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[RP] Er Gêr : Une visite pas si anodine.

Valyrian
[Février 1468, fin de journée.]

         -"Demain !"
         -"Quoi demain ?"
         -"Oui demain..."

    Information balancée ainsi par l'homme à la femme. C'est ainsi qu'une date avait enfin été fixée sur cette promesse un peu particulière.

    Le couple nouveau, encore dans une période de domptage réciproque, avait décidé, des suites à leur premier baiser qui avait suscité de la jalousie chez l'homme à l'évocation du premier véritable de la demoiselle qu'elle semblait idéaliser, d'effectuer un rituel un peu particulier. Ils s'étaient mis d'accord sur une marche à suivre - qui, on ne va pas se le cacher, est un peu absurde - pour pouvoir rectifier ce tir et ainsi offrir au barbu, l'occasion de donner à sa moitié, un baiser digne, capable d'éclipser tous les autres.
    Défi lancé donc. Après la "rupture", théâtralisée, évidemment, le brun avait pour mission d'emmener la brune dans un coin qu'il aurait repéré, décor magique, idéal selon lui, afin de se rattraper et de renouer cette relation fraîchement brisée. S'en suivrait un pique-nique, promis également, afin de prolonger le moment passé seul à seule avec elle. Ces instants qu'ils avaient bien du mal à trouver depuis des semaines...

    Cet après-midi donc, après s'être attelé à la préparation de deux tartes Normandes, l'une promise pour une dégustation chez Amarante, et l'autre, pour eux, au lac, Valyrian avait pris du temps en plus pour s'atteler à la réalisation de petits gâteaux sablés, pour le dessert, avec un pot de crème anglaise maison. Et de la meringue, un peu, car il sait à quel point elle l'aime. Il avait en parallèle fait cuir une petite volaille, avec quelques légumes, croquants, le tout emballé sitôt la cuisson terminée. Ils mangeraient surement froid, ou devront s'allumer un feu pour faire chauffer le tout à la dernière minute.
    Et tout cet atelier lui avait fait perdre une grande partie de la journée. Mais l'heure n'était plus à la cuisine mais à la préparation, aussi, et rapidement, il avait rempli le petit panier prévu pour leur sortie du soir, puis s'était éclipsé à la salle d'eau pour y prendre son bain. Fleurs d'oranger, encore, et toujours, pour parfumer l'eau, et se parfumer lui-même, à la sortie. A cette suite, une chemise blanche, des braies sombres, bleu marine, des bottes assorties à la chemise par une teinte claire, grisâtre. Le soleil avait été présent toute la journée, mais dans la crainte que le temps ne vire mal, il prévoyait un mantel blanc, et une peau de loup qui viendrait se poser sur ses épaules. Elle leur servira s'assise dans le pire des cas.

    L'homme préparé et l'heure avançant, il s'était encombré du panier couvert d'une petite nappe et de la tarte qui n'avait pas rejoint le paquetage. Il avait ensuite quitté son domicile, verrouillé la porte et avait rejoint la rue, rapidement, pour la descendre. Direction le premier point, pour déposé le colis.

    Une première halte à La Blanche Hermine, où il déposa la tarte promise, donnant les instructions à Kieran. La dégustation pouvait avoir lieu sans lui, ni Dôn. Ils allaient être occupés, et pris pour la soirée. Remerciements donnés, et amabilités échangées, dommage que la tenancière était de sortie, il avait repris son petit bout de chemin, scrutant le ciel un instant, rêveur. L'heure tournait, mais il faisait encore bien jour. Dix-sept ou Dix-huit heures peut-être. Il espérait un instant comme celui-là, en sa compagnie, depuis un moment déjà, et ce soir, enfin, le rêve devenait une réalité palpable. Ils allaient pouvoir apprendre à se connaître davantage, échanger des mots à l'abris d'oreilles indiscrètes, se découvrir l'un l'autre, car le brun avait conscience qu'il ne connaissait que peu de choses de la vie de Dana, et aussi peu, des choses qu'elle aimait ou n'aimait pas. Cruelle constatation qui le tirait alors de son songe. Et bonne nouvelle, puisqu'il arrivait à quelques pas du domicile indiqué.

