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[RP] Cul nu et tout bronzé

Savian
    L'Animal avait décidé de passer du temps au bord du lac Alençonnais. On peut voir que la haute stature se déplace chargée. À ses bras, un chevalet, une toile, un tabouret et une sacoche remplie de matériel divers et varié. On y trouva notamment des pinceaux, des pigments, une bonne bouteille piquée dans les caves d'Echauffour, bref, tout ce qu'il fallait pour passer un bon moment de détente. Il trouva un coin éloigné des pêcheurs et une fois le bordel installé et aux vues de la chaleur, la Bête retire ses vêtements et sans attendre, le voilà qui plonge dans l'eau pas si froide, mais un peu, du lac. Le Colosse après quelques brasses sort la tête de l'eau. Il la secoue, quelques gouttes volent puis se noient à leur tour. Le chien est mouillé. Il savoure ce que l'Alençon lui donne. Bien heureusement, chacun est occupé à ses affaires. Il ne se fera pas dérangé. Sauf si... Sauf si quelqu'un s'égare dans les recoins ou qu'un pli a trouvé son maître.

    La gueule regarde le ciel. Qu'il fait bon d'être chez soi.

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Don.
Le pli a trouvé son maître. Ce dernier n'a d'ailleurs pas perdu de temps avant d'oser se rendre au lieu du rendez-vous soufflé. La chaleur des jours derniers imposait à l'invitée, une tenue estivale. C'est d'une robe simple qu'elle s'accoutrera et dont l'encolure carrée viendra renforcer le secret bafoué d'un pesant perdu sur sa silhouette désormais frêle. Dôn est aujourd'hui plus mince qu'elle ne l'aurait voulu, il fallait à présent oublier ses jolies formes, tétines et hanches folles ayant laissé place à la brisure vécue et visible. Si la teinte de sa vêture est bien plus immaculée que ne le sont ses pensées à l'approche du baigneur, il reste à la Kerdraon assez de retenue pour ne pas sauter directement à l'eau et s'y noyer à rire déployé auprès d'un Lui, bien moins habillé.

Arrivée et presque mitoyenne au lac qu'elle caresse du bout des pieds qui furent rapidement déchaussés, d'une voix elle offre le premier mot d'une conversation qu'elle espère aussi longue que leur première.


Vous êtes beau, Savian. Autant qu'au jour lointain, autant que dans les souvenirs que j'avais de nos échanges charmants.


Et là ? N'est-ce pas jolie façon de commencer ? Où est cette gamine timide des temps passés ?
Poursuivons.


Nous avions eu la chance de faire se croiser à nouveau nos pupilles, ici même en Alençon. Que ce fut bref, que ce fut court ! J'accepte alors votre invitation et désire rattraper les années que nous avons passé à ne rien échanger. Ni mots, ni regards, ni rires.

D'une œillade elle rattrape déjà ce retard là. D'un sourire elle entame ce qui viendra, il reste un mot de lui pour lui redonner goût à la suite.

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Savian
    Tandis que la Bête profite de l'eau fraîche, de l'agitation attire son regard. Et quelle belle agitation. Pour le coup, il pensait qu'il aurait eu le temps de profiter de la fraîcheur de l'eau avant l'arrivée de Dôn. Mais non. Encore une fois, il a faux. Dès qu'il la voit, un sourire se niche sur ses lèvres. Non, pas le sourire qu'on contrôle. Pas celui qu'on fait pour faire plaisir. Non, le vrai. Celui qui vous tire les commissures des lèvres vers le haut. Et ça, ça faisait longtemps. Alors que ses prunelles détaillent les contours de Dôn, cette dernière lui semble un peu moins en chair que dans ses souvenirs. Mais peu lui importe. Elle est là.

    Il nage vers la rive. Mais pas trop. Les épaules sont hors de l'eau. Et là. Bim. Dans ton coeur Savian.
    "Vous êtes beau, Savian." A-t-elle soufflé en guise de bonjour. L'Animal est plutôt bel homme. Du moins, il le pensait. Mais cela devait faire plusieurs années déjà qu'il n'avait pas entendu pareil compliment. Savian est juste. Il est brave. Il est râleur mais il est bon. On lui dit, ça oui. Mais qu'il est beau ? Jamais.

    Là, il veut. Tout. Elle surtout. Mais la retenue était de rigueur.


      — Dôn. Vous n'étiez pas aussi belle dans mes souvenirs.


    S'il flatte ? C'est à vous d'en juger. Mais pour l'heure, son regard est captivé.
    Alors, taquin, il lance.


      — Vous avez de la chance que cette barrière aqueuse nous sépare. Vous seriez déjà mouillée autrement.


    Mouillée. Le fourbe qu'il est. Il voulait la remercier d'être là. Lui dire que sans elle, sa journée aurait été fade, sans épices, sans sel. Mais au lieu de ça, il s'abstient. Non pas qu'il ne voulait pas la flatter, mais il pensait qu'il pourrait se passer de mot. Comme avec ces amis que l'on a depuis une éternité et que le simple fait de se trouver à leur côté vous suffit.

    Il s'avance encore un peu, laissant, malgré lui entrevoir quelques cicatrices qui lui zèbrent le torse. Il faut dire que son passé belliqueux n'aide en rien à la beauté du corps. Mais que voulez-vous. Il a vécu. Beaucoup. Il se mourrait depuis son court séjour hors d'Alençon. Depuis qu'il avait quitté la Bretagne. Quitté Tuatha et les autres. Mais là, c'est autre chose.


      — Viendrez-vous tremper autre chose que vos délicates chevilles ou dois-je sortir ?


    Il pourrait aussi sortir et s'emparer d'elle pour l'emmener avec lui, loin. Dans ce lac.
    Mais laissons le choix à la Dame.



_________________

Don.
Fallait-il que les prémices d'un bonheur dans sa vie soient tous précédés d'une baignade onirique ? S'il fallait en passer là, c'était bien moins difficile que les suites à vivre. Dôn aimait l'eau, n'avait-elle pas épousé un amiral par le passé ? Amoureuse des abysses qu'ils soient clairs ou plus sombres que la profondeur redoutées des aspirants marins, jamais elle ne refusait une escapade maritime. Certes, là ce n'était qu'une étendue calme où patauger n'aurait pas grandes autres conséquences qu'un plaisir facile à avouer mais décliner pareille invitation n'aurait eu aucun sens si témoin la connaissant l'entendait. Alors sans réponse de voix, le corps s'étire et n'attend pas, en quelques mouvements amorcés, la blanche robe est retirée. La pudeur ne fait plus partie de sa vie depuis longtemps maintenant et perdre une occasion de profiter n'est plus permis. Peu importe si ses formes ne sont plus les mêmes, peu importe si sa mutilation est disgracieuse. Tout comme Savian, Dana a vécu. Main factice et de fer est conservée et si le regard des autres n'a que peu d'importance pour elle, l'espoir qu'il n'en tienne pas trop compte subsiste. Après tout, cela ne lui enlève ni la parole, ni la conscience.

