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[RP] Rouge-Gorge, Oiseau de Malheur

Rouge_gorge
Attention, ce RP peut heurter la sensibilité d'un public non-averti. Vous êtes prévenu.


Campagne française, 1452

Jeanne avait treize ans et le corps en floraison quand sa naïveté et son insouciance lui furent ôter non par sur les chemins par un vil malandrin mais dans cahute du voisin par ce dernier lui-même. Ce n'était alors qu'un simple abus d'autorité, minimiseront certains, un abus de confiance et une bonne dose de crédulité de la part de la pré-adolescente. Mais quand on ne vous met pas en garde contre le Loup, comment savez-vous que ce dernier est dangereux? Remettons un instant les choses dans leur contexte, une jeune fille n'avait pas à connaitre ce genre de choses à son âge ni à les subir d'ailleurs. Elle découvrirait les plaisirs de ce tabou dans les joies du mariage, pas avant. Mais Jeanne avait commis une grave erreur ce jour-là: aux aurores, elle s'était glissée, tel Renard, dans le poulailler du voisin pour gober les pontes encore tièdes du jour. Le propriétaire des poules, voyant que ses oeufs disparaissaient depuis quelques temps, montait la garde ce matin-ci.

Tu n'as pas de quoi payé ces oeufs, Jeanne? Lui demande-t-il sans agressivité mais la prenant sur le fait. Ce, à quoi la coupable agita ses boucles noires dans un signe de négation.
Bien, alors suis-moi à l'intérieur. Et elle le suivit dans son logis à l'abri des regards, la tête dans les épaules, honteuse et peureuse à l'idée que ses parents apprennent le méfait.
Je pourrais alerter tes parents de ton vol, Jeanne ou pire, les miliciens pour qu'ils mettent ton père aux fers.
Non, je vous en prie...
Couina la jeune fille, implorant le pardon et la pitié de l'homme.
Celui-ci, clément, ne lui demanda qu'une seule chose qui parut à la pré-adolescente alors dérisoire par rapport aux menaces qu'il évoquait quelques minutes tantôt. De sa large carrure, bien qu'avec le recul, il n'était pas si carré que cela, la dominant de sa haute taille, il la fit reculer de quelques pas jusqu'à ce que sa stature et le bois de la table à manger fassent étau sur la jeune fille.

Relève tes jupons, Jeanne. La crainte fit place à la panique quand oppressée par la proximité de l'homme, elle réalisa qu'il était trop tard. Elle aurait pu hurler mais qui l'aurait entendu à cette heure si fraîche? Elle aurait pu essayé de fuir mais ses actes n'auraient été qu'aggravés et qui sait ce que le propriétaire aurait pu répandre comme rumeur sur elle et bafoué le nom de sa famille.

Le poing, tremblant de diverses émotions peu réjouissantes, rassembla les jupons, dévoilant des cuisses fines et laiteuses que la pogne masculine s'empressa d'écarter pour en caresser l'entrejambe à peine pubère. Un silence de plomb s'abattit dans la pièce tandis que les doigts calleux du paysan fouillèrent les chairs intimes de la noiraude. Elle, muette, prise à une angoisse si profonde qu'elle ne put réagir, se laissa masturber. Ses grands yeux charbonneux s'ourlèrent de chaudes larmes qui sillonnèrent le visage encore juvénile. Les minutes s'égrainèrent à la lenteur de l'éternité. Tout semblait si flou, si irréel, si interminable... Quand soudain la violence du geste s'extirpa de sa torpeur. Une paume lui agrippa la gorge afin de la faire bousculer sur le plateau en bois de la table. Quelques secondes plus tard, un cri mêlant effroi et douleur brisa le mutisme de la scène. Il venait de glisser en elle, déchirant d'un coup de rein les derniers remparts de son innocence. Les doigts se resserrèrent dans le cou pour étouffer les cris et les sanglots bruyants. L'assaut ne dura que quelques instants qui resteront gravé pour l'éternité dans l'inconscient refoulé de la pré-adolescente. Ce qui se joua ce matin-là la hanterait toute sa vie durant comme un fantôme malaisant, éveillant des angoisses incontrôlables, murant au silence et à la culpabilité l'enfant devenu femme.

