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[RP] La liberté n'est pas un vain néant.

Osmann
Si j’avais jadis eu l’iris brillant d’être libre, ce n’était plus le cas aujourd’hui. Certains se forgent dès l’aube de leur vie, quand l’espièglerie devient homme et que les épaules deviennent lourdes de charges. Le printemps les a vu naître, l’été les a fait grandir que déjà l’automne les fait vieillir, jusqu’à ce qu’un hiver plus rude que les autres n’arrachent leurs derniers soupirs, emportant avec eux leurs regrets qui Lui semblent si futiles.
Personne ne devrait être arraché à sa vie. Personne ne devrait traverser les saisons dans les cales d’un bateau. Personne ne devrait être vendu à des gens dont l’argent permet tout. Reste à savoir si le libérer de ses chaines était une bonne idée. S’il avait vraiment envie de cette « seconde chance », lorsqu’une riche Baronne probablement éprise de Lui avait un beau matin décidé de lui rendre sa liberté.
Qu’est ce que la liberté quand les pieds ne savent où mener un corps qui n’a plus rien de ce qu’il était avant ? Est-ce qu’il suffit de n’appartenir à personne pour retrouver l’éclat dans ses yeux, pour faire disparaitre les lacérations d’une rébellion passée ?

On ne nait pas esclave. On le devient. Et ce qui au début est un fardeau, doucement devient un art de vivre. Il faut oublier jusqu’à son nom. Annihiler les paysages qui étaient son quotidien. Les montagnes d’abord, et se contenter de ce qu’offre l’horizon d’un hublot. Barrer, sans cesse, jusqu’à ce que les muscles saillants ne soient que douleur. Absoudre les brûlures qui brunissent la peau déjà hâlé, héritage de sa lignée. Faire disparaitre les rancoeurs envers ce peuple qui sans qu’on ne sache pourquoi, un jour, s’est ramené pour exterminer tout un village jusqu’à couper la tête du chef, le grand Khan. Amnistier la vie et survivre, quelqu’en soit le prix.

Du guerrier redoutable qu’il fut autrefois, ne subsiste aujourd’hui qu’une carrure puissante, surmonté d’une longue tresse noire. Noire, comme ses yeux. Comme l’encre du vélin qu’il tient fermement dans son poing, seuls conseils laissés par la Baronne.



Plusieurs jours avaient été nécessaires pour trouver le Louvre. Dédales de ruelles, population éclectique. Si certaines populations s’étaient attardées sur ma stature, s’étaient émerveillées sur la couleur de ma peau, l’avaient craints. Si certains avait chuchoté, ricané, gloussé. Force était de constater qu’ici, personne n’avait tourné ses yeux à mon passage.
Etrange impression d’enfin vivre Libre quand j’allais, de mon plein gré, me faire prisonnier.

Trois coups furent frappés à la porte. Fermes. Décidés. De ceux qui font vaciller jusqu’à la flamme de la lanterne.

Et que le rouge danse, avant que les rôles ne s’inversent.
Bertrand_
Toujours le même tabouret, oui à croire qu'il va avoir des escarres le Moustachu. Et toujours, dans sa poche, le carnet des paris. Diable que c'était grisant de s'amuser ainsi, de colporter ces ragots, ces rumeurs, ces non dits à Etienne, juste pour se gausser devant son agacement. S'il ignore pourquoi Etienne s'inquiète donc de la finalité, c'est surtout parce que lui-même, ignore tout ce qui s'est passé ici lieu. Les serviteurs parlent mais parfois, leurs lippes sont scellées sur les événements dérangeants du bordel et de ce qui a pu se passer de criminel. Mais, le Bertrand aimait bien, tendre l'oreille et pourquoi pas, retrousser des jupons pour s'occuper des servantes. Car après tout, observer au quotidien des orgies, des plaisirs, des vices, il ne faut pas croire mais ça donne aussi envie à certaines ! Et puis, malheureusement pour elles, n'ayant pas la bourse adéquate, lui est là. Généreux, galant, tout ça. Ho, elles l'ont bien déjà appelé « Dacien, Ho oui Dacien » en plein acte, ce qui s'est avéré vexant, une a même avoué qu'elle espérait être prise par ce Gérard juste parce qu’elle voulait se sentir chose fragile entre ses bras. J'vous jure, les gonzesses et leurs envies.

Porte est frappée. Porte est donc ouverte après avoir, reprisé, sa moustache.

Bonne mère !

Ce fut le seul juron, de ces contrées natales qu'il avoua entre ses tempes lorsqu'il vu la carrure. Sans déconner, il s'était pas trompé de porte lui, la Milice c'était là bas..A moins que..Ah non ! Encore une qui va espérer, être..lovée et chose dans des bras puissants et lui, le Bertrand de se dire qu'il n'a rien de tout ça et finir sa besogne quand même, l'égo blessé une fois de plus. C'pas beau de vieillir, même s'il n'avait pas à se plaindre de sa carrure.

Bonjour, messire. Entrez donc. Il se pousse, l'invite à entrer alors qu’inconsciemment, la posture de Moustachu se fait plus ferme. Oui, les balèzes, il s'en méfie et s'il était portier, il était surtout avide de rixe mais bon, on lui avait dit d'appeler à l'aide si ça débordait. Avec lui, ça risque carrément de déborder s'il s'agace et c'pas sa rapidité, ses réflexes et son habilité qui pourrait lui éviter un coup dans la trogne, radical.

