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[RP] Déplumée

Rouge_gorge
[Déplumer. def: Retirer les plumes d'un oiseau. Voler quelqu'un.]


Un soupir. Long et las de la morte saison.

Échouée sur la margelle d'un puits, Rouge profite des premiers rayons de soleil encore froid. Ils apportent de la lumière mais point de chaleur: un genre d'éclairci dans le coeur que la main ne peut flatter. Si la pose se veut nonchalante, toute l'énergie du Oisal est dissimulée sous son Chapal: les prunelles noires dardées sur les passants et plus particulièrement leurs compagnes. L'Oiseau déchante de voir les belles courbes encore emmitouflées dans des capes, manteaux et fourrures. L'attention passe de corps en corps sans vraiment s'attarder: c'est ainsi qu'elle trompe l'ennui aujourd'hui.

La plupart des dames sont couvertes des pieds à la tête, c'est affligeant. Rouge se console en s'imaginant les réchauffer par un jour si frais. Elle aurait bien hurler que ses doigts les embraseraient...les consumeraient. Pourtant, la Cendrée se contente d'enrouler le cuir de ses gants sur un flacon qu'elle porte à ses lippes.

Le temps passe au rythme des gorgées extirpées jusqu'à ce l'intérêt renaisse.

Du coin de l'oeil, un jupon dévoilé est capté. La vision se précise sur la silhouette vêtue de blanc et de bleu. Les cheveux ne sont pas cachés, au contraire, la blondeur est mise en évidence par une coiffure soignée. Il n'en faut pas plus pour l'Oiseau à se décider de quitter son perchoir. Elle s'avance d'un pas calme jusqu'à ce que leurs chemins se croisent dans une rue commerçante. Rouge a tout le loisir de détailler la croupe se déhancher sous les pans d'étoffe bleue.

D'un air serein, elle frôle puis dépasse la blonde avant de faire volte-face pour la stopper dans sa démarche. Rouge la surplombe de nombreux centimètres et ploie l'échine pour arriver à son oreille dégagée et rougie par le froid.


J'ai ouïe dire qu'il n'était pas certain pour une femme de votre beauté de circuler librement dans ce quartier. Les tire-laines rôdent, permettez-moi de vous escorter...

Paume de cuir est offerte galamment tandis que la tête de piaf se fend d'un sourire charmant.
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Nissaa
Nissa s’apprêtait à sortir. Il faisait beau. Il n’y avait rien de tel qu’un rayon de soleil pour faire naître un sourire sur son visage. En apercevant son reflet dans la vitre du salon, elle passa le bout de ses doigts sur ces lèvres un peu trop rouges à son goût. Elle pouvait se rassurer en n’étant pas obligée d’ajouter le moindre artifice à cette couleur qui se démarquait naturellement de la porcelaine de son teint. Les doigts fins se dirigèrent ensuite vers la blondeur d’une mèche de cheveux qu’elle ajusta afin de dégager un front lisse et fier. La jeune demoiselle d’Oxford fit volte-face avec un air convaincu. La journée serait belle, assurément.

Elle fit quelques pas dans la pièce et récupéra son panier en osier. Elle salua Jeanne, la vieille dame chez qui elle logeait depuis quelques jours. A son arrivée en France, Nissa s’était rendue chez une amie de la famille qui lui avait donnée l’adresse de sa logeuse. Jeanne lui offrait le gîte et le couvert à condition que l’expatriée prenne soin d’elle. L’accord était valable malgré quelques règles de vie un peu contraignantes. Nissa ne pouvait inviter personne dans la riche demeure. Ça ne l’embêtait pas plus que ça. Elle ne connaissait personne de toute façon. Après un petit signe de la main, la jeune femme quitta la maison bourgeoise et pris la direction du marché.

Outre quelques mets pour les repas à venir, Nissa espérait tomber sur un étal de vêtements. L’étourdie avait réussi l’exploit de se faire voler sa malle lors d’un arrêt le long de la longue route qui l’avait menée là. Malgré le désarroi qui l’avait saisie de prime abord, elle parvenait à en rire désormais. Chez son père, elle n’avait à s’occuper de rien. Depuis son départ, elle n’avait fait que sautiller de mésaventure en mésaventure. Rien de grave, fort heureusement.