Qu'il ne se donne pas la peine de sortir car présentement nu, le corps de l'invitée s'immisce lentement dans l'eau. La température est trop basse pour une peau ayant passé les dernières heures sous les rayons d'un astre ornant le ciel au plus haut. Le derme se protège et les frissons parcourent toute la ligne de son abdomen. Chair de poule n'ayant rien à voir avec la peur ou une quelconque appréhension, vient faire apparition. Lorsque les flots atteignent la gorge qu'aujourd'hui elle n'a pas osé colorer de pourpre, les seins déjà immergés se dressent et un rire rendu des tripes vient s'imposer doucement entre eux.


Doué. Elle est plus froide que les pieds d'un pendu lors d'une mauvaise saison ! Savian, c'était un piège, avouez-le !

Une brasse puis deux.

Malheureusement pour votre plan, les bretonnes résistent aux températures les plus rudes.

Elle lui tourne autour, était-il nécessaire de le préciser ? Oui, car là c'est à la nage que le fait est avéré.

Et le fait que je sois asymétrique ne vous donnera jamais l'avantage, apprenez-le. Que cela soit lors d'une baignade, faits cavaliers ou bien cachés.

Les bleus détaillent l'homme à ses côtés. Pourquoi avait-elle cette sensation de ne jamais le voir changer ? Était-ce le fait de ne connaître de lui qu'une si petite partie de vie ? Parenté à Tuatha, fanfaron, bel homme et visiblement aussi seul qu'elle pense l'être. Si la clé d'une bonne entente reposait sur l'inconnu alors ils étaient dans le vrai et pourtant... Pourtant elle aimerait l'apprendre, parler sans s'arrêter, l'écouter en retour. Dis-moi Walburghe, où en es-tu avec le passé ?
Ses pensées là sont rythmées par quelques mouvements de bras mais pas une parole de plus. Devrait-elle s'en sentir gênée ? Ce n'est pas le cas. Lorsque le regard ne dévie pas et s'approprie la silhouette masculine sans aucune gêne, le reste du visage lui, reste impassible. Le sourire est dans le poitrail, le désir dans les yeux cobalts et les lippes se contentent d'embrasser l'eau qui s'amuse à venir chatouiller les soupirs retenus d'une satisfaction d'être là. Simplement là, avec lui.

Qu'il est sot de s'enticher sans même causer.

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Savian
    Il s'attendait à beaucoup de choses. Mais pas à ça. La robe blanche qui parait la peau d'apparence délicate de Dôn tomba. D'un mouvement incontrôlé, la Bête dévia son regard. Non pas que la vue n'était pas plus qu'agréable, bien au contraire, mais par respect, peut être. Et Dieu qu'il en avait loupé des occasions, par respect. Depuis son précédent mariage, le veuf s'était enfermé dans un état de chasteté digne des plus grands moines de France. Non pas que l'envie n'y était pas, mais il n'avait encore jamais trouvé chaussure à son pied. Et il était hors de question pour l'Animal de fréquenter les bordels. Alors, oui, ça lui fait de l'effet. Et pas qu'un peu. Il aurait aimé reposer son regard sur le corps mais il n'y arrive pas. Et dans sa mémoire, ce n'est non pas le corps de Dôn qui est imprimé, qui est resté, là mais sa robe glissant sur ses formes pour finalement choir au sol. Une fois qu'il entend alors les pas se glisser dans l'eau à coup de bruit clair, froid, il compte jusqu'à dix, dans son esprit puis repose son regard sur Dôn. Dont la vue actuelle ne lui permettait plus que d'admirer ses épaules. Oui. Savian ne regarde pas Dôn. Il l'admire.

      — Si j'avais su, ce matin, que l'on me ferait grâce d'une si belle compagnie...
      J'aurais eu plus d'entrain à sortir de mon lit.


    La flatterie est lancée, comme ça. Un peu pour se cacher derrière des mots. Des mots qui pouvaient peut être sonnés creux, vides. Mais qui, pour lui, étaient sincères. Il n'était pas un homme à femme. Peut être était-il un homme à Dôn. Allez savoir. Il était beaucoup trop tôt pour en juger. Et à cela s'ajoute le fait qu'il ne sait plus si, oui ou non, elle est mariée. Il est certain de l'avoir lu, pourtant. Il est certain qu'elle ne l'est plu. Sinon il ne se serait pas permis d'aller si loin dans son invitation. À moins qu'il savait mais avait préféré occulter cette idée ? Il s'en fout, à vrai dire. Il avait décidé de vivre l'instant présent. Dès lors qu'il l'avait lu.

      — J'ai pour habitude de toujours surestimer mon adversaire, cela me permet de faire face à de nombreuses situations.


    Adversaire ? Oui, rien n'est jamais acquis.
    Il l'observe. Il admire ses lèvres qui embrassent l'eau.
    Il a envie.
    Mais alors, quelques brasses et voici qu'il recule, un peu.
    Mais pas trop. S'éloignant légèrement plus.


      — Vous êtes peut être asymétrique. Mais qui ne l'est pas ?
      Et puis, je préfère de loin mon Rouge-Gorge asymétrique qu'un vulgaire pinson ou tourterelle.


    Il lâche ça, sans pression. Et alors que même ses pointes ne touchent plus le sol, il l'invite d'un geste de la tête à le rejoindre.

      — Dites-moi, Dôn, qu'est-ce qui vous fait rêver ?
      Et pour les choses plus concrètes, êtes-vous venue seule en Alençon ?


    Et pourriez-vous y rester ? S'il vous plaît...


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Don.
Surestimer son adversaire, voilà chose prudente. Dôn avait longtemps fait l'erreur d'accorder sa confiance trop vite, laissant méfiance et parfois même médisances de côté et c'est ainsi que l'on se retrouve trahie voir vaincue. L'expérience parle et celle qui n'est encore qu'une novice en matière de joutes qu'elles soient verbales ou non, poursuit son observation. L'affirmation du barbu ne l'étonne guère, il porte sur lui ce qu'il déclare. Cela fait-il de lui une personne honnête ? Impossible de le savoir, déterminer pareille qualité n'est pas si simple et il faut parfois bien du temps pour en avoir la réponse. Avaient-ils du temps tous les deux ? Elle l'espérait. Après tout, la constellée avait dû trotter pour arriver jusqu'à ce Lui barbotant.

Sans m'y connaître vraiment, je crois tout de même pouvoir dire qu'un pinson est au moins, aussi charmant qu'un rouge-gorge. Est-ce la possessivité de votre adjectif qui fait de moi une espèce bien à part ?

Elle veut y croire.
Mieux, elle aime y croire.