Que puis-je pour vous?
Osmann
J’avais compris il y a quelques mois qu’en ce Royaume, il n’était pas question de déborder. Et que les muscles aujourd’hui ne servaient à rien sinon à montrer qu’on était capable de travailler, encore et toujours. Contre rien, privilège d’esclave. J’avais appris, par la force, qu’un simple regard croisant un autre n’amenait rien que des représailles. J’avais appris, jusqu’à ne devenir qu’un corps vide d’âme. Seul restait bien ancré ce sang chaud qui cognait à mes tempes lorsque l’injustice se faisait sentir.
J’avais soigneusement évité ton regard, vestige de mes apprentissages. C’est à peine si mes yeux s’étaient posé sur ta moustache. Impeccable, reprisée. Si j’avais été chez moi, fort des lois de mon pays, je t’aurais méprisé pour ton absence barbe, pour cette virilité réduite à néant. Pour asseoir ma puissance et te rappeler qu’ici bas, c’est le plus fort, toujours, qui a raison.
Je ne maitrise pas tout à fait ton langage, et quand bien même c’était le cas, je ne t’aurais pas fait l’honneur de répondre. Je me contente de faire un pas, les yeux rivés au sol, pas dérangé pour un sou de souiller ton joli parquet.
Ma main se tend à ton encontre, dévoilant la lettre que je serre si fort que mes phalanges ont blanchi.
Un mot, un seul, qui trahira sans aucun doute que je ne suis pas d’ici, si la couleur de ma peau ne t’avait pas mis sur la voie.


Etienne.

Pourtant, malgré tout le dédain que je te porte déjà, comme c’est le cas pour tes semblables, tu attires mon attention. Ou plus exactement le carnet qui dépasse de ta poche. Je n’ai pas besoin d’être blanc, pour comprendre l’importance de ses choses pleines de notes. Pas besoin de parler ta langue, pour savoir que ce qu’il contient a de la valeur. Pas besoin d’être libre, pour savoir qu’il pourrait se vendre, cher.
Si tout semble indiquer que tu es mon ascendant, saches qu’il est dans ma nature de me souvenir. Que je graverai en ma mémoire chaque personne que je croiserai ici, pour un jour, quand je serai libre, asseoir ma vengeance. Tu ne le sais pas encore, mais tu as le privilège d’être le premier sur ma liste, d’ailleurs, ton prénom pourrait m’être utile, alors parle.


Osmann.

Car je sais, ce que je suis venu faire ici. Je sais que je n’en sortirai pas indemne, et encore moins bientôt. Chez nous nulle lanterne rouge pour donner du plaisir, nulle question d’argent. Ce genre de lieu n’existe pas c’est possiblement pour cela, que les ébènes osent s’imprégner du lieu.
Jusqu’à croiser ton regard, de vaurien qui ne va pas assez vite.
.elle


    Soleil printanier, presque estival, avait vu la rose éclore au petit matin pour une balade au jardin de l'Aphrodite, pas le grand, commun aux trois établissements, non, le plus intimiste, où seul le personnel du lupanar avait accès, pas de tenue lourde, pas de brocard, la robe se veut soignée, le corsage gainé et le tombé de jupon fluide, mais d'une légèreté confondante, étoffe soyeuse au reflet mordoré sur le carmin qu'elle affectionne tant.
    Brise légère caressant la nuque dégagée, la main gracile coupe la tige d'une rose pour la glisser au creux du chignon de ses boucles chatoyantes, le calme d'un moment de solitude dans un des rares écrins de nature de la vie de la cour Jussienne, instant de calme où "Elle" se ressource et s'apaise avant de rejoindre le tumulte du luxe et du vice.

    Porte entrouverte pour reprendre pied à l'intérieur, le pas se fige en percevant Bertrand e discussion avec une des servantes, sans entendre la teneur de la discussion. Plusieurs fois, ça avait gloussé en cuisine à son passage, Dacien semblant revenir étrangement dans les discussions des petites mains avec un "vous en pensez quoi vous ?", en quoi cela pouvait bien les intéresser ce que la florale en pensait au fond.
    Toute à ses interrogations, la voie d'un homme, inconnue, à la tonalité puissante, retentit en réponse à Bertrand, tout à fait audible cette fois, et pour le moins... laconique, l'économie de mots semblant de mise pour le visiteur.

    Délicatement, la sylphide passa la porte, comme une fleur c'était peu de le dire, dirigeant son regard sur l'étranger, comprenant possiblement le peu de paroles, et vu la stature, le côté expéditif de la requête, alors que l'épineuse glissa son pas vers l'entrée pour les rejoindre, prenant temps d'observer de loin la masse musculeuse qui barrait la porte.
    Attention fût portée au parchemin dans la main du dénommé Osmann demandant après Etienne, rendue à leur hauteur une inclinaison de tête respectueuse fût adressée au métissé avant d'offrir un fin sourire à Bertrand.
      Merci Bertrand, je vais prendre la relève pour accueillir messire Osmann.

    Geste gracile de la main vers la montagne d'ailleurs, étirement de lippes accueillant l'invitant à s'introduire plus avant dans le salon, camouflant que sa carrure dantesque avait de quoi impressionner, elle comprise, toute galante qu'elle soit devant un homme.
      Bienvenue à l'Aphrodite, messire Osmann, je me nomme Elle.
      Etienne n'est pas disponible pour l'instant, peut-être puis-je répondre à votre demande, travaillant étroitement avec lui.
      Quel est le but de votre visite ?

    Client, galant ou... licencieux ?
    Aucune certitude avec les récents changements, mais le recevoir comme tout visiteur de l'endroit était en droit de l'attendre, et le laisser avancer pour rejoindre le cœur du salon, si tel était son bon vouloir.

