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Lune de miel d'Arioce et Hope dans les belles montagnes de Savoie.

[RP] Lune de Miel Sauvage

Arioce
Résidence luxueuse dans une contrée lointaine. Mille et une nuits, dans le faste et le confort. Château ou manoir dans un paradis terrestre. La lune de miel douce et coulante, loin de l’aventure et péripéties, et de se vautrer dans le plaisir sans avoir à lever le petit doigt pour les tâches quotidiennes. Rêve éveillé ? Je dirais plutôt cauchemar niais.
A bat les lunes de miels simplettes. Pour un temps centré sur le couple, ne vaut-il pas mieux la liberté, la majestuosité et la redoutable vie en pleine nature ? Loin du superficiel.

Alors que le soleil se levait, il était temps de quitter la ville pour la montagne. Mon plus jeune fils dans les bras, l’étreinte dura quelques longues secondes. La séparation ne serait pas bien longue, mais pour Ulrich, ça a toujours été un moment difficile. Sourire, main paternel, je me redressais, prêt à partir. Regard vers ma jeune épouse, elle semblait impatiente.
Nous avions pour au moins deux bonnes heures de marche.
Du chemin, je le connaissais bien, peut-être même un peu trop. La faute au report successif de la lune de miel qui m’avait permis d’aller sur place de nombreuses fois afin de toujours plus améliorer le camp. C’est que je réservais plusieurs surprises à Hope et le camp lui-même en était une. Elle ne savait pas à quoi s’attendre ; je ne lui avais strictement rien révélé. Tout ce qu’elle savait, c’est que durant plusieurs jours, je m’étais absenté la journée, ne revenant que le soir. De mes activités durant ces jours, je les gardais pour moi, lui disant simplement que je travaillais sur un projet, parfois lâchant qu’il s’agissait d’une surprise.
Alors, elle pouvait bien s’imaginer tout un tas de chose, cependant, j’espérais que parmi toutes ses rêveries, elle ne tomberait pas juste sur ce qui l’attendait.
J’y avais œuvré longuement, parfois seul, parfois accompagné de quelques ouvriers. Je ne voulais rien de trop grand, de trop imposant ; juste de quoi passer deux bonnes semaines à peu près à l’abri du temps. Et que le tout, bien entendu, lui plaise.

L’allure fut assez soutenue, sac encombrant nos dos, tirant sur nos muscles encore quelque peu endolorie de l’attaque des bandits. Cela ne nous empêcha pas de profiter du voyage, des paysages que nous livraient la belle Savoie et ses montagnes. Cela dit, nous aurions toutes les occasions de l’admirer en profondeur durant le séjour. Le but premier était d’arriver le plus tôt possible afin de pouvoir s’installer. Ensuite… ensuite à nous la pleine liberté.
Sourires complices. Main dans la main lorsque le chemin nous le permettait ou l’un derrière l’autre lorsque nous devions franchir les obstacles, le trajet se révéla à mes yeux salvateur.
Nous quittions la vie bruyante, stressante, aux milles responsabilités et devoirs, pour une bride divine dans le temps, où nous pourrions simplement profiter, méditer, nous détendre, ne faire qu’un alliés avec l’immensité de la nature. Ca ne pouvait que nous faire le plus grand bien. J’étais impatient…

Lorsque nous arrivâmes à une certaine hauteur, suivant une route que seul moi pouvais reconnaitre, entre chemins déjà tracés et pleine cambrousse, je nous fis pénétrer dans une forêt de conifère à touche de feuillu, suivant un cours d’eau.

    - C'est plus très loin…

Encore quelques minutes de marche puis je lui fis prendre la tête alors que nous débouchâmes dans un espace plus ouvert, dominait par d’impressionnants hêtres sur notre gauche et de la rive du cours d’eau à notre droite. Le lieu avait été quelque peu entretenu, permettant ainsi de le rendre campagne. Deux installations sautaient aux yeux : un abri bûches où se trouvaient deux stères de bois ainsi qu’une hutte rudimentaire. Mais cela n’était que la partie visible du navire…
Levant les yeux vers la cime des arbres et s’offrira à vous la découverte d’une cabane, là-haut, perchée sur et contre les épaisses et solides branches de deux hêtres. A presque cinq mètres du sol, se tenait fièrement la structure, épousant les arbres, camouflée par des feuilles et des branchages naturels ou ajoutées lors de sa construction. Du plancher des poules il était difficile de prendre conscience de sa taille exacte ; mais il était facilement pensable qu’elle pouvait accueillir deux adultes sans qu’ils soient l’un sur l’autre.
Les yeux sur Hope, j’observais plus sa réaction que je prêtais attention au décor ; faut dire, je le connaissais bien pour y avoir passé de nombreuses heures à le mettre en œuvre.
La hutte couvrait l’accès à l’échelle qui permettait de monter dans la cabane et offrait également un premier abri correct d’un mètre trente sur deux pour une hauteur de femme.
L’ensemble, baignait par les rayons du soleil qui perçaient sans souci, dévoilait un lieu magnifique chargé à la fois de ce côté très sauvage mais atténué par la patte de l’homme, le rendant plus doux, plus chaleureux.

    - Il nous faudra mettre en place notre foyer et quelques autres installations. Mais avant, dépose ton sac et grimpe là-haut.

Large sourire, gaité de l’instant, il fallait absolument qu’elle voit l’intérieur de la cabane et la vue qu’elle offrait.
Je la laissais monter à l’échelle la première, la suivant.
La structure prenait place autour d’un des puissants troncs, soutenu par le second. L’échelle menait à une plateforme telle un balcon, protégé de barrières où l'on pouvait s'y accouder sans trop risquer de basculer. Une porte faite en peau bloquait l’entrée de la masure en bois juchée. Alors que la jeune femme y pénétrait, je veillais à ouvrir les volets de la principale fenêtre ainsi qui relevait sa peau servant à ne pas laisser entrer le froid. Puis je la rejoignis à l’intérieur.
Une seule grande pièce d’environ neuf mètre carré à forme variable composée l’édifice, le tronc perçant de part et d’autre la structure centrale, telle un pilier porteur. Largement assez d’espace pour y dormir, y entreposer nos affaires et nous prélasser le soir venu ou en cas de pluie. Des peaux et tapis recouvrait l’entièreté du sol fait de planche. Le toit était isolé de l’extérieur de branchages et de feuilles. Et le tout était plus lumineux qu’on pourrait s’y attendre de premier abord, grâce aux deux fenêtres. Et bien sûr… l’on pouvait s’y tenir debout sans problème. Le mobilier lui était composé d’un coffre, d’une petite table avec ses deux chaises rudimentaires ainsi que d’une grande paillasse faites de peaux.

