Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Parce que Elle.

Lanonyme
Il sortait de temps en temps de ce cocon familial qui n'en était pas vraiment un, mais, c'était le seul qui lui restait. Il aimait sortir seul pour flâner dans les rues sans se presser, prenant le temps d'admirer l'architecture offerte à ses yeux. Il aimait passer aux travers des ruelles pour, quelquefois, découvrir des endroits incongrus. Souvent, il gardait dans une légère besace de quoi écrire. Plume, vélin, encrier. Pouvoir répondre à certains courriers dont personne n'avait besoin de connaitre la teneur. Il avait cette manière de rester silencieux dans bien des situations afin d'éviter ces questions subsidiaires que l'on aimait poser. Il avait bien des secrets. Et celui-là devenait précieux.

Il s'installa dans une simple auberge, à une simple table et demanda une simple bière. Le parchemin fut pris après avoir sorti l'encrier ainsi que la plume. Il y pensa fortement. Il l'imagina fortement. Il choisit ses mots et commença la rédaction de cette subite missive.




A vous, Dame Charnelle qui fait rêver,
De moi, rêveur indiscipliné de vos visions,

J'aurais préféré vous rencontrer au détour d'une ruelle, vous croisant lentement, émiettant l'envie de vous souffler un bonjour juste pour entendre votre voix. Votre regard est si doux que, parfois, j'ai l'impression que votre main fine caresse mon visage. Vous possédez un vert qui fait rêver.
Votre peau doit être bien douce. Puis je l'imaginer ainsi sans pouvoir la toucher du bout de mes doigts, puisque vous êtes si loin.
Vous semblez si fragile et si forte à la fois que vous me déroutez de bien des manières. Ne serait-ce que ce regard vert qui tremble parfois. Cette silhouette longiligne dans ces robes savamment taillées et cousues pour votre corps. Bienfaitrice êtes vous à mes yeux lorsque je vous vois, vous observe, vous admire.

Certainement êtes vous la plus belle des femmes que j'ai pu observer dans ma vie. Certainement aussi la moins accessible. Et pourtant, chaque jour, ai-je la sensation de n'être que dans vos bras et que je puisse me prélasser avec vous.

J'ose espérer ne pas vous brusquer, ni ne vous importuner. Il fallait que je vous l'écrive.



Pas de signature. Aucun besoin. Il espérait juste que Elle prendrait le temps de lire ainsi que de répondre. L'attente venait de débuter.
.elle


    Un beau jour, ou était-ce... non peu de chance que la scène ne se déroule de nuit, bien que le petit matin ne soit pas le plus à même de voir une quelconque activité non plus, et pourtant.
    La veille avait vu quelques missives lui être portées, les ouvrant tour à tour pour lecture dans son bureau, mais interrompue par un curieux ramdam, la rose avait dû résoudre une chamaille entre deux des chambrières, toutes deux à vouloir s'occuper des appartements du dernier arrivant.
    Et une chose en amenant une autre, le courrier de la veille se trouvait alors dans les mains d'une florale, en déshabillé de soie au cœur de sa chambre, étendue sur son lit, prenant le temps de lire les lettres qui lui étaient adressés.

    La verdoyance de son regard se plissa à l'intitulé, cherchant aussitôt la signature ou le cachet, tournant à plusieurs reprises le parchemin, moue dubitative de n'en trouver aucune, les mots se virent parcourus, étirant un sourire parfois à certains passages.
    Un admirateur secret, connu, inconnu anonyme en tout cas semblait-il fort inspiré par la brune aux reflets chatoyants, et qui plus est, la plume relativement bien taillée.
    Passant la main dans ses longs cheveux détachés pour une fois, s'apprêtant à aller se coucher, l'hésitation fût sienne de répondre sur l'instant, mais la nuit avait été longue et un bâillement franc incita la galante à déposer la missive sur le chevet pour y faire réponse à son réveil, rendant les armes à l’assaut bestial de Morphée pour le rejoindre sans attendre.

    Mais sommeil perturbé fût donc écourté d’un réveil haletant, émeraudes s’ouvrant humides sur l’édredon de son lit, un long soupir accompagné d’une main caressante à son abdomen la faisant se retourner pour que les iris tombent sur le parchemin.
    S’étant redressée, la florale s’extirpa de sa couche, attrapant la missive et son écritoire en allant s’installer au creux du fauteuil faisant face à l’âtre de sa chambre, encore éteinte mais plus pour longtemps, frimas automnaux se faisant plus rigoureux au fil des jours.
    Plume encrée et vélin posé sur la planche de bois, liés et déliés se mirent à glisser de l’élégante calligraphie florale.




        A Vous, Rêveur Indiscipliné
        De Moi, Fleur de vos Pensées


        Votre missive m’a cueilli aux portes du sommeil, il était donc de logique qu’elle soit rédigée de la main d’un rêveur, d’un timide aussi sans doute à ne pas oser vous dévoiler.
        Vous ne me brusquez aucunement, pas plus que vous ne m’importunez, la réponse que je vous fais en est, je pense, le témoignage. Quelle femme, saine d’esprit, n’apprécierait pas de se voir gratifiée de cette description que vous faites de moi ? S’en est presque une ode délicate.

        Oh sans doute certaines prendraient-elles peur de se dire que quelqu’un les observe, les convoite et le désire dans l’ombre, sans se montrer, ni s’avouer pleinement, mais puis-je vous en vouloir de le faire quand mon mode de vie y appellerait presque ?
        Et si je vous réponds c’est que je n’ai rien ressenti de malfaisant dans vos mots, dans ce qui se dégage de ce que vous dites avoir eu besoin de m’écrire.

        Je note cependant que vous semblez me connaitre, tout comme mes habitudes, peut-être m’avez-vous déjà salué au détour de cette ruelle que vous évoquez sans que j’en ai connaissance. Mais chacun se cache et se dissimule à sa façon, dans l’ombre d’une ruelle ou derrière les masques que l’on offre.
        Il sera à votre charge de me le faire comprendre si cela venait à se reproduire, et je gage que votre hardiesse sera peut-être plus, grande, après ce courrier d’oser ce bonjour dont vous parlez, même si moi je ne le saurais pas.

        Me savoir vous dérouter quand j’ignore même qui vous êtes me fais étrangement sourire, n’est-ce pas moi qui devrait l’être de lire une missive de quelqu’un qui semble en savoir tant sur moi, fruit de vos observations, quand je ne sais moi rien de vous ?

        Livrez-vous un peu admirateur de l’ombre, que la balance s’équilibre.



    Un sourire léger vint ourler les lippes florales de la rose, soufflant sur l’encre de la lettre après le coup de tampon en se levant pour s’approcher d’une poterie peinte, presque grossière, et en sortir quelques pétales de rose séchés et les glisser au cœur du parchemin.
    Mais s’apprêtant à aller quérir un messager pour faire porter sa réponse, un rire, amusé pris soudainement la sylphide.
    Comment envoyer un coursier sans savoir à qui faire parvenir le pli ? Le doux rêveur semblait avoir omis ce détail, et quelque part Elle en fût bien ennuyée, n’y ayant pas plus songé en rédigeant sa réponse.

    Enfilant rapidement une robe simple, fluide, sombre, de celle qui ne l’engonçait pas et qu’elle gardait pour ses repos ou heures de bureaux sans rendez-vous, les cuisines furent gagnées et petites mains questionnées, l’une d’elle proposant de voir à retrouver le messager, l’autre d’user d’un de ses pigeons hors pair qui trouve quiconque n’importe où, ce qui eut le don de faire entendre le rire cristallin de la florale.
    La première option choisie, Elle vint à s’assoir au réfectoire, prendre un repas ne lui ferait pas de mal, et pour une fois à un horaire que le commun des mortels nommerait « normal ».

