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Vente de Papi à Vittorina

[RP - LU] Un temps de chien !

Vittorina
Citation:

        De Samsa Treiscan, dicte Cerbère, Vicomtesse de Luzarches, Baronne de Longny-au-Perche et Dame de Lansac,
        A Vittorina Gloria Alzo, Dame de Puiseux,


      Salutations.


    Nous nous étions vues à Limoges il y a quelques semaines, et vous me disiez chercher un petit chien qui pourrait vous tenir compagnie. Connaisseuse de l'espèce canine, bien que n'en élevant pas de petite taille et destiné à la compagnie, il se pourrait que j'eusse trouvé une race pouvant vous seoir.

    C'est comme un épagneul, mais en tout petit. Ca se prend dans les bras très facilement. C'est une race flamande qui existe depuis déjà quelques siècles. Vif et obéissant, il n'ira pas courir le lapin, mais son caractère curieux nécessitera vigilance de votre part. Il est majoritairement blanc, et marron, fauve, ou noir. Poil abondant, oreilles tombantes. On appelle cela un phalène.

    Si j'élève mes chevaux à Longny, c'est à Luzarches que se trouvent mes chiens. Cela n'est guère loin de Puiseux ; passez-y quand vous le souhaiterez, je vous présenterai la jeune portée composée de quatre chiots, qui ont le bon goût de respecter la parité.

      Que le Très-Haut vous garde,

        Samsa Treiscan,
        Dicte Cerbère



Alors que l'invitation émanait de Cerbère elle-même, et que réponse lui avait été donnée, par retour de courrier, annonçant la date exacte à laquelle elle se présenterait sur ses terres, Vittorina n'avait pas résisté à l'envie de prendre cette lettre qu'elle avait froissé entre ses doigts tout le trajet durant. Pour un peu que Cerbère faisait garder l'entrée de Luzarches par de drôles de bêtes à plusieurs têtes, l'idée qu'elle lui serve en quelques sortes de Laissez-Passer ne lui semblait pas foncièrement idiote.

Ce qui lui semblait niais par contre, c'était de mettre tant d'espoirs dans l'acquisition d'une boule de poils. Car c'était bien de ça dont il s'agissait. Comme souvent, à Noël approchant, Alzo s'acoquinait de trop près avec les idées dépressives, borderline, à la limite des envies de retranchement. Et comme souvent alors, il lui fallait ruser pour aller contre la facilité et lutter de toutes ses forces contre l'abandon entre les ailes des noirs papillons.
Cette année, pour se libérer des chaînes bien trop tentantes du spleen, et chasser cette impression de solitude exacerbée quand elle était pourtant entourée, elle avait eu l'idée d'adopter un chien. Un tout petit chien. Et c'était presque tout naturellement qu'elle avait donc fait appel à Samsa, lors de son passage à Limoges.
    - Madame, nous arrivons à proximité de Puiseux, vous voulez qu'on s'arrête pour y faire une courte halte ? ce serait l'occasion de ...
    - Non, non, je n'ai guère le temps.
    - Vous savez que vous devrez y aller un jour ?
    - Je le sais bien, mais pas aujourd'hui ! La Vicomtesse doit déjà m'attendre et je ne voudrais pas la faire s'impatienter.
    - Comme vous voudrez alors.
Un léger malaise s'empara d'elle après ce bref échange avec son cocher, un habitué de la maison Alzo et des quelques affaires qui l'entouraient. Des mois maintenant qu'elle avait été anoblie par surprise par Rose de Leffe, alors Reine de France. Des mois maintenant qu'elle repoussait encore et encore sa venue à Puiseux. Tout juste avait-elle pris la peine de contacter par pli un intendant là-bas qui lui rendait quelques comptes réguliers.
Parce qu'elle n'avait pas eu l'impression de mériter cet honneur.
Parce qu'elle ne souhaitait guère s'attacher à une terre qu'un Souverain pourrait lui retirer d'un claquement de doigts si son sourire ne lui revenait pas.

