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Info:
Prémices d'un duel tant attendu entre le comte de Beaufort et celui de Belfort.

[RP] Un duel impérial en Bourgogne

Ingeburge
Il est de ces hasards qui font bien les choses et l'on ne peut qu'y voir l'intervention de la divine providence.
Voici donc l'histoire d'une dette jamais honorée et qui va trouver, alors que personne n'aurait pu s'y attendre, un dénouement dans des circonstances et un lieu inattendus.



Acte I, scène 1 : Au Bouclier d'Argent, taverne de Mâcon, le soir du 2 août 1457
    Ariane45, amie de Soeli.
    Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, Duchesse de Bourgogne et d'autres trucs super intéressants, si, si.
    Leandre de Valfrey, fils du Comte Jontas de Valfrey et martyr de Provence.
    Max de Mazière, Comte de Belfort et Baron de Chaussin.
    Soeli de Margny-Riddermark, amie de Leandre.



La soirée était douce et agréable.


Comme tous les jours, Ingeburge n'avait pas chômé entre les lettres à lire et à envoyer, les rapports à compléter, les décisions à prendre... fort heureusement, c'était dimanche et elle avait pu se reposer plus que de coutume. Le matin, elle s'était rendue à l'office servi par le père Maximus et se trouvait en des dispositions des plus charmantes.
Ainsi donc, la nuit venue, elle se rendit en taverne afin de clore ce dimanche de manière agréable.

Las, en entrant, elle se retrouva nez à nez avec l'inénarrable Max de Mazière. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle prit place à la tablée où se trouvaient installées deux autres personnes qu'elle ne connaissait pas. A peine entrée, elle sentit la tension palpable flottant dans l'établissement et avait attendu, intriguée.

Les présentations se firent et Ingeburge fut ravie de croiser à Mâcon, dans son village d'adoption, chez elle au final, deux membres de familles illustres en Empire. Et c'est ainsi qu'elle commença à deviser avec Soeli de Margny-Riddermark et Leandre de Valfrey. L'échange fut cordial mais les sarcasmes étaient latents, les sous-entendus également.
Elle ne s'était donc point trompée, elle avait interrompu une discussion plutôt houleuse et elle jetait de temps à autre des coups d'œil perplexes à Max, ne se privant pas elle non plus de lui adresser des piques bien senties, allant même jusqu'à décréter qu'entre le Comte et elle, c'était une grande histoire d'amour. Elle perçut l'étonnement chez Leandre et Soeli mais ne s'en formalisa pas. Elle se concentra plutôt sur le jeune homme dont elle avait connu le père il y a quelque temps de cela, à la Garde Pontificale, et Soeli et Max de leur côté, reprirent leur échange interrompu.

Tout en devisant avec Leandre, elle suivit distraitement les paroles acerbes échangées et elle finit par en demander l'explication. Max se fit prier, pour changer, louvoyant sans cesse, usant d'images que lui seul pouvait comprendre et Ingeburge se déclara lassée de tout cela.
Encore une histoire de femmes, Leandre le souligna du reste fort rapidement mais la Prinzessin ne comprenait toujours pas de quoi il s'agissait.
Elle savait bien pourtant que Max se vantait de nombre de ses succès auprès de la gent féminine, qu'ils soient avérés ou rêvés, et elle déclara tout de go qu'elle espérait que Mazière ne colportait pas de tels ragots sur son compte car, il y avait nombre d'hommes prêts à le défier lui et à défendre son honneur à elle si jamais il avait osé y attenter.

C'est alors que Leandre fit allusion à un événement qui n'échappa pas à Ingeburge : par deux fois déjà, Jontas, son père, avait jeté le gant à Max et que par deux fois, Max s'était dérobé. Le litige n'était pas des plus récents et n'avait jamais été finalement réglé par ce duel qui s'imposait.
Ingeburge interrogea alors Max qui protesta de toute sa hauteur, indiquant que Jontas n'avait pas présenté de témoin.
Et il ne fallut pas longtemps à la Duchesse de Bourgogne pour déclarer que si ce n'était qu'une histoire de témoin, et bien, elle serait celui de Jontas. Elle battit des mains, ravie de sa suggestion. Et bien oui, après tout, Max et Jontas étaient en Bourgogne, des témoins, il y en aurait, les conditions étaient donc toutes réunies. Leandre assura alors que son père en serait, pour sûr et tous les regards convergèrent vers Max. Il protesta, un peu et Ingeburge lui assura qu'elle se faisait fort de lui trouver quelqu'un. Et, décidément très inspirée et ignorant la remarque du jeune Valfrey disant que " n'importe quel péquin " ferait l'affaire, elle suggéra, un grand sourire aux lèvres que Guise von Frayner se trouvant lui aussi en Bourgogne, elle lui demanderait d'être le témoin manquant.

Le nom des von Frayner sembla indisposer Leandre et Soeli mais Ingeburge, toute à son affaire, continuait sur sa lancée.
La lice de Mâcon fut évoquée mais vite laissée de côté, les Valfrey et leurs compagnons devaient absolument prendre la route pour Chalon le soir même.
La conversation roula donc encore assez longtemps, alimentée par l'arrivée de Dame Ariane à qui l'on conta les événements de la soirée. Où? Quand? Comment? Les suggestions fusaient alors même que Jontas n'avait pas donné son accord mais le projet était tellement excitant que tous se laissèrent porter. La lice de Mâcon fut de nouveau évoquée mais l'on démontra que même si personne ne bougeait, le terrain était de toute façon impraticable du fait des exploits d'Ingeburge et de Wolfar, justement propriétaire de la taverne où ils se trouvaient tous.

L'on fit plusieurs propositions, sans pour autant délaisser les sarcasmes et quand Soeli et Ariane se retirèrent en vue de se préparer pour la route qui les attendaient, tout le monde se montrait plus ou moins satisfait de la tournure des choses.

Ingeburge, Leandre et Max restèrent, discutant encore. La noblesse impériale fut évoquée et la Prinzessin espérait vraiment que les nobles présents ce jour-là sauraient se montrer à la hauteur. Ce serait d'ailleurs une occasion de montrer à certains nobles français que la décadente noblesse impériale avait de beaux restes. Ce qui ne semblait pas être l'avis de Leandre puisque Mazière était un de ces nobles qui selon lui ne connaissaient rien au vivre noblement et entachait donc la réputation de ses pairs.

Vint le moment pour la Duchesse de Bourgogne de se retirer à son tour, lundi, la journée promettait d'être longue et il lui faudrait régler les détails inhérents à ce voyage improvisé.
Leandre déclara vouloir la suivre, peu enclin à demeurer en compagnie du Comte de Belfort et quand tous trois se furent une dernière fois accordés sur les derniers détails à régler, comme prévenir Jontas au plus tôt.
Le jeune Valfrey et Ingeburge sortirent.


Dehors, il faisait toujours doux et agréable.

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Leandre
Acte I, scène 2 : Au sortir de la taverne, lorsqu'il faut annoncer la nouvelle
    Les mêmes.
    Jontas de Valfrey, comte de Beaufort.



Ah la Bourgogne ! La Bourgogne et cet air beaucoup plus respirable que dans le sud. La Bourgogne et ses vins que Soeli lui a interdit de goûter. La Bourgogne et ses cérémonies d'allégeances exceptionnelles dont lui a parlé son père. La Bourgogne et ses trois princesses, dont une rouquine qui n'en porte pas véritablement le titre. La Bourgogne et... Max de Mazière ?! La surprise a rapidement laissé la place au dégoût, sentiment beaucoup plus adapté au souvenir de leur dernière rencontre. En le duché de Bourgogne, déjà, le comte de Belfort avait rapidement pris en grappe le fils de son ennemi juré. Il n'était pas tous les jours évident d'être le fils unique d'un personnage aussi illustre que son père pouvait l'être, et le comportement de certains à son égard transpirait la jalousie. Le jeune Valfrey avait alors décidé d'ignorer ceux-là. Mais le pédant de Mazière, comme il se plaisait à l'appeler, avait été bien trop loin, à moult reprises. S'en était suivie une ardente conversation, relevant plus de l'échange d'injures que du dialogue construit et argumenté. Cette rencontre avait été, pour le jeune Valfrey, la première occasion de se faire un ennemi parmi la noblesse de sa province natale.

Et en cette journée, non content de retrouver la Bourgogne et ce qu'il aimait chez elle, il avait rapidement trouvé refuge dans une taverne appartenant au baron de Cudot. Homme qu'il rencontra d'ailleurs, et qui s'avéra être de bonne compagnie. Mais il n'avait pu resté bien longtemps, Soeli et son père souhaitant qu'il se réfugie plutôt dans ses livres que dans l'antre des alcooliques notoires ainsi qu'autre dépravation qu'il n'était pas impossible de croiser. Pour preuve, un lépreux traînait quelques part en le Bourbonnais, et Leandre, lors de son passage dans la province en question, avait d'ailleurs émis l'hypothèse de monter un bûcher pour éviter une éventuelle propagation. Jamais, le petit groupe qui s'était alors formé n'avait retrouvé la trace de cette erreur de la nature.

La tête dans les bouquins, c'est peut-être bien, mais les pieds dans une taverne, c'est bien mieux. L'heure de la pause n'avait trop tardé, et il put retourner en taverne, à la suite de Soeli. Il reconnut rapidement Max, présent lui aussi, et, comme déjà dit, le dégoût l'envahit tout entier. Imbus de sa propre personne, utilisant la première personne du pluriel à l'oral pour se désigner lui-même, le comte de Belfort était de ces hommes que ne voulait surtout pas devenir le gamin. Les affronts allaient bon train et les injures fusaient, pour ne pas changer. Le Mazière se risqua même à proposer à la Margny tout autre chose que d'éduquer le Valfrey. Ce dernier rétorqua que le comte souhaitait simplement faire de la jeune femme son amante, ce qui eut pour effet de s'attirer toujours plus le dédain de Max.

Une arrivée opportune vint ensuite troubler quelque peu la quiétude des lieux.

Son altesse, Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, princesse souveraine de Cologne, vingt-troisième duchesse de Bourgogne, comtesse de Carpentras, baronne de Saint-Raphaël, dame de Saint-Anastasie-sur-Issole et de la Penne sur Huveaune, chevalier de l'Ordre de l'Etoile d'Aristote, primat du Sacrum Romanorum Imperium Nationis Germanicæ et certainement bien d'autres fonctions ecclésiastiques dont même le narrateur est incapable de se souvenir.