    Missive trouverait son destinataire ou pas, la question restait entière.
    Peut-être Morphée y pourvoirait-il ?
    Ne protégeait-il pas les rêves après tout ?

_________________

Merci JDMonty
Lanonyme
Une nuit après, une matinée passant, un après-midi intéressant.

Attablé dans cette auberge, le quartier sud-ouest de Paris, endroit qui ne payait pas de mine. Personne ne le connaissait ici. Personne ne pourrait dire quoi que ce soit à qui que ce soit. S'évader quelques instants, esprit à l'air libre, sans terrassement aucun et de n'entendre que les balbutiements des clients en train de boire un verre. Il était peinard alors que Carléna arriva dans une discrétion qui la caractérisait parfaitement. Pour cela qu'il l'avait choisi elle et pas une autre. Et parce qu'ils se côtoyaient depuis un petit moment tous deux, la petite chambrière avait eu droit à sa confiance. Une commissure qui s'étira quand la jeune femme fût à sa portée, lui tendant un pli et de lui remettre sa récompense. Sans dire un mot, Carléna reprit le chemin de l'Aphrodite, pendant qu'il décachetait le parchemin.
Une légère odeur de fleurs séchées fit son apparition, embaumant ses narines et de prendre le vélin griffonné. Quelques pétales tombèrent sur la table. Il prit de les ramasser une par une, les remettre dans l'enveloppe et de la déposer précieusement à côté de sa bière.

Le premier regard se posa d'abord sur l'entête. Fleur de vos pensées. Attendrissant. Peut-être même prometteur a cette simple lecture. Et de descendre le même regard au bas de la page lisant en guise de signature "Elle". Nom étrange pour une femme mais certainement, une appellation discrète, qui ne devait offenser quoi que ce soit. C'était bien Elle. Elle qui lui écrivait. Elle qui lui avait répondu. Elle qui avait eu la délicate attention de le lire. Il eut ce sourire en coin satisfait et curieux de pouvoir lire le contenu de ce courrier que la chambrière avait su avoir par les mains de cette femme rêvée.

Ainsi donc, elle avait lu la missive dans sa chambre, avant de se coucher, de pouvoir dormir et de, s'il se l'imaginait aussi, rêver de lui. Timide restait un bien grand mot. Tout dépendait de quel côté on se plaçait mais, cela, il se garderait bien de l'en informer.
Elle n'avait point été contrariée. Elle n'était pas comme toutes ces femmes qui pouvaient se pavaner en public histoire d'agrémenter les regards des hommes mais, plutôt ce genre de femmes qui ne prenaient de considération pour les mots justes. Une ode délicate. Il s'impressionnait tout seul. Jamais il n'aurait pensé que cette femme puisse en dire autant.
Son mode de vie. Et quel mode....une vie que lui aussi connaissait, qu'il partageait mais elle ne le savait pas encore. Il n'y avait rien de malfaisant non. Il n'en avait rien non plus. Il paressait bien souvent absent, solitaire, dénué de paroles bienfaitrices alors que, à bien y regarder, le fond n'était pas si noir que cela.
Il la connaissait oui. Certaines habitudes aussi quand on ne connait pas véritablement les personnes. Et pas besoin de ruelle non plus pour la voir, la sentir. Et son audace était bien loin de lui avouer de suite qui était l'auteur anonyme de ce courrier. Et si il préférait la laisser chercher qui il pouvait être, il espérait néanmoins que cette belle châtine aux yeux verts ne soit pas vexée.

Il finit sa bière, laisse les écus sur la table et de saluer le tavernier. L'enveloppe avait été pliée afin de ne pas perdre ces précieux pétales et il regagna son espace de vie. Il lu et relu sa missive pour savoir comment lui répondre. Le vélin était déjà installé sur le bureau, attrapant la plume qui détenait la goutte d'encre nécessaire pour commencer la rédaction.




A vous, fleur de mes pensées,
De moi, rêveur indiscipliné,

J'aurais juré que vous portiez un nom comme Iris, Lilas, Violette ou encore Rose. Votre fragrance florale pousse à le croire en tous les cas.
Puis je supposer que ce "Elle" est un nom de scène dans cet établissement de désirs et plaisirs charnels?

Je vous connais sans vous connaître. Tout autant de votre côté, puisque je viens souvent boire un verre dans le grand salon. C'est un endroit que j'aime bien. Avec ses couleurs, ses personnes présentes, celles qui font de cet endroit un endroit d'exception. L'atmosphère y est agréable et encore plus lorsque vous êtes en son milieu.

J'aurais aimé vous dire qui je suis mais, l'aventure ne vous tente pas de savoir qui peut se cacher derrière ces courriers? N'êtes-vous pas dans la volonté de trouver vous-même? Peut-être n'aimez vous pas jouer aux devinettes. J'en serais attristé et cela gâcherait ce moment épistolaire qui, ma foi, me plaît à entretenir avec vous.
Parce que c'est vous, voici un indice.
J'ai une cicatrice de guerre sur une partie visible de mon corps.
Il ne vous reste plus qu'à chercher parmi les hommes que vous croiserez.

Croyez bien que j'aimerais encore pouvoir vous écrire, vous lire et encore plus vous voir afin d'échanger quelques mots avec vous. Je garde ce doux parfum précieusement que vous avez mis dans votre missive même si je n'ai aucunement besoin de cela pour penser à vous.
Sachez, Ma Dame, que ma bravoure n'a d'égal que ma sincérité à votre égard.


Demain, il demanderait à Carléna de porter ce courrier à Elle. Demain, il la paierait pour son silence. Demain, il ferait comme si de rien n'était.
.elle


    Les frimas automnaux n'avaient pas changé l'habitude, ce besoin viscéral de sa dose de verdure, combien même les floraisons étaient à saisons passées, vestige d'une vie passée que la rose n'avait jamais pu se résigner à laisser derrière elle.
    Simple promenade au cœur d'un jardin, clos pourtant, mais l'essentiel était là pour elle, vide de tout et pourtant si plein de rien, mince fil la gardant en lien de ce qu'elle dissimulait derrière cette Elle publique, cette Rose intimiste.
    Assise en prise avec son passé, aujourd'hui peut-être davantage que d'ordinaire, Carléna vint à la déranger, la faisant sursauter et porter main droite sur son cœur de se faire ainsi surprendre.

    En plus de deux ans ici cela n'était pour ainsi dire jamais arrivé, s'étonnant de la voir elle et pas Justine, mais peu importait dans le fond, la réaction de la rose se sentant comme prise en faute, eu été la même, la chambrière se voyant accueilli dans une attitude bien loin du calme et du stoïcisme habituel de la florale.
    Pas un mot, tout juste un sourire face à la mine un peu déconfite de la pauvrette qui une fois missive donnée ne demanda pas son reste pour s'éclipser.

    La lettre ouverte, un petit sourire vit le jour, ainsi cet inconnu avait de la ressource, à moins que ce ne soit la petite servante si mal reçue, elle devrait la revoir, mais ce que contenait ce courrier était bien plus intriguant que cette petite main.
    Se levant le corps avait été dirigé vers l'étage, parchemin dissimulé sous étole en apercevant certains de ses collègues dans le grand salon, un sourire avenant leur étant envoyé, tout comme aux visiteurs présents, pressant vers l'escalier et le rideau rouge avant que de détailler chacun de ceux en présence pour y trouver la moindre cicatrice.
    Gardant sa droiture habituelle et l'attitude que chacun lui connaissait, Elle regagna sa chambre, refermant à loquet tiré sa porte, se dirigeant vers son nécessaire d'écriture, en ôtant ses chausses, un rire incontrôlé la prenant en se rendant compte de ce que ce "rêveur indiscipliné" venait de lui faire faire : aiguiser un peu plus une curiosité qui n'était pourtant pas de ses défauts.

