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[RP] Croisade : La refondation de l'Ordre du Dragon Renversé

Amedee.le.lion


An de disgrâces 1468.


Voilà une éternité que la guerre faisait rage dans les Balkans. Depuis que la horde de l'Ordo Nero Equites s'y était sédentarisée, après avoir ravagé la moitié du monde connu. Ces brigands sans foi ni loi avaient fait de la principauté de Valachie leur base principale. Mais ils s'infiltraient également dans les contrées voisines et jusqu'en celles de l'Empire germanique. Position hautement stratégique, qui leur permit de s'emparer de la route commerciale frayée deux ans auparavant par la victoire des Aristotéliciens contre le Khan Yeswe. Désormais les pèlerins se faisaient impunément extorquer, réduire en esclavage, voire massacrer sans autre forme de procès. Alors aux yeux de certains preux aventuriers, le temps sembla venu de marquer le dos de la Bête d'une croix rougie au feu de l'antique Chevalerie. Ainsi Amé de Montjoye, celui qui se faisait appeler le Lion de Luxembourg, controversé Marquis d'Arlon, Comte de Guines et d'Avesnes, en appela à la Seconde croisade pour la Valachie. Et d'une pierre, deux coups, messire ordonna la refondation de l'implacable Ordre du Dragon Renversé. Une confrérie de chevaliers, vouée à la défense des confins du monde aristotélicien.

Justus et paciens, serait leur devise. Et quand Dieu et Saint-Georges les enverraient comme des ovins au milieu des loups, ils seraient féaux comme la colombe et sages à la manière du serpent. Ils reforgeraient le glaive acéré à deux tranchants, celui qui pourfend et terrasse les démons de l'Apocalypse. Heureux ceux qui entendirent la prophétie, bienheureux ceux qui relevèrent la bannière sang et or.






Jour de la Saint-Georges, Pola, Istrie.


La paisible cité vénitienne connut une effervescence inhabituelle. Elle fut devenue, l'espace d'une saison, le principal point de passage et de halte pour les compagnies croisées qui commençaient à affluer dans les Balkans . Leur avant-garde avait donc pris ses quartiers à l'abri des ruines du Colisée bâti au temps d'Auguste. Des vestiges intimidants, un anneau de pierre taillée s'élevant sur trois niveaux, qui avait hébergé au fil des siècles d'innombrables combats. Depuis les gradins les guetteurs purent veiller sur le port ainsi que sur la route qui les mènerait bientôt vers l'Orient. Au coeur des arènes ils purent camper et s'entraîner en prévision des prochaines batailles. Le climat était plutôt agréable en Istrie, pour cette armée hétéroclite de nobles, de prêtres, d'artisans et autres gueux. Mais la troupe ne pouvait se permettre d'y prendre trop d'aises.

Car des provinces alliées se trouvaient régulièrement menacées d'invasion, et parce que le marché local risquait de ployer sous le poids de cette population déplacée principalement depuis les terres franques, occitanes et écossaises. Alors, une fois réunis en nombre, les différents chefs de cette croisade décidèrent de se remettre en marche à l'occasion des beaux jours.

Mais avant de quitter les lieux pour rejoindre le front, celui qui à la suite de son illustre père devenait second Grand Maître du Dragon Renversé avait prévu d'adouber les membres refondateurs de l'ordre. Et quelle meilleure date, que celle du saint patron de la chevalerie, pour raviver la ferveur chevaleresque ? Amé convoqua ses Barons au centre du Colisée. Il avait revêtu pour l'occasion des habits aux couleurs de la confrérie, et les atours de la souveraineté qu'il revendiquait. Il se percha sur une estrade de fortune, reposant sur des tonneaux de vin. A son côté pendait la lourde lame des sires de Montjoye, cette épée qui avait défait des Ducs, des Princes, un Khan et même un Roi. Ce n'était pas vraiment une arme de cérémonie, rutilante de joyaux, comme la Joyeuse de Charlemagne ou l'épée de Saint-Maurice, mais un véritable outil, qui avait bu bien des âmes.

