Valyrian
[Février 1468, fin de journée.]
_________________
- -"Demain !"
-"Quoi demain ?"
-"Oui demain..."
Information balancée ainsi par l'homme à la femme. C'est ainsi qu'une date avait enfin été fixée sur cette promesse un peu particulière.
Le couple nouveau, encore dans une période de domptage réciproque, avait décidé, des suites à leur premier baiser qui avait suscité de la jalousie chez l'homme à l'évocation du premier véritable de la demoiselle qu'elle semblait idéaliser, d'effectuer un rituel un peu particulier. Ils s'étaient mis d'accord sur une marche à suivre - qui, on ne va pas se le cacher, est un peu absurde - pour pouvoir rectifier ce tir et ainsi offrir au barbu, l'occasion de donner à sa moitié, un baiser digne, capable d'éclipser tous les autres.
Défi lancé donc. Après la "rupture", théâtralisée, évidemment, le brun avait pour mission d'emmener la brune dans un coin qu'il aurait repéré, décor magique, idéal selon lui, afin de se rattraper et de renouer cette relation fraîchement brisée. S'en suivrait un pique-nique, promis également, afin de prolonger le moment passé seul à seule avec elle. Ces instants qu'ils avaient bien du mal à trouver depuis des semaines...
Cet après-midi donc, après s'être attelé à la préparation de deux tartes Normandes, l'une promise pour une dégustation chez Amarante, et l'autre, pour eux, au lac, Valyrian avait pris du temps en plus pour s'atteler à la réalisation de petits gâteaux sablés, pour le dessert, avec un pot de crème anglaise maison. Et de la meringue, un peu, car il sait à quel point elle l'aime. Il avait en parallèle fait cuir une petite volaille, avec quelques légumes, croquants, le tout emballé sitôt la cuisson terminée. Ils mangeraient surement froid, ou devront s'allumer un feu pour faire chauffer le tout à la dernière minute.
Et tout cet atelier lui avait fait perdre une grande partie de la journée. Mais l'heure n'était plus à la cuisine mais à la préparation, aussi, et rapidement, il avait rempli le petit panier prévu pour leur sortie du soir, puis s'était éclipsé à la salle d'eau pour y prendre son bain. Fleurs d'oranger, encore, et toujours, pour parfumer l'eau, et se parfumer lui-même, à la sortie. A cette suite, une chemise blanche, des braies sombres, bleu marine, des bottes assorties à la chemise par une teinte claire, grisâtre. Le soleil avait été présent toute la journée, mais dans la crainte que le temps ne vire mal, il prévoyait un mantel blanc, et une peau de loup qui viendrait se poser sur ses épaules. Elle leur servira s'assise dans le pire des cas.
L'homme préparé et l'heure avançant, il s'était encombré du panier couvert d'une petite nappe et de la tarte qui n'avait pas rejoint le paquetage. Il avait ensuite quitté son domicile, verrouillé la porte et avait rejoint la rue, rapidement, pour la descendre. Direction le premier point, pour déposé le colis.
Une première halte à La Blanche Hermine, où il déposa la tarte promise, donnant les instructions à Kieran. La dégustation pouvait avoir lieu sans lui, ni Dôn. Ils allaient être occupés, et pris pour la soirée. Remerciements donnés, et amabilités échangées, dommage que la tenancière était de sortie, il avait repris son petit bout de chemin, scrutant le ciel un instant, rêveur. L'heure tournait, mais il faisait encore bien jour. Dix-sept ou Dix-huit heures peut-être. Il espérait un instant comme celui-là, en sa compagnie, depuis un moment déjà, et ce soir, enfin, le rêve devenait une réalité palpable. Ils allaient pouvoir apprendre à se connaître davantage, échanger des mots à l'abris d'oreilles indiscrètes, se découvrir l'un l'autre, car le brun avait conscience qu'il ne connaissait que peu de choses de la vie de Dana, et aussi peu, des choses qu'elle aimait ou n'aimait pas. Cruelle constatation qui le tirait alors de son songe. Et bonne nouvelle, puisqu'il arrivait à quelques pas du domicile indiqué.
Seconde halte atteinte, un pas non hésitant venant fouler le seuil de la porte, une main, celle qui ne portait pas le panier, venait à frapper trois fois contre le bois de la porte, doucement, le but n'était pas d'effrayer l'habitante. L'homme croisait les doigts pour ne pas être arrivé trop tôt, il passerait sans aucun doute pour un pressé. Inversement, à arriver trop tard, il ferait preuve d'irrespect envers la demoiselle qui se serait langui de sa venue. Et elle ne serait certainement pas la dernière à lui faire remarquer l'affront. Il commençait à la connaître suffisamment. Mais cette spontanéité faisait parti des nombreux charmes qui opéraient sur lui, il préférait qu'elle soit ainsi.
L'attente devant la porte, silencieux, se prolongeait, et il frappait alors une nouvelle fois, ajoutant des paroles.
-"Dôn ? Vous êtes là ?"
_________________