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[RP] Tu as versé sur ma vie des milliers de roses*

Elisa.malemort
    «Ma fille est comme une perle dans un coquillage.»
        Edine-le-sage



Quatorze ans. Voilà depuis combien de temps, le cœur de la Malemort battait en dehors de sa poitrine. Quatorze années que désormais, son cœur vivait dans la poitrine de sa fille. Elle était née, lors d’une douce journée en Limousin. A l’époque, Elisa n’était encore qu’une jeune femme, mariée depuis peu avec l’homme qu’elle imaginait être celui de sa vie, son soldat Orléanais. Elle avait vécu un mariage de princesse en la Cathédrale Notre Dame, avec la robe de ses rêves, la Cathédrale de ses rêves et surtout l’homme de ses rêves.
Elle s’était retrouvée, après un accouchement terriblement douloureux avec une petite crevette posée sur son ventre, enveloppée dans des linges. C’est à cet instant précis qu’elle était tombe folle amoureuse d’Elle. Oh bien sur, elle l’avait aimé dès lors qu’elle avait apprit sa présence dans son ventre. Mais c’est bien le jour où elle avait fait sa connaissance qu’Elisa avait compris que sa vie c’était Elle. Lorsqu’elle avait vu ses dix petits doigts venir se serrer contre les siens, lorsqu’elle l’avait vu recroquevillée dans les bras de son père. Et puis, chaque jour, chaque étape, avait contribué à faire grandir cet amour qu’elle lui portait. Ses premiers pas, ses premiers mots, ses premières frayeurs.

La vie les avait rapprochée, malgré elles. Elles avaient vécus ensemble, seules, bercées par l’absence d’un père occupé. Et puis, elles avaient ensuite laissé un autre homme rentrer dans leur vie, celui qui devint le nouveau mari de la Malemort, celui qui réussi à offrir un frère d’abord et finalement deux frères et une sœur à la jeune Emelyne.
La jeune fille avait vécu les déménagements, les déboires, et pourtant, Elisa avait tout fait pour tenter de la préserver de sa douleur. Elle avait toujours tout fait pour que sa fille soit toujours heureuse et qu’elle ne manque de rien. Elle avait taché de lui offrir une éducation stricte et pourtant nécessaire pour l’héritière qu’elle était, sans oublier tout l’amour qu’une mère peut offrir à son enfant.
Elisa avait essuyé les larmes, embrassé et soufflé sur le moindre des bobos que la jeune héritière s’était fait. Elle l’avait bercée contre sa poitrine tout en lui murmurant à l’oreille à chaque cauchemar pour la rassurer et lui jurer qu’elle serait toujours là pour veiller sur elle.

Oui, sans aucun doute, Elisa l’avait aimé, comme il est rare d’être aimé. De manière simple, pure, honnête et surtout sans limite. Mais aujourd’hui, les quatorze ans de son petit bébé approchaient à grand pas. Ce petit bébé qui n’en était plus un, car d’ici quelques jours, la jeune Emelyne serait désormais considérée comme une jolie jeune femme. Elle aurait libre choix de se marier, partir, vivre sa propre vie, seule responsable de son avenir. Malgré cela, Elisa n’était pas encore capable de la voir partir loin du nid qu’elle leur avait construit. Elle espérait, secrètement qu’Emelyne resterait encore près d’eux. Oh bien sur, elle n’irait pas contre l’envie de sa fille, si celle-ci souhaitait partir, elle-même après tout, était partie très tôt de Ségur où elle avait grandi. Les conditions étaient différentes, mais pour autant, la Duchesse accepterait les choix de sa fille. Celle-ci lui ayant maintes fois prouvé sa sagesse et son intelligence.

C’est donc durant une douce après-midi, à quelques jours du quatorzième anniversaire de sa fille, que la Courageuse alla frapper à la porte de sa chambre. Ses mains légèrement tremblantes, ce qu’elle arrivait à cacher parfaitement. Son sourire collé à ses lèvres, elle attendait que la porte s’ouvre. Sa main droite vient discrètement tapoter la poche cachée dans sa jupe, afin de vérifier que la petite boite est bien présente. Ce qui la rassura. Une profonde inspiration plus tard, les doigts fins viennent cogner contre la porte.