Alors qu’elle fronçait du nez entre divers achalandages de la rue marchande, la légèreté de son pas fut stoppée nette par une ombre dressée devant elle. Ses lèvres s’entrouvrir en un O de surprise tandis qu’une voix aux accents avinés l’invitait à la prudence. Le sourire amusé et le nez en trompette relevé, l’anglaise porta son attention sur la femme qui l’avait apostrophée.

Elle la trouva étrange part son allure et par cette confiance en elle qui rayonnait malgré la noirceur de ses cheveux et, surtout, de ses yeux. Elle lui était tellement différente. Haut en couleur, un brin dégingandé, le corbeau diffusait une haleine avinée. Par jeu et par curiosité, la jeune fleur accepta la main gantée généreusement offerte. Après une petite courbette et un hochement de tête, elle poussa sa voix fluette.


Etes-vous toujours aussi prévenante lorsque vous avez bu ? J’accepte votre escorte si nous ne restons pas inconnues. Moi c’est Nissa.

Le panier d’osier tressé glissa jusqu’au pli du coude du bras opposé. Un linge calicot recouvrait son contenu afin de protéger les quelques provisions des méandres du temps et de quelques aléas pouvant les souiller.
Rouge_gorge
L'accent écorchant la prononciation de son interlocutrice lui ajoute un charme certain. Les charbons luisants de l'Oiseau aviné note aussi l'incarnat des lèvres anglaises tranchant le lait de sa peau. Bonne pioche pour la Rouge qui se félicite déjà intérieurement de son choix du jour.

Enchantée, Nissa. L'on me nomme Rouge-Gorge, l'Oisal au Chapal.

La Cendrée aurait d'habitude lissé la longue plume rouge de son imposant couvre-chef pour sublimer sa présentation mais là, les gants sont pris: la senestre par le bras de la demoiselle et la dextre de son éternel flacon.

Sachez que je suis toujours à l'affut de la demoiselle en détresse...Même si vous ne l'êtes pas... Pas encore.

L'imagination égare le temps de quelques battements de cils. La Rouge se ressaisit aussitôt en réalisant que son rêve est à portée de main et se fend d'un sourire avant de reprendre.

Où allons-nous, demoiselle Nissa? Vous avez l'air bien loin de vos terres à entendre votre ravissant accent. Puis-je vous faire découvrir la ville?

Et comme à son habitude, une fois encore, l'Oisal au Chapal n'en fit qu'à sa tête, emboitant la marche d'un pas léger.
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Nissaa
La jeunette laissa échappé un rire ingénu qu'elle ne put dissimuler sous ses doigts. Une main autour du bras de sa garde du corps improvisée et l'autre attachée au bras qui tenait un panier qui faisait malgré tout son poids, elle laissa donc quelques notes égayées virevolter au gré du vent. Le nom de cette inconnue qui ne l'était plus l'amusait.

Je me contenterai de Rouge-Gorge, si vous me le permettez, je crains d'écorcher le reste.


L'Oisal ne cachait pas vraiment, ou peut-être maladroitement, le goût qu'elle semblait porter à la gent féminine. Le lait se teinta d'un rose pâle. Malgré tout, Nissa se laissa aller à cette flagornerie avec légèreté. Celle qui se faisait appeler Rouge-Gorge était la première personne avec qui elle nouait un réel contact si on exceptait la vieille Jeanne. Et du point de vue de l'anglaise, il n'y avait pas à discuter du fait que cette nouvelle compagnie était déjà plus agréable que celle de son hôtesse.

Je vous laisse me guider. Partons à l'aventure.

Puisque cette rencontre était inopinée, autant en profiter jusqu'au bout. Nissa se pris au jeu et accorda son pas sur celui de celle avec qui elle partageait un bras. Un brin de soleil, une compagnie distrayante, la bonne humeur de la petite blonde ne semblait pas prête de se tarir.

Je viens d'Angleterre, d'Oxford pour être plus précise. C'est à quelques lieues de Londres, si ça peut vous aider à situer. Je loge chez une vieille dame en attendant de voler de mes propres ailes.

Parler de voler à un oiseau ou, plutôt, à un Oisal au Chapal agrandit le sourire qui éclairait déjà son visage. D'une certaine manière, la chapeauté lui offrait un peu de rêve, une trêve dans cette triste réalité. Nissa prit le parti d'en profiter.

Et vous ? Parlez-moi de vous ? Chevaleresque comme vous êtes, vous avez dû vivre de grandes épopées. Chassez-vous les dragons ?