_________________

Merci JDMonty
Osmann
Je pourrais profiter de ton ignorance pour me payer les services d’une demoiselle à la cuisse légère. Me vautrer dans un des salons et demander à ce que l’on me serve, avec le sourire, le plus cher de tout ce qui se boit. Je pourrais me contenter de parler, un peu plus fort, et d’insister pour que cet Etienne fasse son apparition. Casser un verre peut être deux, pour asseoir ma supériorité physique.
Je pourrais peut être tout simplement te suivre, sans un mot, jusqu’à ce que sous une alcôve et d’une main puissante je fasse rougir la naissance de ton cou. Alors seulement je glisserai une main sous le drapé de ta jupe pour en savourer la légèreté. La même que celle dont tu fais preuve, alors que tu sembles danser dans la pièce.

Elle, tu seras la deuxième personne sur ma liste. Elle, Toi, semblant virevolter au dessus du sol. Toi laissant dans ton sillage le plus doux des parfums. Toi, fleur parmi les femmes. Elle, qui a force de vibrionner dans cet univers en as oublié jusqu’à ton prénom. Elle, qui me targue d’un messire doucereux quand depuis des mois je ne suis qu’un « Toi là ».

Mon regard semble apprivoiser doucement la faible luminosité et s’approprie les lieux. Car même si rien n’est à mon image, c’est ici que je vais vivre les prochains mois. A mille lieues de ce qui m’entouraient jusqu’alors. Tu dois bien le voir, Toi, que je ne suis pas à ma place. Que mes mains n’osent toucher le moindre tissu de ce fauteuil, que mon regard abrupt par moment ne s’enhardi pas assez pour croiser le tien. Mais mon vocabulaire n’est pas aussi riche que le tien, même s’il est plus fourni que ce que je peux laisser croire.
Pour la bienséance il faudra repasser, quand ma main se pose fermement sur l’arrondi de ton épaule. Le geste est assuré, mais mesuré lorsqu’il t’encourage à me faire face. Alors mes lèvres semblent dépeindre un sourire quand le vélin s’encastre dans ta main.


Je suis là pour ça.

Et les soupirs retenus de ceux qui nous entourent se dérident peu à peu quand je relâche mon étreinte.



"A vous Osmann
De moi, Etienne de Ligny,

Votre liberté a été rachetée à votre Dame, la Baronne Mildred Des Arceaux, qui se plaignait que vous refusiez ses avances. Ce que je peux aisément comprendre.
Elle m'a parlé de votre physique, de vos charmes mais surtout de ce temps qui ne vous rend plus apte à rester un homme de main.
Néanmoins, je gage que vous serez utile à mon lupanar. Vous serrez nourris, logis, blanchit et plus encore, serrez payé à vous imposer entre les cuisses d'une clientèle aisée, que vous n'auriez jamais pu vous offrir au cours de votre vie.
Plus vous serez désirable, bon amant, bon courtisan et plus vous serez en mesure de rembourser votre dette. Votre liberté dépendra de la qualité de vos coups de reins. Evitez néanmoins, de les briser... Ce sont des créatures qui peuvent apprécier d'être malmenées, mais sous votre carrure, il serait dommage qu'elles se brisent..

Etienne de Ligny




Tu serais une belle courtisane de client riche.

Note comme j’ai du tact, Elle.
.elle


    Brindille face à un arbre, la sylphide ne peut que constater le malaise du mastodonte dans ce cadre, discrétion se faisant à observer le moindre de ses gestes, cette façon de s'arranger pour ne jamais croiser la chlorophylle de ses yeux, sans pouvoir définir s'il s'agit d'une retenue volontaire, d'un apprentissage ou d'une gêne vis à vis de la gente féminine.
    Il est parfois des révélations surprenantes lorsqu'on s'accorde à vouloir se fier aux apparences, même si imaginer la puissance et toute la virilité de cet homme, à la fragrance mâle, avec un grand "M", intimidé par une femme lui semblait absolument grotesque, mais qui pouvait savoir.

    La main se posant sur l'épaule tendait à démontrer que le raisonnement floral était correct, mais sur l'instant, se dire qu'elle avait raison, était bien la dernière de ses pensées alors que l'envergure, lui paraissant gigantesque, s'étalait sur son épaule gracile, l'ébène des phalanges du métissé contrastant avec l'albâtre du derme de la rose.
    Dire que le cœur de la galante avait loupé quelques battements n'aurait surpris personne, encore moins Bertrand qu'elle avait perçu se raidir à peine le geste porté, mais comment, avec un tant soit peu de jugeotte ne pas réagir autrement, la main se leva en direction du portier pour qu'il ne bouge pas sentant le parchemin être glissé avec fermeté entre ses digitales dans l'esquisse d'un sourire.
      Merci...

    Et cœur de repartir pleinement quand la situation se fait plus souple, avant même que cette immense paluche ne quitte l'épiderme de la rose, le portier reprenant posture plus détendue, l'imaginant tout de même sur le qui-vive.
    Sans attendre la missive se voit parcourue, regard félin découvrant la condition d'Osmann dans les lettrines d'Etienne, et de sentir sa gorge se tendre à ce terme de "liberté" rachetée, verts se relevant sur lui en roulant le parchemin pour le lui rendre avec délicatesse, lui offrant un sourire franc.

    Sur le fond, en quoi était-elle différente de lui ? La considération qu'on lui portait sans doute, parce qu'elle était d'ici et n'avait pas été traité comme un animal à cause de sa couleur de peau.
    Mais au final, même si ce n'était pas sa liberté nommée en tant que telle, la dette rachetée à Julot, bien que remboursée en quasi-totalité, n'avait rien de bien différent avec la chaîne d'Osmann, alors sa remarque l'amusa sans doute encore plus, tant par la franchise que par le naturel dans la façon de le dire.