Quelques mois après l’agression, le corps de Jeanne prit des formes et bientôt la rumeur enfla comme son ventre. La honte s'abattit sur la maison familiale dont la cadette se serait couchée dans les foins d'après les bigotes trop loquaces. Avant que ses parents ne puissent décider quoique ce soit sur le sort de leur benjamine, celle-ci disparue du village, grosse de six mois révolu. Pour la jouvencelle, tout était limpide, elle ne garderait pas le monstre germant dans ses entrailles. Elle n'avait pas la force d'affronter cette souvenance de la voir grandir et s'épanouir insouciante comme elle le fut. Cependant, elle n'avait pas non plus les moyens de s'offrir les services d'une faiseuse d'ange. Elle attendit alors le terme de sa grossesse. Dans la douleur physique et psychologique, elle donna naissance à une petite fille. Mais bien vite, les cris du nouveau-né s'étouffèrent entre les mains ensanglantées de la mère par obligation. Le corps inerte à peine sorti que déjà asphyxié fut jeté dans le courant de la rivière. Faible de son accouchement et traumatisée par son propre geste, la jeune fille ne vit qu'une solution pour pallier à cet enfer terrestre. Une corde suspendue à la poutre faîtière d'une grange, elle glissa sa tête dans l'encolure et fit trembler ses pieds jusqu'à ce que le tabouret pour traire les vaches ne choit à terre, laissant le corps en suspension pris d'atroces spasmes. La mort ne fut pas nette et brutale, indolore comme sur la potence. La corde compressa la gorge, brûlant la chair pâle de ses fibres râpeuses. Impossible de crier, les doigts tentèrent de retenir le cordage, de le desserrer mais l'air manqua très rapidement et bientôt, Jeanne perdit connaissance.


Paris, 1467

Les boucles cendrées s'éparpillent de toute leur longueur jusqu'aux pointes sur d'imposants coussins; Les fils argentés parsemant ces dernières reflétant plus le souci que l'âge. Entre les volutes de fumée se terre un visage anguleux, des sillons d'amertume plissent ses traits, furent-ils un jour lisses, même beaux dans les yeux de quelques malheureux. Sous les paupières closes et cernées se dissimulent deux iris charbonneux ternis par les aléas de la vie; De ces regards qui en ont trop vu. Le reste du corps sec et creux, -drapé d'étoffes de bonne facture aux couleurs chatoyantes, se remplumant plus par le bombé de la coupe de sa tenue que par sa carrure noueuse-, est confortablement installé, pour ne pas dire avachi, sur les énormes sacs remplis de plumes d'oie. La carcasse au repos, seules les lippes pâles et fines s'activent à recracher l'épaisse fumée d'opium sur de lentes respirations.

De prime abord, toute la scène laisse à croire qu'une bourgeoise d'une trentaine d'années s'octroie un moment de détente par le biais de drogue et d'alcool. Le silence n'est entrecoupé que par de profondes expirations, semblable à des soupirs. Mais derrière cette apparence de calme et de tranquillité, se noie dans les méandres de songes tumultueux l'esprit de la silhouette indolente. L'expression enfouie dans les bouffées d'opium, parait fortement contrariée comme ses sourcils légèrement froncés l'imagent très bien. Sous le poitrail décharné, cogne douloureusement un palpitant dans la cage thoracique vêtu d'un corset bariolé de teintes vives. Bientôt la drogue fera son effet sédatif mais en attendant que le corps se délasse complètement, l'esprit lutte.

La gorge, marquée d'une cicatrice, se noue tandis que les larmes refluent vers la surface. Le visage se fige un instant dans une contraction de peine puis une nouvelle latte tirée fait redescendre la pression. Attardons-nous un instant sur cette fameuse cicatrice. Sans même détaillé le long cou laiteux de la noiraude, on ne peut ignorer cette marque d'un rouge sombre qui lui barre horizontalement la gorge. Cette trace indélébile d'une pendaison ratée. Le souvenir d'un trépas inachevé. A tort ou à raison? De justesse ou par maladresse? Qu'importe, ce collier ceignant sa glotte, que la trentenaire ne peut ôter, lui vaut le surnom de Rouge-Gorge. Un nom d'oiseau qui sied bien à la mercenaire.
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