A cette dernière question, Nissa releva le nez en direction du visage de sa presque sauveuse. Le regard brillant de curiosité et d'amusement chercha les marques d'une vie mouvementée sur les contours du faciès encore méconnu.
Rouge_gorge
Parler d'aventure et de voler de ses propres ailes au Rouge-Gorge lui est familier et plaisant. D'une oreille faussement attentive, elle écoute l'anglaise, se régalant de son accent. C'est que la blonde cause bien le français malgré tout. L'idée que la jeune femme bien coiffée soit une bourgeoise voir peut-être plus haut rang effleure et égaye l'esprit de l'Oiseau. Les charbons coulent alors sur sa personne avec encore plus d'intérêt.

Nissa flatte plus ou moins inconsciemment la Cendrée. Savez-vous pourquoi l'Oisal au Chapal porte un si gros chapeau? Pour masquer son égo. La conversation s'oriente donc sur sa propre personne. Rouge voit là une bonne opportunité pour une longue promenade.


Les dragons, les sorcières, les monstres en tout genre, vous savez...J'ai même trompée la Mort! dit-elle en tirant le cou de sa fourrure pour dévoiler l'étrange cicatrice rougeâtre afin de garantir la véracité de ses propos.

Mais plus humblement, je chasse les mécréants... Je porte mon plus beau trophée sur la tête.

Rouge penche la tête et la secoue pour agiter la longue plume sous le nez de la petite blonde. C'est alors qu'elle brode une aventure palpitante où l'adversaire principal est un géant au visage arraché. Les vrais sauront que son magnifique chapal est le fruit d'un énième larcin et d'une belle rencontre avec un poméranien lansquenet. Mais le suspens est là. L'Oiseau est une très bonne oratrice qui sait captiver qui l'écoute. Délaissant son flacon sur un muret, elle ajoute à sa longue tirade d'amples gestes de sa main libérée. Entrainant l'anglaise dans ses périples, elle guide aussi ses pas à travers la ville. Non pas au hasard, la Cendrée vend du rêve à son auditoire en la faisant passer devant de belles enseignes avant de la mener petit à petit vers les coupe-gorges retranchés.

L'emprise se fait douce et avec le sourire jusqu'à mener le Little Bird dans sa cage. Les larges rues font place à un dédale de ruelles sinueuses. Bientôt le soleil n'éclaire plus leurs pas tant les masures délabrées se tordent sur les pavés. C'est alors que Rouge stoppe la marche et usant de sa hauteur, accule Nissa contre un pan de mur. Les gants posés de part et d'autre de la silhouette anglaise, l'Oiseau se penche vers son joli minois.


Je crois que vous savez beaucoup sur moi, demoiselle Nissa... C'est à mon tour de vous...dévoiler.
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Nissaa
Les apparences sont parfois trompeuses. Elles ne sont, à d'autres moments, que l'exact reflet de la réalité. Le jour et la nuit se promenaient et s'éloignaient du centre d'une ville animée. Nissa buvait les paroles de Rouge-Gorge. Elle ne croyait rien, ou presque, des histoires qu'elle lui racontait mais elle s'évadait et elle ne demandait rien de plus. Son rire se mêlait aux harangues des camelots de tous bords. Bras dessus, bras dessous, elle sautillait presque afin de suivre le rythme des enjambées de sa voisine. Petits pieds et petits pas.

Les yeux brillants de la jeune anglaise se balançaient entre l'ébène des iris de l'Oisal et les couleurs chamarrées des étals. Elle en avait presque le tournis. Même si rien n'était vrai, tout était plus beau. Un monde inconnu s'offrait à ses oreilles. Elle découvrait. La nouveauté de l'instant remplaçait la monotonie d'un vieux quotidien. Un quotidien qui sentait le rance et le décrépi. Un quotidien qui sentait aussi fort le moisi que les parchemins de la bibliothèque ou que la vieille Jeanne vissée sur son fauteuil. Rouge-Gorge vendait du rêve et Nissa achetait sans compter.

Elle ne se rendait compte de rien. Elle ne voyait pas les rues devenir ruelles, le flux des badauds se tarir. Elle ne s'apercevait pas que la voix de Rouge-Gorge prenait toute la place, hypnotisée. Elle ne sut que trop tard que le soleil s'était couché, emprisonné par les barreaux des murs qui se rejoignaient à vue d'oeil. Elle était trop absorbée par l'aura de cette inconnue. Elle lui paraissait sauvage et indépendante. L'Oiseau était tout ce qu'elle n'était pas, tout ce qu'elle aurait aimé être. La grande était insolente de liberté quand la petite étouffait sous le poids de sa bonne éducation.