C’est Maman…





* Extrait paroles "Petite Marie" de Cabrel.
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Emelyne.alois
___ Son regard se perdait par la fenêtre. Elle contemplait, sans vraiment le voir, les alentours qui s'étendaient par-delà le verre, baignés dans une belle lumière de saison. Elle contemplait, sans vraiment le voir, cette vue encore si peu familière. Un paysage nouveau. De nouveau un nouveau paysage, à sa fenêtre.

Un toc toc à sa porte la sortit de sa rêverie, et la voix qui suivit lui donna le sourire.

_____ - J'arrive !

Emelyne piqua dans l'encrier la plume qu'elle tenait, et qui fort heureusement n'avait pas goûté sur son bureau, et abandonna un instant la liste qu'elle réalisait. Plus elle grandissait, et plus l'adolescente, bien qu'elle adorait ses frères et sa soeur, sentait le besoin d'avoir un peu de temps pour se retrouver un peu seule, et le temps qu'elle s'octroyait à cet effet était en début d'après-midi, après le déjeuner et jusqu'au goûter, à l'heure de leurs siestes. Ce jour-là, la petite brune faisait l'inventaire de ses affaires. Non pas qu'elle connaisse par choeur la totalité de ses frusques et de ses babioles -tous les connaître tiendrait du prodige tant elle en avait-, ni qu'elle y attachait une réelle importance à dire vrai, mais elle souhaitait s'assurer qu'au moins ses tenues préférées, ses manuscrits et ses ustensiles de broderie, d'aquarelle et d'écriture auxquelles elle tenait malgré tout, eussent bien été tous réuni et qu'aucun ne manquait à l'appel. D'expérience, elle savait que chaque déménagement avait son lot d'objet perdu ou remis à une place improbable -une bottine en fourrure au milieu des outils de jardin, ou une malle de ses culottes bouffantes se retrouvant par erreur chez Emery-, et elle voulait s'attaquer à la chasse aux objets manquants avant d'avoir des surprises ou avant d'avoir à se demander où ils sont passés en les cherchant partout.

___ Cela ne faisait qu'à peine un jour ou deux, qu'ils avaient posé leurs bagages dans leur nouvelle demeure familiale à Argentan, s'installant ainsi dans l'Alençonnais après beaucoup de tergiversations. Emelyne s'adaptait vite, à présent. Elle était habituée à changer de lieu de vie, ou à vivre dans divers endroits en transit, à parcourir les routes du Royaume. La jeune Malemort avait même commencé à voyager avant même de savoir marcher. Maman l'avait alors emmenée jusqu'en Lorraine, et ailleurs, quittant le Limousin où elle avait vu le jour. A dire vrai, Maman l'avait emmenée quasiment partout, tout au long de sa jeune vie, si bien qu'elle n'arrivait plus à mettre un nombre exact sur les lieux où elles avaient vécu.

D'aucun pourrait la plaindre, de ne jamais vraiment avoir l'occasion de s'attacher à un lieu, suffisamment pour se construire des amitiés solides avec le peu d'enfants qu'elle fréquentait, d'être déracinée ainsi à tout moment, dans des conditions plus ou moins faciles. Mais à dire vrai, Emelyne trouvait juste tout cela... Normal. Les choses étaient ainsi, sa vie était ainsi, et depuis tout bébé, elle avait regardé les paysages et les personnes changer autour d'elle, avec presque indifférence. Changer de lieu de vie était devenue une habitude qui ne l'émouvait plus depuis longtemps. Nulle tristesse de quitter un endroit, nulle excitation d'en découvrir un autre. C'était juste... normal. Et bien qu'elle arrivait toujours à trouver de la beauté partout où elle se trouvait, elle n'a jamais senti le besoin fondamentale de s'attacher à un lieu, à une maison.

