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[RP] Comment changer une fauvette en saucisson ...

Zilofus
Le groupe avait investit les lieux en peu de temps, il fallait dire que la température extérieure n'était pas des plus chaudes en cette période de l'année alors pour se réchauffer quoi de mieux qu'un bon feu et une tisane bien chaude. Comme ses compagnons de route il n'avait pas échappé à la règle et en avait profité pour se joindre à eux pour faire l'état des choses, des imprévus ...

Saucisson se plaignait encore et toujours, comme à son habitude me direz vous, elle s'était plainte tout le long de la route de tous les maux qu'elle avait bien pu se trouver, les petits riens devenaient des gros bobos, les petites tapes amicales devenaient des coups violents, les mots préventifs pour son bien être devenaient des menaces ... Bref une longue liste dont il n'allait pas tout énuméré, cela prendrait la journée au moins mais là, en cet instant cela ne semblait pas être des paroles en l'air pour s'accorder à être la victime dont le destin s'acharnait contre elle, les faits étaient tels qu'il ne pouvait le nier, ni se rassurer autant qu'il tentait vainement de la rassurer depuis plusieurs jours en disant que ce n'était rien, là c'était ... sanglant.


On vous trouvera un médecin. Lui avait-il dit sèchement.

Mais non, t'avait donc rien pigé mon pauvre Zilo, pas de docteur, pas de charlatan, elle voulait, enfin non elle exigeait que se soit une femme, qui plus est une matrone. Malgré l'insistance qu'il avait porté sur le fait que les compétences ne différaient que très légèrement entre les deux elle avait fait sa petite scène journalière pour dire que non, blablabla, c'était mieux, un homme ne comprendrait pas, ne saurait pas, des arguments bidons qui n'étaient en fait que pour cacher sa pudeur et sa réticence à se mettre à poil devant un autre homme que son mari.

Forcément le seul médecin en ville qu'il connaissait et dont il était sûr de sa capacité à résoudre le problème de Fanette n'était pas là, surement partit en voyage ou dans une ville voisine, ça ne serait donc pas celui là qui s'en occuperait. Dommage. La tâche de trouver la personne adéquat incomberait donc à Petit Caramel qui semblait avoir plus de faveurs que lui, sans doute dû au fait qu'il était le méchant de l'histoire, il s'accorda donc le rôle de la rassurer, enfin d'essayer.


Fanette ! Vous n'allez pas perdre Mini Corléone !

C'est bien parce qu'elle saignait qui s'abstenait de lui coller un taquet derrière le crâne parce que c'est pas l'envie qui lui manquait quand elle était comme ça, prête à chialer de porter tous le désespoir du monde sur ses épaules. Alors qu'il tenterait de la rassurer ou du moins de lui parler d'autre chose en attendant que la spécialiste arrive il fit un signe de main à la bretonne de se dépêcher d'aller en trouver une dans les environs.

Cours aussi vite que Saint Caillou te le permet Petit Caramel !

"Et trouve une matronne avant que se soit moi qui ne la saigne." aurait-il bien ajouter mais il se ravisa juste à temps pour le garder pour lui, il avait promis de ne pas l'abimer plus que nécessaire et uniquement si elle cherchait à s'enfuir alors ses mots restèrent suspendus sur le bout de la langue.
Il ne lui restait plus qu'à attendre le retour de la bretonne avec la personne qu'il fallait, en espérant que se ne soit pas trop long pour qu'il n'ait pas à entendre gémir Fanette trop longtemps et de devoir se taper la tête contre la table pour passer calmer ses nerfs.
Roman.
Petit retour en arrière : le 8 janvier, à Toulouse.

- Comment ça, Fanette n'est pas là ?


Courroucé, l'Italien s'apprêtait à sortir de son lit pour s'en aller lui-même quérir sa gueuse préférée. Mais la fille vint se planter juste devant lui, mains sagement croisées sur son petit tablier, comme si sa frêle carrure pouvait arrêter l'assassin Medici. Mais elle l'arrêta, de fait, car Roman était encore trop faible pour se lever, et il retomba péniblement dans son lit.


- Foutredieu, et où est-elle ?
- Je ne sais pas messire, mais il y a plein de lettres qui sont arrivées pour vous, ces derniers jours.
- Donnez-les moi.


La fille s'écarta de quelques pas pour aller récupérer une liasse de divers papiers.

- Voilà, messire. Je vous laisse. Appelez s'il vous faut quelque chose. Je vous monterai le repas dans dix minutes.

Elle quitta la pièce et Roman se renfonça sous les couvertures pour décacheter la première lettre du tas.



De Hope....
Le 04 Janvier 1466

Buongiorno Roman ,

Je suis une connaissance ou une amie de Fanette , mais nous sommes assez proche. Je ne pense pas que vous vous souvenez de moi. Nous nous sommes croisés en Taverne en présence de votre femme ce jour là avec mon ami Epiphyte , à Toulouse. Bien que nous nous sommes croisés , mais vous n’êtes pas resté longtemps.

Cependant , actuellement je suis en plein voyage mais sur la route du retour vers Toulouse. Depuis que je suis partie de Toulouse , Fanette et moi nous écrivons très régulièrement. J’ai un mauvais pressentiment pour votre femme , je ne sais comment et pour quelle raison mais je crois qu’elle est en danger. Ça fait quelques jours de cela , je n’ai pas eu de réponse de sa part et ce qui n’est pas de son habitude. Je ne suis pas sûr de ce mauvais pressentiment , alors c’est pour cela que je vous demande , savez-vous si elle va bien ? Elle est en sécurité? J’espère que je me trompe sur ce mauvais pressentiment.

Dans l’espoir d’avoir une bonne nouvelle ,

Hope


À ce premier message, Roman fronça les sourcils. Il relut la date : le 4 janvier... la lettre datait déjà de quatre jours. Pas de nouvelles de Fanette... Il eut beau chercher dans ses souvenirs, sa fièvre avait été si forte qu'il eût pu s'être écoulé un mois sans qu'il s'en rendisse compte. Il voyait pourtant encore l'adorable visage de Fanette se pencher vers lui... mais de quand cela datait-il ? Il prit la seconde lettre... elle n'était pas signée.




MC,

Fanette se trouve à Angoulême ce jour.
Elle est en compagnie d’un certain Zilofus et Lucus.
Ils se dirigent vers la Normandie pour trouver une certaines Svan à Avranches.
Elle a besoin de votre aide.

Vous devriez surveiller bien mieux les femmes de votre famille.


MC... Medici Corleone, les deux lettres associant son nom de famille maternel avec le paternel. Lettres qu'il avait gravées de sa lame dans la paume d'un immonde porc français, quelques semaines plus tôt. Montparnasse. Personne d'autre que lui, à sa connaissance, n'avait fait usage de ces initiales ainsi accolées. Roman signait toujours entièrement ses courriers, que ce soit de l'un ou de l'autre nom, quand ce n'était des deux. Mais pour graver un nom dans une paume, les initiales suffisaient bien. Pourquoi Montparnasse lui aurait-il écrit, pourtant, dans une telle situation ? À moins que ce ne fut tout simplement quelqu'un d'autre. Pourquoi alors rester anonyme ? Les amis signent leurs lettres... Surtout quand leur contenu ajoute une sévère dose d'inquiétude à leur destinataire. Lettre suivante.



Jenifaelr
Le 07 Janvier 1466

Les rumeurs circulent.

Montparnasse souhaiterait se venger de toi & Gabriele. J'ai prévenu ton frère, il s'en bat les couilles, soit.
Fait gaffe à ta femme et ton fils.
Il semblerait qu'une certaine Vivia Corleone soit de son côté, méfie-toi.

Prends soin de toi,
Jeni.


La tante Corleone. Et justement à propos de ce connard de Montparnasse... La coïncidence ajoutait aux doutes de Roman. Mais le risque d'une vengeance ne le préoccupait guère ce jour-là. Il mit la lettre de côté car elle ne lui donnait aucune indication sur ce qu'il était advenu de son épouse. Lettre suivante.



De Esneda
Le 07 Janvier 1466

Bonjour Roman,

J'ignore si vous vous souvenez de moi, mais là n'est pas la raison de ma missive.
J'ai eu l'occasion de croiser Fanette aujourd'hui 7 janvier 1466, à Angoulème. Elle est malheureusement en très mauvaise posture et, comme je ne sais si vous avez déjà pu être mis au courant, je me permets de vous écrire à ce sujet.

Elle était en compagnie d'un homme qui ne m'a pas fait bonne impression. Il répondait la plupart du temps à sa place à mes questions, et elle, semblait faussement assurée en sa compagnie. Il s'est d'abord présenté à moi comme étant l'époux de Fanette, or, vous ayant déjà vu par le passé, j'était certaine de son mensonge. Lorsque j'en ai rit, il s'est vexé et a alors finalement pretexté être son frère. Je ne l'ai pas cru non plus, mais n'en ai rien montré. Par un prétexte de question intime où j'aurais eu besoin d'un conseil de femme, j'ai pu la soustraire un instant à la surveillance de cet homme qui s'avère finalement être un dangeureux individu. En passant dans une taverne voisine, elle a enfin pu me décrire la situation réelle que je vous conte à présent.

Ce Zilofus la détient et l'emmène contre son grè en Normandie, où il aurait une fille. Il veut se servir de Fanette comme d'une monnaie d'échange pour récupérer l'enfant à ce que j'ai compris. Il la suit à chacun de ses pas, scrute chacun de ses gestes et ne lui laisse aucun instrument d'écriture. Il m'a d'ailleurs soupçonnée de lui avoir donné un vélin lorsque nous somme retournée vers lui. J'imagine qu'il doit également lire les lettres qu'elle reçoit, je vous demanderai donc de ne surtout pas lui écrire à ce sujet. La chose rendrait sa situation plus dangeureuse qu'elle ne l'est déjà.
Fanette a par ailleur ajouté qu'il connaissais un certains nombre de gens rallié à la cause de cet individu et que, par conséquent, elle ne savait pas à qui se fier. C'est une chance que j'ai pu la rencontrer.

Je prie pour que cette missive ne tombe pas entre de mauvaises mains, je ne saurai m'en pardonner si tel venais à être le cas.

Soyez assuré de ma volonté à faire délivrer votre épouse de ce malfrat.

Esneda.


Cette lettre-là éclairait toute la situation. Zilofus, Fanette, à Angoulême ! Ce gars-là était décidément une plaie, en plus d'être un emmerdeur fini, et il venait de passer définitivement le stade supérieur dans la catégorie "méprisable" selon l'opinion de l'assassin. Catégorie qui se rapprochait dangereusement d'une des suivantes : "à éliminer".

La lettre datait de la veille. Roman sortit de son lit, se rassit en manquant s'évanouir, soupira, pesta, jura, sacra et se releva. Il tituba jusqu'à la commode qui supportait un broc d'eau et une bassine où il put se rafraîchir le visage. Une barbe de plusieurs jours crissa sous ses doigts. Il était sans aucun doute méconnaissable. Il sentit sa propre haleine, fétide d'avoir été tant malade, et se rinça la bouche une douzaine de fois. La tête lui tournait déjà de faire ces efforts.