    - De là, on peut observer une partie de la vallée à l’Est.

J’avais mis corps et cœur dans ce projet de campement afin que l’on passe le meilleur des séjours. Le verdict ne serait plus tarder à tomber…

    - Alors… Comment trouves tu l’ensemble ?

J’avais fait en sorte que tout ne soit pas parfait, fini, pour ainsi nous donner la possibilité de le faire durant ces deux semaines et mettre notre touche personnelle sur les détails, pour que l’endroit nous ressemble.
Et ce n’était que le début, d’autres surprises viendraient parsemer ce séjour. À nous la liberté.
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Hope
Jour 1 : De la découverte de l'endroit sacré




Alors, comment trouve t-elle l'ensemble ?

Accoudée à la petite ouverture servant de fenêtre, elle observe le paysage, ses jades se perdant dans l'immensité de ces montagnes aux sommets enneigés et plus imposantes en arrière-plan.
Tête pivote légèrement, elle aperçoit effectivement un bout de la vallée qui s’étend au pied de ce grandiose amas rocheux.
Le tout respire le calme, la sérénité et un retour aux sources, vers l'intérieur de soi pour une meilleure communion avec la nature.
C'est dans ce style d'environnement qu'ils se sont rencontrés, qu'ils ont appris à se connaitre, qu'ils se sont cognés dessus, pour mieux s'aimer par la suite.

Pourtant, elle n'y croyait plus vraiment à cette lune de miel, sans cesse reportée pour des raisons indépendantes de leur volonté.
Exaspérée par sa décevante et récente installation en Savoie, blessée physiquement par l'attaque survenue en rentrant à Bourg, affaiblie par une glairette foudroyante, elle s'était enfermée dans son laboratoire pour se perdre dans ses recherches médicales.
Se retrouver seule, comme l'animal en détresse cherchant un refuge pour soigner ses blessures.

Pendant que l'Horn lui s’absentait en journée, dieu sait où, et elle ne se posait d'ailleurs pas la question.
Les jours passèrent ainsi, chacun un peu de son côté, dans une sorte d'indifférence de sa part à elle, surtout dans les premiers temps, attitude profondément injuste, alors qu'il la choyait lorsqu'il rentrait le soir à la maison.
Ce dont elle s'en voulût, et tenta de rectifier le tir, en se montrant plus accessible et plus disponible.

Le jour J arriva enfin, elle se mit à trépigner d'impatience lorsqu'elle réalisa qu'ils allaient se mettre en route et sans imprévus cette fois.
Le trajet se passa à merveille, entrecoupé de pauses contemplatives, animé par leur fous rire, et le bagou dont elle fit preuve, chose inhabituelle chez elle, signe révélateur de son exaltation.
Allure rythmée, grimpette, obstacles, tout y était, comme au bon vieux temps de leur relation maître-élève, ce qui la rendit un brin nostalgique.
Etat mélancolique qui s'intensifia lorsqu'ils arrivèrent à destination et qu'elle découvrit en écartant le feuillage sur son passage, l'une des surprises qu'il lui réservait.

Figée sur place, le palpitant à mille à l'heure, la bouche entrouverte, jades larmoyants zieutant le coin aménagé, la hutte, le regard suivit l'escalier pour se fixer sur la cabane nichée dans les arbres.
Evidemment, tout un tas de doux souvenirs remontèrent à sa conscience, de cette époque si heureuse avec ses parents adoptifs, vivant en paix tous les trois dans la forêt.
De cette cabane construite avec son père, ce sanctuaire sacré débordant d'émotions fortes, d'instants complices, d'un bonheur volé, perdu...

... Et retrouvé quelques années plus tard, grâce à cet homme.
Arioce Horn.
Son adorable et merveilleux époux.
Il la connait si bien.
Malgré ses voltes face récurrents, ses emportements excessifs, ses exagérations, et son tempérament extrême.

Au-delà de la surprise, c'était un véritable et inoubliable cadeau qu'il venait de lui faire.

/.../

Elle se retourne pour détailler l'intérieur de ce nid d'amour à la décoration et au confort plus que sommaire, mais qui leur ressemble si bien.
Le coeur ravi et amoureux, le minois rayonnant, les jades étincelants le dévisagent avec cet éclat qui en dit long sur ses pensées.
Silencieuse, elle s'approche de lui tout en débouclant sa ceinture qu'elle laisse choir au sol, et dénouant les premiers liens de sa chemise, elle place ses deux mains de chaque côté de ce beau visage barbu tant aimé et susurre lèvres contre lèvres :


    - J'en dis, que tout est absolument parfait. Que tu es parfait.

Micro-silence, elle reprend de son air enjôleur :

    - Et que j'ai très envie de te faire l'amour...

Baiser du feu de Dieu entame les réjouissances qui ne manqueront pas de suivre.
Après tout, ils auront bien le temps de s'occuper du feu de camp et de parachever l'installation un peu plus tard.
Leur lune de miel ne fait que commencer.

