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[RP] Ce n'est pas l'épine qui protège la rose...

.elle

...c'est son parfum.
(Proverbe Persan)



~ 9 Janvier 1468, Milieu de matinée, Paris, L'Aphrodite ~
    Deux jours que le courrier de Dacien lui était parvenu, se voyant lu et relu, encore et encore, chercher à comprendre ce qui y siégeait et ce qui n'y était pas dit avant d'y faire réponse, perplexe quand à savoir quoi dire à un homme qui, plein de promesses, encore fraiches pour certaines, avait tout balayer d'un revers de main en l'abandonnant depuis des semaines, des mois même maintenant.
    Une présence lors du bal de Noël, sans qu'il ne vienne à elle, lui faisant paradoxalement porter une rose éternelle le surlendemain, rouge avec la symbolique associée, figée dans la cire, éternité se couplant au message de cette merveille carmin, et ce bouquet oeillets blancs et épineuses sanguines, pureté de la passion contrastant au détachement que semblait vouloir exprimer les mots.

    Oui, Réponse avait été faite... et pourtant jamais il ne la lirait, la main de la florale l'ayant offert aux flammes du silence, il était temps... temps d'affronter ce qui avait secoué son carde douloureusement, l'engourdissant autant que son esprit de colère et d'incompréhension. L'affaiblissant d'une perte de contrôle bien trop marqué à son goût.
    Et comme attendu, le fiacre avait pris en charge une rose en milieu de matinée pour se rendre au point de rendez-vous donné, personne n'était informé de son départ, nul besoin, le voyage ne la menait pas si loin, tout au plus Justine la savait en extérieur et c'était largement suffisant.

~ 9 Janvier 1468, Fin de Matinée, Paris, Relais des Trois Auberges ~
    La blancheur du paysage s'affirmait sous le regard émeraude pensif, au fur et à mesure que le fiacre s'éloignait des faubourgs parisiens, quelques lieues où l'ont aurait pu croire être déjà hors de Paris alors qu'il n'en était rien. Toujours était-il que le sol boueux de neige fondue du tumulte de La Jussienne n'avait plus lieu de citer ici, tout au plus les ornières des charrettes, carrosses et autres moyens de se déplacer ayant empruntés la route qui la menait vers cet endroit neutre où celui qui souhaitait la voir lui avait donné rendez-vous.
    La non-réponse était un risque en soi, qu'il ne soit pas là, certes, cela dit aucune réponse n'avait été mandé, tout juste une proposition de le retrouver à ce relais, ce qu'elle faisait au final alors que les dites trois auberges se dessinèrent dans le paysage.

    Ce qu'allait donner cette entrevue ? Qui pourrait seulement le deviner...
    Peut-être bien Elle ? La rose ne jurait plus de rien...
    Peut-etre Lui ? Qui sait...

    Toujours était-il que le cocher stoppa l'avancée au devant d'une bâtisse, épineuse affirmant la capuche sur le chatoyant de ses bouches rassemblées en un chignon informel, quelques rebelles s'en échappant pour flirter avec la grasse de sa nuque sous le couvert de l'étoffe.
    Porte s'ouvrant sur le conducteur, main offerte pour l'aider à descendre fut prise en appui, sortant de l'habitacle pour découvrir sans entraves l'entièreté du lieu de rendez-vous, une longue respiration fut prise, formant une nuage vaporeux à l'expiration, mains gantées resserrant la luxueuse pélerine sanguine à l'encolure quand un signe de tête, petit hochement formel fut offert à l'homme.
      Rangez donc les chevaux et la voiture et allez vous mettre au chaud, j'ignore pour combien de temps je vais en avoir.

    Bourse tendue vers le côcher, le regard se posa sur lui.
      Je saurais vous faire trouver quand j'en aurais besoin, ne vous enivrez pas.

    Et le pas de la rose se mit en branle, prenant la direction du relais, serait-il là... Une boule d'appréhension commença à se nouer au creux de sa gorge, autant que cette colère sourde qui commençait à revenir tambouriner à ses tempes en repensant aux derniers mois.
    Stoppant sa progression, l'épineuse pris alors une lourde inspiration, secouant la tête afin de se calmer, de ne pas être trop aisément en proie à une perte de contrôle inopinée, et enfin le lieu fut rejoint y pénétrant en laissant son regard se porter vers l'aubergiste passant à proximité à cet instant, reconnaissable à ce tablier qu'il semblait aimer à arborer, qui avait surtout une certaine utilité, paraissait-il.
    Attendant simplement dans l'entrée, à peine avancée de quelques pas pour ne pas risquer de se prendre la porte à un arrivant, "Elle" esquissa un sourire, léger, lorsque le gérant de l'endroit vint s'enquérir de sa personne.
      Une table, propre, et un vin chaud je vous prie.

    Nul besoin d'en dire plus, ni de demander après qui que ce soit, si le rendez-vous se voyait honoré, Dacien se présenterait ici tôt ou tard, et pour l'heure, une silhouette féminine, encapuchonnée de brocard bordeaux délicatement brodé de noir, se réchauffait à une table, seule, d'un vin chaud manquant cruellement d'épices à son goût.


_________________

Merci JDMonty
Dacienhissy
[La loi de l'amour se montre plus efficace que ne l'a jamais été la loi de la destruction.] de Gandhi.

[9 janvier 1468. Quartier de Lafayotte, chez Alaynna. Presque midi.]

Il s'était rasé de près, laissant une peau lisse, pâle et entrevoir cette petite cicatrice qu'il détenait des poings de Adryan. Les braies longues venaient d'être rajustées par son tailleur au niveau des hanches. Il mangeait peu. Comme un oisillon à qui l'on donnait la becquée. Sa chemise blanche fut enfilée, pas trop saillante. Il était prêt. Un dernier coup d'oeil dans ce miroir, voyant ce visage fatigué qui se reflétait et de soupirer doucement. Dacien sortit de sa piaule, descendit les marches et trouva Alaynna dans le vestibule. Il prît son mantel, l'enfila et lui déclara d'un souffle.

M'attends pas pour manger ce midi, je sors. Je sais pas à quelle heure je rentre.

L'Italienne observa Dacien quelques secondes du coin de l'œil et opina.

Bene, je ne comptais pas t'attendre de toute manière.


Il la regarda de tout son tenant, sentant ce significatif sentiment de ne savoir s'il devait lui dire ou non, se demandant ce qu'elle dirait encore qui pourrait asseoir cette volonté de mettre tout en œuvre pour qu'il aille, mieux.

Ca va? Chuis bien?

Les yeux italiens n'hésitèrent pas une seule seconde à l'observer de haut en bas, puis de bas en haut.

Tu es très bien. Perché tu me demandes ? Tu as un rendez-vous ?

Ouais....Non....

Hésitant fut-il de lui avouer et après tout. Comment pouvait-il lui cacher cet état de fait. Elle le saurait bien tôt ou tard. Ou elle le devinerait. Autant lui dire. Sa dextre vint se mêler à sa chevelure, se grattant le crâne.

Oh merde. J'ai écrit à Rose pour lui demander de venir au relais des trois auberges. Mais....Je n'ai pas eu de réponses....

Et l'anxiété de ne pas la trouver au lieu-dit fit son apparition. Il ferma son mantel avant de rapatrier ses mains dans ses poches et de lui poser, à l'Italienne, la question.

Tu crois qu'elle va venir?
Et pourquoi ne viendrait-elle pas? Ce n'est pas parce qu'elle n'a pas répondu qu'elle ne se déplacera pas. Elle veut peut-être te faire monter en pression, te déstabiliser davantage. Tu ne le sauras qu'en y allant!

Bah voyons......Pour un peu, j'me demand'rais si elle me prendrait pas pour un con dis donc.

Vrai. Il détestait être ainsi dans le flou. Il détestait se sentir à la merci de quelque chose ou, presque quelqu'un, d'une réponse, d'une annonce, d'un souffle. Il fit un pas en direction de cette grande porte et de regarder Alaynna.

Si j'reviens pas ce soir, c'est que j'me serais pendu dans un coin.....
Ou que tu seras dans ses bras!


Elle ne put s'empêcher de sourire en coin. La situation aurait pu être caucace en d'autres circonstances. Cette appréhension que plus rien ne serait comme avant entre Elle et lui, se montrant de plus en plus, dérivant sur cet état de fait de se demander s'il était encore bénéfique qu'il reste sur cette terre et de rester de marbre alors que Dacien ne put que lui rétorquer.

Ca m'étonnerai....T'as qu'à envoyé Karl-Hans. Comme ça tu s'ras au courant s'il faut venir me chercher.

Un sourire en coin. Depuis quelques temps, son homme de mains ne le suivait plus. Il restait en cette demeure, sous les ordres de cette Ritale, surveillant de moins en moins ses faits et gestes. Et comme cela coulait de source. Il allait. Il faisait comme il pouvait, avec le concours de cette femme qui ne portait aucun jugement sur ces quelques actes manqués.


Hmmm … Tu sais y aller je gage que tu sauras revenir, je ne crois pas que Karl-Hans ait besoin de venir te surveiller.


Alaynna lorgna le brun, notant avec une satisfaction certaine, qu'il semblait retrouver jour après jour goût à la vie et le sourire.

Bien. A plus tard.

Il mit un point final à cette discussion, sonnant qu'il était l'heure. Il s'approcha de son amie pour lui claquer une bise sur cette joue chaude. La porte fût prise, refermée derrière lui et s'emmitoufla dans ce manteau hivernal. Les pas ne se trompaient pas de chemin. Celui de droite fut entreprit afin de se rendre au lieu dit, de sentir cette envie de la voir, ce désir de la regarder, cette frénésie de la toucher. Plus les jours passaient et plus il en avait besoin. Dacien ne savait pas encore ce qu'allait donner cet entretien, cette demande d'audience, cette volonté d'enfin entrevoir la volonté de lui parler ouvertement. Et d'avancer, se posant énormément de questions. Sera-t-elle là? Que dira-t'elle? Que pensera-t'elle? Quelle sera cette finalité? Les réponses étaient peut-être là-bas, chaque pas le confortant dans cette idée que Rose ne pouvait que venir à cette auberge. Et quelques minutes plus tard, alors que les chemins devenaient de plus en plus blanc, les trois auberges se voyait en ligne de mire. Il se répétait sans cesse ce qu'il allait bien pouvoir lui converser, comment lui avouer, sans pour autant trouver la réplique finale. Le pas du relais s'emboîta. La dextre vint trouver la petite clenche et de la tourner pour pénétrer à l'intérieur.

[Après midi. L'auberge dite.]

Il entra dans cette ambiance calme, reposante, celle qu'il aimait côtoyer quand dans son crâne, tout devenait bien trop flou et bruyant. Le mantel fut enlevé et accroché à la patère qui se trouvait non loin. Le gérant des lieux avait allumé la cheminée. Le feu offrait un crépitement agréable. Dacien s'avança jusqu'au comptoir, saluant les quelques habitués qui se trouvaient ici et de demander la même chose que d'habitude. Ses verts parcourèrent la salle, cherchant la femme à qui il avait demandé de venir pour ne pas la trouver. Et une silhouette arrêta la traversée de l'endroit alors que le propriétaire venait de lui tendre son verre de cognac. Il lui demanda qui était assis à cette table. Il n'était pas de coutume que des étrangers de la taverne puissent prendre place quand cet endroit était reculé de la capitale. Alors, une nouvelle se remarquait de suite. Le gérant répondit qu'il n'en savait rien. C'était une femme qui avait demandé une table propre et un vin chaud. D'ailleurs, il s'apprêtait à lui porter. Bizarrement, Dacien ne put que penser que cela ne pouvait être que Elle. Qui pourrait venir dans ce coin à l'abri de tous les brouhahas d'une ville si grande que Paris. Qui avait besoin de silence à cette heure-ci alors que le repas devait être servi. Il fit signe au barman, lui indiquant de lui donner la commande et de désirer lui emmener pour confirmer cette première pensée. Il ne déposa qu'un fin sourire à son interlocuteur pour le quitter ensuite, un verre dans chaque main et de s'approcher de cette femme encapuchonnée. Quelques pas se firent dans un silence impeccable, respirant une fragrance particulière, une qu'il avait déjà senti il y eut peu de temps. Senteur douce qui devenait apaisante au fur et à mesure qu'il s'approchait de cette femme, le confortant de plus en plus dans son idée première que Elle était là, tout près. Fragrance enivrante qui se dégageait de plus en plus, le laissant imaginer Rose qui se dessinait de chaque trait plus sûr, ne voyant pas encore son visage pour s'assurer de l'évidence. Et quand, enfin, il arriva à sa hauteur, une inspiration fût prise alors qu'il était convaincu qu'il n'existait pas d'autre femme pour dégager ce parfum si particulier. Il n'attendit pas qu'elle relève son minois. Il n'attendit pas qu'elle émette un seul son. Il déposa le vin chaud devant elle et de lui souffler.