La gamine toqua à la porte et entra en poussant du coude la lourde porte. Elle portait un plateau où trônait une soupière fumante, un bol, du pain et une asssiette garnie de lard.

- Ho, vous êtes levé ! Je vous apporte le repas. Soyez raisonnable, vous êtes tout blanc ! Asseyez vous pour manger. Je vais vous faire monter de l'eau chaude pour un bain. Thomas va vous monter le baquet aussi.
- Merci. Vous avez de quoi écrire ?
- Je vous apporte ça tout de suite.


Dès qu'elle fut revenue, Roman rédigea une brève lettre pour son compagnon de route resté à Toulouse puis confia sa missives à la fillette, qui l'emporta au moment où ledit Thomas revenait avec le lourd baquet de bois. Ce bain ne serait pas un caprice luxueux ou une perte de temps pour retrouver Fanette : il devait se débarasser des miasmes persistants de la maladie.



À Rohnan
Le 07 Janvier 1466

Bonsoir compagnon,
Nous devons en urgence partir vers Angoulème, Fanette a été enlevée.
Je suis encore malade mais je veux prendre la route demain ou après-demain, le plus tôt sera le mieux.
Ecrivez-moi dès que possible.
Roman


Plongé dans l'eau brûlante que le garçon avait apportée seau par seau - sans se plaindre malgré leurs poids, comparativement à sa carrure - Roman se frotta vigoureusement la peau, des pieds aux cheveux, jusqu'à en être cramoisi. Il était hors de question de contaminer Fanette enceinte en courant la retrouver alors qu'il était encore malade.

Une fois qu'il eut retrouvé un niveau d'hygiène acceptable à son goût, Roman, bien qu'épuisé, se mit à la tâche. Il rassembla ses affaires et celles de Fanette, non sans une sourde angoisse au moment de toucher ses vêtements à elle... Mais il s'obligea à rester efficace. Il refit les bagages. Quand ce fut terminé, il descendit à la salle commune dans l'espoir d'y retrouver Rohnan afin de prendre la route avec lui...

_________________
Roman.
Le lendemain, 9 janvier.

Il n'y avait point vu Rohnan, mais Beren et Lysianne, qui connaissaient Fanette. Il leur avait raconté ce qu'il savait de l'affaire, et il bouillait sur place de n'avoir aucune réponse de Rohnan. Il comptait pourtant sur le Von Frayner pour faire route ensemble, ce qui était plus prudent dans son état, d'autant que l'homme était amical et cordial. Mais point de nobliau français à l'horizon. La journée passa, Roman fit les cent pas, sortit voir sa monture que l'on avait heureusement fort bien traitée malgré l'absence de son propriétaire, et revint encore dans sa chambre relire trois fois les différentes lettres qui parlaient de son épouse. Il écrivit au prévôt de Guyenne pour s'assurer de n'être pas poutré en quittant Toulouse...



Bonsoir,
Je vous écris afin de prolonger les laisser passer qui avaient deja été accordés pour mon groupe. Je voyage avec messire Rohnan Von Frayner.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me confirmer la validité de nos LP afin de pouvoir reprendre notre route.
Avec mes respects,
Roman di Medici Corleone


Le soir venu, il convint que son état ne lui permettait pas encore de prendre la route à cheval en pleine nuit, et bien qu'à regrets, il dut admettre qu'il risquait de tomber de cheval et de finir mort gelé comme un con évanoui dans la neige. Il se recoucha dans des draps changés de frais; mais le sommeil le fuyait déjà...

Zilofus n'était probablement pas un réel danger pour Fanette. Surtout s'il s'agissait d'aller rejoindre Svan. L'Italien se raccrocha à cette idée pour tenter de se rassurer, mais la perspective de retrouver une Fanette morte, abîmée ou un brin décoiffée le mettait déjà dans des affres d'inquiétude et d'énervement. Il finit par sombrer dans un sommeil sans rêves provoqués par l'épuisement davantage que par la sérénité nocturne.


Le lendemain, 10 janvier.

Au matin, lorsqu'il descendit se restaurer, l'aubergiste lui transmit la réponse du prévôt, amenée fraîchement à l'aube par le coursier rapide.



De Tiobbi du Val d'Haine
Le 09 Janvier 1466

Bonsoir Messire

Voici la prolongation du Laisser Passer.

De nous Tiobbi du Val d'Haine, Prévôt des maréchaux de Guyenne
A vous Messire Roman.

Salutations et paix;

Par la présente, nous Tiobbi du Val d'Haine, Prévôt des Maréchaux de Guyenne accordons un prolongement du laisser passer pour une durée d'une semaine à compter du 09 janvier 1466 à Messire Roman. et Messire Rohnan Von Frayner.

Fait à Cahors, le 09 Janvier 1466

Tiobbi du Val d'haine
Prévôt des maréchaux de Guyenne


Bien, voilà qui était en règle. Roman rangea la lettre dans sa sacoche et s'enquit de l'apparition du Von Frayner depuis la veille... Mais nul ne l'avait vu depuis plusieurs jours. Il n'était plus temps d'attendre. Il remonta se vêtir pour le voyage. La Princesse Mélissandre de Malemort lui avait fait porter de chauds vêtements d'hiver dont il se couvrit : bien que ces habits fussent bien trop riches pour mériter d'êtres portés à cheval, ils étaient bien plus chauds que ceux qu'il avait amenés avec lui à Toulouse. Il faudrait qu'il réponde à toutes ces lettres, aux cadeaux reçus... mais plus tard. Il était temps de partir.

Une heure plus tard, il chevauchait en direction d'Angoulême, le cheval de Fanette à la bride, et toutes leurs affaires sanglées sur la selle libre et dans les fontes. Il en avait pour plusieurs jours de voyage...

_________________
Roman.
Après plusieurs jours de route : le 14 janvier.

Périgueux était la dernière ville avant de parvenir enfin à Angoulême, où Roman perdait la trace de Fanette. Il avait épuisé son cheval qui avait failli crever avant d'arriver aux remparts de la capitale périgourdine mais l'avait ensuite confié aux bons soins d'un palefrenier qu'il avait payé un petit supplément pour redoubler de bienveillance envers l'animal. La monture de Fanette n'avait guère souffert du transport des bagages, plus légers que le cavalier italien. Quelques instants plus tard, il poussait la porte d'une auberge qui semblait convenable. Il se laissa tomber sur une chaise, commanda un repas des plus copieux, et se gava tant et si bien qu'il faillit s'endormir sur place. La tête lui tournait, de fatigue et de vent glacé, mais il se réchauffait sous la pelisse épaisse offerte par la princesse. Il se fit prêter de quoi écrire et profita de cette pause nécessaire pour envoyer une lettre...



(raturé)Votre Alt(raturé)

Chère Mélissandre,

J'espère que vous me pardonnerez le retard de cette réponse, car j'ai bien du souci pour Fanette, que ce damné Zilofus a enlevée sous prétexte d'aller retrouver (raturé)cette foutue(raturé) Svan. Je suis dans la hâte et l'inquiétude bien que je ne pense pas qu'il veuille lui faire du mal. Il serait, par contre, assez stupide pour ne pas prendre assez soin d'elle.

Je vous remercie grandement pour les vêtements d'hiver dont vous m'avez gâté. Ils me sauvent du froid glacial de ces jours que je passe à cheval depuis mon départ de Toulouse. Je n'ai pu emmener Rohnan Von Frayner avec moi, il s'était absenté, ou retiré de la ville. Je me hâte vers Angoulême où Fanette se trouve peut-être encore.

J'espère que vous vous portez bien. Il me plairait d'avoir de vos nouvelles.

Recevez ma sincère affection,

Roman.

_________________
Morgaine_
« And oh poor Atlas
The world’s a beast of a burden
You’ve been holding on a long time
And all this longing
And the ships are left to rust
That’s what the water gave us »

« What the water gave me », Florence and the Machine


***


Tu sais le temps qui passe mon amour. Sais-tu seulement comme c’est long, comme c’est dur ? La charge qui m’accable pourrait finir par me rompre les reins. Je sens déjà que je plie, je me tasse. C’est ce que l’eau m’a donné.
La marée m’emporte au loin, je me retire en écume sur le sable, le soleil finira de m’assécher et je disparaitrais bientôt. Le sel sur mes joues laisse une traînée blanchâtre, c’est ce qu’il me reste de toi. C’est ce que l’eau m’a donné.


***


" Tu peux venir, mais tu restes en dehors".

C’est à peu de chose près ce que le Moustique lui avait dit lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle voulait l’accompagner. Elle aurait pu s’offusquer, elle aurait pu rétorquer qu’il n’était pas utile de lui faire cette précision, que ses affaires à lui elle s’en foutait. Qu’il fallait déjà qu’elle s’occupe des siennes. Mais elle n’avait rien dit. Peut-être était-ce d’ailleurs la meilleure chose à faire si elle voulait faire partie de l’aventure.
Chatte apprenait à évoluer sur les pentes scabreuses des susceptibilités humaines à la pointe de ses coussinets, toutes griffes rétractées. L’exercice s’il semblait facile réclamait malgré tout un sens aigue de l’équilibre.
Alors, lorsqu’il avait annoncé son départ prochain de Limoges pour aller enlever à une mère l’enfant qu’il avait eu la bonne idée de lui faire, l’instinct de survie après prit le dessus en moins d’un quart de seconde.
Rester seule à Limoges aurait eu raison d’elle et de sa toute relative santé mentale. Des idées morbides avaient même eu le temps de fleurir sous ce front blanc. Il y avait en Bretagne une falaise qui surplombait l’océan et que l’on nommait La Pointe du Raz. Il y soufflait des vents si violents qu’ils pouvaient emporter tous les tourments. Après tout Morgaine ne signifiait-il pas « Née de la mer », il semblait naturel qu’elle y retourne. Alors elle devait partir avec lui, question de survie. Les paumes de ses mains étaient devenues moites, le cœur s’était mis à tambouriner sauvagement et un élan brutal, fulgurant, l’avait poussé à se raccrocher à ce qui lui paraissait être suffisamment robuste et stable pour supporter le poids de sa douleur. Elle avait fait du Moustique son Atlas et celui-ci ignorait probablement encore tout ce qui résulterait de ce choix muet, fait sans son consentement.

Alors bien entendu, elle avait tenu parole et était restée volontairement à l’écart n’accordant que de rares regards à Fanette, qui tentait, bien subtilement, de s’attirer les bonnes grâces d’une jeune fille dont l’histoire pouvait sous bien des aspects ressembler à la sienne. Elle n’était pas dupe, la relative bienveillance de Fanette n’existait que parce qu’elle espérait toucher ce cœur mort, un tout petit peu, suffisamment pour pouvoir envisager qu’elle soit libérée au nez et à la barbe de Zilo. Pourtant, chatte était restée insensible à l’appel de détresse. Le monde auquel appartenait Fanette lui faisait désormais horreur, parce qu’il l’avait repoussé. Elle ne serait du côté de personne, car personne n’était du sien. Les souffrances voisines lui étaient donc étrangères parce qu’elle avait choisi de ne pas les faire siennes. Une femme n’est pas forcément l’alliée naturelle d’une autre sous couvert que chacune couve en son sein un fruit monstrueux, qu’il soit Corléone ou Pique.

