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[RP] Breathe

Kye
Ça avait commencé par une simple toux. Une fois de temps en temps et ça ne durait jamais. Au début, il mettait ça sur le compte d'une atmosphère poussiéreuse ou d'avoir avalé de travers. Puis les toux étaient devenues de plus en plus fréquentes, alors pour éviter qu'on ne s'inquiète pour lui, il disait que ça allait, qu'il n'était pas malade et que tout allait bien, que ça finirait par passer. Kÿe dans tout sa splendeur en somme.
Ça avait commencé par une simple toux. Progressivement la toux évolua et il finit par faire usage de la médecine. Evidemment, c'était contre la volonté du Noircastel. Pour lui, tout allait bien et il s'efforçait de le dire, mais pour qu'on le laisse tranquille il avait fini par accepter de se soigner.
Ça avait commencé par une simple toux. Rapidement, il avait cessé de dire que ça allait quant on lui demandait comment il se sentait. Eludant à chaque fois la réponse, changeant de sujet ou tout simplement en faisant mine de ne pas entendre. Les différentes médecines n'avaient rien changé à sa toux qui s'était aggravée à mesure que les semaines progressaient. Des charlatans comme il aimait bien se moquer.

Et nous voilà à aujourd'hui. Petit matin d'avril où même un sourd pourrait se rendre compte que quelque chose ne va pas avec l'appareil respirateur du vieux loup. Il respire bruyamment, il tousse régulièrement à en cracher ses poumons et il s’essouffle très vite. Les seuls moments où il trouve un peu de répit, c'est quand il est allongé et encore...ça, c'était au début.
Pour la première fois depuis des semaines, Kÿe a quitté l'étage de la maison où la famille séjourne depuis leur arrivé en Savoie. Il est assis dans le jardin et il regarde au loin. Entre deux longues respirations il lâche à demi-mot:


- Je sais que tu m'observes...Vieille pie.

Cette phrase, elle est à l'attention d'Eli qui l'observe ou plutôt le surveille depuis l'encadrement de la porte. Elle fait un pas pour atterrir dehors à son tour et vient s'installer à côté de lui, sur le banc de pierre juste devant un parterre de coquelicot sur le point de fleurir. La vieille dame ne dit rien et ne répond pas à la pique du Noircastel. Lui non plus d'ailleurs ne surenchéris pas, pour une fois. Ces quelques mots l'ont essoufflé encore plus que d'habitude et il cherche à retrouver une respiration.

Après quelques longues minutes, le vieux reprend.


- Je me demande... si j'aurai le temps de les voir fleurir...

Les coquelicots qui sont plantés devant eux sont les premières fleurs à faire apparaître leur pétales en cette période de l'année. Enfin, c'est ce qu'on lui a dit. L'éclosion est imminente et devrait arriver d'une journée à l'autre. Eli lui répond sagement :

Je ne te pensais pas herboriste.

Une manière détournée de lui dire qu'elle ne s'attendait pas à le voir ici. Il faut dire que depuis quelques temps maintenant le moindre déplacement du Noircastel est compliqué. Après les toux, il s'était retrouvé à avoir des problèmes de souffle. Au début, il disait que c'était parce que les enfants l'avaient plus fatigué que d'habitude. Et puis avec le temps, il s'est mis à être essoufflé par des escaliers et aujourd'hui c'est tout juste s'il peut tenir dans ses bras la petite Margaux, la dernière. Alors le voir dehors, ça tenait presque du miracle, lui qui maintenant se déplaçait difficilement avec une canne.
La remarque d'Eli ne manqua pas de faire rire Kye. Un début de rire franc qui se transforma presque aussi vite en une quinte de toux. Elle était si forte qu'elle l'obligea à se recroqueviller sur lui-même, si forte qu'à la fin il continuait de tousser alors que plus rien ne pouvait être expirer. La gouvernante détourna le regard et aurait aimé pouvoir fermer ses oreilles pour ne pas entendre tout ce bruit, mais elle du tout subir.