    Alors avec la même tonalité, Elle lui répondrait sans détour, nul intérêt de mentir, ou de cacher ce qui était, il l'apprendrait de toute façon suffisamment tôt.
      Je le suis aussi Osmann...
      Suivez-moi nous allons aller signer votre contrat vu qu'il semble que ce soit déjà entendu avec Etienne, ce n'est... qu'une formalité.

    Sans trop lui laisser le choix, quoi qu'il suivrait ou pas à dire vrai, la direction de l'escalier menant aux étages et à son bureau fût prise, pas flottant d'une marche à l'autre en laissant senestre glisser sur la main courante, vérifiant que le nouveau galant lui avait emboité le pas avant de tirer le rideau pour entrer dans les coulisses de l'Aphrodite.

    Bureau rejoint, la porte s'ouvre, Elle se posant une question de manière fugace lui tirant un sourire discret : sera-t-elle assez large pour qu'il puisse la passer ?
      Entrez et fermez derrière vous s'il vous plait.

    Fauteuil rejoint après avoir récupéré sur les étagères un parchemin déjà rédigé, ne laissant qu'espaces vides à compléter, robe lissée sous ses cuisses avant de s'assoir, sans Lui, son acolyte, étrange sensation, mais n'était-ce point aussi l'avantage que d'avoir deux gérants et de pouvoir mener de front deux fois plus de travail ?
    Etirement léger des pétales labiaux, une main indique siège à son visiteur, félinité d'un regard se posant sur la stature et le visage du métissé.
      Asseyez-vous Osmann je vous prie.


_________________

Merci JDMonty
Osmann
Une formalité. Ma détention, mon avenir, ma liberté, tout cela n’était qu’une formalité aux yeux de la Belle. A quel moment avais-je tout perdu au point qu’un simple bout de papier ne signe ma condition ? Tout comme je ne me souviens pas avoir perdu mon nom, je suis incapable de dire quand je me suis de nouveau dénommé Osmann. Incapable aussi, de dire pourquoi mon prénom, sortant de ses lèvres, n’a plus le même sens.
J’en étais là de mes questions, que j’aurais qualifiées de turpitudes, de conneries, avant qu’on fasse de moi un esclave. Ne devrais-je pas me battre dès maintenant pour gagner ma liberté ? Ne devrais je pas simplement brûler cette missive, et peut être tout l’établissement, pour effacer définitivement ces chaines invisibles qui entravent mes pas ?

J’avais suivi ses pas, emboités les miens aux siens, de façon quasi automatique, j’avais laissé en bas mes pensées funestes pour n’emporter qu’avec moi l’espoir que bientôt j’aurais la liberté tant attendue. J’avais figé mes yeux sur sa main, qui, glissant sur la main courante semblait la caresser. Elle avait dans son allure, un je ne sais quoi d’apaisant. Quelque chose qui détonnait franchement avec ce qui émanait probablement de moi. Il me semblait être lourd, massif, en suivant son corps si frêle mais ô combien sûr de Lui. Chaque marche était franchie sans un mot mais je buvais encore les siens et je comprenais, lentement, qu’elle n’était pas uniquement la tenancière des lieux, mais qu’elle aussi, avait signé une « formalité », faisant d’elle une courtisane. Je me prenais même à me demander quelles dettes, Elle, devait rembourser.

Le rideau fût tiré, et la porte passée, non sans avoir baissé la tête. J’avais fermé la porte, comme elle l’avait demandé. Ces derniers mois ont eu de cesse de me voir devenir un brave soldat, obéissant, mais j’avoue avoir souri lorsque d’une talonnade elle avait claqué.


Vous êtes la catin d’Etienne ?

Nulle condescendance, nulle insinuation. Juste une curiosité, probablement outrageante qu’il ne pourra lire sur son visage comme elle lui tourne le dos, affairée à récupérer les papiers qui dirigeront les prochaines années de sa vie. Ses yeux, Osmann n’a pas besoin de les voir, tant le Vert est encore en mémoire. Ce vert, que l’on ne voit qu’ici, quand les filles de son pays n’arborent qu’un dégradé de bois, de différentes natures. Ce marron tirant parfois vers l’or. Ce vert. Ce Vert qu’elle lui a offert en un sourire alors qu’elle lui rendait ce parchemin qu’il est incapable de déchiffrer.
Elle avait semblé gênée à sa lecture, probablement ne saurait-il jamais pourquoi, lui qui n’a jamais vraiment appris à lire, et encore moins à écrire. Elle avait de nouveau sourit, d’un éclat félin, un sourire de douceur dont l’éclat ne mérite pas de ternir.
J’avais pris le temps de lorgner le fauteuil dans lequel, quelques instants plus tard, j’avais posé mes fesses. Mes mâchoires semblaient tendues de l’aveu que j’hésite encore à formuler, vestige d’une fierté que je dois encore ravaler.


Il faut lire. Je vous prie.

Allons, Elle, tu as le savoir que je n’ai pas, et je ne compte pas prendre perpet’.
.elle


    Nature et sans fausseté, certains auraient surement dit "bourru" ou "insolent", et pourtant la rose ne percevait aucune malice chez le métissé, peut-être à tort mais plutôt une franchie à toute épreuve dans une masse impressionnante de muscle qui l'avait déjà fait sursauter pas la subtilité de la fermeture de porte.
    La catin d'Etienne... Un léger sourire avait orné les pétales labiaux de la rose, la réponse étant double en quelque sorte, oui... et non... qui ici ne l'était pas vu qu'il était le proprio et directeur de l'Aphro mais en terme physique, non la florale pouvait affirmer ne pas être un trophée au tableau de chasse du Ligny à cet instant.
      Nous le sommes tous, il possède ce lieu.... Mais... Non Osmann je ne suis pas sa "catin".