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Arioce
Jour 2 et 3 - Premières explorations

La surprise fut accueillis avec bien plus de joie et bonheur par Hope que je ne l’avais l’imaginé. On s’installa rapidement, montant nos affaires ainsi que nos provisions dans la cabane et laissant le reste dans la hutte. Je dois avouer que le premier jour, nous passâmes plus de temps l’un dans les bras de l’autres qu’à d’autres activités…
Le lendemain, l’enthousiasme fut d’aller remplir par nous-même nos réserves de nourritures autres que les provisions apportées. Il était vrai qu’un peu de poisson ou de viande compléteraient parfaitement. Alors, la matinée fut prise dans la préparation et la mise en place de plusieurs pièges et collets, à plusieurs passages stratégiques d’animaux. Le but étant de capturer de petits gibets ; la chasse à de plus gros viendrait dans les jours à venir. Ensuite le milieu de journée fut dédié à la pèche, qui aurait pu être particulièrement rentable, mais dont plusieurs prises réussirent à s’échapper. Comment ? Eh bien… disons que nous manquions de concentration… Le moindre regard, le moindre sourire ou contact de nos corps étaient raisons à ce que démontrent à toute la faune et la flore de la région à quel point le printemps et avec la saison des amours, n’était pas que réservé aux animaux…

Résultats de la chasse et de la pèche : cinq beaux poissons et 2 lapins.
Fin d’après-midi, étape du vidage et préparation des viandes. Je craignais qu’Hope ait du mal, mais s’était bien mal la connaitre. Coup de couteaux assurés, techniques maitrisées, expression bien loin du dégout. Eh bien ! Je lui laissais donc s’occuper en priorité des lapins alors que moi j’œuvrais à vider les poissons.
Lorsque nous n’étions pas en train de nous embrasser, de boire ou de manger, nous parlions. Beaucoup. De nos envies et du programme des heures, jours suivant. De pensées qui nous traversées l’esprit, de questions existentielles. Des différentes techniques et anecdotes de nos parties de chasse et pêche avec nos parents, nos amis. Ooh d’ailleurs, il faudrait que je lui parle d’une certaine chasse. Plus tard.
Nous débâtions calmement. Aucune tension, que de la douceur, de l’amour…

Au troisième jour, je commençais tout juste à vraiment prendre conscience de notre situation, de cette lune de miel, loin de tout, tranquille où la liberté était à nous. Il était difficile de quitter l’état d’esprit de la ville, du quotidien au moult tâches, devoirs. Chose qu’Hope me rappela à l’odre ; je parlais trop souvent de la durée de ce séjour, rappelant sans cesse qu’il ne s’agissait que de deux semaines. Alors forcément, comment pleinement en profiter lorsque tu comptes les jours ? Une erreur évidente alors qu’elle me le faisait remarquer dans notre grotte taverne. Oui, notre grotte. On était tombés dessus la veille, alors qu’on cherchait des coins où poser nos pièges. Une petite cavité creusée à même la montagne, suffisamment profonde pour nous abriter du vent. Il y faisait frais et légèrement humide. En somme, parfait pour y stocker notre réserve d’alcool et y passer du bon temps à siroter et se câliner en dehors de notre campement. Ainsi, nous avions deux lieux pour nous détendre.
L’après-midi fut consacrée à la recherche d’une cascade ou d’un point d’eau intéressant pour s’y baigner. J’étais certain que si nous remontions le cours d’eau, l’on finirait bien par tomber sur ce que nous cherchions.

Le sac léger dans mon dos avec une bouteille et de quoi casser la croute, l’on se mit en marche, déterminés. Aventure sans réelles péripéties que la contemplation et l’admiration de l’immense foret puis des grands versants herbeux de la montagne, se fut un réel plaisir de marcher et découvrir ces merveilles. D’autant plus que, après moins d’une heure à crapahuter, le bruit distinct d’une jetée d’eau nous parvint aux oreilles. Victoire ? Au que oui !
Dans un creux, parsemé de la végétation d’altitude, une longue cascade s’élevait. Elle avait caractère… Le coin était beau, la cascade assez simple, mais ça ferait largement l’affaire !
Ni une, ni deux, nus comme les premiers Hommes, nous nous jetâmes à l’eau. Mmmh… Détail qui avait son importance : on était en montagne, légèrement en altitude…. Aaah les bains d’eau glacée ! Quelle merveilleuse idée, mais seulement après un bon entrainement, pas pour se détendre et profiter.
Cela dit, l’on resta le plus longtemps possible avant de finalement revenir sur l’herbe et de se faire sécher au soleil puis plus activement ; après tout, la chaleur humaine et la meilleure de toute… Bordel, qu'est ce que je l'aime.

Mmmh… Une lune de miel délicieuse et revigorante.
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Hope
Jour 4 à 6 : De surprises en surprises





Lune de miel suit son cours, emportant les deux amoureux dans un tourbillon passionnel, où ils profitent allègrement l'un et l'autre, de l'un et l'autre, et l'un dans...
Vivre d'amour et d'eau fraîche, elle, ça lui convient parfaitement, lui rappelle de doux souvenirs d'enfance aux côtés de ses parents de coeur, ayant préféré vivre reculés dans la forêt loin de toutes contraintes et entraves surtout familiales.
Alors la vie sauvage, elle connait, s'y sent comme un poisson dans l'eau, et les leçons inculqués par son père et les réflexes lui reviennent comme par magie.
Les premiers jours de chasse, facile, petits gibiers, collets, il suffisait de poser des pièges et d'attendre.

Mais ce matin-là, il était question de s'attaquer à plus gros.
Non, pour parader lors de festivités, comme le font ceux de leur rang, mais bien pour survivre.
A chacun son arme.
L'arc pour Arioce, la lance pour elle.
Il leur faudra patienter quelques heures dans les broussailles et les feuillus avant d'apercevoir un jeune chevreuil se repaître de végétaux, l'air tout à fait tranquille.
Ainsi le couple se sépare, chacun part de son côté pour encercler l'animal, et tout cela aussi silencieusement que possible, prenant garde à ne pas se faire repérer par un malheureux craquement d'une branche morte, ou autres bestioles sonneur d'alerte.

Tout à coup, elle l'aperçoit à quelques mètres, la voie dégagée, l'angle de tir parfait.
Lance empoignée fermement, elle se redresse, lève son bras, coude en étirement vers l'arrière de son épaule et...
Suspend son geste, hébétée.
Jades croisent le regard profond de l'animal dans lequel il lui semble lire une certaine détresse, qu'elle interprète comme une supplication de l'épargner.