Il s'essuya quelques larmes qui étaient apparues suite à la tousserie et reprit son souffle autant que faire se peut. Il soupira enfin :


- Je suis désolé...

Il aurait aimé lui dire plus, mais il ne s'en sentait pas capable. Il aurait aimé lui dire, qu'il aurait préféré lui offrir une meilleure vie que celle qu'elle avait vécu jusqu'à maintenant. Il aurait aimé qu'elle vive sa vie dans son coin, qu'elle ait des enfants, une famille, qu'elle ne vive pas par procuration à travers lui. Mais surtout, surtout, il voulait lui dire qu'il était désolé parce qu'elle l'avait toujours vu comme son propre fils et selon lui, un parent ne devrait pas avoir à enterrer son enfant. D'une certaine manière, il acceptait de la voir maintenant comme sa mère, car au final c'était elle qui avait surtout pris soin de lui pendant tout ce temps.
Elle aurait pu lui répondre, mais sa gorge, serrée comme elle ne l'avait jamais été, l'en empêcha. Tout juste pu-t-elle murmurer :


- Rentrons, tu vas attraper froid.

Comme si ça pouvait changer quelque chose maintenant. Il montra la petite couverture qu'il avait pris avec lui sur les épaules et rétorqua faiblement.

- Encore un instant...

Une petite dizaine de minutes plus tard, les deux rentrèrent à l'intérieur, non sans difficulté pour Kÿe.
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Elisa.malemort
La vie en Savoie était légère. La famille, modèle réduit, vivait là depuis plusieurs semaines maintenant. Le besoin de voir ailleurs, profiter de l’entourage présent, des amis qui venaient apporter un peu plus de bonheur à cette famille. Se créer de nouveaux souvenirs, dans un nouveau lieu avec de nouvelles personnes. N’était-ce pas ça finalement la définition de la vie d’Elisa ? Toujours ailleurs, vivre différemment pour découvrir toujours plus ? Ses enfants en avaient sûrement soufferts, elle en était consciente bien évidemment. Et pourtant, elle était faite ainsi, depuis son plus jeune âge elle n’avait jamais su tenir en place, ce besoin de voyager, apprendre, connaître ou redécouvrir aussi, un besoin insatiable.

    Lizzie, retranchée désormais chez les moines avec ses enfants. Elisa prenait des nouvelles grâce aux sœurs qui acceptaient de lui en donner.
    Cette fille, adoptive de son second mariage, qu’elle connaissait depuis sa plus jeune enfance, elle l’avait vu grandir, évoluer, devenir une femme puis une mère parfois rapproché parfois plus éloigné par la vie.
    Mais toujours présente dans son cœur et à jamais, par l’amour qu’elle lui portait et la promesse qu’elle avait faite à son père.

    Emelyne, la plus indépendante de toute.
    Elle avait résisté autant que possible mais elle a fini par prendre son propre envol, entouré de ses proches, ses amis, et cette famille qu’elle avait commencé à se construire avec Keena.
    Elle était fière d’elle de toute évidence.
    Emy était devenue une femme accomplie, respectable et intelligente.

    Emery, jeune homme devenant adulte et pourtant, toujours présent avec eux.
    Il appréciait les voyages, il appréciait être entouré des siens, peut-être même au détriment de sa propre vie qu’il oubliait de vivre de ses propres ailes.
    La Malemort n’allait pas s’en plaindre.
    Quelle mère pourrait se plaindre de la présence de son fils à ses côtés ?

    Eyvin, qui a pris la décision de vivre sa propre vie avec des décisions et des agissements prit à la hâte, sans réflexion ni discussion.
    Mais comment lui reprocher ?
    Il avait pris tout le côté Baccard.
    Ce tempérament, cette attitude, cette manière de réfléchir et d’agir.
    Une réincarnation pure et dure de son père, de Rotule.

