Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Prison ou le secret d'un séjour idéal

Gerceval
Dans les ruelles de Lyon, le 04 Octobre 1467, aux premières lueurs du jours,


Le soleil réchauffe lentement, de ses premiers rayons, les hauts murs de Lyon. Ils sont arrivés peu avant qu'il ne se lève mais ce sont déjà séparés avec la promesse de se retrouver avant le soir prochain.

Lui n'en était pas à sa première visite ici, à Lyon. Il y est passé à de nombreuses reprises et, le moins qu'il puisse en dire, c'est que c'est calme, moribonde, mais il apprécie ces repères de sérénité. C'est donc sans excès de prudence qu'il arpente les ruelles étroites de la ville à la recherche de quelques occupations. Il se surpris, durant sa marche solitaire, à avoir une pensée pour la rousse. Si on peut en ignorer le fond, elle aura eu le mérite de perturber ses sens au point de se laisser surprendre par les deux gardes du comté, repérables par l'alliance surprenante du félin et du poisson, qui lui bloquent l'accès au reste de la ruelle.

Vindicatifs, ils pointent leurs lames aiguisées dans sa direction, prêts à l'ouvrir en deux par le bas au moindre geste résistant. Dans un automatisme, il pose son imposante main droite sur le pommeau de son épée, prêt à défourailler pour se risquer à ce duel déséquilibré mais pas sans chance. La main assurée empoigne solidement la poignée, enroulée d'un bandeau de cuir de bonne facture, et sort de quelques centimètres sa lame mais fut vite interrompu par le bruit atypique de l'harnachement d'un renfort de gardes dans son dos. L'équation quant à ses chances de survie se complexifie grandement, ainsi encerclé.

Un grognement typique du barbu montre son état d'agacement d'avoir été si facilement berné et maîtrisé. Mais les secondes chances sont légions quand on sait les attendre et les attraper au bon moment. Sa main s'éloigne lentement de son arme et ses bras s'écartent tout aussi lentement pour montrer sa reddition. Sans attendre, les deux bougres à son dos se saisissent de ses bras et le maintiennent fermement en se pressant contre lui pour lui éviter tout mouvement.

Dure lutte avec lui-même pour éviter toute rébellion fâcheuse à cet encerclement, bien trop tactile à son goût. Ses muscles ne peuvent pour autant s'empêcher de se contracter à cette violation de proxémie et son corps de se mouvoir pour tenter de briser ne serait ce que légèrement l'étreinte virile.

L'un des hommes lui faisant face rengaine son épée et vient lui enchaîner les mains entre elles non sans effort. L'agacement de la garde pris le dessus sur le reste et un violent coup sur le crâne du mercenaire vient mettre un terme à toute résistance, si futile fut elle.



Prison Lyonnaise, 04 Octobre 1467, quelques minutes plus tard,


La prison, si on peut apprécier la diriger ou encore s'y employer à user de divers sévices pour en améliorer le séjour des captifs, on l'apprécie beaucoup moins quand on est le prisonnier. Et ça, jusqu'ici, le vieux mercenaire s'était assuré de faire souffrir et non pas l'inverse.

L'humidité omniprésente rend l'environnement lourd et puant. La misère est partout, si les plus courageux hurlent encore leur détresse, les plus fatigués et les plus brisés meurt lentement, avachis contre un mur ou allongés sur le sol. Les gardes, eux, trompent leur ennui dans le vin et le lynchage.

Son lourd corps inerte est jeté sur le sol crasseux et froid d'une des cellules. De longues minutes s'écoulent, le grison est toujours inconscient, gisant. Ce n'est que le souffle chaud contre sa joue qui vient le sortir du néant. Un homme, à l'âge indescriptible, s'active à fouiller chaque recoin de ses vêtements pour en quérir nourriture ou autre objet susceptible de l'intéresser. S'il met quelques secondes pour se demander ce qui se passe, ou il se trouve et qui est cet impudent si près de lui, il n'en prendra qu'une seule pour se jeter sur lui avant de lui imposer sa masse et écraser, à plusieurs reprises, ses poings serrés contre son visage. Le malheureux doit surement son salut grâce à la douleur vive ressenti par le mercenaire à mesure ou les coups s'accumulent sur sa victime.

Péniblement, il parvient à se lever et observer autour de lui. L'obscurité de l'endroit, ajoutée à la douleur irradiant son crâne, ne l'aide pas à s'imaginer où il se trouve. Titubant sur quelques pas, il manque de s'écrouler sous son propre poids mais parvient à se maintenir grâce à la salutaire porte en fer forgé. Soupirant contre cette dernière, il comprend enfin où il se trouve, les mains chaînées et quelques colocataires pour partager le confort de cette cellule.



La vue trouble, les questions fusent dans son esprit :

Pourquoi est-il en cellule, pourquoi cette ville ?
Qui est l'auteur ? Qui aura eu l'audace et le pouvoir de le faire arrêter ?
Combien de temps ?
Mais ce qui l'inquiète le plus, pour l'heure, qui est son ennemi, dans cette prison ?

_________________
Xandrya

~ Lyon, le 04 octobre 1467, matin ~

I'm a prisoner
Won't you set me free
You can have my body
But you can't have me

(*)



~ Appartement ~
    Couleurs chatoyantes, flamboyantes commençaient à modifier le feuillage des forêts environnantes, et à s'harmoniser avec la chevelure de feu de l'incendiaire, plantée derrière la fenêtre de son appartement lyonnais, les bras croisés sur son ventre après avoir parcouru une missive étrange reçue la veille.
    Confort appréciable d'un logement un peu plus personnel que ces chambres d'auberge investies soir après soir, mais c'était là lot de tout voyage.
    Le barbu avait été laissé à ses occupations une fois les portes de la ville passées, nul besoin d'être se coller au cul pour que le départ du soir se fasse sans souci, c'était ainsi depuis quelques mois maintenant, aucun loupé... tout juste un contretemps, une fois... cette foutue fois où... machinalement dextre vint se refermer sur son flanc gauche dans une grimace sur un souvenir encore vivace de ce départ pris et retardé.

    uhm...

    Cette pensée eu le don d'agacer la rousse, c'est dans un grondement que talons pivotèrent rapidement, se détournant de la fenêtre, mains attrapant au vol de sa sortie, mantel et poignard s'arrimant sur l'arrière de ses hanches. Un besoin, impérieux, que le spadassin contrôlait difficilement, demandait brutalement à être assouvi.
    Un bras puis l'autre enfilés en descendant l'escalier, les trois boucles du manteau furent fermées et capuche rabattue sur la longue crinière rousse, avant de débouche sur les rues lyonnaises.