    Seconde halte atteinte, un pas non hésitant venant fouler le seuil de la porte, une main, celle qui ne portait pas le panier, venait à frapper trois fois contre le bois de la porte, doucement, le but n'était pas d'effrayer l'habitante. L'homme croisait les doigts pour ne pas être arrivé trop tôt, il passerait sans aucun doute pour un pressé. Inversement, à arriver trop tard, il ferait preuve d'irrespect envers la demoiselle qui se serait langui de sa venue. Et elle ne serait certainement pas la dernière à lui faire remarquer l'affront. Il commençait à la connaître suffisamment. Mais cette spontanéité faisait parti des nombreux charmes qui opéraient sur lui, il préférait qu'elle soit ainsi.
    L'attente devant la porte, silencieux, se prolongeait, et il frappait alors une nouvelle fois, ajoutant des paroles.


         -"Dôn ? Vous êtes là ?"

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Don.
Si Alençon fut choisie pour Amarante, cette option fut également prise pour Savian. Parlons-en, injoignable, il ne donnait ni nouvelles, ni aucun autre espoir pouvant lui permettre de croire qu'il était encore vivant ou que le lien avec Dana puisse subsister. Malheureusement, cette dernière avait été prévenue plusieurs fois et avait même déjà vécu l'expérience par le passé lorsqu'elle avait pris soin de se déplacer jusqu'à lui pour une promesse de mariage. Si d'amour il n'y avait guère encore entre eux, c'est pourtant un sentiment de culpabilité qui s'empare de la poitrine bretonne après être arrivée sur Alençon. Devait-elle réellement rester ici au risque de croiser celui qui aurait pu être, en compagnie de celui qui sera très certainement ?
Oui, car si Savian fut une rencontre délicieuse mais raisonnée il n'était pas ce que Valyrian pouvait être. Certes, le jeune homme de tout de même six ans son aîné était buté, têtu et avait des idées bien trop arrêtées pour une personne de son âge mais il représentait également ce qu'elle recherchait depuis la mort de Gwilherm. Si Salar avait su lui donner le goût de l'ambition, il n'avait su lui procurer assez de bonheur pour qu'elle ne cède au norvégien qui lui ne savait équilibrer passion et lendemain. Delonnay était le résultat d'une recherche involontaire, instinctive. Il était stable, courtois, bon et dénué de malhonnêteté. L'ensemble de ces raisons était parvenu à créer chez elle une sorte de choc suffisamment violent pour qu'elle ne comprenne même pas la raison de son attirance pour le médecin qui était très vite devenu son compagnon.
Un compagnon dont elle connaissait trop peu de choses mais qui allait, elle en était certaine, lui procurer plus de bonheur qu'il lui fut possible de vivre toutes ces dernières années réunies.

Pour ce rendez-vous organisé par le brun, Dôn n'avait qu'une seule directive à suivre, celle de s'habiller. Si l'envie de mettre du pourpre était forte, le rouge-gorge qu'elle n'était vraisemblablement plus dû se faire à l'idée qu'une couleur moins vive serait sans doute plus judicieuse. Du blanc. Une robe simple dont le corset intégré compressait légèrement sa poitrine et partait de manière évasive dès la couture située sous ses seins fut choisie. Ainsi, Dôn pouvait cacher ses hanches qu'elle trouvait trop menues depuis sa dernière grossesse. Si le poids des années s'accumulait sur beaucoup, à son ossature rien de charnu ne venait se déposer. Les girondes rondeurs avaient disparues pour ne laisser place qu'à une silhouette beaucoup trop fine pour paraître délicieuse. Peu importe, la mise était tout de même digne des plus coquettes apprêtées et c'est d'une touche rose que la jeune femme vint colorer ses lèvres. Baignée, parfumée, coiffée et habillée il ne lui restait plus qu'à attendre l'arrivée de Val qui ne tarda plus à frapper. Et attendre c'est ce qu'elle fait de mieux. Arpenter la pièce en martelant le sol de ses souliers fut le premier passe-temps ordonné, ensuite, sa main de fer - gantée pour l'occasion - vint tapoter chaque centimètres composant la grande table centrale de son séjour. Agacée par le son répété, la bouche s'amuse à faire des bulles de salive et à les tuer dans un son proche de celui que font les crapauds lorsque nous les écrasons à vive allure, en charrue.

