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[RP] De Poule à Canard

Andrea_
Helvalia, c’est sûrement la personne qui dénotait le plus avec le groupe que nous étions. Il y avait chez elle une sorte de candeur indocile, quoiqu’on fasse devant elle, rien, jamais ne semblait étioler sa profonde naïveté.
Elle croyait en la bonté humaine. Elle croyait en sa gentillesse. Elle semblait penser que toute personne sur Terre y est pour accomplir une mission humanitaire. Je pense qu’en lui donnant vie, même Dieu s’est rendu compte qu’il y était allé un peu fort, preuve en est, ce couillon s’est mis en tête de lui donner comme âme sœur : Jehan.
Et j’avoue que comme Déos, moi aussi j’me serais dit « là, au moins, ça va la faire redescendre ». Et comme Dieu, quand j’les vois ensemble maintenant j’me dis « et bin nan ». Si Jehan n’a pas réussi à effriter la candeur de sa gonzesse, personne ne pourra le faire. Considérons qu’elle s’est perdue dans un monde parallèle, où les méchants se battent avec des bâtons de guimauve et où la mort n’existe pas.
C’est simple, Helvalia, j’ai toujours des sentiments ambivalents quand je la vois. D’un côté j’ai envie de la secouer si fort qu’elle en cracherait ses yeux par les orbites, envie de lui serrer la main jusqu’à ce que toutes les phalanges se transforment en poussière de calcaire, et d’un autre côté… D’un autre côté j’ai envie de lui rouler la pelle de sa vie pour lui piquer un peu de cette « chose » qui la rend si belle et qui la fait s’émerveiller à chaque parole, à chaque geste. Peut être même que je pourrais construire autour d’elle un mur si grand que rien ne pourrait l’atteindre. Mais faut pas déconner, ça me coûterait une blinde et elle a déjà Jehan pour cette mission.

Helvalia, c’est une des rares à qui j’ai parlé d’Aertan, et sûrement la seule qui pourrait comprendre la tempête qui secoue mon cœur, depuis quelques semaines.
Helvalia, j’la crains pas. D’ailleurs entre nous, personne n’a peur d’elle hein, à part Jehan, m’enfin j’sais pas trop pourquoi, une histoire de coïts gratuits peut être, sans certitude hein. Personne ne la craint, mais tout le monde craint de lui faire du mal. Parce que ça serait con, de transformer un ange en conn’asse.

Toujours est-il que l’soir où elle a demandé à m’parler, j’faisais ma maline sans trop la faire. La veille, par un terrible concours de circonstances, j’avais embrassé SON mec. Alors oui, je sais que mon passé ne joue pas en ma faveur, mais clairement, j’le jure, j’avais pas fait ça par plaisir. On était plusieurs à se taper dessus, j’avais un chien accroché aux fesses –un vrai chien- et un autre chien qui me tirait les cheveux –là c’est Jehan- pendant que d’autres chiens et chiennes nous regardaient –c’était pas une taverne, c’était un refuge SPA : Super Piques d’Attaques-. Bref, j’ai paniqué –et pas niqué- et hop, j’ai roulé une pelle au Jehan histoire de voir si ça pouvait le faire lâcher.
Et il a lâché. Une caisse vu l’odeur. Je crois que son anus a expiré toute la peur ressentie d’un seul coup, j’vous jure que fallait voir sa tête, il a tellement eu peur qu’Helvalia débarque, ahahah. Bref.

Alors ouai, j’ai cru qu’elle allait gueuler. Et j’étais prête à TOUT entendre. Je crois que face à elle, j’aurais même pu me tirer des poils de pif et faire semblant de chialer tant je la respecte.
Mais elle m’a carrément désarmé. J’sais plus trop comment, mais en gros, elle voulait que je lui apprenne, et elle parlait pas de rouler des pelles à son mec hein.


Que je t’ap… Mais tu veux que j’te dise comment faire quoi ?
-De comment tu t'y prends pour impressionner les gens.
Là j’ai éclaté de rire, elle l’a moyennement bien pris, du coup j’ai picolé, et je l’ai supplié du regard pour qu’elle continue.
-Mais oui, enfin, t'as cette espèce d'aura étrange qui fait que tout le monde à peur de toi... Et est en même temps étrangement attiré, c'est assez particulier, d'ailleurs
Je crois... Que je vais encore te regarder faire, aussi.
C'est franchement impressionnant


J’étais sur le cul. Heureusement que j’étais assise d’ailleurs. Cette fille me balançait une brouette de compliments et elle s’en rendait même pas compte !
Les choses s’étaient un peu décantées, jusqu’à ce que Décembre pointe son nez, et je souhaitais terminer toutes les choses pour lesquelles je m’étais engagée, avant.. Avant.
Alors en fin d’après midi, une missive était partie d’une auberge quelconque pour rejoindre la piaule de la Rousse, le rendez vous était pris.