~ Ruelles lyonnaises ~
    Occupée à enfouir les ondulations de feu à l'abri des regards, sensation pesante, le silence bien trop prononcé, même à cette heure matinale, lui fit relever lentement les azurés dissimulés sous l'étoffe camouflant la moitié supérieure de son visage.
    Saphirs balayèrent alors discrètement l'endroit, sur sa droite comme sur sa gauche une paire de bottes, bien trop propres pour être honnêtes, ou l'étant trop justement, et ce que la rouquine discerna ensuite face à elle, ne fut pas pour lui donner envie de lâcher la lame discrètement extirpée, dans un réflexe habituel, d'un de ses brassards de cuir.
    Trois paires de bottes de plus, deux identiques aux premières, et au milieu une autre, bien râpée, aisément reconnue par la robe brune singulière, habillant les jambes associées, leur mollesse et le pied trainant laissant peu de doute sur l'état de son propriétaire.
    Une longue inspiration, mâchoire crispée, quatre quidams de la maréchaussée et un grison aux fraises, qu'au moins un, voire deux, devait soutenir.

    Réflexion...
    Doucement, lenteur chirurgicale, la lame glisse dans la dextre, et la nuque s'étire dans un craquement significatif, caractéristique de la rouge.
    Les billes bleutées achèvent leur remontée pour juger de l'état du barbu, étoffe glissant sur la tignasse enflammée, quand l'inertie est confirmée, le sang du spadassin ne fait qu'un tour.
    Action...
    L'attaque se fait vive, rapide, quidam à sa droite se recevant lame lancée d'un geste rapide dans le flanc gauche, quand poignard accroché à sa hanche se voit déjà saisi par le manche, Xandrya prête à sauter sur le garde de droite, mais attention se voit alpaguée vers le trio par la voix d'un des gardes soutenant Gerceval.

    Elle va se calmer fissa et pas faire d'histoire la rouquine
    Dans tes rêves chér.. i...


    Phrase achevée en demi-teinte, ton vindicatif s'amoindrissant quand topazes visualisent...
    Le maréchal, garde, milicien, quel que soit l'engeance de ce fils de chien, la toisant d'un sourire mesquin en ayant agrippé le catogan de son prisonnier, pour lui relever le visage et glisser le tranchant de son épée aux abords de sa gorge.
    Eclairs fusant du regard d'eau, la nuque émet à nouveau un craquement sinistre à se voir étirée, mains de la rouge s'écartant de son corps, après que le poignard eu été remis à sa place, doigts s'ouvrant pour démontrer l'absence d'armes, dans un grondement.

    Voilà qui est plus raisonnable.
    Espèce d'enfoir...

    Sournoiserie, perfidie, le corps s'affale au sol, lourdement, d'un coup porté derrière la tête par le garde humilié d'une blessure, conscience perdue de la suite des évènements, du transport tel un sac de blé jetée sur une épaule, au dépôt sans aucune considération sur le sol de cette geôle crasseuse, ni de la pose des fers pour l'entraver, ou de cette fouille approfondie et vicelarde, à palper allègrement formes femmes, pour trouver lames et autres armes, ou du moins essayer.

~ Prison de Lyon ~

_________________
Gerceval
Prison de Lyon, le 04 Octobre 1467, quelques heures après son arrivée,


Les minutes semblent être des heures dans ce lieu. L'odeur désagréable des lieux ne semble vouloir quitter ses sinus, son seul sens qui fonctionne totalement en ce moment, bien malgré lui. Les hurlements, les barreaux couinants... le bruit semble ne jamais vouloir se taire. Les hommes qui partagent sa large cellule ne sont pas non plus là pour lui apporter de la sérénité, il le sait, ce séjour avec eux se terminera mal. Les gardes ne semblent d'ailleurs pas tellement se soucier de ce qui peut se passer ici, l'homme battu gît toujours au sol, inconscient... peut être mort.

Le seul réconfort qu'il peut trouver, qu'il se force à trouver en cet instant, ce sont les chaînes à ses poignets. Elles lui offrent le loisir de déployer ses larges bras sur une amplitude d'un bon mètre, suffisant pour s'étirer et surtout se défendre le cas échéant. Bien que passant lentement, ce temps de répit lui permet, peu à peu, de recouvrer ses esprits, sa vision et il peut se lancer dans une phase d'observation.

La geôle, il la partage avec quatre autres types, sans compter celui qui est inconscient. Si trois d'entre eux semblent inoffensifs, affables, le dernier le parait beaucoup moins. L'homme est large, massif. Il paraît clairement plus jeune que le mercenaire mais loin d'être moins menaçant que lui et en cet instant, il observe le grison comme on saliverait devant un beau gibier. Le mercenaire ne passe pas à côté de ce constat mais ne soutient ni son regard ni sa provocation. Si Gerceval aime se battre, aime torturer et tuer, il aime le faire pour gagner à coup sur. En l'instant, l'avantage semble être du côté de l'imposant qui, de surcroît, à les mains totalement libres. Observer, patienter et agir au moment opportun, celui où il aura l'avantage. Cette méthode, il l'applique depuis des années, des décennies et si elle lui oblige bien souvent à en pâtir en premier lieu, son passage à l'action en devient des plus délectable, savoureux.

A l'écart des autres pensionnaires, le Grison s'appuie contre l'angle de mur, ayant chacun d'eux dans sa ligne de mire. La position prise lui permet d'anticiper les mouvements de chacun et, en cas de nécessité, d'adopter la meilleure stratégie. Pour l'heure, il en profite pour répondre à ses interrogations.

Qui avait donc ordonné son arrestation ? Ah, dur problème à résoudre, ses ennemis ne manquent pas dernièrement.

Une comtesse trop impatiente d'un résultat ? Hm... possible, oui, d'autant qu'elle a de l'influence ici, mais ça semble peu probable, elle est plus rusée que ça.

La rousse, justement ? Non... impossible. S'il est certain que ces deux là ne se feront jamais confiance, elle a besoin de lui pour résoudre son problème et elle le ferait elle même, rien que pour le plaisir de le faire.

Une intime de la Reyne de France, sa récente possession ? Il ne peut cacher un sourire involontaire à cette pensée. Serait-elle seulement assez folle pour chercher à lui nuire? L'idée a le don de lui plaire en tout cas. Mais, si c'était le cas, elle n'aurait pas pris le risque de le laisser en vie, il serait déjà dans une fosse à cette heure.

L'Anjou ? Allons, un peu de sérieux, ils salissent leurs braies rien qu'à l'idée d'attaquer Thouars, alors attaquer ceux qui l'on fait.

Thouars ? Hm... oui, ce coin moribond a pu enfin s'éveiller pour passer à l'acte. A se demander si cette histoire en finira un jour, si chacun cherche toujours à se venger. Apprend-on vraiment de ses défaites?

Cette réflexion déclenche un rire chez le mercenaire, totalement incontrôlé. Expression rare venant de lui et pour le moins dérangeante, dans un lieu pareil, mais il ne peut s'arrêter durant de longues secondes où l'écho de sa gorge déployée raisonne dans la roche de la prison.


Le large pensionnaire semble se retenir de venir vers le vieux mercenaire, il affiche pourtant un air encore plus décidé à l'écoute de ce rire des plus agaçants. Mais ce rire semble avoir attiré autre chose que cet agacement, peut être même est-ce ce qui a retenu le gros d'agir. Le lourd pas, de bottes décidés, vient par ici.