Sursaut. Ça frappe !
Il faut attendre, ne pas paraître pressée ou impatiente. Bêtement alors, la brunette se positionne devant la lourde porte et ne bouge plus d'un millimètre.
Sursaut. Il frappe encore !
Là, il est sans doute temps d'ouvrir.
Sursaut ! Il l'appelle.
Mouvement brusque est actionné, d'une main sur la ronde poignée, l'invitée ouvre.


Oh, Valyrian ! Quel plaisir de vous voir. Vous êtes là !

Evidemment il était là, beau comme un prince, fleuré comme un verger en été.
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Valyrian
    Et le brun vêtu en Prince pour la Princesse qu'il venait à dérobé n'avait pas eu à frapper une troisième fois à cette porte. Le dicton "Jamais deux, sans trois" était donc faussé de nouveau. Et quel sourire qui vint teindre le faciès tantôt fermé lorsqu'elle lui apparu derrière sa porte, prête, élégante, ravissante. Une bouche à demi-ouverte, suffisamment pour laisser percevoir un "Wah." de surprise à mesure que le regard la découvrait. Du blanc, elle aussi. Voilà que leurs esprits, à nouveau, s'étaient joints au secret de leurs propriétaires. Amusante constatation donc qui tira le brun de sa torpeur admirative.

         -"Et le plaisir est tout à fait partagé. Vous êtes sublime."

    Ne pas ajouter un "Ce soir." cela serait mal venu. Elle l'était, à ses yeux, sublime, belle, ravissante, ou tout autres adjectifs ayant un sens plus ou moins proche de ces derniers, chaque jours, matins comme soirs, et ce depuis bien des semaines. Inutile donc de temporaliser son compliment. Celui-ci resterait dans la spontanéité du moment. Moment qu'il lui lui tardait de partager avec elle.

    Elle, celle qui était venu à chambouler sa vie par une présence amicale, d'abord, turbulente, "Tempête" comme aimait l'appeler leur amie commune, Amarante. Puis par des mots, posés au secret des vélins, échangés sur des jours, des semaines, qui parurent être une éternité pour Valyrian. Et le sentiment lui avait semblé, par de nombreuses fois, partagé, avant même qu'elle ne commence à lui avouer son manque de lui, ce même manque qu'il s'était empressé de lui faire part. De fil en aiguille, les mots étaient devenus plus audacieux, précis. Les envies de l'un et l'autre s'étaient exprimées entre quelques paragraphe de courtoisie, ou d'aventures rocambolesques que nos deux instigateurs avaient à partager à l'autre. Gaieté certaine dans les jours du masculin. Il avait appris à l'aimer pour ses mots, puis ses actes, sa personne, sa façon d'être, simplement. Elle était Elle. Et elle était une suffisance parfaite pour Lui. Lui sans Elle, aujourd'hui, lui paraissait presque impensable, happé par l'euphorie de la relation naissante, peut-être, ou simplement par le tourbillon d'un amour nouveau. Une renaissance donc.
    Et quand son cœur criait "Je t'aime", parole portée par l'ardeur du regard qu'il lui lançait, les lippes offraient toujours de ce sourire qu'elle était la seule à savoir provoquer. La raison ? Aucune en particulier, si ce n'est cette tempête évoquée. Cet orage grondant au sein de sa tête et de son cœur, qu'il parvenait encore à faire taire. Sans doutes serait-elle effrayée, ou stupéfaite, peut-être heureuse, qui sait, s'il venait à lui ouvrir l'entièreté de son cœur. Mais le brun ne voulait pas aller trop vite. Cette histoire, il la sentait comme étant la bonne histoire, alors à quoi bon précipiter le cours naturel des choses ? Non. L'aventure méritait d'être savourée au jour le jour, de provoquer, comme à cet instant, quelques vagues afin d'y donner un relief, d'avoir des souvenirs en commun.


