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[RP] Fragments d'âme

Helvalia
Maison close Belles de Nuit, Bourgogne.
Décembre 1466

    La lourde est poussée, le battant heurtant le bois du mur avec force et fracas, éveillant à coup sûr tous ceux qui oseraient s'attarder encore dans les bras de Morphée à cette heure. Une tornade de boucles rousses s'engouffre dans la maison close, les pommettes rougies de froid, le col remonté jusque sur le museau de la Renarde, dissimulant ainsi le sourire lumineux dont elle gratifie pourtant les occupants des lieux. En l'occurrence l'intendant, trop habitué à sa présence ces dernières semaines pour feindre de ne pas l'avoir reconnue, et l'une des filles du bordel, jolie poupée blonde aux formes généreuses, dont la jeune-femme persiste à oublier le prénom, malgré tous ses efforts.

    La dextre fine agite, sous le nez des deux occupants, un sachet empli de viennoiseries, appât visant à attiser leur sympathie, pour qu'ils n'aient pas idée de se plaindre d'une venue si matinale. C'est qu'il n'est pas encore midi, et pour celles qui travaillent toute la nuit durant, c'est encore trop tôt. La Frêle ne le sait que trop bien, pour exercer ces mêmes activités, en d'autres lieux.

    « Je viens d'aller les chercher, elles sont encore chaudes. » D'un vague mouvement du menton, l'escalier menant à l'étage est désigné d'un sourire. « Vous pourriez... Lui dire que je suis là ? »

    Il est toujours difficile de savoir où se trouve le rabatteur, s'il est accompagné ou non, et si c'est le cas la chambre dans laquelle il dort. On repassera donc pour l'effet de surprise, Goupile n'a d'autre choix que de laisser l'intendant annoncer sa venue à l'amant, si tant est qu'il ait passé la nuit ici.

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Soare
Quand l'homme dort, il dort. Parcourir la ville la journée, surveiller en soirée, veiller toute la nuit, à l'heure de s'endormir l'homme ne fait pas long feu, surtout s'il a bu. Seule exception à cela, si une femme est dans son lit mais dans ce cas, le réveil se fait encore plus tardivement qu'à l'accoutumée.

Allongé sur le ventre et le dos découvert jusqu'à la taille, le rabatteur pionce, une main négligemment posée sur l'un des seins de sa partenaire endormie à ses côtés. C'est d'ailleurs la silhouette féminine qui se meut en premier, venant blottir son corps chaud contre celui de l'homme. Quelque chose la dérange. Un elle ne sait quoi qui veut la faire sortir de ses songes alors que Morphée n'a pas encore décidé de la libérer totalement. Les paupières finissent cependant par s'ouvrir et la masse de boucles brunes se redresse pour se tourner vers la porte derrière laquelle des grattements et des chuchotements se font entendre.


Soare, réveille toi. Et oh, Soare.

Battant des cils pour se réveiller totalement, la femme qui comprend enfin d'où vient le bruit dérangeant, se tourne alors vers l'amant pour lui mordiller sa nuque et lui murmurer quelques mots doux. Un grognement sort du fond de la gorge de notre homme qui finit par émerger à son tour et se retourner sur le dos.

Soare ! J'en ai marre d'faire les courses pour toi alors lève toi !

Ah, derrière la porte ça commence sérieusement à s'agacer et notre Don Juan se lève, nu comme un ver pour aller voir pourquoi l'intendant a décidé de l'emmerder alors qu'il est en charmante compagnie, compagnie qui aussi nue que lui, se rhabille de son côté.

Qu'est-ce tu veux ?
Y'a la fille pour toi.
Laquelle ?
Celle de d'habitude, la ptite rouquine.
Hm...dis lui qu'j'arrive.
T'es chiant mon gars, j'suis pas payé pour faire l'messager et puis par l'cul d'la crémière habille toi !