Il est temps de te révéler Hel’.
J’ai privatisé la grande salle du château pour l’occasion, j’espère que ton mari s’en remettra.
Apporte une paire de braies, une chemise, une robe, des bottes, un chapeau, quelques livres et ton habit de nuit.
Si tu as une bouteille et quoi picorer ça sera un plus, clairement.



Il ne me restait plus qu’à attendre, au pire, si elle ne venait pas, j’aurais qu’à foutre le feu pour voir combien de temps ils mettent pour vider les richesses : plus ou moins longtemps qu’en Berry ?
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Helvalia
    En tant que Connétable et Duchesse consort -plus que légitime depuis les très récents évènements, mais nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard- la Renarde a absolument tous les droits d’entrer et sortir du château comme bon lui semble. Malheureusement elle est, au grand dam du Colosse, beaucoup trop polie pour le faire ce soir, quand elle est supposée se comporter en invité. Parce que oui, Andrea -Duchesse légitime du Berry mais certainement pas d’Anjou- s’est posée en hôte, prenant ses aises absolument partout comme elle sait si bien le faire, et conviant la rouquine dans un endroit où elle est presque supposée être chez elle. Mais comment lui en vouloir, puisque c’est expressément pour ce genre de choses qu’Helvalia a demandé son aide ?

    Elle ne sait encore dire, pourtant, si l’instant est terriblement mal, ou terriblement bien choisi. Si cette invention merveilleuse qu’est le fond de teint avait existé, elle se serait sans doute appliquée à recouvrir patiemment chacun des hématomes marbrant sa chair, pour les cacher au regard d’Andrea. Mais les ecchymoses qui ont fleuri sur sa peau prennent doucement une teinte violacée, et elle serait bien incapable de dissimuler celles qui ornent son visage. Dieu merci -bien qu’on puisse se demander comment Dieu peut avoir quoi que ce soit à faire dans cette histoire- les bandages refaits par Jehan quelques heures plus tôt pour protéger les entailles sont, eux, dissimulés par sa robe. Il lui suffirait donc, avec un peu de chance, de se mouvoir en se retenant de gémir ou de grimacer, pour que la Duchesse n’y voit que du feu, et songe, peut-être, à une partie de jambes en l’air un peu mouvementée. Après tout, quand ils connaissaient le Géant, les gens s’imaginaient tout et n’importe quoi, très loin de deviner la précaution presque maladive dont il sait pourtant faire preuve à l’égard de la Renarde. La seule chose qui risque d’être un peu plus compliquée, c’est de maîtriser l’instinct qui la pousse à sursauter comme si un fantôme lui soufflait sur la nuque, chaque fois que quelqu’un -Jehan compris- a le malheur de l’effleurer… Ou de faire mine d’être sur le point de potentiellement l’effleurer.

    Encore qu’Andrea, bien plus lucide qu’on ne pourrait le croire au premier abord, semblait avoir décelé les contours de l’étrange lien tissé entre les deux amants. Elle s’était montrée particulièrement perspicace, presque clairvoyante, lorsqu’elle en avait parlé à la rouquine, ne faisant ainsi que la conforter dans son impression première : cette femme devait exercer une certaine forme de sorcellerie, pour parvenir à une telle compréhension du monde qui l’entoure. Sorcellerie, toujours, pour parvenir à avoir la classe et la dignité d’une princesse, même en crachant ses glaires à la face des gueux en beuglant des obscénités. Andrea, ou l’art et la manière de souffler le chaud et le froid dans une même phrase, de vous donner envie de vous jeter à son cou et de vous jeter par la fenêtre. Ouais, les deux, en même temps.

    Besace en main -pour contenir toutes les affaires réclamées par la Colombe-, celle qu’elle a de libre se lève pour choquer plusieurs fois la porte de la grande salle, jusqu’à ce qu’on l’invite à y entrer. Parce qu’en plus d’être suffisamment polie pour toquer, elle l’est également assez pour attendre qu’on lui réponde.