Il s'éloigne brièvement, de quelques brasses seulement. Un pincement au cœur vient se manifester au sein du poitrail féminin, déception est éprouvée de le voir s'écarter alors qu'il n'y a sans doute rien à relever de ce geste simple que les flots imposent souvent. C'est idiot, irraisonné mais voilà c'est un ressenti incontrôlable. Pourtant, elle ne laisse rien paraître et s'efforce même à sourire dévoilant ses dents du bonheur et les fossettes qui percent depuis toujours chacune de ses joues. S'il semble gêné et dieu sait combien il l'est ! Ce sourire n'en est pas moins sincère et il s'élargit bien plus une fois qu'il l'invite à le suivre. Inutile pour lui de le répéter une à deux fois, c'est docile et volontaire qu'elle le rejoint en quelques mouvements de bras. Jouer des coudes n'aura jamais été aussi agréable.


A cet instant vient une question à laquelle elle ne s'attend pas, rapidement suivie d'une autre plus simple à apprivoiser, réponse sera fournie à celle-ci en premier.

Ya. Je suis venue seule.
Comme vous le saviez, je voyageais avec Benjen Windham.


Tiens, Windham... Elle n'avait jamais réalisé mais son nom lui allait comme un gant ! Windham : "Oui m'dame" Sonorité amusante pour un homme plus soumis aux femmes qu'il ne voulait bien l'admettre.

En mer.
Le malheureux a donc perdu la femme qu'il aime il y a peu, je pense que se perdre dans les méandres d'une mer agitée fut son premier souhait, puis vint l'envie de convier plusieurs personnes à ses côtés pour une aventure maritime assurée. Nous n'étions finalement que trois à trancher les vagues. Je lui ai proposé de venir jusqu'ici mais il déclina l'invitation. C'est peut-être mieux ainsi... Mes pas seuls sont venus jusqu'à vous, Savian.


Savian. C'était là un prénom bien agréable à prononcer. Doux, fluide. Curieux, revêtait-il ce nom à la perfection ? Une fois encore, seul le temps pourrait le dire mais quoiqu'il en soit Dôn aimait déjà le prononcer. Pourquoi s'imaginait-elle aussi le susurrer ? Diable, cette promenade n'avait certes rien d'anodin mais se reprendre était sans doute la meilleure des solutions. Encore fallait-il pouvoir le faire, la première interrogation du brun ne l'engageait guère à le faire.

Qu'est ce qui lui permettait de rêver ? Cette question était plus profonde qu'on ne voulait bien le croire, et elle déclencha chez la Kerdraon un malaise invisible. S'il était sot de s'enticher d'un homme à peine connu il l'était tout autant de retenir une envie de pleurer lorsqu'une simple demande vous trouble doucement. Et pourtant elle y prête une attention intense, il lui fallait donner la réponse la plus honnête possible sans qu'il puisse comprendre et la sonder trop facilement.
Que voulait-elle dans la vie ? Le bonheur ? Dana était incompatible au bonheur, dès qu'il pointait le bout de son nez elle y mettait immédiatement un coup de poing incontrôlé. Il est dit que certaines personnes aiment se complaire dans le malheur, dans les drames. Faisait-elle partie de ceux-là ? La Bretonne ne voulait pas y croire, l'espoir d'une vie meilleure...Voilà ce qui la faisait rêver et il ne lui était pas complexe de discerner ce qui pourrait l'aider à cela. Lui, le saurait-il ?


L'espoir d'une vie meilleure.

Réponse donnée. Silence suspendu quelques secondes. Le confort de vie fut noble durant de longues années. Princesse bretonne, comtesse, baronne...
Le luxe fut pris à bout de bras, pas seulement effleuré des doigts. Aujourd'hui encore elle avait une existence tout à fait raisonnable, ayant rendu ses titres précédemment cités, un nouveau fut arboré il y a quelques mois. Désormais Dame, proposition acceptée afin de protéger ses enfants du besoin, on ne pouvait pas dire qu'elle manquait de vivres ou d'écus. Non... Une vie meilleure ne tenait pas à cela. Une vie meilleure c'est la possibilité de panser ses plaies, entourée et soutenue afin de rendre en retour ce qu'elle n'a plus et aurait voulu.

Oui, voilà, c'est cela... L'espoir d'une vie meilleure. Après tout, l'espoir et le rêve se confondent sans cesse, il suffit simplement de ne pas s'emmêler les pinceaux entre ces deux là.



Vous vous en doutiez sûrement... Comme de la riposte à venir. Et vous, qu'est ce qui vous fait rêver ?

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Savian
    L'Animal n'est pas calculateur. Certains pourraient d'ailleurs dire de lui qu'il est presque brave. Cela étant, il ne songe jamais à blesser autrui. Du moins, avec les mots. C'est une Bête de guerre, ne l'oublions pas. Mais il n'était ni fourbe ni mesquin. Il était vrai. Mais aujourd'hui, il est malin. S'il s'est reculé, c'est non pas pour éviter Dôn, non. Mais plutôt pour qu'elle ai un point d'appui auquel s'accrocher, au cas où. Mais un seul pilier, lui. Parce qu'il se plaît à rêver, aujourd'hui, avec elle, dans la simplicité que la nature leur offre à la courtiser d'une cavalière manière. Et pourtant, pourtant il ne pense pas seulement à bien faire, non. Il est comme il est, bourru, bourrin. Mais pour elle, attentionné. Étrangement. Il a l'impression que chacune des particules de son corps attendait ce moment. Cette tranquillité à deux. C'est bête pourtant. Car il a l'impression que son Rouge Gorge ne s'attache pas. Il la voit libre. À tort peut-être. Mais il la pense forte, autonome. Elle ne pourrait avoir besoin de lui, c'est certain. Et pourtant, malgré lui, il sent qu'une brèche se crée au fond de lui. Elle le perce de son regard. C'est effrayant et agréable.
    Et puis... Et puis, il n'est pas sentimental, non. À moins, qu'il faille l'écrire au passé ...?


      — Eh bien... La possessivité de mes mots, en rien n'accentue la particularité dont vous faites preuve.
      Et, sans mentir, je ne crois guère qu'ils ajoutent à votre plumage davantage de charme qu'il ne porte déjà.
      Cependant, ne m'en voulez pas, mais pour moi, vous êtes bien à part...


    Bizarrement, le nez Animal se fronce et le regard observe la ligne séparant l'eau du ciel. C'est qu'il n'est pas du genre à se livrer. Mais là, c'est exceptionnel. Et il ne souhaite en aucun cas râter l'opportunité de livrer ses pensées, ses émotions. C'était bien la première fois depuis une éternité qu'il trouvait une compagnie aussi agréable. Il ne fallait pas passer à côté... Mais la voilà déjà proche de lui. Dôn est habile. Savian écoute. Elle n'avait jamais fait mention du nom de la personne qu'elle avait accompagné. Il écoute, mais entend surtout qu'elle est venue seule, pour lui. Du moins, il aime à le croire. Il sait qu'elle connaît d'autres âmes sur le sol Alençonnais mais il est toujours bon de rêver. De rêver, comme Dôn aime à rêver d'une vie meilleure. Elle semblait pourtant si jeune qu'il ne lui avait pas semblé qu'elle ai pu vivre d'autres vies. D'autres vies aussi complexes les unes que les autres. Il ne décela pas dans ses mots une quelconque gêne. Savian est maladroit pour deviner les émotions d'autrui. Et pourtant, pourtant, il a envie qu'elle se livre pleinement à lui. Mais il faut faire un pas, aussi. Ou plusieurs.