L'intendant file en grommelant sous le sourire provocateur du rabatteur qui rejoint la belle sans prendre la peine de fermer la porte. Il est vraiment chez lui, se moque de tout et n'a point peur de choquer qui que ce soit dans ce lieu de débauche qui en a vu passer des culs.
Sans aucune pudeur, le bras viril vient se glisser autour de la taille de sa compagne pour l'attirer contre lui et lui donner un baiser.


J'dois y'aller ma belle. C'était bien, on r'met ça quand tu veux.
T'es vraiment qu'un goujat.

Au lieu de s'offusquer les sourires se dessinent. Pas de règles, pas de promesses, les choses sont claires et chacun sait à qui il a à faire. Les lèvres se retrouvent à nouveau, plus gourmandes, plus désirables. La main libre vient glisser dans la chevelure brune tandis que les mains féminines viennent glisser sur le corps de l'homme attisant son désir.

SOARE !

Nouveau grognement de la part du brun qui se détache avec regret du corps prêt à s'offrir à nouveau. Ses braies sont enfilées suivit des bottes puis de la chemise qu'il ne prend pas la peine de fermer correctement avant de prendre la main de la jeune femme et de sortir avec elle. Un regard à droite, un regard à gauche, il descend les escaliers et l'emmène avec lui vers la porte de derrière, loin de l'intendant et sa visiteuse. Un dernier baiser, une claque aux fesses et il retourne à l'intérieur, posant sa main sur l'épaule de son collègue pour lui signaler qu'il est là.

C'pas trop tôt !
Tss. J'dormais.
Oué, oué. J'file, j'dois récupérer une livraison. Les filles dorment encore, y'a qu'Angélique d'réveillée.
Reçu.

Regard ténébreux est lancé à sa rousse qui a prit le temps de patienter avant que le bras qui tenait plus tôt la brune se glisse autour de ses épaules.

T'es matinale ma belle. T'as pas bossé cette nuit ?

Mais quel charmeur..à moins que de leur côté, chacun sait aussi quel métier fait l'autre.
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Helvalia
    Un sourire, angélique, fleurit sur les lippes carmines, lorsque l’intendant accueille sa requête d’un énième soupir, avec l’air de celui qui se mord la langue pour ne pas lui répondre d’aller se faire mettre. Mais rien ne semble jamais atteindre la Frêle, dont le sourire jamais ne fane… Pas devant témoins, en tout cas. Elle reste là, droite et fière, son regard clair relevé, qu’importent les provocations, les insultes, les avertissements qu’on tente de lui faire. C’est qu’il ne fait pas bon sourire, à la Cour des Miracles, et les fleurs qui tentent d’étendre leurs pétales vers le soleil ne sont vues que comme autant de mauvaises herbes à piétiner. Alors la bougonnerie de l’intendant l’amuse plus qu’elle ne l’agace, la Bourgogne est trop douce à ses yeux pour qu’elle oublie d’où elle vient. Il n’a, de toute façon, pas d’autre choix, du moins tant que le rabatteur ne lui aura pas expressément demandé de renvoyer la rouquine chez elle.

    Les azurs suivent, animés d’une lueur espiègle, l’homme bedonnant qui s’éloigne vers les escaliers, avant de reporter leur attention sur la blonde qui la toise. Renarde ne connaît que trop bien le regard posé sur elle, teinté d’une certaine forme de pitié pour celle que la putain
    imagine sans doute comme une femme parmi tant d’autres, au milieu de toutes celles qui se pressent aux pieds du rabatteur. Pourtant, à la différence de ces autres, l’Azurée ne nourrit nul espoir inatteignable, ne réclame aucune promesse d’éternité, encore moins d’exclusivité. Elle sait, ou du moins elle devine, que le brun ne se couche que rarement seul, et qu’il sait parfaitement occuper son temps lorsqu’elle n’est pas dans ses bras. Pourquoi lui en tiendrait-elle rigueur, lorsqu’elle même passe ses nuits à vendre ses faveurs au plus offrant ? Et surtout, pourquoi se priverait-elle de ce que tous deux désirent ? Lorsque l’on apprend comme elle, trop jeune, que la vie est éphémère, qu’on peut tout perdre en un claquement de doigts, on ne se soucie pas de l’après, du lendemain, de ces heures qu’il peut passer entre les cuisses des autres. Seul compte l’ici et maintenant, l’instant présent.