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Andrea_
En fait, c’était pas de la sorcellerie. C’est l’impression de revenir quelques mois en arrière, quand ma vie en une fraction de seconde, a pris un virage définitif. Une seconde, tout au plus, pour comprendre que plus jamais, je ne voudrais vivre sans lui, en sachant qu’il faudrait vivre de sombres moments pour assumer les bons.
Voir Helvalia et Jehan ensemble, c’était me souvenir qu’un soir d’été, mon regard avait croisé celui d’un homme. C’était lire dans chacun de leurs gestes le côté brut de décoffrage et la retenue, en sachant pertinemment qu’une fois la porte fermée, la douceur remplaçait le vulgaire des mots masculins. Les voir ensemble, complices comme cochons, c’était me prendre en pleine gueule l’absence de mon autre. Une absence que j’avais de plus en plus de mal à gérer.
Parce que c’était ça, la vérité. Depuis Limoges, je trainais l’absence d’Aertan comme un boulet en me demandant si j’avais réellement quelque chose à foutre dans ce monde maintenant qu’il n’était plus là.
Je savais ce qu’ils ressentaient, car je l’avais touché du bout de doigt, moi aussi.
Alors oui, les voir tous les deux, ça me faisait un mal de chien, et en même temps tellement de bien.


M’enfin rangez vos mouchoirs, pour le moment, la Chiasse est occupée à autre chose. C’t’à dire qu’à défaut d’avoir une place dans ce conseil là, elle tenait à marquer le coup, et c’est tout naturellement qu’une peinture d’Elle trônait un peu de traviole juste au dessus de la cheminée. Pour vous donner une idée sur cette œuvre d’art, sachez qu’elle se nomme « Déas à poils sur poils et Couronne». Voilà, j’pense que vous ave compris l’esprit minimaliste du tableau, on a donc gardé que le principal : Déa, avec une auréole en forme de couronne, nibards à l’air, le tout comme en lévitation sur une peau d’homme poilu. Voilà Voilà ; ça sera sa contribution à l’Anjou.

Alors assise sur son fauteuil aux allures de trône, la Colombe s’admire, et se demande si c’était vraiment une bonne idée cette épilation pubienne en forme de « A ». Est-ce que ça faisait pas trop mégalomane, autonymphobranlopersomane ?
Heureusement quelques coups frappés à la porte vous épargne la réponse à cette question, et j’espère que vous vous en remettrez. La chaise se tourne, coudes posés sur les accoudoirs alors que les doigts de la main droite tapotent leurs jumeaux de gauche. Y a des p’tits airs d’inspecteur gadget, mais si vous saviez à quoi elle joue, tard le soir, vous comprendriez pourquoi… Bref, donc la porte, et le corps qui se lève pour aller ouvrir, oui, c’comme à la maison.


LA salle est PRISE. J’suis désolée, l’château est bien assez grand pour que vous alliez poser vot’cul ailleurs Je m’excuse pour ce qui va suivre, ce long monologue, mais la salle est grande, c’t’un peu comme le stade de foot dans Olive et Tom, tu sais quand le ballon part, mais tu sais jamais quand il passe le milieu de terrain, bin c’est pareil.
PIS d’AILLEURS NAN, J’SUIS PAS DESO nan, j’attends la Duchesse consort et j’ai aut’ chos’ à foutr ‘ que d’être dérangée par des IGNARDS dans vot’ GENRE, JE commence, à en avoir ASSEz des gens qui branlent RIEN d’leur journée Hey, tu veux une bonne nouvelle ? ouai ? Milieu de terrain, courage.
Et qui viennent faire CHIER les gens comme MOI, qui font des missions de sauvetage, des missions dont le monde a grand besoin. Vous savez ce qu’j’fais, vous l’savez ? Bin non, parce que vous avez pas lu l’mot sur la porte avant d’entrer. Et vous savez ce que vous faites là ? Bin vous regardez si y a un mot, mais j’vais vous l’dire moi, j’en ai pas Mis, parce que j’emmerd’e les branluquets dans vot’genre qui respectent rien ni personne.

Ouverture de la porte au ralenti, dégaine de Bobo – c’t’un savant mélange entre l’air ahuri d’un lendemain de fête quand tu t’rends compte que t’es pas dans ton appart, et la tête de coincé qu’ont les nobles lors des allégeances, c’est bon, tu l’as ?-
Alors dég…Oh, Helvalia ! Déjà ! Dis donc quelle… rapidité dans ce…
Entre.



Entre et assieds toi, j’suis bien trop dégoutée d’avoir gâché ma salive pour rien.
Assieds toi ouai, parce qu’il va falloir qu’on parle de ton passage sous une charrette lancée à pleine vitesse.