Moment de flottement.
Hésitation.
Renonciation.

Le gracile cervidé se redresse, fait demi tour et dans une pirouette majestueuse, s'élance avec légèreté et s'enfuit dans les profondeurs de la forêt.
Alors que l'Horn la rejoindra et voudra surement savoir ce qu'il s'est passé, le regard qu'elle lui jettera, lui fera comprendre immédiatement que mieux vaudra ne pas insister.
Ils reprendront le chemin de leur cabane, et lui fournira pour seule explication un ferme "Je n'ai pas pu".
Non, elle n'a pas pu pour la simple raison qu'il ne s'agissait nullement d'une question de survie puisque vivres en suffisance ils possèdent dans leur garde-manger improvisé.
Donc pourquoi tuer ce chevreuil ?

Le jour suivant, ils se retrouvent dans leur caverne peu avant midi, elle se souvient subitement d'un événement curieux survenu jeudi dans la soirée et dont elle avait omis de lui parler.
Alors qu'elle préparait le repas tout en se sifflant de bonnes rasades de vin, d'épuisement et d'ivresse, elle s'était endormie.
Si bien, qu'elle fût réveillée en sursaut par des voix... humaines !?
Instinct de guerrière en action, la voilà qui menace les importuns de son épée les fixant de son regard fou, prête à les passer par le fil de sa lame, lorsqu'une petite voix raisonne à l'intérieur de la grotte.

Hein ?
Maïa ?
...
Et James ?

Passé l'instant de totale stupéfaction de les voir là, assis autour du feu à papoter, elle se reprend, s'installe et finalement discute le bout de gras avec eux.
Situation incongrue, les "amoureux" se seraient égarés dans les montagnes.
On passera sous silence ses propres réflexions à ce sujet, bien qu'elle y va franco dans son interrogatoire et ses sous-entendus, mettant les "deux mains pris dans le sac" plutôt mal à l'aise.

Elle finira par les quitter par un petit clin d'oeil coquin, pour rejoindre son amoureux à la cabane avant que la nuit ne tombe, et plutôt que de laisser repartir les deux compères et se mettre en danger, leur offrira le gite et le couvert.

L'histoire racontée ainsi à l'Horn pourrait être amusante, sauf que pour elle, il s'agit d'un manque profond de vigilance, qu'elle ne parvient pas à se pardonner.
Si bien qu'elle s'agace et ne comprend absolument pas les taquineries horniennes pourtant emplies d'amour.
Amour qu'ils ne manqueront pas de faire, encore et encore, sous prétexte d'un câlin pour la réconforter.

Le coeur enflé, le corps revigoré de cette gymnastique des plus exaltantes, elle décide dans l'après-midi de partir à la cueillette sans lui, puisqu'il déteste cela.
Probablement trouve t-il cette activité trop... féminine.
N'empêche que ça l'arrange, ça leur permet d'être un peu chacun dans son coin, pour mieux se retrouver plus tard.
Puis parfois, elle ressent le besoin de s'isoler, et partir à la chasse aux plantes lui apporte un apaisement certain, en dehors du fait qu'il lui faut de toutes manières renouveler son stock.

Elle s'éloigne de leur zone de confort pour mener ses investigations un peu plus sur les hauteurs, et même si grimpette oblige, celle-ci est encore supportable, les hautes montagnes se trouvant bien plus loin vers le Sud-Est.
A cette altitude, elle trouve des simples d'une indéniable rareté, dont même certaines espèces inconnues dont elle s'empressera de découvrir l'identité une fois rentrée au laboratoire.
Et c'est en parcourant la végétation sous tous ses angles qu'elle finit par tomber sur quelque chose d'assez inattendue.
Une surprise qu'elle réserve à son Amour pour le lendemain.

Chose promise, chose due, le jour suivant qui n'est autre que le dimanche, après une nuit d'amour fusionnelle, alors que soleil darde ses doux rayons matinaux sur la cabane, elle se lève avec énergie et intime l'ordre à son époux de se préparer fissa.
De nouveau sac sur le dos, ils repartent en expédition, non pas à l'aveuglette cette-fois.
Elle connait le parcours, sait parfaitement où elle veut le mener - si ce n'est par le bout du nez.

Tout à coup, elle s'arrête sans prévenir, sort de son sac une étoffe noire qu'elle plie soigneusement, et se glisse derrière son époux pour lui bander les yeux.
Main dans la main, elle le guide jusqu'à l'endroit mystérieux...
Encore quelques pas dans la forêt qui s'ouvre sur une clairière avec pour arrière-plan les impressionnants monts enneigés.
Et là perdue au milieu de ce panorama à couper le souffle, se trouve une minuscule chapelle, dont la flèche semble se fondre dans le ciel d'un bleu de glacier étonnant.
Il lui faudra quelques secondes pour reprendre contact avec la réalité, et reporter son attention sur l'Ours, oublié.

Une bise sur la joue barbue, elle le délivre de son aveuglement et le laisse découvrir par lui la beauté époustouflante du lieu.
Si leur arrivée en Savoie fût un enchaînement de déceptions en ce qui la concerne tout du moins, cette image de carte postale aura au moins pour effet de l'effacer et de rééquilibrer les choses.

Elle laissera son époux s'enivrer de cet instant, voir pourquoi pas pénétrer dans la chapelle et s'y recueillir.
Sourire sur les lèvres, elle le contemple avec admiration et songe déjà à la suite qui ne manquera pas de venir, et qui n'appartient qu'à eux seuls.