"Il existe quelqu'un de pire que le bourreau, c'est son valet."
Mirabeau

_________________
Xandrya


~ Lyon, le 04 octobre 1467~

All of my hate cannot be found
I will not be drowned by your thoughtless scheming
And you can try to tear me down
Beat me to the ground
I will see you screaming

Come and fill the pages of my fantasies

(*)


~ Prison de Lyon ~
    Et rien ne change, le passé comme prévu en songes, inconscience offrant aux démons tout loisir de venir hanter l'esprit endormi, le corps entravé, l'espace restreint, l'envoyant vers des fantômes plus anciens que les habituels, de ceux qui avaient forgés sa haine viscérale contre l'église, de ces ombres qui lui avaient arrachés les entrailles si souvent, de cette vie étouffée dans l'œuf, de cette inconnue qui le resterait sûrement... de cette cellule religieuse supposée salvatrice qui avait vu les pires années de sa vie.
    Et les globes oculaires s'agitant secouent les paupières à une vitesse folle quand le corps se crispe, se contracte, balayant la paillasse de fortune, la respiration s'accélère, et le regard outremer s'ouvre brusquement quand la douleur fuse au creux de ses reins, le coup de botte perfide qui y est asséné l'extirpant du monde onirique de ses jeunes années au couvent.

    Ca va bien de roupiller la rouquine, debout !

    Les dents serrées, mâchoire crispée, dextre se pose au sol pour se redresser et les perles d'eau se rendent compte... des fers, des putains de fers à ses poignets, serrés à en marquer les chairs, provoquant une longue inspiration d'exaspération en se mettant enfin debout, malgré les chaines la liant au mur de ce délicieux hostel pénitentiaire.

    On fait moins la maligne subitement.

    Haussement de sourcils, la rouge se mit à observer le quidam qui lui rodait autour, comme un vautour autour de la charogne qu'il convoitait, jusqu'à ce qu'un rictus narquois ne se mette à animer les lippes de la captive, et qu'à un passage suffisamment proche, les mains attachées ne viennent flatter d'un appui certain le flanc gauche du garde.

    Oh une petite rancœur chérie ?

    Réponse ne se fit aucunement attendre, et la soie de la chevelure de feu voltigea autour du visage qui venait de se prendre le cinglant de la fierté blessée de la soldatesque, autrement dit, elle venait de s'en manger une, peau diaphane de l’incendiaire se teintant d’un rose ourlé de carmin assez représentatif de la beigne reçue.

    Il était des terrains de jeux inexplorés, même pour celle que beaucoup confondait avec une vulgaire brigande, et une geôle de prison comtale, ducale, peu importait, en était un, et somme toute la maréchaussée avait bien moins de scrupules à molester une femme dans la trentaine, qu’un ecclésiastique une jeune fille d’une quinzaine à peine.
    Ce qui ne changeait pas c’était cette pièce étriquée au final, et le regard bleuté emplit de haine porté sur celui qui osait lever la main sur elle, quel que soit l’âge que la rouge avait et l’engeance du fou le faisant.
    Lentement la pointe de langue vint essuyer le filin sanguin s’écoulant de la commissure de ses lèvres, ce chien ne perdait rien pour attendre, mais pour l’heure, l’analyse de la situation établissait clairement la donne, et celui qui avait la main se trouvait face à elle, pour l’instant…

    Le pourquoi de sa présence ici lui semblait logique, le barbu invité à la même petite sauterie qu’elle, étant un indice suffisamment parlant pour comprendre que les crétins du Poitou avaient fini par se décider sur le jugement à pondre, un mois et demi pour ça… avec une lettre revendiquant les faits noir sur blanc adressée au tribunal.
    Uhm… est-ce que ça la surprenait ? Pas le moins du monde.

    Le zèle de ses geôliers à exécuter la sentence bien plus en revanche, et lors que la chaine eut été tirée de telle sorte que la rouge n’ait guère de choix que subir la concupiscence et l’acharnement de ses hôtes, le doute s’empara d’elle un temps, réfléchissant à l'option d’un autre commanditaire, quand mains outrageuses s’appropriaient ses rondeurs et que poings lui meurtrissaient le corps, sans que cela ne la fasse réagir plus qu’un grondement de temps à autre.
    Quoiqu'avoir lardé l'un d'eux pendant l'arrestation devait, au final, être amplement suffisant à cette débauche "d'attention".
    Geignements vinrent plutôt de la bleusaille pestant contre le pantel de la rouquine, bien trop complexe à virer pour ces crétins, n’était pas destructeur de la garde-robe du spadassin qui voulait, il fallait avoir des burnes en béton pour ça, et les pleutres en sa présence en manquait cruellement.

    Un rire, digne d’un dément se mit à retentir dans la prison, sans que la rousse ne puisse vraiment savoir d’où il provenait, de qui en revanche, elle en avait bien une petite idée, pour en avoir déjà entendu l’ébauche, mais son entièreté lui glaça le sang, lui tirant une grimace, qui ne fit que s’accentuer à l’envolée de moineaux s’éclipsant de sa cage, la laissant ainsi attachée, bras étirés vers le haut et corps endolori des coups.

    Seule au fond de sa cage, ou du moins le pensant, la rage d’une rousse s’exprima dans un grondement étouffé en gorge, audible mais contenu, tirant sur ses chaines pour tenter de se décrocher, n'obtenant guère plus de largesse que de pouvoir s'agenouiller, au moins un point de douleur lui serait soulagé.
    Ne montrer aucune faiblesse…
    Hurler en silence...
    Ne pas céder...
    Jamais…

    ~~~~~~~~~~
    (*)"Thoughtless"Evanescence
    Toute ma haine ne peut pas être exprimée
    Je ne serai pas enterré par votre complot irréfléchi
    Et vous pouvez essayer de me déchirer
    Me mettre à terre
    Je vous verrai crier
    Venez et remplissez les pages de mes fantasmes

_________________
Gerceval
Prison de Lyon, le 04 Octobre 1467, naissance d'une longue nuit,


Il est des choses incontrôlables, le besoin de nourrir ses passions, la nécessité de se venger d'affronts, de s'agacer ou de rire. Le mercenaire n'est pas épargné par tout ça, il vit avec toutes ces choses plus ou moins facilement. Mais, les choses incontrôlables ont le don d'énerver ceux qui ne les partagent pas.

Le rire sardonique du Grison s'éternise et, déjà, la porte en fer de la prison s'ouvre pour laisser exploser l'agacement des geôliers. Quelle prison laisserait naître la joie, après tout ?

Deux gaillards, armés d'une petite massue, se dirigent d'un pas décidé vers celui qui semble atteint d'un spasme incontrôlé qui demande à se faire taire. Les deux passent si près de celui qui gît au sol qu'ils manquent de peu de se faire piétiner et assurément de mettre un terme à son supplice ice-lieu. Si le vieux mercenaire les voit venir, il n'oppose aucune résistance se laissant approcher en poursuivant son déploiement vocal telle une provocation envers ses hôtes.
Sans surprise, l'une des massues s'abat sur le mercenaire pour venir étreindre douloureusement son ventre. Le coup oblige son corps à se plier et son rire à se saccader et rapidement se remplacer par une toux sèche. L'autre s'emploie à le redresser pour que le premier puisse enchaîner un nouveau coup, puis encore deux autres après ça. Oh, on peut penser ce qu'on veut de la violence, elle a le mérite de faire changer les humeurs rapidement.