Pourtant quand le vermeil avait teinté ses doigts et que la peur, farouche, animale, pu se lire dans le regard « Fanettien », un sursaut d’humanité lui revint. Fallait-il laissé souffrir autrui parce qu’elle-même croyait souffrir à en crever ?
Une main vint se poser sur son propre ventre, et si…? L’idée germa doucement dans l’esprit tortueux. Si le médecin pouvait pour l’une, il pouvait probablement pour l’autre. L’once d’empathie avait été anéantie une fois de plus par une vague de desseins opportunistes. Moustique avait donné son assentiment en la pressant de revenir vite, elle quitta donc l’auberge sans autre forme de procès. Il fut difficile de trouver un médecin, qui plus est une femme, bien que les registres municipaux fut assez étoffés sur le sujet. Une longue liste de noms lui fut soumise à première demande, mais pour la plupart il s’agissait d’hommes et ils n’étaient pas en ville. Finalement un nom retint son attention, et elle nota l’adresse du cabinet sur un vélin et s’y rendit sans tarder.

De la Mairie au cabinet médical, il lui sembla qu’il eu mille lieues. Elle se trompa d’abord de chemin, bifurquant sur la gauche quand il fallait aller à droite et prenant un virage lorsqu’il fallait poursuivre tout droit, si bien qu’elle finit par prendre peur. Seule dans ce dédale, ayant pour toute source lumineuse le reflet de la lune, un sentiment d’oppression s’empara d’elle. Les doigts se crispèrent sur le vélin, la gorge se serra et les yeux en alerte cherchaient sans relâche un point de repère. Rien. Cette ville lui était parfaitement inconnue et d’autant plus hostile qu’il faisait sombre et qu’on y voyait cure.

Les embruns vinrent lui chatouiller la narine, elle se trouvait à présent sur le port, près d’un baraquement d’où filtrait une de la musique et des éclats de voix. Il devait probablement s’agir d’une taverne. Quelques badauds avinés s’écharpaient devant la porte, tandis que d’autres cuvaient leur mauvais vin entre deux tonneaux vides. Elle contourna le bouge pour finalement arriver dans ce qui semblait être une des artères principales de la ville. Après avoir consulté une dernière fois le vélin sur lequel elle avait noté l’adresse et le nom, elle s’arrêta dans ce qui devait être une échoppe et parvint à lire avec difficulté l’enseigne. Il semblait qu’elle fut au bon endroit. A grand renforts de coups sur la porte, elle cria
« Ouvrez, c’est urgent, ouvrez ! »
Roman.
Toujours le 14 janvier, en soirée, à Périgueux.

Le crépitement de la belle flambée qui réchauffait la salle commune de l'auberge municipale emplissait les oreilles de l'italien concentré sur sa lettre. Avec la fatigue, il lui était toujours plus difficile d'écrire correctement en français, mais il avait le devoir de remercier et rassurer plusieurs personnes. Il commença par la femme dont il avait reçu, en tout premier, la lettre : une certaine Hope.



Signora Hope,

Je vous suis reconnaissant de m'avoir écrit pour me prévenir à propos de Fanette, car il a fallu plusieurs jours pour que ma santé se rétablisse avant que je n'apprenne sa disparition. Vous aviez raison de vous inquiéter de l'absence de réponse de sa part, car elle a été enlevée par le mari d'une de ses amies. Je suis à leur poursuite. Je ne pense qu'il qu'il lui veuille du mal, cependant. Il s'agit plutôt d'un chantage à propos de sa femme à lui. Sachez que j'ai pris la route il y a plusieurs jours déjà, et que je serai à Angoulême demain. Ils s'y trouvent peut-être encore. Vous avez toute ma reconnaissance.

Roman di Medici


Ensuite, la tantine...



Salut Jeni,

Merci de m'avoir prévenu pour Montparnasse, même si ce que tu m'écris ne me surprend pas. J'ai mis du temps à te répondre car j'ai été gravement malade et je suis à présent sur les routes à la poursuite de Fanette, que ce connard de Zilofus a enlevée, sans doute pour faire du chantage à sa femme Svan. Je suis à Périgueux et serai à Angoulême demain. Je vais l'étriper.

Bien à toi,

Roman.


Et enfin, la femme qui parlait d'Angoulême, de Zilofus et d'un chantage à propos de Svan :



Dame Esneda,

Votre lettre a été plus que bienvenue. Je m'excuse de ne vous répondre que maintenant : j'étais gravement souffrant et je ne l'ai lue que tardivement, puis j'ai pris la route en direction d'Angoulême. J'y serai demain. J'ignore si Fanette s'y trouve encore mais je vous suis très sincèrement reconnaissant de m'avoir écrit à son sujet, et de m'avoir donné tant de détails. Vous m'avez rassuré sur son sort car je ne crois pas Zilofus décidé à lui faire sérieusement du mal, cependant il pourrait bien manquer de lui accorder les soins que son état nécessite. Je me hâte donc à leur poursuite. Une nouvelle fois, je vous assure de mes remerciements les plus sincères : vous participez sans aucun doute à sauver la vie de mon épouse et de notre enfant.

Roman di Medici

_________________
La_josephine
[La Rochelle, le 10 janvier 1466]

Et comme si Fanette n’avait pas assez souffert, la bretonne venait de trouver là, la pire matrone au monde. Joséphine de son petit nom déteste tout ce qui a un rapport avec l’enfantement. Elle n’aime ni quand son mari pose ses mains sur elle, ni quand il vient en elle en grognant comme un vieux dégueulasse, elle n’aime pas les enfants, elle n’aime pas les femmes enceintes qui se plaignent sans cesse pour un rien. Et ce qu’elle déteste par-dessus tout, c’est toutes ces conneries qui entourent l’accouchement. Les rituels à la con qui leur disent de se foutre le cul dans un bouillon ou de se faire fumiger la tronche. Si elles s’endorment, c’est pas parce que les plantes qu’on brûle sous leur nez les détendent. C’est juste qu’à force de geindre ou de beugler, ces andouilles elles sont épuisées, elles ne peuvent plus pousser le moment venu et elles s’endorment. Enfin, c’est pas bien grave, parce que leurs conneries de plantes là, elles en achetaient tellement qu’elle se faisait un petit pécule pas dégueu la Jo et bientôt, elle pourrait même s’acheter une de ces belles robes qu’elle voit parfois chez les dames de la haute qu’elle aide à enfanter.

Sous prétexte que Joséphine avait accouché douze fois et qu’elle avait réussi à garder en vie neuf des douze enfants, on l’avait proclamée matrone du village. Et vas-y qu’elle devait regarder le fondement des mères de toute la ville pour voir si tout allait bien. Et vas-y qu’elle devait se farcir les questions plus débiles les unes que les autres. Et vas-y qu’on vient la chercher le soir alors qu’elle venait juste d’enfiler son bonnet de nuit.

Gnia gnia gnia ! Voilà tout ce qu’elle avait entendu de la part de la bretonne.
De toute façon, c’est toujours la même chose avec les gens qui viennent la chercher, ma femme elle va accoucher, mon amie elle se sent pas bien, ma mère va mourir. Joséphine râlait dans son for intérieur et son for extérieur montrait déjà quelques signes d’agacement. Allez, Jo, on se ressaisit et on écoute ce qu’on raconte sinon on va encore rien comprendre à ce qui se passe. La matrone roule des yeux, râle de devoir remettre ses chausses et ça allait encore lui prendre mille ans. Bah ouais douze gosses plus tard, vous vous doutez bien qu’elle n’a plus ni la ligne de ses douze ans, ni la souplesse de ses quatorze quand son époux lui courait après et qu’ils finissaient dans les bottes de paille.


Elle referma la porte qui claqua sur le nez de la petite qui venait de la déranger sans autre chose qu’un grognement mal aimable et enfila chausses et manteau puis rouvrit la porte pour la suivre jusqu’à la taverne. Ils avaient intérêt à lui payer un coup sinon elle ne répondrait plus de rien. Elle ouvrit sans ménagement la porte de la taverne et de ses larges hanches poussa la bretonne sans même s’inquiéter de savoir qui elle était. Et quand bien même elle le saurait, elle n’en avait absolument rien à faire. Déjà, une bretonne … pouah ! Mais une noble ? Double pouah ! Pourquoi pas une angevine pendant qu’on y est ? Limite si elle avait su qui elle était, elle ne se serait même pas déplacée. Son œil expert avisa la pauvrette dont les jupes étaient en sang, un benêt dans un coin qui semblait au bord du suicide. Elle posa sa grosse main sur l’épaule de la future mère.


Tout le monde dehors.

Une voix forte qui ne laissait pas la place à la négociation. Elle attendit que tout le monde s’en aille, regarda longuement la petite qui en plus de perdre son sang, puait la mort. Crasseuse au possible, les cheveux tout bizarres, ils avaient dû la trouver dans un fossé, c’était pas possible autrement. Les grosses mains de Joséphine parcoururent le ventre de Fanette. Pas un bonjour. Pas un regard de compassion, visage fermé, elle tâtait. Elle tâta un long moment à la recherche d’un mouvement, même infime. Parce qu’elle est la pire matrone que Fanette puisse avoir mais aussi la meilleure. Et si le petit poussait ne serait-ce qu’un soupir, la Jo le sentirait sous ses doigts. Voilà, là … Recommence. Les mains bougeaient avec méthode, appuyaient pour le stimuler. Un autre coup, il réagit. Mais ne dit toujours rien à Fanette sur ce qu’elle découvre sous ses grosses paluches.

On monte.