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Arioce
Jour 6 et 7 - Chapelle et Cave


Chaque jour était un jour de ravissement. Absolument tout n’était que plaisir. Même les corvées n’étaient pas faite à contre cœur, car s’il s’agissait de choses obligatoires, elles n’étaient qu’une étape vers des activités bien plus réjouissantes et plaisantes. Des journées de bonheur simple, où l’on ne s’ennuyait jamais. Bien trop de choses possibles à faire au milieu de cette belle nature qui ne demandait qu’à être explorée, admirée, méditée.
En cette matinée de notre premier dimanche donc, Hope avait une balade en tête. Réveil qui aurait pu être difficile, à grogner et grommeler, n’en fus rien. Doux et langoureux, reste de la nuit fougueuse passée, j’étais vite sur pieds, en pleine forme, prêt à affronter tous obstacles montagnards.
Ascension vers de nouveaux lieux, je laissais Mon Amour nous guider puisqu’elle semblait savoir où se diriger.
Prendre notre temps, laisser nos sens s’émerveiller, se gonfler sous les excitations multiples. Bordel, ce genre de séjour devaient être refait encore et encore.
Jusqu’à ce que ma vue soit restreinte dans un jeu de tissus afin de garantir l’effet de surprise au maximum. Et pour raison, car à la découverte tant du panorama que du petit bâtiment religieux, la beauté me coupa le souffle.
Une sacrée découverte ! Sans attendre – et parce que la curiosité était forte – je me dirigeai à pas vif vers la chapelle, désireux d’en savoir plus sur elle et sur son état. Je fis plusieurs tours de l’édifice, mes yeux le scrutant avec attention, faisant mes retours de pensées à haute voix. De prime abord, elle semblait abandonnée. Pourtant, elle n’était pas en mauvais état et semblait être entretenu de façon ponctuelle. Mmmh… surement les bergers du coin.
Je laissais mon sac à l’entrée et pénétrais le lieu saint. Il y faisait plus sombre et surtout plus frais. Quelques ouvertures en vitraux simple permettaient à la lumière d’éclairer l’unique pièce. La statue d’un saint se trouvait à l’endroit de l’autel, ainsi que les autres principaux signes religieux. Sourire aux lèvres, je pris le temps de parcourir du regard l’ensemble. Simple, rustique, beau.

Dimanche, jour de messe ; une belle surprise qu’Hope m’avait faite.
Bien évidemment, je pris le temps d’un recueillement, invitant mon épouse à en faire de même. Prières, méditations silencieuses ; l’âme reposée, reconnaissant au Très Haut du bonheur et des joies que nous donnaient ce séjour, mais aussi, remettant ma famille et mes amis entre ses saintes mains afin de les protéger, tout particulièrement Ariane.
Instant de félicité passé, le reste de la journée l’on profita du coin, déjeunant en pique-nique, faisant l’amour dans les belles herbes, explorant la vallée…

Le lendemain, une terrible nouvelle nous attendait. Notre bon stock de bouteille d’alcool en tout genre arrivait à sa fin, n’ayant plus que deux pauvres bouteilles. Au malheur ! Comment pourrions nous survivre dans cette semaine qui commençait sans nos levés de coude ? Dans notre caverne, l’heure était grave. Cependant, me vint un souvenir et donc une idée de solution. Nous ne voulions pas retourner en ville pour refaire le stock et ainsi casser la magie de notre séjour. Me revint à l’esprit alors ce rendez vous avec la mère d’Hope, Teia, pour me présenter officiellement à elle en tant que compagnon de sa fille.
J’avais organisé l’entrevue dans une cave à vin tenue par des moines savoyards, située dans la montagne. Bon, j’avais appris sur place que Teia ne buvait pas une goute d’alcool… Mais voilà notre salut !
Ni une ni deux, après un câlin des plus passionnés, nous nous lançâmes dans la recherche d’une de ces caves atypiques. Nous avions une carte de la région, il ne manquait plus qu’à faire travailler ma mémoire pour localiser de manière la plus précise possible où se trouvait la cave la plus proche. Après une étude attentive – c’est qu’une erreur pourrait nous faire crapahuter pendant des heures pour finalement revenir bredouille – on prit la route, ou plutôt les chemins.
Il fallait marcher à pas soutenu si nous voulions revenir à notre campement avant qu’il fasse trop noir. Surtout qu’au retour on serait chargé comme des bêtes, alors pour l’aller, on avait opté pour avoir le minimum dans nos sacs.

Bien sûr, le trajet fut plaisant. On faisait des petites pauses de temps à autres lorsque l’on tombait sur des lieux enchanteurs et l’on suivit bien souvent les chemins de montagnes déjà tracés et plutôt pas trop mal balisés.
Il nous fallut plusieurs heures pour atteindre la cave, le temps de trouver le bon chemin. Celle-ci était tenu par une guilde de bergers et moines. L’on fut bien accueilli, au frai, discutant et dégustant quelques boissons avec ceux qui tenaient l’endroit. Une belle bourse d’écus contre une pleine cagette de bouteilles de vin et spiritueux conclut le marché. Une belle rencontre !
Je mis à jour ma carte sous les conseils d’un des bergers qui connaissait bien cette région de la montagne et nous repartîmes, les sacs lourds, chargés comme des bœufs.
Je peux vous dire que le retour ne fut vraiment pas de tout repos et l’on du faire plusieurs pauses pour soulager nos épaules et dos. Heureusement on était en pleine forme physique, sinon on aurait bien plus morflé.

Arrivé au campement alors que la nuit s’était installée depuis peu, torche en main, on était fatigués mais heureux de la journée. Bouteilles rangées dans la hutte, au frai dans le trou creusé, on ira les mettre dans la caverne le lendemain.
Un bon feu, diner lourd pour recharger le corps, on ne manqua tout de même pas les tendresses du soir, bien que la nuit fût ensuite plus calme ; j’étais éreinté.
Une nouvelle semaine qui commençait bien ! On ne manquera pas de boisson.
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Arioce
Jours 8 et 9 – Activités et Cueillette à pipe

Le stock de boisson rechargé, nous pouvions entamer cette nouvelle semaine sans tracas. Le mardi donc il fut convenu que l’on reste au campement afin d’y apporter quelques améliorations en plus pour le confort mais aussi pour l’utile. Car si ce camp avait été construit pour notre lune de miel sauvage, je comptais bien continuer à l’entretenir afin qu’on puisse régulièrement s’y rendre et y passer quelques jours, toujours seuls ou en famille voire avec des amis. Bien que garder le coté intime me plaisait surtout.
Avec les moyens sur place, on se lança donc dans un nettoyage puis un perfectionnement des installations avec l’ajout de quelques décorations fabriquées durant la semaine précédente ainsi que des éléments en plus. Histoire de s’approprier encore plus le lieu.
En sommes une journée assez tranquille où je me suis fait un plaisir de la taquiner un peu, de chanter à toute voix chants paillards mais aussi de faire bronzette au bord de l’eau. Bien sûr, toujours ponctué d’instant plus fougueux ou tendre, car elle ne pouvait se passer de moi ; à moins que ça soit moi qui ne puisse me passer d’elle. Mmmh… très certainement les deux à la fois.