Face à lui s'alignèrent cérémonieusement les postulants, Barons d'Arlon et d'ailleurs. Le Lion resta silencieux.

Son héraut, le vieux Gaston, s'apprêtait à ouvrir la cérémonie.
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Gaston.phlebite



Le héraut Phloebite avait officié et chroniqué, à l'occasion de maintes cérémonies de la cour arlonnaise. La rondeur de son dos témoignait d'ailleurs de son zèle, de ses oeuvres s'étalant sur trois générations de Montjoye. Mais en ce jour, le vieil homme put sentir qu'il assistait à un événement historique. L'intronisation de chevaliers d'une trempe que l'on pensait révolue.

Il vérifia la tenue de circonstance, tunique rouge pour tout le monde, et le matériel rassemblé sur l'estrade. Lettres patentes, bannières, colliers et éperons.

Puis, il déroula un long rouleau de parchemin et déclama :


" Erwyndyll d'Harlegnan, Comtesse de Guines et d'Avesnes, Marquise d'Arlon
Calouste Isaac Fishke, Evèque de Pola, Prieur
Siméon Charles du Livel-Rees, Vicomte de Blagnac, Baron de Mirepoix et Clairefontaine
Perceval de Montjoye, Vicomtesse de Blagnac, Baronne de Mirepoix et Clairefontaine
Minah de Montjoye, Baronne de Messancy, Banneret au Hibou
Arioce Horn de Jerez Von Riddermark, Baron d'Enghien, Seigneur d'Etuz, d'Ossaranh et Beaufay
Hope Horn de Jerez Von Riddermark, Baronne d'Enghien, Dame d'Etuz, d'Ossaranh et Beaufay
Mortymer de Louvelle, Baron de Confolens
Gwenvael Kervalieg, Baron de Paimpont
Verrazzano le Gouape, Baron de Bologne
Raoul le Glabre, Baron de Sterpenich (par coutumace)
Camille de Kermorial, Seigneur d'Assevillers
Yohanna de Chambertin, Dame d'Assevillers
Runy la Blanche, Dame de Craponoz
Barthelemi d'Ambroise, Chatelain de Hauteville
Praseodyme, Avouée du Sépulcre de Clairefontaine ... veuillez poser un genou à terre ... "


Et tandis que les élus s'exécutaient, le héraut reprit sa place aux côtés d'Amédée

Car la suite de la sentence serait prononcée par le Grand Maitre de l'Ordre.
Runy
Merte !Le rouge me va pas trop trop ...

Elle s'inquiète, sa .. sa ... machine lui paraît bien trop voyante.
Le nez pique vers le bas, Runy se questionne quant à ce qui lui recouvre le haut du corps : chemise ? chasuble ? haillo ...
Tête qui tourne à droite, tête qui tourne à gauche, ses petits camarades sont pas mieux lotis, rouge pour tout le monde.
Han ! Une tunique !
La Blanche tire alors dessus pour ôter un pli disgracieux et finit par sourire, peu importe l'habit du moment qu'elle ne se fait pas moinesse.
L'heure est assez grave, enfin il semble. Que d'aventures ces derniers temps, que de changements dans sa jeune vie ! Entre prises de conscience et d' inconsciences , la jeune femme se demande si ce qu'elle s'apprête à faire est enfin ce qui lui convient.

Agitation soudain, un vieil homme moche s'avance et balance alors leurs noms et demande à tous de prendre la posture.
Elle s'exécute, ploie genou et attend sagement le discours du Maître de l'Ordre resté silencieux jusqu'à présent.