    Louis, petit homme de 9 ans.
    Premier enfant du mariage d’Elisa & Kye.
    Le visage d’un Malemort avec la silhouette de son père.
    Les traits fins, il marchait aussi droit et lentement que son père pouvait le faire dans sa plus grande jeunesse.
    Bientôt, lui aussi viendrait caresser son index autour de son verre de vin en discutant avec sa mère.
    Un Noircastel.

    Margaux, petit bijou, dernière-née de la famille âgée de seulement quelques années.
    4 ans.
    Seulement et pourtant déjà 4 ans qu’elle a décidé de rejoindre et mettre un point final à la fratrie.
    Une jeune damoiselle douce et espiègle sachant parfaitement faire fondre son paternel.
    Le regard charmeur de sa mère avec les yeux bleu de son père.


Comment ne pouvait-elle pas être heureuse, ainsi la Duchesse ? Des enfants, un époux, des amis. Que lui fallait-il de plus pour être heureuse ? Rien, strictement rien. Kye l’avait sauvé. Avons-nous vraiment besoin d’y revenir ? Rappeler comment tout cela avait commencé ? Ils en avaient connu des hauts et des bas dans leur couple. La violence des mots, la violence des gestes, la perte d’enfants, la perte de leur couple, les retrouvailles, les regards complices, les nuits d’amour, les jours d’amour, les matins d’amour et les après-midi d’amour, leurs fiançailles, les lettres nouées de bleu, leur mariage, leur voyage… Elisa en oubliait sûrement déjà des tonnes. Chaque nouvelle journée créait un nouveau souvenir.

Mais la vie avait beau être douce, en Savoie. Elisa n’en pouvait plus de ce bruit de fond qu’elle entendait à longueur de journée et de nuit. Ce bruit qui lui arrêtait le cœur dès qu’il devenait un peu trop insistant, l’empêchant à son tour de respirer. Cette toux que son époux se traînait depuis plusieurs semaines. Cette fatigue aussi. La Duchesse et Eli avaient tout fait pour tenter de convaincre Kye que cela n’était pas à prendre à la légère, mais il avait la tête dure. Heureusement pour lui, les deux femmes étaient tenaces, elles finirent par avoir le dernier mot. Même si cela n’eut pas l’effet escompté sur le traitement annoncé par les médecins. La toux était toujours là, et Kye avait de plus en plus de mal à se déplacer et à parler. Il tentait de donner le change, mais la Malemort n’était pas dupe. La nuit tombée, elle le regardait dormir, s’allongeant tout contre lui, elle voyait sa poitrine se soulever de plus en plus difficilement. Comme si le poids de sa cage thoracique devenait de plus en plus insurmontable.

Alors une nuit, elle s’était levée tandis que Kye dormait profondément. Elle avait rallumé une bougie pour s’installer sur le petit secrétaire à un bout de la chambre. Sortant sa plume et de l’encre, elle s’était alors mise à écrire, sans un bruit, un dernier appel au secours… pour le seul médecin en qui elle avait une confiance absolue.


    Citation:
    Ma toute Douce,
    Ma fille,


    Si je prends la plume, cette nuit, de manière assez subite, ce n’est malheureusement pas pour prendre le temps et pour te faire de jolie phrase. Alors, pardonne-moi d’avance la forme de cette lettre.

    Je suis inquiète. Le mot est faible. Je suis apeurée même. Kye va mal. Kye va même très mal. Il tousse, il tousse depuis des jours, des semaines, des mois même. Au début, cela était assez espacé, des quintes sans réelles conséquences, tellement espacées qu’on pouvait oublier quand avait eu lieu la précédente. Puis cela a commencé à se rapprocher, comme un vilain rhume qui devenait tenace. Tu le connais, il a refusé de consulter prétextant que cela n’était rien. Mais plus la toux a persisté, plus nous avons réussi à le convaincre de voir un médecin. Mais malgré les inhalations qui lui ont été demandé, sa toux ne s’arrange pas. Elle s’aggrave Emy, et encore une fois, le mot est faible.