    Doucement parchemin, plume et encre se retrouvèrent déposer sur la coiffeuse et calligraphie fine et soignée commença à noircir le parchemin.




        A Vous, Rêveur Cachotier
        De Moi, Rose à vos Pensées

        Alors optons pour Rose c'est vers celui-ci que ma fragrance florale aurait dû vous poussez n'est-ce pas ? J'affectionne particulièrement cette fleur, les jardins de mon enfance en étaient abondamment fleuris.
        Si le doute est encore votre, prenez le temps de sentir les pétales joints à mes missives, ils sont de roses, de celles que je porte à mes cheveux ou que j'aime à avoir dans ma chambre, j'aime à les conserver pour embaumer mon environnement autant que pour que la fleur persiste au-delà de sa floraison.

        Et vous pouvez le supposer oui, Elle n'est qu'une identité supplémentaire, un nom de scène si vous voulez le nommer ainsi, tout comme une personne normale mes parents m'ont nommée, et non pas par ce mot commun, qui colle à mon mode de vie en ce lieu et d'autres avant lui.

        Vous me connaissez donc même plus que je ne l'aurais cru, puisque vous semblez être un habitué de l'Aphrodite, peut-être même avons-nous déjà conversé et n'osez-vous point me le dire, tendre rêveur que vous êtes.
        Mais détrompez-vous, je ne suis pas de ces curieuses qui veulent tout savoir, sans prendre la peine de l'obtenir, je ne suis pas ainsi, j'aime qu'on se livre de soi-même, Un de mes collègues ici pourrait je pense vous le confirmez sans sourciller.
        Et s'il est un trait de caractère que vous n'auriez su deviner votre verre en main au cœur du grand salon, c'est que j'aime les défis et suis plutôt joueuse en ce sens, je crois bien que personne ne saurait le soupçonner me direz-vous, et c'est plutôt une bonne chose je crois.

        Savez-vous cher rêveur que vous m'avez poussé à fuir le salon avant que je ne me hasarde à chercher cette cicatrice dont vous m'avez parlé sur tous les présents ?
        Je supposerais dont que vous êtes soldat ou milicien ou mercenaire pour arborer stigmate d'une blessure de guerre, j'imagine j'avoue n'y entendant rien en ce domaine.
        Je me ferais donc devoir de me faire plus attentive à ce détail, est-ce très visible ou discret ?
        Mais savez-vous que vous ouvrez là une porte dorée à des inconnus qui le seront eux pleinement puisque pas vous ?

        Ecrivez tant qu'il vous sied, je vous répondrais, ne l'ai-je point déjà fait et cette fois encore ? Je ne sais comment mes courriers vous parviennent, mais cela ajoute à votre mystère et tant qu'ils vous arrivent cela me va bien, je confierais donc cette lettre pareillement à la dernière.
        Pour ce qui est d'échanger des mots, qui me dit que nous ne l'avons pas déjà fait vous sachant venir à l'Aphrodite, rien ne vous empêche de le faire de nouveau, vous avez ce délicieux avantage sur moi mon cher rêveur.





    Pétales glissés au cœur du parchemin, se laisser porter vers le grand salon pour confier à une des petites mains sa missive, et puis d'instinct sourire légèrement avant de se reprendre.
    Une pointe de fraicheur dans ce monde d'obligation, un peu de distraction et d'amusement.

_________________

Merci JDMonty
Lanonyme
Carléna. Femme de chambre au petit soin du personnel du Bordel et, ces derniers jours, encore plus à ceux de cette Florale qui n'en finissait plus de lui faire tourner les sangs. Si, en cette matinée, la plupart se reposait, d'autres, comme lui, avait prévu une escapade afin de retrouver la jeune chambrière à l'auberge du Tavernier. Non, cet établissement ne payait pas de mine, gardant cette discrétion désirée puisque la longévité du chemin était certainement faite pour les gens aimant marcher. Il en était ainsi pour lui, les distances ne lui faisant aucunement peur et y allant d'un bon train afin d'avoir le premier tir de bière. Sans doute le meilleur. Le houblon étant dans le fond du tonneau, pour sûr que la première tournée allait être plus appréciée et moins amère.
La jeune femme était déjà arrivée, ayant posé son fessier sur l'une des chaises, attendant l'écrivain et d'attraper cette missive qu'elle lui tendait. Il lui donna la bourse qui n'était pas trop mal remplie et de la remercier gentiment.


Elle ne se dout'de rien?

La négation fit bouger son minois de gauche à droite juste avant de s'éclipser. Il lu, relu et re-relu pour être sûr de ne louper aucun passage, le temps de sourire, amusé de cet échange épistolaire et de chercher quelques réponses à apposer sur le vélin fraîchement sorti. La bière avait été déposée à l'autre bout de la table, saluant l'aubergiste, le remerciant par la même occasion et de s'installer, tranquillement, la plume prête à s'engager sur le parchemin.



A vous, Belle Rose de mes pensées,
De moi, Anonyme aimant les fleurs,

Ça par exemple. Tiens donc. Vous portez le nom d'une fleur magnifique, qui a bien souvent des couleurs qui me laissent rêveur et d'aimer aussi leur parfum. Les roses sont splendides à l'arrière saison. Je préfère les admirer juste après la rosée du matin. Quand les gouttes d'eau font refléter les rayons solaires et rendent l'éclat des couleurs à chaque pétale.
Maintenant, vous en conviendrez, il paraît évident que je puisse garder ces pétales, dont j'ai fait attention cette fois en décachetant votre missive, dans une boîte en bois ciselé par un orfèvre amoureux de son travail. Sur le couvercle, a-t'il fait graver mes initiales juste en dessous d'un rosier. Un jour, je vous montrerai.

Ainsi donc, vous avez un magnifique prénom. En tant que magnifique femme, l'un ne pouvait pas aller sans l'autre. Dommage qu'il n'existe point de roses vertes pour aller avec vos yeux. Oh! J'espère que votre chambrière vous a bien remis le bouquet de roses orangées. Savez vous ce que cela signifie? Je l'ai trouvé tellement beau que je me suis dit qu'il vous conviendrait et qu'il trônerait merveilleusement bien sur votre commode. Toutes les femmes ont une commode.

Je me surprend moi-même à avoir cette impression de vous connaître depuis longtemps alors que cela ne guère une éternité que nous nous sommes croisés, vous et moi, à l'Aphrodite. Quel nom pour un endroit tel que celui-ci. On dirait qu'il lui colle à la peau.
Me livrer de moi-même. Ne l'ai-je pas déjà fait? Ne le serais-je pas encore? Croyez bien que j'aimerais pouvoir vous en dire plus mais, cela voudrait dire que je devrais vous révéler mon identité et, de lire que vous êtes une joueuse aimant les défis, je vous prend aux mots!
J'ose espérer que ce collègue en question n'aime pas les roses....

Ne parlons plus de ce fameux collègue alors que j'opte pour la concentration sur vous seule. Donc vous êtes une femme charmante, jolie, des yeux verts dans lesquels on se laisserait aller et une espiègle. Oui oui, vous lisez bien. Une espiegle. Voyez comme vous puissiez jouer aux devinettes, croyant que je vais divulguer d'autres indices. Peut-être l'ai-je déjà fait.
Cependant, concernant ma cicatrice, il faudra vous concentrer fortement si vous désirez l'apercevoir. Je reste persuadé que vous allez encore regarder tout ce petit monde avec une attention encore plus particulière.