    Le silence s’installe, pesant, jusqu’à ce que la silhouette masculine tant attendue apparaisse enfin. Le minois constellé d’éphélides s’éclaire aussitôt, et la Renarde se coule contre le buste mâle, quémandant silencieusement sa chaleur.

    « Mmh, si, mais tu sais bien que je ne dors jamais longtemps. »

    Elle passe, d’un vague mouvement de la main, sur les insomnies qui peuplent ses nuits, et se hisse plutôt sur la pointe des pieds pour dérober au brun le baiser qu’elle a amplement mérité, pour traverser la ville à une heure si matinale. Elle perçoit, sur sa peau, le parfum outrageusement féminin qui s’accroche à son derme, et balaie l’inutile information d’un autre baiser.

    « J’avais une surprise pour toi. »

    Les lippes se plissent, en une moue mutine et énigmatique, tandis que la jeune-femme se déprend doucement du bras glissé autour de ses épaules, pour pivoter et faire face au brun. Son regard se lèvent de nouveau sur l’amant, et elle papillonne des cils un instant.

    « Tu aurais un moment…? »

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Soare
Ce que femme réclame, Soare met un point d'honneur à lui fournir et c'est donc sans aucune once de remord qu'il lui rend son baiser, lui qui à peine quelques minutes plus tôt était prêt à trousser à nouveau une autre femme. Il sent l'homme, la femme, la baise et il s'en moque bien tant qu'il a ce qu'il désire, soit à l'instant T, la jeune rouquine pendue à son cou.
Les mains larges sans être énormes viennent glisser sous son fessier pour la soulever et la lever à hauteur de ses hanches, lui permettant par la même occasion de pouvoir avoir son regard à hauteur du siens.


Quel genre de surprise ?

La gardant toujours dans ses bras, il prend la direction de l'office qu'il ouvre d'un coup de bottes sous le regard légèrement réprobateur d'Angélique qui file sans dire un mot en le voyant ainsi accompagné de son colis. Le jolie paquet est ensuite déposé sur la table avant que l'homme n'aille chercher de quoi se sustenter. Un fruit encore consommable, un morceau de pain pas trop rassit et il s'installe sur le banc, face à elle, levant cette fois ses onyx pour l'observer.

Je t'écoute.
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Helvalia
    Docile quand il faut l'être, comme seules les courtisanes savent l'être, la Frêle jette ses bras autour des épaules masculines, mains crochetées à la nuque du rabatteur, pour s'accrocher à lui lorsqu'il entreprend de la soulever du sol, paumes indécemment glissées à la croupe, pour l'éloigner de l'entrée... Et du regard inquisiteur d'Angélique. Les azurs s'illuminent, de cette lueur effrontée propre aux gamines des rues, minois dodelinant légèrement, signe qu'elle n'a pas l'intention de vendre la mèche tant que des oreilles indiscrètes se tendent pour les écouter. A défaut de l'entraîner dans sa chambre, dont les draps doivent encore être imprégnés de l'odeur d'une autre, Soare a tout de même le bon goût de les isoler, et la rouquine laisse pendre ses jambes dans le vide en attendant qu'il revienne, trop heureuse d'avoir été déposée en hauteur.

    « Humm c'est le genre de cadeau... Qu'on offre à Noël ? »

    Sourire, ingénu, étire les lippes carmines, creusant sur les joues pâles les fossettes qui ne font que donner au minois constellé l'air plus candide encore. Glissant ses jambes de côté, pour permettre au brun de s’approcher de la table, la courtisane fait glisser de son épaule la besace qui y pend. Pas certaine que la patience de Soare soit à son apogée après avoir été tiré du lit à une heure si matinale. Dextre se glisse donc dans la gueule béante formée par les pans de la besace, pour en tirer un petit coffret de bois, assorti d’un sachet de tissu. Le premier renferme une pipe, soigneusement taillée, dont le bois gravé d’un corbeau ne marque que trop bien le sceau de son futur propriétaire. Le second, quant à lui, renferme les herbes, légèrement hallucinogènes, qui accompagnent le présent. Renarde lui tend le tout, sourire légèrement anxieux aux lèvres.