Personne te connaît ici. A part moi.

Pas l'ombre d'un sourire. Les mâchoires se serrèrent alors que les tripes se retournèrent dans tous les sens de la retrouver enfin, que pour lui, même juste un instant. La sentir lui faisait du bien. La voir lui faisait du bien. Elle lui avait manqué, même s'il ne saurait lui avouer. La table était petite. Les espaces devenaient rapprochés. Dacien prit place sur cette chaise se trouvant en face d'elle, posant son propre verre devant lui et de la regarder enfin, plongeant son regard dans le sien. Il ne savait quoi chercher. La colère. La rancune. L'abandon. La lâcheté. La complicité. L'amour. Aucun ne venait s'imbriquer dans ce vert qu'il aimait observer. Et une gorgée après.

J'ai cru que tu ne viendrais pas.

Cela était pire qu'une croyance. Persuadé en était-il avant que l'Italienne eut la décence de le rassurer un brin alors que l'anxiété avait fait son apparition. Ses dextres se posèrent sur cette petite table, croisant les phalanges après avoir rabattu sa chevelure en arrière et de sourire en demi-mesure tout en la regardant.

Tu as fait bonne route?

Cela paraissait anodin mais pas pour lui. Avait-elle cette même appréhension que lui? Avait-elle cette boule dans son ventre qui se formait? Avait-elle envie de le voir vraiment? Avait-elle cette soif de savoir pour ensuite disparaître? Toutes ces questions qui se mélangeaient entre elles, qui ne s'arrêtaient plus de tournoyer dans son crâne, qui ne pouvaient pas faire autrement que de se positionner là, dans ce coin, cherchant les réponses dont il avait besoin. Et, s'adossant à cette chaise, un bras qui se mit derrière le dossier alors que l'autre dextre prenait le verre en mains, le faisant tournoyer sur lui-même, il baissa son regard un instant, se délectant d'une gorgée de cognac avant de relever ce vert inquisiteur.

Je suppose que tu n'es pas venue pour rien. Je t'écoutes. Demandes moi ce que tu veux. J'répondrais.

Avec la coopération de JD Alaynna.

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Merci Châton et Chérichou!
.elle

Qui veut cueillir des roses ne doit pas craindre les épines.
(Proverbe Danois)



~ 9 Janvier 1468, Midi ayant déjà sonné, Paris, Relais des Trois Auberges ~
    Une heure peut-être, le premier vin chaud avait déversé ses inspides épices sur les papilles délicates de la rose, où était-ce autre chose qui lui avait donné le sentiment de ne trouver aucune saveur à ce breuvage d'une facture honnête pour l'endroit ?
    Bien probable, sans doute l'envie qui ne s'y trouvait pas non plus, et quand midi sonna l'homme tenant le relais était venu lui proposer de quoi prendre se sustenter, un léger sourire avenant lui avait été offert en refusant, renouvelant cependant sa demande de vin chaud, l'apprécierait-elle plus cette fois ? Sans doute pas, mais il lui réchaufferait au moins le corps.
    Digitales vagabondant sur la table, pulpes dessinant les nervures du bois après avoir quitté l'étoffe des gants délicatement déposés à ses côtés. Un soupir léger soulevant sa poitrine, l'émeraude de son regard se figea sur les flammes de l'âtre, danseuses sensuelles enrobées de leur robe orangée l'hypnotisant dans le fil de ses pensées, comme déconnectée de l'endroit.

    Un jardin de roses jouxtait les pas de la florale, le sourire insouciant envoyé à ce double blond à ses cotés, autant qu'elle était brune, la bâtisse familiale se dessinant dans le fond du paysage, se floutant d'une fumée dense au fil des pas, autant que le visage marchant à ses cotés, autant que ce prénom entendu qui brisa le silence de la scène, pour l'amener à la porte de ce bureau qui claque, à ce brun qui s'efface, au fracas de ce symbolique marbre et à...

    A cette voix qui s'élève à ses cotés alors que le vin commandé est déposé devant elle, ventre se tordant subitement de cette crampe appréhensive que tout à chacun avait connu au moins une fois dans sa vie, la sortant de ses pensées alors que phalanges florales vinrent s'enrouler au godet encore chaud du breuvage.
    Elle aurait pu relever la tête mais le besoin de se contenir la surprise de son arrivée se fit plus grand, les pensées qui venaient de s'imbriquer les unes aux autres l'ayant perturbée plus qu'elle ne s'en rendait sûrement compte elle-même.
    Cela dit les yeux avaient suivis de biais le mouvement de Dacien contournant la table pour venir prendre place face à elle, les verts se retrouvant, perdus depuis bien trop longtemps pour pouvoir se lire avec clarté sur l'instant, simplement un sentiment de plénitude autant que d'inquiétude de l'avoir à nouveau à portée de regard, de ce regard qui avait su la percer souvent bien plus à jour que beaucoup.

    La rose sonda autant qu'elle put, sans se trahir elle-même, les émeraudes de celui pour qui elle avait fait le déplacement, avant que ses iris ne s'égarent sur lui, sur ses cheveux ayant pris de la longueur, sur ses traits s'étant amincis, amaigris même, et de ne pas voir la cicatrice en relevant les pupilles dans les siennes quand il se mit à parler.
      Et tu avais tort, je suis devant toi

    Avait-elle hésité ? Bien sûr, jusqu'au dernier moment, encore même alors que sa main s'était posée sur la poignée du relais, prête à tourner les talons, mais à quoi bon fuir ce qu'elle espérait au fond d'elle ? Comprendre, avoir une explication.
      C'était moins loin que je n'aurais cru, et oui, sans qu'engrenage ne grince, merci de t'en soucier.

    Comment lui parler ? Quel ton employer ? La florale si assurée se trouvait dans une ambivalence la plus totale, vouloir rester détachée alors que l'évidence était là, malgré sa colère et son ressentiment, elle était heureuse de le voir là devant elle, fusse t-il différent sur certains points.
    Ce glabre à ses joues, exit la barbe si soigneusement laissée présente d'ordinaire, ce sourire à peine osé, ce malaise qui transpirait chez lui, possiblement autant que chez elle, même si rien ne le montrerait peut-être, à l'exception de ces doigts qui dessinaient l'arrondi de la tasse d'argile, depuis qu'elle l'avait enveloppé de ses phalanges, où ce regard qui bien qu'avide de son reflet, se dérobait dès qu'elle avait l'impression de se voir percée à jour sur ce qu'elle pouvait ressentir de plaisir à le voir là, sur cette appréhension qui la rongeait, sur ses interrogations, sa colère, sa peine, tout ce qu'elle ne voulait pas lui transmettre au final, et qui pourtant s'avérait surement interprétable rien que par sa présence ici même, en ce jour, suite à un courrier reçu à peine deux jours plus tôt, ne lui laissant que peu de temps de réflexion.

    Et la raison de ce rendez-vous, de cette missive plutôt qu'une visite, filtra enfin alors que jade et émeraude s'épousaient à nouveau, la florale ne se dérobant cette fois pas à l'inquisition oculaire, le sondant autant qu'il se faisait inquisiteur du sien.
      Pas pour rien non... parce que tu as dit vouloir me voir... parler, évoquer ce qui doit l'être.

    Une inspiration, longue, plus ou moins contrôlée, alors que les mains se glissent sous les bords de sa capuche, chacun de ses mouvements laissant son essence imprégner l'air ambiant de sa présence.
      Parce que je tenais à te remercier de vive voix pour tes présents, l'un comme l'autre étaient magnifiques.

    Mouvement délicat, l'étoffe cède sous l'impulsion et le visage se dévoile autant que la chevelure relevée, Rose assumée en ce lieu portant son regard sur lui, sur la raison de sa venue, sur ce qui allait suivre, quoi qu'il advienne.
      Que je te demande ce que je veux... C'est tentant.
      Je ne poserais cependant aucune question.
      Alors voilà ce que je te demande, comme je l'ai déjà fait auparavant.
      Parle-moi Dacien.

    Tu voulais me voir, tu voulais discuter... Et bien... Parle Dacien, je n'attend que ça.


_________________

Merci JDMonty
Dacienhissy
[Sentir ta présence, ton soutien, ton amour, ton pardon, c'est ce qui m'est nécessaire.] de Henri-Frédéric Amiel.

Oui, il avait tord. Pourtant, il avait eu cette appréhension que le contraire aurait pu se produire. Pas de missive. Aucune nouvelle. Venir sans savoir. Cela était risqué. Et cette boule au ventre qui se montrait juste en entendant cette voix, sa voix. Belle. Suave. Sûre d'elle un tant soit peu. Juste assez pour lui faire étirer cette commissure en guise de réponse. Sa venue avait eu raison de son inquiétude, à n'en point douter.
Pourtant, cette femme, qui trouvait souvent réconfort et plénitude dans ce vert, préférait le fuir au prime abord. Il lui était impossible de trouver ce qu'il cherchait de suite. Ce point d'attache qui se déclenchait d'un simple échange émeraude, cette frénésie qui se dessinait bien souvent quand l'homme complice ne lâchait pas ce regard un instant. Il flotta un moment cette appréhension qu'elle puisse le fuir autant que cette maladie que l'on appelait la peste, celle faisait des ravages dans toutes les communautés. Il avait cette inquiétude qu'il tentait de dissimuler comme il pouvait quand ses yeux fleurtaient avec les siens lorsqu'elle les relevait. Ses phalanges qui longeaient le bord de ce contenant, cette attitude différente, cette manière de l'esquiver. Peut-être avait-elle cette appréhension. Comme lui. Peut-être se demandait elle ce qu'elle venait faire ici. Comme lui. Peut-être avait-elle cette boule au ventre qui se dessinait de le voir, de le sentir, d'enfin savoir. Comme lui. Tout cela paraissait presque viscéral. Tout cela paraissait presque obsessionnel. Comme Elle. Cette femme avait cette manière d'incarner la beauté féminine, poétique, parfaite. Elle avait ce visage angélique d'une fleur si douce, fragile et de la ressentir bien souvent forte à la fois. Elle incarnait la femme pure et dure, une main de fer dans un gant de velours. Et rien que pour cela, il l'aimait.

Cependant, l'heure n'était pas de s'extasier devant cette beauté parfaite qui dénudait ce magnifique visage, laissant des boucles châtains tombant à la nuque, mais plutôt de s'avouer vaincu par ce sentiment que l'on appelait amour et de se défaire d'un passé qui prenait trop de place afin de lui laisser cet accès ultime à ce carde barricadé. Les présents ne restaient que des présents. Une bagatelle. Ils lui ressemblaient. Beaux. Tendres. Contrastant avec la dureté des épines. Ils étaient parfaits. Comme Elle. Il esquissa ce sourire finement. De rien aurait-il pu répondre mais il ne dit rien, la fixant encore. Et enfin, ce vert si réconfortant se leva, prenant place dans cette inquisition démonstrative qui ne désirait en rien se laisser subjuguer par cette avalanche de sentiments qui ne se montraient plus. Non, elle n'était pas venue pour rien. Elle ne posera aucune question. Elle voulait simplement qu'il lui parle. Et, à cet instant précis, ce ne fût qu'un soupir mêlé d'une appréhension qui s'abattit sur cette demande. Son minois se baissa, fuyant à son tour ce vert, ne souhaitant pas lui faire part de cette angoisse qui trahirait cette volonté de se taire à tout jamais. Le verre arrêta de tourner. Le silence se fit dans cette auberge autour d'eux malgré les balbutiements des clients. Cette petite voix qui lui scandait de la fermer s'il désirait garder le peu d'âme Saharienne qui restait. Il souffla, fort, longtemps. Dacien ne savait pas si Rose se rendait compte de ce qu'elle lui demandait. Mais, parce qu'il avait quémandé sa venue, parce qu'elle était venue et parce qu'elle méritait de savoir, il releva son visage, plongea ce vert atypique dans le sien, laissant toute la misère de son monde transpirer sans aucune retenue. Le verre fût terminé d'une traite, en redemanda un autre à l'aubergiste d'un signe de main et de soupirer.