Et puis, pourquoi se construire des repères de lieu, lorsqu'elle avait toujours eu le plus beau de tous les repères ?
Depuis petite, les lieux changeaient autour d'elle, mais les visages également. Les personnes n'ont jamais été les mêmes, autour d'elle, bien qu'elle aime chacune de ces personnes et qu'elle les aimera toujours. Mais il y en a une qui restait un point fixe dans son existence, comme un phare dans la nuit, toujours à portée de vue, rassurant, magnifique, salvateur.
Maman.
Maman avait toujours été là.
Elle était comme l'étoile polaire, elle était le point fixe autour duquel tournait les constellations de son ciel, de son univers. Si bien que tout pouvait toujours changer autour d'elle... Tant que Maman était là, ça irait. Elle ne se sentirait pas perdue.
Des frusques, des babioles, des choses de valeur, elle en avait. Mais son vrai, son seul trésor indispensable à son existence, était l'amour de Maman.
Et Maman lui avait toujours offert tant d'amour, malgré les épreuves, malgré tout ce qu'elle accomplissait, qu'il lui était impossible de ne pas l'aimer de tout son coeur en retour, de se sentir un seul instant seule ou sans foyer. C'était sans effort qu'elle supportait tout cela. Le poids de l'héritage de Maman, son éducation stricte, les déménagements successifs, les chagrins, le fait qu'elle devait toujours faire attention à ce qu'elle disait, à ce qu'elle faisait. Sans effort. Parce qu'Emelyne se sentait aimée. Sans contrainte, sans limite. Et en retour elle ne pouvait qu'aimer Maman, et ne souhaiter que son bonheur et de tout faire que Maman soit heureuse, et fière d'elle.

Petite, elle avait ressenti des bribes de ses souffrances passées, sans pouvoir y mettre des mots, sans pouvoir comprendre réellement ce qui se passait, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour que Maman aille mieux. C'est aussi pour cela qu'Emelyne cherchera toujours à être meilleure. Afin de simplement, un jour, être capable de trouver les mots, les gestes, pour que lorsque ça arrive, de faire sentir Maman mieux. De lui rendre le sourire.

___ Un petit regard dans le miroir de sa coiffeuse pour réajuster quelques-unes de ses mèches et sa tenue, un petit regard autour d'elle pour vérifier l'état de sa chambre qu'elle jugea potable malgré les malles ouvertes dans les coins, et les paquets recouvrant son lit, et Emelyne alla ouvrir la porte.

L'adolescente offrit un doux sourire à Maman avant de l'étreindre et de lui faire un bisou sur la joue.

_____ - Est-ce que tout va bien ?...

Emelyne invita sa Maman à entrer. Elle était intriguée, peu habituée à ce que Maman vienne la chercher durant l'après-midi.
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Elisa.malemort
    «L'amour d'une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin.»
        Agatha Christie



Une voix. Sa voix. Il y a parfois, des mélodies qui savent vous apaiser en un seul instant. Emelyne avait toujours eu cet effet sur elle, depuis sa naissance, que cela soit sa voix, le bruit de sa respiration, le toucher de sa main, tout cela, avait toujours réussi a apaiser les craintes de la Malemort. Elle savait que tant qu’Emelyne serait là, elle ferait tout pour se battre, qu’importe le prix et la souffrance, elle endurerait tout ce qu’il fallait pour qu’Emelyne et ses frères et sœurs soient heureux.
La porte s’ouvre, et les prunelles noires de la Malemort mère se posent sur sa fille. Ses lèvres rosées s’étirent dans un fin sourire. Elle se penche pour venir déposer un baiser sur le front délicat de son héritière tout en l’enlaçant. De toute évidence, elle ne pourrait jamais se passer de ce genre de démonstration avec sa fille. Pourtant, Elisa n’était pas du genre à s’exposer, à extérioriser ses sentiments. Elle avait apprit, que tout fait moins mal quand cela ne se sait pas, quand cela reste tout au fond de sa poitrine. Et pourtant, à chaque enfant qu’elle avait fait naître, sa poitrine s’était ouverte un peu plus, afin de dévoiler chaque fois plus l’amour qu’elle portait à chacun d’eux.