Sans ménagement, sans lui en dire plus, la laissant sûrement dans la panique la plus totale, elle la prit par le bras pour la relever et l’aider à monter les quelques marches de l’escalier. De sa main libre, elle ouvrit une porte et installa Fanette sur le lit. Sans pudeur ni même sans demander, elle souleva les jupes de la petite vagabonde et inspecta son entrejambe. Elle continuait à tâter le ventre, à inspecter ce sang sur ses jupes. Faisant des allers-retours, pour aller chercher de quoi nettoyer, elle mit un linge humide sur le front de Fanette et lui lava son visage terne. Des gestes contrôlés mais néanmoins maternels. Parce qu’elle grogne beaucoup la Jo mais quand elle voit une personne dans un tel état, son petit cœur ne peut que tendre la main.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Elle attendit un temps bien trop long, assise sur le lit, sa lourde stature surplombant la petite fauvette, ses yeux sombres l’obligeant presque à se confier, avant que Fanette ne lui avoue enfin tout ce qu’elle venait de vivre sans doute pousser par la peur qu’elle la laisse là sans savoir ce qu’il en était. L’amie, l’enfant, le mari, le pote, la bretonne, les pervers, les cheveux, les coups, les insultes. Fanette lâcha tout. De toute façon, est-ce que ça pouvait être pire pour elle ? Qu’est-ce que Zilo pouvait lui faire de pire à cet instant ? Tandis que Fanette se laissait aller à tout lui dire, Jo sortit de sa besace des feuilles d’ortie dont elle fit une infusion pour calmer les saignements. On apprendra que c’est efficace en cas d’œdème mais d’ici là, la Jo, elle sera morte depuis des siècles. Elle laisse également un sachet de feuilles de framboisier que Fanette devra prendre en fin de grossesse pour fortifier son utérus et qu’elle garde l’enfant toujours en vie le plus longtemps en elle et ainsi éviter un accouchement prématuré. Elle la fit boire, visage toujours fermé. Elle détestait les hommes en général. Les femmes qui se plaignent. Les enfants qui pleurent. Car si elle, elle est un peu rustre et pas aimable, si elle ne prenait pas de gant avec les femmes dont elle s’occupait, quel taré pouvait frapper une femme, une femme enceinte qui plus est ? Rien n’excuse qu’on s’en prenne à une femme qui semblait déjà bien vulnérable. Elle ne voulait pas l’inquiéter mais elle ne semblait pas bien grosse et si elle est vraiment enceinte comme elle le dit de cinq mois déjà, il faudrait qu’elle mange bien gras et qu’elle boive du vin pour reprendre des forces rapidement et que l’enfant ne la grignote pas de l’intérieur. Sinon elle n’aurait jamais la force de l’allaiter et tout ceci n’aura servi à rien. Joséphine posa ses yeux sans expression sur celle qui lui racontait tout ça. Elle ne pouvait rester insensible à ce que venait de vivre Fanette. Elle ne pourrait rien faire de plus que de lui faire des infusions, offrir une toilette rapide et lui dire que tout allait bien. Mais au moins, la mère pourrait se reposer, rassurée.

Tout va bien.

La sentence est tombée.
Irrévocable.
Heureusement que c’est une bonne nouvelle !


A présent, dormez.

Avant de sortir de la chambre, elle se tourna une dernière fois vers Fanette.
Son corps large et massif prenait toute l’ouverture de la porte et elle regarda longuement la pauvrette d’un œil averti.


Si vous ne voulez pas accoucher d’un avorton déprimé, va falloir penser à manger, ma petite.
Gras. Et plusieurs fois par jour. Et boire du vin.
Apprenez à écouter vos besoins. Si vous ne savez pas écouter votre propre corps, vous ne saurez pas entendre les besoins de votre enfant. D’ici quelques heures, les saignements seront un mauvais souvenir et vous pourrez reprendre une vie normale. Marchez pour faire circuler le sang dans vos jambes et dans votre ventre. Je repasse demain matin.


Elle aurait pu ajouter que Fanette avait beau habiter à Limoges, elle n’était pas en porcelaine. Sauf que ça n’existe pas encore la porcelaine de Limoges à cette époque. Jo a beau être la meilleure des matrones, elle n’est pas encore une visionnaire. Sans lui laisser le temps de protester, Joséphine était déjà en bas. Elle se servit une chope de bière bien méritée qu’elle avala cul sec et sortit de la taverne, le visage toujours fermé. Sévère au possible, elle regarda longuement l’homme par qui tout était arrivé. Elle lui foutrait bien une beigne de sa grosse main mais il ne méritait rien d’autre qu’un peu de torture psychologique.

L’enfant n’est plus. La mère … plus pour longtemps.
Je repasse demain pour voir si les plantes l’ont aidée à l’expulser.
Enfin … si elle passe la nuit.

C’est faux, il le verrait bien s’il montait voir Fanette. Quoique pâle comme la mort comme elle était la petite sous sa crasse, on pourrait bien penser qu’elle n’allait pas survivre une nuit de plus. Parce que si le petit semblait s’accrocher à la vie, Joséphine pensait que Fanette était assez forte pour reprendre le dessus physiquement si elle se reposait et qu’elle mangeait correctement. Mais elle se demandait si ce n’est pas le moral en berne de la vagabonde qui pourrait lui faire perdre l’enfant plus que son état physique. A force de leur faire peur avec leurs conseils plus inutiles les uns que les autres, les gens rendaient plus malades d’inquiétude que nécessaire les futures mères. Ces femmes trouvent souvent la force d’aller jusqu’au bout même pour celles qui semblent les plus faibles. Tant qu’on leur fait croire qu’elles peuvent le faire et que tout ira bien. C’est pour cela qu’elle ne les traitait jamais comme des petites choses fragiles. Elle rentra chez elle pourtant sans ajouter un mot mais en lançant un regard noir à celui qu’elle avait pris pour le père au début.

Un petit coup de pression n’a jamais fait de mal à personne.
Lison_bruyere
[La Rochelle, ce même jour de janvier.]

Pour toute réponse, elle laissa échapper un long soupir, à la mesure du soulagement que venait de lui octroyer la matrone. Sa tête retomba mollement sur l'oreiller que la grosse femme avait calé sous sa tête. Toute bourrue qu'elle était, dans ses gestes tant que dans son approche, la femme lui avait dit le principal, l'enfançon vivait encore, et elle ne le perdrait pas ce jourd'hui. Les mains expertes avaient ramené les sensations que son ventre durci avait changées en une douleur continue et effrayante. Petit papillon s'était décidé à bouger, d'un mouvement presque imperceptible ... enfin.
Elle ferma les paupières, alourdie de fatigue et remonta sous son menton la couverture que la Jo avait posée sur elle en sortant. Sa main se faufila sous l'étoffe de laine jusqu'à son ventre, espérant encore sentir là un signe, ce délicat battement d'ailes, l'enfant de Roman.

Pourtant, la fatigue ne voulait céder place au sommeil, tant l'angoisse la tenait toujours. Le mercenaire lui avait promis tout un jour et toute une nuit, pour se reposer dans le confort d'un vrai lit ... Et après ? Elle ignorait encore tout de ses projets. Que ça cesse ... d'une manière ou d'un autre... elle n'y survivrait plus... Elle voulait retrouver les bras de son époux, entendre de nouveau la pointe d'accent dans sa voix chaude, se réjouir en songeant à demain. Et même si le manque était plus présent que jamais, alors que ses cuisses serrées retenaient encore un mince filet carmin, ses traits se détendaient doucement, à la simple évocation des souvenirs de lui.

L'agitation de la cité portuaire se cognait aux carreaux d'une unique fenêtre, que la façade voisine privait d'un pâle soleil d'hiver, et la berçait d'un bourdonnement étouffé, tandis que sous ses doigts, la vie de nouveau s'agitait. Alors seulement, les lèvres gercées par le froid ébauchèrent enfin un étirement léger. Tout ce que la peur, la crasse et l'épuisement lui avaient laissé de sourire.
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Zilofus
[Au même endroit, au même moment ...]


L'attente commençait à se faire longue, cela ne faisait que quelques minutes que la bretonne était partit à la recherche d'une personne capable de s'occuper de l'état de Fanette et pourtant cela lui paraissant déjà plusieurs heures, elle passait son temps à se plaindre, c'était incroyable comment cette fille pouvait se plaindre de tout et de rien, avec son naturel pessimisme elle trouvait toujours quelque chose à redire sur ce qui lui arrivait, et si ceci, et si cela, à petites doses c'était supportable, mais quand il l'entendait se plaindre à longueur de temps pour une bosse sur le chemin qui avait perturbé son sommeil sur la route ou qu'une mouche lui avait piqué le doigt forcément que ça lui tapait sur le système.

Les choppes s'accumulaient sous son nez, c'était là le seul moyen qu'il avait trouvé pour rester quelque peu distrait et porter son attention sur autre chose que la victime de cette histoire pour ne pas avoir à lui coller des tapes sur la tête ou trouver un moyen de la faire taire. Malgré cela il est vrai que le normand s'inquiétait un peu, juste un tout petit peu de l'état dans lequel se retrouvait Fanette, parce que malgré tout elle restait une personne qu'il avait appris à apprécier au fil du temps, même si elle a plus de défauts que de qualités, même si cette fois il ne lui avait pas laissé le choix de ses actions en la contraignant à venir, son rôle de kidnappeur et de père soucieux ne lui avait pas fait perdre sa part d'humanité, juste l'esprit. Déjà qu'il n'en avait pas tellement avant ... Les chemins croisés à de nombreuses reprises n'étaient peut être pas si hasardeux que ça comme il aimait tant le lui rappeler, puis avec les évènements qu'il y avait eu fil du temps, au gré de leurs rencontres, ils en étaient devenus presque de la même famille, Fanette était devenue sa presque ex-belle sœur par alliance à quelques détails près, il ne pouvait la laisser claquer dans une auberge miteuse sans lui accorder ce qu'elle demandait.

Ce qui à la base devait être un kidnapping en bonnes et dues formes c'était rapidement transformé en gros bordel qui partait en sucette, absolument rien ne s'était passé comme prévu, entre des inconnus qui s'était permis de taper sur sa victime, la victime elle même qui avait demandé de l'aide un peu partout où le groupe était passé et les agresseurs qui faisaient preuve de bonté en accordant plus de libertés que nécessaire à la kidnappée, il n'y avait pas de quoi faire de cette histoire une affaire d'état, c'était juste une affaire familiale qui avait dégénéré, tout ça pour une gosse ...

Pas le temps d'y repenser que la porte vint heurter le mur dans un lourd fracas, une imposante silhouette franchit le seuil et en deux coups de cuillère à pot fit le ménage des lieux en foutant tout le monde dehors. Sans avoir le temps de comprendre ce qu'il se passait il s'était retrouvé dehors après avoir manquer de se rétamer la tronche par terre à plusieurs reprises, à peine le temps de reprendre une allure droite et équilibrée que la porte se referma sur son nez, de la même façon qu'elle avait été préalablement ouverte, avec force et dépourvu de manière.


P'tain j'avais pas finit ma choppe !

C'est tout ce qu'il avait trouvé à dire avant de maugréer de s'être fait mettre à la porte de la sorte, se retrouvant dehors dans ce froid hivernal à attendre qu'on s'occupe du problème de la Fanette. Quelques cailloux avaient été frappé du pied pour atténuer son mécontentement pendant qu'il tournait en rond pour attendre le résultat de l'experte afin de savoir ce qu'il en était réellement. Ça commença par cinq minutes, puis dix, puis quinze ... puis non, s'en était trop, le blondin n'en pouvait plus d'attendre et il alla jeter un coup d’œil à la fenêtre pour voir ce qu'il se passait, c'était trop long, bien trop long ... D'un rapide coup d'oeil il balaya l'intérieur des lieux à la recherche de Fanette et sa fichue matrone qu'elle avait réclamé durant trois jours sans pour autant voir l'une des deux, personne, c'était vide.

Après s'être retourner pour interroger ses autres compagnons de route, à la fois frustré d'être laisser dans l'ignorance mais aussi impatient de connaitre la raison du mal être de la fauvette, le normand leur demanda sans vraiment attendre de réponse pourquoi ça prenait autant de temps que de se faire palucher par une soi disant connaisseuse en la matière, c'était pas comme s'il y avait cinquante chemins pour aller au cœur du problème.


Pourquoi c'est si long ?
Qu'est ce qu'elles foutent ?