    Confortablement installée, les iris herbacées se posèrent sur le géant à la peau colorée, songeant l'espace d'un instant que ce fauteuil était... étriqué pour un tel homme, et si la question aurait pu lui sembler déplacée, il n'en fût rien, en revanche, sensible à cela, elle avait noté le passage du "tu" au "vous", conscient ou non pour la florale ce détail prenait une dimension certaine.
    Parchemin du contrat déposé sur le bureau, le regard félin ne parvenait pas à se détacher du galant en devenir, remarquant cette tension musculaire, une de plus sur un corps qui n'en manquait pas, et lentement le regard vert se plisse et s'effile, se posant dans la profondeur de celui du mastodonte, Elle aurait pu s'en douter seule, autre monde, autre terre surement, liberté entravée...
      Bien sur, oui, arrêtez moi si besoin.

    Et sans plus de chichis le contrat glissa entre les fines phalanges pour que la voix de la rose, se pose calmement sur les mots.
      Contrat d’embauche
      Passé entre Elle, Gérante de l’Aphrodite
      Et le sieur Osmann,

      A compter du mois de juin 1467, Sieur Osmann est embauché au service de l’Aphrodite en qualité de galant.
      Les montants des prestations sont fixés par le galant lui-même et se doivent de refléter une certaine qualité des services offerts.
      Chaque solde perçue pour ses prestations le sera à son compte propre et personnel, une ponction y sera appliquée pour....

    Marquant une pause dans sa lecture, Elle releva le regard sur le métissé, léger sourire lui étant adressé.
      J'aurais besoin de votre missive pour compléter votre contrat.

    Savait-il seulement ce que contenait le vélin qu'il lui avait confié plus tôt ? Quelqu'un avait-il pris le temps comme elle maintenant de lui lire la lettre d'Etienne ? Elle ne lui ferait pas l'affront de le lui demander, assurément non mais...
    La rose revêtait bien des aspects sous ses pétales, certains connus, d'autres moins quand les plus secrets n'avaient été effleurés par personne, jamais...même pas Lui.
    Mais s'il en était un que beaucoup connaissait ici c'était sa bienveillance, et la chaine qui attachait Osman à l'Aphrodite autant que la rose avait la sienne le mettait dans cette aura qui, pour beaucoup, à tort ou à raison, caractérisait l'épineuse, alors main tendue, Elle attendit de recevoir le courrier pour oeuvrer.
      Je vous prie.


_________________

Merci JDMonty
Osmann
Elle n’était pas « sa » catin, mais en était une tout de même. Ce n’est pas l’image que la Baronne m’avait dépeint de ces femmes à la cuisse aussi légère que les mœurs. J’ai souvent, sur la route menant à l’Aphrodite, imaginé ces femmes trop dévergondées, trop bruyantes, trop dénudées. Ces femmes aux mamelles si pesantes qu’elles pourraient nourrir toute une portée, en sachant qu’aucun homme ne voudrait qu’elles ne soient mères de leur semence. J’avais un certain dédain, pour ces filles pleines de manières, les filles faciles, dociles, qui marchandent leur corps pour un peu d’or.
J’avais du dédain, que je sens sous condition, maintenant qu’Elle est face à moi. Elle avait le regard assuré de celles qui ne sont pas que des catins. Et sa place, de l’autre côté du bureau finissait de me convaincre.

Puis vint le contrat, et assurément non, personne n’avait pris la peine de m’expliquer ce que contenait le fichu pli que je trimbalais depuis des jours maintenant. La Baronne m’avait, à demi mot, expliqué ce qu’était un bordel. Bien sûr elle avait tenté de noyer le poisson, n’entrant pas dans les considérations de ce que j’aurais qualifié, moi, de primordiales.
J’allais coucher des femmes contre de l’argent, et il était possible que je n’en tire aucun plaisir sinon celui de gagner, à l’aube de chaque coït, un pan de liberté. Comprenez bien que ces pratiques, chez moi, n’existent pas. Que les femmes ont le droit d’être honoré par leur époux, et seulement Lui, quand les hommes, eux, tout puissants, ne font passer que leur plaisir en premier lieu.
La douceur, et la tendresse dont me parlait tant la baronne, est un concept qui m’était totalement abstrait, et je dois avouer encore aujourd’hui que je n’ai jamais vraiment compris ces attraits.

Il est encore trop tôt, pour formuler ce que je ressens à l’idée de devenir l’objet d’une femme, quand bien même celle de vider mes bourses à l’orée de femmes chaque jour différentes pourrait me séduire.
Alors, après avoir glissé un regard insistant sur les fines phalanges qui ourlent le vélin, j’écoute la voix de la Rose. Il me semble entendre une sentence, d’être celui qui, sur l’échafaud, porte le capuchon du condamné. J’écoute, et j’entends des mots dont la signification me parait différente de ce qu’il en est vraiment. Un galant. Un galant et mes mains se serrent au tissu du fauteuil. Des prestations. Une… qualité de service offert. Si j’avais recouvré mon nom je perdais mon identité.
Je reste de marbre, les grands yeux noirs figés sur les frêles phalanges dont j’imagine que la douceur. Cela apaise les mots que sa bouche abandonne.