_________________
Praseodyme
Praséodyme, pour finir, estoit parvenue à retrouver la trace du Lion, et estoit venue jusques en son campement de guerre pour s’agenouiller à ses pieds par devant Son Conseil et noble Assemblée de Chevaliers, et mettre solennellement son bras et sa bâtarde à Son service et Luy jurer fidélité en sa Saincte Croisade. Elle luy déclara :

Je me nomme Praséodyme Gazélec, fille de Gouesnel du pays de Léon. Je suys venue ycelieu pour combattre à Ton service et soutenir Ta Croisade, ainsy que le Trés-Hauct me l’a ordonné l’autre matin en Songe, et ce que m’a par ailleurs confirmé l’Abbé Moussepapame à qui j’ai demandé conseil, pasque moi le Trés-Hauct, perso, j’y crois moyen, et en plus j’avais un tantinet la gueule de bois, mais si Tu veux je peux demander à l’Abbé de T’envoyer un papier qui l’atteste, même qu’il m’a demandé de Te présenter un râteau à foins, mais je n’en ai poinct trouvé, alors voici ma vieille bâtarde, elle est un peu rouillée et tâchée, Tu vois, là, les croûtes brunes, mais elle coupe encore bien, Tu peux m’en croire. Je ne suis poinct noble, ça non, et même les mauvaises langues Te diront que j’ai parfois un peu brigandé par-ci par-là, bon, il ne fauct rien exagérer non plus, on n’est pas de bêtes, fauct bien vivre, mais là, d'un coup, j’ai eu une crise de Foy, et zou, alors me voilà !

Le Lion avait écouté son discours avec grande attention, puis l’avait relevée, et l’avait acceptée en Sa Maisnie et Croisade, et comme par le faict elle n’estoit poinct noble, luy avoit concédé le titre grandement et très hautement honorifique d’Avocatus Sepulchri Clarafontensis, ce qui n’estoit pas de la gnognotte, cornecouille, a fins qu’elle ne déparasse poinct trop dans ceste haute et noble et belle Assemblée de gens fort bien fieffés. Puis Il l’avait mandée pour estre membre de Son Ordre du Dragon renversé. Et ça, c’estoit proprement renversant.

Le jour venu pour la Cérémonie, Praséodyme s’estoit lavée le bout du nez, avait retourné sa culotte dans l’autre sens, et avait revêtu par dessus ses hardes la belle tunique rouge qu’un valet du Lion luy avoit faict parvenir. Rouge, ça tombait bien, puisque Praséodyme, bien que roturière, portait fièrement sur son écu les armes de son Clan, qui sont, nul ne l’ignore ycelieu, gueules au squelette d’argent dansant et jonglant avecques sa teste. Et du coup, s’estoit assorti, on n’est jamais assez coquette.




Les impétrants se tenaient alignés devant le Lion. Le Hérault clama leurs nom, et leur ordonna de plier le genou. Malgré son arthrose persistante, Praséodyme s’exécuta en grimaçant. Puis elle leva le doigt bien hauct, et précisa :

Gazélec, Chef ! Moi, c’est Praséodyme Gazélec, pour vous servir !

Edit = ortho
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Gwenvael
De la lointaine Bretagne j'étais venu rejoindre des gens de tout horizons, seigneurs et gueux, hommes et femmes.
La cité de Pola grouillait d'une animation qu'elle n'avait pas connue depuis des lustres certainement.
Chacun vaquait à ses occupations, entrainement aux armes, travail de la terre, études ou prière.
Le climat et les lieux étaient fort accueillant, presque même un havre de paix alors qu'à l'est s'élevait la menace.
Depuis quelques jours, le vent semblait porter les murmures d'un temps révolu, d'un souvenir quasiment disparu, presque d'une légende...
Le murmure devenait parole, parole devenait cri, le phœnix devait renaitre de ses cendres.
L'heure était venue pour l'Ordre du Dragon Renversé de s'élever de nouveau contre les tyrans !

J'étais comme d'autres, parmi les futurs membres refondateurs de l'ordre.
La journée de la veille avait été consacrée au jeûne, à la méditation et à la purification.

Le jour "J" de la Saint George, j'avais passé la tunique rouge qui nous avait été remise et j'avais rejoint les autres membres au centre du Colisée de Pola.
Amédée de Montjoye, Grand Maistre nous surplombait légèrement sur son estrade.
Le Héraut scrutait avec attention chacun d'entre nous avant d'énoncer les noms et de nous inviter à...