    Il respire de plus en plus mal. Il en vient à avoir du mal à parler, à se mouvoir et même à respirer. Il essaye de me rassurer, il me dit que ce n’est rien, que sa toux partira avec les nouveaux jours qui arrivent. Mais je n’y crois pas… Son état est de pire en pire Emy. J’ai peur, j’ai si peur.
    Je sais que tu es loin, je sais que cela n’est pas évident de pouvoir aider un malade à distance, mais je t’en prie ma fille, aide le. Dis-moi que puis-je faire pour l’aider à guérir ? Pour qu’il ne souffre plus et qu’il retrouve toute la force qu’il avait jusque-là.

    Je n’ai confiance qu’en toi, pour le soigner.
    Je t’aime.


    Maman.



La lettre si tôt écrite fut scellée et envoyée. Un cavalier avait pris la route de l’Alençon immédiatement. Il n’y avait plus de temps à perdre. La Malemort, elle, était repartie se coucher tout contre son époux, sa main posée sur sa poitrine. Elle avait peu dormi, évidemment, comme toutes les dernières nuits. Lui apportant de l’eau, redressant ses coussins, replaçant la couverture sur lui. Et finalement, le jour avait fini par se lever. Kye s’était levée avec lui. Elisa, elle était restée dans la chambre le temps de se préparer. Prendre un bain, se coiffer, s’habiller et tenter de cacher par quelques poudres la fatigue de la nuit sur son visage. Une fois prête, elle avait rejoint le salon où le petit déjeuner était prêt pour toute la famille. De l’eau infusée déjà à sa place, elle s’était assise, le regard dans le vide, profitant du calme, les enfants dormant encore.
Sa tisane encore bouillante, Kye fit son entrée avec Eli dans la pièce. La Malemort se leva alors rapidement pour venir à ses côtés, récupérant son bras libre pour l’aider à avancer.


Où étais-tu mon loup ? Tu es gelé, tu ne devrais pas aller dehors si tôt, il fait encore froid la nuit. Veux-tu manger quelque chose ? Ou une tisane pour te réchauffer ?

La Duchesse avait déjà fait signe à sa suivante de préparer une tisane pour son époux. De toute évidence, la nuit n’avait pas effacé l’inquiétude de la Malemort pour son époux. Loin de là. Et sa vision de lui de bon matin, n’avait certainement pas aidé. L’épouse se serra contre sa moitié, son corps avait beau être gelé, elle avait besoin de sentir la présence de son corps contre le sien. Elle avait besoin de l’avoir juste à côté d’elle.
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Emelyne.alois
Emelyne passa quelques doigts sur un oeil, un billet dans la main.
Les oiseaux avaient entamé leurs chants bien avant qu'une aube ne se déploie depuis la ligne d'horizon à l'est, et repousse le rideau de nuit pour découvrir un ciel pâle. Les arbres se faisaient duveteux, des couleurs apparaissaient dans le paysage. Et un maréchal venait de lui annoncer par écrit, alors qu'il s'était engagé à faire une semaine de garde, qu'il lâchait son poste pour un autre.

Les soucis s'accumulaient depuis le début de ce mandat ducal alençonnais.
Il y avait bien trop à dire, mais elle s'était retrouvée Prévôt pour avoir critiqué le travail sécuritaire fait précédemment, et à raison. Des rapports sans traitement, avec des erreurs flagrantes, qui étaient déposées lorsque les défenseurs dormaient déjà au coeur de la nuit, si ce n'était le lendemain, des consignes absurdes, une alerte et une mobilisation qui se résumaient à envoyer huit personnes dans une ville voisine de la capitale sans informer personne d'autres ; et tant de choses qui n'allaient pas. On lui imposa le rôle de Prévôt, attendue au tournant à la moindre erreur, pour pouvoir être descendue ou mise en procès pour tout et n'importe quoi, tout comme chacun de ces colistiers élus au Conseil. Deux tentatives de prises de mairies contrées, une fermeture des frontières contre son avis, une Chambellan qui chouinait pour un rien, une coopération judiciaire avec le Maine qu'elle a forcé pour qu'il soit établi pour des faits de brigandages entre les deux capitales, une mise sous tutelle du Duché, le mandat prenait fin dans deux semaines... Elle avait survécu jusque là.
Et le travail n'était même pas ce qui la préoccupait le plus. Elle fut obligée de mettre aux fers une personne qu'elle aimait profondément et sur laquelle on s'était acharné injustement.