C'était trop long, il n'en pouvait plus d'attendre, un nouveau coup d’œil fût jeter à la fenêtre avant quoi il irait voir ce qui se passait, parano au point de croire que c'était encore un coup foireux duquel elle en aurait profité pour se tirer en douce en prétextant à un pseudo mal être avant de voir l'imposante carcasse de la matrone redescendre les marches pour gagner la sortie, léger soulagement avant d'appréhender pour ce qu'elle allait annoncé. Moment de vérité ...

Planté devant la porte, Zilo écoutait attentivement la conclusion de la spécialiste pour savoir qu'elle serait la suite, une grimace se formait alors que ses traits se crispèrent sur son visage à l'énonciation de la gravité de l'état dans lequel se trouvait Fanette, ce n'était pas un tout petit rien comme il se l'imaginait, bien au contraire c'était la fin, la farce de trop ...


Qu .. que ... quoi ... ?!

Elle n'était pas au bord de l'agonie il y a à peine quelques minutes, comment pouvait elle en être arriver aussi rapidement à ce point, c'était des propos qui le laissait plutôt incrédule et dont il voulait aller vérifier la véracité par lui même pour savoir ce qu'il en était vraiment, laissant derrière lui la petite assemblée pour se hâter vers la chambre où reposait la soit disant mourante.

Sans même frapper ou adresser le moindre mot annonçant sa venue il pénétra dans la chambre pour y découvrir le Saucisson étendu sous quelques couvertures, le teint livide, les cheveux plus en vrac que d'habitude, le regard perdu, la mourante parfaite en gros et cette vision l'horrifia tellement qu'il rebroussa chemin sans même s'être attardé davantage sur les détails. Il claqua la porte d'un mouvement vif avant de se masser les tempes pour réfléchir à une autre solution que de se servir d'elle comme appât ou de monnaie d'échange, il ne voulait pas avoir la mort de Fanette sur la conscience, il avait fait maintes et maintes fois des pieds et des mains avec ses anciens compagnons de fortune pour qu'ils ne trucident pas les gens qu'ils délestaient de leurs biens ce n'était pas pour aujourd'hui devenir ce meurtrier. Le Saucisson ne serait pas sec aujourd'hui, ni demain d'ailleurs, même si cela n'arrangerait pas son cas et qu'il passerait un jour à la boucherie pour se faire dépecer mais pour l'heure il décida d'abréger la bataille pour se replier en terrain favorable, les dommages collatéraux n'étaient pas envisageables et ôter à un autre homme le bonheur d'être père n'était pas dans ses intentions sachant très bien les souffrances que cela faisait endurer.
Une longue inspiration fût prise avant d'y retourner pour lui annoncer la suite des évènements, la mettre au courant des choses qu'elle ne savait pas forcément, clarifier les autres choses qu'elle savait déjà, bref une mise au point de la situation.


Fanette ... Vous avez votre pause tant souhaitée. On reste ici. Du moins ... vous restez ici.
Svan arrive dans quelques jours et s'occupera de vous.
Votre époux est prévenu depuis notre arrivée en ville, je l'ai informé de votre état, il arrive aussi.
Dans leur attente, se sont vos amis déjà présent qui vous aideront ... La sœur à bidule, la mairesse et tout ceux qui ont gober vos histoires là ...


Une légère pause fût marquée durant laquelle il sortit une missive de sa besace pour la confier à l’alitée tout en reprenant d'un ton moins assuré après qu'un soupir se soit échappé de ses lèvres tandis que son regard cherchait à l'éviter pour qu'elle ne voit pas sa déception qu'il ne connaitrait pas encore son enfant.

Tenez, vous remettrez ça à la danoise quand elle se pointera.
Mes compagnons et moi on se casse.
Adieu.


Sans rien ajouter de plus il quitta la pièce, l'auberge, la ville ...
Lison_bruyere
...il quitta la pièce, l'auberge, la ville ... Tss tss tss, pas si vite ...



Fanette sursauta, coulant un regard vers la porte qui venait de se refermer brusquement. Sous ses doigts, même le petit loir avait accusé un mouvement au claquement sec. Et à peine avait-elle refermé les paupières, que de nouveau, la porte s'ouvrait sur le pas précipité du Normand, qui en deux enjambées, avait réduit la distance qui le séparait du lit pour venir se poser sur le bord du matelas. Elle s'efforça de tourner les yeux vers lui à l'énoncé de son prénom. Pourtant, contrairement à son habitude, le regard d'acier ne lui répondit pas. Il se faisait fuyant, évitant d'offrir prise aux noisettes désemparées de la fauvette. D'ailleurs, si c'était bien Zilofus, assis là, à côté d'elle, à lui débiter quelques phrases qu'elle ne saisissait qu'à demi, son attitude était différente, moins incisive, moins provocante.

Le visage blême imprima une petite moue inconfortable, tandis que chaque mot tambourinait douloureusement entre ses tempes, résonnant sans doute avec le sang qui s'échappait encore sous les draps, en un mince flux rémittent. Alors, de nouveau ses paupières s'abaissèrent sur son regard éteint. Mais déjà, le mot Adieu sonna comme un réveil, tandis qu'elle sentait le matelas s'alléger de la grande silhouette qui se dépliait. Elle extirpa son bras des couvertures pour le tendre inutilement vers celui qui s'éloignait, allongeant les doigts dans un effort vain pour le rattraper, et des lèvres pâles s'échappèrent filet de voix, à peine plus haut qu'un murmure.

- Attendez ...

Le pli cacheté, dans le mouvement incertain de la jeune femme, avait glissé au sol.

- La lettre, c'est quoi ?

Il avait déboulé là, en parlant trop vite, trop fort, sans la regarder, et en vérité, elle n'avait rien compris de ce qu'il lui avait dit. Juste quelques mots s'étaient accrochés au peu de conscience qui lui restait. Quand il avait consenti à se retourner vers elle, elle avait glissé dans ses yeux un regard teinté d'incompréhension, de fatigue et de crainte.

- Zilo ... J'ai ... Svan ... Svan et mon époux arrivent ? Comment savez-vous ça ?

Elle secoua doucement la tête, n'y comprenant plus rien. Que faisait la Danoise avec son diable ? Est-ce bien ce qu'il avait dit ?

- Des amis ? J'ai des amis ici ?

Ils venaient d'arriver, de qui donc causait-il ? Ou souhaitait-elle à ce point qu'il ne la laisse enfin, qu'elle l'avait imaginé dire ce qu'elle voulait entendre.

- Je n'suis jamais venue ici Zilo, j'connais personne.


Elle marqua un léger temps d'arrêt, s'efforçant de sonder les saphirs qui la dévisageaient tout autant, sans pour autant y trouver réponse. Alors, elle osa la question, celle qui immanquablement ramena l'eau salée à ses cils, et qui déjà s'échappait, laissant deux sillons clairs sur la crasse qui ternissait ses joues.

- C'est la fin Zilo ? C'est la fin cette fois-ci, vraiment ?

Fanette ne savait rien de ce que la matrone avait confié au mercenaire au sujet de l'enfant déjà mort, et de sa mère qui ne tarderait pas à suivre. La question n'évoquait que le terme de son cauchemar mais elle ignorait que, dans l'esprit du Normand, l'écho pourrait en être tout autre.
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Zilofus
... Ou pas. Pas le temps de se sauver pour ne plus jamais revoir la fauvette maudite qui ne faisait qu'attirer des malheurs que celle-ci laissait transparaitre ses derniers cris d'agonie. Un long frisson lui parcouru l’échine à entendre un futur fantôme qu'il se retrouva immobiliser avant d'avoir eu le temps de se sauver aussi vite qu'il était entré dans la pièce. Très lentement il se décida à tourner le haut du corps pour voir son interlocutrice, croisant alors le regard qu'il avait cherché quelques secondes auparavant à éviter, une grimace se dessina sur son visage à voir l'état dans lequel elle était par sa faute et à l'entendre poser toute ses questions, même mourante elle trouvait le moyen d'être chiante, c'était quelque chose tout de même.

Après un long soupir il se décida à se retourner complètement pour répondre à toutes les interrogations que Fanette venait de lui soumettre, prenant appui contre l'encadrement de la porte avant de reprendre dans l'ordre où les questions avaient été posé.


C'est ... Une moue s'imprima sur son visage, n'étant pas plus réjouit qu'avant d'avoir dû une fois de plus écrire les mêmes choses sur un vélin, ni convaincu que c'était la meilleure solution pour obtenir ce pourquoi tout ce remue avait été causé, mais cependant toujours prêt à faire un peu de diplomatie pour que chacun y trouve son compte. C'est sa dernière chance. Si après ça elle refuse encore je la tuerais de mes propres mains.

Une légère lueur d'espoir persistait dans ses yeux à l'idée de voir un jour le fruit de ses entrailles, même si pour ça il devrait endurer moult épreuves et vivre dangereusement cela n'allait pas l'arrêter dans sa revendication plus que légitime. Il en profita par ailleurs pour venir ramasser la lettre tombée et la mettre sur la table de chevet à coté du lit en prenant soin de la caler sous une bougie pour qu'elle ne s'envole pas suite à un courant d'air ou par mégarde.
La suite des questions s'enchaina et il se focalisa sur ces dernières pour ne pas en dire de trop à la fauvette, à chanter à qui voulait bien entendre le son de sa belle voix cela finissait toujours dans les oreilles qui ne devaient pas entendre ce genre de chose et gacherait toute la surprise lors du jugement dernier.


A vrai dire je n'en ai pas la certitude mais je sais qu'ils arrivent. Svan a toujours le chic pour faire l'inverse de ce qu'elle dit. Quant à votre époux il doit déjà être à votre recherche, cela fait quelques jours qu'on vous a enlevé et qu'il n'a pas de nouvelles.

Une légère pause fût marquée, le temps de se gratter la tête pour se remémorer qui est ce qu'il avait vu jusqu'à maintenant, certes ce n'était pas grand monde mais sur la faible quantité de personne il y en avait eu pas mal qui connaissait la jeune femme.

Oui vous avez des amis ici. A la mairie y'a votre amie qu'est née dans une boulangerie là, Micheline ... euh non ... Baguette ! Puis j'ai croisé quelques autres personnes qui disaient vous avoir reconnu quand nous sommes arrivés ... Faut dire qu'une femme avec un tas de spaghettis sur la tête ça ne court pas les rues hein ... Puis c'est pas parce que vous n'êtes jamais venue que vous ne connaissez personne, les gens sont comme vous, ils bougent.

Puis vint la dernière question, la fatidique, le dénouement de cette petite virée en terre poitevine, celle qui soulagerait la vagabonde mais qui rongerait le normand, quand pour elle toute ça ne sera plus qu'une vieille histoire d'ici quelques jours pour lui ça sera toujours un problème qui persistera.

Vraiment oui. C'est terminé. Prenez soin de vous Fanette.
Adieu !


Cette adieu sonnait comme ceux qui lui avait dit dit auparavant, un simple au revoir en soit car il savait bien que tôt ou tard leurs chemins se recroiseraient à nouveau, qu'encore une fois il y aurait une petite anecdote pour aller sauver je ne sais qui ou livrer je ne sais quoi dans une province éloignée. Sans lui laisser le temps de répondre ou de le retenir une seconde fois par une dernière question qui lui serait venu à l'esprit il fit un pas en arrière tout en emmenant la porte dans le mouvement pour la refermer derrière lui et disparaitre pour l'heure.
Lison_bruyere
La Rochelle, les jours suivants...