T'es consciente que tu vas certainement entendre des choses qui ne vont pas te plaire.

Ses mâchoires se serrèrent, offrant le creux de ses tempes sans lâcher le seul allier qui se montrait en face de lui, le jade floral. Son minois s'enfouit quelques secondes dans ses mains, rabattant ses dextres derrière sa nuque et de soupirer doucement.

J'aurais préféré que tu m'demandes. Ca m'aurait évité de m'demander par quoi j'commence...

Ses phalanges se mirent sur la table, se croisant entre elles quand le tavernier ramena le cognac. Un simple signe de tête en guise de merci, attendant qu'il parte rejoindre son comptoir et de tenter l'amorce. Le début. On commençait toujours par le début.

Adryan c'est..... Se reprit en se raclant la gorge. ....C'était le barman du Bordel. Il donnait un coup d'mains parfois au comptable de l'époque. J'l'ai connu quand j'ai été embauché là-bas. Il était beau, grand, svelte, le teint mat. Bêtement, Dacien sourit en repensant à ces premières semaines où il était arrivé au Lupanar. Il avait les cheveux longs, d'un noir comme le plumage des corbeaux. Il avait aussi un regard gris anthracite et froid. Il parlait peu et était plutôt cinglant. J'aimais bien. J'pensais à l'époque que c'était un gars qui avait certainement du souffrir peu de temps auparavant. Il se confiait à personne. Et au fil du temps, étant collègues, on s'voyait souvent au bar. Il avait cette façon d'observer les autres, plissant quelques peu les yeux, qui te laissait ce goût amer de ne pas savoir ce qu'il pensait. Ses phalanges se delièrent afin que ses bras se rabattent contre sa poitrine. A force de le côtoyer, chuis tombé.....amoureux d'lui. J'ai pas eu besoin de lui dire, il l'a découvert tout seul.

Dacien lui raconta ensuite quelques soirées où les deux hommes s'entrechoquaient souvent puisque cet homme détestait soi-disant la gente masculine, refoulant le désir masculin qui sommeillait en lui et de tenter de s'enivrer du corps des femmes. Dacien lui avoua qu'il avait préféré quitter un temps l'Aphrodite, essayant d'oublier l'homme qu'il aimait, se tordant dans l'idée de quitter le Bordel pour de bon alors que cela lui était impossible. Et puis, il lui raconta que, parfois, il payait des personnes pour savoir ce qu'il se passait là-bas.

Et un jour, j'ai appris que Adryan était tombé amoureux d'une femme engagée par Alphonse, l'ancien gérant et comptable. Camille elle s'appelait. Elle était belle aussi. Ce jour là, chuis rentré avec la seule idée en tête de faire comprendre à ce mec qu'il préférait les hommes aux gonzesses. J'avais tellement mal aux tripes. J'm'étais dit qu'en partant, il réaliserait que j'manque au décor tu vois. Mais non. Dacien riait légèrement, se moquant de lui-même, lui offrant toutes les paroles qu'il pouvait lui transmettre sans en laisser aucune au hasard. J'lui manquais pas. Du coup, chuis rentré. J'ai attendu quelques jours pour savoir qui était cette bonne femme. J'étais jaloux. Jaloux à en crever. Tellement jaloux que je voulais me venger. Et..... Un soupir. Une gorgée de ce cognac dont il ne se délectait plus, préférant l'enivrement de celui-ci afin qu'il puisse continuer son histoire. .....Un jour, j'ai piqué un flacon d'opium dans la besace de Camille. J'en ai versé dans un verre d'arak, quelques gouttes et j'ai attendu que cela agisse.

Il lui raconta comment il l'avait suivi jusqu'aux bains, le laissant se mettre dans l'eau et de le rejoindre ensuite. La drogue avait fait son effet suffisamment pour que Dacien puisse prendre possession de son âme propre à ce moment-là. Il n'était pas fier. Il n'en menait pas large. Les commissures esquissèrent un léger sourire de gêne, ne pouvant se défiler maintenant qu'il avait commencé. Et il continua dans sa lancée, lui révélant qu'il s'était introduit dans son bain, caressant sa proie avec ce désir si immuable que le plaisir en devenait grisant. Adryan était tellement grogui qu'il ne se rendait plus compte de ce qui était réel ou non. Il lui avoua avoir profiter de la situation pour violer cet homme, avide de cette frénésie qui se provoquait chaque fois que son regard se posait sur lui. Il lui raconta le plaisir qu'il avait pris tant c'était bon. Dacien le désirait si fortement qu'il ne s'était pas rendu compte du mal physique qu'il lui avait infligé. Il l'avait laissé là sur le carreau, inconscient, immobile.
Ses verts devinrent vitreux. Honte. Il avait honte de lui-même. Tellement honte qu'il baissa son regard, entraînant son minois au-dessus de cette table, passant le pouce et l'index sur ses paupières afin de reprendre ses esprits. Le visage se releva la seconde d'après, essayant de garder cette constance qu'il devait avoir et de lui divulguer qu'il ne savait pas ensuite ce qui s'était passé pour Adryan. L'alcool avait eu raison de sa conscience, préférant s'enivrer à tout bout de champ. Tout fût étalé sur cette table, devant Rose, à ses lèvres, dans ses yeux. Tout y passa. L'amertume, le dégoût, la colère personnelle, cette envie de disparaître, ces choix qui n'étaient que puérils et de ne pas savoir s'il devait continuer. Mais, il continua. Il continua dans ses aveux, annonçant tout ce qu'il avait fait pour séparer ce couple, allant des mensonges proférés aux oreilles de chacun jusqu'à la tentative de viol de Camille. Et là, arriva le moment fatidique de lui épiloguer ce fameux soir de Noël, celui qui revenait sans cesse le hanter alors que le cognac descendit dans sa gorge.


Nous étions tous masqués ce soir là. J'ai fini mon animation et avant de partir dans ma piaule, j'ai enlevé mon masque. J'sais toujours pas ce qu'a dit Camille à Adryan mais il est rentré dans une colère folle. Il m'a suivit dans cette coursive qui menait dans la cour arrière, m'a flanqué à terre et m'a roué de coups. J'l'ai pas empêché. J'ai fait en sorte qu'il continue. Encore et encore et encore. J'lui ai tout balancé. Que je l'avais drogué, violé. Que j'en mourrais d'envie. Que j'en pouvais plus de le voir avec Camille. Et même que je l'aimais. Tu vois, j'voulais mourir sous ses coups. J'méritais bien ça. A peine un sourire. Mais Alphonse s'est interposé. Et il a arrêté. J'me détestais. J'méritais pas de continuer à vivre. J'devais mourir. C'était comme ça. J'ai demandé à Camille qu'elle me donne ce qu'il faut ce soir là mais cette conne m'a donné aut'chose....

Ses émeraudes passèrent de l'autre côté de la fenêtre. La neige tombait à gros flocons. Dacien n'avait plus la notion du temps. Le sol était d'un blanc immaculé. Il ne lui parla pas de Lucie. Jeune femme qui l'avait peut-être aidé à se sentir mieux un temps. Mais sa disparition soudaine l'avait conforté dans cette idée que plus rien ne devait transparaître de ce carde. Il finit son verre, observa dans un silence impeccable cette Rose qui se tenait en face de lui et d'émietter un sourire. Il l'informa qu'ensuite, il y eut des déboires. Adryan rattrapé par son passé, Camille qui disparut alors qu'elle était enceinte. Après toute cette histoire, Dacien avait changé, préférant rester en retrait dans cette atmosphère qui devenait engluante d'espoirs qui n'arrivaient plus et de tenter l'ombre du Lupanar. Beaucoup de choses s'étaient déroulées. Trop pour se rappeler de tout. Mais certaines, il n'a pas oublié. Il essaya tant bien que mal de lui narrer toutes ces folies qui s'étaient passées dans leurs entourages. Les vieux démons. Les nouveaux. Ceux qui faisaient peur. Ceux qui faisaient rire.

Et comme tu l'as découvert, Axelle a demandé que je sois directeur du Bordel quand Étienne avait disparu. Adryan était parti depuis bien longtemps. Et moi, je voulais l'oublier. Et un jour, alors qu'on s'apprêtait à accueillir la clientèle, il était là, tapis dans l'ombre, observant ce qui se passait. Chuis allé l'voir. J'lui ai dit qu'c'était pas la peine qu'il revienne. Et le comble fut qu'il m'avoua revenir pour moi.

Un soupir accompagné de ce petit rire saccadé.

On a fait l'amour comme des bêtes. Toute la nuit. Jusqu'au petit matin. Et c'est là qu'il tenta de me convaincre que j'devais cesser de draguer tout c'qui bouge sous ses yeux. Moi! Amer fut-il. J'ai pas aimé. Cette fois là, j'ai eu peur d'entrevoir ce que je pourrais devenir. J'ai préféré partir. Me barrer loin. J'l'ai.....abandonné. seul. Tout seul. Aussi lâche que je suis. J'ai jamais cherché à renouer contact de quelque façon que ce soit à part....Quand chuis rev'nu ici.....Et.....

Dacien la regarda. Belle à souhait, se laissant enivrer par cette fragrance florale qui se dégageait d'elle. Il la regarda intensément, porté par ce regard qu'il aimait voir sans vraiment le sonder, sans chercher quoi que ce soit et de lui avouer, sans équivoque.

.....Y a eu Toi....
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Merci Châton et Chérichou!
.elle

Don't cry to me
If you loved me
You would be here with me.
You want me
Come find me
Make up your mind.

(Call me when your sober. Evanescence)



    Un soupir et un regard baissé pour toute réponse à sa requête, l'espace d'un instant l'émeraude se voila, simple clignement de paupière qui lui parut pourtant stopper le temps un moment bien plus long, non pas même là il ne semblait prêt au final, et non elle n'avait pas envie de se faire inquisitrice et d'aller gratter pour qu'enfin il se livre, qu'enfin il s'ouvre à ce qui se devait d'être pourtant.
    Ne pas vouloir livrer ce qui était caché, elle pouvait le comprendre on ne peut mieux, aisément même, n'ayant que peu livré d'elle à Dacien en retour, mais à avouer aussi qu'il n'avait jamais été insistant, acceptant son silence tout comme elle avait accepté le sien.
    La violence de ce qu'elle avait appris n'était au final pas le pire, le passé était au passé, même douloureux, non, ce qui l'avait blessé c'était Lui, c'était son absence, c'était Etienne alors qu'elle le sentait s'éloigner, l'éviter et puis cette absence qu'il lui infligeait encore aujourd'hui.

    Alors quand la prime phrase retentit à son oreille, l'ébauche d'un sourire, peut-être même un léger rire retenue au dernier moment, tout comme les mots qui auraient pu si aisément glisser sur le velours labial "Je commence à avoir l'habitude" mais non... il n'en fût rien, parce qu'elle voulait savoir, qu'il parle pour ce qu'il dirait, ou plutôt "quoi qu'il dise", une simple inclinaison de la tête se faisant réponse à l'interrogation qui n'en était pas vraiment une.

    Parles bon sang Parles....

    Et prière muette se voit exaucée, jade et émeraude de nouveau captifs l'un de l'autre alors que le récit s'écoule, découvrant plus "personnellement" qui était cet Adryan source de tout, cet homme pour qui il était revenu, qu'il avait manifestement aimé, apprenant un peu mieux à le connaitre.
    Un passage dans le récit lui fit tout de même relever le menton et prendre une inspiration, quand il évoqua son départ de l'Aphrodite, ainsi donc ce n'était pas la première fois, la suite en revanche, payer pour savoir, l'avait-il fait là aussi ? Pourquoi payer, personnel autant que l'italienne lui aurait fait compte rendu contre un sourire de Dacien... mais combien le savait violeur à ses heures perdues ?