Saint-Martin lorgna par la fenêtre de la caserne, pour surveiller si trop de gens attendaient devant la roulotte blanche où elles recevaient les patients, ou voir un signe de Souci, son apprentie, lui réclamant de l'aide. Elle réfléchissait à comment réorganiser le planning et ses effectifs pour compenser ce nouvel impondérable, lorsque des pas hâtifs se firent entendre.
Un coursier, affublé d'un costume dont elle n'était familière, vint la trouver au plus vite et lui adressa pli.

Au sceau, Emelyne s'empressa de décacheter en priant le cavalier de se reposer et en faisant apport de quoi le restaurer, prenant connaissance au plus vite du nouveau pli de Maman.
Si la première lettre depuis long lui avait réchauffé le coeur, celle-cila fit s'asseoir et relire plusieurs fois, sourcils froncés, le coeur se tordant.

Kÿe... Malade ?
...Depuis des... des mois ?
Maman qui a peur...
Kÿe... ce socle immuable, le père qu'elle a eu le plus longuement, celui à qui elle devait tant, qui lui semblait avoir toujours été là, malgré les départs, les tumultes, les séparations, les retrouvailles. Sa main tremblante pressa une paupière fermée un instant. Elle s'en voulut, de ne pas l'avoir su plus tôt, de ne pas avoir demandé plus tôt, de ne pas être plus proche d'eux. Elle pensa à l'inquiétude que devaient aussi ressentir Elie, et puis surtout ses petits frères et sa petite soeur restante.

Emelyne souffla et se reprit. Ce n'était pas le moment. Le temps pressait, la route retour pour le cavalier était longue. La jeune Malemort se fit déterminée. Elle sortit quelques pots de sa mallette de soin à la fibule en tête de cerf, qu'elle gardait toujours à portée de main, et prit de quoi répondre.


Citation:
Ma Maman,
Le bonjour.

    Ils ne lui ont donné que des inhalations ?...
    Est-ce une toux sèche ? J'imagine que oui, pour qu'elle dure aussi longtemps. Il est difficile de dire ce dont il souffre avec juste cela, ce peut-être beaucoup de choses.
    Mais tentons déjà d'apaiser.

    Tout d'abord, l'eau.
    Combattons la sécheresse avec l'eau. J'ignore le climat savoyard. Mais le feu assèche tout, et il faut humidifier l'air autour de Kÿe, dans la pièce où il se repose. Faites bouillir de l'eau au-dessus de sa cheminée, laissez la vapeur s'étendre dans la pièce, ventilez souvent, mouiller le pas devant l'âtre. Des bains chauds, autant que possible. Un air trop sec va abîmer sa respiration plus encore et développer son mal.

    Le traitement intérieur.
    Du miel de lavande. Je te fais parvenir un pot, mais tu pourras en faire venir de Provence. Même s'il est cher. En cas de quinte de toux, le miel de lavande va apaiser immédiatement, avec une cuillère, pure. Le miel est cicatrisant, antiseptique, tonifiant, il aidera à renforcer le corps et à guérir la gorge. Pas d'abus, cependant, pas plus de cinq cuillère pas jour. On peut diluer dans de l'eau ou de la tisane également.

    Le traitement extérieur.
    L'huile de camphre. Je te joins un bon flacon, mais tu en trouveras facilement chez tout bon apothicaire. A appliquer en massage sur les épaules, le torse, le dos, le cou. Il va aider à respirer, à décongestionner, il va soulager les douleurs également, fluidifier les sécrétions pour expectorer si besoin, il va renforcer le corps, lutter contre la fatigue aussi.