      — Tout ce que je pourrais vous répondre, maintenant, semblera bien fade ou futil aux vues de votre réponse.
      Ce qui me fait rêver, moi...


    Vous ... ?

      — Je ne rêve plus beaucoup, à vrai dire. J'ai bien souvent l'impression de ne pas avoir ma place, ici, partout.
      Si je devais vous répondre, je vous dirais alors, que ce qui me fait rêver, naïvement, sans doute, c'est de trouver mon double. Mon alter ego.
      Et ensemble, de construire. Tout.
      Mais peut être que je suis un peu trop... Naïf.
      Et peut être que cela me fait rêver car la chose me semble... Inaccessible.


    Oui, il pensait alors à ses couples, ses moitiés qui se trouvaient et ne se lâchaient plus.
    À les voir, tout leur semblait possible. Accessible.
    Mais la Bête était peut être un peu trop solitaire, mais jusqu'alors, il n'avait jamais trouvé cette moitié.
    Ou du moins, depuis le décès de sa deuxième épouse.


      — Cela étant dit, je vais m'atteler à ne plus vous poser de questions auxquelles je ne souhaite pas répondre !
      Huhu.


    Taquin, il poursuit alors.

      — Pourquoi voyagez-vous seule, Dôn ?
      Et, pardonnez-moi mais j'ai oublié. Où résidez-vous dorénavant ?


    Il questionne beaucoup, mais libre à elle de le faire taire après tout.
    Parce que pour lui, elle est Unique, il ose.


      — Nagez-vous souvent accompagnée ?



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Don.
Il se livre. Pourquoi ciel, n'y parvenait-elle pas, elle ? Touchée par la réponse sincère et bien plus claire que la sienne, elle en perd quelques secondes l'équilibre qu'elle maîtrise pourtant si bien, ayant le pied marin. Fort heureusement, elle ne cède ni au besoin ni à l'envie de s'accrocher à son interlocuteur visiblement bien meilleur nageur. Toucher c'est éprouver, ressentir et dans ce cas présent c'est aussi très certainement désirer... Prendre ce risque pouvait appeler tout chamboulement désœuvré à venir s'installer entre eux. Ce n'est peut-être ni l'endroit, ni l'instant. Pour tout dire elle n'en sait fichtrement rien et doit être aussi perdue que lui. Cachant son instabilité soudaine par une petite nage en arrière qui lui permet de récupérer bien vite la prestance disparue, Dôn fait mine de profiter de la température de l'eau qu'elle trouve pourtant toujours aussi froide.
Une fois assez éloignée du danger qui pourrait être celui de toucher par mégarde ou par pulsion la peau de l'Autre, Kerdraon stagne sans cesser de l'observer. L'envie qu'il exprime de trouver sa moitié, son double ne peut être que comprise par cette esseulée du couple. Dana est jeune mais Dana a aimé. Plusieurs fois, différemment et si un seul de ses amours se démarque clairement des autres elle a espéré à chaque tentative. Romantique passionnée c'était une femme à qui il ne fallait rien promettre si jamais on ne voulait pas s'engager réellement auprès d'elle. L'explication de son mal être fut exposé à quelques amis, peu ont su la comprendre. Bien sûr, c'est une demoiselle agréable quand on se donne la peine de la connaître un peu mais qui creuse plus profondément se rendra vite compte de son besoin d'être soutenue. D'être deux. Car comme Savian, ce qu'elle cherche c'est son alter ego. Privée de ce dernier elle ne peut avancer, c'est en binôme que Dôn fonctionne et c'est là tout le problème de sa vie et de son évolution... Seule elle s'écroule. Elle erre et s'enterre.

C'est donc une écroulée qui se trouve avec le juge, aujourd'hui. Le grand amour s'en est allé il y a bien des années, lui ont succédé des chimères, des rêves inassouvis, des espoirs manqués. Savian pourrait-il être la simplicité dont elle a besoin, ce goût de miel qui rehausse les plats sans s'en écœurer ?


Ce n'est pas naïf.

Non, certainement pas, ne dites pas ça.. Pas maintenant, lorsque l'espoir semble vouloir se manifester.

Trouver sa place n'est pas une mince affaire. Si pour beaucoup s'intégrer et vivre une vie saine est d'une facilité déconcertante, pour d'autres, seule l'apparence semble faire croire que tout va bien.
Je crois en ces couples qui parviennent à tout surmonter ensemble, à échanger, s'apprendre et finalement vivre l'un pour l'autre sans pour autant se fermer aux autres. Ils existent, ils sont peu mais il existent.


L'oeil est plus vif, car elle croit véritablement en ce qu'elle affirme bien que ses mots soient sans doute, à entendre, aussi naïfs et niais que ceux déjà prononcés par l'homme.

Un autre nous-même, différent. Un soutien avec qui il est bon de se retrouver au sein d'un refuge commun. Chacun s'assurant d'être la béquille de l'autre.

Mais la jeune femme sait combien il est ardu d'y parvenir. Il faut pouvoir trouver l'être, et rester à ses côtés. Qui pourrait supporter d'elle son caractère ? Dôn n'est que contradiction, indépendante dépendante. Elle n'est qu'explosion, douceur volcanique d'une jalousie provocante. Égoïste aveuglée par une solitude morale qui pèse depuis longtemps, il faudrait être fou pour réussir l'épreuve d'être la nouvelle moitié d'un palpitant aux écorchures constamment vives. Lorsqu'elle aime, c'est explosif. Lorsqu'elle aime, c'est éternel... Tant qu'ils en sont tous morts d'une manière ou d'une autre.
Veuve depuis bientôt une année, l'errance du cœur a pris fin et a trouvé un potentiel chemin le jour où le fameux Walburghe ici présent avait écrit ce mot l'invitant à venir, à espérer... Une vie meilleure ?


Je... Je voyage seule parce que j'ai perdu beaucoup de mes proches. J'ai des torts, eux aussi mais vous le savez sans aucun doute la vie fait parfois que l'on s'éloigne, que nos décisions séparent, scindent nos âmes, nos projets. Plus j'avance dans la vie et plus je me rends compte des nécessités à offrir à celle-ci. Ne plus l'encombrer, ne plus se sacrifier inutilement. Avancer pour soi et se construire en fonction de ceux qui veulent vraiment votre bien, sans chercher plus loin.

Ne sachant pas si le questionnement visait aussi sa vie maritale, elle y répond néanmoins.

Mon veuvage date d'une année, mon deuil est fait. J'ai aussi voulu voir autre chose, je cherche un lieu où m'installer.