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Helvalia
    Dieu que le temps peut sembler long, lorsqu’on le passe derrière une porte qu’on n’ose ouvrir alors qu’on en possède la clé. Le museau enfoncé dans son col pour se prémunir du froid, elle plaque son oreille contre la lourde, essayant de déceler le moindre sens rationnel aux propos beuglés par la Colombe, de l’autre côté. Et malgré la fâcheuse tendance de ses lèvres à rester inertes, depuis quelques jours, la Renarde se fend même d’un sourire, aux deux mots qui sonnent comme une douce musique à ses oreilles. Duchesse consort. Ce n’est pas tant le titre, qui lui plaît, que l’homme auquel il l’associe. Et sans lequel elle ose, pour la première fois depuis l'agression, sortir seule.

    C'est que si elle a passé les premiers jours à bondir dès qu'il avait le malheur de l'effleurer, la Renarde n'en est pas moins restée étroitement collée aux basques du Duc, depuis qu'ils l'a ramassée aux Miracles. Elle qui n'a pourtant pas hésité un seul instant à suivre au bout du Royaume une bande de dégénérés dont la représentante menace constamment de lui découper le sourire à la hache, s'est brusquement retrouvée tétanisée. Incapable de quitter la sécurité toute relative de leur chambre sans être accompagnée du Colosse. De deux choses l'une. Ou bien la présence d'Andrea est à ce point exceptionnelle qu'elle éclipse toutes les horreurs du monde... Ahem. Ou bien Jehan l'a accompagnée jusque devant la porte, a promis de foutre le Royaume entier à feu et à sang si on osait ne serait-ce que lever la voix sur elle, et a juré de revenir la chercher au même endroit. Je vous laisse choisir l'option qui vous semble la plus plausible.

    Mais la porte s'ouvre, enfin, dévoilant une Dea qui semble surprise de la voir.

    « J'essaie d'être... ponctuelle. »

    Sourire, mince, étire les lippes carmines, la blessure légère qui fend l'une d'elles l'empêchant de sourire plus franchement. Le regard de la Colombe glisse sur les hématomes, comme celui de tous ceux qui l'ont croisée depuis une semaine. Une diversion, vite. Besace est grande ouverte, penchée vers la trogne de la Duchesse.

    « J'ai trouvé de la gnôle moins dangereuse que celle des Piques, et j'ai ramené de quoi grignoter, aussi. »

    Nourriture et alcool, combinaison redoutable pour détourner l'attention de 99% de la population. La lourde est repoussée d'un coup de talon, et la Frêle s'avance dans la grande salle, remarquant tout de suite que quelque chose a changé. Le museau se fronce, minois levé vers la cheminée s'incline doucement sur le côté, avisant la peinture.

    « Oh... C'est... Original. »

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Andrea_
»Bah merd’ alors ». C’est d’abord à ça, que j’ai pensé, quand je l’ai vue. Elle qui d’habitude irradiait de beauté –j’en rajoute un peu, c’pour mieux l’assassiner après- était plus proche aujourd’hui de l’irradiation que de la beauté. Disons que si je devais la comparer à une fleur, on serait plus proche d’un truc éphémère que de la rose. Un coquelicot peut être. Tu vois le coquelicot c’est super beau, mais ça tient pas face au vent, une goutte de pluie et ça se défait, si tu le coupes même en le collant dans un vase ça ne tient pas le choc. Et en plus ça tâche. Bah Clairement, la Helvie, elle ressemblait à un coquelicot qui venait de se prendre une averse de grêle.

Et tout l’monde connait le tact et la discrétion dont je fais preuve. Ce qui explique que je reste un moment avec un air ahuri –pour pas dire benêt – en la suivant du regard. La bouche en « O » et les yeux légèrement plissés. Je pense qu’y a aucun doute possible, je vais rebondir sur sa face de coquelicot éclopé. Mais pas tout de suite.
Non, pas tout de suite, car notre Coquelicot est fourbe, et dégaine sa botte secrète : gnôle et boustifaille. Et là, j’avoue que je me suis égarée une petite dizaine de seconde, c’est simple, j’ai même pas eu le temps de reluquer son fessard, quand j’ai repris conscience, la porte s’était refermée et le Coqu’licot admirait mon tableau. Et moi du coup, par procuration, ça m’a fait un petit quelque chose.
Jusqu’à ce qu’elle parle. Original ? Ma qué c’est pas original, oh ! C’est une œuvre d’art, la caresse d’une plume sur une toile de qualité supérieure. C’est le regard d’un homme, d’un homme subjugué par tant de beauté, qui trouve la force d’imprimer son art en toute neutralité –même si j’ai payé cher pour cette neutralité, et aussi pour qu’il efface la cellulite sur la cuisse droite, mais bon…-
Mais c’est… Original. Soit. J’suis pas vénère hein ! Je le vis très bien. Elle aurait pu dire que c’était beau. Magnifique. Que ça semblait irréel. Que j’étais put’ainement gaulée, mais elle a dit que c’était original. J’suis tellement vexée que si j’avais un citron dans l’oignon j’te faisais un litre de jus. Original le jus.
Mais bon, je l’avais fait venir, j’allais pas maintenant lui montrer que je pouvais avoir un vrai caractère de goret hein ! Faut savoir être plus intelligent, faut savoir surpasser sa vexation et aller au-delà, c’est aussi ça, être une grande dame.