Le jour suivant, pour casser avec la veille, nous avions décidé de nous promener mais surtout de partir à la cueillette, ensemble. Car d’ordinaire, seule Hope y allait, je n’aime pas beaucoup ça. Mais pour changer, puis parce que j’avais envie de passer du temps avec elle lorsqu’elle cueille, je lui avais dit que je l’accompagnerais. Je savais qu’elle aime ces temps un peu seule, mais je ne doutais pas qu’elle trouverait un autre moment pour s’isoler, lorsque j’irais pêcher par exemple.
Enfin, il était question de simple et peut être de quelques premières baies si on en trouvait de comestibles en cette saison.
Laissant Mon Amour nous guider, je m’occupais de porter le sac pour la journée, afin qu’elle soit totalement libre de ses mouvements sans encombre. Car certes j’avais dit que je l’aiderais, mais j’avais plus en tête de l’admirer faire, participant de temps à autre.
J’aime la voir faire, la voir se concentrer, étudier la plante, cueillir juste ce qu’il lui faut et a bonne maturité. Bordel, qu’est ce qu’elle est resplendissante dans ces moments-là. Puis elle a de réelles connaissances de tous ces végétaux. Je connais à quoi ressemble les plantes courantes, utiles aux quotidien pour manger, boire, et la petite médecine. Mais cela s’arrête là. Du reste, je ne m’y intéressais pas vraiment. Et puis maintenant que je suis avec Hope, médecin, je lui laisse entièrement ce domaine d’expertise.
Cependant durant cette matinée, une plante en particulier ne me laissa pas indifférent.

    - De la laitue vireuse !

En somme rien de bien particulier puisqu’on pouvait facilement la trouver un peu partout. Néanmoins, elle venait de me donner une bonne idée…

    - Si on peut trouver un peu de menthe aussi, j’ai notre activité du soir…

Sourire énigmatique offert à mon épouse, cette sortie cueillette s’avérait encore plus intéressante. Je pris donc un bon paquet de feuilles de laitue et en redescendant vers le campement, Hope nous fit passer par un coin où elle avait vu de la menthe sauvage pousser.
Revenu au camp, je mis vite une de nos casseroles remplis d’eau au feu, y mettant les feuilles de laitue vireuse. La préparation demandait quelques heures, il ne fallait donc pas que je traine. Alors que je laissais s’évaporer peu à peu l’eau, je pris le temps de bien nettoyer les feuilles de menthe puis de les faire sécher sur une pierre du foyer, la chaleur des flammes faisant son œuvre.
Gardant un œil régulier sur ma petite préparation, j’aidais Hope à faire le tri de la récolte de la matinée.
Le reste de la journée, un peu de pêche, quelques collets posés, beaucoup d’amour et détente dans la caverne.

Le soir venu, après un bon repas, il était l’heure de présenter à Hope ce que je nous réservais.
Je rassemblais la poudre qu’avait formée la laitue vireuse au fond de la casserole, ainsi que les feuilles sèches de menthe. J’invitais Hope à grimper dans notre cabane, là où l’on serait plus confortable pour profiter. Assis à même les peaux par terre, je fouillais dans mes affaires pour sortir une boite en bois que peut être Hope reconnu. Ma pipe.
Elle ne fumait pas et très rapidement me le rappela. Et après plusieurs minutes de discussion, je parvins à la convaincre d’essayer juste pour cette occasion, lui assurant que ça ne serait pas trop fort et qu’en plus, ça n’aurait pas un gout trop désagréable puisque la menthe était là pour adoucir. Je pris donc le temps de faire le juste mélange, dosant à ma convenance. Alors que je m’affairais, je lui expliquais les effets de la plante qui était très semblable à de l’opium mais en bien moins puissant, en sommes détente et relaxation.
Puis, briquet en main, j’allumais la pipe, tirant doucement dessus pour que les étincelles prennent dans le foyer jusqu’à ce que fumée soit assez épaisse pour fumer sans trop de difficulté. Bordel… c’était bon. Ca faisait quelques temps que je ne l’avais pas sortie.
Je tendis alors la pipe à Hope et lui expliqua comment faire, qu’elle y aille doucement pour ne pas être gênée et tousser…

Bouteille, pipe, nuage de fumée, rire, câlins… La soirée fut très agréable, l’esprit vaporeux, le corps léger. De nouvelles sensations en se touchant, dans les caresses, les baisers. Un amour plus langoureux et tendre, dans une calme volupté.
Et une douce nuitée.
_________________
Hope.hdjvr
Jour 10 : Rencontre du troisième type




C'est une belle histoire somme toute banale, celle d'un couple qui a décidé de passer sa lune de miel dans les montagnes de Savoie, en pleine nature, vivant comme des "sauvages", loin de toutes contraintes matérielles, préférant la compagnie de la faune locale à celle plus aristocratique et parfois oppressante.
Exit les conventions imposées par les codes de la noblesse, ils ont souhaité s'éloigner pour profiter pleinement l'un de l'autre, et didiou ! quelle fantastique idée ils ont eu là.

A t-elle seulement déjà été plus heureuse ?
La réponse à cette question se devine sans équivoque lorsqu'on l'observe avec attention.
Son être entier transpire d'une félicité fabuleuse, radieuse, elle rayonne d'amour, et s'embellit de jour en jour.
Tout simplement.