         -"Êtes-vous prête à m'offrir votre soirée entière, et peut-être une partie de la nuit ?"

    Il laissait un instant la question en suspend, taquin à ses heures, scrutant une réaction de la jeune femme tant le propos pouvait avoir tournure différée. Leur grand jeu.

         -"Une partie de la nuit à parler, j'entends. Il y a tant de choses que j'aimerais savoir sur vous. Et tant d'autres que j'aimerais découvrir. Et pour accompagner tout ça, je nous ai préparé un bon repas. Une volaille, vous l'aimez ? Et quelques surprises dont vous m'en direz des nouvelles."

    La main tâtait le panier à mesure de son monologue. Un regard échangé, complicité palpable, sans aucun doute, et voilà que l'Ours venait proposer au Rouge-gorge une dextre, l'invitant à le rejoindre hors de la chaleur de son domicile. Le nid se devait d'être quitté dès à présent. L'intérieur, pour l'extérieur.

         -"Me permettez-vous de vous guider vers ce lieu qu'il était à ma charge de trouver ?"

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Don.
Réponse fuse, sans aucune ruse.

Plutôt deux fois qu'une.

Dôn détestait les phrases toutes faites et pourtant en usait à foison. Il est de ces mots que nous ne supportons plus d'entendre tout au long de notre enfance et que nous ne pouvons nous empêcher de prononcer une fois adulte et dans des situations qui s'y prêtent. Alors, oui, lorsqu'il lui demande si elle est prête, elle l'est et depuis longtemps parce que cette soirée fut évoquée bien souvent sans jamais être accomplie. Voilà chose qui serait vite réparée et c'est donc sans attendre une minute de plus que Dôn attrape le manteau vermeil à sa portée et ferme la lourde d'un geste sec sans s'être couverte.

Seulement une partie de la nuit ? Et vous comptez donc m'abandonner au beau milieu de celle-ci ? Je vous propose qu'elle soit blanche et que nous puissions la terminer, à compter les étoiles mangées par l'arrivée du matin.

Le programme laissait à désirer lorsque c'était à la manchote de proposer mais peu importe ! Valyrian aurait sans doute mille autres choses à lui montrer ou à lui dire d'ici là.
En quelques mouvements semblant périlleux, la Spontus s'habille enfin et vient s'emparer de la dextre tendue. Le bras aurait pu convenir mais lier ses doigts aux siens procuraient chez elle le plus simple mais aussi le plus émouvant des plaisirs. A celle qui avait perdu sa main directrice et donc la pulpe capable de sentir et procurer toutes les sensations du toucher revenait le triste contentement d'éprouver à bout de bras, à bout de doigts.
Au fur et à mesure de la marche qui les mènerait où il fera fatalement bon d'y vivre, Dôn sentait son cœur se gonfler et battre à tout rompre. Tout était parfait, des effluves qui s'échappaient du panier porté par son galant au décor prêt à renaître des glaciales attaques de l'hiver. Le sourire à trous était bien présent, les fossettes marquées sollicitaient les joues roses de vie d'une jeune femme heureuse et enthousiaste, il n'en fallait guère plus pour lui donner l'envie de recouvrir de baisers, le pauvre corps de l'homme se trouvant à l'extrémité de son bras. Saurait-elle se tenir convenablement ? La dernière balade qui lui fut donné de vivre se déroula en compagnie de la Bête qui avait dû calmer les ardeurs de la bretonne par un refus - poli - d'aller plus loin. La honte aurait dû s'emparer d'elle et si ce ne fut guère le cas, aujourd'hui il y avait de grandes chances pour que les convenances soient respectées... Ou tout du moins, elle tenterait d'être irréprochable pour ne pas se retrouver humiliée.