Je ne suis ni soldat, ni milicien, ni mercenaire. Mais, pour vous, je veux bien le devenir un temps. Soldat de votre cœur, milicien de votre temps, mercenaire de votre vie.
Si jamais le bouquet ne vous a pas pleinement satisfaite, ce que je doute, à ma prochaine missive, j'essaierai de vous satisfaire autrement. Ne vous inquiétez pas, j'ai déjà mon idée.

Je ne doute point un instant que vous allez me répondre puisque vous aimeriez savoir qui peut bien se cacher derrière cette plume. Non, je ne dirai rien. Bientôt, vous le découvrirez très certainement.

Que vos journées vous soient agréables. Que vos nuits puissent être aussi douces que votre peau. Tant que je puis vous écrire ainsi, j'en suis pleinement heureux.

Bien à vous.


Il attendit quelques jours avant de choper Carléna dans un des couloirs du Lupanar, glisser l'enveloppe et de l'envoyer acheter un bouquet de roses au marché mais pas n'importe lesquelles. Des oranges. Celles du désir charnel, d'une admiration sans faille. Carléna n'avait plus qu'à lui ramener tout cela, en mains propres avait-il stipulé et discrètement. Pourvu que personne ne les ai vu.
.elle


    Quelques jours écoulés, un peu de calme au cœur du tumulte de l'Aphrodite, et la période propice à vouloir procrastiner, ne pas sortir du lit, et ce matin-là ou plutôt l'oraison d'un midi, même la rose plutôt matinale avait gardé l'édredon de plumes comme seul compagnon de nuit.
    La porte s'ouvrant à peine quelques coups frappés lui fit lever la tête persuadée de voir Dacien franchir le seuil, même si depuis quelques temps il entrait tout simplement, sans s'annoncer, quand ce n'était pas une surprise complète à le trouver là, dans sa couche, à son réveil, endormi contre elle ou éveillé à la regarder.
    Mais point de Dacien, pas plus que de Justine, mais une Carléna, qui fit agrandir le regard félin ensommeillé, en venant déposer un bouquet de roses orangées sur la couverture couvrant les cuisses de la florale, lui glissant une missive entre les doigts.

      Le messager a dit en mains propres, alors voilà. Bon réveil.

    Un peu abasourdie, tant par la façon de faire de la demoiselle, que ce qu'elle venait d'amener, la rose n'avait eu que le temps de suivre du regard sans plus rien dire, attrapant les fleurs pour les humer une fois la chambrière sortie.
    Regard clos dans l'inspiration, un subtil sourire se dessina sur les lèvres de l'alanguie, digitales se faufilant à la base d'une corolle de pétales, une des roses fût tirée de l'assemblage et le courrier ouvert afin qu'émeraudes parcourent les mots.
    Douceur se dessinant au faciès floral, les pétales de l'orangée vinrent caresser de leurs velours la bouche de la rose, cet échange lui plaisait grandement et ce rêveur l'intriguait un peu plus à chaque courrier.




        A Vous, Rêveur aux attentions délicates
        De Moi, Rose rouge au milieu d'orangées

        Ne soyez dont pas si étonné, vous l'aviez-vous même supposé mais oui la rose reste reine en mon cœur à bien des égards, même si le lys a la préférence de la royauté, et j'aime m'en octroyer son nom.
        Comment ne pas l'aimer ? Ne pas se laisser charmer ?
        Voyez la splendeur de celle que vous m'avez fait porter, merci infiniment, elles sont sublimes. Votre main en a-t-elle effleuré les pétales en pensant à la mienne qui vous succèderait sur leurs velours ?

        Savez-vous que cette heure que vous évoquez pour admirer ces beautés perlées des larmes de la nuit est un instant dont j'aime à profiter chaque jour, que je me couche-tard ou me lèves tôt, c'est un moment que je ne manque que rarement.
        Avez-vous déjà pu observer les pétales d'une fleur perlée d'une rosée givrée ? C'est... une dose de féerie à admirer sans jamais s'en lasser.

        Ne pensez-vous pas qu'il me serait impardonnable de ne pas connaitre ce langage que mon amie la rose envoie de manière muette pour qui l'ignore ? Dois-je entendre dans votre présent, autant l'admiration que vous semblez m'offrir que le désir qu'elle fait naître au creux de vos pensées ?
        Et oui elles iront trôner sur ma commode, à l'entrée de ma chambre, à l'exception d'une échappée qui s'offre mes lèvres de ses pétales alors que je vous écris.

        Savez-vous que mes épines peuvent piquer qui s'approche trop, ou cherche à percer par avide curiosité. Et pourtant c'est vous qui piquez la mienne, alors qu'il n'est pas de mes défauts d'être curieuse.
        Votre démarche est singulière, j'ai l'impression à vous lire que nous pourrions nous connaître bien plus que vous ne le laissez deviner, pour que vous livrer davantage ne soit vous dévoiler pleinement.
        Qui êtes-vous donc mon doux rêveur ? Si vous étiez ici, sans doute apercevriez-vous un sourire que je n'offre pas en public, bien peu au final connaisse cet aspect de moi joueuse, parce qu'il n'a pas vraiment sa place ici, ou pas dans ce que je suis tenue d'être ici, nous portons tous des masques....

        Ne parlons plus de ce collègue si tel est votre souhait, je n'ai nulle envie de voir votre concentration détournée, et sachez que je lis et relis chacune de vos lettres pour y déceler le moindre indice, la moindre petite faille qui vous aura échappé, sait-on jamais.
        Vous êtes bien le premier depuis fort longtemps à me qualifier ainsi, mais je ne saurais vous convaincre du contraire alors que le sourire que j'évoquais plus tôt à tout de ceci, une espièglerie à vous percer à jour, et dans le même temps une envie que ça n'arrive point car ces échanges me plaisent, autant que ce jeu, je crois bien.

        Mais croyez bien que chaque pièce du puzzle est prélevée de vos courriers et patiemment je les assemblerais, une à une les enveloppant d'un doux parfum de rose pour les envouter et les sceller.
        Je n'ai jusqu'ici pas encore dévisagé de visiteurs portant une marque pouvant potentiellement être votre, et oui il se peut fortement que j'observe tout le monde ainsi oui, sans doute changez-vous certains regards portés sur autrui.
        La curiosité a cette désagréable tendance à changer le comportement des personnes, voilà pourquoi j'en use et abuse dans mon métier, et je l’exècre en privé, mais là la chose est différente vu qu'elle se veut oisive, taquine et ourlée d'une défiance joviale.

        Soyez ce qui vous accorte, le rêve et l'anonymat ont ces pouvoirs de vous offrir d'être qui vous souhaitez sans contrainte, c'est ainsi que l'on se protège, tout autant qu'on la provoque, de la curiosité. C'est une des raisons de ce "nom de scène" comme vous l'avez nommé, il appelle au questionnement, éveille l'intérêt et l'envie de percer le mystère, ce qui m'est "utile" ici, qund j'officie, et, à côté de ça il me préserve, garde ce que je ne veux donner, n'offre rien de qui je suis voyez-vous.
        Alors soyez combattant de mes heures calligraphiques, dompteur de mon espièglerie, provocateur de ma curiosité, soyez qui vous voulez être pour moi, pour une fois ce n'est pas à moi d'être celle que vous voudriez, vu que celle que vous semblez connaitre vous plait ainsi.