Elles se détachent, pour entrer finalement dans la nouvelle chambre de la jeune fille. La Malemort regardait à droite et à gauche. Observant la petite vie que sa fille commençait à se créer. Elle se mit à sourire.


Tout va très bien ma douce et toi ? J’espère que je ne te dérange pas…

Elle regarde de nouveau autour d’elle, et voit sur le petit bureau la plume dans son encrier. Visiblement elle avait coupé sa fille en pleine activité.

Tu as quelques instants à m’accorder ou tu veux que je revienne un peu plus tard ?

Elle ne voulait pas déranger. Mais elle ne voulait pas fuir non plus. Ce moment, elle l’avait imaginé des centaines de fois, elle l’avait déjà plus ou moins vécu avec Lizzie. Et pourtant, cette fois, cela semblait si différent. Emelyne était différente, comme chacun de ses frères et sœurs. Tous avaient su développer leurs propres personnalités. Lizzie était solitaire, Emelyne prévenante, Emery fonceur, Ehmée maladroite, Eyvin timide et Louis craquant. Chacun différent, chacun Malemort à sa manière. La Malemort n’avait aucune préférence, elle les aimait tous différemment. Alors, cette expérience serait à chaque fois différente. Mais aujourd’hui, elle serait unique. Terriblement unique, car Emelyne était le seul enfant de son mariage avec Bel. L’avant dernier souvenir de cette première noce si désirée et à la fois si douloureuse.

Les onyx se posent de nouveau sur Emelyne. Elle attendit sa réponse, afin de savoir si elle pourrait s’asseoir ou bien si elle devrait repartir, et recommencer un nouveau jour, dès qu’elle aurait retrouvé le courage. Car oui, il en fallait du courage, pour se détacher totalement de son dernier souvenir. Y arriverait-elle jusqu’au bout d’ailleurs ? Comme elle avait réussi à le faire avec Lizzie, bien que difficilement ? Il le fallait bien pourtant.
Bon sang, que ce qu’elle rêverait d’un verre là. Avec Kye, au moins, il y a toujours un verre à proximité durant les grandes discussions. Mais tant pis, elle s’en passerait. Elle n’avait pas besoin de ça, elle était la Courageuse. Et ça n’était autre que sa fille, là devant elle. Alors pourquoi elle angoissait autant ? Tourner une page de sa vie, ça n’est pas toujours facile. Mais revenir sur cette page, ça l’est encore moins.

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Emelyne.alois
___ - Non, non, reste. Tu ne me déranges absolument pas.

Emelyne était déjà à tasser quelques coussins sur la petite banquette de velours adossée près de la grande fenêtre. En vérité, elle avait déjà oublié ce qu'elle était entrain de faire, la venue de Maman éclipsant tout impératif. Et puis, elle était bien trop heureuse de la voir, et il était hors de question que la visite soit si brève. C'est que mine de rien, tout le monde adorait Maman, et chacun de ses frères et soeur -et elle-même- voulait sans cesse une part de son attention. En tant que la plus grande, elle s'effaçait souvent, autant que faire se peut, pour leur laisser le loisirs de profiter de sa présence lorsqu'ils étaient tous ensemble. Et puis, les derniers mois ont été un peu particuliers, amenuisant encore, pour diverses raisons, les moments où l'adolescente pouvait passer du temps seule à seule avec Maman.