Vous ne m'emmenez pas à Paris j'espère ? Non pas que les grandes villes me déplaisent, mais marcher durant des heures pourrait m'user les os des pieds ! Sommes-nous bientôt arrivés ?

Se plaindre restait une activité féminine et la Kerdraon savait rendre honneur à cette jolie réputation de râleuses que détiennent toutes les demoiselles qui se respectent. Pourtant le temps passait toujours à une vitesse folle lorsque sa compagnie se nommait Valyrian et il était loin le temps des angoisses et des doutes lorsqu'ils échangeaient ensemble. Si par le passé Dôn avait pu se méfier de tout et même de petits riens, aujourd'hui tout était mis en oeuvre pour que leur relation se passe dans les meilleures conditions. Evidemment, ils n'étaient pas à l'abri d'une crise soudaine, il suffisait d'un sourire d'Alisa ou de l'évocation d'une Fanette pour que tout déraille bien vite, pourtant le dialogue savait toujours les rabibocher ce qui n'était malheureusement pas suffisant avec les protagonistes de ses derniers émois.
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Valyrian
    Réponse entendu, et affirmation donnée en retour, se voulant rassurant.

         -"Alors faisons de cette nuit, une blanche. Cela me va parfaitement. Je n'avais pas l'intention de vous abandonner, oh non ! C'est juste que... Je n'osais simplement pas vous le proposer, je vous sais terriblement occupée tout le jour alors... L'absence d'un sommeil pour vous au lendemain aurait pu être une terrible chose."

    Petite souplesse de verbe, souplesse du corps pour la demoiselle, et les voilà enfin partis. Partis vers ce lieu encore mystère, qu'elle ne tarderait pas à découvrir.
    Et voilà qu'elle entamait déjà sa première plainte. Pas dix minutes n'avaient filées, qu'elle lui exprimait déjà quelques réflexions qui n’eurent pas à attendre pour soutirer quelques rires subtils à l'homme. Elle avait ce don pour user de mots qui avaient, à l'oreille, un sens bien propre, que chacun était à même de comprendre sans se triturer les méninges de trop, or, une fois la globalité de la phrase entendue, le sens ne pouvait en faire que rire. Le barbu aimait cette répartie. Et ce soir encore, il s'exclamait par son expression, le rire.


         -"Ne vous inquiétez pas, j'ai bien l'intention de préserver vos os des pieds." Et un petit rire venait à rompre sa phrase. "Nous n'allons pas bien loin. Ne vous en faites pas. Et ce n'est pas à Paris que j'aurais pu repérer pareil endroit."

    Engagés sur un petit chemin longeant la rive sud du lac, le brun entraînait, lentement mais sûrement, la brune vers ce lieu magique qu'il avait tout désigné pour y passer leur première vraie sortie ensemble. Un tête à tête désiré depuis longtemps qui allait enfin avoir le droit d'exister.
    Pression montait, cœur s'emballe, et les pensées s'embrouillent. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu un semblant de rendez-vous galant ? Depuis combien de temps n'avait-il pas pu savourer le contact d'une femme, même à son bras, pour plus qu'une sortie de taverne et d'un bout de chemin parcouru ensemble ? Et puis, il pensait également à la première étape de leur sortie : la "Rupture". Un nuancé de pensées qui le faisait s'arrêter, obligeant les pas féminin à faire de même. L'instant T était arrivé, sur ce petit chemin, dans l'ombre de quelques arbres, une vue cachée sur le lac, une lumière timide. Les arbres y étaient dénué de feuilles, hiver obligeant, et quelques croassements funestes pouvaient se faire entendre à toute oreille tendue.