        Vous devenez présomptueux ? ou serait-ce de l'impudence ? Seriez-vous peut-être un peu orgueilleux cher inconnu ?
        Ne vous offusquez pas n'avez-vous pas dit que j'étais espiègle ? Vous n'aviez aucun doute à avoir c'est assurément certain, je ne peux qu'avoir envie de connaître vos desseins à vouloir me satisfaire quand la chose est déjà effective.

        Mon jour sera doux, comment pourrait-il en être autrement avec un tel éveil, car oui la chambrière m'ayant remis votre missive et bouquet, m'a cueilli au saut du lit, vous m'offrez cependant un dilemme pour cette journée.
        Laquelle de mes tenues s'accordera à cette rose, qui caresse le grain de ma gorge lors que je vous réponds, lorsque je la scellerais au châtain de ma chevelure ?
        Ecrivez-moi encore, distillez, aiguisez encore mon envie de vous percer à jour.

        Floralement votre.





    Déposer le courrier sur le coffre en pied de lit, bouquet en annexe et se laisser retomber dans l'oreiller, émeraudes se portant sur la rose roulant entre ses doigts, léger sourire venant ourler ses lippes en la respirant.
    Plus tard, une rose vêtue de noire ferait son apparition au salon, rose orangée piquée au creux de ses cheveux relevés en chignon, une autre venant coloré le côté gauche de son bustier.
    Parchemin resté sur le coffre de sa chambre, instruction serait glissé à Carléna puisqu'elle semblait à même de trouver le messager pour qu'elle le récupère à son prochain passage à l'étage.

_________________

Merci JDMonty
Dacienhissy
[Au salon, quand la rose noire orangée se laisse distiller.]

La journée commençait à peine. Dacien venait de s'accoutrer afin de rejoindre Elle, coutumière ses derniers temps d'un trainage au lit. Il affectionnait particulièrement ses heures hâtives, retrouvant sa Belle dans la clarté matinale et de lui offrir des bras réconfortants avant de s'imbiber de l'atmosphère Aphrodite. Aucun claquement de phalanges sur le bois, la clenche se tourna et la porte s'entrebailla pour observer une chambre vide d'une Rose. Vide? Presque. Sur la commode non loin de l'entrée, un bouquet orangé trônait là. Des roses toutes plus magnifiques que les autres, sentant le délicat parfum de cette fleur dont la Châtine savait s'imprégner. Il huma ces belles fleurs, caressant quelques pétales de quelques phalanges et émietta un de ces sourires de satisfaction. La porte fût refermée. Il avait eu raison de faire confiance à Carléna. Elle avait certainement choisi le plus beau. Il sourit un peu plus, grandement même. Cette chambrière était d'une exceptionnelle discrétion avec une incomparable dévotion pour satisfaire ses moindres désirs. Le pécunier aidait aussi, probablement. Mais Dacien préférait rester sur cette note jouissive que cette femme de chambre respectait à la lettre ses caprices.

Les escaliers furent descendus deux par deux, souhaitant trouver cette Rose aux milles pensées et de scruter, en premier lieu, à travers l'embrasure du pourpre qui ne cessait de bouger légèrement. Une rose noire tachetée de orange n'était pas très loin du comptoir quand la foule ne se montrait guère en cette heure matinale. Il la regarda, la contempla, la trouva magnifiquement belle et d'un air tendrement chercheur de celui qui pouvait bien plumer autant de mots à son encontre. Se doutait-elle? A qui pouvait-elle penser? Était-elle émoustiller de lire un inconnu lui écrivant? Que dirait-elle si elle savait que ce n'était que lui? Tout simplement? Dacien reprit ses esprits, remit sa chemise comme il se devait avant d'entrer en scène dans ce salon et de lui jouer la plus invraisemblable des comédies afin de garder ce secret encore un peu de temps.

Le rideau fût passé. L'air renfrogné qui se dégagea de son visage sans en faire de trop et d'arriver à la hauteur de la Rose pour déposer ses lèvres à son cou. La dextre glissa à sa taille avant de se retrouver de l'autre côté du comptoir pour se servir un cidre et un hypocras pour Elle. Il leva à peine les verts en sa direction, prenant tout le sérieux qu'il pouvait avoir et de l'informer au passage.


Chuis passé dans ta chambre. T'y étais pas.

Le verre fût tendu à la rose noire. Une gorgée de cidre qui prit la route de l'œsophage afin de se désaltérer. Le vert s'arrêta sur cette sublime fleur qui commençait à éclore et de lui declarer ainsi, avec ce faux air sec.

Elle est très joli cette fleur. Comme celles sur ta commode....

Dacien ne concevait pas, à ce moment précis, de gâcher ce petit jeu qu'il avait mis en place, sous prétexte de surprendre la femme qu'elle était et d'entrevoir un autre homme qu'il montrait. Pour sûr, il l'aimait comme elle était. Ni plus. Ni moins.
_________________

Merci Châton et Chérichou!
.elle


    Proximité d'un bar, d'un marbre dont la rose ne pouvait être qu'envieuse quand les mains de Dacien s'y égaraient si souvent comme il eut caressé courbes femmes, peut-être les siennes quand, parfois, un élan, une pulsion ou un abandon, offrait une seconde d'inattention, une garde baissée et l'ébauche d'un rapprochement.
    Lentement les digitales avaient parcouru ce marbre, corps floral n'ayant pas ressenti ce frisson semblant animer son complice, seule avec elle-même au cœur du grand salon, loin du tumulte des soirs d'affluence, de leur joies et déboires, de l'Aphrodite publique.
    S'apprêtant à retourner au jardin malgré la fraicheur automnale, les bruits de pas attirèrent son attention, alors le regard félin s'enquérant du qui fut souligné d'un léger sourire, à peine esquissé à voir l'air mécontent du gérant, lui soutirant un léger soupir.
    Pourtant la gestuelle se fit discordante de l'humeur, d'un baiser à un effleurement qui la fit frissonner subtilement, se faisant barman quand de toute évidence il évitait soigneusement son regard, une trace indélébile, une amertume supplémentaire, un je ne sais quoi qui le contrariait.
      Je me suis réveillée tôt oui, et merci Dacien, tant pour le verre que le compliment.

    Phalanges enveloppant le contenant, son regard restait sans retour, sans accroches, jade mâle fuyant l'émeraude femelle, Elle savait… Nul compliment là, mais une enquête, un « d'où ça vient, qui te les as offerts, pourquoi ? » suintait au travers de cette phrase "comme celles sur ta commode..." tel un reproche.
    Et rien moins ne savait l'irriter que ce manque de confiance envers elle, ce besoin de contrôle, cette possessivité dont il pouvait faire montre parfois, consciemment ou non.
    L'inspiration longue se dissimula au cœur d'une gorgée de ce vin délicatement épicé, de ces mots ravalés qu'elle garderait pour elle, venant alourdir un pétale bien caché de la rose, celui du non-dit, avant qu’elle ne repose le verre pour répondre.
      Je trouve qu’elle réhausse le noir oui, un cadeau d’un admirateur secret, dont j’ignore tout, et qui m’écrit.

    L’imaginant déjà enchainer la question qui lui brûlerait la langue sous peu, avec l’acidité de la jalousie, la florale coupa court, poursuivant d’une voix calme, sans venin, ni once de méchanceté, alors qu’elle interpellait Carlena d’un subtil signe de la main, laissant la chambrière arriver à leur hauteur.
      Et oui… je lui réponds, parce qu’il pourrait devenir un client, peut-être, et parce que ça m’intrigue.

    Pivotant la tête vers la demoiselle à sa droite, instruction glissa entre ses lippes, sans se cacher de celui qui restait « Lui » à ses yeux, avec tout ce que ça pouvait signifier, et ce malgré ce qui pouvait surement lui passer en tête sur l’instant, elle n'avait nul raison de lui cacher, nulle envie non plus.
      Un pli est à faire porter, il est dans ma chambre sur le coffre.
      Veux-tu le lire avant qu’il parte Dacien ?