Puis devant le Château d'En-Bas, la voiture s'arrêta dans un hennissement, coupant court au reste de ses pensées.
    - Nous sommes arrivés, Signora Alzo.
    - J'avais deviné, oui. Quel froid ! Y a-t-il quelqu'un auprès de qui s'annoncer ?
    - Je vais voir ça, restez bien à l'abri.
    - Fort bien, prenez cette lettre ... on ne sait jamais.
Le courrier changea donc de mains.
Mais loin d'écouter les recommandations faites, la florentine sortit du coche en remontant son col le plus haut possible jusqu'à son menton pour se protéger du froid. Apathique mais pas moins curieuse, elle regarda autour d'elle en attendant de pouvoir pénétrer la forteresse. Elle allait même pousser jusqu'à faire quelques pas quand son soulier s'enfonça dans la boue. Grimace de dépit, la paire était foutue !
    - J'aurais dû mettre des bottes ... fichu temps d'hiver !

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Samsa
    "Un jour pourtant, je le sais bien,
    Dieu reconnaîtra les chiens.
    Un jour pourtant, je le sais bien,
    Dieu reconnaîtra les chiens."
    (Renaud - Baltique)


L'hiver était bien installé sur toute la France. Les hommes et les bêtes cherchaient à s'abriter du vent, du froid, de la pluie, de la boue, bref, de tout. C'était surtout vrai pour les chevaux à Longny-au-Perche -et de Luzarches- auxquels il fallait désormais vérifier les paturons avec attention pour prévenir les crevasses et les abcès ; mais les chiens, eux, continuaient de s'ébattre dehors joyeusement. Si à Longny-au-Perche, le château était principalement protégé par la garde montée, ceux de Luzarches -car ils étaient deux- accueillaient de nombreux chiens, qu'ils fussent de garde ou de chasse. Des alarmes efficaces, souvent trop, mais dont les aboiements avaient leur place dans la vie active de Luzarches.

Contrairement à Vittorina, anoblie à la même cérémonie qu'elle, Samsa n'avait que peu tardé à se rendre sur ses nouvelles terres franciliennes. Elle l'avait attendue. Elle avait travaillé pour, beaucoup, des années durant, de toutes les façons possibles. L'Île-de-France, à ses yeux, était un Graal de royaliste, le ban le plus prestigieux, la reconnaissance ultime qu'on était un ardent serviteur et défenseur de la Couronne. Elle ne s'était cependant pas attendue à la vicomté -la baronnie l'aurait déjà amplement satisfaite à hauteur du mérite qu'elle se jugeait-, qui n'avait toutefois pas gâché son plaisir et son honneur. C'est qu'il y avait plus de princes, de marquis, de ducs et de comtes, que de seigneurs, barons et vicomtes, dans ce ban, les vicomtes étant les moins représentés -et ça, c'était classe. Elle n'avait néanmoins pas encore bien assimilé Luzarches, qui avait pourtant tout pour lui plaire : un joli blason, une certaine prospérité avec du savoir-faire unique, des reliques, et même deux châteaux ! Mais il fallait toujours du temps à Cerbère pour se faire à ses terres. Elle avait mis deux ans pour se faire à Longny, considérant maintenant bien que c'était chez elle, à elle. Luzarches mettrait un peu de temps aussi, et en faire le centre d'un élevage de chiens était pour Samsa un moyen de l'ancrer dans son histoire.