    Il se retournait vers la femme, lui faisait maintenant face, et l'observait. Regards communiquant par un contact fébrile. Panier déposé à terre pour pouvoir jouer de sa divine comédie sans être encombré. Les mains masculines s'emparaient des dépareillées féminines.


         -"Dôn. C'est le moment ! Larguez-moi ! Regardez autour de nous. L'endroit est atroce. Autant le faire ici. Faites le ! C'était votre idée !"

    Le regard noisette semblait décidé et préparé à encaisser la nouvelle. Mais il ne pouvait s'empêcher d'ajouter dans un marmonnement, baissant finalement la tête, début du rôle joué donc :

         -"Mais laissez-moi être de nouveau vôtre en suivant..."

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Don.
Il était temps. Il était temps de mettre en oeuvre leur terrible projet. Après avoir passé du bon temps à marcher en sa compagnie, échangé quelques mots anodins par ci par là, il fallait désormais agir et si l'idée venait de Dôn cela n'en faisait pour autant pas une illumination. Pourtant, lorsque ce stratagème pu voir le jour au détour de sa caboche, tout lui paraissait facile et ingénieux. Est-ce que le faire le serait tout autant ? L'instant présent allait le lui révéler. Mains dans les mains, regard dans le regard de l'autre, une inspiration fut prise. Brindilles dansaient autour d'eux, bousculées par un vent léger mais suffisamment froid pour faire naître une chair de poule à la nuque de la jeune femme. Le sinistre décor donnait à la rupture, une tournure réaliste. Peut-être se laisseraient ils avoir par ce contexte tout à fait adapté à la situation ? Et partiraient chacun de leur côté sans plus jamais se retourner, ni se revoir.

La voix habituellement feutrée de la bretonne vient claquer contre sa gorge nouée par le trac.


Valyrian. C'est une évidence, nous ne pouvons faire le choix de nous aimer. Il n'y a qu'à voir l'endroit que vous venez de choisir pour notre premier pique-nique. Aussi, je me dois de vous dire que rien ne pourra être possible entre nous. Rien, je ne veux jamais m'asseoir sur cette herbe humide, sous ces arbres tortueux, sous les chants funèbres de ces volatiles tristes. Que la mort croque qui elle veut mais l'amour ici, n'a aucun avenir. C'est terminé, ne nous aimons pas, ne nous aimons plus. Quittons ce lieu et oublions tout de nous, d'un nous.


Si Dôn savait habituellement rompre, le faire ici et sur commande lui paraissait étrange et surtout difficile à souhait. Elle eut même l'impression de réciter une pièce apprise plusieurs années plus tôt, tant ses paroles paraissaient connues mais dictées par saccade dû à un manque de mémoire certain. Evidemment, il n'en était rien, l'improvisation désastreuse était l'unique raison d'une pareille élocution.
Dernier ajout fut néanmoins osé, désirant insérer un peu d'humour décalé à la presque cérémonie qui était en train de se dérouler.


Il aurait été délicieux de vous faire l'amour sur cet adieu, l'ultime acte scellant notre rupture... Mais pour cela il aurait fallu que nous l'ayons fait au moins une fois. Terrible constat, ce n'est pas le cas. Partons désormais, partons !


D'un air qu'elle espère dramatique, la brunette pose à son front une main faussement tremblante.

Vite, la peine vient m'enlacer entrailles et compagnie ! Il ne me faut pas défaillir ici ! Je m'en voudrais de devoir souiller sur l'humus, mes jupons à l'éclat virginal.