    Des petites détails qui peuvent compter.
    Il faut, même couché, toujours surélever Kÿe, pour moins peser sur ses poumons. Toujours mouiller le pain dans une soupe ou un bouillon, il ne doit rien manger qui ne soit sec ou frit. Du soleil aussi, si possible. Et surtout, tu dois prendre soin de toi aussi, ma Maman. Si tu t'affaiblis, tu ne pourras prendre soin de quiconque. Promets.

    A-t-il une douleur aux poumons, dans le torse, lorsqu'il tousse ? Où est-ce seulement dans la gorge ? A-t-il de la fièvre ou semble-t-il plus froid ? De quelle couleurs sont ses doigts, ses ongles ? Sa peau ?

    J'aimerais tant être auprès de vous... Je vais voir si je peux m'organiser pour venir, avec Keena, si vous me le permettez.
    Je pense fort à vous. Embrasse tout le monde de ma part. Dis à Kÿe qu'il doit encore m'apprendre à bretter.

    Avec toute mon affection et mon courage.
    Je vous aime. Je t'aime, Maman. Je suis là.

Ta fille,
Emelyne.


Le matin s'avançait, le matériel à apporter était prêt. La jeune Malemort prit son mal en patience pour ne pas réveiller le coursier qui se reposait, et en fit appeler un autre pour qu'il parte dans l'heure.

Kÿe, ce n'était pas possible... Tout sembla soudainement dérisoire en connaissant son état. Elle réfléchissait, envisageait quel mal pouvait le toucher et ce qui pouvait être fait pour le sauver. Elle espérait fort que ce ne soit le moindre, que ce ne soit rien.
Mais au fond d'elle... Elle priait déjà très fort que sa lettre, et elle-même, arrivent à temps. Compte tenue du contenue de la lettre de Maman, de son inquiétude, elle qui le connaissait mieux que personne avec Elie, de la durée de sa souffrance, de son âge...
Au fond d'elle, Emelyne savait. Et elle serrait les poings, fort, à s'en faire mal. D'impuissance.

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Kye
Et les jours continuaient de passer. Tout comme Kÿe, la neige se mettait à fondre sur certains sommets, à chaque nouveau jour ils étaient méconnaissables. Tout comme les falaises des montagnes du paysage qui les entourait, les côtes du Noircastel devenaient de plus en plus visibles : l'épais manteau qui avait mis plusieurs années à se faire, fondait comme neige au soleil. Cela aurait pu être pour le plus grand bonheur d'Elisa, si Kÿe avait été dans un meilleur état.
Presque chaque matin, il se retrouvait sur le pavillon. Lui, qui avait pour habitude de parfois partir très tôt pour revenir juste un peu avant le petit déjeuner, les bras chargés de petites douceurs. Essoufflé, il se retrouvait désormais incapable de faire un pas de plus, alors il attendait là qu'on vienne le chercher, se donnant comme excuse qu'il s'inquiétait de l'état des coquelicots.

L'état du vieux loup continuait de se dégrader à chaque crépuscule. Il eut rapidement des maux de tête qu'aucune des recettes de la grand-mère Eli faisait passer. Non la seule chose qui pouvait calmer la douleur c'était le calme pendant quelques instants. Enfin, c'était l'impression qu'il avait, car la douleur l'obligeait à fermer les yeux en prenant sa main comme appuie et en fermant les yeux il s’assoupissait.
Parfois ça lui arrivait de se réveiller paisiblement après ses petites siestes et d'autres fois, c'était la toux qui le réveillait. Une toux sèche pendant laquelle il s'efforçait de garder la bouche fermée. Pourquoi ? il savait très bien ce qui pouvait en sortir s'il ne le faisait pas : le goût de fer qui s'en suivait à chaque à fois ne trahissait pas. Kÿe se jetait à sur le liquide qu'on lui donnait, ça apaisait un peu la toux, mais surtout ça faisait disparaître ce goût. Ce goût de mort.