Et Leandre se contenta pourtant d'un simple
Bonsoir qu'il réservait aux personnes qu'il n'avait jamais vu. Comme Ingeburge. Oh il connaissait bien son nom, pour sûr. Tout bel ouvrage d'histoire relatait son histoire en l'Empire comme en le Royaume. Il n'aurait pu en dire autant des livres concernant l'Eglise, puisque pas vraiment adepte de théologie, surtout quant cela concernait cet Aristote, dont le peuple vantait les mérites, sans cesse. Il s'était pourtant promis, entre autre pour Soeli, de s'y mettre sérieusement, de ne surtout pas parler de Phooka en public, jeunesse passée en Normandie oblige, et de suivre bientôt une pastorale afin de se faire baptiser. Ainsi, lorsque le Mazière présenta la princesse, le Valfrey se fendit d'une révérence propre au rang à laquelle elle était destinée.

Il serait ensuite bien inutile de narrer la suite, puisqu'une brillante plume s'en est déjà chargée.

Ce qu'il est nécessaire de conter, dorénavant, est la suite de l'histoire, lorsque la princesse et l'héritier comtal se retrouvèrent au dehors, dans la douce et agréable nuit. Ils avaient laissé Max de Mazière seul en taverne. La duchesse bourguignonne parce que la fatigue l'avait envahi, et le chevalier en herbe parce qu'il ne voulait se retrouver seul avec le comte de Belfort. Soeli l'avait pourtant rassuré : il ne s'en prenait qu'aux jouvencelles et autres créatures de sexe féminin ; tandis que la princesse lui avait fermement demandé de ne plus courir la gueuse. Pourtant, rien n'y avait fait, sa crainte de se voir trucidé dans une taverne, de nuit, et par le comte de Belfort avait été la plus forte. Son nom ne serait certainement pas marqué de l'infamie de cette façon. Il prit donc la porte en même temps qu'Ingeburge, retrouvant cet air qu'il aimait tant.

Ingeburge se dirigerait sans doute vers sa résidence en Mâcon, tandis que l'impérial retrouverait l'auberge où les serviteurs de sa famille avaient déposé leurs affaires de voyage. Là où son père se trouvait donc, à sans doute se reposer avant de reprendre la route, cette nuit, en direction de Chalon. Leandre se tourna vers la princesse, et brisa le silence de la nuit qui s'était abattue sur la Bourgogne.


J'informe dès que possible mon père que le pédant de Mazière accepte enfin de relever le gant. Il en sera ravi, à n'en point douter. A bientôt, votre altesse, que la nuit vous soit bonne.

"A bientôt", car évidemment, jamais son père ne refuserait de corriger l'impertinent. Enfin, c'était en tout cas la certitude que pouvait avoir Leandre. Et la princesse, en se proposant témoin du comte de Beaufort, affichait clairement sa préférence à voir son père remporter le duel. Mais ceci n'était que spéculation de la part d'un gamin un peu trop idéaliste. Il la salua une dernière fois comme il se devait puis s'empressa de traverser les ruelles qui le séparaient de l'auberge à rejoindre au plus vite. En chemin, il imaginait déjà Jontas revêtir son armure dès ce soir, et attendre son ennemi à la sortie de la taverne pour lui fracasser le crâne dans les règles. Il n'aurait même pas besoin d'arme, seul ses mains lui auraient suffit pour se saisir de sa tête et l'éclater contre un mur. Mais c'était sans compter que, noblesse oblige, le duel se ferait dans les règles de l'art, à armes égales, et certainement pas ce soir. En taverne, ils avaient imaginé cela se dérouler le mardi, à Chalon, puisque la lice de Mâcon n'était plus vraiment en état d'accueillir le moindre duel.

Mais tout cela allait bientôt être vérifié, puisque Leandre arrivait enfin devant l'auberge en question. S'assurant que la garde comtale postée à l'entrée l'avait reconnu comme étant le fils de leur maître, le Valfrey entra à toute vitesse, pour se ruer ensuite dans les escaliers qui menaient à l'étage. Première porte, celle de Soeli. La seconde, la sienne. La troisième, celle de Jontas. S'arrêtant net, il frappa deux coups avant d'entrer, sans attendre une éventuelle réponse, pour trouver le comte de Beaufort debout, frais et disponible pour prendre la route. Son visage se tourna en direction de son fils, et son regard se suffisait à lui-même pour l'interroger sur les raisons de sa présence dans sa chambre. Instinctivement, les deux mains de l'enfant se croisèrent derrière son dos, comme à chaque fois qu'il devait s'exprimer sur un sujet délicat.


Le bonsoir père.

Belle entrée en matière, il n'y avait rien à y redire.

J'ai... J'ai une grande nouvelle !

Non le comte n'a pas gagné dix mille écus, et non Belfort ne s'est pas fait pillé. Et Leandre n'a pas non plus trouvé une bête abandonnée dans la rue qu'il veut emmener avec lui. Déjà qu'un louveteau suffisait bien à supporter, pour son père.

Le... pédant ? Non, un peu de politesse devant la paternel, que diable ! Le comte de Belfort, votre ennemi, a enfin accepté de se battre en duel contre vous ! Et la Princesse de Cologne, actuelle duchesse de Bourgogne, s'est proposée pour témoigner de votre écrasante victoire à venir !

Le gosse sourit bêtement, le temps de laisser à son père le temps de réaliser. Comme s'il était possible qu'un aussi grand homme que lui pouvait ployer face à la vermine franc-comtale, que depuis toujours il s'était engagé à combattre. Leandre était décidément fier d'avoir un père tel que lui, et son visage illuminé lui faisait savoir.

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Leandre Lazare, bâtard de Valfrey
Chevalier servant de Maeve Alterac
Ami pas si imaginaire d'une mioche angevine
Ingeburge
Acte II*, scène 2 : l'Artemisium, le 3 août 1457
    Ingeburge , bla bla bla
    Håkon von Ahlefeldt-Oldenbourg, neveu d'Ingeburge, héraut du Berry
    I belli ragazzi della la Guardia di Carpentras, sicuramente!



Au sortir de la taverne, Leandre avait indiqué à Ingeburge qu'il informerait son père sitôt qu'il aurait retrouvé celui-ci. Puis, après les politesses d'usage, chacun s'en était retourné de son côté, Ingeburge rejoignant d'un pas rapide ses hommes qui l'attendaient aux portes de la ville. Dès qu'elle fut montée en selle, la petite troupe de cavaliers prit la route de l'Artemisium, demeure de la Prinzessin située dans la campagne bourguignonne.

La nuit fut courte mais reposante et c'est la tête tout emplie de ce projet inattendu de duel pourtant prévu de longue date qu'elle s'éveilla. C'est qu'elle ne s'imaginait pas que ce duel ne fut pas, non, elle ne l'imaginait pas, elle en refusait même l'idée!
La journée serait chargée, conséquence de cette idée subite qu'elle avait eue et qu'elle avait aussitôt exprimée. Il fallait donc réparer les dégâts et tout faire pour que son départ impromptu ne soit pas la cause de trop d'embarras.

Assise derrière sa table de travail, elle faisait une lise de ce qu'elle devait faire : courrier, consignes, commandes, visite des écuries... Elle resterait d'ailleurs chez elle en ce jour, se contentant de travailler dans le bureau sis à l'étage de ses appartements. Ce n'était pas plus mal au final, elle pourrait se reposer quelque peu avant cette semaine qui s'annonçait des plus chargées.

Elle déjeuna frugalement et sortit ensuite de sa demeure pour se rendre dans les écuries. Et, durant une heure, elle écouta les palefreniers et garçons d'écurie, suggérant quelques améliorations et écoutant les doléances.

L'inspection terminée, elle retourna ensuite chez elle afin de s'occuper de son courrier. Elle expédia les affaires courantes avec diligence puis ouvrit la dernière missive de la pile. La lecture se révéla des plus passionnantes et quand elle eut fini, un sourire flottait sur ses lèvres :

Citation:

    Votre Grasce, veuillez nous pardonnez l'audace de vous nommer ainsi mais la liste de vos titres serait trop longue et nous aurions trop de doute quant à la véracité des propos que aurions tenu dans le cas où l'un d'entre eux se serait trouvé faussé.

    Si nous vous écrivons en ce jour, c'est suite au fait que l'on nous a rapporté comme quoi le couard de Belfort se serait trouvé une once de courage et aurait émis la volonté de répondre favorablement à une de nos demande vieille de plus d'un an et que vous auriez acceptée d'être témoin de ce fait.

    Ceci étant, il faut que vous sachiez que nous sommes attendus de toute urgence au sein du grand Empire de l'Est et que chaque jour qui passe est compté et qu'il ne nous est permis d'attendre de trop.

    De plus, nous connaissons une forte haine envers ce fiel personnage plus adepte des vices les plus perfides anti-aristotéliciens que des vertus propres aux nobles habituellement. Et le fait de devoir attendre sa misérable personne nous est plus que difficile, cela est réellement impossible même.

    De fait, si le couard qui ose penser que je pourrai l'attendre possède un peu plus de courage que ce qu'il ose penser, je serai à Dijon jeudi et il pourra y avoir un duel ce jour en la lice de la Capitale de votre Grand Duché. Puisque j'aurai choisi l'endroit, il pourra choisir l'arme utilisée.

    Avec mon plus profond respect pour votre personne.

    Jontas de Valfrey
    Comte de Beaufort


Elle relut la missive une seconde fois, puis, satisfaite, entreprit d'y faire réponse. L'affaire fut rondement menée, il n'y avait pas du reste à trop épiloguer :
Citation:

    A Jontas de Valfrey, Comte de Beaufort,
    Salutations et bénédictions.



    Votre Grandeur,


    C'est agitée de sentiments divers que je prends la plume en ce jour.
    Tout d'abord, je suis ravie à l'idée de pouvoir vous revoir sous peu même si un duel peut sembler une occasion bien étrange pour célébrer des retrouvailles.
    Je suis par ailleurs intriguée par la perspective de cet affrontement, qui, je l'espère se déroulera dans les règles de l'art.
    Enfin, je me retrouve bien marrie car quelques remords m'assaillent, n'ai-je pas été bien légère en relançant cette question de duel alors qu'à dire vrai, je n'y ai aucun intérêt personnel?