Et pour ce coup-là, le rire est complètement tu, laissant place à des soupirs douloureux à expédier, des grognements étouffés mais aucune menace émanant de l'expérimenté mercenaire. Le tortionnaire allait s'attaquer à son visage mais un troisième garde entre dans la cellule et il est moins taiseux que les autres:



- Ah! Evidemment, ça ne pouvait être que celui-là!


Le Grison relève son visage, lâchant au passage un glaire sanglant sur le sol, et observe la venue théâtrale. L'homme adopte une posture de domination certaine, les mains solidement accrochées aux hanches, les jambes écartées et l'air hautain et sur de lui.


- On va lui faire subir le même châtiment qu'à la rousse!


Si rien, ou presque, n'avait encore atteint Gerceval depuis sa venue ici, ce seul être aura eu raison de sa passivité surprenante. Son visage se transforme rapidement, ses yeux se plissent, ses sourcils se froncent, sa mâchoire se raidit et ses muscles se contractent.

Il est des fois où l'on ne peut tenir ses principes, ses croyances... Observer, comprendre, connaître les points faibles pour mieux attaquer... Balayés aussi vite qu'une armée prise sous une volée de flèches.

Les deux gardes autour de lui, captivés par les propos de l'orateur, lâchent leur attention sur le mercenaire qui, lui, en profite pleinement. Basculant sa tête légèrement en arrière avant de l'abattre violemment sur celui qui le maintient. Le coup fait perdre prise au garde qui titube pour finir par s'affaler sur le sol, toujours aussi crasseux. Sans perdre de temps, Gerceval porte son attention sur celui qui lui a montré tant d'affection, gratifiant sa joue gauche d'une droite bruyamment douloureuse, surement insuffisante pour mettre K.O. mais idéale pour gagner du temps. Décidé, inhibé de toute douleur, il se précipite comme un damné vers le troisième garde et profite de l'effet de surprise pour lui donner un violent coup de poing à l'estomac avant de venir joindre ses deux mains autour de son cou et de lui faire connaître l'extase de la lévitation sur quelques centimètres. Son regard plongé dans le sien, ses doigts s'enfonçant dans la peau tendue de son cou, son avidité à son paroxysme et son venin craché d'une voix rauque :



- Que lui as tu fait ?! Où est-elle ?! Que lui as tu fait ?!


Même si l'homme voulait répondre, la rage portée à son cou l'empêche de pouvoir réfléchir et plus encore de songer à sortir ne serait-ce qu'un son. Mais au fond, cherche-t-il vraiment une réponse à ses questions ou est-ce là une réponse animale à une menace ?

Inlassablement, il répète ses deux questions, secouant le pauvre garde contre la grille en fer forgée. Mais la rage doit capituler, un choc violent vient remettre de l'ordre dans cette cellule et l'obscurité s'offrir au mercenaire.



"La faiblesse qui conserve vaut mieux que la force qui détruit"
Joseph Joubert

_________________
Comtesse_de_remscheid

Lyon, Début Octobre 1467,

    Lyon, un des fiefs de la comtesse, avait vu un retour inattendu de sa propriétaire, pourquoi, personne ne le savait vraiment, et personne ne s'était hasardé à le demander, les foudres de la maîtresse des lieux étaient à éviter par tous les moyens, et quand son fiacre se stoppa sur le gravier de la cour intérieure il n'y avait qu'une chose à faire, s'incliner et obéir.

      Fais remplacer les chevaux, nous allons en ville Amalia, schnell (vite)...
      Bien Madame

    La silhouette s'était effacée au cœur de son manoir, le temps de changer de toilette et d'enfiler un manteau à large capuche, d'un noir intense, personne n'avait besoin de pouvoir discerner qui elle était dans l'endroit où elle se rendait, pas plus qu'on ne devait savoir que quelqu'un de son rang y mettait un pied.
    L'infâme avait toujours pris soin de veiller à ses intérêts, ceux mis en place au printemps tout autant que d'autre, si pas plus après l’affront parisien de celui qui lui devait obéissance jusqu’à ce que la preuve de son contrat rempli lui soit donnée.
    Si elle n'avait rien à voir avec cette arrestation, les yeux et les oreilles que l’ébène possédait à travers le royaume de France, autant que certaines relations, lui avait permis d’en être informée et elle comptait bien profiter de ce petit séjour carcéral à son avantage, mais contrevenir à un contrat, monnayé… Le mercenaire avait là fait un fort mauvais calcul, si la patience de la comtesse se pouvait être large quant à la réalisation de ses desseins, ne pas obéir à un ordre donné…

    La rhénane étant dans son domaine, tout lui était familier, rien n’entravait la préparation à laquelle elle s’adonnait, nul besoin d’Amalia pour la seconder cette fois, griffe de métal, finement ciselée et aussi affutée qu’un stylet venant ourler index dextre, quand plaque fine de métal se vit enfoui au creux d’une poche.
    Rapidement, la Remscheid fût de retour au fiacre, s'y engouffrant sans même s'assurer que ses exigences avaient été respectées, il était évidence absolue que tout était en ordre, sa suivante en place, le bois fut frappé et ordre donné sur un ton dénotant l’intransigeance.

      Ins Gefängnis. (à la prison)

    Le silence pesant au cœur de la calèche, et le ressenti du regard de sa suivante sur elle, sensation déplaisante, que l'opalescence de ses yeux mornes fit rapidement comprendre à la petite brune.

      Was ? (Quoi ?)
      Vous ne devriez pas Madame
      Ai-je sollicité ton avis ?
      Non Madame
      Nein, Also halt die Klappe. (Non, alors tais toi)
      Pardon Madame
      Tsss....

    Courroux éveillé, le silence était devenu glacial, Amalia se faisait aussi petite qu'une souris cherchant un trou pour s'y cacher, bien qu'il soit possible que la suivante de la comtesse n'ait pas tout à fait tort, mais il était suffisamment rare que sa maitresse la reprenne aussi sèchement, et la connaissant sans doute mieux que personne, l’ombre de la rhénane savait que c’était mauvais présage.

    Et le convoi se stoppa enfin devant l’édifice qui offrira très probablement un moment jouissif à l’infâme, bien moins à ceux qu’elle vient visiter, suivante se doit de suivre dans un premier temps accompagnant dissimulée d’une capuche aussi.
    A peine quelques mots au portier et le pénitencier ouvre ses portes, accueillit par un garde, plutôt costaud, dont une fragrance de sang se dégageait, à en chatouiller l’odorat développé de la germane, un sourire carnassier s’étirant dans la lumière de ce qu’offre à voir le couvert de l’étoffe.

      Elle ou Lui ?

    Silence lourd et gêné fut une réponse en soi, sans même avoir à percevoir le visage du soldat.

      Amenez-moi à sa geôle.