Puis il y eut ce soir, à table. C'était un soir comme les autres maintenant pour Kÿe, lui qui touchait à peine à son assiette désormais. Non pas par manque d'appétit ou parce que ce qui s'y trouvait n'était pas appétissant, mais tout simplement à cause des difficultés qu'il éprouvait pour avaler. Alors forcément, il ne se pressait pas pour manger. Ce soir-là, il y eu la question. Cette question que tous les enfants de cet âge pouvait se poser :

- Papa, est-ce que tu vas mourir ?

Avait demandé Louis pendant le silence du repas. Les couverts avaient cessés de faire du bruit et le père avait levé les yeux vers son fils, croisant son regard bleu. Etait-ce donc cela que pouvait ressentir Elisa lorsque lui-même la fixait de la même manière après une question ? Il jeta un regard vers sa fille, un bout de pain humide dans la main, l'autre dans le bouche, elle n'avait pas l'air d'être plus inquiète. Se rendait-elle compte de la situation ? Quant à la mère, elle semblait déjà avoir les yeux remplient de brume. Sans laisser le temps de répondre, l'enfant continua :

- Mais si tu meurs, je serai tout seul, sans papa.

Il y a des douleurs qui sont bien différentes. Il y a des douleurs comme celles que le Noircastel ressent tous les jours depuis quelques temps. Ce sont des douleurs osseuses dans tout son être ou encore les douleurs à chaque inspiration. Et puis, il y a les douleurs du cœur, celles qui viennent lorsque votre enfant prend conscience de votre condition de mortel.
Le père prit une grande inspiration et se racla la gorge avant de répondre.



- Oui mon fils, je vais mourir. Mais rassures-toi, tu ne seras pas tout seul. Il y aura toujours Maman... Eli...tes soeurs...tes frères. Bref, tu seras toujours entourés de gens qui t'aiment. Et puis, ce n'est pas parce que je ne serai plus là que mon amour pour toi va disparaître. Ça, ça restera toujours...C'est comme avec Emelyne, elle est pas là, mais tu sais qu'elle t'aime.


Bon le parallèle était pas parfait, car la petite Emelyne était toujours vivante et donc le petit Louis finirait par revoir ça soeur, mais il n'allait pas relever ce détail, non ? Non. Pour continuer, il regarda son épouse.

- Tu auras toujours toujours des souvenirs de moi. Au début, ils t'apparaîtront sans aucun doute douloureux, mais avec le temps ils t'aideront à te réchauffer et à te faire du bien. J'en suis sûr...

Il eut un débout de toux, qui pour une fois n'alla pas plus loin.

- Mais bon, pour l'instant je suis encore là, alors profitons !