Le château d'En-Bas -dit de la Motte- était assez petit : s'y trouvaient plusieurs corps de logis pour les gardes, au nombre d'une quarantaine, et une petite écurie pour dix montures. Adossés aux murailles à côté de la motte, des chenils couverts et paillés comme des box pour chevaux. A l'heure où Vittorina arrive, ils sont ouverts, et les chiens s'ébattent dans la cour du château. L’œil amateur verra deux races, quand le connaisseur en distinguera trois : il y a les beaucerons, chiens de Treiscan par prédilection depuis son premier chien, Falco, qu'on reconnait comme étant le plus vieux, un peu raide, sans doute à moitié sourd et autant aveugle. Les poils blancs clairsèment ses babines jadis bien noires et ses pattes feu dans sa jeunesse. Ces chiens-là sont de bergers et de protections pour les animaux, capables de tuer des loups seuls. Viennent ensuite les metzgerhund, les "chiens de bouchers" qu'on appellerait plus tard "rottweiler", eux aussi chiens de berger mais surtout de garde. Ils sont les plus dissuasifs. Enfin, il y a les épagneuls français, avec leur pelage blanc et marron, chiens de chasse dressés à repérer le gibier, les oiseaux surtout, parfois à le rapporter une fois abattu. Ils ont tous de la voix et accueillirent ainsi le coche dès son arrivée non loin du château. L'approche du meneur fit accourir une partie des chiens, ceux noir et feu pour la plupart, gardiens du domaine.

Alertée, la Vicomtesse abandonna ses affaires d'intendance -Luzarches était plus difficile à gérer que Longny car la période lui était sombre- pour se présenter à une des fenêtres du logis seigneurial sur la motte défendue. Vittorina l'avait prévenue de sa visite mais Samsa ne distinguait pas bien qui se trouvait à l'entrée du château. Elle quitta ainsi le bâtiment pour s'avancer dans la cour inégalement pavée après avoir passé la poterne opposée à la porte principale. Tabard en damier noir et bleu bordé de jaune et arborant fleur de lys d'or à la poitrine gauche et en plus grande dans le dos, elle était figure d'autorité. Cependant, tous les chiens ne l'entendirent pas de cette oreille lorsqu'elle siffla fortement pour les rappeler, certains continuant d'aboyer sans se montrer plus menaçants que cela. Ses chiens étaient têtus. Des noms claquèrent dans l'air, là encore avec plus ou moins de succès. Très peu se turent, en tout cas. Cerbère finit par parvenir à la herse du château, toujours ouverte en journée sans que les chiens ne la dépassent pour autant -le château était leur territoire à protéger après tout.


-Monseigneur, le bonjour vous va.
-Le Saluté pardi.
-Je suis le cocher de...
-Dame Vittorina d'Alzo ?
l'interrompit-elle.

Le cocher sembla s'étonner et se retourna quand Samsa désigna, d'un coup de menton, sa pauvre amie en proie avec la boue et ses chaussures. Un sourire amusé se dessina sur le visage de la Vicomtesse et celle-ci s'approcha pour offrir son bras.


-Ravie de vous voir pardi ! J'aurais fait pailler le chemin pour vous éviter de trop gros désagréments mais vous avez devancé l'idée. Vous plairait-il de rentrer vous réchauffer les pieds ? Le feu brûle bien dans le logis té. Ne vous en faites pas pour les chiens, ils ne vous feront rien ; enfin, tant que vous ne vous éloignez pas trop de moi, hinhin.

N'importe quoi. Il ne s'agissait pas là de chiens d'attaque, cela se voyait, aucun n'avait retroussé les babines ou montré les crocs, se contentant simplement d'aboyer fort, mais Samsa trouva amusant de faire la plaisanterie.
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Vittorina
Rapidement, la fange fut un problème plus que secondaire.
La chorale canine, à laquelle Vittorina n'avait pas tout de suite prêté attention suite au raffut de son arrivée, lui martelait maintenant les oreilles, de plus en plus insistante à mesure qu'elle approchait de l'entrée.
Elle s'était attendu à un chien à trois têtes, sorti droit des enfers pour garder le chateau de Cerbère et finalement ce n'étaient que de simples chiens mais aux menaces redoutables, amplifiées par cette impression d'écho dû à leur chant en canon. Mais combien étaient-ils ? A l'oreille et à la louche ... à la grosse louche, cent. Peut-être même deux cent.

La peur avait ce pouvoir de multiplication.
Et la peur lui soufflait de reprendre vite en considération le conseil donné par son cocher : rentrer dans la voiture et n'en plus bouger jusqu'à s'assurer une parfaite sécurité.