Machinalement le bras se détend, et les phalanges encore blanchies portent à l’intention de la Fleur la missive, sans véritable intention de la lui laisser. Le temps pour les ébènes de scruter les herbacées. Jusqu’à ce la voix rauque n’échappe dans un grondement maitrisé


Appliqué pour ?

Allons Elle, formules à voix haute ce que je redoute.
.elle


    Elle avait vu, Elle avait surtout ressenti dans le silence de sa respiration toute l'appréhension du métissé lorsque les mots s'égrainaient sur la douceur de sa voix et la blancheur résiduelle sur les phalanges ébènes qui retenaient le vélin ne faisaient que confirmer son sentiment.
    L'intensité de l'obsidienne rencontrant l'émeraude, la rose plongea dans les tréfonds d'un autre monde où la place de cet homme se devait être celle d'un dominant et non pas de cette soumission à laquelle il avait été contraint, cage qu'il n'avait eu d'autre choix que d'accepter et de subir.
    Inspiration profonde et les herbacées fouillèrent de droite à gauche les terreuses à sa question, à la formulation de ce dont elle se doutait, personne ne lui avait expliqué le contenu de cette lettre, mâchoire de la rose se crispant un court instant au rythme d'une nuque raidie.
      Pour...

    Pause est marquée et la sylphide se lève pour contourner le bureau, lissant l'étoffe légère sous ses cuisses avant de s'assoir dans le fauteuil voisin de celui du coloré, une main douce se déposant sur le gigantisme de la paluche renfermant la lettre.
      Pour... honorer ce que contient cette lettre qui vous a mené ici, et...
      Dont personne ne semble avoir jugé opportun de vous informer du contenu n'est-ce pas ?

    Nulle pitié dans le regard porté vers lui, juste un profond dégoût pour l'abject de ce mépris dont on a fait preuve envers lui, alors lentement et avec une délicatesse infinie, la seconde main extirpe le courrier des phalanges l'enserrant, sans quitter d'une once l'ébène de son regard jusqu'au moment de le dérouler pour lui en faire la lecture intégrale, sans qu'il n'ait à le demander.
      A vous Osmann
      De moi, Etienne de Ligny,

      Votre liberté a été rachetée à votre Dame, la Baronne Mildred Des Arceaux,
      (...)
      Néanmoins, je gage que vous serez utile à mon lupanar. Vous serrez nourris, logis, blanchit et plus encore, serrez payé à vous imposer entre les cuisses d'une clientèle aisée,
      (...)
      Votre liberté dépendra de la qualité de vos coups de reins. (...)

      Etienne de Ligny

    Lecture terminée, main déposée sur la sienne, ayant pu sentir les réactions sous sa paume, se retire pour se déposer calmement sur le soyeux du tissu léger de sa robe à sa cuisse, et la rose se fait silence, reportant la chlorophylle féline sur le charbon intense, laissant un temps à ce que le métissé intègre et accepte, ou non.
      Pour honorer une dette et obtenir votre... liberté.

    Devoir obtenir sa liberté... oui la phrase était absurde et pourtant la réalité de la situation était bien là, un être, un humain "racheté" à un autre comme un objet, mais à bien y réfléchir, quand Lucas avait racheté sa dette à Julot au nom de l'Aphrodite, y avait-il une si grande différence au final ?
    Juste dans le terme, si pour Osmann le rachat concernait sa liberté, pour Elle, le rachat s'appelait dette mais au fond... la chaine était la même.

_________________

Merci JDMonty
Osmann
Il y avait dans sa voix la délicatesse de celles qui savent le poids des mots. Elle semblait méthodique, et consciencieusement, j’en étais certain, elle m’expliquerait tout ce que je ne comprendrais pas.
La barrière de la langue n’est pas la seule. Les us et coutumes sont bien différentes ici, de chez moi. Et je me surprends même à serrer les mâchoires lorsqu’elle se lève pour venir se poser non loin. Et à gronder, le regard noir posé sur Elle lorsqu’elle ose porter sa main à la mienne, jusqu’à taire ce grognement à l’arrivée de la seconde.

Il faut lutter, alors, pour ne pas envoyer la main en travers de ce joli minois. Pour ne pas exploser, alors qu’elle énonce clairement le contenu de la missive. Les mains pressent l’accoudoir et toujours les mâchoires se serrent, jusqu’à porter à ses lèvres une sorte de vibration qu’il ne contrôle pas.
A la fin du courrier seulement, il notera que la main féminine, doigts fins et harmonieux, repose encore sur la sienne. Alors il prend la mesure de ce qu’elle a pu sentir et instantanément se détend. Le regard se pose alors sur le soyeux du tissu de sa robe. Il semble léger, comme Elle.
Peut être sa rage se serait elle éteinte si la Fleur s’était arrêtée là. Mais elle reprend, crachant la part belle d’Etienne, et signant sa fin.

La fin de la phrase tombe tel un couperet. Il doit honorer une dette et obtenir sa liberté. Il ne retient pas alors, la salive qui s’amoncèle dans sa bouche et qu’il envoie gésir plus loin, après s’être raclé la gorge. La colère n’est pas dirigée contre la Fleur, pourtant alors que la situation semblait contrôlée, le métissé se lève et envoie valser sa chaise.


Je n’ai PAS de DETTE !

Osmann n’est pas de ceux qui, doucereux, oublient ce qu’ils sont. Il n’est pas clément, modéré. Et même s’il est bon, au fond, il reste de par le sang qui coule dans ses veines, impérieux. Alors, une fois la chaise au sol… Les mains sont posées sur l’accoudoir de la Galante, alors qu’il se penche un peu en avant, pour l’emprisonner, malgré Lui. Les bras sont contractés, et les traits du visage sévères. La voix est grave et l’intonation empirique.