Veuillez poser un genou à terre ... "

Dans le silence des rangs, je m'exécutais posant genou sur le sol...
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Yohanna.
- Et là d'sus, TAC ! Il m'adoube !
- Bah dites donc ! Faudrait qu'j'y passe quand même un jour, moi..... Par contre... C'est pas génial comme nom... Adouber.
- J'arrête pas d'le dire ! Il aurait du prendre.... Chevalierisation.

Perceval et Karadoc Kaamelot - l'Adoubement


~~~~~~~~



QUOI ?! Jeûner ? Et Méditer ?! Mais pour quoi faire, bon sang ?! Je sais ce que ça représente, alors ça ! Je le sais ! Je sais que ça commence déjà par les contrainte ! Ouais ouais ! J’préfère encore un bon titre bien faux qu’une réelle mission de ce genre ! Jeûner. N’importe quoi ! Ils veulent notre mort.
Ha ? Un bain ? Ha… Bon… D’accord alors…


Il fallait juste lui faire avaler la pilule avec les bons mots, à la Chambertin. Et il avait su le faire, bien sûr, comme toujours. Alors elle avait pris les choses du bon côté, et finalement, le jeûne comme la méditation l’avait aidé à ce concentrer sur cette tâche qui serait la sienne. La responsabilité qui allait avec l’honneur d’être chevalier.

Chevalier… Depuis quand avait-elle abandonné ce rêve ? Depuis si longtemps qu’elle ne se souvenait que vaguement l’âge qu’elle avait quand elle en rêvait encore. Puis il y avait eu celui d’être baronne. Pour rester dans le domaine militaire, et ne conserver qu’un faible prestige, n’imposant pas trop de responsabilités. Car s’il y avait bien une chose à laquelle elle tenait, la Hache, c’était son indépendance et sa liberté.
Mais tout avait basculé en Artois. Oh, pas à grande vitesse, non… Petite à petit, plutôt comme un rat insidieux qui chaque jour vient ronger le pied de l’étagère avant de la voir basculer au milieu du salon. Quelque chose d’à peine perceptible qui finalement avait changé l’intégralité du décors. De son décors.

Yohanna devenait sage. Rangée. Responsable. Fidèle. Fiable.
Et c’est à tout ça qu’elle pensait, alors qu’elle méditait. Dans son bain. Ce bain qui ne devait en rien correspondre aux critères requis pour le lavement d’un futur chevalier, car si le jeûne permettait l’allègement de l’esprit pour aider à se concentrer sur l’essentiel, le bain, lui, avait fini par être détourné de son usage pour se concentrer finalement sur la personne qui le partageait. Son corps contre le sien, les battements de leurs cœurs troublant l’onde fumante, leurs pensées volant au milieu d’une pièce silencieuse, ils finirent par partager un moment de solennelle extase qui ne pourrait que confirmer tacitement l’alliance qu’ils avaient consenti ensemble.

En sortant de l’eau tiédie et ruisselante de ses cheveux à ses pieds, elle se sentait comme naître à nouveau. Et au fond d’elle, elle avait la certitude qu’elle saurait être… Ce qu’on attendait d’elle. Ce pour quoi elle était finalement destinée.


Yohanna de Chambertin, Dame d'Assevillers

Un frisson parcourut l’échine de la femme quand ce nom entier fut prononcé. Pour la première fois, elle l’entendait, et elle eut bien du mal à contenir son sourire. Baissant la tête pour le cacher, le geste fût sans doute pris pour du respect. Puis, repoussant légèrement la tunique rouge, elle ploya le genou avant de chuchoter à son voisin dans la plus grande des discrétions :

Le rouge vous va fort bien, Seigneur Kermorial.

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Nev_la_faux_soyeuse
Premier point, t'es pas noble, ça c'est fait, donc pas d'adoub'ment pour ta pomme. Toi t'es juste là pour admirer la ferveur qu'témoignent les futurs adoubés à l'Ordre.
Humm par contre ouais, écuyer ça t'dirait bin. Question à 2 cents, c'est toi qu'choisis ton ch'valier qu'tu serviras, ou c'est lui ou c'est l'grand Manitou ?