Un sourire léger se dessine toutefois sur le visage de la Kerdraon, qui invite Valyrian à ajouter quelques mots et à décider de la suite des événements.
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Valyrian
    Le glas final venait de sonner. Le couperet de la fin s'abattait sur la tête de l'homme, à mesure que les paroles étouffées de la jeune femme s'échappaient. Terrible constat qui amenait à une triste scène. Le nez masculin se baissait, pris au jeu, entraîné dans une chute lente et désastreuse. Son moral tombait, bien qu'il savait parfaitement que tout ceci n'était que mascarade, une pièce de théâtre prévue en amont, le tout, joué avec un jeu d'acteur digne des pires troupes de comédiens. Lui mimait une peine palpable, trop pour être vraie. Ou pas assez, car les larmes et les pleurs manquaient au tableau. Elle récitait son texte, parfaite dans le premier rôle, trop peut-être, tant l'automatisation de ses paroles l'amenait à des latences d'éloquence, des saccades. Le trac et la tension du moment auraient pu créer champs électriques capable de friser davantage le plus frisé des moutons. Une coupe afro avant les belles années dico.

    L'homme écoutait, silencieux, regard venant capter l'océan mélodieux du regard féminin, par instants, à la recherche d'un réconfort, d'un indice qui lui prouverait qu'elle ne pensait clairement pas tout ceci. Le lieu était peut-être un peu trop disposé à une telle scène. Mais vint le point final. Petite blague vaseuse sur leur absence de rapprochement corporel durant ces dernières semaines. Et c'était voulu. Ils l'avaient promis, l'un à l'autre, d'éviter de se libérer à une bestialité qui ne serait pas digne pour établir une base de relation saine et solide. Ils patientaient, et attendaient. Peut-être trop. Voilà qu'ils étaient sur le point de se séparer sans avoir offert leurs délices caché à leur Autre.

    Parole prise à son tour, avant que la jeune femme ne perde contenance et ne se laisse aller à la défaillance, comme elle le lui avançait si bien.

         -"Dana. Je comprends parfaitement. Oui. Cette rupture est nécessaire, nous ne sommes point heureux. Pas satisfaits. En rien. Pour tout."

    Phrase dictée avec le même automatisme présent dans sa gestuelle. Mauvais acteur vous dites ? Non, c'est qu'il refuse de croire à tout ceci, et échange son rôle aussi sec de Caliméro, pour la cape de Roméo ! C'est qu'il l'aime comme une Juliette.

         -"Mais jamais, Ô grand Jamais ! Je ne pourrais vous oublier ! Aussi, permettez-moi de vous montrer un endroit, un lieu où vous pourrez vous laisser aller à cette défaillance proche, un coin de paradis où nous pourrons nous délecter de ces mets préparés pour vous, avec mon amour. Je vous porte en estime si haute qu'il me vient l'envie de venir vous courtiser de nouveau, sitôt séparé de votre personne. Me permettez-vous de venir lancer de petits cailloux à la fenêtre de votre balcon pour vous réclamer une balade nocturne ? Me permettez-vous d'exiger votre présence encore, chaque jours, dans ma vie ? Puis-je même espérer, un jour, partager davantage qu'un moment ou un repas avec vous, comme... Un Toit ?"

    Déclaration faite, et genoux plié presque à terre, équilibre mince pour ne pas venir souiller les braies de boue. Une main, la même qu'avant le départ, vient se tendre vers elle, alors que l'autre se porte au cœur. Le regard se redresse, brillant, courtois.
    Il a fait son choix pour la suite. Et depuis des lustres. Et à cet instant, il n'est plus question de jouer la comédie, mais bien de faire les choses avec les sentiments, et l'envie. Un sourire radieux, c'est ce qu'il lui offre, chassant de son esprit les cinq dernières minutes partagées de ce rituel obligatoire qu'ils s'étaient imposé. Maintenant, et pour la suite, il voulait l'accompagner sur cette rive bordée d'un arbre dont les premières germes commencent à fleurir, le Printemps approchant, et sur ce tapis d'herbe baignée par les faibles rayons du soleil qui passent au travers du branchage. La cabane de bois abandonnée d'un ancien pêcheur ne se trouvant qu'à quelques pas, l'endroit allait être, selon lui, parfait pour échanger ce moment tant attendu, plus que la première partie.

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