    Au demeurant rien sur Adryan ne sembla vraiment la perturber, c'était là le récit d'un amour perdu, d'une déchéance dans les actes, un approfondissement de ce qu'il lui avait déjà confié et pour qui oui, la rose avait d'instinct imaginé une femme et non pas... un homme, ignorant tout de cette tendance chez lui.
    Et d'autres noms, d'autres détails, de cette jalousie qu'elle lui connait, qu'elle redoute sans l'éviter, de ce qu'il sait devoir contrôler, de ce viol sur lequel il s'était déjà confié, même si cette fois la chose n'est pas à deviner mais clairement établie.
    Et la tasse est soulevée, portée aux pétales labiaux, endormant les papilles d'une gorgée chaude épicée, retenant ce geste qui demandait à naître dans sa direction en voyant son mal-être sincère, sa honte pour un passé révolu, un acte inconsidéré dont la conscience le hantait depuis.

    Elle voulait qu'il lui parle, elle savait entendre probablement des évènements déplaisants à son oreille et à ses sens, l'aveu d'une envie de mourir, et d'avoir même tenté d'aller en ce sens lui faisant crisper les doigts sur l'argile travaillée en godet, nuque tressaillant d'une tension nerveuse subite rien qu'à l'idée quand les iris herbacés se posèrent sur lui, inquisitrice de ce qu'il lui offrait à voir dans l'amaigrissement de ses traits, pas dupe.
    Une longue inspiration prise alors qu'il poursuivit, retour de l'être aimé, ébats voluptueux, amour fou et... abandon... le regard se fermant à l'évocation de ce trait de caractère récurrent, posant sans doute plus brusquement qu'escompté la poterie sur la table, léger claquement se faisant entendre alors que les digitales relâchaient le vin chaud, à peine bu de moitié.

    S'il n'eut été de ce jade ayant attrapé l'émeraude, et de l'intensité du regard porté par le galant, sans doute le visage de la florale aurait-il été détourné, l'écorchure de ce qu'elle vivait depuis plus de deux mois n'étant pas sans douleur, mais voilà, la connexion des verts avait été là, impossible à défaire et les mots prononcés n'en eurent que plus d'impact.
    Carde ratant un voire deux ou trois battements, quand le ventre vide se tordit de cette sensation si singulière qu'elle se pouvait être aussi douce que douloureuse, perles de chlorophylle s'arrimant à leur vis-à-vis, sans un mot, sans savoir réellement ce qu'elle aurait dû répondre à cet instant.
    Alors la main avait machinalement usé d'une boucle châtine pour la replacer derrière son oreille, geste inutile dont l'ondulation glissa aussitôt la dextre retirée pendant que la florale remettait en place le fil de ses pensées perturbées, entrouvrant les lèvres dans un élan de phrase avant de se raviser.

    Le regard avait failli, un court instant, décrochant de la fusion oculaire pour le baisser, l'espace d'une seconde, troublée, par les aveux, par le ressenti, par ses mots, par ce qu'il avait tût tout autant, et avant tout par... Lui...
    Lui qui se livrait, Lui qui lui offrait son passé en partage, l'eut-il fait sans ce jour maudit d'octobre ? Probablement pas.
    Sans Etienne, le calvaire de la rose eut-été tout autre ces derniers mois... d'ailleurs... le ton était toujours si posé que précédemment, mais une certaine douceur s'y était cependant insinuée, sans que cela ne soit foncièrement volontaire, délicate et perceptible à celui qui devait sans doute être en quête de retrouver cette connexion qui les animaient, et ça dès le premier jour, n'ayant eu de cesse de se développer jusqu'à... cette entrevue, ces révélations et... le départ.
      Moi oui... Moi que tu as fui Dacien...

    Buste se redressant, et nuque s'étirant, la florale se pencha légèrement vers la table y appuyant ses poignets, en fouillant son regard, à l'affût de la moindre réaction de ce qu'elle allait dire.
      Moi... à qui tu préfères autrui pour épancher ton mal-être... rejetant ma présence à tes cotés...
      Etienne la première fois... si j'ai bien compris...
      Alaynna la seconde... je vous ai vu ce jour là...
      Je savais... et pas un mot... ni elle... ni toi....
      Chaque fois que je la croisais je me demandais... sait-elle où il est ? comment il va ?
      Et j'avais fini par me dire que non, qu'elle ne savait pas, qu'elle m'en aurait parlé, ne serait-ce qu'un mot...
      Mais non... Tu m'as laissé, avec mes interrogations...
      Avec cet Adryan dont le simple nom a suffit à t'anéantir sous mes yeux...
      Avec Etienne, ton amant, quand j'ignorais ton appétit pour les hommes...
      Avec cette promesse que tu m'avais faite... "Plus jamais ça"...

    Tout était sorti, peut-être trop, ou pas assez alors que le barrage glacé de son regard avait cédé et que toute l'affection qu'elle pouvait avoir pour lui, toute l'inquiétude qu'elle avait pu ressentir, autant que son désarroi passait désormais au coeur de ses émeraudes.
      As-tu la moindre idée de ce que j'ai imaginé à n'avoir aucun signe de vie de toi ?
      As-tu ne serais-ce que pensé à ce que je....

    Et la phrase avorte, dans l'inspiration prise, rien qu'à la pensée qui passe entre ses tempes, regard se baissant pour ne pas trahir la peur de le perdre qui l'avait tiraillé à l'en faire perdre sommeil et appétit jusqu'au retour de Montparnasse, qui loin du connard que tous connaissaient, avait pris soin de son amie, veillant son sommeil et la forçant à manger jusqu'à ce que les choses s'apaisent un peu, et que la rose se rende compte que cela n'y changerait rien, de toute façon.
    Pour dissimuler tout autant la colère sourde qui tambourine violemment contre ses tempes, phalanges de l'épineuse se crispant à s'en resserrer au creux de sa paume à repenser à tout ceci, à ce manque de considération à son égard, à cette promesse trahie, ambivalence d'un sentiment de vouloir le retrouver et de cette rage de lui en vouloir de ce qu'il lui avait fait subir.
    Mais se faisant, nul doute que l'effet serait bien différent de celui espérer, et que ce qu'elle voulait dissimuler transpirerait dans la gestuelle, contrôle perdu sur l'expression de ce sentiment rongeant le coeur déjà amoché à plus d'un titre par le passé, et que les derniers mois avaient encore durement éprouvé.
    Se rendait-il seulement compte de ce qu'elle tenait vraiment à lui ? La réponse semblait évidente, mais la fuite en l'abandonnant en donnait pourtant une autre.
    Dacien... entend moi... lis en moi...

    Ne viens pas pleurer devant moi
    Si tu m'aimais
    Tu serais ici avec moi
    Tu me veux
    Viens me trouver
    Décide-toi
    Appelles quand tu es sobre. Evanescence

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Merci JDMonty
Dacienhissy
Elle entendait tout. Elle écoutait tout. Elle reflétait tout. Tout ce qu'il ne désirait pas voir. Cette colère. Cet engouement. L'effroi. La délicatesse. La mélancolie parfois. Il la regardait avec cette intensité sincère de se dévoiler de but en blanc, de laisser de côté ces silences qui n'avaient plus lieu d'être et de s'avouer enfin que cette femme devenait bien plus la complice gérante qu'elle n'était. Il la regarda prendre toutes les paroles qu'il déclarait, la laissant voir le précipice dans lequel il se trouvait, lui faire entendre qu'elle était certainement ce bord de gouffre auquel il tentait de se raccrocher. Il la regarda, attendant si la sentence allait tomber, savoir s'il s'était trompé à ce point sur ce vert qui la trahissait quelquefois et d'ouir si la réciprocité était la même. Et le verre claqua. Ses yeux rivèrent sur ses phalanges qui se recroquevillaient dans ses paumes, se serrant seules quand son buste se rapprocha légèrement vers lui. Dacien ne bougea pas d'un iota, cherchant ce qu'il n'y avait pas à chercher peut-être et de se laisser embraser par ce flot de sentiments qui transpiraient de ses jades.

Il lui laissa son temps de paroles. Il ne franchit aucun barrage vocal afin de l'écouter à son tour, prendre cette déception, cette colère qui s'égrainaient de tout leur poids et de les contenir là, dans ses tripes qui ne cessaient de se nouer. Tout y passait. Alaynna. Son goût accentué pour les hommes. Sa soi-disant fuite. Son manque de nouvelles. Même Étienne. Les mâchoires se serrèrent encore, prenant le temps de creuser ses tempes. Le ventre ne s'arrêtaient plus de tournoyer, lui donnant un mal de chien. L'alcool ne passait plus dans cette gorge serrée. Il prenait tout. Sa détresse. Son mal-être. Son malheur. Sa souffrance. Tout ce qui pouvait se dégager de cette femme qui lui foutait tout en pleine gueule. Il prenait même les dernières paroles prononcées. Tellement qu'il avait peur de comprendre ce que Rose tentait éventuellement de lui dire. Tellement peur d'entendre l'inquiétude qu'elle avait du ressentir que le temps se figea pour les ressasser dans son cerveau. Tellement peur de découvrir que cette femme avait des sentiments pour lui.


Oui. J'en ai idée.

Son visage se rapprocha du sien. Ses verts ne lâchèrent pas un instant les siens. Et comment il savait, il connaissait par cœur ce sentiment d'abandon, laisser pour compte. Et d'une voix calme, posée, suave, gorgée de toute cette mélancolie qu'il ressentait.

T'as pensé que j'te laissais toute seule, là-bas. Que je n'voulais plus te voir. Que, finalement, j't'aimais pas. Que tu n'comptais pas pour moi. Ou pire. Que j'étais mort.

Ouvert fut-il à cette entrevue, cette discussion, cet échange avec Rose afin de ne plus taire ce qui l'était jusqu'ici.

Mais chuis déjà mort Rose....On n'meurt pas deux fois.

État d'âme, de souffrance posé, donné en pâture à cette femme qui ne semblait pas ressentir qu'une amitié complice mais certainement bien plus quand la dernière phrase se coupa, nette. Dacien l'observa un instant, prenant le temps de passer ces quelques phalanges sur ce front châtain pour ôter les mèches qu'il n'y avait pas mais il avait tellement envie de la toucher à cet instant précis. Elle était belle comme cette Rose éternelle qu'il lui avait offert.

Pensé à c'que tu pouvais ressentir? Oui. Tous les jours. Chaque instant. Je n'ai pas cessé.

Un soupir lent. Il aurait aimé lui prendre les mains, les entourer des siennes, lui sourire, la rassurer, la prendre dans ses bras, l'embrasser pour sentir encore le goût de ses lèvres mais rien. Non, il ne fera rien. Il restera là, en face d'elle, l'admirant de tout son tenant, prenant le temps de ressentir tout ce qui pouvait passer au travers de son regard et de soupirer encore une fois.

C'est moi qui ai dit à Alaynna de fermer sa gueule. J't'ai pas abandonné. Et je n't'abandonn'rai pas. T'avais pas à subir ces mois de calvaire que j'ai fait vivre à Alaynna. J'pense pas que t'aurais aimé me voir inerte dans les bains. J'pense pas que t'aurais apprécié de me r'trouver agonisant au sol. J'pense pas que t'aurais supporté que j'te balance tout c'que j'avais sous la main à la figure ni tout c'qui a pu me passer par la tête. Les yeux tristes, fixant ses jades. Regardes toi....T'es déjà malheureuse....

Alaynna avait joué son rôle à la perfection. Medecin hors pair, amie efficace. Mais Dacien ne put s'empêcher de saisir l'une de ses dextres, l'enveloppant dans la sienne, aussi chaleureux et aimant fut-il.

J'ai rien dit à personne. Alaynna n'est au courant de rien. Elle connaît pas toute cette histoire. Elle sait simplement que chuis malheureux avec des tendances suicidaires.

Il posait tout. Tout au risque de la perdre. Au risque qu'elle ait peur de tout, qu'elle l'abandonne Elle, Rose, peu importe, mais que cette femme l'abandonne pour de bon. Il avait peur de la voir s'enfuir l'instant suivant, qu'elle ne veuille plus le voir, le revoir, qu'elle ne souhaite plus sa présence, qu'elle ne souhaite plus lui parler, qu'il ne puisse plus la toucher, comme là, juste en détenant sa main au creux de la sienne.