T'es calée contre un arbre, m'fin plutôt un d'mi tronc d'arbre et tu observes. ça y est, ça a commencé. Tu restes ultra super silencieuse, les n'yeux grands ouverts et tu suis l'truc.
Surtout pas t'faire remarquer hein.

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Takanomi
    Camille de Kermorial saisit la tunique rouge qu'on était venu lui porter pour l'adoubement, l'air perplexe. C'était selon lui une couleur "par trop voyante" à laquelle il préférait des tons plus sombres, et son bleu habituel.

    Ainsi qu'il était exigé des impétrants, il se plia avec une certaine aisance à la discipline nécessaire. La journée d'avant, il l'avait consacrée presque entièrement au recueillement en la chapelle ainsi qu'au labeur qu'exigeait leur campagne, soit d'interminables traits à tracer sur les lettres et d'interminables notes à prendre et à lire. Un long temps consacré au labeur, où il retrouvait les habitudes de la gestion d'Assevillers ; sans toutefois avoir à courir les arpents de terre tout en fournissant un effort légèrement plus accru en manière telle qu'il se laissait à dire que toute cette croisade ressemblait à la gestion d'un véritable Etat. Car s'affairait-on autrement au fonctionnement d'une Principauté ?
    Jusqu'au crépuscule ensuite il s'occupa, sous un orme, à aiguiser son épée d'un air pensif. Soucieux ou contemplatif, se fondant dans le calme de ces jours d'avant les combats.
    Une fois la nuit tombée, il rejoignit son bain. Un lavement censément pieux, devenu conjoint et rendu bientôt si divertissant par les jeux et rituels qui rythment la vie d'un homme et d'une femme, promis l'un à l'autre et habités par une passion de jeunesse à ce point fraîche qu'elle semblait inextinguible.

    Ainsi fit-il et le lendemain, vêtu de cette sorte de tabard rouge, armé de son épée au flanc gauche et revêtu de sa cape sombre.
    Voilà longtemps qu'il n'avait mis genou à terre. Ni devant aucun comte, ni devant son suzerain le prince d'Artois qu'il n'estimait guère, du reste ; ni devant quiconque.

    Il n'entendait ployer le genou devant personne et fut donc surpris de l'annonce Phloebite. "Qu'est-ce que ?". Il le jaugea. Puis appesantit son regard sur le maître de ce dernier.

    C'est probablement pour cela qu'il fut le dernier à mettre genou en terre, les pommettes crispées de devoir se plier à un tel exercice imprévu grandement inhabituel. Et il s'interrogea, entendant néanmoins le propos de sa voisine à qui il répondit discrètement.


    - Il vous va mieux, rougeoyante.

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Arioce
    Lorsque vint le Temps des Braves.

L’honneur de la chevalerie. Bordel si j’avais su où nous mènerait cette aventure, et pourtant, ce n’est que le commencement. La croisade, la vraie ; contre la vermine, contre le méchant, contre l’hérétique, contre celui qui osa barrer la route du pèlerin, contre Le Très Haut et les Hommes. Dans toute œuvre de cette envergure doit s’élever un bien, une vertu, une bonne grâce. En ce jour, ce fut celle de la chevalerie qui fut choisi. D’un vieil ordre qui renait de ses cendres, de ce que j’avais pu comprendre, au nom atypique du Dragon Renversé. Pourquoi est-il renversé ce dragon ?
Et moi, Arioce Horn, moi qui ne m’était qu’assez peu intéressé au monde chevaleresque je me retrouvais parmi les membres refondateurs, ou plutôt les membres honorés ou honorables. Faut dire, cet ordre n’avait pas grand-chose à voir avec ceux que l’on pouvait retrouver en France, de ceux connus et reconnus. Et puis, le contexte jouait beaucoup, l’aventure, la Croisade, un projet d’envergure, immense et louable. La cause est-elle juste que pour ceux qui la défendent ? J’en doutais.