    Le pas talonnant celui de l’homme blessé, qui comptait bien aller réveiller la rouquine pionçant dans sa cellule, la comtesse tenta d’occulter les agressions, tant olfactives qu’auditives de l’endroit, en donnant ses instructions, elle voulait assister à l’amusement du garde et de ses collègues, mais ne se montrera pas, et ainsi cachée dans l’ombre du couloir, l’infâme se délecte des coups portés, de voir celle qui a osé lui tenir tête, remettre son pouvoir en doute, se faire molester, privée de toute défense, vie insignifiante à ses yeux à laquelle elle porte, pourtant, un intérêt certain.
    Grognements mais point de cris ou de pleurs comme attendu, bien trop fière et entrainée pour ça, élément de qualité mais… ayant un profond problème avec son autorité, alors… moment jubilatoire de la voir ainsi asservie, contrainte, se voyant interrompu par un rire dérangeant, masculin de toute évidence et attirant un peu trop les gardes à son goût, les voyant fuir la tâche qu’elle comptait bien voir achevée.
    Un bras qui se tend et une main qui agrippe celui qui l’a reçu et guidé, le stoppant en laissant le bruit de bottes de ses confrères s’éloigner pour s’adresser à lui, tandis qu’une rousse se débat, son de chaines étirées caractéristiques et grondement moins furtif se faisant entendre.

      Je veux que vous la preniez.
      Mais…
      Prenez-là et assommez-là une fois terminée, une année de solde vous attendra chez vous.
      Un grand garçon comme vous doit bien être capable de lui faire comprendre qu’on ne vous blesse pas impunément… n’est-ce pas ?

    Il n’en fallut pas plus au sombre geôlier, orgueil piqué et bourse garnie promise, pour qu’il se hâte à offrir à la comtesse ce qu’elle demandait. L’infâme connaissait le passif et l’endurance de son ancien spadassin, la scène discernée et entendue dans la pénombre ne l’étonnant donc nullement, un fin étirement satisfait se dessinant aux lippes comtales, l’apogée du sourire atteint au son caractéristique d’un corps inconscient étirant les chaines après avoir été assommé.

      Parfait, rajustez-là et partez.
      Oh et je aussi veux m’entretenir avec Lui.

    Lentement, le corps dissimulé sous cape pénétra dans la cage de sa proie, avançant vers la bougresse une fois son besogneur parti, pour lui relever le visage sans ménagement, approchant le sien pour observer le moindre détail, pulpe d’un pouce traçant la nouvelle disgrâce sur le faciès de l’insolence, doigts se resserrant sur la mâchoire alors que l’opalescence du regard comtale faisait écho au diaphane de la peau de la prisonnière.

      Es wäre zu einfach, Aas (Ce serait trop facile, charogne)

    Tête rejetée brusquement, l’infâme se mit à contourner le corps inerte de la rouquine, presque déçue de son état, mais l’antre n’était pas la sienne pour œuvrer à sa guise, cela étant, la tignasse rousse attrapée sans délicatesse aucune, fut tirée pour dégager l’objet de sa convoitise, ce qu’elle avait demandé au mercenaire de lui ramener.
    Avec un plaisir certain, la pointe du stylet qui habillait son index se mit alors à retracer les contours du symbole, le regard clos, extatique, légère griffure à peine une égratignure sur l’encrage à la nuque, souffle calme se complaisant de ce moment de toute puissance, tailler la chair et lui arracher ce tatouage en la laissant se vider de son sang sur place étant une option qui lui traversa l’esprit l’espace d’un instant, mais la torture en serait bien trop courte.

      Ich bin geduldig, dein Leiden wird größer sein… (Je suis patiente, ta souffrance n'en sera que plus grande)

    En ayant fini sur l’instant avec l’impudente, l’infâme n’eut guère à s’interroger sur la direction à suivre pour trouver, tête d’inclinant légèrement à entendre la voix rocailleuse de son dévoué s’élever contre les parois de la prison.
    Suivant à l’ouïe, la silhouette drapée de noir, digne d’une faucheuse, n’eut guère de peine à trouver la geôle où la puissance mâle qu’elle avait engagé se déployait dans toute sa splendeur, l’observant dans l’ombre, ainsi donc savoir ce qu’était devenu la rouquine lui importait, information intéressante dont la raison lui importait peu au fond.
    Le mercenaire maitrisé, par le nombre certes, fit naître une grimace de dégoût, s’en était presque irritant de le voir ainsi, et dans le même temps… étrangement plaisant, dominé par sa colère, il suffisait donc d’appuyer où il fallait, point faible existant chez chacun.
    Sans bruit, la comtesse se fit discrète attendant fin des attentions « délicates » des geôliers pour Gerceval, s’en délectant à n’en perdre aucun son, aucune miette, aucun grognement, Ombre attendant son heure en profitant du spectacle.

    Codes couleur dialogue
    Comtesse /Amalia/ Garde

    Texte en accord avec les jd concernés

_________________
Xandrya

~ Lyon, le 04 octobre 1467~

Till it happens to you, you don't know
How it feels,
How it feels.
Till it happens to you, you won't know
It won't be real
No It won't be real
Won't know how it feels

(*)


AVERTISSEMENT
Bien qu'imagé et édulcoré, cet écrit relate un viol.
Si susceptible de vous déranger, abstenez-vous de lecture
Merci


~ Prison de Lyon ~
    Captive d'un jugement légaliste, attendu oui mais en quoi devait-elle l'accepter, quant au final cette vengeance était tout à fait justifiée.
    Au regard de qui ? Au regard de quoi ? Du sien, du leur même, point d'entente entre les deux mercenaires étant ce besoin de vengeance qui avait vu un rapprochement dans l'organisation de tout ceci.
    Pas de confiance non, mais le respect des capacités de l'autre en revanche, chacun se savait tout à fait apte à tuer l'autre et tout autant conscient de pouvoir se faire tuer en retour, peut-être bien une des raisons pour qu'aucun des deux ne soient encore morts au final.
    Mais sur l'instant, bien qu'elle l'entende rire, se foutant bien du pourquoi vu que le constat permettait de le savoir encore en vie, la rouquine poussa sur ses genoux pour se relever, azurés suivant les épais maillons de fer un à un, les remontant pour en trouver l'attache, jusqu'à ce que son regard ne tombe sur une paire de mains, celle du garde blessé.

    Un souci avec tes chaines ma jolie ?
    Bah maintenant que t'en parles, je vais finir par avoir des crampes chéri.

    Regard se plissant les bleutés observèrent le changement d'attitude du quidam, et même si en souffrance des gentillesses agrémentant son séjour, le passage au "ma jolie" n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, tout comme la façon de la regarder avec concupiscence, s’il croyait qu’elle ne l’avait pas entendu jacasser avec dieu seul savait qui, pour dire quoi en revanche, la rouge avait bien des talents mais rien d'une superhéroïne en revanche.

    Je vois le problème oui, j'aurais dû m'en rendre compte

    Un coup sec, vif sur l'attache des liens orchestré, le peu de latitude qu'avait réussi à s'offrir l'incendiaire fût réduite à néant, et les bras étirés vers les cieux dans un grondement rauque.