Si tu voulais un souvenir du sacre de Jehan, je te conseille d’attendre d’être présentable ,parce que là, clairement c’est pas… quoique ça serait original.

OH, j’ai dit qu’il fallait savoir surpasser, pas que j’allais le faire hein. Ça sera la leçon numéro un. Attaquons la deux.

A partir de maintenant, tu ne seras plus ponctuelle. Jamais. C’est simple, même à ton enterrement tu seras en retard. C’est toi qui mène le monde, et le monde qui attend. Et bien sûr, tu t’excuses pas. Le but c’est d’arriver les mains dans les poches en sifflant, s’ils n’osent rien te dire, c’est 10 points. S’ils te disent que t’es en retard et que tu arrives à leur faire croire que tu avais oublié, c’est 30 points. Et s’ils s’excusent de pas t’avoir rappelé ce rende vous pour lequel tu es en retard, c’est 50.


Des questions ? Sinon on enchaine sur les insultes, tu dois bien en connaître trois ou quatre quand même ! J’ai l’impression de dépu’celer une catin, et c’est très jouissif. N’importe qui en profiterait pour la transformer en monstre mais moi.. Moi… Moi j’ai pas envie que son mec me tombe sur le coin du museau, le violet me va moins bien qu’à Helvalia.
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Helvalia
    La jalousie. Sentiment nouveau, pour la courtisane, qui n’a jamais eu l’idée douteuse d’être possessive envers les mâles partageant sa couche. Comment peut-on être jalouse, exiger une forme quelconque de fidélité, lorsqu’on passe ses nuits à vendre son corps au plus offrant ? Si le coeur d’artichaut de la Renarde fond aussi facilement que la neige au soleil, dès qu’un homme a le malheur de lui sourire un peu trop franchement, ou de lui demander de rester dormir après l’amour, elle n’était en réalité jamais tombée amoureuse avant. Entichée, attachée, elle s’est toujours déprise des hommes aussi facilement qu’elle se perdait dans leurs bras. Mais ça, bien-sûr, c’était avant Jehan.

    Jehan, qui l’avait incitée à renoncer à se vendre, qui lui avait promis l’exclusivité absolue, avant même qu’elle ose formuler une telle requête. Jehan, envers lequel elle se découvre des instincts protecteurs qui l’effraient encore. Et le tableau d’Andrea, nue, suspendu au-dessus de la grande-salle du château, éveille exactement cette jalousie qui lui était encore inconnue quelques semaines auparavant. Non, l’idée que son futur mari puisse reluquer les fesses de la Duchesse légitime du Berry à chaque fois qu’il poussera la porte de cette salle est loin de lui être plaisante. Elle n’en dit rien, pourtant, trop fière sans doute, et se contente donc d’observer avec intérêt la peinture… Qu’elle soupçonne fortement d’être retouchée. La Colombe est bandante, indubitablement, mais elle n’est plus de prime jeunesse… Et il manque clairement quelques rides au minois peint sur la toile. Mais passons.

    « Présen...table…? »

    Le regard azuré aussitôt se voile, se noyant de larmes lorsqu’il se détourne de la peinture, pour se baisser sur la frêle silhouette, dissimulée par la robe. Les bandages ne sont pas visibles, mais elle n’a pas besoin de les avoir sous les yeux pour ressentir les plaies à vif dans chaque fibre de son être. Et la crainte, terrifiante, oppressante, de ne plus être assez bien pour Lui, revient peser sur sa poitrine. Les larmes sont chassées d’une main vive, et la jeune-femme hoche la tête tout aussi vivement, tentant de reprendre contenance dans une profonde inspiration. On se concentre, Helvalia !

    « Être en retard… C’est… terriblement mal élevé, mais ça doit être dans mes cordes, d’accord. »

    La Frêle pivote, tourne sur elle-même avant de trouver un siège sur lequel s’installer, parce que rester debout trop longtemps lui est un tout petit peu compliqué, depuis quelques jours. Le minois à nouveau se lève, regard porté sur la brune qu’elle écoute avec une dévotion toute particulière.