Alors, nous voilà, Hope et moi, Épouse et Époux, uni, dans ce beau projet de chevalerie. Nous en avions bien discuté avant. Ce fut elle qui m’apprit d’ailleurs ce qui se montait et qui m’en parla. Fallait me convaincre, du moins, bien exposer les tenants et aboutissants. Je fis vite emballé. D’une armée de Croisés nous deviendrons frères et sœurs d’armes sous un serment noble ; comment être contre, moi homme d’arme de toujours ?
Nous nous portâmes donc volontaire dans l’entreprise. Et bien que je me montrais discret ces derniers temps, de même qu’Hope, j’étais persuadé que je pouvais convaincre, montrer de quel bois je suis fait, que de l’Ours j’ai la fougue comme la quiétude.
L’heure vint donc et avec les rituels de préparation avant l’adoubement. Jeûne, méditation, bain purificateur.
Mmmh… Des trois, jeûner serait bien le plus difficile pour moi, bon vivant. Quelle idée de ne pas manger ? Si on a de quoi, pourquoi s’en priver ? Après tout, tant que l’on ne fait pas d’excès. Bordel, heureusement que je suis un bon gaillard qui a des réserves. Et puis, pour cette occasion, je m’y tiendrais fermement, un pur jeûne, sans un seul écart. En somme, une tragédie pour un bien plus grand.
Enfin… je pensais que jeûner aurait été le plus dur, mais c’était sans compter la présence d’Hope… Bordel !

La méditation et le bain purificateur furent de vrais défis. Défis que je me devais de relever et de surpasser, si je voulais me montrer réellement digne de l’honneur d’intégrer l’ordre et d’être chevalier. Une sorte de divine épreuve que le Très Haut m’avait donnée pour m’éprouver. Du moins, je le voyais ainsi, après coup.
Silencieux, concentrés ou plutôt apaisé et songeur. La journée fut des plus simples, calme, dépouillée de toute futilité, juste moi et mes pensées, moi et le Très Haut, moi et elle. Elle. Qui dardait ses magnifiques jades sur moi, qui finement m’approchait, me titillait, m’enjôlait ou du moins, tentait, le bain ayant été le summum de la tentation. Bordel, elle est si belle, désirable, je l’aime tellement ; y résister fut un supplice.

    - Reste concentré…

M’adressais-je à elle ou à moi-même ? Réponse elle n’aura pas.
D’ailleurs, je lui fis vite comprendre que je prenais ces rituels très au sérieux et que je ne ferais aucun écart. Le jeûne est total, ni boisson, ni chair, dans les deux sens du terme. Néanmoins, je saurais fêter dignement notre adoubement après coup.
Elle se heurta donc à mon impassibilité, que je puisais dans mes réserves profondes, exhortant le Très Haut de me donner la force nécessaire. Un combat intérieur qui fut une partie de mes réflexions méditatives.
Mais que je l’aime. Que j’aime son attitude, son caractère, sa passion folle et dévorante qui l’anime et qu’elle déverse sans retenu pour moi. D’ailleurs, si sérieux j’étais, cela ne m’empêcha pas de lui adresse sourire et regard amoureux.
J’étais en paix, prêt à être chevalier.

Rouge vêtu, très simplement, au côté de mon Amour et des autres futurs chevaliers dans ce cadre des plus grandioses qu’était le Colisée, j’écoutais le héraut appeler chacun d’entre nous. Il était temps.
Je me souvins alors de ce jeune et impétueux garçon ou plutôt jeune homme, qui avait clamé haut et fort que jamais il ne courberait l’échine face à un homme ou une femme, qu’il resterait libre de tout serment, de toute vassalité que ceux dont il serait le maître. Ce jeune Arioce qui a aujourd’hui bien grandit, muri, sans pour autant perdre sa vraie nature.
Le genou, je l’ai plusieurs fois plié et je ne l’ai pour l’heure point regretté.
Alors, à ce jour, genou je mis à terre, souriant à la nouvelle porte qui s’ouvrait, heureux de la franchir avec ma Moitié.


RP pouvant être amené à être un peu modifié/réarangé dans les 24h à venir.

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Hope
Le genou ploie tout naturellement, sans la moindre hésitation, ni arrière-pensée opportune, et vient se poser gracieusement sur le sol rugueux.