    « Tiens. Je sais que je suis en avance, mais comme on ne se verra pas à Noël… »

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Soare
Croquant dans le fruit avant d'en aspirer le jus, il observe la rouquine et son expression ravie. Il l'aime bien, elle pose pas trop de questions, elle est toujours de bonne humeur, elle se débrouille bien au pieu, elle est gentille et surtout elle est pas chiante. Que demander de plus ? Qu'elle soit plus...bref, ça, ça le regarde.

T'es un peu en avance ma belle, tu l'sais ?

Nouveau morceau de fruit disparaît entre ses lèvres alors qu'elle fouille dans sa besace à la recherche de son cadeau tendis que lui termine de se réveiller. Pour sûr qu'il n'est pas matinal habituellement mais avec la nuit qu'il vient de passer, il est de bonne humeur si bien sûr il oubli le réveil un peu trop bruyant de l'intendant...
Le paquet est enfin sortit et un sourire fend le visage de notre homme à la vue de l'objet mais surtout la gravure. La courtisane semblant attendre d'être rassurée, il laissa son fruit sur la table, reposa son présent et l'attira devant lui, posant ses mains sur ses cuisses pour effleurer la pulpe de sa peau avec douceur et sans se vouloir trop entreprenant.


C'est joli par contre j'ai rien pour toi.

Et il n'a pas volonté d'avoir quelque chose surtout que les festivités de noël c'est peut être dans un peu moins d'un mois mais c'est très loin d'être sa préoccupation première.

Tu s'ras où ?

Ben oui elle sera où ? Il arrivait toujours à se trouver une fille s'il en voulait une mais Helvalia est sa régulière et ça compte tout de même un peu.
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Helvalia
    Doucement, le museau tacheté se fronce, et la Renarde dodeline de la tête, un mince sourire étirant perpétuellement ses lèvres. S'il est une chose dont on ne peut douter, c'est de sa ponctualité à toute épreuve, peu importe les circonstances. Constamment en avance, la courtisane n'aurait pas supporté de ne pouvoir offrir à temps son présent à l'amant, qu'elle estime bien plus que leurs échanges ne le laissent à penser.

    « Je sais, oui... Mais je m'en serais voulue d'être en retard. »

    Avec une légère pointe d'appréhension, la Frêle guette les réactions du rabatteur, de crainte que le présent choisi avec soin ne lui plaise que peu. C'est qu'il est toujours difficile d'offrir un cadeau, d'autant plus à un homme tel que Soare qui n'aspire sans doute qu'à avoir chaque jour de la chair fraîche à se mettre sous la dent. Mais lui ramener une nouvelle fille aurait, sans doute, été légèrement déplacé. Les azurs glissent sur le rictus qui vient étirer les lippes masculines, gages sans doute de sa satisfaction. Et puisqu'il l'attire à lui, glissant ses mains sur ses jambes, la jeune-femme en conclu qu'il n'est pas déçu.

    « Je ne m'attendais pas à ce que tu aies quelque chose. »

    Si Helvalia espérait encore quelque chose de la part de la gent masculine, c'est à coup sûr sur un autre que Soare qu'elle aurait jeté son dévolu. Elle ne s'attend pas, de la part du brun, à la moindre once de reconnaissance, de compassion ou d'empathie, et ce n'est de toute façon pas pour ces qualités -qu'elle soupçonne d'être inexistantes chez lui- qu'il a su s'attirer sa sympathie. La Renarde offre, toujours, pour le simple plaisir d'offrir, l'espoir de dessiner un sourire sur le visage de l'amant, sans jamais rien attendre en retour.

    « Je serais à Paris... Il va falloir que j'y retourne. »


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Soare
Ça fait quand même crevard.