Ce n'était pas totalement vrai. Il y avait quelques jours, la jeune Malemort avait bien profité de la présence maternelle auprès d'elle, et plus que de raison. Souffrant d'un mal, fiévreuse et affaiblie par une douleur sourde, prise de tournis et avec l'esprit embrouillé traversé quelques peu par des idées macabres, ce fut Maman qui avait veillé sur elle, nuit et jour. Elle l'avait choyée, lui avait accordé tout son temps, son affection, sa présence qui la rassurait tant et lui faisait tant de bien. Emelyne avait été dans une bulle de coton que Maman lui avait créé, comme elle savait si bien le faire à chaque fois que l'un d'eux était tombé malade. Et cela avait été si agréable, elle s'était sentie si proche de Maman, si apaisée malgré les désagréments de la maladie, tant et si bien que la petite brune était partagée entre son envie que cela ne s'arrête jamais, et son désir de vite guérir pour récompenser Maman et lui montrer sa gratitude.
Et depuis... Avec le déménagement et le reste, Emelyne était en pleine forme, mais elle ressentait un petit vide nostalgique d'avoir été trop dorlotée et de ne plus l'être. Maman ne la délaissait pas, loin de là, mais les occasions de se retrouver seule avec elle s'étaient de nouveau faits plus fugaces et plus rares. Maman leur accordait toujours du temps, notamment elle continuait traditionnellement à venir les border le soir. Mais ce n'était pas la même chose, et l'adolescente n'osait en réclamer plus, ni se l'accaparer à nouveau pour le bien de ses frères et soeur.

Chaque moment qu'elle pouvait partager seule à seule avec Maman n'en était que plus précieux à ses yeux, bien qu'ils étaient déjà chéris par Emelyne auparavant. La jeune fille transformait chacun de ces instants, chacune de ses occasions de passer un peu de temps entre mère et fille, en autant de souvenirs inestimables et impérissables au fond de sa mémoire et de son coeur, et les ressortait à l'occasion, pour le plaisir ou par nécessité, et les ressortirait avec délicatesse et tendresse tout au long de sa vie future.
La venue de Maman, cet après-midi, était un de ces moments. La petite brune ne comptait pas le laisser filer, pour rien au monde. Surtout si elle pouvait rendre un service à Maman. Et bien qu'elle ne se doutait pas encore d'à quel point ce moment serait important.

Lorsque la composition des coussins et leur moelleux furent à son goût, Emelyne virevolta sur elle-même, guillerette, et se laissa retomber lentement sur la banquette en souriant à Maman. Puis elle l'invita à la rejoindre, tendant une main vers elle, paume vers le ciel.

___ - Et oui, je vais bien aussi.
Dis-moi tout. Que puis-je faire pour toi, ma petite Maman ?

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Elisa.malemort
    « Le chef-d'oeuvre de Dieu, c'est le coeur d'une mère. »
        Gréty


Ma chérie…

La Malemort était venue s’installer sur la petite banquette, juste à coté de sa fille, doucement, ses doigts étaient venus rejoindre les siens. Elle l’observait, et ses lèvres s’étiraient dans un sourire qui se voulait heureux, apaisant. Elle avait beau regarder sa fille, tous les jours un peu plus… Et tous les jours, elle savait que malgré la vie qu’elle lui avait offerte, cette vie parfois un peu trop mouvementée pour une enfant, elle savait qu’elle réussirait. Elle n’était plus inquiète non, car malgré toutes les difficultés, elle réussirait à rebondir, elle en ressortirait toujours plus forte… Oui, elle savait que sa fille y arriverait. Alors, Elisa souriait. Elle était heureuse, à cet instant précis, heureuse et rassurée d’avoir su offrir une belle vie à sa fille.

Elle la regardait droit dans les yeux.


Ma chérie… Dans quelques jours, toute demoiselle que tu es et que tu resteras passé ce jour, tu vas devenir majeur. Cela ne changera pas vraiment ta vie, à dire vrai, car je pense t’avoir toujours laissé libre de parler, donner ton avis ou bien gérer tes activités comme tu le souhaites. Tu seras désormais en âge de te marier… Même si cela, j’espère que tu ne décideras pas de le faire immédiatement car ton père et moi n’y sommes pas encore prêts…

Possessive attitude, ses doigts, entrelacés aux siens, viennent alors se serrer un peu plus fortement contre les siens.