    Pouvait-elle faire plus pour calmer sa méfiance ? Certainement…
    Le ferait-elle pour autant pour l'apaiser ? Aucunement…
    Rose écorchée de l'air contrarié ? Probablement…

_________________

Merci JDMonty
Dacienhissy
Ne pas la regarder. Ne pas lui sourire. Rester dans cet engouement apporté par la volonté de s'interdire le moindre mot sur cet admirateur secret. Rose ne se doutait aucunement que l'homme qui lui écrivait ces lettres anonymes était tout simplement en face d'elle. Dacien osait à peine la regarder. Peur de se trahir lui-même. Peur de voir son visage déçu par cette envolée soudaine sur une possession qui, pour le coup, restait faussement volontaire.
Il bu son verre. Posant le contenant sur le précieux comptoir, ses phalanges glissèrent sur le marbre. Peut-être la seule chose de concrète qui lui restait de l'Homme aimé dans tous les sens du terme, laissant volontiers Rose prendre cette place de choix, commençant à s'en rendre compte bien malgré lui. Il n'y avait qu'à la regarder pour succomber, juste la toucher pour fondre, l'embrasser pour en tomber amoureux.


Han han.

Dit il patiemment en écoutant sa première réponse, celle qui coulait de source, vu son absence dans sa chambre. Il n'avait pas besoin d'être remercier. Ni pour le verre. Ni pour le compliment. Tout ceci n'était qu'un soupçon de flatterie, un grain de séduction, une bouffée d'amusement notoire dans un monde bien trop sérieux.

Han han.

Encore. Dacien n'en dit pas plus quand la Florale évoqua ce fameux admirateur secret, lui écrivant des missives, osant pénétrer ses verts dans les siens et de lever un sourcil genre ben voyons.

Han han.

Un de plus qui fut émis à l'encontre de cette phrase qui vint soudain l'interloquer autant que de lui donner cette envie de continuer. Si Elle savait....ainsi donc Rose était intriguée. Fier de lui en bien des points, en voilà un qui venait se greffer. Il l'intriguait. Lui. Parce que ce n'était que lui l'auteur de ses courriers. Il ne put s'empêcher de la dévorer des yeux, tentant de garder ce sérieux dont il devait faire preuve, avec cette pointe amère d'avoir un rival inconnu et de lui declarer sommairement.

T'es tellement belle que tout l'monde te veut....

Vrai, sincère, amusé aussi avec cette pointe de taquinerie qui rehaussait cette phrase. Carléna arriva à leur hauteur, laissant la femme noire orangée déclarer que la prochaine missive était prête et de sourire en coin, content de l'apprendre, prenant cet air amusé de la suite qu'il allait lui balancer.

Non. Ca va. J'te fais confiance. Vrai. Non pas parce que c'était lui l'auteur mais tout simplement parce que Rose lui en avait parlé sans cacher quoi que ce soit. Mais....Tu lui as dit à ton merle que t'étais pas libre? Il attendit un instant, le temps que la chambrière disparaisse dans les couloirs. Quelques phalanges pour remettre une légère mèche châtain derrière l'oreille de Rose et il continua son discours. Ou tu préfères peut-être lui laisser découvrir quand je lui arracherais les yeux. Parce que vu la couleur de la fleur, je pense qu'il te désire tellement qu'il pourrait en réveiller les morts dis donc....

Le sourire fut mis en valeur, narquois, équivoque de cette jalousie qui pouvait se montrer et de la méfiance de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un potentiel rival. Ce jeu l'amusait, effectivement, jusqu'au moment où il devrait tout avouer à sa complice gérante, aimante et aimée mais pas aujourd'hui.
_________________

Merci Châton et Chérichou!
.elle


    Comment réussissait-il ce prodige, elle si "maître d'elle-même" avait en horreur cette onomatopée, cette réponse qui n'en était pas une, qui pouvait vouloir dire tout et son contraire, ce non défini qui pouvait être tant positif que négatif et dont seule la tonalité donnait un vague indice sur l'intention donnée.
    Une première fois, qui lui irrita légèrement l'oreille, puis un second raidissant la nuque malgré le jade retrouvé, quant au troisième, se furent les doigts qui vinrent se crisper sur l'étoffe sombre de son corsage, la résonnance de ce petit bruit de bouche au cœur de son passé la rendait folle et si un autre venait à être prononcer, probable qu'un cri ne s'échappe des purpurines, mais fort heureusement...

    ... Le supplice cessa au troisième alors qu'une inspiration longue fut prise tandis que la première pique fusa, subtile et pourtant non voilée, suivi d'autres plus directes, cette jalousie dès qu'un homme s'approchait de trop près hors des séances habituelles, la florale se demandant parfois comment elle ne l'avait pas encore vu débouler au cours de l'une d'elle d'ailleurs.
    Et si cette jalousie venait d'elle, supporterait-il quand il minaudait avec les autres galantes ? Rien n'était moins sûr.
    Mais la florale n'était pas de ces femmes à se rendre malade de jalousie, l'orgueil se pouvait d'être piqué, comme aux enchères, mais... Oui... ce soir-là, la jalousie avait mêlé une épine fourbe à la vanité, mais l'admettrait-elle un jour ? Jamais.
      Je t'ai évoqué dans un de mes courriers oui, dans quels termes exacts, je ne saurais m'en souvenir avec certitude.

    Et portant verre pour délester d'une gorgée de plus le nectar de fruits alcoolisés, épices chatouillant ses papilles, un sourire fût offert malgré tout à son complice à l'effleurement de sa main à la remise en ordre de la rebelle, petit moment éclipsant le sarcasme.
    Jusqu'à ce que l'agacement que provoqua le narquois jaloux du sourire de Dacien ne fasse sortir une épine acérée, sans la retenue habituelle de la rose.
      Je ne te savais pas aussi pointu sur la signification des roses Dacien. Ça te fait un point en commun avec cet inconnu.
      Fascination et désir charnel, c'est toi qui aurais dû me les offrir au final...

    Boire encore, lentement, regard rivé au sien, la cage de la possessivité l'avait déjà étranglé une fois, laissant des marques profondes, et le sang-froid de la rose vacillait.
    Pourquoi à cet instant précis qui n'avait rien de bien différent des autres élans de jalousie de Dacien ?
    Pourquoi cette fébrilité subite et cette main qui se mit à trembler sous la coupe ?
    Perte totale de ce qui faisait d'elle, Elle, toujours d'humeur égale, impassible, comme si tout coulait sur elle.
    Le masque s'effritait et la chose lui déplaisait, trop de choses accumulées, ou pas assez peut-être...
    Trop de fatigue et pas assez de repos... Trop des autres et pas assez de lui...
    Trop et si peu...

_________________

Merci JDMonty
Dacienhissy
Le cidre fut bu, gardant ses émeraudes aux abords de ses jades, laissant resserrer cette dextre à son corsage. Peut-être venait-il de la déstabiliser sans s'en rendre compte, ne cherchant en premier que ce qu'elle pensait de cet échange épistolaire qu'il avait provoqué lui-même. Les verts parcouraient de part et d'autre son regard, cherchant l'étincelle qui....Il ne savait pas laquelle....alors que Rose entonna avoir évoquer son existence au sein du Bordel. Elle ne savait plus trop en quels termes. Ouais. Non. On se rappelait toujours de comment on évoquait quelqu'un que l'on appréciait fortement.