- Mais vous avez un don pour vous attirer des ennuis Fanette !

Elle finissait par croire que Sagaiii avait raison. Elle connaissait l'ancien capitaine du Poitou depuis presque deux ans, et à chacune de leur rencontre, il l'avait tirée d'un mauvais pas. Alors, ce jourd'hui, tandis qu'il faisait valoir ses compétences de médecin, s'entretenant, sourcils froncés avec le second homme de science de la cité au sujet de la plaie qui avait entaillé son flanc, Fanette écoutait sagement, serrant les dents quand on décollait patiemment l'étoffe de sa chainse largement soudée aux chairs.

- Surtout quand vous nettoierez de nouveau, n'allez pas tout arracher ... détrempez avec de l'eau tiède ... et passez-y une décoction de thym bien concentrée ...

Peu avant cela, la matrone était revenue la voir, confirmant comme la veille qu'un peu de repos et une bonne alimentation suffiraient à faire cesser les inquiétants symptômes que la future mère présentait à son arrivée, et maintenant que pas moins de deux médecins avaient assaini sa blessure et lui avait confié de quoi en prendre soin, elle pouvait enfin envisager les prochains jours plus sereinement.
D'autant que, si elle ignorait encore tout de la venue effective de la Danoise et de son époux, on lui avait bien confirmé le départ des deux Normands et de la Bretonne. Et contre toute attente, Zilofus n'avait pas menti. Il se trouvait à la Rochelle des gens prêts à lui tendre une main secourable, et parmi eux, et non des moindres, Aliénor de Nauériels, la sœur aînée de son amie Eléonore.

La femme avait d'emblée accueilli la fauvette sous son toit, et en quelques jours, lui avait rendu une allure décente. Elle avait pu diluer dans l'eau parfumée d'un bain toute la crasse et le sang qui ternissaient ses traits. Sa robe avait été nettoyée et raccommodée, ses boucles démêlées, sa peau parfumée, et dans une attention toute maternelle, en plus de la chaleur d'un foyer, Aliénor veillait à remplir copieusement chaque assiettée qu'elle lui présentait.
Les rires des quatre enfants suffisaient bien à emplir ses journées, et si la maîtresse de maison ou son époux s'absentaient, Fanette pouvait encore compter sur sa jeune sœur pour lui tenir compagnie.

Petit à petit, nourrie d'attentions bienveillantes et de soins, ses joues avaient repris un peu de couleur, ses lèvres s'étaient ourlées de rose et ses sommeils s'apaisaient. L'unique objet de son inquiétude restait son Corleone, dont elle était sans nouvelles.
Fanette n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait, alors, elle avait fait porter trois courriers identiques, l'un à Limoges, l'autre à Toulouse et le troisième à Angoulême, au cas où il ait pu remonter sa trace jusque-là.

Elle n'avait plus qu'à attendre ... patiemment.
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Victoire.
[Le diable se cache dans le détail]

[Thouars, le 11 janvier 1466]

A son arrivée dans le Poitou, elle avait reçu pas moins de cinq lettres entre le moment où elle quittait l’Anjou et ses premiers pas dans Thouars. Elle s’installa aussitôt dans une auberge pour nourrir sa fille, faire quelques ablutions et lire son courrier. Trois rapports de milice qui lui disaient que Zilo et son groupe étaient ressortis sans Fanette de la Rochelle. Depuis qu’elle avait appris l’enlèvement, elle avait demandé à ces hommes qui avaient pris soin d’elle à Saintes et à la Rochelle de la tenir au courant s’il y avait du mouvement. Elle devait voir Zilo mais elle voulait avant tout s’assurer que Fanette était en sécurité. Puis une autre de son petit informateur de Limoges. Bizarre qu’il lui écrive. La simple phrase fut lue. Relue. Rerelue.

Et la lettre échappée de ses mains tremblantes glissa lentement par terre. Le temps semblait comme arrêté et tout autour d’elle n’existait plus. Stoïque et les mains vides, la danoise assise sur le lit regardait un point au loin, la bouche entrouverte sans vouloir accepter cette vérité qui annonçait la fin de leur histoire. Son petit informateur qui lui donnait des nouvelles de son mari pendant qu’il était à Limoges -car même de loin, elle voulait s’assurer que le père de sa fille aille aussi bien que possible au vu des conditions dans lesquelles elle l’avait laissé après son départ- avait eu le bon goût de lui donner une petite précision. Pourquoi maintenant ? Venait-il de l’apprendre ? Pensait-il qu’il serait bon de la mettre au courant puisqu’elle l’avait prévenu qu’elle allait revoir le père de sa fille ?

Blême, Svan regardait sa fille. Sa toute petite fille. Son enfant, la chair de sa chair et pour la première fois, elle craignait Zilo et ce qu’il comptait faire d’elles. Elle avait tout imaginé de sa part mais pas ça. La femme qui voyageait avec lui et Lucus n’était autre qu’une amie des roux. Les roux qui avaient violée sa petite Elise. Des violeurs de petite fille. Il n’en fallut pas plus pour que la danoise imagine le pire. Son instinct l’avait poussée à fuir cet homme. Mais à défaut d’être un bon époux, il aurait pu être un bon père. Elle l’avait tant aimé qu’elle aurait tout fait pour qu’il vive avec sa fille. Elle le lui avait écrit. Cette lettre pleine d’espoir et de crainte … Et la réponse lui revint à l’esprit. Fouillant frénétiquement dans son sac pour en tirer la lettre du père, elle la lut lentement. Chaque mot était si lentement déchiffré que ses yeux faisaient littéralement le tour de chaque lettre. Elle ne voulait pas manquer un seul mot, pas un seul sous-entendu, pas un seul espoir. Mais rien. Zilo ne lui donnait rien à quoi se rattacher. Même pas un mensonge pour la faire venir. Il aurait pu jouer sur ses sentiments pour lui, sur la culpabilité mais rien. Rien de rien. Il ne lui concédait plus rien. Fanette n’était pas la monnaie d’échange. Elle était un prétexte pour la faire venir et pour prendre leur fille. Elle s’y attendait mais pas pour le compte de roux pervertis et malades.

Etait-il devenu fou ? Sa descente en enfer après être partie s’enfermer dans un couvent puis sa montée dans le fanatisme religieux et de nouveau, tout s’était écroulé autour de lui … Elle ne voyait que ça. Il était devenu fou. Fou d’amour, fou de colère, fou de tristesse. Fou au point de livrer leur fille, sa fille à des êtres maléfiques. Pourquoi serait-il en route avec cette femme sinon ? Il détestait tout ce qu’elle pouvait représenter : la noblesse, la Bretagne … Svan avait su qu’elle voyageait avec eux. Elle aurait pu être jalouse, elle aurait pu le détester mais pour leur fille, elle serrait les dents, elle allait le voir pour lui offrir une famille. Et lui ?

Voilà ce qui aurait pu arriver.


Non non non non non … non non non NON NON NON !
Hvorfor ?
HVORFOR ? *


Elle se jeta sur le lit en hurlant, en pleurant, en réveillant leur fille malade d’avoir tant voyagé qui se mit à pleurer et à hurler elle aussi. En coeur, elles détestaient ce père qui voulaient les priver l’une de l’autre. La vengeance de ce père semblait si atroce qu’aucune des deux ne voulait se résoudre à arrêter de hurler leur douleur. Et pourtant, Svan avait tant aimé cet homme. Encore la veille, elle lui offrait tout ce qu’il voulait quitte à en mourir de tristesse. Les courriers volaient rageusement, le visage de la danoise inondé de larmes se tordait de douleur. Car en dehors de la trahison, cette vengeance était plus que cruelle. Les draps furent déchirés, les tentures arrachées, les meubles renversés. Ses poings frappaient rageusement les murs et une fois ses mains en sang, elle s’écroula à terre en sanglotant. Les pleurs de peur de sa fille ne lui parvenaient même plus aux oreilles. Seul son propre malheur résonnait dans sa tête. Elle avait cru mourir plusieurs fois dans sa vie d’avant. Mais jamais, elle n’avait eu si mal. Si mille poignards l’écorchaient en même temps tandis qu’elle se faisait écarteler, elle n’aurait pas eu si mal.

Après des heures à pleurer, une fois ses larmes taries, elle se releva péniblement. Il ne devait pas être loin de midi quand elle écrivit une longue lettre à Fanette. Elle devait s’assurer qu’elle était à l’abri pour pouvoir dire à Zilofus qu’elle n’irait pas au rendez-vous. Elle n’irait pas au rendez-vous et surtout elle oublierait jusqu’à son existence. Mère et fille ne pouvaient plus se permettre de souffrir à cause de lui, pour lui.


Mais voilà ce qui arriva.

Sa fille malade depuis deux jours déjà toussa faiblement.
Comme un claquement de doigts devant tes yeux qui te ramène à la réalité, Svan sortit de son propre esprit torturé par les images qui lui donnaient la nausée.
Tartine toussa une seconde fois et sa mère lui sourit, bienveillante, en caressant son petit crâne sur lequel se collaient des mèches brunes et humides de la fièvre qui ne voulait pas quitter son corps fragile. Ses doigts à peine remis d’avoir frappé arbre et mur quand elle recevait des nouvelles de lui la faisaient encore souffrir horriblement mais elle continua à effleurer la peau fine de ce petit être innocent. Car si elle était folle, elle était avant tout une bonne mère. Et sa folie n’existait que dès qu’elle se rapprochait de son … ex-mari. Le mot était lâché.
Elle n’irait donc pas à la Rochelle.
Dans un éclair de lucidité qui éclatait dans ce scénario pourri par la douleur de perdre sa famille, par la cruauté de cette vérité qui n’existait que dans son esprit, par les gens qui parlent trop, qui déforment au lieu d’informer, par une main tendue qu’on rejetait, par un père qui ne voulait pas apaiser les choses, elle avait donc écrit une lettre à Fanette.