    Trop lâches
    P'tain d'enfoiré

    Pas un sourcil vacillant, pas plus que les perles d'eau portées sur l'abjection militaire qui s'avançait vers elle, sa façon d'être ne plaisant aucunement à la rouge, pas plus que ce petit sourire en coin de toute puissance qu'il arborait. La question ne serait pas posée de savoir ce qu'il foutait là, ce qu'il voulait, deux options possibles, et la dextre qui se mit à flirter sur ses formes, s'en abreuvant sans retenue, fixa rapidement laquelle était raison de son retour.
    Mâchoire crispée et dents serrées, Xandrya se mit à inspirer profondément pour garder la bile verbale qui voulait jaillir hors de sa bouche, ne pas lui donner envie de chercher plus loin quand le corps mâle vint se plaquer dans son dos, entreprenant ses hanches pour la maintenir contre lui.
    Souffle chaud venant mourir sur la peau diaphane de sa gorge, une grimace de dégoût anima purpurines et nez du spadassin, léger mouvement de tête et topazes vers le bas se posant sur les doigts dénouant laçage de son pantel avant de l'étirer d'un coup sec.

    Je te déconseille de poursuivre chéri

    L'avertissement avait été grondé, dans un mouvement de bassin arrachant aux phalanges masculines l'objet de l'attention du geôlier. Réponse retour se vit donnée promptement de deux mains se saisissant du cuir pour le baisser aussi sèchement qu'ouvert jusqu'à mi-jambe, dévoilant peau de lait aux doigts s'en délectant d'un pétrissage vigoureux venant murmurer à l'oreille de l'entravée.

    Sinon quoi ? Penses-tu être en position de me donner ton avis ?

    Retour brutal de virilité monnayée, tignasse rousse se vit agrippée avec violence et la tête tirée vers l'arrière, le sombre héros ouvrant d'un geste, trop rapide pour ne pas avoir été souvent utilisé, ses braies pour qu'orgueil exacerbé se fasse sentir au galbe féminin, le grondement de Xandrya se muant en grognement.

    Ton cul ferait bander un mort en plus.
    Je te buterais pour ce que tu t'apprêtes à faire...
    Elles disent toutes ça.
    Elles ne sont pas moi !

    Pas un mot de plus de l'empaffé, tout juste un ricanement, et la brûlure des chairs investies posa le voile du passé sur le regard clair de la rouge, dont les phalanges s'enroulèrent aux chaines la tenant suspendue au plafond de cette geôle, qui voyait un serment de longue date piétiné en quelques secondes par les coups de reins de l'abjection qui lui ravageait les entrailles.
    Plus jamais sans son consentement, voilà ce qu'elle s'était promise en foutant le feu à ce lieu qui lui avait volé innocence et vie enfantine, de longues années durant, et en émasculant chacun des ecclésiastiques l'ayant souillé de leur vice, après être devenue la femme qu'elle était aujourd'hui.

    Pourtant sous les assauts répétés de ce garde stupide, sous cette paume englobant l'orbe à la teinte laiteuse, contre ce glaive de chair pourfendant l'étau de son intimité sans vergogne, déchirant, ravageant, c'est la fillette prépubère qui hurlait au fond de son corps, celle dont personne ne s'était soucié, la sans famille, la petite rousse réceptacle du vice des insoupçonnables "hommes de foi" et le souvenir de la souffrance de cette fois-là, des pleurs inutiles à faire cesser, de l'oreiller dans lequel ils avaient été étouffés qui venait hanter son esprit.
    On dit que la première fois ne s'oublie pas, il en est qu'on voudrait pourtant.

    Et secouée comme une câtin tringlée à la va-vite, mâchoire se serrait à s'en faire péter les dents, pour ne pas lui offrir la moindre manifestation auditive, le moindre grondement, le moindre cri, rien qui ne puisse accentuer le plaisir pris par ce mort en sursis, le plafond fut fixé quand souffle lui brûlant la nuque et râle du mâle se vidant, grognement bestial typique, ne laissèrent pas de doute sur la fin des hostilités.
    Le sentant se retirer sans attendre, les trainées chaudes s'écoulant lentement sur l'intérieur de ses cuisses eurent le don d'accroître son envie de meurtre, lui faisant remonter en bouche, bile d’un estomac vide, vite ravalée pour ne montrer aucune réaction physique de ce que son corps rejetait tout ce qui venait de se passer, ces démons qu’il venait de faire remonter en surface.
    L’envie de sang, le sien, le saigner sur l'instant, comme le porc qu'il était, se faisait impérieux, éradiquer l’auteur de l’outrage, lui faire bouffer sa queue, oui tout ça et bien plus encore, voilà ce qui filtrait au cœur de son regard océan, au creux de tous les muscles bandés de son corps qui ne demandaient qu’à lui rendre la pareille, sauf qu'ainsi attachée, elle n'en avait nulle possibilité, mais le temps viendrait, en attendant l’assaut terminé, l’écœurement et la colère sourde qui grondaient en elle, s’exprimèrent de la seule manière à disposition, tellement Xand tant sur le fond que la forme.

    Déjà… T'as pas mieux ???
    Je me suis ennuyée…
    Mourir pour si peu… c'est vraiment con… chéri !


    Les mots sifflés entre ses dents, menaçants, étaient une arme parfois tout aussi tranchante qu'une lame, faisant autant de dégâts, Xandrya ne s'en privait pas, et ceux-là firent mouche, coup de coude bien placé à la base du crâne, envoyant la rouquine aux fraises, spadassin devenant poupée de chiffon, la silhouette inerte étira les chaînes de tout son poids, entraves des poignets meurtrissant les chairs à les en faire saigner.

    Celle qui entra ensuite dans sa cellule, le Phoenix n'en eut pas même une réelle conscience, ou si peu, la douleur engourdissant son esprit ne lui envoyant que quelques bribes d'un dialecte inconnu, à peine le ressenti de cette griffure à la nuque, rien qui ne lui permette de réagir, et peut-être bien qu'au réveil, elle n'en aurait plus le souvenir... peut-être...

    En revanche, il en était un qui n'aurait pas cette chance, et si sa dernière vengeance l'avait mené ici, celle qui venait de s'écrire à coups de reins, se jouerait sans témoin, à l'abri des regards, et il n'était pas impossible que la rouge s'adonne à une nouvelle façon de faire une fois proie entre ses griffes : prendre son temps.

    ~~~~~~~~~~
    (*)"Til it happens to you" Lady Gaga
    Jusqu'à ce que ça ne t'arrive, tu ne peux pas savoir
    Ce que ça fait
    Ce que ça fait
    Jusqu'à ce que ça ne t’arrive, tu ne sais pas
    Tu ne l'as pas vécu
    Non, tu ne l'as pas vécu
    Tu ne sais pas ce que ça fait

_________________
Gerceval
Prison de Lyon, le 05 Octobre 1467, les sombres cauchemars


Qu'il fasse jour ou nuit, la prison est toujours animée par les plaintes, les gémissements, les coups. Cette nuit-là n'échappe pas à la règle, elle en est même plus animée, accrue par une sombre présence.