Ce qu'elle aurait fait avec une célérité insoupçonnée, quitte à y perdre ses poulaines, si la silhouette désormais connue de Samsa n'était pas apparue aux portes de la forteresse, signant le soulagement.
Quand la Vicomtesse arriva près d'elle, la florentine se pressa pour attraper son bras afin de s'extraire de la boue sans perdre en dignité, puis s'y accrocha fermement.
    - Et moi rassurée ! Le bonjour Vicomtesse. Si j'avais su, j'aurais sans doute attendu l'été pour venir vous visiter, et avec quelques paniers d'os pour calmer les esprits. Mais puisque je suis là maintenant, j'accepte avec plaisir l'invitation. Mieux même, je vais vous suivre comme votre ombre. Je serai votre ombre.
Agrippée plus qu'accrochée désormais, Vittorina se fit toute petite derrière la Dame de ces terres, dont la plaisanterie avait été prise au pied de la lettre. Car si la maîtresse de Luzarches excellait en la matière, sa visiteuse n'y captait rien de rien. Au point que si l'on demandait à Vittorina de classer les chiens, elle parlerait de grands chiens effrayants et de petits chiens tout mignons. Et si on la poussait un peu ... non, n'essayons pas, l'instant serait gênant pour tout le monde.
    - Dites moi au moins qu'ils sont toujours comme ça, que l'accueil ne m'est pas spécialement réservé ... lui souffla-t-elle péniblement à l'oreille alors que chemin faisant, elle cherchait à s'effacer dans les pas de la Carotte en chef.

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Samsa
    "Ils me disent, ils me disent :
    'Tu vis sans jamais voir un cheval, un hibou'.
    Ils me disent :
    'Tu viens plus, même pour pécher un poisson.
    Tu ne penses plus à nous.
    On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue.
    On dirait que ça te gêne de dîner avec nous' ".
    (Michel Delpech - Le Loir-et-Cher)



Samsa lui sourit en l'aidant à passer d'une boue à l'autre. La cour avait un sol moins glissant et profond de terre mais n'en restait pas moins loin d'être parfait. La meute de chien s'ébroua et sauta joyeusement autour des deux comparses une fois qu'elles eurent passées le châtelet d'entrée. Ils aboyaient autour d'elles, courraient devant, reniflaient leurs cuisses et certains se mirent même sur leurs pattes arrières pour venir trouver appui sur Samsa, uniquement. Un comportement que celle-ci chassa sans ménagement -faut pas déconner, oh.

-Non ce n'est pas pour vous, ils sont toujours ainsi avec les inconnus pardi. Heureusement que vous n'avez pas ramené d'os, ils vous auraient probablement sauté dessus !

Au sens gentil du terme mais Vittorina comprendrait sans doute l'inverse. Les deux femmes passèrent la poterne droit devant elles, retrouvant un chemin de terre. Il était moins boueux que celui que Vittorina avait emprunté, tout simplement parce qu'il était peu utilisé et qu'ainsi, les pieds et les sabots ne venaient pas assouplir et remuer la terre détrempée. Elles franchirent la motte fortifiée pour atteindre la tour -le donjon, disons- servant de logis seigneurial. L'intérieur était étonnement moins austère que le donjon de Longny-au-Perche, sans toutefois être qualifiable de "charmant". De nombreuses tapisseries représentant des scènes de chasse, d'amour courtois, de travaux fermiers ou d'artisanat et de techniques diverses d'élevage décoraient les murs, ce qui changeait radicalement de celles de guerre de Longny-au-Perche. La présence du blason Treiscan restait marquée mais, là encore, moins qu'au château alençonnais. Cerbère semblait faire de Luzarches un endroit plus paisible et en retrait de son quotidien, plus tranquille sans doute, que Longny-au-Perche.

-Avez-vous fait bonne route ? Vous veniez de Puiseux j'imagine té ? Je n'avais pas remarqué jusqu'à récemment que nous étions si proches pardi ! fit-elle remarquer en gravissant les marches de pierre jusqu'à ses appartements.