    Mais je me sens soulagée maintenant que j'ai pris connaissance de votre lettre et par la même, de votre réponse favorable, que ce soit sur la question du déroulement effectif de ce duel ou sur celle de ma présence à vos côtés en tant que témoin.

    Et c'est donc en cette qualité que je vous annonce que Mazière et moi-même serons sans faute ce jeudi, à Dijon.
    Nous nous retrouverons sur la lice à moins que vous ne préfèreriez vous entretenir avec moi avant le combat.


    Que le Très-Haut vous garde.

    SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Votre témoin.





Les heures filèrent, inexorables et pressées et les malles de la Prinzessin furent chargées dans les chariots.
Elle-même, enveloppée dans son manteau de voyage, monta dans son carrosse. En chemin, elle récupéra son neveu, Håkon.
Ils voyagèrent sous l'œil vigilant de la Garde de Carpentras et arrivèrent à Mâcon en début de soirée. Ils avaient encore du temps avant de prendre la route.

Ingeburge laissa neveu, gens et convoi pour la taverne municipale de Mâcon.
Elle y fut rejointe par Odomar, Ambassadeur de Bourgogne en Savoie puis par Max. Le diplomate connaissait apparemment fort bien le Comte de Belfort et inévitablement, la conversation se transforma en bataille rangée.Le Franc-Comtois avait une telle propension à se faire haïr que cal confinait à l'occulte. Elle-même ne pouvait se targuer de faire une telle unanimité contre elle. C'était pour le moins... étonnant. Elle le trouvait pénible, pour sûr mais elle voyageait depuis quelques semaine avec lui maintenant qu'elle avait fini par s'y accoutumer.

Odomar quitta la taverne et Ingeburge et Max se retrouvèrent en tête-à-tête. Et que firent-ils donc? Ils se querellèrent, pour changer.

La Prinzessin, excédée, finit par se retirer et prit place dans son carrosse qu'elle partagerait avec le comte.

Dieu que la route serait longue jusqu'à Dijon...



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* un acte = un jour donc ceux qui veulent encore agir dimanche ou lundi peuvent utiliser les actes correspondants

Non chui pas directive^^
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Soeli
Acte I scène 3 : [Même taverne quelques instants plus tôt]
Les mêmes plus un inconnu


Encore une journée de passée, des comme celle-là elle en avait vu des centaines d'autres et pourtant celle-ci allait lui réserver une surprise et non des moindres. Depuis bien des soirs maintenant la Margny s'était plongée dans l'écriture de courriers, une sombre histoire de famille qu'elle s'appliquait à vouloir résoudre rapidement, c'est pourquoi en cette soirée elle éprouva le besoin de sortir en taverne afin de se détendre. Il ne lui arrivait que rarement d'avoir un peu de liberté, Leandre était un charmant garçon, mais il avait sans cesse question à tout propos, elle par contre n'avait que très rarement réponse suffisante aux yeux de l'enfant, mais c'est là une autre histoire. Après avoir autorisé au garnement quelques instants en taverne, à sympathiser avec les autochtones, de quelle nature ou milieu qu'ils eussent été - faut dire que Leandre avait l'esprit ouvert - elle l'avait sommé gentiment de retourner dans ses "quartiers provisoires" afin de réviser. Pendant ce temps, lasse de ses écritures Soeli s'était rendue en taverne espérant -ne nous le cachons pas- se retrouver un peu seule sans la compagnie du garçonnet. Non pas qu'elle ne l'aimait pas, loin de là, mais simplement: un besoin imminent d'être Margny, de penser Margny et respirer Margny... Cela lui était déjà difficile en temps normal alors face au gamin cela devenait pratiquement impossible, bien qu'il ait déjà pu assister à quelque démonstration involontaire.

Un rapide tour de la ville lui permit de trouver la taverne la plus "pleine", un homme qu'elle ne connaissait "ni des lèvres, ni des dents" se trouvant attablé - bien que, affalé aurait été plus juste- dans un coin, bras croisés sur la poitrine, paupières closes. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour pressentir le probable endormissement de l'individu. Un "Bonjour" resté sans réponse lui apporta confirmation. Seize ans, ce n'est pas bien vieux -mais plus que dix tout de même- tout juste assez en tout cas pour permettre à "Soeli, roturière et peste de son état" -comme se plaisait à la nommer son père- d'échafauder un plan machiavélique. Il ne lui avait pas fallu plus de 2 minutes pour se diriger vers le foyer éteint de la cheminée, jeter un regard vers le comptoir afin de vérifier l'absence du tavernier, de saisir un bout de charbon bien sec et se diriger à pas de loup vers le dormant messire. Son dessein n'était pas sombre affaire, enfin si, aussi sombre que la suie avec laquelle s'apprêtait à lui barbouiller le visage -méfait qu'elle comptait mettre sur le dos du garçonnet - lorsque la porte de la taverne claqua dans son dos.

La voilà saisie d'effroi tel un enfant qui vient de se faire prendre en accomplissant son méfait, et de fait. Son dos cambré s'était redressé, prenant une posture peu naturelle, mains planquées dans son dos. L'éclairage dans la pièce n'était pas des meilleurs, c'est pour cette raison qu'elle ne reconnut pas immédiatement l'homme qui la saluait.


M: Que faicte vous donc si loin? Rejoignez-moi donc, nous prendrons un verre...

Le ton était familier, vicieux, tout en restant courtois. Celui de la Margny, qui n'avait toujours pas mis de visage sur la voix, se voulait cinglant:

Je vous trouve bien entreprenant pour un inconnu.[...]

S'en était suivi un échange austère mais cordial, dans lequel étaient venues s'insinuer les habituelles boutades du Comte. Ce n'était pas la première fois, depuis qu'il avait appris d'abord qu'elle était la "Dame de Compagnie" de celle qu'il convoitait jalousement -qui n'avait pas manqué de la mettre en garde à son sujet-, et cela n'avait fait qu'empirer lorsqu'il avait découvert qu'elle était en réalité la fille de feu son parrain Sirius de Margny-Riddermark.

Puis l'entrée de Leandre, le gamin qui tombe à pique. Si jeune et pourtant il avait déjà , lui aussi, lu clair dans son jeu. Surement parce que le Comte se plaisait à jouer inlassablement les mêmes cartes, la même combinaison... "Une Seigneurie en échange de ses faveurs"... Bien qu'elle se soit gardée de faire scandale, suite à l'entrée inattendue de Son Altesse Ingeburge, elle n'en fut pas moins vexée.
La conversation fût élevée d'un ton, les vieilles affaires remontant comme les bulles d'un vin de Champagne, irrémédiablement attirées vers la surface. Comme à chacune de leurs rencontres il finissait par insinuer ses ignobles mensonges, ses rêves qu'il prenait pour la réalité, toujours incapable d'enregistrer ce "non", qui comme il lui avait déjà aboyé une fois, il n'acceptait pas, et pourtant...
La Margny était toutes griffes dehors, prête à en découdre dans le cas où il oserait essayer de souiller de ses mots sales la réputation de celle qui l'avait prise sous son aile. Leandre revint avec cette histoire de duel que le Comte de Belfort avait fuit, alors même qu'il en ignorait la raison. Le malaise la gagnait à mesure que la Prinzessin les interrogeait sur ses raisons et que le Comte de Mazière lui répondait de manière détournée. Fuyant, tentant d'esquiver le duel, une fois de plus, en évoquant de fourbes excuses. Son Altesse, elle, femme de poigne ne lâcha rien.

La Margny avait fini par quitter la taverne, à regret, en compagnie d'Arielle -arrivée entre temps- heureuse d'avoir pu rencontrer une femme aussi entière que cette princesse, mais néanmoins persuadée que ce combat n'aurait jamais lieu.
Tout en se dirigeant vers l'auberge, marchant le long des rues dans la nuit, elle constata, sourire en coin, que ce duel lui en rappelait un autre - nettement moins Noble celui-là - dans lequel, elle même s'apprêtait à s'engager.

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Jontas
Acte I scène 4 : [Dans la chambrée du Comte]

    Leandre Lazare de Valfrey
    Jontas de Valfrey (en personne hein, si si j'vous jure)


Ah quelle douce soirée était celle que le Comte pouvait apprécier, sans avoir son bâtard de gamin dans les jambes ou son éducatrice plus effrontée jour après jour. Tranquille dans sa chambre, il se décida à s'occuper de son courrier. On lui avait apporté une lettre en provenance du monastère où sa fiancée était établie en attente de son rétablissement, suite à la maladie qui l'avait empêchée de suivre le Comte et leur fils dans les différentes péripéties qu'ils avaient traversées.

Se saisissant d'un petit couteau, le Comte rompit le sceau qui enfermait le pli et commença la lecture. Au fur et à mesure que les impériaux yeux parcourraient la lettre, Jontas blêmit, sans doute une des première fois depuis longtemps que le Comte ressentait une telle chose. Presque désarmé, devant la nouvelle annoncée. Heureusement qu'il était assis d'ailleurs, car sinon, il aurait été capable de chuter et de se retrouver au sol plus vite qu'il n'aurait pu l'imaginer.

Détournant son regard de la missive, le Comte tenta de reprendre ses esprits, il fallait ne rien laisser paraître trop rapidement pour son fils. C'est sans doute une des seules fois où il se souciait du bien être de son fils et pourtant, il fallait avouer que cette fois-ci, cela semblait tellement important que même la fureur du Comte était atténuée.

Jontas se leva pour se diriger vers la malle qui était posée au pied du lit comtal et dans laquelle était réunie toutes les affaires qu'il avait cru importantes d'amener pour leur voyage. Il l'ouvrit et enfouit la missive au plus profond de la malle, sous toutes les affaires.

C'est alors qu'au même moment où il referma la malle, il entendit deux petits coups à la porte, suivie presque instantanément de l'ouverture de cette dernière laissant passer le fils de Jontas qui semblait bien heureux d'entrer dans la chambre de son père pour une fois.


Le bonsoir père.

J'ai... J'ai une grande nouvelle !

Le... Le comte de Belfort, votre ennemi, a enfin accepté de se battre en duel contre vous ! Et la Princesse de Cologne, actuelle duchesse de Bourgogne, s'est proposée pour témoigner de votre écrasante victoire à venir !