Le corps massif et inconscient est porté par les bras. Les pieds et les tibias frottent sur le sol, les deux porteurs ne se souciant pas de leur colis. Il est emmené dans une nouvelle pièce, tout aussi sinistre que les autres où l'humidité semble, ici, encore plus présente. Il est installé au centre de la pièce, forcé à être debout, ses deux poignets solidement maintenus dans de longues chaînes fixées au plafond. La taille imposante du grison lui oblige à être pratiquement à genoux, les bras totalement tendus par sa masse. Seuls les liens métallique lui empêchent d'embrasser le sol. Les bottes lui sont retirées et, sans ménagement, jetées dans un coin. Ses chevilles nues sont enlacées par des anneaux métalliques maintenus par des chaînes fixées au sol. Il est privé de toute liberté.
Des ricanements succèdent aux soupirs d'efforts, la bande ne semble pas mécontente d'elle.

L'obscurité est saisissante à l'extérieur des murs de la prison, on ne pourrait y voir son cheval sans torche. Cette ambiance joue beaucoup dans l'atmosphère de cette pièce. Il y a deux petites ouvertures en haut d'un mur, le jour un filet de lumière peut éclairer le visage de la victime, les nuits chanceuses, la lune peut rassurer. Cette nuit-ci, la lune semble totalement absente, la pièce n'est que faiblement éclairée par quelques torches fixées aux murs et quelques bougies posées sur le sol ou sur une table.

Le bruit, typique d'un vêtement que l'on déchire, rompt le silence qui plombe la pièce depuis quelques minutes. Le mercenaire se retrouve le torse nu. Si quelques poils grisonnants peuvent se voir sur son torse musculeux, on en remarque surtout les nombreuses marques écrivant harmonieusement les péripéties de sa vie. Si certains semblent passionnés par ces marques indélébiles, lui les méprise.

Un seau est empoigné par l'un de garde qui se dirige vers le mercenaire endormi avant de lui verser le contenu sur la face. Son visage et son buste sont totalement imbibés d'eau froide. Bien trop froide pour rester inconscient. Le grison s'éveille brusquement, agitant son corps et ses bras dans tous les sens, enfin, c'est ce qu'il aurait sans doute aimé. Les douleurs sont vives alors que ses bras essaient de se débattre. Il faudra quelques secondes d'agitation pour comprendre qu'il est toujours dans le même bourbier, et plus encore quand il remarque que ses extrémités sont liées à la prison par des chaînes douloureuses. Péniblement, il se lève pour diminuer la pression infligée à ses bras et remettre ses pieds sur le sol, glacial sans botte. Ses efforts ne seront pas sans grognement, sans grimace. La fierté de l'homme en prend un sacré coup dans le ventre. Lui qui aime tant être bourreau.

Étrange sursis lui est offert pour se redresser, pour s'habituer, pour émerger. Il s'est totalement redressé, ses bras ont accès à une faible flexion, mais suffisante pour être salvatrice. Pourtant, le barbu n'est pas dupe, certains aiment à faire penser que le pire est passé, que maintenant le repos est assuré.
L'un des hommes de la prison se rapproche de son visage, l'air satisfait. Sa paluche gauche serre fermement sa mâchoire velue et tendue par la situation. Le souffle putride de l'homme est projeté vers lui :



- S'attaquer à tes hôtes, chien, c'est une très mauvaise idée.


Les mots sont lâchés comme une incitation à la réponse, à la révolte, il le sait. La tentation est grande, une fois encore, de briser ses principes mais que peut-il faire pour l'instant, si ce n'est subir ?
Le geôlier affirme sa supériorité en serrant sa main sur la mâchoire toujours aussi tendue.



- Dehors, tu peux sans doute tuer à ta guise, ici, tu es à moi!


Si la première phrase pouvait inciter à la récidive, celle-ci est plus troublante au mercenaire. Personne n'avait osé prétendre une telle chose depuis les derniers soupirs du géniteur. S'il ne laisse rien paraître, son regard semble embué quelques instants. La main du tortionnaire lâche sa prise pour laisser sa main habile récompenser la joue gauche du mercenaire d'un violent coup qui lui fait lâcher un grognement et un grand mouvement de son visage vers la droite.

L'homme frotte l'extrémité de sa main endolorie avant de faire un signe circulaire du poignet à un autre garde. L'ingéniosité de l'Homme n'a que peu de limite, surtout dans l'art de la guerre et, plus généralement, l'art de faire souffrir. A l'ordre donné, un mécanisme active les chaînes du plafond et les bras du mercenaire sont inévitablement tractés vers ce dernier. Le temps du sursis est bel et bien terminé et la douleur à la mâchoire vite remplacée par celle qui allonge son corps. Le tortionnaire qui lui fait face semble mener la séance et s'amuse pleinement de la déformation du visage du grison, de ses grognements, ses râles, ses plaintes, ce joli panaché de douleur. De longues secondes où son corps est soumis à la dure loi de l'étirement, ou ses muscles bandés tentent de vaincre vainement cet ennemi trop fort. Puis, enfin, un nouveau signe est fait et le supplice s'arrête et la tension diminue légèrement, même si ses bras sont toujours tendus.


- On m'avait dit de me méfier de toi.


Le tortionnaire s'approche de son pantin, main droite se saisissant avec fermeté de ses longs cheveux cendrés pour lui incliner le visage en arrière. Cette action arrache un nouveau grognement du mercenaire, intense.


- Mais tu es comme les autres, un chi...


Etre comme les autres, il pouvait surement tout entendre mais être comparé... L'Unique n'est pas comparable, telle est sa croyance. Un mouvement sec de son visage vient surprendre le tortionnaire et le front du mercenaire vient s'écraser sur le nez du premier dans un craquement qui provoque un saignement aussi dense qu'un débarquement des Anglais sur les côtes. Si la douleur est intense, le mercenaire ne peut empêcher un rire de fuser entre ses lèvres. La joie de ce coup vaut bien les quelques cheveux arrachés dans la manœuvre et le déchaînement de violence que ça va engendrer. Mais pas sans renchérir de quelques paroles difficilement évacuées.


- Je suis Uniq...


Comme un prêté pour un rendu, un autre garde s'avance rapidement vers le grison et enchaîne une série de violents coups de poing sur son ventre déjà meurtri. Les coups sont reçus douloureusement, sous d'intenses soupirs et gémissements.
_________________
Gerceval
Prison de Lyon, le 05 Octobre 1467, les sombres cauchemars


Le Grisonnant continu d'encaisser les coups de poing fermés contre son ventre qu'il n'essaie même plus de contracter pour amortir la succession de coups. Le corps tendu par les chaines ne fait qu’accroître la violence des coups et l'incapacité de pouvoir les amenuir. Les grognements se font au rythme des poings s'abattant sur lui. Ils se font, néanmoins, de moins en moins bruyant à mesure où l'acharnement se poursuit.

Le garde, au nez brisé, repousse celui qui était là pour le soutenir, d'un bras tendu pour le projeter. Rageux, il contourne le mercenaire agonisant en passant dans son dos. Il se saisit, au passage, d'un fouet posé sur une table en décomposition lente.
Objet fermement empoigné dans une main, rouge de sang, il se positionne pour abattre sa sentence à l'affront. Il hurle à l'autre garde de stopper ses coups et de s'éloigner.
Sans se faire prier, ayant vu la manœuvre de son chef, le garde abandonne sa besogne et quitte sa position.