La salle accueillant son bureau n'était pas très grande mais la chaleur qui se dégageait du feu dans la cheminée n'en réchauffait que plus rapidement l’atmosphère. Samsa se posa sur sa chaire, bellement ouvragée et personnalisée aux armes Treiscan, et écarta ses derniers parchemins dans un coin avant d'inviter Vittorina à s'asseoir en face.


-Désirez-vous boire ou manger quelque chose de chaud avant que nous ne parlions boules de poils pardi ?

Leur coin d'Île-de-France n'était pas connu pour son vin et ne semblait pas avoir d'autres spécialités que les légumes et la viande -ce qui était pas mal mais peu approprié à un casse-croûte- mais il y avait toujours dans les cuisines et les caves de Samsa de quoi abreuver et sustenter une armée pour quinze mois -oui, mois- sans tomber dans les carences les plus courantes. En dehors de ces temps difficiles, un peu de raffinement par quelques menus plaisirs -le Bordeaux en étant objectivement un, même si Cerbère étant d'origine bordelaise, c'était plus que ça- était toujours disponible.

édit pour fautes

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Vittorina
Devant tous ces chiens qui s'agitaient autour d'elles, devant toute cette effervescence qu'elle n'imaginait pas être de l'enthousiasme canin à la vue du Maître, Vittorina se crispait de peur mais trouva finalement un peu de répit en fermant les yeux. Disparus de son champs de vision, il n'existaient plus ... enfin si, quand même un peu au creux de ses oreilles tant ils aboyaient avec vivacité. Et si Alzo n'avait eu de cesse de sauter nombres de repas en ce mois de décembre, en dépit du froid qui l'engourdissait à l'unisson avec la peur, sans doute Samsa aurait-elle pu mesurer les craintes de la florentine qui avait l'impression de lui broyer le bras. Mais à forces inégales, sensations inégales.

A l'aveugle donc, en toute confiance à la Vicomtesse, et rythmant chaque pas tantôt d'une prière au Très-Haut tantôt d'une promesse d'être meilleure si elle en sortait indemne, les bruits s'estompèrent finalement , tout comme la marche demandait moins d'effort.
Et lorsque Vittorina se sentit assez audacieuse pour recouvrer la vue d'un oeil puis des deux, il n'était - Dieu merci - plus ni question de boue molasse ni de molosses.

Son regard, passé de la peur à la curiosité, s'animait maintenant en embrassant toutes les tapisseries qui s'offraient à leur pas, comme pour mieux cerner la Maîtresse des lieux. Elle en était un peu stupéfaite, et ne s'attendait pas à ça, sans doute aurait-elle été moins surprise en la visitant à Longny-au-Perche.
    - Je l'ignorais également, que nous étions voisines, je veux dire ... et pour tout vous dire, hm je n'arrive pas de Puiseux non, je n'y suis pas encore allée ... jamais même, avoua-t-elle alors qu'elles arrivaient en haut des marches.
Fallait-il que ces murs, loin du repère guerrier qu'elle s'était imaginé, l'aient suffisamment mise en confiance pour laisser s'échapper cette confidence ? A part son fiancé, Vittorina n'en avait fait mention à personne de peur de passer pour une ingrate à qui le titre importait plus que les responsabilités liées au fief. Ici, c'était sorti tout seul ..

Et enfin la chaleur, la vraie. Celle d'un bon feu de cheminée abondamment nourri, louée après de nombreuses heures de route, totalement enfouie sous quelques couvertures fourrées. Après invitation, la ritale s'installa sans oser encore se séparer de sa cape en poils de renard - frileuse un jour, frileuse toujours, puis hocha la tête.
    - Je ne dis jamais non à un verre de vin chaud, d'autant que c'est la bonne période pour.
Le regard divaguant doucement vers une fenêtre, à travers laquelle - si on se concentrait - l'on pouvait encore déceler quelques aboiements, une question lui vint subitement.
    - Les chiens dont vous m'avez parlé par courrier, ceux parmi lesquels l'un m'est réservé ... ils ne deviennent jamais aussi grand et gros que ceux qui étaient dans la cour, n'est-ce pas ?