Rose....J'ai un problème. Mon cerveau me joue des tours. Souvent. Trop souvent. Alaynna tente de me soigner mais c'est pas encore ça.

Dis quelque chose.

Ouais, j'ai souhaité revoir Adryan pour faire cesser tout ça.

Et lui dire que je ne l'aimais plus comme avant. Et lui avouer qu'il avait raison. Et lui divulguer que je t'aimes toi. Il aurait du lui dire aussi tout ça. Ce vert si assoiffé du sien laissa transparaître bien de trop tous ces sentiments qui se bousculaient à ces portes, cherchant un point de sortie, espérant la faille afin de lui transmettre.
S'il lui avait dit tout cela avant, aurait ce pu être éviter? Dacien ne savait pas, ne savait plus. Il était perdu dans cette monstruosité qu'il devenait au fil du temps, sentant une Rose perplexe face à lui, pressentant une arythmie déclenchée par cette simple convocation dans le bureau du Ligny. Il fallait bien y venir, y parvenir à cette journée là. Il fallait bien trouver un semblant d'explication à cette fuite là. Ne pas lui avouer que sa place était en danger à cause de lui, ses faits, ses gestes, ses non-dits, ses paroles, tout ce qu'il faisait à l'encontre de Étienne n'était que balle répercutée sur cette Florale qui ne méritait pas ses invectives. Et pourtant, un jour certainement, devrait-il lui annoncer qu'il avait quitté le Bordel afin qu'elle reste Gérante,
Galante. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui serait brandit une autre excuse, un autre mensonge.


T'as assez souffert dans ce bureau. T'avais pas besoin de plus.

Finalement, elle avait souffert bien plus que ce qu'il en avait pensé pendant toute son absence. Tout était là devant lui, en la regardant, la scrutant, la sentant fragile, fébrile, colérique, sentimentale, aimante. Il avait mal à ce carde de la voir ainsi. Il avait mal aux tripes de la sentir ainsi. Mais, il continua, encore.

J'aime ça oui. Les hommes. Les baiser. Parce que y a que ça, le sexe. Pas de fioritures. Pas de chichis. Pas de sentiments. Le sexe pour le sexe.

Une inspiration prise. Sa dextre relâchant la sienne. Et d'enchaîner d'un coup.

J'connais Étienne depuis des années. Et vice-versa. Il a connu Adryan. Il était là au moment de la rixe. Il a rien fait. Rien. Et si on baise ensemble, c'est parce qu'il aime ça. Il a besoin de ça tout autant que moi.

Voilà tout ce qu'elle entendrait sur le Ligny. Il n'y avait rien à dire de plus. Il attendait ce qui allait ressortir de tout cela. Il attendait ce qu'elle allait dire. Il attendait de revoir encore cette lueur d'espoir qu'il avait aperçu dans ce vert si intense qu'il n'aspirait plus à voir autre chose. Dacien resta là, phalanges croisées sur ce bois, tentant de se remettre toutes les idées en place, les cases en ordre, réformant ce puzzle dont les pièces manquantes avaient été données par cette Rose. Il l'aimait. Mon Dieu qu'il l'aimait. Et si tout cela avait été fait, ce n'était que parce qu'il l'aimait. La voir, aujourd'hui, lui faisait un bien fou. L'avoir que pour lui le ramenait à la raison qu'il n'était pas ce complice gérant seulement mais, quelqu'un a qui elle tenait bien plus que de raison. Elle était venue pour lui. Et pour Elle, il s'était mis à nu.
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Merci Châton et Chérichou!
.elle

Ever wonder about what he's doing?
How it all turned to lies
Sometimes I think that it's better to never ask why

Where there is desire
There is gonna be a flame
Where there is a flame
Someone's bound to get burned
But just because it burns
Doesn't mean you're gonna die
You've gotta get up and try try try
Gotta get up and try try try
You gotta get up and try try try

(Try. Pink)



    Comment de quelques mots pouvaient-ils balayer tout ce qui faisait d'elle une femme avant d'être une catin, et dans le même temps raviver tout ce qui faisait d'elle une humaine avant d'être une femme ? Cet être complexe d'une Rose subtile cachée en deça d'une Elle pleine d'assurance, qui renfermait sous ses pétales comme un précieux trésor celle qui ne voyait jamais le jour en présence d'autrui, ou si peu...
    Comment pouvait-il... Peut-être l'effet de cette sensation eut-elle pu durer sans certains mots, sans ce sentiment bien trop connu et redouté, cette prison offerte sans y paraître, ce besoin de penser à sa place, de décider pour elle, de savoir mieux qu'elle ce qu'elle aurait aimé ou non.
    La mélancolie qu'il pouvait déverser était palpable, oui, mais en quoi changeait-elle le sens des mots prononcés ? En rien, et pour un mort, si lui ne mourrait pas deux fois il s'employait avec une aisance déconcertante à l'entrainer vers des abysses sans fin.

    Mais aucun mot ne filtrerait, le laissant parler, rongeant son frein quand une main passée pour dégager son visage lui fit clore un instant les yeux, parce qu'autant les sentiments se propageaient en elle, intenses de colère, de rage, autant ce simple geste trahissant bien plus qu'il n'y paraissait, lui était précieux. Douceur de l'aimant, non pas de l'amant puisqu'il n'avait jamais été le sien, contre tout parieur de l'Aphrodite faisant la ruine de Bertrand.

    Et puis le flot de paroles se déversent, de l'interdiction d'une italienne a lui dire qu'il était au plus mal, ou même, juste en vie, au jugement sur ce qu'elle pouvait vouloir ou ressentir, rage commençant ourdir ses tempes quand il acheva le laïus par lui dire qu'elle était malheureuse.
    De quel droit !!! La faute à qui !!!
    Voilà ce qui resta étranglé dans sa gorge, stoppé à quelques secondes de l'élan quand la main mâle vint se poser sur la sienne, émeraudes ne vacillant pas d'un iota ou si peu, quand le poing serré s'anima d'un frémissement sous les pulpes, léger, tout juste perceptible, mais bien là.
    Alors l'entrevue c'était poursuivie dans un mutisme total de la florale, non par déconnexion, ou désintérêt, loin de là, mais parce que certaines information se devaient aussi d'être intégrées, en partie digérées, tout et autant qu'elles puissent l'être pour certaines.
    Regard félin coulé dans celui de Dacien, l'intransigeance autant que la tendresse se mélait dans les iris herbacés, l'épineuse autant que la rose, dureté et douceur, tout le paradoxe de cette écorchée vive qui gardait en permanence les apparences sauves, toujours, à une exception près, cet après-midi là quand il avait été question de se voir présenter Etienne, ce moment de faiblesse où galante avait failli et où son corps en avait été meurtri, ce jour où tant de choses avaient changées...

    Alaynna, Adryan, Etienne, tous y passèrent, tous ces autres à qui il avait ouvert sa souffrance, ou en étant la cause, ces autres à connaître cette faiblesse, ce mal qui le rongeait, ces autres à qui il avait offert le droit d'être présent quand Elle avait été évincée.

    Et comme des milles de petites lames perfides et invisibles, sa peau avait été lacérée par chaque vérité, par chaque aveu, plus par certains que d'autres, et la main qui s'effaça avant le dernier aveu ne fût que l'élan qui manqua à la verve de la Rose, qui pourtant n'en dirait que peu, sans doute tarie de sentir le fluide imagé de son assurance s'exfiltrer lentement par ces entailles fictives, et pourtant affreusement douloureuses, et contre toute attente, et dans un parfait contrôle d'elle-même, la main se leva pour interpeller l'aubergiste, le laissant s'approcher avant de sortir une bourse conséquente d'une des poches de sa pélerine.
      Auriez-vous une pièce, un endroit où nous pourrions nous isoler je vous prie.
        Pour sûr Dame, y'a bien des piau... chambres là-haut, mais c's'ra pas, fin... voyez
      Peu importe, ce sera fort bien.

    Lentement l'attention se reposa sur celui qui l'avait fait venir et la sylphide déploya sa silhouette, elle sentait un afflux d'émotions la submerger et quelquesoit celle qui prendrait le dessus, celle qui déciderait de la suite de l'entrevue, "Elle" dans tout ce qu'elle représentait de directif, s'adressa à Dacien en plongeant un regard qui n'était ni froid, ni tendre, juste empreint d'une détermination à poursuivre sans public.
      Pas ici...
      J'ai accepté ton rendez-vous pour que nous parlions hors de l'Aphrodite, à ton tour d'accéder à ma requête

    Un léger instant de balbutiement et les verts eurent la satisfaction de le voir se lever pour lui emboiter le pas, elle-même suivant l'aubergiste de près, montant les escaliers dont elle se garderait bien de toucher la main courante, soutenant à deux le lourd brocard de sa jupe pour gravir le bois des marches, croupe grossière dandinant sous son regard, avec une certaine pointe d'écoeurement, une longue inspiration se faisant, alors que la coursive rejointe, l'aubergiste les guida vers le fin fond d'un couloir, pour ouvrir porte en argumentant qu'il s'agissait de sa plus belle chambre, un sourire aimable se voyant adressé en même temps que la bourse se voyait déposée dans la main.
      Côcher et chevaux auront sûrement faim, merci d'y pourvoir.

    Pas plus pas moins, et eux ? Rien n'était moins certain.Et à cet instant où la rose pénétra dans la pièce, l'étonnement fût palpable, l'endroit moins miteux que ce qu'elle aurait pu penser, pour ne pas dire que c'était même convenable et cosy en fait, bien loin du luxe de l'Aphrodite, mais d'une facture honorable que l'auberge n'aurait pas laissé présager.
    Alors lentement, laissant son hôte refermer derrière eux, les fermoirs de sa pélerine furent défaits, et l'étoffe sanguine glissa pour laisser place à la vision d'une tenue, sobre, sombre, mêlant le noir et le rouge comme souvent, il est des habitudes qui ne changeaient pas.
    Avec un calme déconcertant, quand il était à penser à tout ce qui venait de lui être dit, en si peu de temps, l'étoffe pliée avec soin fût déposer à cheval du siège de ce qui devait être le bureau si l'on en croyait les quelques bouts de parchemins et l'encre à disposition.

    Tout se bousculait, le désir de le revoir, l'envie de l'étreindre, de vérifier qu'il allait bien et dans le même temps cette colère, cet abandon, tout ce qu'il venait de lui avouez, sans omettre que le sexe était à son sens un besoin, qu'il en avait besoin, lui, alors qu'il l'avait repoussé, maintes fois, pourquoi alors ?
    Tout ça et bien plus encore lui firent mener ses pas vers lui, s'approchant à stopper son regard sur lui, à le scruter, un léger détail la faisant tiquer, cette cicatrice, ça lui disait quelque chose, mais quoi... la correspondance l'évoquant avait cessé depuis plusieurs mois et la rose avait occulté, peut-être cela lui reviendra mais pour l'heure...

    Pour l'heure la florale vint se planter devant lui, remontant dextre sur son visage pour en dessiner les traits amaigris, du bout des doigts, jade sondant l'émeraude, attractivité se faisant encore une fois, connexion qui poussa la galante à venir apposer lippes aux siennes, légèreté d'un effleurement, ventre se tordant pour former cette même boule qui l'avait étreinte, quand il était parti ce jour-là du bureau, quand elle l'avait vu sortir de l'Aphrodite avec une autre, quand son silence c'était fait jour, semaine, mois et que...

    Brusquement la douleur de se voir arracher ce contact, de cet autre qui se trouvait juste là sous ses lèvres, de celui à qui elle s'ouvrait, se fit fulgurante, d'un retour en pleine poire à retrouver le goût de la bouche qui lui avait tant manqué, et...
    Et dans le même mouvement d'une florale se détachant de l'être espéré, la main de l'épineuse s'était relevée, prenant l'élan d'une gifle dans laquelle toute sa détresse , sa peur et la colère s'abattrait en soufflet sur le glabre de la joue si aucune esquive ne se voyait faite, alors que les mots exhortèrent aussi.
    Dans une perte de contrôle totale, Humaine, Femme et galante s'entremêlant sans distinction.
      Quand ai-je perdu le droit d'avoir le choix d'être à tes côtés ???

