame est tenue d’une main ferme, qui semble savoir la manier. Et qu’elle est pointée vers l’endroit précis du cou où se trouve la carotide. Et que la main termine un bras tout aussi nu que le reste du corps auquel il est raccroché. Que ce corps nu, menu mais nu, semble prêt à l’action. Et qu’il est surmonté d’un visage à l’expression glaciale, encadré d’une folle corolle de boucles rousses.

Par contre, l’homme sait à qui appartient ce corps, nu, et ces boucles, rousses. C’est qu’elle a une réputation, la Sorcière. Celle-ci écoute le message que le type s’empresse de communiquer avant de tourner les talons.

« 2 rue des Coquelicots. Viens. »

Froncement de sourcils. On la convoque ? Elle ? Il n’y a qu’une personne qui puisse envisager d’oser le faire. Et cette personne sait très bien qu’on ne le fait pas. C’est donc qu’il y a une raison. Et grave. Cruciale.
Elle s’empare du premier vêtement qui lui passe sous la main, une chemise légère à peine moins transparente que ces voiles diaphanes qui parfois recouvrent le corps des courtisanes, attrape sa besace puis s’empresse de partir à la suite de l’homme de main de l’Abyssal.
Le bruit sourd de ses pieds nus battant les pavés de Montpellier la Vicieuse perce à peine le silence de la nuit alors qu’elle se hâte. Rouquine est inquiète. Il se passe quelque chose. Elle a toujours été sensible à ce sentiment, celui qui noue le ventre, annonciateur de catastrophe. Et là, son ventre est plus que noué. Qu’y a-t-il de pire qu’une catastrophe ? Un cataclysme ? L’Incendiaire est encore en train de se poser la question quand le type l’amène devant une porte cochère et lui fait signe de monter, avant de se fondre dans les ombres.

Elle monte, donc. Grimpe les marches. D’abord une par une. Puis deux par deux. C’est presque en bondissant, avalant les étages, qu’elle parvient à celui qui lui a été indiqué.
Alors, la réponse lui vient. Un apocalysme. Mais, de toute façon, la question ne se pose plus. D’ailleurs, rien d’autre ne passe par la tête cernée de feu, alors qu’elle avise enfin la scène. Immobile, curieusement détachée, elle observe chaque détail, de l’Abyssal tremblant à la poupée de chair meurtrie qu’il serre dans ses bras, en passant par l’épée qui gît au sol et son propriétaire, vivante incarnation de l’effroi.

D’un coup, le cerveau se remet à fonctionner, et le corps se met en mouvement. Elle se précipite aux côtés de Vladimir, ses mains se meuvent d’elle-même le long du…corps ? Cadavre ? Non, corps, pouls est présent. Habituée à la vue des corps malmenés, tailladés, écorchés, brisés, bref, soumis à la question inquisitoriale, elle ne s’émeut pas plus que ça. Elle a mieux à faire. Elle connait la raison de sa présence ici, alors qu’elle n’aurait pas du y être. Les sentiments, ça sera pour plus tard. Aussi inspecte-t-elle rapidement le corps violenté de la courtisane, l’arrache presque des mains de l’Abyssal prostré, l’étend à même le sol et, armée de bandages et d’onguents tirés de sa besace, entreprend de mettre à profit le peu de connaissances médicales dont elle dispose.

Une fois les premiers soins administrés, elle lève la tête vers Vladimir, rivant ses azurs aux billes sombres de l’Ambitieux. Dialogue silencieux. Le responsable doit payer. Condamnation à mort.

Puis, sa voix, froide, traverse l’épais silence, en plein dans les esgourdes du brun à genoux.

_ Qu’est-ce que tu fous là, encore ?
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