Il fallut un arrêt soudain pour que le rire se tut, pour que le sourire s'effaça à demi. Plaquée contre un mur, Nissa laissa échapper son panier. Il roula sur le côté. Le torchon se tâcha des boues de la ville et un morceau de viande, un rôti probablement, rejoignit le pavé sale. Nissa leva les yeux vers ceux qui se penchaient sur elle.


Me dévoiler ?

Qui était cette femme pour faire naître en elle cette curiosité malsaine, ce désir coupable de l'abandon ?

Que souhaitez-vous savoir ?

Une question lancée comme une bouée de sauvetage, un dernier sursaut avant la chute. La naïveté, lorsqu'elle est feinte, est une porte ouverte sur l'espoir, fut-il vain.
Rouge_gorge
La paume de la senestre se détache de la roche humide pour que le cuir vienne flatter la peau de lait. Le contraste de l'ombre sur le teint clair quand les doigts arachnéens filent leur emprise du menton jusqu'à la gorge. L'oeillade sombre de l'Oiseau s'aiguise sur le visage anglais et tandis que les prunelles hurlent "Tout", la voix éraillée de Rouge masque une fois de plus ses intentions.

Tout d'abord, j'aimerai savoir si vous appréciez ma compagnie autant que j'aime la vôtre.

A la conquête des compliments, l'Oisal au Chapal se fait conquistador. Le revers de sa paume gantée sublime avec tendresse l'ovale du joli minois. Rouge sait se faire espoir dans les ténèbres. Le quartier craint, les malandrins guettent l'opportunité de se faire la petite blonde. Il n'y a que la Cendrée pour la protéger alors Nissa a-t-elle un instinct de survie?
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Nissaa
Tandis que les doigts glissaient le long de son menton et plongeaient à la rencontre de sa gorge, Nissa vit une infime partie de sa vie passer devant ses yeux. Le temps sembla d'abord s'arrêter pour, ensuite, remonter le cours de sa propre rivière. Son regard accrocha la fourrure étirée sur la cicatrice accompagnée d'une vérité à laquelle son esprit ne s'était pas retenue.

J'ai même trompé la Mort !

Puis le temps défila à nouveau à rebours pour s'immobiliser à l'instant précis où le souffle de Rouge-Gorge lui prodigua ses premiers avertissements.

Les tire-laines rôdent.

Nissa se sentit proie entre les serres d'un rapace. Son coeur cessa de battre l'espace d'un instant qui dura une éternité, le temps d'un battement d'aile, le dernier. Elle entendit la voix de Rouge comme un écho lointain étouffé par une brume à couper au couteau. Vint ensuite la douceur cotonneuse d'un contact tendre et rassurant. Inconsciemment, la jeune femme ferma les yeux et appuya la joue contre la main qui remontait le long de sa joue. Un peu de douceur dans un monde de bruts.

La peur se mêla à la confiance. D'un simple mot, elle scellerait son destin. Elle en avait l'intime conviction. Alors elle ouvrit les yeux et porta la candeur de son regard vers l'étrange inconnue. Elle hocha la tête dans un sourire à la timidité sincère. Le ton affirmé de sa voix trancha dans le vif de son apparente faiblesse.


Oui.

Fragile, elle se sentait fragile. Petit, à chaque fois qu'on lui prêtait un surnom, invariablement, un petit venait se greffer devant. Petite chose fragile.
Rouge_gorge
Il y avait de la ferveur dans son aveu: c'était plus que ce qu'attendait la Rouge. Ses doigts soulignèrent les traits de la demoiselle avant de se perdre dans sa nuque blonde. Dressant la petite silhouette sur ses pointes, l'Oiseau se nicha dans le creux de son cou, humant le doux parfum que libérait la peau pâle: une fragrance entre peur et désir. Les lippes frôlent l'épiderme à la recherche de délicieux frissons avant de relâcher son souffle fiévreux dessus pour l'apaiser. Jouer entre le feu et la glace. Les serres se referment dans la coiffure sophistiquée pour lui offrir un semblant de liberté: les mèches s'affolent dans la paume de cuir. L'Oisal au Chapal dévore du regard le minois redressé par ses propres soins. Les lèvres fines et pâles se pressent contre leurs semblables incarnat pulpeuses. La langue se fait inquisitrice, le baiser arraché. La deuxième poigne s'abaisse sur le flanc de la petite blonde et guide sa silhouette dans un volte-face. Nissa est maintenue face contre mur, formes coincées entre pierres froides et oiseau de braise. Le bas ventre de la Rouge se serre contre le séant ferme et rebondi qui se devine sous le jupon. Si la main dans la chevelure demeure, la seconde sur le flanc lisse les pans du vêtement bleu, s'attardant entre ses cuisses.