Si seulement, Zilo avait su, avait voulu apaiser les choses et qu’ils se voient, juste lui et elle. Sans intermédiaire, sans faux semblants, ils n’en seraient pas là aujourd’hui. Elle n’avait attendu que ça qu’il vienne les voir, qu’ils s’expliquent, qu’il accepte son rôle de père même s’il rejetait celui d’époux. Mais rien. Rien parce qu’il ne les aimera jamais. Sinon il aurait tout pardonné et il aurait tout fait pour elles. Il aurait pu tant faire avec cette main tendue …


L’alliance qu’elle se refusait de quitter jusqu’alors fut enlevée. Elle était lasse, fatiguée et elle abandonnait. Plus la force de continuer, plus le courage de l’affronter, même plus l’envie de se mettre en colère, c’était juste le coup de grâce. Mais ce fut tout de même comme un coup de poignard parce que jusque là, elle y avait cru. Son souffle coupé, elle regardait le cercle de leur amour éternel tournoyer par terre. Elle brisait leur mariage symboliquement, pire que quand elle partait. Car lorsqu’elle partait, elle pouvait toujours revenir. De toute façon de son côté à lui, c’était fini. Combien de fois il lui avait écrit qu’il la vomissait ? Qu’elle le dégoutait ? Alors ce fut aussi comme une délivrance. Elle regarda longuement son doigt nu comme si elle redécouvrait une partie de son corps. Comme si elle se redécouvrait elle-même. Comme si c’était cette alliance qui maintenait ce lien malsain qu’elle entretenait envers lui. Les images s’envolèrent. Les pires d’abord, les disputes, les nuits seule, les reproches, les coups de poings dans les murs, les silences, les cris, les pleurs. Puis les plus belles ensuite. Leur premier baiser, leurs retrouvailles au soir du mariage de Fanette, leurs rires, leurs projets d’avenir, la chasse aux mouettes, les conversations sur la plage. Quand elle avait perdu connaissance car Fanette venait de lui fracasser une épée sur la tête, elle avait fait ce rêve. Leurs enfants … Leurs enfants s’effaçaient devant ses yeux. Et son plus beau souvenir, leur mariage, disparut de son esprit doucement. Si lentement qu’elle aurait pu penser que son esprit cherchait à lui laisser comme un goût de bonheur une dernière fois avec lui. Car elle l’avait tant aimé. A la folie. Si sa réponse avait été différente, elle n’aurait pas déliré de la sorte. Elle aurait tout fait pour lui. Tout. Et il n’avait rien donné. Rien. Alors les dernières images de l’église normande, de son mari souriant, d’elle-même si heureuse et fière de devenir son épouse, pleine d’espoir s’estompèrent doucement devant ses yeux. Le tableau de ce souvenir de leur amour se faisait balayer par la peur qu’une mère avait de perdre son enfant.
Et dès lors, pour Svan, pour qui il était inconcevable de vivre sans lui, pensait-elle à cet instant, Zilo n’existerait plus.

Mais pendant encore quelques jours, on le lui rappellerait. Elle pleurerait son absence parfois, elle crèverait de ne pas le voir bien que tout le monde lui répétait combien il était toxique. Elle le haïrait et souhaiterait sa mort souvent. Le manque de tact de Fanette lui racontant certaines choses remuerait le couteau dans la plaie. Et elle la détesterait aussi à ce moment-là. Sans rien dire. Elle accuserait le coup.

Rappelle-toi Svan, il faut connaître le pire pour savoir apprécier le meilleur.


Ne me regardez pas dedans
Qu’il fait beau cela vous suffit
Je peux bien dire qu’il fait beau
Même s’il pleut sur mon visage
Croire au soleil quand tombe l’eau
Les mots dans moi meurent si fort
Qui si fortement me meurtrissent
Les mots que je ne forme pas
Est-ce leur mort en moi qui mord

Le malheur c'est savoir de quoi
Je ne parle pas à la fois
Et de quoi cependant je parle

C'est en nous qu'il nous faut nous taire **




* Pourquoi ?
** Le fou d’Elsa, Louis Aragon

_________________
☙ Victoire ❧
Zilofus
[L'après la Rochelle, sur les routes poitevines ...]


Au fur et à mesure que les jours passaient il se confortait dans son choix d'avoir prit à parti Fanette dans cette histoire en l'enlevant, même si ce n'était pas moralement bien d'agir de la sorte celle-ci jouait un rôle bien plus important que chacun pouvait se l'imaginer, et ça, il devait bien être le seul à le voir alors qu'ils pensaient tous qu'il allait l'échanger contre son enfant. Le normand avait toujours eu une relation ambigüe avec la vagabonde, jamais aucune de leur rencontre ne s'était terminée sur une note positive, il y avait toujours eu une histoire pour fâcher l'un ou l'autre, pourtant à chaque fois que leurs chemins se recroisaient ils passaient l'éponge sur les faits passés pour justifier leurs paroles et actes afin de repartir sur de meilleures bases. Cette fois s'était différent, il avait poussé le vice jusqu'au bout en dépassant les limites autorisées pour obtenir gain de cause, la victime avait été choisit avec précaution pour de multiples raisons, le lieu du rendez vous aussi d'ailleurs, mais tout ces détails n'avaient apparemment pas la même signification pour tout le monde ou bien personne ne s'en était rendu compte.

Finalement il avait eu raison de ne pas donner de plus amples détails à qui que se soit, les choses variaient énormément en fonction des points de vue, du sien il se rendait compte qu'il n'avait en fait pas grand chose à se reprocher, même Fanette lui avait donné raison sur ce point alors qu'il n'avait jamais rien fait pour qu'elle intervienne en sa faveur, c'était sans doute cela le plus douloureux, de n'avoir quasiment rien à se reprocher et d'être malgré tout traité comme un déchet ... Il avait tendu la main et on lui avait craché à la figure. Dans ces conditions il est plus que normal que le dialogue ne soit plus envisagé, ni envisageable, devant un tel manque de respect il ne pouvait pas se montrer docile et prêt à écouter de nouveaux mensonges pour se faire mener en bateau encore une fois.

Oh oui à de nombreuses reprises il avait eu envie de prendre la plume pour apaiser les tensions, ça aurait été tellement plus facile, ça aurait évité bien des souffrances, sauf qu'à force de toujours réparer les erreurs celles-ci n'étaient pas instructrices et seraient reproduites encore à l'avenir, puis de toute façon ce n'était pas à lui de faire quoi que se soit pour améliorer la situation, il n'en était aucunement l'instigateur. Puis ces dernières semaines il avait beau cherché où il avait fauté, se repasser chacune des scènes vécues, se remémorer ce qu'il avait fait ou au contraire ce qu'il n'avait pas fait, il ne trouvait pas, cela ne faisait que ressasser ce qu'il essayait désespérément de chasser de son esprit, tout ces efforts seraient vains car il ne parviendrait aucunement à trouver un terrain d'entente avec la danoise.

Le silence avait sans doute été la meilleure issue possible, les mots n'auraient pas été suffisant pour exprimer toute la haine qu'il lui vouait, il la recrachait avec mépris sur toutes les personnes qui croisaient son chemin de toute manière, le silence était plus expressif que n'importe quelle phrase, que n'importe quel signe, il était vide et représentait parfaitement le néant. Au final tout tournait autour de l'astrologie, après avoir graviter l'un autour de l'autre dans leur relation fusionnelle ils en étaient parvenus à se détruire mutuellement après être entrer en collision l'un avec l'autre, probablement à force d'être trop aimant ou un autre phénomène scientifique inexplicable. Même s'il n'était rien le silence voulait tout dire, encore plus quand il émanait de Zilo, en général cela ne présageait rien de bon et il fallait s'attendre à un changement radical météorologique, un truc bien ravageur d'intensité plus ou moins élevé, il avait la rancune tenace et cherchait toujours à se se venger des trahisons qu'on lui faisait subir. Svan avait été prévenu suite à la naissance de leur enfant que ses choix auraient des conséquences qu'elle ne serait pas en mesure de contrôler, visiblement elle n'avait pas pris ses menaces au sérieux et ne le connaissait pas aussi bien qu'elle pensait pour le prendre autant à la légère, il n'allait pas s'éterniser à essayer de lui faire entendre raison par le biais de courriers échangés, il n'allait pas non plus lui donner un rendez-vous quelque part pour voir sa fille et la laisser repartir comme si rien ne s'était passé, c'était bien trop facile, il sera donc le fantôme tapis dans l'ombre qui la hantera au gré de ses envies.

Dans la tête du normand il n'avait jamais été question d'échanger la fauvette contre son enfant, ni même de parlementer pour trouver un arrangement qui convienne à tout le monde, encore moins de faire appel à des inconnus pour tuer ou kidnapper son ex-femme ou son enfant, il l'avait déjà dit ce qu'il voulait vraiment, sauf qu'encore une fois cela semblait être passer dans de sourdes oreilles pour que personne ne le sache. C'était vraiment se compliquer la vie que de chercher plus loin que le bout de son nez, il n'est pas du genre à monter des plans alambiqués, au contraire il est plutôt simple dans ses requêtes, c'est absurde que tout le monde s'obstine à penser le contraire alors qu'il n'a jamais démontré un semblant d'organisation dans ses initiatives. Tout ce qu'il voulait c'était juste récupérer sa fille, en appâtant la danoise avec le saucisson il était sûr à quatre vingt dix neuf virgule neuf pourcent qu'elle viendrait, puis comme elle n'aurait laissé pour rien au monde l'enfant aux soins d'un autre pour la durée de son voyage il était aussi sûr que Tartine serait là, son kidnapping était en fait une apparence qui cachait un futur autre enlèvement. Pourquoi s'enquiquiner à vouloir faire le coup du siècle alors que même le plan le plus évident reste difficile à trouver.

Le rôle de la bretonne dans cette histoire n'était que secondaire, il l'avait bel et bien trouvé avec des rouquins la première fois qu'il retournait chez lui, elle trainait sur une route aux alentours de La Trémouille et venait elle aussi de se faire jeter comme une malpropre, alors en bon aristotélicien qu'il était le blondin a aidé son prochain pour la ramener en ville. Suite a cela il a sollicité son aide en connaissant ses origines pour s'en faire un guide au cas où il faille traverser la Bretagne pour retrouver Svan. Bon a peu de choses près c'est ça ... Juste que c'est elle qui a demandé à venir au départ pour profiter du voyage afin de se vider la tête suite aux évènements l'ayant elle aussi troublée.

C'est sans regret aucun qu'il était repartis sur les routes, certes pas totalement satisfait de cette péripétie mais qui marquerait le premier coup, restait plus qu'à voir ce qu'il mijotait pour la suite ...
Zilofus
[Les jours suivants, quelque part sur une route ... ]


Il n'avait pas prévu initialement que les choses se passent aussi bien, pour ne pas dire encore mieux que ce qu'il avait prévu, même s'il avait fait croire à tout le monde que c'était mort, que le plan était tombé à l'eau, s'il y avait eu quelques imprévus en cours de route les choses avaient tourné en sa faveur encore mieux qu'une machination montée de toute pièce, hormis le kidnapping de Fanette il n'avait pas eu à faire grand chose pour que tout se déroule sans accrocs, il avait bel et bien manifester son intérêt pour la nouvelle née, si bien que malgré sa déception de ne l'avoir toujours pas rencontré il était serein d'avoir fait ce qu'il fallait pour assoir sa légitimité en tant que père, tout ce tumulte n'était dû qu'à des embrouilles maritales pour savoir qui des parents auraient à charge l'enfant.

La véritable raison de son départ précipité était tout autre que le mal être de Saucisson, certes la santé de la vagabonde lui importait un peu car elle était indirectement une bonne amie avec qui il avait passé de bons voyages et qu'il ne voulait en aucun cas être responsable de sa mort, même si par moment elle était vraiment chiante à chouiner, mais c'était surtout car quand bien même le rendez-vous aurait été maintenu ses mots n'auraient eu aucune incidence sur les faits et en plus de cela il serait vraiment passé pour le méchant de l'histoire en retenant la fauvette en otage. En plus de faire face à la mère de son enfant il aurait aussi dû gérer la moitié du village qui prenait la défense de la fauvette, les deux réunis n'auraient aucunement arrangé son cas, à part s'il avait l'intention de parfaire sa réputation de vil gredin cela ne lui aurait pas permis d'obtenir gain de cause.