Allait-il le lui dire maintenant ? Non, il était encore beaucoup trop tôt pour que la vérité soit dite au petit et plutôt que d'affronter une réalité un peu trop dérangeante, le Comte préféra se cacher derrière une attitude presque devenue monotone, celle qu'il usait en permanence avec ses proches tant avec les moins proches.

Combien de fois t'ai-je dit de ne point utiliser le nom de ces terres infâmes en ma présence ? Cette terre de défection, d'humiliation, habitée par le Sans Nom avec pour unique but que celui d'amener la destruction sur tout ce qui peut exister comme chose un tant soit peu agréable. Le pourceau qui semble détenir ces terres ne mérite même pas que l'on puisse penser à lui, cette représentation la plus parfaite de ce qu'est la déjection de l'humanité, ne méritant que d'être pendu par les bourses, recouvert de viande pour être déchiqueté par les loups, s'il est chanceux, ou pour crever, gueule béante tel le chien qu'il représente !

Non, mon fils, ne redis jamais le nom de celui qui ne mérite même pas de respirer notre air, même pour m'annoncer sa mort.


S'arrêtant un instant pour réaliser enfin que son fils venait de dire que la Princesse de Cologne était prête à être témoin du duel pour sa personne, le Comte réfléchit à la façon où il pourrait le mieux savourer sa victoire.

Bien. Puisqu'il s'est enfin décidé à avoir un peu de courage, le duel aura lieu à Dijon, puisque la Duchesse de Bourgogne nous fait l'honneur de vouloir assister à la lutte.

Maintenant, files avant que tu ne reçoive ma main pour être entré sans en avoir eu l'autorisation !


Sur ces paroles, le Comte se retourna vers la sorte de meuble qui lui servait de bureau pour écrire une lettre à la Princesse de Cologne.





Acte II scène 2 [Dans la chambrée du Comte (ben ouai, il bouge pas beaucoup et alors ???)]

    Jontas de Valfrey (seul, tout seul)


Alors que la missive qu'il avait envoyé la veille à la Princesse de Cologne avait déjà du être lue maintes fois par sa destinatrice, le Comte se préparait mentalement à la futur rencontre avec ce fameux ennemis que tous ses amis lui connaissait. Il se demandait déjà de quelle façon il allait devoir lutter, après tout, le Comte de Belfort n'était pas reconnu pour ses talents de guerriers, mais il n'empêche que le Comte de Beaufort ne pourrait jamais se permettre une défaite face à lui.

Tout en pensant au fait qu'il devrait bientôt faire aiguiser la lame de son épée par un de ses hommes d'armes, un de ses serviteurs alla lui apporter la réponse de la Duchesse, Princesse, Cardinal, et tant d'autres titres que le Comte s'y perdait.

Lisant en vitesse la missive, un sourire se forma au coin de la bouche du Comte et il se saisit d'une nouvelle plume pour répondre à nouveau à cette destinatrice bien titrée.


Citation:
Votre Altesse, pour changer.

De savoir que vous vous occuperez personnellement de ramener le couard de Belfort au sein des murailles de la belle Dijon nous rassure entièrement, car désormais, nous sommes persuadé que combat il y aura jeudi à Dijon. Et ainsi que notre cher bâtard de fils nous l'a si bien dit ce matin, si une personne si importante que la votre souhaite prendre parti pour notre personne, cela ne veut que dire que notre cause est juste et que les pourceaux seront vaincus.

Mais sachez que nous sommes particulièrement ravi de voir que vous ne nous avez point oublié malgré tout le temps qui s'est écoulé depuis notre dernier passage au sein de la Citadelle de la Garde.

Néanmoins, nous vous savons fortement occupée par vos affaires diverses, ainsi, nous ne trouvons point nécessaire une rencontre préalable au duel qui nous opposera au serviteur du mal.

Nous vous souhaitons calme voyage et qu'Aristote guide vos pas.





Satisfait de sa lettre, Jontas la donna à un de ses hommes pour qu'il aille la porter auprès de son futur témoin féminin et Ô combien couronné. Il avait presque hâte d'arriver à Dijon, pour voir de quoi serait fait l'avenir et de quelle façon se déroulerait le duel qui l'opposerait à un ennemi de longue date, qu'il avait envie de transpercer depuis bien plus longtemps encore.
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Håkon
Acte II, scène 3 : cellule de retraite du nevø, le 3 août 1457
    Håkon von Ahlefeldt-Oldenbourg, neveu d'Ingeburge, héraut du Berry, retraité alternatif


Håkon se tournait et se retournait dans son lit. Encore qu'un lit, c'était plutôt une paillasse moisie et dure dont même les gueux enfermés dans les geôles de sa tante n'auraient pas voulu. Il se maudissait toujours d'avoir choisi de faire retraite dans une église paroissiale plutôt que dans un grand monastère mais sa démission des grégoriens lui avait fait passer l'envie de parcourir les cloîtres monastiques pour un temps. Trop de déceptions et de désillusion.

Il se leva et enfila sa chemise par l'encolure. L'amadou et le silex cliquetèrent et la chandelle de suie et de graisse s'éclaira d'une pauvre flamme. Cette pauvreté commençait à lui peser sérieusement. Il avait beau être habitué au dénuement, il préférait allègrement la simplicité de la vie en plein air à cette crasse urbaine. L'aube était là mais ces couloirs restaient sombres en permanence et des traces de brulures noires ornaient les murs de pierre. Il attrapa ses affaires et se rendit à l'église. Il avait pris sa décision, il devait aller voir sa tante et la convaincre de lui trouver une occupation qui l'empêche de revenir dans ce trou. La contemplation le comblait de bonheur mais dans des conditions sanitaires convenables... Lorsque l'on passait plus de temps à chasser les poux et les rats, on pouvait difficilement se concentrer sur le service du Très-Haut.


Acte II, scène 4 : l'Artemisium, le 3 août 1457
    Le même.


Sa matinée de prière l'avait rendu plus disposé à l'égard du prêtre qui gardait ce pauvre lieu et il réussit à être pratiquement poli lorsqu'il lui annonça son départ, en pensant qu'il n'avait sans doute pas choisi cette affectation et que lui-même devrait y rester après son départ. Alors qu'il repensait à son entrevue, il parvint devant la maison de sa tante.

Il n'avait pas pris le temps de passer aux bains n'ayant de toute façon aucun vêtement de change digne de ce nom et il inspira longuement avant de frapper à la porte. Un domestique lui ouvrit et lui indiqua d'un air dégoûté que sa tante n'était pas présente. Håkon demanda l'accès à la salle d'ablutions et une tenue correcte et sobre. Son bain pris, le bac d'eau noire vidé, il se rendit dans la bibliothèque de sa tante et s'y reposa en lisant des textes religieux. Il avait du mal à se concentrer et fut réveillé plusieurs heures plus tard par le domestique de sa tante qui lui demandait s'il comptait rester à demeure. Il acquiesça et se rendit dans la cuisine pour prendre une assiette de soupe et un morceau de fromage pour manger. Sa tante ne reparut pas de la soirée et il alla se coucher de bonne heure pour se rendre le lendemain au premier service religieux. Sa retraite était pour l'instant terminé mais tant qu'il n'aurait pas mieux à faire, il poursuivrait ses dévotions.


Acte II, scène 5 : l'église de Mâcon, le 3 août 1457
    Le même.


A son lever, on l'informa que sa tante quittait Mâcon et qu'elle l'enjoignait à se rendre avec elle à Dijon pour affaires puisqu'il n'avait pas mieux à faire et qu'elle passerait le prendre à l'église dans la journée. Et en effet...




En chemin, elle récupéra son neveu, Håkon.
Ils voyagèrent sous l'œil vigilant de la Garde de Carpentras et arrivèrent à Mâcon en début de soirée. Ils avaient encore du temps avant de prendre la route.

Ingeburge laissa neveu, gens et convoi pour la taverne municipale de Mâcon.

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Ingeburge
Acte III, scène 1 : Chalon, le 4 août 1457
    Ingeburge, encore elle
    Max de Mazière, offensé ou offenseur?
    Håkon
    LA Garde
    Princesse_Blanche & Vanylas, voyageuses.


Que s'était-il donc passé à Chalon? Bien chanceux celui qui aurait pu le dire et Ingeburge, chanceuse, elle ne l'était pas.
Etait-ce parce qu'elle avait trop bu la veille au soir? Il y avait certainement de cela et comme elle ne comptait pas parler à Mazière de tout le trajet vers Chalon, elle avait tout fait pour ne pas avoir l'obligation de le faire.
Ils étaient donc tous trois — Max, Håkon et elle — arrivés à Chalon et elle les avait quittés sans prendre la peine de dire le moindre mot. A son arrivée à l'auberge où elle avait pris ses quartiers, quelques lettres lui avaient été remises. Elle ne les avait pas consultées, les jetant sur la table installée dans la chambre où elle s'était directement enfermée, plantant là le Comtois et son neveu.

Il ne s'était donc rien passé de notable si ce n'est qu'un intermède en taverne, intermède des plus désagréables... les soirées se ressemblaient bougrement ces derniers temps. Elle avait bien rencontré deux femmes des plus charmantes mais celles-ci se trouvaient avec Max. Et comme à chaque fois qu'elle entrait dans une taverne où il se trouvait en compagnie féminine, elle avait toujours l'impression d'interrompre une conversation galante ou une tractation à la coucherie, commerce un peu douteux de sentiments superficiels et de chair insatisfaite. Elle prenait alors, comme de coutume, des mines dégoûtées, ne comprenant pas que l'on ne pense qu'à ça. Et elle finissait par s'asseoir, frémissante d'écœurement contenu. Puis elle tentait d'alimenter une conversation qui débouchait inévitablement sur un affrontement rangé entre Mazière et elle. Et elle s'irritait de cette constance qu'il avait à être hautain et à ne pas parler directement, à taire ce qu'il pensait vraiment. Elle ne devrait plus voyager avec lui, elle finirait par le souffleter, ou pire, jeter une bonne bière bien mousseuse à sa figure suffisante. Mais elle continuait à voyager avec lui, allez savoir pourquoi. Certainement pour cette constance qui l'agaçait tant car au moins, elle savait plus ou moins à quoi s'en tenir avec lui. Et Dieu sait qu'elle avait besoin de repères dans sa vie tourmentée... et si on lui avait dit il y a quelques mois que Mazière lui servirait de borne cavalière, elle ne l'aurait pas cru.