Un soupir. Lourd et plein du printemps à venir.

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Nissaa
Le silence se fit tandis qu'au loin résonnèrent les pas de quelques bottes. Nissa tourna le regard sans vriller du visage. Elle ne cherchait nulle échappatoire. Elle ne sentait plus prise au piège. Certes, elle n'était pas libre mais l'est-on jamais ? Elle, ne l'avait jamais été. Prise en porte-à-faux entre les devoirs de sa naissance bourgeoise et ses aspirations à plus de simplicité. Elle n'avait jamais été qu'une sorte d'objet que l'on exhibe tantôt pour son éducation, parfois pour le soin de sa toilette. Valait-elle mieux qu'une robe exposée en vitrine ?

Rouge Gorge n'était probablement pas mieux. Elle n'était certainement pas pire, dans l'esprit de la jeune anglaise. Et de frissons, elle eut de quoi faire vibrer ses lèvres alors qu'elle survolait la peau rougie par l'émotion. La cage dorée vola en éclat dans un geste assuré. La couronne d'épis de blés fut fauchée par un gant de cuire. Malgré la peur de l'inconnu qui faisait trembler tout son être, Nissa se força à rester droite. Elle aurait pu mourir sur le coup d'une attaque cardiaque tant elle palpitait de l'intérieur. Le souffle saccadé d'une vie chamboulée soulevait, hiératique, la fin du combat entre le Bien et le Mal.

A peine un souffle aigu s'échappa-t-il d'entre les lèvres carmines lorsque le volte-face fut imposé, ordonné d'une main de maîtresse. Les paumes de la jeune anglaise se plaquèrent contre la froideur de la pierre tandis que le feu hurlait au creux de son ventre.

Que vas-tu faire désormais ?

Rien. Elle avait accepté le baiser. Elle avait accueilli la langue contre la sienne. Elle l'avait goûté comme l'on goûte un met venu d'un autre monde. Elle avait accepté d'un simple oui qui résonnait encore à ses oreilles. Elle serait écartelée, brûlée vive, maudite ou même damnée. Elle serait tout cela en même temps, peut-être. Un sourire gagna ses lèvres alors qu'elle sentit le vrombissement sourd qui creusait ses reins et plaquait un peu plus deux corps en bataille.

Un soupir. Léger et revigoré de l'hiver qui s'en va.

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Rouge_gorge
Les pas s'approchent et se stoppent dans le dos de la Cendrée affairée. Des raclements résonnent: le panier et son contenu sont ramassés.

Rouge s'en fout royalement à cet instant: elle se repait des courbes de l'anglaise. La main a relevé le jupon sur le blanc d'une cuisse qu'elle caresse avidement. Le deuxième gant a finalement quitté la chevelure défaite pour tirer sur la chemise blanche. Lentement mais sûrement, l'Oiseau déplume sa proie quand un bruit de gorge la tire de sa gestuelle. Les paumes ne cillent pas, fermement plaquées sur les formes galbées. Le nez dans les mèches blondes, les prunelles sombres se rouvrent sous l'imposant couvre-chef.


Hum...Rouge...Tours nous attends.

L'intérêt possessif se fige et la Cendrée se redresse de toute sa hauteur, surplombant de nouveau la petite demoiselle. Elle appose un dernier baiser sur le haut du crâne blond et lui murmure:

Je te sauverai un autre jour, Nissa...

Avant de rompre tout contact. Le froid la saisit soudainement, calmant ses ardeurs. La paume de cuir arrache le panier des mains d'un malandrin.

Ne la touchez pas, les amis. Elle est à moi.

Ultime regard est coulé sur la poupée dépenaillée, triste sort de l'abandonner si vite. Pourtant un clin d'oeil est lancé et la tête blonde hoche en écho. L'Oisal se fend d'un sourire discret sous son Chapal avant de tourner les talons. Et pour la forme...

Un dernier soupir. Long et las plus que de raison.

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