A vrai dire le mal être de Fanette était plutôt tombé à pic pour envisager une toute autre issue à la suite des évènements, jusqu'à maintenant il était partis dans l'optique d'user de mots doux et de gestes amicaux pour faire falloir sa place, ce n'était sans doute pas la meilleure solution mais sans doute celle qui marquerait plus le coup, jusqu'à ce que finalement le bordel qui lui faisait office de tête se mette en ordre pour envisager un autre dénouement. Puisqu'à rester sur place il y aurait eu plus de dégâts et de problèmes qu'autre chose autant tout laissé tel que c'était et laisser le cours des choses faire son œuvre. Puis la ville choisie n'était pas anodine, c'est ici que quelques semaines plus tôt les choses avaient brusquement prit un tournant imprévisible, cette fois encore rien ne se passerait comme prévu car il n'avait aucunement l'intention que les choses se calme, ce ne serait que partie remise.

Fanette ne devait être qu'un argument dans cette histoire, elle s'est révélée être une carte maitresse au fil des jours qui passèrent, sans même avoir besoin de lui raconter quoi que se soit elle s'était rangé de son coté, sur le coup ça avait tout de même un peu surpris le normand qui venait malgré tout de l'enlever et n'avait jamais vraiment été tendre avec elle mais rapidement il compris qu'elle savait bien des choses, peut être même plus que lui, des choses qu'elle ne pouvait pas tolérer et dont elle se chargerait mieux que lui pour en faire directement part à la concernée. Elle était une presque sœur pour la danoise, une confidente, une alliée précieuse, Zilo le savait, il savait qu'après ça la vagabonde se chargerait de passer un savon à son amie pour ses actes, ses mensonges et ses faux espoirs envers tous ceux qu'elle avait côtoyé dernièrement, ça n'aurait pas la même incidence que si c'était sortis de sa bouche, comme il était certain que Svan n'échapperait pas au jugement de celle à qui elle était plus attachée qu'elle ne voulait l'admettre, il pouvait plié bagage pour repartir d'où il venait et repasserait à l'action à un moment où elle ne s'y attendrait pas ...

Il avait tout de même prit soin avant de partir de laissé une lettre à Fanette pour qu'elle la remette en main propre à Svan lorsqu'elle arriverait d'ici quelques jours ...
La dites lettre avait été écrite en cours de route puis soigneusement conservée dans sa besace pour voir le jour où les choses avaient changé, voila ce qu'elle disait :




Svan,


J'ai bel et bien kidnappé Fanette, sans lui demander son aval, un vrai kidnapping en soit. Je l'ai fait en connaissance de cause, pour qu'enfin tu comprennes que les mots avaient leur limite et que ma crédibilité prenne de la valeur, je ne suis pas qu'un beau parleur ambitieux de faire tout un tas de choses, quand les moyens me sont suffisants je passe à l'action.
Tu m'as aussi écrit dans ta dernière lettre, je cite : " Chaque mot sera pesé. Sincère. Réfléchi. ", je pensais que tu aurais au moins la décence de le faire vraiment ... Encore une fois je me suis mis le doigt dans l’œil à espérer quelque chose qui t'était impossible de faire, tu te confortes dans le mensonge depuis tellement longtemps que tu en as oublié ce qu'était la sincérité. Même en t'accusant avec des preuves concrètes tu préférais tout nier en bloc et préférais t'inventer des excuses pas du tout crédible pour tenter de t'en sortir plutôt que d'admettre tes erreur et tes tords. Me sort pas que je n'en sais rien, même Fanette n'a pas démentit, cela en dit plus long que s'il n'y avait rien à en dire, ce n'est là qu'un exemple.

Et ne prétend pas non plus connaitre ma souffrance, ni ma volonté, tu n'es pas moi et tu ne sais en rien ce que je ressens vraiment, ni ce que je souhaite, comme tu l'as si bien dit plusieurs fois on n'a pas cherché à se connaitre aux delà des apparences.
Tu n'as jamais eu l'intention de me présenter l'enfant ce n'était là pour toi qu'une occasion d'assouvir de plus sombres desseins. Dès sa naissance tu t'es encore cherchée des excuses pour retarder l'échéance de la fatalité à laquelle tu ne pourrais échapper tant ma légitimé était incontestable. "Laisse nous passer le printemps" m'as tu écrit à ce moment, forcément te laisser trois putains de longs mois pour t'enfuir et t'enterrer à l'autre bout de monde auraient été suffisant pour que jamais je ne puisse connaitre le fruit de mes entrailles, je ne suis pas né de la dernière pluie, si tu pensais pouvoir me duper aussi facilement tu as été bien naïve.
Il est facile aujourd'hui de me faire passer pour le père absent, le père insoucieux de la santé de sa progéniture, le père qui n'a jamais pensé à l'avenir de sa fille mais les faits sont tels que n'importe quel intérêt que je puisse porter pour l'enfant me sera de toute évidence reprocher car après tout je suis celui qui n'est pas là. Encore une chose que j'avais prédite à l'avance ... c'était tellement évident ...

Tu es aussi priée de ne pas inverser les rôles, tu as tout fait pour que ça cesse entre nous, tu prévoyais depuis longtemps de te tirer pour aller vivre ta vie ailleurs, autrement et avec un autre, cela t'as juste prit plus de temps que prévu car mon retour à tes cotés t'était imprévu. Tu pensais ce jour là à Limoges que jamais je ne reviendrais vers toi, que s'en était définitivement finit entre nous et que j'étais passé à autre chose, mais là a été ton erreur car contrairement à toi mes actes ont été pesé, sincère et réfléchit. Je t'ai pardonné ton absence et tes écarts en connaissance de cause, je suis venu vers toi alors que rien ne m'y obligeais, je t'ai suivit dans tes farces et tes mensonges alors que j'avais tout à y perdre et j'ai même perdu beaucoup plus que ce que j'y ai gagné, je t'ai aimé et soutenu comme un presque mari, et j'en passe tellement d'autres ... Cela ne t'a cependant pas suffit, il fallait plus pour satisfaire cette princesse de glace aux envies si ardentes, ses caprices devaient être assouvis aussitôt au risque de voir des objets volés dans les airs, ses larmes séchées au risque d'avoir une pluie diluvienne qui n'en cessait plus, il n'y en avait que pour toi et ta grosses était un bon prétexte pour faire passer le tout.

Aussi tu me reproches de ne pas être ouvert à la discussion, oui, c'est vrai, ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayer. Forcément qu'à la longue ça lasse et l'envie de parler avec quelqu'un qui est par avance fermé à la discussion pour parler de choses communes. Encore aurait il fallu que tu saches ce qu'était que quelque chose de commun avant de te l'accaparer pour toi et toi seule. Si tu pensais que je dirais oui à tout tes caprices juste pour te faire plaisir tu t'es très largement trompée, je ne suis pas de ceux là, discuter ça marche dans les deux sens, je n'allais pas tout te céder sans rien avoir en retour. Ne viens pas pleurer à présent que je ne veuille plus rien te dire, tu as cherché à en arriver là, nous y sommes, assumes.

Il est clair qu'à présent tu vas encore pleuré de ton sort, te faire passer pour la pauvre petite victime qui était avec un homme cruel dépourvu de tout sentiments qui passait son temps à te remettre dans le droit chemin car tu n'es qu'une gamine immature qui ne sait pas ce qu'elle veut. Mais dis toi dans ta petite tête que s'il la fait c'était peut être parce que la fille que tu étais jadis allait devenir mère, comment peut on prétende à un enfant quand on est même pas fichue de s'occuper de soi même toute seule ... Alors tu peux bien me faire passer pour ce que tu veux, raconter tout un tas d'insalubrités à mon sujet, cela ne changera rien aux faits, je n'ai fait que ce que j'avais à faire pour préparer l'arrivée du bébé.

Me prend pas pour un débile aussi en prétextant ton sacrifice pour revenir près de moi, comme si c'était là ta seule préoccupation de me faire plaisir, je sais parfaitement que ce n'était qu'un arbre pour cacher la forêt et que ton intention était tout autre. Sauf que contrairement à ce que tu espérais ceci n'arrivera jamais, tu n'es pas la première à essayer de dissocier l'inséparable, et cet oiseau là à une définition de l'amitié qui diffère totalement de la tienne. Finalement ta vilénie a atteint bien des extrêmes pour en arriver à tenter des coups aussi bas, mais encore une fois tu as agit sans vraiment connaitre les choses telles quelles sont, tu crois franchement être la première à essayer ? En tout cas nous te remercions pour la bonne marrade que cela nous a procurer, cela faisait longtemps qu'on avait pas autant de la capacité des gens à se rendre aussi ridicule pour nuire à autrui.

Alors maintenant on en revient là où on en était au début, à ce que je disais un mois plus tôt quand tu m'annonçais la naissance de Tartine malgré ce que tu pouvais me dire pour essayer de me baratiner que je me trompais, du blabla inutile en soit, ce simple fait était juste pour remuer le couteau dans la plaie afin de te complaire dans une position avantageuse, je n'étais qu'un homme parmi tant d'autres pour combler le peu d'espace que tu daignais accorder dans ton cœur. Contrairement à ce que tu t'es entêtée de me faire croire tu tenais plus à ta liberté que tu ne le prétendais, savoir que tu pouvais plaire à d'autres que ceux que tu côtoyais quotidiennement t'importais plus que tu ne nous le faisais penser mais dans ton isolationnisme tu t'es condamnée toute seule, tu es l'unique responsable de ce qui s'est passé. Ce n'est pas faute de l'avoir dit, d'avoir essayé d'arranger cela aussi, mais non, quand on fait la sourde oreille obstinée c'est sûr que rien ne peut aller en s'améliorant. Encore une fois, même dans ces derniers échanges c'est moi qui ai fait les premières propositions, certes de façon peu diplomate voire plutôt abrupt mais je pense que c'était amplement justifié étant donné les circonstances, où là encore j'enterrais un peu ma fierté pour te laisser un retour arrière possible. Cependant cela ne t'a pas suffit car ça ne répondait pas à tes exigences et à ce que tu comptais vraiment faire.

Il est aisé de se cacher derrière un miroir de ce que l'on est pas juste pour refléter une meilleure image de soi même, sauf que cela est complètement inutile face à ceux qui te connaissent vraiment, même s'ils sont peu nombreux ils existent et pour eux il ne fallait pas paraitre pour quelqu'un que tu n'étais pas, seulement être celle que tu prétendais être. Finalement tu es devenue comme celles que tu pointais du doigts il y a pas si longtemps que ça, le pire dans l'histoire c'est que je n'aurais pas eu besoin de monter la tête à qui que se soit, tous sans exceptions ont été catégorique à cet égard, même des gens qui ne te connaissaient pas c'est pour dire !

Si seulement au lieu d'écouter tu avais entendu nos signaux de détresse ...

Z
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