Jades portent leur attention sur le Lion les surplombant de son piédestal improvisé et le vieil homme tout rabougri tenant la fonction de héraut.

Que fait-elle là ?
Le corps enveloppé d'une tunique carmin, rappelant le sang qui ne manquera pas de couler, alignée aux côtés de son époux, et de ces hommes et femmes qu'elle connait à peine, et même pour certains qu'elle rencontre pour la toute première fois.
Tout s'était passé si vite, de la lecture d'une annonce appelant à la croisade des Hobereaux, à la course folle, les menant Arioce, Kate et elle, jusqu'au point de ralliement.
Toujours poussée par son instinct infaillible, et que cette noble quête est sans aucun doute une opportunité unique qu'elle se devait de saisir.
Prendre part à cette aventure, portée par des individus experts dans l'art de la guerre, et dont discrètement, elle tire chaque jour les enseignements.

Elle, la femme libre et libérée accepte sans broncher les divers décisions, "recadrages", et la discipline imposée plus par désir d'apprentissage que par réelle conviction.
A l'instar de la veille qui fût consacrée à une purification complète de son corps et de son esprit.
Jeûner ne fût point un problème pour celle à l'appétit de moineau, par contre rester là, immobile à tenter de faire le vide dans sa tête s'avéra bien plus compliqué.
Tout comme l'abstinence totale dans l'acte de chair, alors qu'elle se surprenait à contempler son époux en catimini.
Ce qui ne manquait pas de raviver la petite étincelle d'une envie qui ne pouvait être assouvie.
L'Horn avait été très clair là-dessus.
Soit.

Elle en avait donc joué toute la sainte journée, de manière subtile, tant dans les attitudes, les sourires et les regards qui se voulaient équivoques.
Histoire de lui donner une bonne leçon, le connaissant suffisamment pour deviner le combat qu'il devait mener à l'intérieur de son être.
Hormis cet écart qu'elle s'était permis, elle s'était pliée à l'exercice avec beaucoup de sérieux, en essayant de rester concentrée comme il lui a susurré au point de ressentir une quiétude souveraine au moment de s'adonner aux ablutions.

Le lendemain, ressourcée, elle s'était parée sobrement de l’étoffe de sang, couleur qui lui va si bien au teint.
Après un chaste baiser volé à l'homme de sa vie, elle s'était rendue à sa suite, au centre des ruines du Colisée, haut lieu de prestigieux combats et de probables mises à mort sans scrupule.
Une atmosphère empreinte de solennité règne dans les arènes, alors qu'elle observe à la dérobée ces futurs membres refondateurs investis et convaincus par le bien-fondé de cette quête.

Devenir chevalier de l'ordre du Dragon Renversé, une surprise, une folie peut-être, une évidence, sans aucun doute.
Alors, oui, ployer le genou devant Amédée Le Lion, ne relève d'aucune difficulté pour la fière Riddermark tant sa cause lui parait juste et louable.

Attendant le début de la cérémonie, c'est avec discrétion que ses longs doigts fins viennent effleurer la main de son époux, et qu'elle esquisse un petit sourire complice et amoureux à son attention.

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Calouste
      Bonne ville de Pola, République Sérénissime de Venise, jour de la Saint Georges de l’an de Grasce mil quatre cent soixante-huit.


    C’était un Calouste méconnaissable qui se tenait dans l’enceinte du colisée de Pola, en cette Saint Georges. Probablement qualifiable d’excentrique en temps normal – principalement à cause de ses tenues colorées venues de Constantinople dont il n’avait pu se séparer malgré sa fuite de la ville en 1453 –, l’hébreu paraissait totalement métamorphosé en ce jour si particulier pour la Croisade. S’il semblait parfois être d’une légèreté insolente et d’une insouciance déboussolante, le désormais évêque de Pola savait pour autant se tenir en société lorsqu’il le fallait, et