Oui enfin....N'en racont'pas trop à ton potentiel client. Ca s'rait dommage de le faire fuir....

Pour le coup, hormis que ce ne fusse lui, il pensait ce qu'il disait. Un client restait un client. Et ils savaient tous que pour fidéliser la clientèle, il fallait donner de soi. Il connaissait tous les rouages et Rose ne risquait point de lui apprendre la partition qu'elle tentait, éventuellement, de lui cacher. Pourtant, tenter d'étouffer ce qui ne devait pas s'entrevoir restait quelque chose dont peu de personnes savaient pratiquer l'art. Et, quand Dacien regardait de plus près cette femme, il en était à se demander ce qui pouvait bien la titiller au point de la faire trembler. Et puis, ce visage qui se crispait un soupçon quand elle lui avoua, certainement sans le vouloir vraiment, qu'il pourrait faire de même. Dacien eut ce sourire, satisfait de la sentir quelque peu attachée à cette attention quand elle ne connaissait pas l'envoyeur.

T'attends que j't'offre des fleurs? Un rire s'échappa. Alors tu vas attendre longtemps....tu m'vois moi? En train de te faire la cour et te ram'ner un bouquet?

L'hypocras jugeotait plus qu'à l'accoutumée quand il zieutait le contenu de son verre. Dacien se permit de prendre cette coupe, la poser non loin d'elle et d'envelopper sa main entre les siennes. Un baiser chaleureux à ses phalanges et de lui déclarer dans une langue claire et nette.

Je tâcherai de faire des efforts alors. Si tu y tiens.....

Sincère. Évidemment. Il en faisait déjà sans qu'elle ne puisse le soupçonner. Et de toute évidence, elle n'avait pas l'air de se rendre compte de quoi que ce soit. Cependant, c'était bien de cette séduction là qu'il aimait jouer, quand il ne s'attendait pas être pris de plein fouet par cette sensation étrange qu'était l'amour. Et si celui-ci se permettait de grandir autant, ce n'était que pour l'impressionner Elle, la voir subjuguer pour atteindre la Rose qu'il favorisait tant. Chaque pétale avait son lot et chaque épine se voyait le piquer avec générosité. Dacien n'aurait jamais pensé que cette fleur puisse lui en apporter autant ni lui en donner autant quand la réciprocité se faisait à ses dépens. Elle n'en avait pas encore conscience. Elle ne savait rien encore et il ne pouvait en être autrement. Et il aimait la sentir titillée là où peut-être il ne fallait pas. Raviver éventuellement des blessures dont Rose n'avait pas besoin quand, machinalement, elle lui offrait en pâture. Cette impression de ressentir ce mal, se l'approprier et tenter, parfois de lui enlever. Mais pas là. Ou presque pas. Il essaya de la rassurer, lui redonner cette constance dont elle faisait preuve à n'importe quel moment de la journée alors qu'il lisait dans son regard la fébrilité que Dacien semblait lui faire émettre.

Fais ce qui te semble bien. Moi je dois y aller. J'te vois ce soir? Ou ton client te monopolise...

Le tour du comptoir fut fait, se mettant à sa hauteur. La dextre passa à sa joue, caressant ce grain de peau si doux et de poser ses lèvres sur les siennes, la gratifiant d'un tendre baiser. Il fit attention de garder la commissure droite dans l'ombre afin qu'elle ne puisse fixer ses chlorophylles dessus. Il ne manquerait plus qu'elle voit cette cicatrice maintenant et le boulot serait saboté.
_________________

Merci Châton et Chérichou!
.elle


    Les pétales ouverts d'un éveil plaisant, d'un bouquet délicat offert sans que ça n'amène rien, ces pétales veloutés se refermaient petit à petit à chaque relan de jalousie, chaque pique acerbe sur ces échanges qui lui faisait juste du bien, mystère charmant d'une séduction écrite, comme elle avait pu en avoir avec le Malemort, et qui la sortait de l'ordinaire et de ses séances, de ses obligations, de ces actes manqués aussi.
      Je ne dis rien qu'il n'ait besoin de savoir... me prendrais-tu pour débutante...

    L'épine se darde plus piquante, aidée en cela par le foutage de gueule d'un présent qui aurait pu venir de lui, si seulement son abjection pour la pratique n'était pas une chose entendue, alors qu'elle n'avait jamais rien demandé, ni rien attendue de tel d'ailleurs, de lui ou d'un autre.
    Et puis les roses et elle.... Rose et Elle... Rose Elle y a...

    Lorsque la main interrompit la colère sourde qui s'emparait de ses digitales, tremblement compulsif et incontrôlés se faisant alors perceptible d'une cage manuelle qui se fait enveloppante, bienveillante, Dacien se voulant apaisant d'un baiser et hésitant dans une phrase pourtant nette.
    Comment pouvait-il lui proposer ça ? Lui avait-elle demander quoi que ce soit ? Et puis ce genre d'attention devaient être viscérales oui mais pas quémandées, faites par envie et non jalousie.
    Tant de contradiction pour un simple bouquet de roses, si beau soit-il...

    Mais oui peut-être que ça pouvait lui plaire, surement même... et le silence fût la seule réponse à cette phrase, parce que déstabilisée, parce que la piqûre serait trop violente, parce qu'elle n'en avait pas envie et que temps de réaction fût trop long et que la suite acide arrivait déjà.
      Pas à ma connaissance, mais "qu'un" client me monopolise peut toujours arriver sauf si je bloque mon soir.
      Mais toi-même tu es en séance non ?

    Repartir sur le professionnel, ou du moins essayer, mais comment le faire quand la chaleur d'un baiser venait vous étreindre le ventre en outrepassant les barrages dressés ? En ne faisant pas, lutte déloyale mais tellement enviable.
    Et de s'abreuver de ce moment, main se posant sur le visage à la barbe mal taillée, à en effleurer une cicatrice à trouver pour qui ce serait douté et puis se détacher de lui, pour le temps de s'éviter un nouvel acte manqué, un nouveau stop ou encore.
      On se retrouve plus tard, je vais profiter du jardin et selon les présentes aujourd'hui, je prendrais mon soir.
      Pour l'instant, le jardin m'appelle.
      Bonne journée Dacien.

    Pas en arrière, émeraude et jades mêlés, la florale glissa rapidement jusqu'aux portes des jardins, s'y engouffrant comme s'il s'agissait là d'un refuge, et au fond c'était exactement ça, pourquoi ? Ça...

_________________

Merci JDMonty
Dacienhissy
Non. Il ne se permettrait pas de la prendre pour novice. Ni par sa gestuelle, ni par son charisme et encore moins au travers de ces courriers qui sentaient la Rose fragrance dont il aimait s'enivrer. Dacien la regarda, cruellement touché, sans considération équivoque, à la limite de lui divulguer qu'il en était tout simplement l'auteur afin de tenter la surprendre quand Elle ne voyait que quelques facettes. Mais non. Le même non qu'il fit de la tête puisqu'elle n'était point débutante.

C'est ce que j'voulais entendre.

Rien de plus. Pourquoi en rajouter lorsque cela n'était point nécessaire. Et la voilà se mettant sur une défensive acariâtre, de celle que Dacien avait du mal à entrevoir et de se retrouver privé de cette femme pour la soirée. Juste un hochement de caboche. Une passe pour ce soir. Un petit boulot vite fait et de la laisser prendre la direction des jardins. Il l'appelait lui avait-elle soufflé. Et lui ce n'était que l'envie de lire, relire encore et encore ses lettre qui parvenaient grâce aux petites mains de Carléna. Le Gérant la laissa filer, se dépêchant de regagner sa chambrée, prendre le nécessaire et de sortir en douce. Un jour, il lui dira mais pas aujourd'hui.
_________________

Merci Châton et Chérichou!
Lanonyme
24 octobre.