Elle sortit, courroucée et rejoignit sa chambre. Là, histoire de penser à autre chose, elle s'attela à la lecture de son courrier. Parmi celui-ci, une missive de Jontas. Elle la décacheta rapidement et en prit connaissance tout aussi diligemment. Il était trop tard pour y faire réponse, la lettre arriverait à peine quelques heures avant elle et le billet n'appelait de toute façon pas un retour impératif.

L'heure du départ pour Dijon sonna.




Acte IV, scène 1 : Dijon, capitale du Grand Duché d'Occident dixit le Sombernon, le 5 août 1457
    Ingeburge en sa capitale
    Max de Mazière, duelliste en devenir
    Håkon, neveu bringuebalé
    La Guardia


L'avantage d'être Duchesse de Bourgogne — il faut bien en trouver un, non? — c'est que lorsque l'on se rend à Dijon, on ne se demande pas où l'on va loger, on se tracasse pas avec de basses questions d'intendance. Non. La route est toute tracée et le logement tout trouvé : le Palais des Ducs de Bourgogne.

C'est là qu'Ingeburge se fit conduire, sous la garde... de la Garde de Carpentras, une fois que les portes de la cité dijonnaise furent franchies.
Elle put enfin faire ses sacro-saintes ablutions dans un endroit digne de ce nom et se reposer des fatigues du voyage.

Elle prit néanmoins la peine, avant de s'adonner aux joies du bain et de la paresse entre draps de soie de faire porter un billet à Jontas :

Citation:

    A Jontas de Valfrey, Comte de Beaufort,
    Salutations et bénédictions.



    Votre Grandeur,


    Mon neveu, votre adversaire et moi-même nous trouvons présentement à Dijon où nous sommes arrivés ce matin même.

    Je tâcherai de me rendre sur la lice dans la journée afin de connaître l'heure du duel.
    Nous nous verrons donc au plus tard demain.


    Que le Très-Haut vous garde.

    SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Votre témoin.





La lettre partit et Ingeburge alla penser quelques instants à elle.
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Håkon
Acte III, scène 2 : Chalon, le 4 août 1457
    Ingeburge, encore elle
    Max de Mazière, offensé ou offenseur?
    Håkon
    LA Garde


Håkon faisait peu de choses de ses journées et ces journées avec sa tante se ressemblaient. Il prenait des notes sur les villages traversés, croquait les gens qui l'entouraient et principalement le haut front majestueux de Son Éminence. Rien de plus à dire, ou presque.

En effet, le nevø regrettait de n'avoir pu trouver le temps d'envoyer une missive à une certaine personne logeant avec son père à Dijon et avait hâte de l'y retrouver pour partager un verre et de nouvelles discussions.




Acte IV, scène 2 : Dijon, capitale du Grand Duché d'Occident dixit le Sombernon, le 5 août 1457
    Håkon, neveu bringuebalé
    Un scribe de mairie peu arrangeant avec le nevø de la duchesse




L'avantage d'être Duchesse de Bourgogne — il faut bien en trouver un, non? — c'est que lorsque l'on se rend à Dijon, on ne se demande pas où l'on va loger, on se tracasse pas avec de basses questions d'intendance. Non. La route est toute tracée et le logement tout trouvé : le Palais des Ducs de Bourgogne.


Il faut trouver des avantages à être le nevø de la duchesse mais il faut croire qu'ils ne sont pas ni dans les renseignements ni dans la diligence des fonctionnaires de mairie. C'est ainsi que Håkon mit plusieurs heures avant de découvrir que son amie et néanmoins complice Sya de la Louveterie avait quitté la capitale bourguignonne au petit matin, passant la porte ouest de la ville pendant qu'il y entrait par le sud en compagnie de sa tante et de son armada.

Après avoir seriné le pauvre intendant qui ne pouvait que peu de choses à son malheur, il prit une plume et commença à rédiger une missive pour son amie.

Citation:

    Sya mon amie,

    me voilà bien peiné de ne pas te trouver à Dijon. Je regrette de ne pas avoir pu te prévenir de mon arrivée mais ma tante m'a pour ainsi dire attrapé au vol à la sortie de ma retraite. Tu dois sans doute être en route pour d'autres horizons ainsi que tu m'en avais parlé. J'espère te voir bientôt que ce soit au Clos ou à Rome, et que tu te porteras toujours aussi bien la prochaine fois que nous serons face à face.

    Pour ma part je pense rester encore quelques temps en Bourgogne où l'air est pur et léger dans les palais ducaux... des restes de mon éducation à la cour de la reyne Marghrete sans doute.

    J'attends ta réponse.

    Håkon





La lettre partit et Håkon alla penser quelques instants à Elles.
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Jontas
Acte V, scène 1 : Dijon, le 6 août 1457

    Jontas de Valfrey
    Leandre Lazare de Valfrey
    Soeli de Margny-Riddermark


Enfin l'arrivée à Dijon, enfin le lieu de sa vengeance, le lieu où il pourrait faire payer au traître à toute une province ses méfaits envers sa province et sa religion. Le lieu où l'ancien suzerain du vassal pourrait se laver de l'affront qui lui fut fait, si tant est qu'il en est encore l'occasion. Car Jontas n'était pas rassuré, il se demandait si encore une fois, le Mazière ne changerait pas d'avis en trouvant une excuse pour fuir à ses obligations. Il espérait bien que la Princesse de Cologne obligerait le Comte de Belfort à honorer sa parole mais cela n'empêchait pas le Comte de Beaufort de douter du futur de ce duel.

A peine entré dans les murailles de la capitale du Grand Duché de Bourgogne, le Comte fit se diriger le convoi vers la lice, il n'y avait point de temps à perdre, si le Mazière ne programmait pas le duel, il irait le faire personnellement, souhaitant en découdre au plus vite.

Une fois arrivé devant le lieu recherché, cet endroit où serait scellée la destinée de cette lutte si lointaine, le Comte prit le temps d'observer l'endroit où il combattrait l'objet de sa rage. Somme toute assez simple, la lice de Dijon permettait tout de même à bon nombre de personnes d'assister aux différents combats et pourtant, elle ne semblait jamais avoir servi à assouvir les désirs de laver un éventuel affront ou même assouvir un désir de sang plus que barbare. Car même si le Comte de Beaufort était adepte des tortures sur les gueux, il ne considérait pas ces actes comme acte de barbarie, c'était somme toute une vengeance de son passé si peu connu et du coup, l'idée de se battre jusqu'au sang sans raison apparente, si ce n'est celle de se battre, lui était difficilement compréhensible.

Il se dirigea donc vers l'homme qui semblait gérer la lice et lui tendit un bout de papier sur lequel était inscrit le nom de son futur adversaire. Sans formule de politesse, il annonça l'heure à laquelle il souhaitait que se déroule le combat et s'en retourna vers le reste du convoi où se trouvait son fils et l'éducatrice de ce dernier. Il était temps de se trouver un endroit où passer la nuit en attendant le duel.

Alors que le carrosse aux couleurs de Beaufort circulait dans les rues, le Comte tenta tant bien que mal d'écrire à la Princesse de Cologne après avoir réceptionné sa dernière missive.


Citation:
Votre Altesse,

Nous vous annonçons par ce pli notre arrivée au sein de votre douce Capitale. Sans perdre de temps, nous nous sommes rendu en la lice car, n'ayant point confiance en le courage de notre futur adversaire, nous avons préféré prendre les devants et programmer en personne le futur duel.

Ainsi donc, veuillez noter et faire savoir au couard de Belfort que nous combattrons demain, vendredi 7 du huitième mois de l'an 1457 une demi-heure avant la mi-nuit et que nous lui laissons le choix des armes vu que nous avons décidé du lieu du duel. Nous sommes persuadé que vous réussirez, avec votre talent, de le convaincre de ne point faire de faux bond.

Si par malheur, il se trouvait que le couard le Belfort n'ose se rendre en la lice, demain, à l'heure donnée, nous nous verrions dans l'obligation de signaler auprès de tout un chacun la couardise de mon rival, couardise déjà connue mais néanmoins, jamais prouvée.

Puisse Aristote guider ses pas jusqu'à la lice, ce serait encore la meilleur chose qu'il puisse faire pour sauver son âme.

Que le Très Haut vous garde en son coeur.





Le Comte tendit le pli scellé à un de ses servants et lui signala d'aller le porter au sein du Palais des Ducs à sa Duchesse en personne puis se plongea dans ses pensées.

Il était temps de ne penser qu'au futur duel et rien qu'à celui-ci.

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Ingeburge
Acte V, scène 2 : Palais des Ducs de Bourgogne, le matin du 6 août 1457
    Ingeburge vAO
    Un valet qui n'a rien demandé


Elle était arrivée à Dijon la veille et depuis, elle n'avait pas eu la moindre nouvelle de Mazière. Et elle ne s'était pas risquée cette fois de le rencontrer en taverne, elle aspirait à un peu de calme et de repos.
Mais tout de même ce silence était pour le moins inusité lui qui se faisait toujours un devoir de lui écrire afin de parler de lui, lui poser des questions, l'entretenir de tout et de rien. Etrange donc que depuis leur arrivée dans la capitale, elle n'ait pas eu le moindre signe de sa part.
Fort heureusement, elle avait eu la riche idée de transmettre son signalement aux douaniers qui étaient en poste aux portes de la ville. Elle savait ainsi qu'il n'avait pas quitté Dijon cette nuit. Mais où était-il? Certainement en cet endroit qu'il avait qualifié de " masure " et qu'il avait acquis quelques semaines plutôt en Bourgogne.

Ah c'était agaçant à la fin de en pas savoir et elle se mordilla la lèvre, s'interrogeant sur la conduite à tenir. Elle n'allait tout de même pas se ronger les sangs pour lui!
Sa main se posa sur une clochette de vermeil qu'elle agita furieusement :

— Trouvez-moi Mazière.

Ce fut l'ordre qu'elle donna, calmement glaciale, au domestique venu répondre à son appel. L'homme resta un instant interdit et elle précisa que c'était le Comte de Belfort qu'elle voulait voir, beaucoup plus maîtresse d'elle-même que ne l'aurait laissé supposer le bruit furieux produit par la cloche.
Dès qu'elle l'aurait devant elle, elle... Quoi? Elle ne savait pas mais ce qui était sûr, c'est qu'elle prendrait bien soin de lui révéler le fond de sa pensée.