Et ça touche sa fierté. Alors oui il n'ira pas jusqu'à la couvrir d'or et de bijoux pour les simples et bonnes raisons que d'une, il n'en a pas les moyens, de deux, si les avait, il serait plus dans ce trou et de trois, c'est trop banal comme présent mais un petit cadeau, s'il y pense le moment venu, ça peut être envisageable.

Tu pars longtemps ? Tu r'viens quand ?

La laissant toujours perchée sur la table, ses mains glissent sur le postérieur pour l'entourer de ses bras alors qu'il observe son visage. Les 2 questions étaient importantes dans la mesure où même s'il n'accordait pas encore l'exclusivité à sa rouquine, elle avait une place, un rang au dessus des autres.

Pourquoi tu reste pas à bosser ici ?

Question intéressante qui mérite d'être posée même si la réponse quel quelle soit ne lui conviendra pas. Si elle préfère Paris à Dijon cela veut dire qu'il la verra moins. Si elle se met finalement à préférer Dijon à Paris, cela veut dire qu'il ne pourra plus la toucher. Entre le manque et l'abstinence, le choix est vite fait et il regrette finalement sa question qui pourrait potentiellement lui mettre des idées en tête. Les règles de Solange sont de véritables plaies quand la femme qui vit avec vous vous attire et que vous ne pouvez pas poser la main dessus....

Tu t'en vas quand ?

Léger froncement de sourcil alors que la pression se resserre autour d'elle. Infidèle mais possessif...
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Helvalia
    Les -faibles- protestations masculines sont balayées d’un bref haussement d’épaules. Elle n’espérait déjà pas de présent de la part du brun, mais elle désire d’autant moins en obtenir un qu’il ne ferait que parce qu’il se sentirait redevable. Si le rabatteur possède maintes qualités, il émane de lui, indéniablement, quelque chose d’égoïste. Peut-être est-ce une carapace, pour empêcher les gens de l’atteindre, de le blesser, peut-être est-ce sa nature profonde, ou quelque chose qu’il fait sans même s’en rendre compte… Mais qu’importe la raison, l’Azurée a toujours su qu’il était ainsi, et jamais elle n’a eu le désir de changer les hommes qui partagent sa vie.

    « J’en ai aucune idée… Je peux pas me permettre d’éloigner de Paris trop longtemps, tu l’sais… »

    Si elle s’efforce, autant que possible, de lui rendre visite régulièrement, il n’en reste pas moins que ses obligations sont à la Cour, et qu’elle ne fait que trop peu d’argent, à errer en Bourgogne. Sans doute parce qu’elle passe le plus clair de son temps-libre à traîner dans les pattes de Soare, au lieu de se chercher une nouvelle clientèle.

    Les lippes pleines laissent fuser un rire clair, à l’indécente proposition, qu’elle n’est pas certaine de prendre au sérieux. Le rabatteur y songe, sans doute parce qu’il est là, ses mains sur sa croupe, ses bras autour de ses cuisses, le nez trop proche de sa peau pour ne pas sentir le parfum épicé lui chatouiller les narines… Et qu’il est difficile, dans pareilles circonstances, d’envisager la séparation. Mais la Renarde est en revanche encline à penser que, sitôt la porte franchie, le noiraud oublie tout du manque, en se consolant dans d’autres bras. Elle ne peut décemment pas renoncer à tout ce qui fait sa vie, pour un homme qui ne saurait lui offrir que sa couche, de façon épisodique qui plus est. Au-delà même de ce problème sentimental s’en pose un autre, bien plus pratique : jamais il ne la laisserait partir pour vendre ses services à un bordel. Si le paiement de ses dettes est, potentiellement, envisageable, le changement de propriétaire, lui, ne l’est pas le moins du monde.

    Un mince sourire aux lèvres, la Frêle se penche, pose son front sur son jumeau, pour offrir à la bouche masculine un baiser encore chaste. Les mains fines, elles, glissent à la nuque, s’y nouent pour le garder ainsi contre elle.