Enfin bref… Je ne venais pas parler de cela. Je suis venue à propos de ton anniversaire. Je souhaite t’offrir ton cadeau aujourd’hui. Celui-ci m’est très précieux, de part l’engagement qu’il a représenté et qu’il représente toujours dans mon cœur et dans ma vie. Il a marqué un bout de ma vie, qui a été heureux et qui m’a offert le plus beau des cadeaux. Il est le symbole de tous ces moments merveilleux que j’ai vécu avec ton père, de tout cet amour que nous nous sommes offerts l’un à l’autre. Ce n’est qu’un objet, mais c’est le premier qu’il m’a offert et que j’ai gardé jusqu’ici précieusement dans l’espoir un jour de pouvoir te l’offrir, alors, j’ai pensé que l’anniversaire de ta majorité était le bon moment…

Sa main libre vient alors se glisser dans la petite poche de sa robe, pour en sortir un petit écrin qu’elle avait noué avec un ruban de satin. Elle souriait, car oui, ce moment était heureux, et pourtant, ses yeux avaient déjà commencé à s’embrumer. Elisa lui offrirait le premier bijou que son premier époux lui avait offert… Ce premier bijou qui les avait alors fait se considérer comme « fiancés »… Alors oui, l’émotion était profonde pour la mère de pouvoir transmettre cette bague à leur fille.
Elle lui tendit l’écrin. Et tandis que la jeune fille ouvrait celui-ci, la Malemort lui racontait l’histoire de cette bague, un magnifique Saphir monté sur un anneau en or jaune…


Un jour, ton père est parti demander audience à ma Mère, je n’étais au courant de rien. Nous étions en Limousin, elle était alors de passage durant son règne dans les terres familiales. Bel a prit son courage à deux mains, et il est allé la voir afin de lui exposer tout l’amour qu’il me portait et finalement lui demander ma main… Bien entendu, ta grand-mère a accepté après une petite discussion avec lui. Plus tard, elle m’a confié qu’elle l’avait tout de suite apprécié, un instinct maternel disait-elle.
Alors… Il est venu me rejoindre, et un soir il m’a tendu cette bague et il m’a demandé ma main… Il m’a demandé de venir sa femme, pour le restant de ses jours… Pour l’unique fois de ma vie, je peux le dire aujourd’hui, j’ai accepté, immédiatement, sans détour, je voulais être sa femme, sans l’ombre d’une hésitation. Alors, il a glissé la bague autour de mon doigt…


Difficilement, elle avait retenu ses larmes à l’évocation de ces souvenirs : Celui de sa défunte royale mère d’abord, puis ces moments qu’elle avait vécu avec lui et cet arrière-goût d'inachevé lié à l'abandon quelques mois après leur mariage.
Ses doigts fins viennent caresser la joue de sa fille, tendrement.


Tu es le plus beau symbole de l’amour que nous nous sommes portés ton père et moi. Alors qui pourrait plus justement porter cette bague que toi ma douce… Personne. Strictement personne… J’aurais aimé recevoir un tel présent pour me rassurer sur l’amour que mes défunts parents se sont portés, je n’ai jamais eu ce plaisir… Je n’ai jamais eu le bonheur de pouvoir retrouver mon père qui est parti quand j’avais à peu près l’âge de Ehmée. Alors… J’espère que ce présent te plaira ma fille.


Bien entendu qu’Elisa était émue, qui ne le serait pas dans la même situation. Elle avait épousé un homme qu’elle avait aimé d’un amour infini. Elle n’avait jamais douté des sentiments qui l’animaient et qu’il lui avait fait découvrir. Et puis, elle s’était retrouvée seule, enceinte, peu de temps après leur mariage. Elle avait dû vivre sans lui, sans sentir sa main sur son ventre quand leur fille bougeait en elle. Sans ses paroles rassurantes quand elle sentait son ventre se déchirait. Sans ses caresses pour atténuer les douleurs de son dos, liés au poids de son ventre. Sans ses bras pour la soutenir quand elle était trop fatiguée. Où surtout, sans les sourires de l’homme qu’elle aimait qui allait devenir père. Jamais, Jamais elle ne pourrait retrouver ce qu’elle avait perdu. Jamais, elle ne pourrait, mais elle ne regrettait rien. Car grâce a cet amour fou, profond et immense, elle avait découvert la joie de devenir mère, la joie de voir un petit être vous sourire, la joie de voir dans le regard de son enfant que vous êtes tout pour lui. Le bonheur d’entendre son premier rire et tous les suivants. Assister à ses premiers mots, ses premiers pas, ses premières réflexions et désormais… sa majorité.
Alors, tout doucement, d’une voix faible, elle vient lui murmurer.