2 mois ... sorry

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Samsa
    "Il était où le gentil p'tit Youki ?
    Où il était le gentil p'tit toutou ?
    Il était où, hein, il était où,
    Où il était le gentil p'tit kiki ?"
    (Richard Gotainer - Le Youki)


Ayant été suivies par une servante, Samsa lui fit signe d'amener ce que venait de demander Vittorina. A Longny-au-Perche, elle aurait dû appeler car nul n'osait la suivre ou l'approcher de trop près au sein du château ; elle était si stricte là-bas qu'on la redoutait. A Luzarches, les choses étaient bien différentes et cela ne déplaisait pas à la Vicomtesse qui avait la sensation de pouvoir être un peu plus relâchée sans devoir y perdre un quelconque respect ou légitimité.
Fief encore neuf accolé à son nom et blason encore frais du sable et argent de la vicomté, Samsa travaillait encore à y prendre racines comme elle avait fait à Longny-au-Perche. Cela prenait du temps, bien sûr, mais aussi des projets et une identité ; voilà pourquoi les chiens étaient élevés ici de façon plus douce que les chevaux de là-bas. Elle s'étonna néanmoins de la confidence de Vittorina et le manifesta par un léger haussement de sourcils.


-Vous n'y avez jamais été ? Pourquoi pardi ?

C'est une des premières choses que Samsa avait faite, se rendre à Luzarches, découvrir toute cette immensité qui lui appartenait désormais. Cette récompense pour des années de bons et loyaux services en tout domaine, cette reconnaissance pour laquelle elle avait tellement travaillé, tellement espéré : l'Île-de-France. La crème française, l'élite royaliste. Elle pouvait toutefois concevoir les considérations de Vittorina ; n'avait-elle pas eu du mal à apprivoiser Longny ? Il lui avait fallu trouver sa place.

Le plateau fut amené avec deux hanaps de vin chaud qui embaumait l'air proche. Cerbère remercia avec un sourire la servante qui se mit ensuite en retrait après une petite révérence. La Vicomtesse se pencha pour en tendre un à Vittorina et garda le sien en retrouvant l'appui du dossier de sa chaire en émettant un petit rire à la question amie.


-Non pas du tout pardi ! Adultes, ils ne vous arrivent même pas à la moitié du mollet. Ils ont les poils longs comme les épagneuls français -les marrons et blancs- que vous avez vu, surtout à la queue qu'ils portent sur leur dos et aux oreilles. On dirait qu'ils ont une tête de papillon.

D'un geste de la main, la Vicomtesse indiqua qu'il était temps de les faire venir. La servante alla ouvrir une porte et appela la jeune mère canine par des petites intonations aigües. Les deux nobles eurent bientôt loisir de voir débarquer, trottinant vivement, une petite chienne -qui, effectivement, n'arrivait qu'à peine à la moitié de leur mollet- et quatre chiots plus maladroits.

-Le petit noir et blanc est un mâle.
En marron et blanc, une des femelles té.
Quant aux tricolores...


Samsa se pencha et glissa sa main sous le ventre de l'un des deux pour le porter sans mal sur ses genoux. Il avait la tête majoritairement dans le noir, les traces de feu étant peu marquées.

-Elle c'est la deuxième femelle, et celui avec les marques feu plus prononcées est le second mâle té.

Petits chiens vifs et curieux, ils exploraient la pièce, revenaient vers leur mère ou reniflaient les pieds des nobles avec de petits jappements. Le mâle bicolore se montrait déjà plus timide que ses frères et sœurs, à l'inverse d'ailleurs de sa sœur tricolore plus effrontée dans son jeu avec les doigts de Samsa. La petite femelle marron et blanche trottinait à travers la pièce, curieuse, et le dernier mâle s'employait à jouer gentiment avec les pieds de Vittorina.

-Ils sont mignons, pas vrai ?