Ce qui répond parallèlement à la suite.

J'ai posé bagages à Périgueux il y a un moment déjà, mais ma place n'est pas acquise là bas, je veux me sentir bien là où se situera ma prochaine demeure.

Ici ?
Amusée par l'ultime demande formulée, Dôn lâche un rire léger au souvenir de sa dernière baignade. Pour l'heure elle taira les précédentes.

Figurez-vous que ma dernière nage en date se déroula en compagnie d'un homme et d'une femme qui ont su me divertir assez pour que l'alcool flotte autant que ma propre personne, dans l'eau salée. J'étais donc ivre, eux aussi et nous avons opté pour un jeu d'imitation.
Vous devriez voir combien j'excelle dans celle du requin !


Claquant des dents dans l'eau, elle s'approche de lui s'aidant d'une légère propulsion produite par ses pieds qui nous devons bien l'avouer, commencent à fatiguer.
Prédatrice bien peu sanguinaire, c'est toutefois une nouvelle créature qui rôde autour de la véritable bête. Par chance, Dôn a peu faim et ne mordra - si l'envie le lui dit - qu'une toute petite parcelle de Lui.


Edit fautes
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Savian
    L'Animal écouta le Rouge Gorge avec attention. Rien ne semblait trahir les sentiments de Dôn au sujet de son passé, de sa vie. Et malheureusement pour elle, en face de lui ne se trouvait pas l'être le plus perspicace pour déceler les maux dans les mots. On dit que parler aide à panser les plaies. Savian ne guérissait pas souvent. Mais les choses peuvent changer, il paraît. Alors qu'il écoute et entend sur le sacrifice de soi, il se permet une remarque qui ne se veut ni juge ni désagréable.

      — J'ai appris, il y a peu, qu'il était important de s'aimer et d'être en accord avec soi-même avant d'oser prétendre pouvoir aimer une autre personne... Mais la chose n'est pas très aisée. Je pense qu'il faut savoir user de confiance, en soi.


    Bêtement, il réprime un sourire stupidement naissant lorsqu'elle parle de veuvage. Il espère alors qu'elle n'a rien vu. Non pas qu'il se réjouit de la mort de son ex époux, mais parce qu'il la sait libre. Et que, impérieux peut-être, il l'imagine sienne. Ce qui est bien stupide lorsque l'on sait que les retrouvailles sont très récentes et que cela ne fait que quelques heures seulement ou même pas, qu'ils sont là, à discuter, à se découvrir, à se connaître vraiment.

      — Je ne connais pas Périgueux. Enfin, de nom seulement.


    Se sentir chez soi, c'est toujours compliqué. Savian pense que chez lui, c'est près de l'être aimé. Mais ça encore, on n'y est pas. Pas du tout. Il n'aime pas la voir s'éloigner, même dans quelques brasses. Mais d'un autre côté, il aime ça. Se disant alors que ce n'était peut être que pour mieux se retrouver. Savian n'est malheureusement pas de ces personnages mystérieux qui savent vous charmer de leurs secrets. Non. Il est fade. Et pour lui, Dôn semble pétillante, lumineuse, piquante. Elle n'a rien à faire avec quelqu'un de fade. Mais il s'en fout, il y croit. L'espoir ça peut vous nourrir vous savez ?

      — Vous songez donc à vous installer ailleurs ?


    Oh Dôn. Fais-moi rêver.

      — J'ai hâte de vous voir imiter tous les animaux que vous voudrez. Marins ou non.


    Un sourire taquin dévoile ses crocs.

      — Et vous aimez faire quoi Dôn ? Pour passer le temps ?
      Comment imaginez-vous votre futur ?


    Il tâte le terrain d'une manière peu habile et discrète. Pied dans l'plat. Comme toujours.

      — Avant de vous donner la parole, je vais vous répondre. Hum. Aujourd'hui, je suis au conseil ducal. Mais je ne sais pas si c'est réellement ma place. Plus le temps passe et plus j'ai l'impression que la politique ce n'est pas ce qui me plaît. Les ronds de jambe ce n'est pas mon for et la franchise n'est pas toujours admise. Et pourtant, j'ai à cœur de servir ma Province et de façon plus large, le Royaume de France.


    "Et pourtant, Dôn, quand je vous vois, comme ça, mon corps et mon cœur me soufflent que pour vous, je pourrais tout abandonner." - Pensée forte, persistante. Mais qui ne sort pas. Malheureusement.

      — J'espère que vous prendrez le temps de découvrir le charme Alençonnais.
      Peut-être seriez-vous tentée de rester ?
      Vous pouvez bien évidemment compter sur moi pour vous guider...


    La voyant s'approcher, un peu. Il tend sa main, comme pour l'inviter, plus près.

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Don.
Ne pas connaître Périgueux c'est devoir vivre sans les souvenirs de Saint Front, d'Isaure ivre qui rit aux éclats, de Théodrik et son cynisme, d'Alphonse et les parfums de menthe, d'Archibald et ses émois. Elle quittait tant de souvenirs aussi bons que mauvais... Comment pourrait-elle lui décrire sa vie là bas, non, il est préférable pour l'heure, d'évoquer sa vie ailleurs. L'oubli d'un instant aide parfois à franchir d'un saut le bon temps.

Je n'y songe pas seulement, je souhaite déménager. Apatride durant longtemps j'ai opté pour Périgueux après de terribles hésitations. Je dois bien admettre qu'aujourd'hui encore mon choix risque d'être difficile.

Nouvelle œillade entendue est offerte à Savian et si par le biais de ce regard il ne comprend pas qu'il est fort probable que leurs actes prochains jouent un rôle dans ce choix à venir, c'est qu'il est bien plus aveugle qu'un Tirésias, pourtant lucide au cœur de l'ombre.

Il paraît qu'il est malaisé d'assouvir les désirs d'une femme. Je crois que je suis la plus insatiable de toutes, en tout temps, en tout lieux. Pourtant, la stabilité est je crois ce dont j'ai besoin. Qui l'offre aujourd'hui ? A mesure constante bien évidemment, il ne faut pas non plus s'enfermer dans une existence faite d'assuétudes permanentes. La routine tue, le confort soigne, l'aventure fait exulter.

Les billes bleues se posent encore sur le brun, il allait lui offrir cet équilibre il y a quelques années, et sans honte un jour elle lui avouerait qu'au soir de leur rencontre, un rêve de lui fut fait. Fantasme presque éveillé, dans ce dernier ils étaient fiancés avant même d'avoir osé s'embrasser. Se rendait-il compte qu'aujourd'hui c'est la même jeune femme qui se présente finalement à lui ? Le palpitant fait d'espoirs et le corps à fleur de peau. Si elle a changé, au fond elle veut toujours la même chose. Avec plus ou moins les mêmes exigences, avec plus ou moins les mêmes espérances. Les déceptions passées dansant à ses côtés.