Je t’aime ma fille. Je t’aime bien plus que tout.
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Emelyne.alois
Emelyne se détendit quelque peu en voyant le sourire apaisant de Maman. Même si elle ne savait encore la teneur et l'importance de ce dont elle était venue lui parler, l'adolescente savait d'ors et déjà qu'il était nulle question de mauvaise nouvelle. Un sourire aimable étendit ses lèvres lorsque les doigts maternels vinrent rencontrer les siens. La petite brune se rendait parfois compte que ses doigts cherchaient toujours ceux de sa mère, parfois sans même qu'elle en soit consciente. Et ses doigts les trouvaient toujours. Elle ne savait pas quel magie, les doigts de Maman ne se refusaient jamais aux siens, et elle l'aimait aussi pour ça. La jeune Malemort se sentait toujours mieux lorsque leurs mains étaient jointes, elle se sentait en sécurité, elle se sentait plus forte. Elle se sentait faisant partie de quelque chose, d'un tout.

L'adolescente écouta Maman, sans l'interrompre. Elle n'ignorait pas qu'elle serait bientôt majeure. Elle ne savait pas trop quoi en penser, à dire vrai. Elle se disait que la majorité lui ouvrirait quelques portes afin qu'elle puisse enfin faire ses preuves et leur donner des raisons concrètes d'être fiers d'elle. D'un autre côté, elle espérait sincèrement que cela ne l'éloignerait jamais des siens, de sa mère avec qui elle a toujours, toujours été. Emelyne caressait lentement les doigts de Maman qui serraient plus forts les siens. Affectueusement.
Elle acquiesça simplement, lorsque Maman dit lui avoir toujours laissé libre de ses activités et toujours écouté et pris en compte son avis. La petite brune avait toujours tenu, malgré tout, à ne pas en abuser, et à toujours demander l'avis ou la permission de Maman au préalable, car il était important pour elle, d'avoir son aval, et d'au moins la mettre au courant.
L'adolescente eut un petit sourire gêné lorsque Maman parla ensuite de mariage... Tout en espérant que ses joues ne la trahissaient pas en prenant des couleurs rosées, et prenant garde à ne pas couper la parole d'une adulte, elle se retint de lui rappeler, pour la rassurer, que pour l'heure, les prétendants boudaient sa porte. Et ce n'était pas plus mal, à ses yeux.

Le regard d'Emelyne changea lorsqu'enfin elle découvrit la raison pour laquelle Maman était venue la trouver. Elle retint son souffle, tout d'abord, en tentant d'être certaine de comprendre là où venait en venir Maman en introduisant le présent qu'elle souhaitait lui offrir, ce présent qui semblait si beau, si précieux et si unique. L'adolescente, hésitante, recueillit l'écrin au creux de sa paume. Avec délicatesse, comme s'il s'agissait de l'objet le plus petit et le plus fragile du monde. Avec le plus de respect possible, elle le couva du regard, fébrile à l'idée de le découvrir, de briser sa coquille de velours, avec la peur de l'abîmer, la crainte de ne pas être digne de ce qui se trouvait à l'intérieur. Avec douceur, avec lenteur, elle effleura la petite boîte, du bout des doigts, faisant à peine frémir le ruban de satin, avant de saisir celui-ci et de le défaire, avant d'arrêter sa chute en l'enroulant de ses doigts.