    « D’ici la fin de la semaine. »


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Soare
Ben p'être qu'tu devrais changer tes habitudes. Ça pue où t'es, tu l'sais.

Il s'inquiète, un peu, ou plus qu'un peu, mais ne le dira pas. Chacun est libre de ses choix et même si c'est pour rester catin, il y avait toujours le choix du lieu et si derrière un lieu il y avait un gros bras, il restait toujours Soare et sa ptite tête de con pour régler le problème et pas forcément en cognant. Tout dépendait la bestiole en face quand même. Il est bagarreur mais pas suicidaire notre corbeau.

Fin d'la s'maine...à croire qu'tu m'supporte plus.

Sourire en coin se dessine alors que son front flirte avec le siens et que son nez respire l'odeur enivrante de la jeune femme. Ses lèvres viennent lui rendre son baiser, léger, tendre et puis plus poussé, plus envieux alors que les mains masculines viennent glisser sous ses fesses pour l'attirer sur ses genoux.

T'as une idée d'comment nous occuper jusqu'à ton départ ?

Comme si lui n'a pas déjà son idée en tête en faisant courir ses doigts sur la peau de sa régulière.
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Helvalia
    Curieuse et agaçante manie qu'ont les hommes de toujours vouloir dire aux femmes ce qu'elles doivent faire, quand bien même ce ne sont pas les leurs. N'en déplaise au rabatteur, la Renarde n'est ni sa propriété, ni celle de la maison close, ses services étant déjà réclamées par un autre, à la Cour des Miracles. Il est toujours difficile de percevoir, sous les propos du Corbeau, s'il s'agit d'inquiétude ou d'arrogance. L'ego féminin aurait, pourtant, tendance à pencher pour la seconde option, aussi secoue-t-elle doucement la tête, un mince sourire aux lèvres.

    « Je suis une grande fille, ça devrait bien se passer. »

    Elle n'a, surtout, pas vraiment d'autres choix pour l'instant, mais le préciser ne participerait qu'à attiser les craintes potentielles de Soare. L'amertume est oubliée dans un baiser, qui s'étire, se prolonge, les doigts fins tiraillant doucement le col de la chemise pour se glisser dessous, chercher la chaleur du derme qui porte encore l'odeur d'une autre. Goupil se laisse entraîner, docile pour l'heure, sur les genoux du rabatteur, la jupe se retroussant légèrement dans le mouvement qui la fait glisser de son perchoir.

    « Quelque chose me dit que toi, tu ne manques pas d'idées... »

    Sous la caresse, même aérienne, des doigts masculins, la peau d'albâtre se hérisse en chair de poule. Les mains délaissent finalement la nuque, pour venir chercher les premiers boutons de la chemise qu'elle s'emploie à défaire.


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Soare
Tu fais comme tu veux mais viens pas pleurer si un jour tu t'fais violer ou passer à tabac.

Il n'espère pas que ça lui arrive un jour mais il faut tout de même rester lucide et une vie comme la sienne a ses risques et encore plus quand tout se passe à la Cour des Miracles..
Mais Helvi est grande, elle n'est ni sa fille, ni sa soeur, ni sa femme et encore moins une des catins sur lesquelles il doit veiller alors si elle décide de partir, il n'a pas vraiment son mot à dire et il n'est pas du genre à séquestrer les femmes.
Concentration se reporte alors à nouveau sur le baiser et les doigts fins qui viennent se glisser sous sa chemise puis sa nuque.


Je fourmille d'idées. Qu'est-ce tu veux, tu m'inspire.

Torse est mis à nu en même temps que dos féminin est découvert, libéré du lacet maintenant la robe fermée et mains courent sur le corps de sa compagne alors que ses lèvres explorent chaque parcelle de peau à sa portée. Dans un dernier élan de lucidité, Soare se lève, gardant Helvalia dans ses bras, mains sous ses fesses pour la maintenir et le loquet de la porte de l'office est poussé afin de verrouiller la porte. Si les filles ont faim elles patienteront, lui a son propre appétit à assouvir et ça commence par croquer une belle rousse.
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