Mon futur devra être animé par la passion. Je ne sais exister autrement, il me faut vivre d'embrasements, d'éclats et de voix... Mais l'harmonie manque à ma vie. C'est cette dernière pour qui je vais dédier mes efforts.
En Bretagne... Il y déjà si longtemps j'étais ainsi et je crois pouvoir dire que j'ai été heureuse. En ville j'étais active, au niveau du duché aussi. J'ai occupé plusieurs postes au conseil, j'ai même une fois occupé celui de Duchesse mais ça ne doit pas faire entière partie du déroulement de nos journées sinon on en devient fou, on ne sait plus où sont les véritables valeurs. Ou alors, il faut pouvoir et savoir les imposer. La franchise il vous suffit de l'infliger aux autres, c'est en tout cas ce que je m'appliquais à faire lorsque je baignais encore dans ce milieu. Un milieu éprouvant, je n'ai pas réitéré depuis longtemps. Ah, si une fois en Périgord ! C'était léger, et distrayant. Pas plus.


Aux remarques glissées elle répond après s'être approchée plus encore. Trop ?

Peut-être qu'avec un mentor tel que vous, découvrir l'Alençon serait agréable et qu'effectivement... Je pourrais être tentée d'y rester.

La mutilée n'en sait foutrement rien en réalité, car en cet instant, là, maintenant il pourrait lui faire dire n'importe quoi concernant son prochain emménagement, ils savent tous les deux désormais que ce n'est pas vraiment le sujet. Que ce n'est plus le sujet, une fois que l'unique main de Dôn s'accorde à celle de son désormais guide. Ce n'est qu'un premier contact entre eux, anodin pour quiconque observerait la scène et pourtant, la jeune femme en a le palpitant qui s'emballe. Il n'aurait qu'à tirer d'un coup sec pour qu'elle soit à lui, il n'aurait qu'à lui baiser le bout des doigts pour que la flattée se sente défaillir, il n'aurait qu'une chose à faire pour lui donner l'envie de rester... Et il faut pourtant que sa foutue parole s'élance pour potentiellement compromettre un rapprochement. Il faut la comprendre, l'émotion qu'il suscite est insondable et indépendant des volontés de la brunette, alors elle cause pour essayer de faire choir son trouble et la convoitise avouée par la pression qu'elle exerce doucement sur la main masculine.

P.. pour m'y m'y investir, peut-être..

Bégaye, ma belle.
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Savian
    Putain, qu'elle est belle.

    Alors que la légère pression de la main de Dôn se fait, Savian l'approche à lui dans un mouvement mesuré. Il ne voulait pas tout de suite, maintenant, brutalement, la sentir contre lui. Non, il voulait profiter de l'attente difficile mais nécessaire de toucher sa peau. Si elle le lui accordait. Alors qu'elle est attiré à lui, il lutte pour ne pas baisser ses yeux. Ils ne se touchent pas, non. Pas encore. Seul le mouvement de l'eau pouvait lui donner l'impression d'être effleuré par elle. Son regard glisse alors sur ses yeux, qui semblaient tout lui dire. Et alors que sa main, toujours dans la sienne se love, il descend son regard aux épaules perlées de ces diamants d'eau que l'astre solaire se plaît à lécher. Et alors, son regard retourne se poser dans ses yeux. Il ressent beaucoup -trop- de choses. Il est éveillé, vivant. Il n'imaginait pas pouvoir ressentir autant de choses au même moment.

    Il avait envie de se livrer, entièrement. Mais en même temps, il avait envie de ne rien dire. Il avait peur de l'effrayer, de ne plus pouvoir faire machine arrière. Et de l'autre côté, il se disait que mieux valait jouer. Jouer dans le sens, parier. Essayer de tout donner, quitte à gagner plus, encore. Plutôt que de rester planter là et de perdre sa chance. Il aimait penser que s'ils se retrouvaient là, tous les deux, c'était pour une raison. Parce que l'univers, ou appelez ça comme vous le souhaitez, voulait les rapprocher. Parce qu'ils étaient fait pour être ensemble. Presque deux ans depuis leur première rencontre. Et pourtant... Pourtant il n'avait pas oublié. Elle l'avait marqué. Et très peu pouvait se targuer d'avoir marqué l'Animal qu'il était. Tout en elle, lui donnait l'impression d'être vivant, encore plus. Mais surtout, d'être lui-même.

    La Bête n'est pas prétentieuse. Et pourtant, il prend les regards, les mots de Dôn, pour des invitations à aller plus loin. Pour des murmures disant "Je te suis". Alors, bêtement peut être, il avait envie de tenter. Bien qu'il sait qu'il peut la faire fuir, il tente.


      — Dôn. Je ne vous imagine pas loin de moi.


    Surtout depuis qu'il a goûté de nouveau au feu qui brûle en lui. Il n'a qu'une envie, la serrer contre lui. Tous ses sens sont en alerte, il la veut, entière. Et pourtant, pourtant il se mesure, il se retient, il se languit, il l'admire. L'amour courtois, il connaissait. Mais auprès de Dôn, il savait que cela ne serait que passion. Il n'a pas envie d'une seule nuit avec elle, non. Il veut toute la vie. Toutes les vies. Il ne laisserait pas passer sa chance, non. Il ne laisserait pas son orgueil le faire taire pour la bienséance. Il n'en a rien à foutre. Il veut se sentir aussi vivant chaque jour. Sans limite.

    Mais il ne peut pas l'inviter à rester alors qu'elle n'a peut être pas toutes les cartes en main pour choisir. Alors, il décide de se dévoiler, encore plus. Quitte à perdre. Mais la sincérité ne pouvait pas lui faire défaut, jamais.


      — Je vais vous parler encore de moi. Vous le savez, j'aime le Royaume de France. Mais je suis également engagé dans une mesnie dont la Maîtresse se trouve actuellement en Champagne. Il s'agit de l'Altesse Ingeburge de Malzac Euphor, la Princesse de Dourdan. Je ne sais pas si je vivrais toujours ici, en Alençon. J'ai failli prendre la route pour la Champagne avant de savoir qu'une place se libérait ici, au conseil ducal. J'ai remis mes envies à plus tard. Il semblerait que... Que je cherche un socle, auquel m'attacher. Je n'ai pas beaucoup d'amis ici. Je dirais même... Aucun. Mais il y a des gens en qui je crois, en qui j'ai confiance. Mais la solitude dans laquelle je me berce parfois, m'étouffe. Tout ça pour vous dire, je suis attaché à la terre qui m'a vu naître, cela va sans dire. Mais rien n'est immuable.


    Il tourne autour du pot. Ce qu'il a envie de lui dire en réalité, c'est de rester près de lui. Et que si elle ne se plaît pas, ici, alors, ensemble, ils trouveraient mieux ailleurs.

      — Dôn. Je n'ai aucune terre. Je suis noble de sang seulement. Je ne sais peut être pas gérer mes finances. Hum.
      Mais mon travail auprès de la Reine ainsi qu'auprès de ma Maîtresse Ingeburge m'apporte une rente plus que confortable.
      Je ne vous promets rien que je ne puisse tenir, Dôn.