Mais de trace du Comte de Belfort, point et elle commença à se demander s'il en se foutait pas d'elle. Se déroberait-il? Elle avait du mal à y croire car s'il n'avait pas voulu être là, il ne serait pas monté dans son carrosse. Il devait être là mais la question de savoir où demeurait pour l'heure sans réponse.

Et le billet que Jontas de Valfrey lui fit porter ne l'aida pas à calmer les interrogations qui revenaient sans cesse.
Lettre décachetée en main, elle arpenta durant quelques minutes la pièce où elle se trouvait.

Ce n'était pas en s'agitant ainsi qu'elle saurait, elle se résolut donc à faire la seule chose raisonnable qui lui venait à l'esprit car pour le reste, c'était plutôt incongru et voire même radical.

Elle prit donc place derrière son bureau et se saisit d'une plume. Elle demeura quelques instants, né en l'air, indécise. Elle commença finalement à écrire :

Citation:

    A Max de Mazière, Comte de Belfort et Baron de Chaussin,
    Salutations et bénédictions.



    Votre Grandeur,


    C'est pour le moins surprise que je prends la plume en ce jour afin de vous

Non. Elle gratta le parchemin et écrivit à nouveau :
Citation:

    A Max de Mazière, Comte de Belfort et Baron de Chaussin,
    Salutations et bénédictions.



    Votre Grandeur,


    Dois-je comprendre que fidèle à vos habitudes, vous avez décidé de

Non, non, décidément, elle ne parvenait à rien aujourd'hui. Elle n'avait pas le temps de coucher sur vélin une prose alambiquée et acerbe, elle commençait à se lasser de cela.
Elle jeta simplement quelques mots sur un parchemin vierge, y mettant tout son agacement et sa franchise :


Citation:

    Grands dieux Mazière, où êtes-vous?

    Si cela est une tentative pour m'irriter davantage, dites-vous bien que vous avez parfaitement réussi votre coup.


    J'ose espérer avoir de vos nouvelles, et sur l'heure.






Le billet fut remis au même valet qui était déjà venu tantôt. Ce fut quelque peu soulagé qu'il se vit confier le pli, la duchesse semblant s'être réchauffée quelque peu. Elle se contenta d'indiquer que le courrier devait être donné à un coursier qui le déposerait là où se trouvait la résidence connue de Max. Ainsi, quand ce dernier y serait visible, il pourrait en prendre immédiatement connaissance.
Quant à Jontas, elle lui répondrait plus tard en espérant que d'ici là, Mazière aurait réapparu ou aurait au moins daigné donner de ses nouvelles.

Puis, elle se concentra sur ses tâches habituelles. C'était bien beau d'organiser un duel, enfin essayer d'en organiser un, mais elle avait un duché à gérer.

La peste soit les hommes, surtout quand ils sont couronnés et fieffés.

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Ellesya_arduilet
Acte V, scène 3 : En vue de la frontière berrichonne, le 6 août 1457
    Hans Hoggendaffen, Maître d’Armes de la Valkyrie
    Titoukiki, épouse du premier
    Goassen et Naolina, tourangeaux de leur état
    Ellesya de la Louveterie, Valkyrie migratrice


La petite troupe voyageait vélocement au travers des campagnes bourguignonnes. Sya causait peu… toujours cette difficulté à s’intégrer, cette facilité à rester un peu au dehors. Seuls ses contacts avec Hans étaient simples. Du moins quand ils étaient en tête-à-tête, pour un entrainement. Là, avec son épouse dans les parages, réputée pour sa jalousie, le naturel s’estompait quelque peu.
De toute manière, avec cette nostalgie qui enserrait son cœur, elle n’était guère causante la Damoiselle du Clos Lucé.
Au soir du sizième jour du mois, un chevaucheur lui transmit une missive alors qu’ils campaient non loin de l’axe principal les reliant bientôt à Bourges.

A la lueur du feu de camp, elle brisa le sceau et lut. Une volée de jurons marmonnés troubla la tranquilité de la soirée. Sortant son écritoire de campagne, Sya griffonna une réponse.


Citation:
Håkon,

Je suis bien peinée également ! Voilà que je quitte mon père et ma fratrie pour rejoindre nos terres tourangelles, que je m’éloigne aussi de ma marraine, et tu m’apprends que tu arrives à Dijon alors que tu m’y manquais tant, mon ami.
J’espère que tu ne tarderas pas à revenir au Clos, tu sais que tu y es chez toi.

Pour l’heure, je suis en pleine campagne mais la saison se prête bien à ce genre de haltes.
Profite bien de la Bourgogne et de ses palais. Même si leurs ducs ne sont pas toujours à la hauteur de la grandeur de ce Duché, ses richesses le sont, elle.
Salue également ta tante pour moi si tu veux bien. Je prie pour que son mandat se passe sous les meilleurs auspices.

Dans quelques jours, je serais à Tours. Je t’écrirais alors pour te dire comment se déroule mon installation.


Ton amie, Sya



Accompagnée de quelques écus, elle la confia au messager qui repartit vers Nevers pour changer sa monture contre une fraîche.
Le cœur encore plus alourdi, Sya se roula dans sa couverture et finit par s’endormir sous les étoiles après une dernière prière silencieuse.

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Leandre
Acte IV, scène 3 : Sémur, le temps de cette soirée du cinq août
    Jontas, duelliste redoutable
    Soeli, dompteuse d'ours
    Linon, mère potentielle de Leandre
    Cynil, conducteur de carriole
    Hugues, fan inconditionnel de maïs
    Leandre, fils de duelliste redoutable



Il avait retenu la leçon : ne plus jamais prononcer le nom, les titres, les postes occupés ou tout autre chose relatives à Max de Mazière. Mis à part des insultes, il ne voyait plus vraiment comment le qualifier, de fait. Tant pis, son père préférait le voir impoli que d'entendre le nom de l'ennemi de sa bouche, il l'aurait donc voulu. Ce restera le pédant de Mazière, peu importe à qui il s'adresserait. Sourire aux lèvres à cette idée de pouvoir être aussi grossier que la duchesse Belialith en toute impunité, Leandre et toute la troupe aux couleurs de Beaufort pénétrèrent dans l'enceinte de la cité de Sémur. Sa ville bourguignonne préférée, en vérité. En grande partie parce que c'était ici que vivait que la vicomtesse Marie Alice Alterac, et donc, forcément, sa fille Maeve. Mais elles n'y étaient pas. L'impérial savait bien que sa princesse avait eu fort à faire, entre retrouver son père et suivre sa mère, et qu'elle ne serait pas de retour de sitôt. Même lui avait eu le temps d'aller jusqu'en Provence, s'y installer, se retrouver dans leur Cour de justice, apprendre le noble art du combat à l'épée en compagnie de son maître, Versatyl de Louvelle, apprendre celui du tir à l'arc grâce à Soeli de Margny-Riddermark, et bien d'autres péripéties encore, et le tout en rentrant au bercail avant Maeve. C'est qu'il n'était pas un chevalier en devenir pour rien !

Jontas ordonna à ses hommes d'investir une auberge qu'il repéra spacieuse et un minimum pourvue pour sa personne, le personnel, et accessoirement Soeli et Leandre. Il ne devait pas forcément être aisé tous les jours d'être le tenancier de ce genre d'endroit, surtout lorsque l'on rencontrait des clients aussi exigeants que le comte de Beaufort. Son héritier, lui, prit possession de sa chambre le temps d'une nuit, déposant les malles apportées par les larbins au pied de la paillasse qui lui servirait pour dormir quelque peu. Il s'y était maintenant habitué, malgré les regrets qu'il pouvait parfois éprouver pour le confort de la demeure dieppoise, en Normandie, où il avait passé son enfance. Les même gestes à chaque fois, sortir ses affaires, pour les ranger le lendemain, une fois la nuit passée, parce qu'il était temps de reprendre la route. Mais l'aventure touchait à sa fin, pour un temps. Jontas avait émis le souhait de se rendre en Lorraine et de s'y installer. Le jeune garçon allait de nouveau gouter aux joies de la sédentarisation, si chère à son paternel, et que lui même recherchait, instinctivement. Quant à Soeli... elle avait des projets en tête, elle aussi, et Leandre se préparait mentalement à se séparer de celle qui l'instruisit. Il n'aurait pas le choix, alors mieux valait s'y faire de suite, afin d'éviter d'éventuelles larmes. Parce qu'un garçon ça ne pleurait pas. Il jeta au sol les dernières bricoles qui traînaient au fond de la malle puis quitta sa chambre, s'arrêtant ensuite quelques instants devant la pièce qui fut assignée à la Margny, un fin sourire au coin des lèvres, pour enfin dévaler les escaliers, et quitter l'auberge.

Dehors, il était tard. A l'intérieur aussi, mais le garçon n'avait pas forcément pu le constater. Un ciel aussi sombre que ses cheveux et ses yeux voilait Sémur, seules quelques étoiles brillaient suffisamment pour être remarquées. Replongeant son nez sur ce qu'il se passait sur Terre, il fit signe à un des gardes de Beaufort de l'accompagner. Il était l'heure de déambuler dans les ruelles obscurcies de Sémur, et peut être rencontrer quelques personnes intéressantes en taverne. Et si ces personnes étaient plutôt du genre gredin, il se rassurait comme il le pouvait avec la présence du garde à ses côtés, qui était lui-même obsédé par les souffrances que lui infligerait le comte s'il arrivait malheur à son unique héritier. Celui-ci était parfois dur à suivre tandis qu'il parcourait les rues, parfois aussi rapidement que le ferait n'importe quel voleur s'enfuyant avec son larcin, et d'autres fois aussi lentement qu'un régiment d'infanterie devant se déplacer d'un point A à un point B sans qu'aucune forme de danger ne vienne le menacer. Mais l'homme s'en sortait de manière relativement bonne, puisqu'il put voir le jeune garçon pénétrer dans une taverne éclairée. Lui resterait à l'extérieur, après avoir rapidement vérifié et mémorisé le visage des personnes présentes en compagnie du petit héritier.

Dedans, il salua les deux femmes et les deux enfants comme à l'accoutumée. C'est d'ailleurs avec une des deux femmes qu'il débuta la conversation. Il se présenta donc à Linon, dans les règles de l'art.


Bonsoir, moi c'est Leandre.

Son âge ?

J'ai onze ans. Et toi, t'as quel âge Linon ?