    Et le regard vacille, fouillant d'aller-retour rapide, d'un balayage perdu, les iris lui faisant face, palpitant s'accélérant à lui en faire voir quelques étoiles devant les yeux, gérante secouant la tête un instant pour se ressaisir, émotions, manque de sommeil et ventre vide n'étaient assurément pas le combo gagnant pour une explication de ce genre.


    T'arrive-t'il de te demander ce qu'il fait?
    De te demander comment tout a pu se transformer en mensonges
    Parfois, je me dis qu'il vaut mieux ne pas poser trop de questions

    Là où il y a du désir
    Il y aura flamme
    Et là où il y a une flamme
    Quelqu'un est sûr de se brûler
    Mais seulement parce que ça brûle
    Ça ne veut pas dire que tu vas mourrir
    Il faut que tu te relèves et que tu essayes
    Faut que tu te relèves et que tu essayes
    Tu dois te relever et essayer
    Essayer. Pink

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Merci JDMonty
Dacienhissy
A nos étendards
A nous, à nos tristes
A la force d’aimer toujours
A nos amours.

De Damien Saez "à nos amours".

Dis quelque chose.
Dis quelque chose.
Dis quelque chose.

Le silence était implacable. Le silence était impeccable. Dans une parfaite harmonie de son discours, de ses déclarations, ses aveux. Il la regardait là, silencieuse, émanant cette effluve d’un contact qui tergiversait avec ce vert, défaisant les quelques algorithmes d’une fusion émeraude et d’entonner cette rage, cette colère qui s’envolait jusqu’à lui. Il s’y attendait. Comment ne pas voir ce qui devenait perceptible juste là, devant soi. Tellement de sentiments qui dégringolaient dans ce sillage que Rose mettait en place devant lui. Dacien ne savait quoi penser. Pourtant, il fallait bien s’y attendre. Elle risquait de partir. De le fuir. Lui et tout ce qui allait avec. Ce n’était pas ce qu’il voulait. Non, ce n’était pas ce qu’il voulait. Et quand cette dextre se leva afin d’appeler le tenancier, son carde s’arrêta de battre un instant, quelques battements en moins.

Elle désirait donc partir. Partir certainement loin. De lui. Ne plus le voir. Ne plus le sentir. Ne plus le toucher. Ne plus l’apprivoiser. Le carde prit un coup de lame, en plein milieu, transperçant l’organe de part en part, prenant le temps de sentir cette douleur ignoble, se voyant presque mourir pour la dernière fois. Il s’en doutait. Il l’avait senti. Il avait dit, avoué ses doutes à Alaynna avant de partir. Pourtant, Dacien s’était juré d’aller jusqu’au bout de ce qu’il avait décidé, tout lui raconter. Le propriétaire à sa hauteur. La bourse sortie. Les quelques paroles de cette voix suave qu’il risquait de ne plus entendre à jamais et d’entendre sa demande, sa requête, sa décision de….Finalement rester, le retrouver dans un calme certain, dans une pièce à part. Surpris. Oui, il fut surpris, ne comprenant qu’à demi-mots cette approche soudaine de l’emmener ailleurs. Pas ici avait-elle dit. Pas devant tout le monde. Pas en public. Un simple signe de tête, accompagnant ce corps qui se levait et de suivre la femme qui avait pris le temps de venir pour lui. Les marches furent grimpées dans un silence implacable. Le couloir fut emprunté dans ce même silence impeccable. La porte fut ouverte sur une pièce agréable, chaleureuse. Ni trop. Ni trop peu. Et il entra, précédé d’une Rose qui gardait ce mutisme que Dacien détestait.

Dis quelque chose.
Dis quelque chose.
Dis quelque chose.

Le battant de bois refermé. Les dextres dans ces fentes de ses braies longues. Il resta droit, debout, au milieu de la pièce, la regardant dans cette évolution qui ne tarissait que peu d’éléments. La cape fut enlevée laissant découvrir ces couleurs qui lui allaient si bien. Le rouge mêlé de noir. Il aurait pu lui dire qu’elle était belle, que cette robe lui allait si bien. Mais il tut. Il tut tous les mots qui lui passèrent dans cette cervelle, la laissant plier convenablement ce tissu déposé au dossier de ce fauteuil trônant à cette table d’écriture. Il la regarda s’approcher, ces jades emplis de sentiments qu’il redoutait depuis des mois, les prenant dans cette violence douce, les quérir comme il se devait, tant et si bien que l’homme qui se tenait en face de Rose ne savait plus ce qu’il fallait faire. Il resta là, sans bouger, attendant la suite des évènements alors qu’elle s’avançait devant lui. Ces quelques pas la déposèrent auprès des siens, de son corps, à ressentir cette empreinte florale qu’il inspirait fortement.
Tout venait se chambouler. Tout venait se détruire pour se reconstruire dans ce silence qui devenait léger comme une plume, épanouissant cette bulle quelques secondes. Sa dextre se sentit là, sur sa peau, à ses traits, fermant les paupières une seconde afin de se laisser porter par cette légèreté que Rose savait poser parfois pour le rendre vivant. Non pas ça, arrêtes. Si, continues, encore. Il ne savait plus. Et quand ses lèvres vinrent effleurer les siennes, sentant son goût sucré, aussi subtil soit-il, Dacien se laissa porter par ce coup se délogeant de son carde, frappant aussi fort qu’il pouvait, prenant cette peur panique pour laisser découler en son sang tout cet amour qu’il lui portait. Oh Rose qu’est-ce que tu as fait. Les dextres toujours dans ses poches. Il n’osa pas une seconde attraper sa taille, l’entourer de ses bras, la tenir contre lui, la lovant comme il aurait aimé le faire. Il la laissa se reculer. Il la laissa le regarder, tenant cet infime espoir de la sentir aussi proche qu’avant, sans rien dire. Et de prendre sur la joue cette main qui s’apposa avec cette virulence colérique, cette rage pressenti quelques instants plus tôt. Une gifle. Dacien venait de se prendre une gifle. Son visage fut détourné sur le côté. Il ne bougeait toujours pas. La sentence était certainement irrémédiable, honnête et méritée. Et la question fut posée. Aussi véridique soit-elle. Aussi parlante soit-elle. Aussi hurlante soit-elle. Son regard se déposa dans le sien, essayant de rattraper ses allers-retours qui ne cessaient et de soupirer lentement, fortement.

Quand l’avait-elle perdu. Cette question fut tellement légitime. Tout venait de prendre sens. Tout venait d’imploser dans ses tripes. Dacien ne lui avait pas laissé ce choix. Il l’avait pris pour elle. Et, ce choix, aussi dérisoire soit-il, s’acharna de continuer encore et encore. Du premier jour où il était revenu dans ce Bordel à celui-ci. Tous ses choix avaient été évincés en connaissance de cause, en conséquence de cause. Comme toujours, il choisissait pour lui mais, encore plus pour Elle. Et ce choix là, aussi cruel qu’il soit, devenait son pire poison.


Tu l’as perdu quand tes yeux ont décidé de me regarder avec ces sentiments qui n’arrêtent pas de me manquer.

Voilà. La réponse venait de sortir. L’amour ne pouvait pas s’éviter plus longtemps. Les sentiments ne pouvaient plus rester silencieux, capricieux. La peur ne pouvait pas s’éviter plus longtemps. Ses mâchoires se serrèrent. Ses lèvres n’arrêtèrent pas de tanguer de haut en bas, de gauche à droite, cherchant les prochains mots à lui dire, lui sortir.

Mais tu comprends pas ? Je suis ton pire poison.

Dacien la regarda. Il prit un instant pour l’observer. Belle . Sensuelle. Adorable même dans sa colère. Tellement Elle. Tellement Rose. Tellement parfaite.

Tu veux quoi Rose…..Tu veux être malheureuse tout’ta vie ? Tu veux souffrir de me voir me torturer à longueur de journée ? Tu veux êt’là demain et me rattraper in extrêmis encore une fois ? Tu veux avoir le choix ? Alors prends-le. Fais-le. Mais réfléchis bien.

Dis quelque chose.
Dis quelque chose.
Dis-le.

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Merci Châton et Chérichou!
.elle

But I’m only human
And I bleed when I fall down
I’m only human
And I crash and I break down
Your words in my head, knives in my heart
You build me up and then I fall apart
I’m only human, yeah

(Human. Christina Perri)



    Le cinglement fut aussi intense que le phrasé qui avait suivi, les digitales flagellant la peau lui ayant déjà fait monté ce sang pour rougir la zone d'impact, et le visage avait flanché alors que la voix de la rose infligeait à son tour la question, le besoin de savoir, la colère au milieu du brouillard.
    Les dernières semaines avaient été bien plus éprouvantes que ce qu'il ne supposerait sans doute pas, son absence, le bal, l'esclandre, Etienne, son besoin de.... une longue inspiration fut prise pour se reprendre, pour ne pas chavirer, ne pas vaciller.

    Et il resta là, sans un mouvement, statue de sel au milieu de ce désert où il aimait à se complaire, au final avait-il jamais essayé d'en sortir, à le voir ainsi sans bouger, sans réaction, sans....
    Les paupières se fermèrent dans un soupir, pourquoi était-elle venue ? Qu'avait-elle crue ? Qu'elle comptait plus qu'une autre à ses yeux et que cette complicité, n'était pas que duperie ?
    Plus le comportement de Dacien lui arrivait en pleine face et plus les tempes tambourinaient, plus elle le sentait, cet état qu'elle ne voulait plus vivre, ce moment où les sentiments, le ressenti prennent le pas sur la volonté et où le contrôle n'est plus entier.

    Puis lèvres s'animent, homme parle, il osait l'accabler pour avoir été avec lui cette humaine cadenassée au fond de son être, pour avoir laissé les pétales s'ouvrir à son passage, pour avoir été celle dont le nom n'était connu de personne, faiblesse elle fût, faiblesse perdurait, faiblesse une fois encore blessait.
    Jugée pour avoir fait preuve de sentiments à son égard, condamnée pour avoir voulu lui donner une autre place que celle offerte au tout venant, mise au piloris parce que Lui ne pouvait l'assumer.
    Lui qui se considérait comme son pire poison... oh non Dacien ne l'était pas, ce qu'il avait réveillé en revanche... il était juste l'allume-feu d'un incendie que la rose n'avait pas vu venir et qui l'assècherait rapidement ravageant ce morceau d'humanité qui avait réussi à percer à travers l'armure de pétales.

    Et enfin le jade osa revenir à l'émeraude, la regarder, la voir telle qu'elle était, pour au final finir de vouloir la mettre à terre, l'étau se formant autour de son crâne lui donnerait peut-être satisfaction sur le plan physique autant qu'imagé.

    Ne lui avait-il pas déjà donné le choix ?
    Ne l'avais t-elle pas déjà fait ?
    Spoiler:


    "T'es prête tu crois à concevoir que j'peux être violent? T'es prête à t'barrer quand j'te le demand´rai? T'es prête à subir une jalousie maladive? T'es prête pour tout ça? Réponds sincèrement...."

    "Effectivement je l'ignore... j'ignore de quoi tu es capable si tu me laisse être là pour toi...
    Dacien... Je ne serais pas celle que tu voudras, parce que ce n'est pas Elle qui te le demande...
    Je conçois que tu ai pu être violent, mais jamais je ne serais prête à ce que tu le sois avec moi... ni à faire ce que tu me demandes, ni à être mise en cage par jalousie... je ne revivrais pas ça...
    Dacien, je suis prête à être là pour toi, pour celui que tu m'as fait découvrir jour après jour, celui que tu es... à mes yeux."


    L'avait-il jamais écouter en fait ?
    L'avait-il jamais entendu au final ?
    L'avait-il jamais comprise vraiment ?

    L'étreinte à son crâne se resserre de ce qu'Elle, la rose, cette autre ne contrôlent plus, ces tripes qui se tordent à en devenir abysses, traits du visage floral se tendant dans souffrance, avant que les mains ne se portent sur ses tempes devenues douleur, les massant un instant regard clos.
    Emeraudes éteintes, les tambours résonnent dans sa tête, autant que son esprit voudrait raisonner, sans y parvenir, alors que les fines digitales se glissent dans les boucles brunes, que l'emprise sur elle-même tente d'être reprise sentant à chaque battement supplémentaire que le contrôle se perd, et que comme la gifle précédente, la volonté va céder laissant place au ressenti.