      Mais accepteriez-vous de faire un morceau de chemin en ma compagnie ?


    Avant peut être de vous engager pour la vie...?

    Elle pouvait partir, maintenant.
    Ou rire.
    Se moquer.
    Le détruire.

    Mais c'est à elle, de choisir.

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Don.
Bordel. Qu'il était bon d'être ici avec lui.


Dana ne s'attendait pas à ça, pour tout dire elle pensait qu'à la rigueur il ricanerait bêtement, gêné par les mots qu'elle avait osé prononcer. Ou qu'il se contenterait de lui caresser une épaule d'un air de dire qu'elle est bien mignonne mais que leurs vies ne sont peut-être pas encore prêtes à se lier. C'est alors tout le contraire qu'il ose en lui avouant de but en blanc qu'il ne pourrait la voir partir. C'était cela un lien fort, destiné à devenir immuable ? Si soudain mais pourtant vrai, en tout cas il l'était dans l'esprit de la Kerdraon. Il ne l'imagine pas loin de lui, avait-elle envie de repartir ne serait-ce qu'un peu ? Non. Sa place actuelle était la bonne, là, ici auprès de Savian dans ce lac à barboter comme deux adolescents découvrant les prémices de l'amour. En lui elle ne revoit aucun des autres, pourquoi la Bête lui plaisait-elle depuis le premier jour de leur rencontre ? Il est l'inconnu et pourtant à ses côtés, la brunette se sent bien, en sécurité. Il est solide, et lui apporte en plus de cette protection innée, la quiétude recherchée depuis longtemps. Peut-être est-il du genre à boire, découcher et visiter chaque bordel du coin, qu'il aime les femmes au point de courir après le jupon de chacun d'entre elles. Peut-être, peut-être pas. Ont-ils les même principes ? Aiment-ils les mêmes choses ?

Si près, elle est si près de lui cette fois-ci qu'elle pourrait lui prendre les lèvres sans faire le moindre effort. Ce qui lui en demande, des efforts c'est justement de s'éloigner à nouveau, dans un geste flou son corps se déplace au gré de quelques vagues à l'eau, de quelques vagues à l'âme. La main toujours tenue dans la sienne se retrouve à l'extrémité d'un bras tendu. Avec ses doigts, Dôn presse une nouvelle fois la pogne voisine et vient ensuite en caresser le dos, jouant avec ce lien pour lui traduire combien l'envie qu'elle éprouve est contenue.


Ingeburge... Mais...
Vous êtes au service de la Princesse de Dourdan ?


Si son esprit n'était pas embrumé par le désir ardent, elle aurait pu réagir bien plus vivement, là, la sidération se couple à un état second. La situation est folle, joyeusement folle. Pareille nouvelle ne pouvait pas mieux tomber.

Mon fils aîné est élevé auprès d'elle... De son époux plus précisément.
Lorsque j'ai dû décider d'un avenir pour mon petit, Amarante Dehuit m'a mise en contact avec Actarius. Il a accepté de prendre en charge mon enfant.


Brutalement, l'entrelacement qui permettait le lien charnel se termine. Non par colère, ni par volonté de cesser. Non ! Dôn digère l'information qui vient de lui donner un trop plein d'espoir à la possible venue d'une providence nouvelle. Leurs chemins devaient se croiser, c'était aujourd'hui et par cette coïncidence : Une certitude.
Quelques brasses silencieuses sont exercées en arrière, quelques brasses pour lui donner le temps d'une réflexion urgente, quelques brasses jusqu'à retrouver pied, jusqu'à retrouver la rive. Nue, l'utopiste sort de l'eau mais ne fait guère un pas de plus. Naïade improvisée se retourne lentement après s'être passée la senestre sur le visage. Les idées sont claires et la gorge blanche est prête à répondre, sans moqueries, sans fuites et sans desseins malsains... La voix est expulsée en direction de ce grand bonhomme qui vient de lui offrir une semi-déclaration. C'est maintenant à elle, subissant les battements désordonnés d'un cœur en émoi, de lui en donner une. A sa façon.


Doué ! Etes-vous sot pour penser un seul instant que votre situation pourrait être une entrave !?
Ne comprenez vous pas ? Nous empruntons enfin un sentier similaire. La Champagne, ce Lac, nos trop brèves rencontres, nos envies... Quelle preuve devrait s'ajouter à ces dernières afin qu'aucun doute ne vienne s'immiscer entre vous et moi ?


D'un geste vif, la main de fer vient désigner la distance géographique désormais existante entre eux deux.
Pourquoi être venue jusqu'ici ? Elle l'ignore, ça n'a aucun sens, ce qu'elle veut c'est être près de lui alors ses pieds reviennent s'immerger quelques secondes pour finalement reculer. Puis revenir et réitérer une approche que ses jambes refusent une nouvelle fois de franchir.
Dans la tête de la follette se déroule tout un tas de scénarii sans qu'elle sache lequel choisir ! Celui d'un baiser volé dans le lac alors que leurs cœurs noyés pourraient battre d'une même mélodie étouffée sous l'eau. Celui d'un saut maladroit dans ses bras, celui d'une escapade en course afin de vérifier s'il viendrait lui courir après. Mais au lieu de cela, la torturée se contente de rester là, le corps trempé d'avoir trop nagé. Un sourire se dessine à ses lèvres, étiré au possible et elle l'observe avant de rire un peu.


Bordel. Qu'il était bon d'être ici avec lui.


Evidemment ! Savian. OUI ! Evidemment.
Pourquoi serait-elle venue jusqu'à toi ?

Et même si la scène prête à rire, même si rien n'est cohérent, elle vient de faire son choix et de croquer dans ce dernier : Un morceau de chemin ? Diable pas ! Tout. Elle veut tout et le Walburghe en particulier.

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Savian
    Elle est là, si près de lui. La douceur de sa main le réchauffe. Il se livre, elle l'écoute. Il essayait de s'imprégner de chaque instant, chaque seconde, afin de s'en souvenir, toujours. Son coeur battait plus fort auprès de Dôn. Ses sens étaient plus éveillés. Tous. L'Animal n'est pas un homme à femmes, non. Il est un homme à Dôn. Mais ça, c'est à lui de le prouver au Rouge-Gorge par ses actes. Il lui montrera, tout. Et bien qu'il ne se rend pas bien compte qu'au fond, peut être, ils ne partagent pas les mêmes valeurs, que peut être, ils n'ont pas la même vision de la vie, de l'avenir, il y croit. Parce que son coeur à lui, ne s'emballe pas pour rien. Il s'emballe rarement voir jamais. Mais il s'emballe, là. Alors, étrangement, quand dans un mouvement elle s'éloigne doucement, ça le pique, un peu. Mais il encaisse, car elle reste pour lui, à porté de main. Il ne s'est pas encore dévoilé tout à fait, à cet instant. Il ne sait pas encore ce qu'il va dire, après, la déclaration n'est pas encore lancé, alors, il est serein, un peu.