Debout devant la petite fenêtre de la cabane perchée, elle contemple le paysage, comme tous les matins, appréciant cette sérénité si précieuse, respirant à pleins poumons ce bon air frais, et partant dans ses rêveries les plus profondes.
Contexte oblige, elle repense sans cesse à cette intuition combinée à un hasard des plus surprenants, l'ayant poussée irrémédiablement dans les bras de cet homme-là, allongé à même le sol sur les peaux de bête, le corps totalement dénudé.
Une relation en dent de scie entre une élève au caractère merdique et son maître d'arme d'une patience sans faille.
Et la suite... inévitable.

Tout comme la tournure que peut prendre ce moment à deux qu'ils s'autorisent, à l'instar de la nuit dernière, enfumée, incertaine, cotonneuse, délicieuse.
Au début, pas très emballée par l'idée, elle avait cédé au caprice hornien, plus pour jouer le jeu et lui faire plaisir que par réelle conviction.

Maniaque du contrôle, elle sait que l'inhalation de certaines herbes, a ce pouvoir mystique de les porter très loin, jusqu'à en oublier toute maîtrise de son corps et de son esprit.
Ce qui chiffonnait l'intrépide, la veille au soir, pourtant elle si avide de sensations fortes.
Cependant, en y réfléchissant bien, elle avait aimé se laisser aller à cette douce torpeur, cette légèreté de l'être dans sa globalité, et profiter pleinement des tendresses partagées avec son époux.
Une nuit d'amour, magique, toute en suavité, alanguie dans les bras de son époux, savourant d'autres aspects de l'acte charnel dans une ineffable volupté.

Retour à la réalité alors qu'il se réveille, elle lui sourit, se penche pour l’embrasser et lui intime l'ordre de se lever rapidement, certaines activités n'attendent pas.

Entrainement pour maintenir la forme expédié vite fait bien fait, chasse de petits gibiers, elle le quitte pour quelques heures, histoire de faire un peu de cueillette.
Elle apprécie grandement ces moments de solitude, respectés par Arioce qui s'occupe de son côté, tout comme elle aime avoir ses propres endroits secrets.
Et c'est justement vers l'un de ceux-ci qu'elle se dirige d'un bon pas, le dénivelé de la montagne se faisant plus ardu à mesure qu'elle progresse, et pénètre dans la forêt dense et inquiétante.
La côte est raide et accidenté, elle tente d'éviter de s'écorcher la peau en traversant le sol jonché de ronces et s'aide d'un bâton qu'elle taille à la serpe pour grimper les quelques mètres et arrive finalement à destination, essoufflée et rouge comme une pivoine.

Un lieu caché découvert évidemment par hasard, bien que ses pas l'avait quelques peu irrésistiblement conduit vers cet endroit.
Un ermitage.
Surplombant une falaise tombant à pic d'une hauteur vertigineuse.
Qu'est ce qui l'avait poussé à franchir la porte de la maison, elle n'aurait su le dire...

C'est donc la troisième fois, qu'elle pénètre ce lieu sacré, bravant sans doute un interdit, d'autant qu'elle a la certitude qu'il est encore habité.
Jusqu'à maintenant, elle n'y a croisé aucune âme, pour autant l'état même dépouillé à l'intérieur, laisse présager qu'un individu vit ici.
Le bol de bouilli d'avoine à peine entamé traînant sur la seule table, la couche à l'inconfort indiscutable encore chaude et ou s'imprime le corps d'un homme couché en chien de fusil.
Accroché au-dessus du lit, un Christ en bois de très belle facture.
Et sur le rebord de la seule fenêtre, Les Saintes Écritures.

Comme les dernières fois, elle reste là assise, à contempler la splendeur de la montagne, s'imaginant l'homme qui peut bien vivre ici, son histoire, sa personnalité, sa vie.
A aucun moment elle ne s'inquiète de se faire surprendre, prenant son temps, s’imprégnant de l'atmosphère parfumée d'encens l'amenant à plus de sérénité encore.
Perdue dans sa contemplation méditative, le beau visage de son époux se matérialise dans son esprit nébuleux, signe qu'il est temps de le rejoindre.

Quittant l'ermitage, elle retourne un peu plus bas et retrouve Arioce, le sourire aux lèvres, au pied de la cascade découverte quelques jours plus tôt.
Elle le gratifie d'un baiser torride, sans pour autant lui préciser ce qu'elle a fait durant son absence.
Alors qu'il fait très doux, voir un peu chaud, le soleil montagnard éclaboussant tout sur son passage de ses rayons plus brûlants en ce jour, son seul désir est de faire un plongeon.

La tentation de se jeter dans l'eau cristalline est bien trop forte, et rapidement, elle se met à nue, et s'immerge progressivement, appréciant la fraîche sensation sur sa peau luisante de sueur.
Evidemment, elle n'y va pas seule, et se fait rejoindre rapidement par son Amour qu'elle dévore du regard, qui croisent les prunelles brunes brillant de cet éclat ardent signe d'un désir non refoulé.

D'ailleurs lorsque jades se permettent de redescendre jusqu'à l'entrejambe viril...
Ah...
La suite se passe de commentaires.
Dans l'eau, sur terre, partout, et à tout moment, rien ne les arrête.
C'est si doux, exaltant, enivrant, que même s'ils le voulaient, ils ne pourraient se résoudre à renoncer à tout acte fusionnel, à cette alchimie magnétique et mystérieuse.

Pris dans le feu de l'action, et de l'extase, dans un corps à corps enflammé, perdus dans les hautes herbes, aucun des deux ne pourra vraiment expliqué de quelle manière ils vont se retrouver dans cette situation... mmmh... particulière.
Simplement, occupée à prodiguer de délicieuses et indécentes gâteries à son époux qui la feront certainement brûler en enfer, un sombre pressentiment la poussera à stopper et relever la tête.