    Et lentement le regard félin affiche de fines amandes émeraudes, s'ouvrant sur ce corps mâle, ce corps qui n'en finit plus de n'être que lui, la respiration se faisant plus saccadée, et l'ultime inspiration, brutale, autant que les doigts qui s'extirpent brusquement de sa chevelure, peigne à cheveux se faisant éjecter dans le mouvement, pour voler et rebondir sur les lattes du planché, après avoir libéré les ondulations chatoyantes sans le vouloir.

    Contrôle perdu, pilote ne répond plus, la parfaite devient.... l'inconnue et les paumes de mains viennent s'écraser avec violence sur le torse une première fois, avançant sur lui pour le faire reculer.
      Le mien est fait !!!

    Seconde salve, plus forte, élan donné l'emportant sans doute plus loin qu'elle ne voudrait.
      Ce soir où tu m'as trouvé... faible

    Ire décuplée à ce souvenir, paume droite se mue en poing, qui vient s'écraser encore contre le poitrail du brun, alors que l'émeraude ne quitte pas le jade, ivre de ce besoin qu'il comprenne.
      Et encore quand tu étais revenu, en te pardonnant !!!
      Il te faut quoi de plus !!!

    Et un mur, un stop, et le second poing se forme, les deux s'abattant contre lui dans un souffle plus anarchique que jamais, regard arrimé à son jumeau, transpirant tout ce qu'elle peut ressentir.
      Et toi Dacien quand choisis-tu ??? Quel est ton choix !!!!
      Etre auprès de moi ou me fuir...

    Et une fois de plus les poings s'abattent sur le poitrail du galant, s'y figeant, inspiration et expiration tremblante s'échappant des pétales labiaux, boucles brunes enveloppant le visage floral pour retomber sur ses épaules.

    Le sien était fait depuis longtemps, les choses s'étant approfondies au fil du temps, mais le choix n'ayant pas été renié, alors qui des deux n'avait toujours pas fait le sien, ou n'avait pas envie de le faire.
    Pas de promesse, elles sont faites pour être brisées, mais une vraie sincérité alors... même s'il faudra aussi réparer et confiance pleine regagner.
    Réfléchis bien Dacien...

    Mais je suis seulement humaine
    Et je saigne quand je tombe
    Je suis seulement humaine
    Et je m'effondre et je me brise
    Tes mots dans ma tête,
    Les couteaux dans mon coeur
    Tu m'as remise sur pieds
    Et ensuite je retombe en morceaux
    Parce que je suis seulement humaine
    Humaine. Christina Perri

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Merci JDMonty
Dacienhissy
[L'amour est le seul moyen de rester vivant.] De Gaëtan Faucer.

Je t'aime. Ces trois petits mots qui n'avaient l'air de rien mais qui provoquaient un grand tout. Un souhait. Un aveu. Le souhait que cela soit réciproque. L'aveu d'enfin lui déclarer ce que, peut-être, elle ressentait. Mais. Oui, il y avait toujours un mais. Et si cela n'était pas réel. Et si il se trompait. Et si Elle ne l'aimait pas. Comme ça. Avec tout son cœur. Avec tout son être. Avec toute son âme. C'était plus qu'un ultimatum qu'il lui avait foutu en pleine figure. Cela était l'aveu de voir cette femme qu'elle cachait bien souvent derrière ces traits de Elle, cette femme qui ne ressemblait en rien à aucune autre, cette femme si parfaite pour qui, en l'observant là, il serait prêt à sa damner.
Il attendait. Il attendait la suite. Il restait pendu là, à ses lèvres, chuintant de l'entendre, de l'écouter, d'ouir tout ce qui faisait que ce contact ne pouvait se défaire entre ces deux corps meurtris par des passés qui n'auraient jamais dû avoir lieu.

Parles moi Rose. Dis moi.

Les dextres toujours dans ces poches quand les poings se serraient à l'intérieur, rageant au fond de lui de ne pas comprendre pourquoi elle était là, pourquoi elle était venue si ce n'était pas pour un sentiment d'amour. Et ce n'était plus une question qu'il lui posait. Ce n'était plus une supposition. Ce n'était plus une énième boutade qui décuplait ce sourire à son visage qu'il aimait voir. C'était cette cavalcade de sentiments qui s'enchaînaient, ne s'arrêtant plus d'entreprendre cet emmêlement de tripes, les nouant à tour de bras dès que Rose se présentait devant lui. Il avait fallu cette demande, cette séance, cet endroit, cette chambre, ce regard, cette phrase. Tout cela réunit en une seule fois. Et d'enclencher cette machine dans un automatisme qui ne subsistait que par elle, pour elle.

Il attendait. Attendait encore. Que ses lèvres bougent. Que sa voix se fasse entendre. Que ce jade parle pour elle. Alors que ce ne fût que des dextres venant s'enfiler dans cette tête, observant ses paupières fermant sa lumière. Ses phalanges glissaient, époustouflante de cette colère amère qui s'évaporait d'un trait, laissant place à cette tempête venant extirper tout ce qui faisait Elle. Ces châtains qui tombèrent alors que le peigne fût attrapé par les lattes du plancher. Ses dextres sortirent d'un coup de ces fentes à ses braies longues, cherchant quoi faire, ne sachant s'il fallait endolorir cette douleur qu'il prenait de plein fouet. Dacien n'eut pas le temp de faire un geste. La tempête venait de se transformer en cyclone, trouvant l'endroit où le centre devait démarrer.

L'Homme sentit ses fines taper son torse de toute leur force, reculant d'un pas. Le mien est fait venait-elle de lui déclarer. Le sien. Quand il ne voulait pas le voir. Quand il ne souhaitait pas le sentir. Quand il s'arrangeait toujours pour qu'elle détienne cette petite voix lui insufflant qu'elle faisait une belle connerie. Des coups qui venaient encore sur son buste. Des coups qui venaient encore de se faire sentir. Ceux de cette douleur qui traversaient ses tripes pour venir jusqu'à lui. Il avait mal. Mal de la faire souffrir. Mal de la voir ainsi. Si forte dans ses gestes et si fragile. L'avoir rendu si fragile. Rose arrêtes. Tu m'fais mal. A moi aussi. A lui aussi. Sa souffrance n'était plus la sienne mais la leur. Il venait de le constater, celle-ci venant éclabousser de tout son poids contre lui, avec ces coups de mains, de poings qu'elle mettait à son corps, avec toute cette rage qui transpirait au travers de ce regard vert qui n'en pouvait plus de lui bouffer le sien. Il la laissa continuer, sans rien dire, arrivant le dos au mur, plaqué contre la brique froide. Et ses poings qui n'en finissaient plus de s'enfouir dans ce torse, avec cette tempête qui grossissait de plus en plus. Et de la voir, souffrante autant que lui de cet amour qui ne cessait de suinter au fil des jours, éternisant chaque seconde cette emprise que chacun avait pour l'autre. Son minois avait grimacé à chaque assaut. Il prenait tout. Sa joie. Ses plaisirs. Ses désirs. Et même jusque-là, sa rage. Tout. Tout ce qui pouvait faire d'elle, Rose dans toute sa splendeur. Et même dans ces actes, elle était parfaite.

Ses dextres vinrent caresser ses avant-bras, remontant jusqu'à ses poignets, enfermant ses mains dans les siennes et de la regarder, malheureux, triste mais soulagé de la voir ainsi, la sentir ainsi, l'aimer aussi ainsi. Ses émeraudes qui plongeaient dans les siens, laissant de côté tout ce qui faisait qu'il ne désirait pas, jamais, en aucun cas, lui infliger pareille douleur que celle qu'il venait de prendre de plein fouet, en pleine face. Ses yeux qui n'arrêtaient pas de naviguer entre chacun des siens, s'emportent d'eux-mêmes dans ce désarroi transpirant comme la clarté qui ne pouvait plus être évitée.


D'accord...D'accord....

Lui souffla-t'il dans un calme revenu à la normale. Ses bras l'entourèrent avec cette soif de la protéger envers et contre tout. La lover contre lui alors que son carde déclencha ses battements si forts que, certainement, Rose devait les sentir au travers de sa poitrine. Ses phalanges caressèrent son dos, remontant jusqu'à cette nuque châtine, passant de chaque côté de son visage, l'encerclant de cette chaleur qu'elle provoquait tout le temps. Il vint effleurer ses lèvres dans une douceur amoureuse. Son nez se retrouva auprès du sien, les deux fronts se joignant, le vert emprisonnant le jade.

Je n'veux pas te fuir....Comment peux tu croire cela? Pourquoi t'aurais-je demandé ici si c'était l'cas?

Dacien dégagea son visage de ces quelques mèches, attentionné, désireux de la réconforter.

J'veux pas qu'tu sois malheureuse et....avec moi....Tu mérites certain'ment mieux....

Cela était évident. Rose méritait bien mieux que quelqu'un comme lui. Dévastateur du bonheur des autres quand le sien se tenait juste devant lui, sous ses yeux, au creu de ses bras. L'évidence même de l'appel de deux corps qui ne pouvaient se séparer. Il l'observa tendre, mélancolique de se retrouver dans ce choix qu'il devrait prendre tôt ou tard, cette amertume de sentir encore l'anis parfois. Et de s'enivrer de cette fragrance florale, respirant ce parfum si distinct au milieu de tous afin de s'avouer la force qu'elle pouvait lui transmettre à bien des moments. Une mèche fût mise derrière son oreille. Le vert tendre, aimant, amoureux et ce fin sourire en coin de la voir, la sentir, la tenir au creux de lui, près de lui, contre lui.

Chuis bien avec toi. J'oublie tout.....

Pour ne pas dire je t'aime. Pour ne pas s'emballer dans ce tourment alors qu'il y était déjà.

.....Et ça m'fait peur...Et je n'veux pas que tu m'aimes.....
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Merci Châton et Chérichou!
.elle

I want your loving
And I want your revenge
You and me could write a bad romance
I want your loving
All your love is revenge
You and me could write a bad romance

(Bad Romance. Lady Gaga)



    Qu'avait-il réussi à faire d'Elle ? De cette autre protectrice, de ce masque de carême offert à la masse ?
    Le souffle anarchique et le corps en totale perte de contrôle, il restait bien peu d'Elle si ce n'était de garder cette dignité de ne pas verser de salines précieuses, de celle qui exprimerait tout ce qui serait pure folie.
    Nulle larme, juste cette respiration qui lui faisait défaut et ce crâne qui allait sans doute imploser sous peu, lui faisant clore un instant les yeux, jusqu'à ce qu'un soubresaut ne la prenne au contact qu'il initiait, jade rejoignant l'émeraude.
    Dire que sentir ses mains envelopper les siennes pour tenter de la calmer fût un soulagement eut été illusoire, ce contact l'apaisait autant qu'il la brulait, sans savoir encore ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Dacien, et malgré tout ce que lui renvoyait son faciès empli de.... désespoir ? Tristesse ?
    Non, au final plus une certaine forme d'empathie, à la limite d'une pitié de la voir ainsi, par sa faute, car il n'était autre responsable que lui à cet état, autre raison à la baisse de garde florale, autre homme capable de la rendre mal de cette façon.

    D'accord, oui d'accord.... mais d'accord quoi ?
    D'accord je vais rester ? D'accord je vais partir ? D'accord tu as fait ton choix ? D'accord j'ai fait le mien ?
    D'accord quoi Dacien !!!! Parles bon sang !!!
    Les pétales qui jouent une danse tremblante, s'ouvrant et se fermant au gré du souffle des mots, de la douceur de l'étreinte qu'elle avait espéré et attendu pendant près de trois mois, s'en était-il seulement rendu compte...
    Le palpitant sous sa paume plaquée au poitrail d'une subtile communion, semblait vouloir dire oui, lovée contre sa faiblesse du moment, sa faiblesse de tous les instants, sa faiblesse d'un autre temps pourtant aujourd'hui bien présent.