Tout en prenant une bonne gorgée du liquide qui se trouvait devant lui pour faire passer la gorge qui se serrait sous l'émotion, faisant signe par la même occasion aux autres de reprendre le repas.
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Elisa.malemort
Existe-t-il pire moment que celui où votre enfant réalise ce qu’il est en train de se passer. Quand il réalise que son père est en train de mourir sous ses yeux, alors qu’il n’a que 9 ans.
La soirée était pourtant agréable, jusque-là. Ils étaient tous entrain de dîner, les enfants étaient assez calmes, pour une fois, aucun d’eux n’avaient commenté leur assiette, ils mangeaient sans mécontentement. Fait assez rare pour pouvoir le relever. Kye quant à lui triait son assiette sans rien avaler, comme à chaque repas depuis plusieurs jours. Elisa, ne disait rien, elle l’observait discrètement, de plus en plus inquiète et totalement impuissante à la situation.
Louis fini par prendre la parole, et là, le sang de la Malemort se glaça. Rien que d’entendre les mots « papa » et « mourir » dans la même phrase prononcée par son fils, son si petit bébé, cela fut terrible pour la mère qu’elle était. La soupe avait un goût amer. Mais le mal n’était pas fini, avec ses mots, avec ses sentiments, Louis venait de se livrer. Il voulait être rassuré, mais comment le rassurer alors que les mots qu’il emploi son vrai, alors que oui, son père est en train de mourir à petit feu sous leur yeux !
Elle laissa Kye répondre, et évidemment chaque mot qu’il prononçait lui aussi lui déchirait un peu plus le cœur. Elle se souvint alors tous les mots qu’ils avaient pu lui dire, des mots d’amour, si doux, si tendre, si précieux durant toutes ces années. Mais aussi des mots durs, des mots qu’on ne pense pas, la plus part du temps, qu’on ne dit que par colère ou pure méchanceté. Qu’on dit parfois sans réfléchir, par instinct de survie, ou par habitude. Tous ces premiers mots qu’ils avaient échangés, ces mots qui lui avaient permis de le détester… Lui, l’homme qu’elle avait épousé, l’homme qui lui avait offert deux magnifiques enfants, l’homme qui l’avait aidé à accoucher de ses jumeaux, l’homme qui avait élevé ses enfants comme les siens…. L’homme qu’elle aimait à en mourir.

Chaque mot était comme un poignard. Un poignard en plein cœur. Il avait raison, la douleur nous donnerait la sensation d’être insoutenable, insurmontable… Ils vivraient dans le noir, un temps. Ils penseraient à lui à chaque instant, ce qui rallumerait la douleur dans leur cœur. Au début, ils ne pourraient certainement pas en parler. Et puis un matin après l’autre, les rideaux seront tirés, la douleur sera toujours présente, mais plus profonde. Il avait raison, oui. Mais pour l’heure, nous n’en étions pas là. Pour l’heure, il fallait profiter de chaque instant, chaque moment avec lui.
La Malemort ne pouvait plus rien avaler pour ce soir. Elle aida Margaux à finir de manger, lui débarbouilla le visage.
Elisa tenait dans ses bras la jeune enfant, s’approchant de Kye pour qu’elle puisse l’embrasser.


Il est l’heure d’aller vous coucher les enfants. Ely va vous monter. Faites un baiser à votre père. Je viendrais vous border plus tard.

Elle approcha Margaux de son père pour qu’elle puisse l’embrasser puis confia l’enfant à Ely. Embrassant les cheveux noirs de Louis avant qu’il ne rejoigne à son tour les escaliers pour monter à l’étage. Une fois les enfants partis, la Duchesse se dirigea directement vers le buffet pour se servir un verre. Le dîner n’avait pas été de tout repos, elle était ébranlée, écorchée, alors elle vida son verre d’une longue traite. Elle n’attendit pas pour s’en servir un deuxième. Cela ne l’aidait pas spécialement à apaiser son cœur, mais embrouiller son esprit n’était pas si mauvais à l’heure actuelle, cela lui évitait de réfléchir ou de penser.
La lettre d’Emy ne tarderait pas à arriver. Elisa l’espérait du moins, elle espérait que le coursier ait été rapide. Elle espérait qu’Emy ait pris connaissance immédiatement de la lettre, elle espérait qu’elle ait répondu de suite… Elle espérait beaucoup, oui. Mais elle espérait surtout que son mari survive, car elle n’était pas sûre de savoir vivre sans lui.
Elle se retourna pour l’observer. Ce soir, elle avait du mal à ravaler ses sentiments, alors d’une voix peu contrôlée où on pouvait entendre sa douleur elle lui dit.


Je n’ai plus de place à mes doigts. Tu dois te battre, tu dois vivre. Tu es mon époux… Fais le pour moi, je t’en prie…

Les yeux étaient remplis de larmes, elle ne pouvait plus tenir. Ses onyx étaient rivés vers le sol, elle ne pouvait plus le regarder, c’était trop douloureux.

Tu avais promis de ne jamais m’abandonner… Une promesse vers l’infini, tu te souviens ?
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