Gerceval, quant à lui, se laisse tomber sous son poids, maigre réconfort dans cette position, ses poignets supportent la totalité de son corps fatigué. A peine a-t-il le temps d'un soupir que son dos se fait déchirer violemment par la vivacité du fouet. L'arme cisaille son dos de bas en haut. Le coup, abattu sans hésitation sur une ancienne cicatrice, arrache un cri tant de surprise que de douleur. Ses membres sont pris d'un léger tremblement, les nerfs, la douleur, le désespoir… Le bourreau est des plus satisfaits du rendu sanglant de son coup qui laisse fuir le sang du mercenaire hors de son corps massif.


Dans l'obscurité, muette, sens en éveil, à l'écoute, une Ombre surveille tâchant de percevoir au mieux ce que le manque de clarté lui ôte à voir, les grognements, les râles et le corps qui encaisse sans demander grâce. L'Observatrice se désespère du piètre résultat. Mais lorsque le cinglement du fouet se fait entendre, douce musique aux oreilles de l'Ombre, et que le premier cri exulte, nacres soignées se dévoilent légèrement sous la capuche et lentement la main se faufile dans une poche pour en sortir la fine plaque de métal, l'Inconnue la glisse entre ses lèvres et dissimule, la moitié de son visage, derrière un foulard. La Silhouette s'avance sous une ample cape noire, le pas digne d'une posture d'inquisitrice, l'infâme Ombre n'ignorant rien du passé du mercenaire, et ainsi "dissimulée" se positionne devant lui, levant senestre vers le garde avant que sa voix modifiée, légèrement métallisée, ne s'élève.

- Suffit...

Un long soupir fuit des lèvres du vieux mercenaire, exprimant sa douleur et sa rage. La mâchoire serrée, difficilement, il lève son visage vers la voix étrange, mais pourtant quelque peu familière. Quoi qu'il en soit, s'en souvenir en cet instant est tout simplement inutile. Il grogne, les dents serrées, avant de racler le fond de la gorge et en laisser jaillir, vers le sol, un crachat rouge et compact. Soupirant, encore, il se concentre pour apprécier l'Ombre mystérieuse qui semble donner un répit à la torture

L'Etrange Silhouette hume la seule odeur capable de lui faire oublier l'immondice de l'endroit : le sang. Dextre lente de l'Ombre se glisse sous le menton du barbu, une griffe de métal se perd sur l'arête droite de la mâchoire mâle. Ce dernier grogne sous cet irrespect, n'aimant guère être manipulé tel un animal, telle une chose. L'Ombre, observe de haut son visage, autant que faire se peut sans prendre le risque de se dévoiler, après l'avoir redressé d'un mouvement sec, s'abreuvant de ses grognements.

- Séjour plaisant Her Gerceval ?

L'Ombre, sans attendre réponse, donne le ton aux chiens de gardes français d'un mouvement de tête:

- Sortez

Cette deuxième phrase n'offre plus de doute au mercenaire, cette voix ferreuse, modifiée, il en reconnait l'accent, l'horrible sonorité Germanique. L'agitation habite son vieux corps fatigué, laissant les chaînes chanter sous ses mouvements, ses poings se ferment et sa mâchoire se tend pour faire grincer ses dents les unes contre les autres. La douleur irradie son corps mais, la rage, la vexation, lui donne la force de s'échapper à cette griffe en basculant son visage. Le souffle agité, il peste, entre quelques toux :

- J'm'imaginais n'importe qui ayant eu le courage, la bêtise, mais je n'aurais pas pensé que la folie vous guiderez à le faire… Comtesse.

La Comtesse de Remscheid, dissimulée en Ombre, esquisse un rictus malsain à sentir la réaction d'agitation lorsque le mercenaire comprend qui le tient au creux de sa main et que la combativité et l'arrogance perdue du barbu lui reviennent alors.

- Oh vous ne m'avez donc pas oublié....

La Mesquine, baisse son foulard et ôte la plaque métallique de la pointe de sa griffe, offrant à la vue les traits fins et la peau claire de son visage qui arbore un regard glacial envers le vieux captif. Ce dernier, d'ailleurs, ne peut masquer son léger sourire quand ce visage apparaît. Elle a beau être une garce, une chienne et tout ce qu'on peut trouver d'agréable… Il aime les belles choses. Qui dira que la beauté n'est pas une torture à regarder? Mais l'heure n'est clairement pas à la contemplation et les cinglantes paroles le ramènent à la réalité :

Et vous auriez pensé avec justesse Gerceval... ceci n'est en rien mon œuvre, j'ai juste saisi l'opportunité de votre captivité pour vous rendre visite puisque Paris n'a pas reçu la votre...

L'espionnage et l'influence semblent accompagner les pas de la Comtesse. Le sourire de l'homme mûr s'efface à mesure ou elle parle et où il se rend compte qu'il est en bien mauvaise posture, face à elle, aussi imprévisible et cruelle que lui. Masquer son inquiétude par du sarcasme, un jeu qu'il adore malgré ses risques :

- Oh… j'aurais dû saisir cette occasion bien plus tôt, si j'avais su que ma présence vous manquez tant que ça

Quelques minutes durant, un échange se poursuit entre les deux êtres qui semblent liés. La joute verbale et non verbale semble mettre à l'épreuve leur détermination. Dans le brouhaha, certaines paroles semblent ressortir :

- Vous savoir ainsi affaibli pourrait me contenter... Mais ça a plutôt tendance à "m'irriter"... Je doute que vous en ayez le désir dans votre position actuelle, Gerceval...

- Quoi que vous fassiez… Faites le avec la conviction que je ne puisse me venger.

Vautour tournant autour de sa proie, lentement, prenant le temps d'apposer sa griffe acérée sur le corps meurtri et sanglant du barbu. Barbu qui, durant ce temps, grogne et peste en s'agitant de ses lentes manœuvres qui n'ont que pour seul résultat de l'agacer tant il se sent amoindri et humilié alors que l'autre partie semble en tirer un certain plaisir.

Mais l'humiliation laisse place à la rêverie quand l'échange se poursuit sur les qualités, de l'un et de l'autre sur l'art de torturer son prochain. L'homme tendu entre ses chaînes, perdu dans ses songes agréables, ne s'inquiète pas de ce qu'il se passe dans son dos, de ce qu'il ne peut voir. La Comtesse, handicapé par l'environnement obscur, parvient à suivre le mécanisme qui retient sous tension le grisonnant. Une main innocente câline une poignée avant de s'affermir dessus pour l'actionner. Un mot d'avertissement puis les chants d'une chaîne libérée s'entendent. Une mélodie métallique qui s'interrompt avec une plainte puissante du barbu, surpris et incapable de contrer la chute et le choc de cette nouvelle torture sur son corps.





____________________________________________________________

Edit : Ce texte a été préparé et écrit en collaboration avec JD Comtesse de Remscheid
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)