Trop tard pour se rappeler qu'on ne demandait pas son âge à une femme. La réplique ne se fit pas attendre : cela ne le regardait pas. Ce qui était à peu près vrai. Elle lui précisa juste qu'elle avait l'âge d'être sa mère. Le plus petit des deux gosses ne prit pas la peine de se présenter. Il jouait avec sa carriole, comme tout bon enfant de six ans qui se respectait. Leandre crut comprendre qu'il se nommait Cynil, mais ne s'en y intéressa pas plus que cela. Quant à l'autre enfant... un certain Hugues de dix ans et demi, donc plus jeune que Leandre d'à peu près six mois - ce qui n'était pas pour déplaire au Valfrey que de se sentir le plus vieux des jeunes présents - il lui serra la main. Comme les adultes. Hugues il était vachement sympa comme enfant. Il montra à Leandre comment embêter le petit Cynil en lui envoyant des grains de maïs sur la tête. Lorsque le Valfrey voulut essayer, ce fut le moment que choisit Linon pour montrer les crocs. L'épi de maïs tomba au sol, et la femme força Hugues à croquer dedans. C'est qu'elle était pas mal susceptible cette Linon... Leandre décréta que le maïs était destiné aux cochons, pas aux enfants de leur âge, et ponctua son intervention d'un haussement d'épaules dont il avait le secret.

Linon finit par quitter la taverne, Cynil sous le bras, pour aller l'emmener on ne savait trop où. Et ça n'avait pas préoccupé Hugues et Leandre plus que de raison. Les deux enfants restés seuls parlèrent un peu, de tout et de rien, de leur vie et ce qu'ils comptaient faire. Ce qui donna, à peu de chose près, ceci :


Mon père il va se battre en duel à Dijon, c'est pour cela qu'on va là-bas.
Mon père à moi il était plus fort que le tien !
C'est pas possible, le mien est comte !
Bah le mien était évêque !
Un évêque a le droit de se battre... ?
Euh... j'en sais rien, mais il était plus fort que le tiens quand même !
Pfff c'est pas possible, mon père il fut comte régnant et même capitaine...
Ma maman aussi elle est capitaine !
Mais ta maman elle peut pas battre mon père, dis pas n'importe quoi !
Ah si, elle est tellement belle qu'elle l'aurait ensorcelé...
La mienne est sûrement plus belle, plus intelligente et gentille que la tienne !
Non, tu mens !


Deux enfants qui s'appréciaient assurément, en somme.
Leandre lui expliqua ensuite qu'ils partiraient en Lorraine et que Hugues n'avait qu'à venir avec eux le temps que sa mère était partie. Pas vraiment emballé à la perspective de désobéir, ils se firent leurs adieux, en scellant leur amitié d'une tape dans la main. Leandre quitta la taverne à sa suite, heureux de s'être fait un nouvel ami, qu'il ne reverrait certainement pas de si tôt. Le garde s'accorda un verra à boire avant de reprendre la route jusqu'à l'auberge où ils logeaient pour la nuit.

Demain serait un autre jour, la veille d'un duel tellement important à ses yeux d'enfant.




Acte V, scène 4 : Le six août, dans un carrosse, quand l'inquiétude prend le pas sur tout autre sentiment
    Jontas, si proche d'un honneur intact
    Soeli, bien silencieuse
    Leandre, penseur professionnel



Le voyage en carrosse était sans doute un des avantages à la noblesse qu'affectionnait le plus le jeune Valfrey. Des banquettes confortables, une place non-négligeable pour mettre ses jambes, ainsi que la possibilité de s'endormir en route, malgré les diverses secousses qui pouvaient ébranler le véhicule. Les temps avaient changé, Soeli était maintenant avec eux à l'intérieur, et non à suivre le convoi à dos de cheval, comme elle l'avait maintes fois fait malgré les protestations de son protégé. Depuis, la Margny avait sans doute gagné en estime auprès de Jontas. Leandre avait bien pensé à d'autres raisons ; il avait d'ailleurs tenté d'en vérifier la véracité en pénétrant sournoisement dans la chambre du comte. Mais l'opération ne fut pas un grand succès, du moins, il n'avait pas vu ce qu'il craignait justement d'y voir.

Le gamin avait le nez collé à la vitre du véhicule, scrutant de ses grands yeux noirs les échoppes, commerces et autres étals de marchands qui défilaient devant lui. Dijon était une belle ville, représentant à merveille la puissante Bourgogne. Quelques badauds s'arrêtaient parfois au passage du carrosse comtal, pour permettre à celui-ci de se frayer un chemin, ou tout simplement pour admirer le passage du véhicule. L'ostentation de tant de richesse et de luxe n'était pas l'apanage du comte de Beaufort, mais il en était une de ses meilleures représentations. On ne pouvait nier que son passage en la capitaine bourguignonne ne passait pas inaperçu. Leandre, lui, s'en fichait comme de sa première chope de bière, à Arles (faut dire qu'il ne s'en rappelait plus vraiment d'ailleurs... Rani avait parfois de ces idées...). Jetant parfois quelques coups d'oeil furtifs à son père, le Valfrey tentait de repérer d'éventuels signes qui auraient pu trahir de la peur chez son paternel. Mais rien... pas l'ombre d'un sentiment transpirait de ce visage impassible. Soit le comte de Beaufort ne craignait absolument pas celui de Belfort, soit il cachait fort bien ce qu'il pouvait ressentir. L'enfant l'ignorait bien et il n'était pas prêt de le savoir.

Le véhicule ralentit, le comte avait ordonné qu'ils se rendent prestement à la lice, afin que soit officialisé au plus vite le duel. Alors qu'il descendit en personne à la rencontre du personnel s'occupant de gérer le lieu qui servait à accueillir divers duels, Leandre se tourna vers Soeli, la mine un peu plus grave que durant ces derniers moments passés dans le carrosse.


Soeli... ?

Certaines questions le taraudaient, et il ne pouvait s'empêcher d'exprimer son inquiétude vis à vis du duel à venir.

Tu penses que père vaincra ? Ce n'est pas que je doute de lui... mais... le garçon marqua une courte pause, tandis que ses yeux fixèrent ses pieds qui ne touchaient pas le sol... je n'ai pas envie qu'il lui arrive malheur. Ce pédant de Mazière est un être fourbe, capable du pire pour l'emporter.

Il posa de nouveau son regard sur Soeli, la mine grave.

Et mère, où est-elle ? N'est-ce pas le rôle d'une future épouse que de venir voir son promis affronter la pire des crapules ?

Là, il venait de poser la question qu'il ne fallait pas, à n'en pas douter. Mais beaucoup trop de doutes s'étaient insinués dans l'esprit de l'enfant pour qu'il ne fasse que les garder pour lui. Soeli était la plus à même de lui répondre, mais certainement n'était-ce pas le moment, pour elle non plus...
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Leandre Lazare, bâtard de Valfrey
Chevalier servant de Maeve Alterac
Ami pas si imaginaire d'une mioche angevine
_max
Acte V, scène 6 : Un parc envahi par flore, et même faune, de toutes sortes, ceinturant une résidence aux apparences austères en plein Dijon, le soir du sixième de l'Augustus mensis de l'An 1457.

    Max de Mazière, l'ineffable, pour votre plus grand plaisir, enfin...
    Pis un coursier qui s'impatiente, mais aurait grand tort de le montrer.
    Et, également...
    Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, en guest star (dans le bar alien... heu non, l'auberge bourguignonne...).
    Princesse_Blanche, en guest star (même topo)
    Soeli de Margny-Riddermark, en guest star (tout pareil, vous dis-je!)


Voici la deuxième journée, déjà, que l'ardent était arrivé en la Capitale Bourguignonne... Si le convoy avait été d'une parfaite tenue tout au long de son voyage en la compagnie de l'élégante Princesse de Cologne - preuve accablante qu'il était possible aux bourguignons de paver convenablement leurs route, au moins lorsqu'il s'agissait d'accentuer le bien-être de leurs régnants - l'arrivée de Mazière en ses quartiers occasionnait, elle, les plus vives déceptions....

La demeure acquise quelques temps auparavant, utile pied-à-terre en cette province de Vin fameux et de Femmes divines, par le Comte de Belfort, paraissait toujours à ses yeux abandonnée en friche depuis des lustres... Ici un arbre obstruant de son exubérance la voie menant aux jardins postérieurs, là quelques débris d'une toiture non entretenue en un coin les plus obscurs de la bâtisse... Et malgré les directives pourtant appuyées du désormais Maistre des lieux, lors de son unique et dernier passage, point d'avancement dans les travaux de l'édifice, tout comme dans le débroussaillement de la cour...
Il était certain que châtiment serait infligé au majordome qui n'avait su se montrer ponctuel alors qu'au service du fleuron de la noblesse d'Empire, ainsi que de la noblesse dans son grand ensemble, d'ailleurs.... Mais pour l'heure, Mazière n'en était curieusement à la haine...

Délaissé de l'Eminence qui se préoccupait plutôt, à présent, de rejoindre un palais que l'on disait de fastes inégalés en la contrée, il ne lui restait plus maintenant qu'à attendre le "grand jour", celui qui le verrait en découdre enfin avec l'insolence mal placée de ce petit vassal de campagne, s'étant cru bon un jour, parce qu'étrangement propulsé sur un trône bien trop grand pour lui - et dont tous se souviennent encore du règne catastrophique au creux de ses coussins - , d'attenter à tout va à la respectabilité du majestueux Baron de Chaussin... "Mais pour quelles raisons bien obscures..?" s'est alors rapidement et légitimement questionné le peuple... Allait-on lui révéler que son Franc-Comte était un tel pleutre qu'il gardait en cette époque jalousement sa fiancée enfermée dans ses appartements, et que, s'inventant un idylle entre cette dernière et l'admirable enjôleur de Mazière - dont il reconnaissait d'ailleurs bien là les qualités incontestables - il entra dans une telle rage aveuglée qu'il ferma en conséquence toute porte des innombrables couloirs tortueux du Castel Dolois à l'homme qu'il avait pourtant supplié, quelques semaines plus tôt, de demeurer l'un de ses plus proches conseillers, celui qui se trouvait rattaché aux affaires commerciales, plus précisément.
S'étaient suivies de truculentes joutes verbales peuplées de cancrelats et autres insectes repoussant, quoique toujours bien trop loin de l'hideuse réalité du Valfrey. Pour conclure, le gant du perfide et borné Franc-Comte de l'époque, sans doute animé par le désir de conserver un semblant d'allure devant un tel public, avait osé voltiger jusque vers les tendres et délicatement parfumées joues de l'ancien Commissaire au Commerce...
L'on aurait pu s'attendre à voir se monter la lice, puis se dérouler le combat dans les jours qui suivirent, mais il n'en fut rien... Jamais on ne vit poindre le témoin du Valfrey aux abords des domaines où les attendait l'adversaire défié.
Cela jusqu'au jour où, prêtant comme à son habitude une oreille discrète mais attentive aux affaires de Mazière, la récemment proclamée Duchesse de Bourgogne s'était mis en tête de relancer ce projet de duel. Pour cela, elle était allée jusqu'à pousser la provocation à l'orée du vice auprès du Comte de Belfort... Elle proposait ainsi de se sacrifier elle-même pour représenter l'abject poltron de Beaufort. Un jeu dangereux... auquel il n'était malencontreusement plus efficace de s'opposer, tant l'on connaissait le caractère du Cardinal...
Face à l'urgence à laquelle donnait lieu la date proposée de l'affrontement, le Comte fit quant à lui appel à l'un des ses derniers compagnons d'armes en date, le Duc et Pair Erik de Josselinière, pour l'épauler le jour dict.