se plier aux exigences protocolaires quand la situation l’exigeait. Les instructions avaient été d’une limpidité à toute épreuve : seul le port d’une simple tunique rouge était autorisé en ce jour. Aussi, l’oriental s’était exécuté et avait délaissé ses accoutrements si originaux pour l’Occident dans lequel il vivait au profit de cette sobre tenue réglementaire. Plus inhabituel encore, l’homme aux innombrables turbans de diverses couleurs n’avait, cette fois, pas ceint sa tête de ses couvre-chefs qui avaient fait son surnom, laissant ainsi aux autres futurs chevaliers le plaisir de pouvoir contempler l’imposante chevelure brune qu’il dissimule habituellement sous son tissu, et qui, cette fois, flottait quelque plus librement jusque sur son dos. Rares étaient les personnes qui pouvaient se targuer d’avoir, un jour, pu voir ces longs cheveux, sinon celles avec lesquelles il avait partagé un moment d’intimité. Et, là encore, c’était davantage par politesse, puisqu’il est d’usage de se découvrir avant d’entrer en quelque lieu que ce soit. L’enturbanné découvert s’était donc avancé dans le colisée, pour se placer là où il devait et exécuter la gestuelle exigée. « – Seules quatre situations autorisent une personne à ployer le genou : devant son suzerain, devant Dieu, pour demander en mariage ou pour faire une fellation » avait-il l’habitude de dire, non sans ironie. Bien sûr, il se garda bien de faire part à ses frères et sœurs d’armes de cette pensée philosophique en cet instant. Lui qui n’avait jamais eu jusqu’alors de suzerain ni de femme officielle n’eût que Dieu comme raison pour s’agenouiller jusqu’alors, officiellement, et, cette fois, voici qu’il le ployait pour être adoubé par son ami et compagnon d’escapades militaires, le Marquis d’Arlon. Une fois encore, Elohim avait le sens de l’humour : voilà qu’un marchand spinoziste devenu évêque aristotélicien sur un malentendu allait être fait chevalier par un réformé. De prime abord, rien ne semblait cohérent dans cette histoire, et pourtant, il était convaincu qu’elle passerait à la postérité lorsque les chroniques de la Croisade des Hobereaux seraient rédigées et que l’on fera mention de cet adoubement de la Saint Georges.

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Minah
Debout en rang d’oignons avec les autres, Minah se gratta l’aisselle. Pour l’heure, le solennel de l’événement lui passait bien au-dessus du hibou, accaparée par des préoccupations bien plus terre-à-terre. Foutre qu’elle détestait porter des vêtements neufs ! Cette tunique, d’un rouge si éclatant soit-il, était raide comme une trique et la grattouillait comme une armée de morpions en colère. Elle se contorsionnait de son mieux pour apaiser les démangeaisons sans balancer son coude dans la tronche de ses voisins, donnant lieu à une danse tout à fait réjouissante à regarder. Elle ne prêta aucune attention à Gaston, le vieux serviteur moche de Dédé, jusqu’à ce que son propre nom claque au milieu des autres.

…Minah de Montjoye, Baronne de Messancy, Banneret au Hibou…

Chevalier, c’était un rêve. Celui d’une mioche qui crevait la misère la moitié de l’année, à qui on interdisait tout ce qui était marrant comme garder les moutons faméliques toute seule ou sauter à poil dans la rivière parce que c’était « pas convenable pour une fille ». Celui d’une gamine arrachée à tout ce qu’elle connaissait, paumée dans un monde trop grand, sans repères. Celui d’une adolescente estropiée tant de corps que d’esprit qui était devenue l’écuyère de Scath la Rouge, liant bientôt sa vie à celle des Montjoye.

Merde.

La hiboutée de la cervelle tomba à genoux.
Et comme le naturel revient toujours au galop, elle chuchota :


Pourquoi il est renversé, le dragon ? Y’aura à boire pour fêter ça ?
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