Osmann n’a pas de dette. Jamais. Et je serai LIBRE. TOUJOURS.

Elle est abandonnée, et son bureau saccagé. Plus rien ne subsiste. Et sûrement pas l’encrier qui s’abime sur le sol en noyant les reliefs du bois. Un simple revers de main pour que trépasse papiers, souvenirs, plumes et autres conneries que les gens de cette espèce accumulent pour prouver je ne sais quoi. Comme s’il était vital d’en avoir plus, toujours plus. Plus que le voisin, plus que ses amis, plus que… Et une fois que les objets ne suffisent plus, voilà qu’ils amassent des humains. La colère. C’est la colère qui l’envahi, l’amertume et une profonde tristesse. C’est la confiance envers ses semblables qui s’envole, et le fossé entre « eux » et « nous », qui se creuse un peu plus.
A la galère où il faut ramer, voilà celle où il suffit de faire jouir les femmes. Jouir, et encore.
C’est tout ce marasme, que j’aurais voulu formuler à la Galante. Avec des mots, ou à défaut en froissant le tissu de sa robe que j’aurais remonté sur sa cuisse, pour lui montrer que j’en étais capable, et commencer à payer ma dette, avec Elle.
Mais il n’est pas question de l’abimer. Et encore moins d’agir sous la colère.

Alors lorsqu’elle reprendra sa respiration, il apaisera la sienne et calquera leurs souffles. Il ramassera le vélin qu’Elle a noirci plus tôt. Trempera la point de la plume dans la flaque d’encre.
Et signera.
Sans la regarder il formulera


Bientôt, tu diras ta dette.

Le contrat signé sera laissé sur le bureau, où il trônera, fièrement, comme seul hôte sur l’office. Il fera demi tour et lui fera face, sans la toucher, pour ne pas ajouter à la stupéfaction causée, et rejoindra la porte.

Tu dois montrer ma chambre.
.elle


    Craindre une réaction, violente ça allait de soi, même si l'apaisement passait aussi par le risque d'outrepasser les barrières qu'il semblait avoir au moins baissées un peu, la rose s'étant rassurée après avoir entendu grognement amoindri et avoir senti les doigts du métissé se détendre... un peu.
    Les choses semblent être moins apocalyptiques qu'Elle ne l'aurait supposé à la fin de la lecture, même plutôt calme, jusqu'au mot de trop, jusqu'à l'envolée d'un crachas s'écrasant au sol, sous le regard surpris d'une fleur hébétée, ne comprenant rien jusqu'à ce que le mastodonte à la peau dorée ne se déroule de toute sa stature, chaise projetée et prison de muscles se formant face à elle, argumentant la raison de son ire.

    Devrait-elle donc essuyer la colère personnellement ? Sur l'instant s'enfonçant au fond du moelleux du fauteuil, émeraudes rivées aux ambrés ne cèdent pas un pouce de terrain, les traits fins probablement marqués de la crainte de ce qui pourrait se produire, sans lui offrir la jouissance d'un cri ou d'une supplique.
    Et d'entendre... le chuchoté, soufflé et le crié, légère tension de la mâchoire animant fugacement la tempe florale avant qu'il ne se détourne, tornade de muscles métissée s'abattant sur l'endroit, envoyant voler tout ce qui siège sur le bureau alors que la rose ne bouge pas... abasourdie et comprenant aussi la réaction bien que disproportionnée à son sens.
    Alors attendre, immobile, que l'orage passe sans en essuyer un dommage collatéral, sans qu'une foudre perdue ne s'égare sur sa personne, parce qu'il lui semblait d'une évidence magistrale que là... il ne serait pas question de quelques contusions mais plutôt d'os brisés si l'ouragan Osmann venait à lui arracher quelques pétales dans sa folie vengeresse.

    Et puis le mauvais temps s'apaise et le calme revient, relatif, à moins que ce ne soit l'œil du cyclone, la florale l'ignore mais détaille chaque geste, perplexe à le voir ramasser le contrat qu'elle n'a pas achevé de remplir, des points particuliers et de le voir... contre toute attente... signer, les iris herbacées s'animant étrangement d'incompréhension au lieu d'afficher un soulagement certain.
    Pourquoi après un tel soulèvement, il portait paraphe à ce document qui scellait sa dette à l'Aphrodite et comment il s'en dédierait auprès du Ligny.
    La sève de la rose se figea une seconde, peut-être bien plus en l'entendant, plissant le regard félin plus encore, "lui dire sa...", par quel prodige pouvait-il diantre avoir connaissance de ça... ou la compréhension dont elle avait fait montre était-elle si parlante ?
    A moins qu'il n'envisage pas la condition de courtisane autrement que forcée par une dette.
    Toujours était-il que cette affirmation lui laissa une sensation étrange en bouche, un je-ne-sais quoi de se voir "découverte" comme fautive d'avoir été piégé, même si ça elle ne l'avait appris que plus tard, au cœur d'un moment charnel avec Lucas, que son arrivée ici n'était nul fruit d'une coïncidence mais bel et bien d'une connivence.

    Pour l'heure le géant coloré se détournait du document signé, et les verts le suivirent, corps pivotant dans le mouvement, il y avait chez lui autre chose que cette notion de "bête sauvage" qu'on lui accrochait surement à la peau en un regard.
    Bien qu'elle eût tout loisirs d'être en accord avec cette analyse sur l'heure, vu ce qui venait de se produire dans ce bureau.