C'est tout cela que Mazière ressassait en son esprit, en ces derniers moments qui précédaient la rencontre... Ce soir, comme d'accoutumée dans les villes bourguignonnes, il s'en était allé goûter quelques grands crus en auberge d'enseigne renommée... Et, soutenu, porté même, par un de ces savoureux nectars imprégnant chaque recoin de son palais, voilà le Comte parti à méditer intérieurement sur les divers points de son existence... La concluant inachevée et langoureuse en ces instants... Lui, l'impressionnant et le magistral aristocrate, altier comme il se doit avec toute l'étendue crasseuse de la roture, digne seulement d'apposer ses lèvres en l'extrémité de ses bottes les jours de pluie et de boue... Lui, également respectueux du savoir-vivre et des codes de la cour avec chacun de ses semblables, à moins, bien sûr, qu'il ne s'agisse de l'un de ses ennemis... Ce qui suscitait nombre d'exceptions...
Et si l'un des plus célèbres romains de l'histoire antique(*) - lui-même assassiné par la suite - avait déclaré que c'était "au nombre de ses ennemis que l'on reconnaissait la grandeur d'un homme", alors la noblesse de l'ardent s'avérait sans nul doute, et pas plus de contestations plausibles.
S'ensuivit alors une réflexion sur son habileté au combat... Dans plusieurs champs de bataille, déjà, il avait su prouver sa valeur, notamment contre les hérétiques... Mais le Très-Haut savait à quel point son humeur n'était plus à présent à ces batailles épiques et sanguinaires... S'il s'était brièvement entraîné en compagnie de son écuyer, la journée durant, ce n'était que sans grande conviction...
Et qu'adviendrait-il si, pour la première fois depuis le début de sa misérable vie, le pleutre Valfrey réussissait - par une maladresse probablement plus grave encore à celle à laquelle il a accoutumé son public - un coup d'estoc, et venait empaler un Mazière mélancolique?
Oui... N'était-ce point une éventualité, qu'une mort atroce l'emportât des suites de ce duel? Si tôt, si vite, lui, toujours le même homme, Comte en proie à ses passions enflammés, et pourtant s'efforçant toujours de les dominer, et de ne point laisser transparaître jamais nulle faiblesse... Il paraît que chacun en détient au moins une... Celui-là aurait donc bien son talon d'Achille...

Soudain, un visage aperçu parmi la foule attroupée dans la salle... Non, ni la fatigue ni l'alcool ne l'avait rongé assez encore, c'était bien elle, la Princesse, entourée de la bastarde Margny et d'une voyageuse qu'il a déjà rencontré... Mais il n'eut point la capacité de s'en approcher assez qu'elle lui asséna en plein visage sa volonté de ne plus davantage converser avec lui ce soir, sortant bientôt à cadence de pas redoublée... Voici donc que leur relation déjà si conflictuelle s'amenuisait encore et encore... Peut-estre trouverait-elle d'ailleurs sa conclusion, épique autant que frustrante, sur le fil de l'épée d'un ahuri venu d'Empire le lendemain...

Toujours restait-il que, las, il se décidait à regagner immédiatement ses pénates, dernier endroit, songeait-il, où elle oserait venir le troubler.. Pour mieux disparaître dans la minute suivante, tel un mirage... Ou bien un rêve.
Mais le Comte avait tort, cette fois encore... Devant sa propriété, que ne trouva-t-il pas, au sortir de son coche, sinon un coursier envoyé par ladicte Régnante..? Selon toutes vraisemblances arrivé depuis un certain temps, le laquais se contenta de tendre le pli à la portée de Mazière... Qui le décacheta en hâte pour aussitôt découvrir un message qu'il aurait probablement dû lire avant d'alpaguer son auteur dans une innocence tant pathétique qu'involontaire.

Prestement, l'on se fit porter plume et vélin, et, sans curieusement livrer sa verve habituelle, de lui répondre en quelques mots à son tour...


Citation:
Altesse,

Le coursier qui parvint enfin à nous faire parvenir vostre missive saura bien vous indiquer le lieu de nostre lieu de résidence.
Sachez que nous y demeurerons jusqu'à l'heure du duel et qu'en conséquence, vous pourrez nous y retrouver à toute heure de vostre convenance, si tenté qu'il y en ait une...

Que rondement vous soit porté...

Sa Grandeur,




Le coursier en question ne repartait ainsi donc pas les mains vides... Tandis que Mazière rejoignait sa cave en quête, à nouveau, de quelque ivresse...


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(*) : César

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Ingeburge
Acte V, scène 7 : dans les rues de Dijon, le soir du 6 août 1457, tard
    Ingeburge, irritée (mais à peine, hein)
    La Garde, inquiétée (complètement par contre)


Elle n'irait pas à la lice demain. Non, elle n'irait pas! Car si elle devait s'y rendre, elle prendrait l'épée des mains de Jontas et irait embrocher Mazière ELLE-MEME! Elle foncerait sur lui, le regard furieux, l'épée tenue des deux mains à l'horizontale, pointe en avant et elle plongerait rageusement l'arme blanche dans la panse de coquin! Et elle l'enfoncerait, jusqu'à la garde s'il le faudrait et l'en ressortirait, provoquant un flot de sang bouillonnant pour la replonger à nouveau dans le ventre de ce Franc-Comtois bouffi de suffisance!

C'est agitée de ces pensées sanguinaires qu'Ingeburge arpentait les rues de Dijon d'un pas pressé trahissant sans doute aucun son irritation.
Et son visage se faisait le reflet de cet énervement qui l'avait prise quand elle avait aperçu le Comte de Belfort dans la taverne où elle avait décidé de se détendre après une journée de dur labeur. Et elle n'avait pas eu besoin de ce bref et désagréable intermède en sus! Non, elle n'en avait pas eu besoin! Tout le jour durant, les ennuis et les problèmes s'étaient succédés. Et il n'avait pas répondu, insouciant et insoucieux de ce que sa parole à elle eût pu être bafouée par son attitude négligente à lui. Il ne lui avait pas répondu, ne s'était pas présenté à la lice afin de confirmer sa présence et avait cru bon de disparaître au seul moment où elle avait besoin de le voir!

Oh, ça oui, pour sûr, elle l'éventrerait, elle l'éviscèrerait, elle l'étriperait, elle l'estourbirait, elle l'embrocherait et elle le ferait rôtir à la broche!
Et elle éclata soudain d'un rire hystérique, car une image très nette s'était formée dans son esprit au fur et à mesure qu'elle s'imaginait ce qu'elle ferait subir à l'impudent : celle de Mazière avec une pomme rouge dans la bouche.
Quelques chiens aboyèrent et une bonne femme endormie passa même la tête au dehors afin de voir ce qui provoquait ce rire dépourvu de chaleur. Et Ingeburge riait, riait, lasse et énervée et il lui importait peu de réveiller les commères.
Sa garde, elle, s'était figée et les Lombards regardaient leur maîtresse se tenir les côtes sans raison apparente. C'est qu'elle ne souriait pas souvent... alors rire!

Le Palais des Ducs de Bourgogne fut enfin rallié et la Prinzessin était déjà calmée, son accès d'hilarité étant passé comme il était venu : soudainement. Elle arborait à nouveau une mine soucieuse et se rendit directement à son bureau, préoccupée. Le duel avait quitté son esprit, Mazière également, elle aurait tout temps d'envisager la question le lendemain. Pour l'heure, il lui fallait reprendre le travail sans plus attendre.

Et c'est ainsi que la lettre tardive du Comte de Belfort la trouva. Elle la lut, haussa les épaules et la déchira avec soin. Les six lambeaux allèrent rejoindre le sol.
Eventré.
Eviscéré.
Etripé.
Estourbi.
Embroché.
Rôti à la broche.

Rien de moins.



EDIT > fautes + rectification du numéro de la scène
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Un crieur public, incarné par Ingeburge


Acte VI, scène 1 : Dijon, le matin du 7 août
    Un crieur public qui comme son nom l'indique crie en public



Un crieur public arpentait les rues de Dijon et déclarait à qui voulait bien l'entendre :
Oyez, oyez, peuple de Bourgogne!
En ce vendredi 7 août de l'an de grâce 1457, la lice de Dijon accueillera son premier duel!

Ce combat inaugural verra s'affronter Leurs Grandeurs Max de Mazière, Comte de Belfort, Baron de Chaussin et Jontas de Valfrey, Comte de Beaufort!

Venez trembler, gentes damoiselles devant ces deux nobles d'Empire venus croiser le fer pour régler une dette d'honneur!

Venez admirez, gents damoiseaux, ces deux preux combattants!

Venez frémir nobles dames et tendres pucelles et supporter votre favori!

Venez commenter ducs et messires les prouesses de ces deux anciens Francs-Comtes!



Et il poursuivait sa rengaine, ne ménageant pas voix, n'économisant pas ses efforts :
Oyez, oyez, peuple de Bourgogne! Un duel, ce soir, à la nuit tombée, sur la lice de Dijon!

Venez observer en nombre ce combat inespéré!

Venez acclamer et soutenir les lutteurs!

Venez tel César en sa Rome antique décider du sort de ces deux gladiateurs!


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