    « Oh j’en connais plein, des insultes, j’ai grandi aux Miracles, hein, et traîné dans des bordels… J’ai juste un peu de mal à les dire… »

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Andrea_
Jalousie.
C’est souvent le sentiment qu’avaient les femmes accompagnées en ma présence. C’était assez dingue d’ailleurs car lorsqu’il n’y a pas de mâle à l’horizon, elles oscillent entre le dédain ou l’admiration. Puis leur homme arrive et elles se sentent en danger.
C’est ce qu’avait dit Helvalia, aussi.
Bien sûr que je le sais. C’est assez jouissif d’ arriver à ce résultat. J’suis bien incapable de vous dire à quel moment, vraiment, j’ai déclenché ce genre de réaction. Je ne sais pas à quel moment je suis passée d’insignifiante à prédatrice, la seule chose dont je suis sûre, c’est qu’y a pas eu d’entre deux. Mais il est fort possible que ça coïncide avec le décès de mon cœur.
Alors oui, tout le monde ou presque a déjà vu un sein ou une fesse si c’est pas la paire complète. Mais combien peuvent se vanter, vraiment, de m’avoir sauté ? De m’avoir connue, vraiment ? Tu pourras écarter tes jambes autant que tu le souhaites, tu pourras faire toutes les guerres du monde, lécher les bottes d’un royaume entier, quand ton cœur est mort, tu es seul.
Alors la jalousie,
La jalousie me passe au dessus, car je ne suis vraiment pas un danger.

M’enfin y a pas b’soin d’avoir inventé l’eau chaude pour voir que la Rousse n’est pas dans son assiette. Y a pas b’soin d’avoir fait math sup’ –ouf !- pour comprendre que si la tronche a pris sévère, le reste du corps a aussi eu sa dose. Autant l’dire clairement : la Rousse a morflé sa race, et mon instinct maternel me pousse à agir.

Et à tendre le bras pour prendre la bouteille, croquer dans le bouchon et l’cracher plus loin. Puis prendre une gorgée. Une longue et salvatrice gorgée, et peut être une seconde, le temps qu’Helvalia continue de parler. Parce qu’on part de loin, si « être en retard » est « terriblement » mal élevé, j’imagine que le passage sur les insultes va être passible de la peine de mort.
Puis je me penchais un peu, pour qu’Helvie comprenne que j’étais loin d’être une ennemie pour Elle.


L’souci, c’est que t’as grandi bien moins longtemps que moi… Les gros mots c’comme les pipes, plus t’en fais, plus ça d’vient naturel.
Avant tu dois te contrôler pour pas dégueuler et pas mettre les dents, ensuite, tu sais direct que quand ça r’nifle c’est que ça approche et hop, pilote automatique.


J’pense que j’ai pas besoin de vous expliquer en long, en large et en travers ce que je viens de dire, ça me semble assez explicite non ?
Donc, les insultes. Y a plusieurs niveaux d’insultes. T’as l’insulte acceptable, le truc que tu peux sortir à la va que j’te pousse, c’comme un prout, tu dis que ça t’a échappé et personne ne te gueule dessus. T’as l’insulte insultante, le truc fait pour blesser, encore faut il le faire intelligemment. Tu peux pas traiter une laitière de grosse vache, ça lui ferait trop plaisir tu comprends ?
Les pieds Colombins se posent sur la table. Sans aucun respect la boue des bottes s’écrase sur le bois immaculé et le sourire éclaire le visage Chiassique.


Tu prends cette bouteille, tu picoles –oui, sans verre- et entre chaque gorgée j’veux une insulte bien sentie.
Tu peux le faire, j’ai confiance en toi.


A la base, j’avais prévu de la secouer jusqu’à ce que ça lui détende la peau, mais bon, la jeunesse, maintenant, faut en prendre soin.
Allez Helvie’ crache tes gros mots.
Et moi j’parie dix écus que tu vas rougir.

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Helvalia
    Minois incliné sur le côté, le museau et les sourcils légèrement froncés par l'air dubitatif qui s'accroche à ses traits, la Renarde dodeline doucement de la tête. Clairement, en demandant à Andrea de lui « apprendre » à se faire respecter, elle ne s'attendait pas à pareils enseignements. Et elle qui répugne, pourtant, à faire montre de violence, s'avère plus emballée à l'idée de coller des gnons à des épouvantails -pour s'entraîner- qu'à offrir à son enseignante du jour un chapelet d'insultes.