    Et regard ancré au sien, les mots soufflés glissèrent tant sur sa peau, qu'au creux de son âme "je ne veux pas te fuir, comment peux tu penser cela", et bien parce qu'il l'avait déjà fait par deux fois.... plusieurs semaines, mois, et la prochaine fois, devrait-elle attendre des années et se voir demander un pardon à nouveau ?
    Et la suite fusa comme une chaleur sirupeuse "je suis bien avec toi et ça me fait peur", qui se pouvait ressentir ce qui transpirait sans le craindre ? Personne d'honnête et ayant un semblant de jugeotte, lui murmurer "moi aussi" ? A quoi bon, il le savait, du moins le pensait-elle.
    Mais une épine à sa peau, qui ne lui appartenait pas, douloureuse, perfide vint la griffer, l'esquinter, s'enfoncer vicieuse "je ne veux pas que tu m'aimes"...

    L'envie de s'éloigner de lui se fit puissante, instinctive, fuir à son tour quand elle sentait la dérobade à ce qu'il avait pourtant pris une attention toute particulière à tenter de faire naître. Pourtant Elle resta là, front à front, le fixant droit dans les yeux, comme elle ne l'avait peut-être jamais fait auparavant.
      Tu aurais dû y réfléchir avant de vouloir voir au delà d'Elle...
      Tu as réveillé des sentiments Dacien, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir... idiot pour ne pas le comprendre.
      Et tu n'es ni l'un... ni l'autre...

    Lui dirait-elle que c'était de l'amour ? Non en aucune façon, jamais l'épineuse n'avouerait tel constat... parce qu'elle n'en savait rien elle-même, était-elle encore en capacité d'aimer ?
    L'inconnue était belle et bien présente, mais oui, être loin de lui, privée de ses nouvelles, ne pas le voir, le sentir, le toucher, lui avait été torture.

    Etait-ce ça aimer ? Possible.
    Et y réfléchissant, la senestre s'était offerte la douceur de sa gorge, l'enveloppant de ses fines phalanges, pouce venant souligner ses lippes de sa pulpe, en dessiner délicatement les contours et cette petite cicatrice dont le souvenir était là quelque part.



    Je veux ta façon d'aimer
    Et je veux ta vengeance
    Toi et moi pourrions écrire une mauvaise romance
    Je veux ta façon d'aimer
    Tout ton amour est une vengeance
    Toi et moi pourrions écrire une mauvaise romance
    Mauvaise romance. Lady Gaga

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Merci JDMonty
Dacienhissy
Oh mon Amour,
Mon Doux,
Mon Tendre,
Mon merveilleux Amour....

De Jacques Brel.

Ses émeraudes ne cessèrent de scruter ce regard intense dans l'immensité d'un rien qui devenait un tout. Il était devenu essentiel au fil des jours, des semaines, des mois. Devenu si essentiel qu'il avait voulu venir le voir en ce soir de Noël. Devenu si primordial qu'il le demandait aujourd'hui. Il était suffisant pour admirer ce qu'il préférait se mentir pendant tout ce temps, juste pour recevoir ce qui était évident, assez acerbe pour sentir son carde se fissurer de part en part simplement en explorant ce vert si précieux. Contraint, forcé, redoutant ce que Rose allait dire dans cette mesure prise, celle qui n'était ni la sienne, ni celle de Rose mais bel et bien celle de celui qui devenait l'ennemi public numéro un. Il était, évidemment, hors de question qu'il puisse toucher à un seul de ses cheveux, qu'il puisse effleurer sa peau et encore moins qu'il puisse envisager d'arborer le moindre sourire à son encontre. Possessif invétéré. Jaloux capable du pire. Personne ne pouvait frôler cette femme d'une seule phalange sans qu'il ne le sache, qu'il ne le découvre, qu'il ne devine ce qui pouvait en être. Il n'y avait pas à tergiverser. Une femme était une princesse quand Rose était la sienne.
Tout ceci semblait surréaliste. Tout ceci devenait tellement invraisemblable. Ils s'aimaient. Cela en devenait tellement évident. Quand Elle le regardait comme là avec ce regard si émouvant, celui dans lequel on pouvait plonger pour ne plus vouloir en sortir. Quand Rose le touchait de cette grâce qui caractérisait la réelle femme qu'elle était et de le faire vibrer à ce point. Et pourtant, tout ceci était bien vrai, dans les moindres détails.
Réfléchir. Tout avait tourné si vite, si soudainement. Tout s'était enchevêtré comme ces rouages d'horloge qui s'imbriquaient naturellement. Elle était bien bonne.


Sans déconner....

Sans rien de plus. Il soupira. Il soupira de cet élan d'envie qui déferlait au creux de ses tripes alors qu'il la tenait contre lui, les lèvres aux abords des siennes et de les prendre avec cette vivacité qui n'en pouvait plus d'attendre. Les lippes emprisonnèrent les siennes. Une charnue passant pour en rejoindre l'autre. La serrant contre lui encore et encore pour s'enivrer de ces quelques secondes. Si le temps pouvait s'arrêter là, tout de suite, maintenant. Mais non. Il défilait et défilait encore. Comme si rien ne pouvait se mettre en place pour les laisser tranquille. Ses verts la fixèrent un court instant, lâchant ses lèvres si délicieuses alors que les dextres ne pouvaient se défaire de ce visage.

Tu vois...Chuis pas aveugle. Mais plus t'es loin d'moi, mieux c'est pour toi.

Et il soupira encore. Sans le désirer, ses mains se serrèrent autour de son minois. Ses émeraudes prirent le temps de transpirer cette haine qui ne cessait de grandir en faveur du Ligny et de lui expliquer le pourquoi du comment avec ces maux.

J'fais un faux pas, tu sautes.
J'dis un mot de travers, tu sautes.
J'refuse un boulot, tu sautes.
J'fais un mauvais geste, tu sautes.
Et moi, si t'es plus là.....chuis rien...


Du chantage. Pur et simple. Un petit chantage qui devenait de plus en plus gros. Immense. Dacien l'entoura de ses bras, désireux de la garder encore et encore là, avec lui. Mais les heures passaient, défilaient bien trop vite. Il la relâcha, caressant son visage, la dévisageant avec cet amour, un maigre sourire aux lèvres.

J'ai deux trois trucs à régler avant. Et après...Si tu veux bien me supporter encore.......Je reviens reprendre ma place de Gérant.

Et faire vivre un enfer au Ligny.
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Merci Châton et Chérichou!
.elle

Un ange frappe à ma porte
Est-ce que je le laisse entrer?
Ce n'est pas toujours ma faute
Si les choses sont cassées
Le diable frappe à ma porte
Il demande à me parler
Il y a en moi toujours l'autre
Attirée par le danger

(Un ange frappe à ma porte. Natasha St Pier)



    Et s'il fallait oser... oser lâcher-prise... oser la totale perte de soi, comme semblait le présager cette perte de contrôle florale, cette façon de le molester, de laisser filtrer tout ce qui n'aurait jamais dû passer au-delà de la carapace de pétales, jamais exhorter par cette faille, par ce petit rien qui est un grand tout.
    Les mots filtrés des lippes n'eurent d'écho que le baiser langoureux étouffant ce soupir, cette étreinte linguale suave et aussi tendre que passionnée, caressante à s'en enivrer, expression de tout ce qui transpirait entre eux, des non-dits encore à avouer, de ce non-formulé comme une évidence criée au creux des regards échangés.
    Une simple étreinte, un simple enchevêtrement de lippes et pourtant tellement plus dans ce que ça représentait, digitales s'imprimant sur cette gorge, sur cette peau si précisément rasée, où le subtil râpeux habituel n'était plus, où cette intrigante cicatrice siégeait sans que le détail ne lui revienne sur l'instant, n'ayant à ce moment que peu d'importance à son sens, si elle avait su....

    Et la chaleur, la magie, ce besoin de lui s'imprimait au creux d'elle, de cette rose impénétrable, réchauffant le froid qu'il y avait laissé pendant de longs mois, interminables semaines d'absence qu'elle ne voulait plus jamais revivre, ses lèvres se détachant lentement des siennes, émeraudes coulant dans le jade, sourire naissant à le retrouver s'éteignant discrètement à l'entendre.
    Fines phalanges remontant sur les poignets de Dacien au fur et à mesure où la pression se faisant présente sur son délicat visage, iris herbacés ne parvenant pas à se détacher de ce froid au creux des verts du ténébreux, de cette rage qui émanait de lui, de ces mots qui filtrait entre ses lèvres, de cette menace-chantage qui pesait sur lui, sur elle, sur eux, ne comprenant que trop facilement de quoi il parlait.
    Et l'inspiration prise par la rose passerait sans doute pour le ressenti désabusé, voir haineux de ce qu'elle venait d'entendre, quand il était tout autre, à ne vouloir révéler ce qu'il ignorait des agissements d'un Ligny ayant ordonné punition pour une faute, qui au final lui incombait sans vraiment être la sienne, mais à quoi bon évoquer ce qui n'avait pas eu lieu, qui pouvait savoir ce que l'avenir réservait ?
    Et puis... non nul désir de donner à ce rendez-vous plus d'amertume de ce qui semblait poindre n'était pas de l'envie de la rose, cela aurait trop sonné comme une vengeance à l'annonce de ce qu'elle avait compris poindre, dès qu'il avait évoqué la distance pour son bien.
    Une fois encore il allait disparaitre...

    L'accepterait-elle ? le choix ne lui était pas donné
    Comment le vivrait-elle ? comme elle pourrait, probablement mal
    L'attendrait-elle encore une fois ? qui pouvait prédire l'avenir, pas elle en tout cas

    Pour l'heure, la seule chose à laquelle la florale voulait penser était cette étreinte qui s'imprimait autour de son corps, la présence diffuse de Dacien contre elle, pour un temps, pas longtemps, puisque déjà elle le sentait s'éloigner et la libérer de son emprise, l'attendue sentence tombant comme il était à prévoir... il repartait, pourquoi n'avoir pas réglé ce qu'il devait avant son retour, pourquoi revenir pour s'en aller de nouveau, pourquoi ce jeu du chaud-froid avec son carde.
    Pourtant rien ne passerait au coeur de ce regard qu'il cherchait, au creux de celui qu'il lui envoyait empli de tout cet amour qu'il lui portait, lui offrant d'une bien étrange manière, mais après tout en quoi pouvait-elle vraiment juger... elle ne serait pas entrave à ses projets, elle ne l'avait jamais été pour quiconque au final.

    Un long soupir en le regardant fixement, verts des regards fusionnant de légers mouvements à vouloir se lire profondément, dextre vint se poser au visage de Dacien, paume enveloppant sa joue quand l'empreinte d'un pouce se mit à souligner une pommette devenue trop saillante dans un sourire doux, celui qu'elle lui avait toujours offert, rassurant quoique son esprit ou son palpitant ressentent, taire le mal et voir ce que demain apporterait.
      Fais ce que tu dois Dacien...

    Que lui dire d'autre ? Rien... ou plutôt si...
      Et remplumes-toi...

    Légèreté de l'étirement labial à son conseil, l'épineuse n'était pas aveugle et si l'union n'avait jamais été consumé, les corps se connaissaient suffisamment pour le savoir amaigri.
    Main glissant à sa gorge, digitales filèrent sur sa nuque, se perdant dans cette nouvelle longueur, lui prodiguant cette caresse qu'il avait si souvent cherché après qu'elle l'eut offerte la première fois, ce lien tactile n'appartenant qu'à leur connivence, carmines venant épouser la bouche de son complice pour un ultime baiser, une dernière étreinte, langoureuse, suave, faisant passer l'envie, le sentiment et peut-être la tristesse de le savoir quitter de nouveau.
    Mais tout avait une fin, et détachant sa bouche de ce goût d'ailleurs, le nez vint caresser l'arête nasale adverse avec tendresse, plongeant son regard dans le sien, le regardant un temps avant que la voix fine et murmuré de la rose ne décide cette fois du moment.
      Pars... maintenant...

    Dernière caresse et effleurement d'un baiser, le corps floral s'éloigne d'un pas en arrière, rendant à Dacien sa liberté de filer vers... ce qu'il avait à faire loin d'elle, mettant à l'épreuve ce qu'il adviendrait d'eux une fois de plus, même si cette fois, le départ était moins fracassant.
    L'avenir serait porteur de bien des évènements, pour lui, pour elle, influant sur leur relation surement, mais il se dit que les âmes destinées se retrouvaient toujours, si tel était leur cas alors... le destin pourvoierait à les réunir, sinon.... Seul le futur en serait juge.


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Merci JDMonty
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