Samsa souriait un peu bêtement, abrutie devant les petits chiots. On ne se refaisait pas.
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Vittorina
Pourquoi ?
En voila une bonne question. Ses raisons étaient si risibles, pouvait-elle les confier en toute franchise ? Samsa comprendrait-elle ? Vittorina n'en était pas certaine, un regard autour d'elles deux suffisait à montrer combien Cerbère, pour une terre confiée en même temps, avait su se l'approprier pleinement. La comparaison l'accablait un peu plus en réalité.
    - Oh, he bien ... des recherches rapides m'ont permis d'apprendre que la terre fut aux mains d'un certain Makcimus que je crois être proche de Namaycush, et je crains un peu que les serfs lui soient toujours fidèles... ou soumis. Alors .. voila.
L'excuse était mauvaise mais avait au moins le mérite d'exister, c'était toujours mieux que de vaseux bredouillements et un cafouillage perceptible.
Puis vint le moment du soulagement, ou plutôt du double soulagement. Le vin arriva en même temps qu'elle était rassurée que son chien ne deviendrait pas l'une de ces grosses bêtes qui l'avaient effrayée à l'entrée. Alzo sourit après une gorgée de vin qui la réchauffa de l'intérieur, se détendant doucement. Un chien avec une tête de papillon ? Chouette, Samsa faisait mouche !

En regardant vers la porte, l'italienne était assez impatiente de voir débouler la race en question et ne fut pas déçue du spectacle. Elle découvrait ces boules de poils, semblables à de petites peluches articulées, et déjà fondait, elle qui pourtant n'était jusqu'alors attachée qu'aux chatons.
    - Mignons ? A croquer vous voulez dire.
La jeune conquise reprit une gorgée de de son verre puis le posa à proximité afin de pouvoir mieux s'agenouiller confortablement sur ses multiples jupons, à la recherche d'un contact un peu maladroit.
    - Ce n'est pas un choix que vous m'offrez, Monseigneur, c'est un crève-coeur. Comment choisir ? Ils sont tous si parfaits.
Vittorina pensait choisir, l'attention toute attirée par la femelle plus intéressée par le nouvel espace plutôt que par les deux femmes, mais ignorait que ce serait peut-être elle qui finalement serait choisie, par le mâle tricolore qui déjà lui tournait autour et se laissait approcher sans frilosité.
    - Je crois qu'en fait, je n'ai pas mon mot à dire, dit-elle en riant. - J'avais pensé prendre une femelle et l'appeler Zola, l'anagramme d'Alzo, mais finalement ... Papi, le diminutif de papillon, lui irait bien à ce petit là qui semble m'avoir adoptée, qu'en dites-vous ?

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Samsa
La perspicacité. Une qualité que Samsa avait la grâce de détenir, mais pas tout le temps. Pas pour tout. La politique, oui, elle savait discerner les intentions cachées, les bons plans et les prétextes, les failles dans lesquelles certains tentaient de s'engouffrer tout en jurant le contraire. Berner Cerbère sur ces aspects n'était pas chose facile. Sur l'aspect personnel, en revanche, elle pouvait se montrer d'une naïveté phénoménale. Aidée par la cohérence de l'argument de Vittorina, Samsa hocha la tête, compréhensive.

-Je comprends pardi. N'hésitez pas si vous avez besoin d'y faire régner l'ordre, je viendrais vous soutenir té !

Recadrage facile.
Elle sourit à voir Vittorina profiter du moment pour apprivoiser les petites peluches, elle-même dégustant l'instant en jouant avec la petite femelle aussi chatouilleuse qu'adorable. Cerbère redevenue chiot faisait de petits bruits comme on amuserait un bébé et on aurait pu parier, à la voir, capable de se mettre à quatre pattes pour jouer à la façon canine, le nez au sol et le séant en l'air. Il lui arrivait de le faire, en vérité, quand personne ne pouvait la voir. Exprimer cette part canine qu'elle avait prise à son surnom, évoluer à l'égal de ses canidés, lui permettait de décompresser, de se recentrer et de se renforcer.