Emelyne écoutait sans rien dire le récit de Maman, le coeur étreint et palpitant d'émotions de toute sorte, de joie, de tendresse, de nostalgie. Ses yeux couleur noisette se brouillaient d'eau, en suivant la courbe d'or de l'anneau, en admirant la pierre de saphir qui prenait vie à la lumière sous laquelle elle l'exposait à la fenêtre.
Elle écoutait encore, silencieuse, ce récit qui lui était familier, mais qu'elle percevait sous un autre jour. Avec une bouffée de tendresse, elle imaginait Papa, faire face à feue sa Grand-Mère dont elle portait les prénoms. Elle ne l'avait pas connue, mais dans ce récit, elle l'imaginait immense, impressionnante, et Papa tout petite face à elle, tout petit malgré sa bonne carrure, prendre tout son courage face à elle, par amour.
Ce Papa, qui les avait rejointes depuis quelques jours, profitant d'une pause au Conseil de l'Orléanais, et qu'elle découvrait enfin, après en avoir tant rêvé. Qu'elle découvrait et qu'elle aimait, qui était encore mieux qu'elle ne pouvait l'espérer. Tendre, doux, patient, rassurant, fort. Et tellement généreux. Parfois, elle culpabilisait un peu d'avoir tant de chances, d'avoir des parents aussi parfaits, aussi fantastiques.

Ses noisettes étaient revenus dans les onyx de Maman, tandis qu'elle finissait son récit, tandis qu'Emelyne était déjà profondément émue, touchée, et qu'elle imaginait à présent, ce soir-là, la joie qu'avait ressenti Maman, la joie qu'avait ressenti Papa. Leur bonheur à tous deux. Bien qu'elle connaissait la suite.
L'adolescente écoutait encore les raisons pour laquelle Maman tenait à lui offrir ce bijou, ce bijou plus précieux et important que tant d'autres. Les raisons pour lesquelles c'était important pour elle. Les raisons pour lesquelles, c'était important pour elles.

Emelyne écoutait enfin. Transie d'une mosaïque de sentiments. L'écrin était refermée, protégée contre sa poitrine. Elle écoutait, car elle était incapable de parler.
Et...

___ - Je t’aime ma fille. Je t’aime bien plus que tout.

... Et lorsqu'enfin, elle entendit ces mots, les larmes qui s'étaient accumulées, depuis quelques instants, au bord de ses cils, ces larmes furent libérées et roulèrent rapidement sur ses joues. Dans un élan de plein de choses, elle se jeta contre Maman, nouant ses petits bras autour de son cou, la serrant fort, fort, fort. Son coeur cognait dans sa poitrine, comme s'il voulait rejoindre celui de Maman.
Elle happa l'air, par à-coup, en vain. Elle happa l'air à chaque fois qu'elle voulait dire quelque chose. Mais les mots ne lui venaient pas. Aucun mot suffisamment fort pour exprimer ce qu'elle ressentait ne se présentait. Plus que la beauté de la bague, plus que sa provenance, plus que ce qu'elle représentait, plus que tout cela, Emelyne reçut un cadeau encore plus merveilleux. Elle venait de se rendre compte de tout ce que Maman avait accompli pour elle. De tous les efforts que Maman avait fait, sans que personne ne s'en aperçoive forcément, pour qu'elle puisse avoir tout ce qui lui avait manqué. L'amour d'un père à qui elle n'a jamais fermé la porte, et dont elle a fait en sorte que sa fille continue à l'aimer, malgré son absence. Les souvenirs, les moments que Maman de rechignait jamais à partager avec elle. Sa présence, son amour permanent, équitablement partagé avec ses frères et soeurs, ses nuits à les border tous, à les consoler, à rire avec eux. Emelyne ressentit plus fort qu'à un tout autre moment jusque là tout ce que Maman faisait pour elle, et à quel point elle avait de la chance, et à quel point elle voudrait tout faire pour lui rendre ne serait-ce qu'un peu de tout ce qu'elle lui apportait.

Elle resta ainsi, longtemps, contre Maman.
L'écrin fermement dans sa main, le ruban de satin toujours autour de ses doigts.
Lorsque l'émotion desserra enfin l'étau de sa voix, lorsqu'elle s'en sentit la force, elle lui souffla faiblement, quelques mots couverts d'amour et de larmes.

___ - Maman... Ma Maman... Merci... Merci...
Je t'aime... Je t'aime, je t'aime, je t'aime...

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