    La comparaison est pourtant bien trouvée, qu'on ne s'y méprenne pas. Parler de pipes à une courtisane, ç'a au moins le mérite d'être clair, compréhensible. Mais c'est bien là que le bât blesse. Car si les plaisirs de la chair n'ont pas le moindre secret pour la rouquine, l'art de jurer comme un charretier lui est, en revanche, tout à fait étranger. Sept années passées aux Miracles, à côtoyer dans la fange la lie de la société, n'auront pas suffit à la rendre grossière. Il lui a toujours semblé évident qu'il était important de s'élever au-dessus de la masse en ce point, puisque c'était sans doute son seul moyen de se distinguer des autres gamins des rues. Si elle ne manie pas le verbe aussi sûrement que certaines de ses connaissances, elle prendra pourtant plus de plaisir à écouter les menaces originales sorties d'une bouche bien faite que les insultes grossières crachées à la figure.

    « C'est qu'en fait, tu vois, je pensais qu'on pouvait probablement se faire respecter sans avoir besoin d'être vulgaire. » Les lippes se plissent un instant, perplexité s'affichant sur le visage pâle. « Je suis pas certaine que ça m'irait bien, d'être grossière, ça collerait sans doute pas avec le reste... »

    Pourtant, comme la bouteille est tendue vers elle, Goupil s'en empare, et tâche tout en buvant une longue rasade de trouver une parade, pour ne pas avoir à se prêter à l'exercice. Si elle tient forcément mal l'alcool, la faute à son gabarit de chat de gouttière... probablement anémique, depuis l'agression, avoir passé sa vie à fréquenter des marins et des soûlards la rend plus tenace qu'elle n'y paraît. Elle peut s'enfiler cul-sec un verre de la pire gnôle qui soit -celle de Grayne, au hasard- sans sourciller. Ce qui ne signifie pas qu'elle ne tombera pas raide-morte dans les dix minutes suivantes, bien entendu.

    L'alcool lui réchauffe donc longuement la gorge, avant qu'elle ne se penche en avant, coudes sur les cuisses, bouteille tenue entre les mains fines.

    « Tu vois, j'veux dire, on doit pouvoir trouver des insultes qui en jettent... Ou des menaces, tu vois, c'est impressionnant, les menaces, non ? »

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Andrea_
Le souci avec la jeunesse, c’est que ça pose des questions à tout va. Et que ça s’auto pose des questions. Et que ça veut des réponses, mais que celles qu’on donne ne sont jamais les bonnes. Ça veut savoir ce qu’il y a après la mort, tu parles du néant ; ils te soutiennent qu’y a un paradis, mais c’t’à toi de prouver que t’as tort.
Vraiment, les parents de jeunes enfants qui pensent que l’enchainement de « pourquoiiiiii , et pourquoi ? » c’est chiant, sont bien loin d’imaginer que leurs gosses vont les faire caguer pendant des années encore. AH on les aime hein, les jeunes mais punaise…
On reprend, le dos bien calé contre le dossier du fauteuil, les bras croisés dont l’un remonte pour que la pulpe de l’index caresse la lippe inférieure et on observe, l’acier intraitable scrutant la jeunesse en plein monologue.


J’ai parlé d’insulte, et de gros mots, mais pas de vulgarité. Helvalia… Je ne suis pas née comme ça. Moi aussi j’aurais aimé qu’on m’explique comment devenir ce que je suis devenue, j’aurais probablement gagné quelques années. Crois tu qu’être grossière s’apprend ? Crois tu qu’on apprend quoique ce soit au final ?
C’est la vie, qui te fera devenir forte. C’est encore elle, qui te rendra plus belle que tu ne l’es déjà. C’est elle qui fera naitre aux coins de tes yeux des regrets et des remords, c’est encore elle, cette put’ain qui fera qu’on te respecte ou qu’on te marche dessus.
Et elle le fera pas en te parlant dans un bureau Helvie. Elle le fera en tuant tes enfants. Elle se cachera dans ton intimité, lorsqu’un jour la personne que tu aimes tentera de te tuer. Elle te traquera et t’éloignera des personnes que tu aimes jusqu’à te rendre totalement folle.

Alors oui, un jour, tu seras comme je suis. Tu balanceras des insultes à tout va, tu seras grossière, tu trouveras des insultes un peu travaillées comme « Raclure de bidet », tu te ficheras des oreilles du voisin en les comparant à des pantoufles. Tu pourras même te payer le luxe de dire à une grognasse qu’elle est comme une blanquette de veau sauf qu’elle on peut l’avoir sans champignons.
Oui, un jour, peut être, t’auras l’esprit tellement tordu que tu n’attireras que des gens comme ça, t’auras envie de tout brûler et tu auras tellement de haine dans ton discours, que tu bougeras des montagnes, et pire encore Helvie, tu y arriveras.

Est ce que je te souhaite de me ressembler ? Pas le moins du monde. Pas le moins du monde.