Samsa releva la tête quand l'amie lui signifia que peut-être, finalement, elle serait moins actrice qu'elle ne l'aurait pensé. C'était souvent l'effet que les chiens faisait : on partait avec une idée précise en tête et puis en fait... on revenait avec autre chose -un chien, quand même, pas un poisson-rouge.


-Si vous pensez qu'il vous a choisi, alors le choisir en retour est le mieux à faire pardi. Ce sera votre compagnon de vie après tout ! Papi, j'aime beaucoup.

Elle avait la vision de la boule de poil se faisant appeler Papi -"Papi, assis ! Non, Papi, ne fait pas pipi sur le coussin ! Sois gentil Papi, ne mord pas Madame Dupont. Oh oui il est mignon mon Papi, hein qu'il est mignon ?"- et ça valait tout l'or du monde avec les quiproquos de taverne -"j'ai surpris mon Papi en train de sentir le cul d'une chienne du quartier, honteux, je l'ai réprimé d'une tape sur le derrière. Ça lui a ébouriffé tous les poils mais je devais lui peigner la queue de toute façon, et lui couper les poils des oreilles aussi." Ma-gique !

-Vraiment beaucoup té.

Mais ça restait mignon comme nom en plus !
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Vittorina
Trop de love et de mignonnerie.
Définitivement, ce qui se jouait à Luzarches devrait rester à Luzarches. Au contact des chiots et bien aidée par une Samsa gâteuse et proche même d'un élan maternel touchant, Vittorina se détendait vraiment, jusqu'à sourire franchement, jusqu'à rire plus aisément, à l'apparence plus humaine, plus sensible, loin de l'image de capricieuse nombriliste qu'elle soignait quand bien même cela la desservait la plupart du temps.
Au diable même les éventuels résidus de poils ou de bave sur sa robe, Alzo laissa le chiot lui grimper dessus et aux gratouilles distribuées généreusement répondaient désormais quelques léchouilles à sa main devenue humide.
    - Alors ce sera lui. Papi, décida-t-elle en souriant, et en se rendant compte que d'une idée jugée stupide à l'approche de Noel, ce serait peut-être finalement une idée lumineuse. - Quand pensez-vous qu'il sera sevré de sa mère ? Pensez-vous qu'il soit utile de le faire dresser à minima avant qu'il me rejoigne ou selon vous devrais-je m'en charger moi-même, quitte à ce que ce soit plus long mais que chacun en profite pour véritablement apprivoiser l'autre ?
Si elle s'écoutait, elle l'emporterait bien tout de suite dans ses bagages, mais même toute enthousiaste à cette idée, la florentine ne voulait brûler aucune étape pour un partenariat réussi. Elle pourrait pardonner une robe, une couverture, un canapé, ou même un accident de temps en temps, mais avoir tout son mobilier ruiné à l'urine de clebs lui monterait vite au nez sur le long terme.
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Samsa
Loin, loin des affres du monde, loin de la cruauté de leurs pairs ; elles savouraient là plus la compagnie des chiens que des Hommes. Samsa, d'un œil, observait la tenue de sa voisine et amie avec un sourire discret. Il lui plaisait évidemment de voir que l'Alzo n'était pas rebutée, et même bien à l'aise. Prendre un chien, c'est facile, surtout de travail : on le forme et puis on le laissait faire son travail dans un coin. Mais ces petits chiens là ne servaient objectivement à rien d'autre que trottiner derrière une dame ou à vouloir être pris dans les bras. Il était donc de bon ton de l'apprécier et d'accueillir le contact.

-Oh d'ici trois semaines.
Vous ne devriez pas avoir de problèmes en le récupérant sans dressage préalable té. Par contre, il ne saura pas bien se retenir avant plusieurs mois, et mordillera quand ses dents définitives pousseront.
Je vous laisserai des notes pour vous aider dans ces passes et comment lui apprendre à s'assoir, revenir etc, voulez-vous ?


Car hélas, peu importait qu'on le prenne maintenant ou plus tard ; il était des passages que les chiens devaient passer à un âge donné. Ensuite viendrait la période de l'adolescence. Les chiens, ces gamins.
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