Elle était dans sa main, ne la lâchant pas un instant, quand les pétales avaient été placées dans sa fameuse boîte. Conservées précieusement dans sa chambre, dans cette commode où juste un tiroir fermait à clef. Il suffirait de faire bouger le parchemin pour qu'une légère odeur de rose s'en dégage et arrive jusqu'à son olfactif. Carléna avait déposé cette lettre au comptoir deux jours avant. Il avait lu et relu tellement de fois qu'il en connaissait la contenance certainement par coeur. Si Elle était agréable à regarder, il était encore plus charmant de la lire. Il en apprenait des choses. Il en voyait des pétales qui se distinguaient parmi d'autres, sans pouvoir lui dire ou lui souffler quoi que ce soit. Ce jour là, il était venu faire réponse, espérant, comme à chaque fois, qu'elle ne puisse trouver qui il était.



A vous, Rose de toujours,
De moi, rêveur de tous les jours,

Je constate agréablement que vous avez apprécié cette petite note délicate. Me voilà conquis de ces compliments que vous émiettez au gré de ce préambule floral dont je ne cesse de relire le passage.
Je me doute que vous êtes une femme éduquée, cultivée, que vous savez ce que vous désirez et ce que vous ne désirez pas. La rose est ainsi faite. Il faut une culture particulière afin de la faire pousser, évoluer, grandir, la rendre belle, la subjuguer afin qu'elle soit magnifique. Et, à vous contempler, vous faites partie de celle-ci. Les rares fleurs qui sont éternelles à mes yeux.

Non je n'ai malheureusement pas eu la chance de pouvoir effleurer l'une d'elles. J'aurais bien aimé. Je me serais mis à penser que vous n'étiez pas loin de moi, rêver que vous pourriez même m'adresser un sourire avec ce regard vert d'une profondeur où l'on pourrait concevoir de s'y noyer. La prochaine fois, je ferai personnellement le déplacement pour vous remettre ce qui doit vous revenir de droit. Ainsi, saurez vous qui je suis.

Ma démarche peut paraître singulière en effet, plus que vous ne pourriez l'imaginer. Mais, je suis un grand timide, qui n'ose s'exprimer de vive voix, trop pris par l'appréhension de bous voir filer vers autre contrée. Peut-être est-ce ce même vert qui se trouve être la couleur de vos yeux qui m'a poussé à vous écrire ces lettres sans me lasser de ces quelques lignes. Le temps joue-t'il peut-être en ma faveur puisque vous semblez encore chercher l'auteur de ces courriers. Me voilà content, ravi! Ainsi, ces échanges ne vont pas cesser. Je veille à ce que tout soit une énigme pour vous, un ravissement que vous découvriez à chaque missive les quelques mots que je vous dédie et que cela reste une attente dont vous ne pourriez vous passer.

Je ne suis pas friand de masques. Mais, pour l'heure, pensez bien que je n'ai guère le choix, aimant votre amusement à vouloir deviner qui je pourrais bien être. Sûrement êtes-vous la seule à me faire cet effet là, me sentir timide de ne point pouvoir vous approcher ni vous parler, alors que les autres femmes de l'établissement où vous oeuvrez ne m'émeuvent aucunement.

Je gage que vous ne puissiez percer le mystère jusqu'à ma prochaine lettre, que vous puissiez encore tous les dévisager, que vous suintiez cette envie de savoir, que vous puissiez frissonner à l'idée que je puisse vous surprendre encore.

Croyez bien ma chère Rose que j'aimerais encore vous écrire. Cependant, le devoir m'appelle. Je ne puis continuer cette plume qui se délie. Que votre prochaine lettre arrive vite. Votre prose me manque déjà.

A.
.elle

~Le 3 novembre 1467~

    L'anonyme, pour un peu le pauvre rêveur eut été occulté au coeur de la tempête, mais les quelques pétales orangées trouvés en rentrant de sa balade au jardin la poussèrent à prendre la plume.
    L'envie n'y était pas et pourtant comme au reste il faudrait s'astreindre et là encore, l'esprit serait occupé ainsi le reste oublié.
    Ecritoire sur les cuisses, la rose lovée au creux de son fauteuil observa un long moment l'âtre, lâchant un soupir avant que pointe de plume encrée ne se mettent à glisser sur le parchemin.




        A Vous, Rêveur insensé,
        De Moi, Rose débordée,

        "Et, à vous contempler, vous faites partie de celle-ci. Les rares fleurs qui sont éternelles à mes yeux."
        J'aime à relire ce passage, je le trouve poétique, si tout à chacun pouvait penser comme vous, mon quotidien en serait bien plus aisé.

        Vous m'intriguez à vouloir me remettre quelque chose me revenant de droit, en quoi serais-je en droit d'attendre de vous quoi que ce soit mon doux rêveur ?
        Mais si cela vous tient tant à coeur, il ne tiendra qu'à vous, et pourquoi pas lors de notre prochaine soirée costumée en décembre, ô vous me verrez sans doute avant, mais vous savoir parmi les convives, même si je risque d'être occupée, serait plaisant.

        Ce jeu de chat et de souris n'est aucunement pour me déplaire, comme dit je sais être joueuse, j'aime à relever des défis, même si ce n'est pas ce qui transpirera à me voir, je vous l'accord bien volontiers.
        Vos missives sont toujours un plaisir, même si j'avoue n'avoir pas répondu aussi rapidement qu'à l'ordinaire, mais si vous êtes un habitué de notre établissement, affectionnant qui plus est prendre un verre au bar, vous remarquerez bien vite l'absence de l'un d'entre nous.
        Et qui m'affecte personnellement, tant par la complicité me liant à lui que la charge de travail que son absence implique, j'espère donc que vous saurez ne pas me tenir rigueur de ce délai inhabituel.
        Le plaisir que je prend à nos échanges est inchangé, et perdure, je risque juste d'avoir moins de temps avec les festivités approchant.

        Les masques ne vous agrée pas, mais vous cacher derrière un courrier anonyme en est tout autant un qu'une attitude protectrice au regard du monde, une attitude différente, un sourire au lieu d'une larme ou d'un coup de dents ?
        Tout est relatif et si un masque est acceptable, ce qui est caché dit l'être dans un but louable et non pas par pur égoïsme.
        Et non je ne sais qui vous êtes, comment le pourrais-je ? j'ai pourtant fait attention croyez-moi mais celle-ci n'et pas suffisante sans doute, ou ne suis-je pas fin limier. C't possible aussi, ou encore n'ai-je pas envie de vous percer à jour, allez savoir.
        Pas trop vite en tout cas.

        Cette missive si sera courte, je m'engage à vous écrire plus longuement pour vous répondre la prochaine fois. Disons que je n'ai voulu vous laisser sans nouvelles trop longtemps mais la période n'est pas favorable à de longs écrits hélàs, mon esprit étant préoccupé.

        Prenez-soin de vous et de votre prose qu'il me tarde de parcourir de ces émeraudes que vous semblez affectionner particulièrement.

        Floralement votre.





    Elle aurait pu expliquer pour Dacien, aurait-elle dû ?
    Pourquoi l'aurait-elle fait après tout, il n'était ni confident, ni ami, ni même connu et pour l'heure accorder de nouveau sa confiance, un tant soi peu à un inconnu n'était clairement plu à l'ordre du jour.
    Guéridon réçu la missive qu'elle scellerait plus tard quand le marasme la quitterait, et la jeune blonde des petites mains de l'Aphrodite ferait son office.

_________________

Merci JDMonty
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)