    Lentement la silhouette se désolidarisa du fauteuil, prenant le temps de relever celui qui gisait au sol en inspirant enfin à plein poumons, le geste se faisant délicat en total contraste avec la brutalité qui avait précédé, reprendre possession et observer autour d'elle, regard passant sur le contrat puis le "nouveau galant" formulant la prochaine étape.
      Certes...
      Dans un instant...

    La plume qu'il avait utilisé fut attrapée et l'échine courbée, sans s'assoir, position singulière, manquant de cohésion avec la rose, mais elle ne partirait pas sur un travail inachevé, et le contrat fut donc complété, paraphé et se dirigeant vers les étagères épargnées en le secouant pour sécher l'encre, archivé.
    Osmann faisait parti des murs on ne peut plus officiellement et lissant l'étoffe légère de sa robe en se dirigeant vers lui, les émeraudes se figèrent un instant dans son regard, avant de passer devant lui et d'ouvrir la porte pour en sortir.
      Suivez-moi

    Pivotant à droite avant de s'engouffrer sur le couloir de gauche, le pas glissa jusqu'au salon privé des galants et galantes sans un mot, attrapant une employée œuvrant au nettoyage des étuves courtisanes pour lui dire d'aller ranger sans attendre le bureau des gérants, sans attendre et sans question.
    Rendu à sa propre chambre, la rose fit volte-face pour tourner la poignée de celle trônant en face, y entrant, sans s'insinuer au cœur de la pièce, l'invitant d'un signe de la main.
    Et quand il aurait franchi le seuil pour découvrir sa chambre, une porte se refermerait derrière lui, une rose l'observant avec un aplomb certain.
      Vous voilà chez vous...
      Nous devons discuter Osmann...
      De votre vie ici, de comment ça fonctionne, répondre à vos questions et...
      De ce qui vient de se passer... aussi...

    Oui il le fallait, et la douceur restait présente, parce que oui aplomb, mais pas suicidaire, si elle devait s'entretenir de tout ça avec lui, elle ne comptait pas non plus relancer l'ouragan Osmann et le prendre de front et hautaine ne serait pas la bonne option, assurément.

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Merci JDMonty
Osmann
Elle n’était visiblement pas de celles qui se soumettaient. Et je ne pouvais faire autrement que de lui vouer une certaine admiration. Quand mes yeux sombrent ne suffisaient pas à baisser les leurs, il ne suffisait que d’un mot plus qu’un autre pour y arriver.
Je n’ai jamais aimé soumettre, et c’est une certaine force de caractère que de tenir cette ligne de conduite.

Elle.

J’aurais pu avoir le dessus. Ma main se serait serrée autour de son cou il aurait probablement fallu moins d’une minute avant qu’elle ne rende les armes. Mais elle n’avait pas cillé. Elle était restée là, maîtresse en sa demeure. Fière bergère trônant sur son fauteuil. Elle avait cette dignité dans le regard qui effaçait jusqu’à sa condition. Sa condition, la même que la mienne au final.
Elle forçait le respect et elle ne se doutait pas à un seul instant comme son calme apparent avait aidé à apaiser ma colère.

La vie est un combat. Un put’ain de combat que je menais seul. Pas contre Elle. Pas contre Etienne. Pas contre les nobles. Simplement contre moi-même. Et je savais, avant même de le lire dans ses yeux, qu’Elle n’était pas mon ennemi.
En Elle sommeillait une alliée, c’est ce que j’avais vu alors qu’elle rangeait ce fichu contrat au milieu des autres.

Et si pour Elle j’avais un minimum de sympathie, je n’avais eu aucun remord lorsqu’elle avait intimé l’ordre à une pauvresse d’aller ranger le bureau des gérants. Il y avait donc des sous merd’ pour ramasser les ordures des merd’ dont je faisais parti maintenant. Et ça avait quelque chose de presque rassurant.

J’avais suivi la fée dansante avec une démarche assurée. Puisque ma vie était ici maintenant, pour les quelques mois à venir au minimum, je devais m’imprégner des lieus, et tenter de retrouver mon chemin dans ce dédale de couloirs.
Je me fichais de savoir à quoi ressemblait ma chambre, il pourrait y avoir des tentures, des fleurs ou n’importe quelle frivolité que jamais cet endroit serait chez moi. Et son « vous voilà chez vous » n’avait fait que ranimer ma colère.
Et la douceur dans sa voix n’y changerait rien, le sang déjà battait à mes temps alors que mon doigt, à nouveau, se posait non loin de son visage. Il n’y a nul besoin d’être en cage pour se sentir emprisonné. Nul besoin d’un dompteur pour se sentir piégé. Nul besoin de fils pour être un pantin. J’étais le fruit de l’Amour d’un chef guerrier et de sa seconde femme. J’étais Osmann le Fort. J’étais un chasseur émérite, un homme qui ne reculait devant rien.
Et je devenais rien.


Attends.

Une supplication. Grondée, mais une supplication. Pourrais tu seulement comprendre, Galante, que j’ai besoin de temps pour sinon apprécier au moins accepter ma condition ?
Les ambrés avaient balayés la pièce, jusqu’à ce que chacun des objets, des couleurs et des odeurs deviennent presque familières. Peine perdue, pour le moment. Le temps, le temps est la clé de tout.
Puis le corps s’était posé sur la couche, le dos courbé et les mains jointes, regard posé sur le parquet. Bientôt chaque latte serait son univers. Bientôt chaque poutre, chaque drap sera imprégné de son odeur, la sienne. Et il avait hâte, d’avoir ce sentiment d’appartenance.


Ici.
Ma maison ou mon travail ? Femmes venir ici ?


Visiblement il évoluait sur un fil.
Elle, Elle, montre nous tes talents de médiateur.
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