    Lorsqu'elle parle de la Danoise, le sourcil se hausse. Elle la connaissait. Ce qui n'était pas étonnant cela dit, qui pouvait bien ne pas la connaître ? Même de nom ? Mais voilà qu'il apprend alors qu'ils sont plus liés que ce qu'il croit. L'enfant de son Âme semblait être confié aux mains de la famille d'Ingeburge. C'était étonnant. Dans ces cas là, on dit que le monde est petit. Savian pensait plutôt que c'était un acte de l'Univers. Des signes.

    Elle s'éloigne davantage. La voilà nue, sur les bords du lac. Le regard de Savian glisse sur les courbes de Dôn. Il en ressent des choses. Cette distance l'effraie un peu. Mais surtout, elle le fait languir. Alors qu'il la regarde, s'éloigner, mais pas tout à fait, Savian admire Dôn.

    La Naïade répond à l'Animal, le rassure, un soupir de soulagement glisse sur ses lèvres. Et bien qu'il ne savait pour l'heure si son envie de rejoindre la Champagne était pressante, il savait cependant que ses projets n'effrayaient en aucun cas Dôn. Et ça, pour lui, c'était important.

    Un distance les sépare, et pourtant, il ne s'est jamais senti aussi proche d'une autre personne. Pourtant, il n'avait jamais senti ce besoin suffoquant d'être plus près, encore. À porté. Il la regardait, là, espérant une réponse peut être un peu plus... Claire. Et cette dernière ne se fait pas attendre. La Naïade dont la peau dorée par les éclats solaires des bulles d'eau parcourant son corps, rit. Un peu. Se moque-t'elle ? Qui sait ?

    Au lieu de ça, elle le comble. Elle a dit oui. C'est une promesse qu'ils se font l'un à l'autre. D'un chemin à parcourir, ensemble, qui durerait sûrement toute une vie. Du moins, il le souhaite. Alors, sans se faire prier, un large sourire étirant ses lèvres, il nage puis marche jusqu'à sortir de l'eau. Il pourrait la prendre contre lui. Il pourrait tout prendre, peut être. Mais alors que sa haute stature s'extirpe de l'eau, que ses pas le rapproche de Dôn, il lui sourit. Qu'elle est belle. Qu'elle est enivrante. Qu'elle l'inspire, entièrement.

    Le barbu Colosse, toujours nu, auprès de son Oiselle, tend sa dextre vers la joue gauche pour glisser une mèche brune légèrement humide derrière l'oreille afin de dégager et d'admirer davantage ce visage.


      — Dôn... J'en aurais rêvé...


    Il se penche alors, voulant goûter à ses lèvres.
    Il les pense acquises, à tort ?

    Scellons cette promesse, Dôn...

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Don.
Et tout alors s'accélère. Il est soudainement si près qu'elle en a la tête qui tourne. Peut-être est-ce simplement lié au contexte et au déroulement des choses. Il a parlé, elle l'a écouté puis répondu pour qu'il vienne enfin à son tour sceller la promesse prononcée. Combien de fois avait-elle prêté serment, par combien d'épreuves était-elle passée avant d'y croire à nouveau ? Pouvait-on se permettre pareille folie ? Encore ? Ce sont les sottes questions qu'elle se pose à l'instant, ce qui lui passe par la tête n'est qu'une suite logique d'interrogations angoissées. Allait-il un jour la tromper ? Allait-il partir au loin, l'abandonner ? Combien de temps allaient-ils pouvoir partager cette soudaine attraction avant que cette dernière ne laisse place aux discordes et aux désaccords ? Allait-il l'aimer un jour ? Vraiment ? Et ne regarder qu'elle ? Allait-il... Mourir avant qu'elle ne puisse construire ce qu'elle a toujours voulu édifier à deux ? Petite tête questionne mais le corps s'abandonne, et si jamais Dôn avait voulu réfléchir encore il était désormais trop tard car c'est sous une pulsion que la raison perdra. Au vent les doutes, saluons les risques. Si le colosse se penche, la brunette vient sur la pointe des pieds, détruire la dernière barrière entre eux, l'ultime distance à franchir par ses lèvres brûlantes d'envie. Le désir de le goûter était fort depuis leur première rencontre, accomplir enfin l'acte semblait alors transporter la jeune femme. Il était temps.. Il était temps d'assouvir ce souhait. De sa seule main, Kerdraon vient presser le dos de l'homme qu'elle embrasse tout d'abord d'une tendresse surprenante pour finalement se laisser aller à l'ardeur sous-jacente, cachée au fond de ses entrailles. Si le vent ne venait pas de temps à autre caresser les flancs de deux protagonistes, Dôn pourrait se croire à l'abri des regards tant la chaleur parvenait à lui faire perdre la tête. Femme passion s'éprend et le prouve par ses lippes affamées. Bien vite pourtant il faudra lâcher la pauvre bête qui, elle n'ose le vérifier, n'est peut-être pas à son aise ici où n'importe qui pourrait arriver d'un moment à l'autre. A regret il faut laisser et redescendre sur terre. Sans pour autant le lâcher des yeux, le baiser est interrompu par l'échaudée.

Ciel, combien de temps pourrait-elle le baiser ainsi ? Des heures sans aucun doute ! Des nuits, à n'en plus finir ! Des jours s'ils osaient.


Aucun mot n'est ajouté, d'un geste embarrassé, la sombre chevelure de l'éprise est remise à sa place et un regard se permet le repérage discret des vêtements abandonnés plus tôt.

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Savian
    Les lèvres de la Douce se joignent aux siennes. Et alors que son bras se glisse autour de la mince taille, il frissonne. Doucement puis avec plus d'ardeur, ils s'embrassent. Il ne pensait pas ressentir tout cela. En un seul moment. Il ne pensait pas ressentir autant. Et même si une pointe de crainte se nichait, là, il tenta alors de la balayer d'un geste. Lorsque l'on s'éprend, on a toujours un peu peur. Et pourtant, il se laisse aller. Il aurait souhaité que ça dure toute la vie. Ou du moins, que cet instant s'étende encore. Et encore. Alors qu'elle se détache, Savian admire Dôn. Encore.

    Le voici qu'il sort de sa besace un linge blanc avec lequel les épaules de Dôn sont recouvertes. Dans l'attente de sécher, un peu, puis sûrement de se rhabiller, ensuite. Lui même, malgré les gouttes perlant sur ses cuisses, habille le bas de son corps, laissant alors le soleil réchauffer son torse, son dos.

    Et, parce qu'il en a envie, parce qu'il a amené son nécessaire de peintre, il questionne.


      — Me permettriez-vous de vous croquer ?


    Ses lèvres s'étirent alors dans un sourire taquin. Il n'avait certainement pas envie que tout s'arrête.
    Là.
    Maintenant.

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