Pas le moins du monde. Tu as la jeunesse et l’innocence. Tu as l’Amour, l’Unique, celui qui te fait pousser les ailes, et c’est ainsi, telle que tu es qu’il t’aime. Et c’est parce qu’il t’aime, que tu restes ainsi, le voilà ton cercle vicieux.
Mais puisque le message était passé, rien n’empêchait tout de même de lui filer des bases, au cas où…


Les menaces ça marche bien oui, même super bien, quand c’est bien fait. On peut pas s’contenter d’faire du rentre dedans à un mâle pour finalement le saluer pour aller jouer avec le voisin. Bah là, c’est pareil.
Ton mec est Duc, donnes toi en à cœur joie, mais soit intègre, toujours, ça force le respect.
Exemple.
Tu peux très bien poser une plainte parce qu’un mec a un nom imprononçable, mais tu peux pas porter plainte parce qu’il a dit que t’étais moche. Ou ALORS, tu portes plainte pour ça, mais tu le dis pas. Le but, c’est que les gens pensent que t’es taré, pas que t’es une fifille à papa, tu saisis ?



Une petite pause, histoire qu’elle puisse répondre si elle le souhaite, ce qui me laisse assez de temps pour quelques gorgées une fois la bouteille reprise en main. Le visage est toujours haut et le dos droit. Le regard est franc, visiblement Colombe prend sa mission très au sérieux.

Donc oui, pour en revenir aux menaces… Toujours garder le regard fière, limite dédaigneux. Même si tu sais que ce n’est pas le cas, tu DOIS lui faire croire que TU mènes la danse. Tu vas morfler, peut être, mais si tu es persuadée de l’inverse, ça t’aidera.
Exemple de menaces ?


Interrogation surprise.
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Helvalia
    Les yeux de la Renarde s'écarquillent, horrifiés, à mesure qu'Andrea débite des paroles qui, elle le sait, ne sont vouées qu'à l'effrayer. A la voir ainsi, trop souriante, trop affable, imprégnée de cette apparente naïveté qui en agace tant, tous ne sont que trop enclins à imaginer qu'elle fait partie de ceux qui ont eu la chance de bien naître. On lui prête sans mal une famille aimante, de préférence plutôt aisée, un entourage toujours présent, une enfance passée à fouler des parterres de fleurs. Une fifille à papa, ironie suprême pour une orpheline. Personne ne cherche à passer le masque, à creuser la surface pour déceler ce qui se cache dessous, et très franchement ça l'arrange. Ceux qui savent, pourtant, à commencer par Jehan, par exemple, sauraient vous dire à quel point cette première impression est trompeuse, et à des lieues de la réalité. C'est sur un ton d'enfant boudeur, qui colle justement à merveille avec cette image-là, que la jeune-femme répond.

    « Je ne veux pas d'enfants... Et Jehan n'essaierait jamais de me tuer. »

    Ce qui est certain, pourtant, à l'écoute des propos de la Duchesse, c'est que la rouquine non plus, n'a pas envie de lui ressembler. Elle veut son assurance, sa confiance, ce qui la rend si respectable et terrifiante à la fois. Mais elle n'aspire pas, en revanche, à ressentir cette rage qui semble transparaître chaque fois qu'Andrea ouvre la bouche. Quoiqu'elle fasse, pourtant, elle ne peut que constater que, depuis l'agression, sa propre douceur s'étiole, peu à peu. Elle s'est déjà surprise à crier, à menacer, à s'emporter, délaissant son calme légendaire au profit d'une fureur qu'elle ne se connaissait pas.

    « J'ai jamais eu l'intention d'utiliser Jehan pour résoudre mes problèmes d'ego... Je ne suis pas du genre à l'envoyer éclater la gueule d'un type qui aurait eu le malheur de critiquer ma robe. J'ai jamais attendu qu'on règle mes histoires à ma place. »

    Elle n'est, déjà, pas capable de l'envoyer éclater la gueule d'un type qui l'a tailladée en pleine rue. Des jours, que Jehan réclame des informations sur Montparnasse, et que la rouquine fait tout pour l'en éloigner, pour brouiller les pistes. Autant pour ne pas faire d'esclandre que par crainte qu'il ne s'attire des ennuis par sa faute. Non, clairement, utiliser le Duc pour ses vengeances personnelles n'a jamais été une option.

    « Euuuh... »

    Long silence est marqué, Goupil fronce le museau et les sourcils, en pleine réflexion. Des exemples de menaces. Merde.

    « Je sais pas. Non mais hors contexte, là, comme ça, c'est compliqué. J'ai menacé une nana de lui couper les mains si elle les r'posait sur Jehan, une fois, mais c'était crédible que parce qu'elle me connaissait pas... »


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