Corps se raidira, parcourue par un glaçant frisson, l'expression figée, de son visage et son attitude prostrée ne pourront échapper à l'Horn.
Toute rosée quittera immédiatement ses joues, jadéites presque exorbités fixant avec intensité un point derrière le corps de son homme, et qui peu à peu se noirciront telle des pointes d'obsidienne.


    - Arioce...


Juste un balbutiement, un souffle, balayé par le vent, de sa voix habituellement feutrée et d'où perce des notes d'une vive inquiétude, signe qu'un danger les menace.
Arioce_horn
Jour 10 – Rencontre du troisième type ou la mort aux trousses.


S’il était coutume de pratiquer la pêche avec une canne à pêche ou avec un filet, en ce début d’après-midi, j’avais décidé – troisième tentative – d’opté pour la pêche au harpon rudimentaire. Activité qui demandait beaucoup plus de concentration et d’action que de tenir le bois de la canne en attendant qu’un poisson veuille bien mordre à l’hameçon.
Et puis, l’endroit s’y prêtait parfaitement : courant d’eau large mais pas trop, juste assez profond et qui regorgeait de poisson d’eau douce qui profitait de la fraicheur des fontes des monts enneigés.
Mmmh… Ce n’était absolument pas facile de pêcher ainsi, mais bien plus intéressant et qui fait beaucoup travailler les réflexes.
Les deux premières fois, ce fut en couple qu’on s’essaya à la pratique, armé chacun d’un bâton pointue. La pêche fut bien maigre en comparaison à celle qu’on faisait à la canne ou au filet, mais bien plus marrante, débouchant sur moult situation qui se conclure sur des rires, des jeux, des taquineries et parfois quelques grognements. En somme, nous avions passé de bons moments.
Et comme Hope avait décidé de faire sa petite promenade seule, c’était l’occasion de retenter l’expérience et espérer faire mieux.

Pieds nues dans l’eau claire et froide, harpon renforcé par une pointe d’acier fendu dans la main gauche, yeux plissés contre l’éclat du soleil en reflet de la surface. J’étais attentif.
Il me fallait attendre quelques minutes, le temps que les premiers poissons – ne se doutant de rien – finissent par s’approcher du piège qui leur serait peut être mortel.
Qui sera la première victime ? Une truite ? Un Vairon ? Ou peut-être une belle Loche. Dans tous les cas, ces bougres, parfaitement acclimatés à leur environnement, étaient fins, rapides et agiles. Il me faudra donc être plus rapide et plus agile qu’eux. Après tout, l’on me surnomme l’Ours, et un ours, c’est bon pêcheur. Alors !
Mouvement à ma droite, l’œil vif, éclaire, geste prompte, précis, la pique fend l’eau à toute vitesse. La seconde d’après, un beau Goujon frétillait au bout de mon harpon levé, un large sourire à mon visage. Le premier d’une longue série ?

Près de deux heures après, le résultat était certes moins qu’escompté mais tout de même très honorable. Six beaux poissons. De quoi se faire un petit festin le soir venu. Y a pas dire, la technique rentrait.
Sans plus attendre, je les vidais un par un, les écaillais et les suspendais à l’abri des prédateurs, sous un petit feu afin que la fumée éloigne les insectes gourmands.
Tache rondement accomplis, le diner de ce soir trouvé, l’heure était à la détente. Hope toujours pas rentrée de son escapade soliste et au vu de la chaleur de cet après-midi, il y avait forte chance de la retrouvée près d’un des points d’eau. La cascade ? Surement.

Ainsi, après avoir pris quelques baies et fruits à coque, histoire de reprendre des forces, je pris la direction de ce lieu d’une grande beauté.
Arrivée sur place personne. Mmmh… Je décidais tout de même de rester, de profiter de l’endroit.
Retirant mes bottes, mes bas, pieds nues pouvant s’étendre sur l’herbe verte. Je m’allongeais alors de tout mon long et laissais mes yeux parcourir le ciel peu nuageux à la recherche du tout et du rien. Moment calme où les sens s’apaisent au doux bruit de la faune et la flore locale, des clapotis de la cascade et du vent soufflant dans les sommets.
Esprit s’évade…
Jusqu’à ce qu’une ombre se forma au-dessus de moi. Paupières deviennent fente afin que mon regard s’habitue à ce soudain changement d’éclairage.
Sourire l’élargit alors car de toute les beautés présentent en ce lieu, la plus belle me surplombait.
Je me redressais, court échange de paroles, long baiser ardent. Bordel toujours un bonheur de la retrouver.
Et comme la température grimpait, baignade fut bonne idée. Cependant cela ne suffit point à calmer toute ardeur…

Évasion mais de toute autre manière. Sensations fortes, délices, extase ; doux moment nous appartenait au milieu de ce cadre idyllique.
Grognements, râles de plaisir, Hope n’avait vraiment plus rien à prouver de son savoir-faire pour me faire prendre mon pied ; vocalises qui ne faisaient qu’annoncer une suite plus embrasée, plus vigoureuse, plus amoureuse, encore.
Mais…
Une atmosphère pesante s’installa soudainement. Fin abrupte de gâterie, quelque chose n’allait pas, n’allait plus.
Miroir, ses yeux grands ouverts reflétaient un danger que je ne pouvais voir. La tension monta vite, trop. Mes muscles se raidirent alors que mon cœur s’agita.
Soudain, raclements de sabots, souffle véhément, bruits d’avertissement, juste au niveau de mon épaule gauche. Bordel…
Fin de l’évasion, le sang quitte l’entre jambe pour affluer à la tête où l’esprit s’échauffe à toute vitesse : trouver une solution, la bonne solution.
Protéger Hope quoiqu’il m’en coute ; fuir, trouver un refuge sûr. Mais surtout, que rien n’arrive à ma femme.

Mes yeux captent son regard, transmettant ma compréhension de la situation.
Chuchotements, presque inaudibles.

    - Je vais attirer son attention… Essaie de reculer doucement, et au signal, cours.

Attente… attente… pour laisser une chance à Hope de s’éloigner, ne serait-ce qu’un peu, alors que l’animal s’agitait, râlant, s’impatientant.
Mes mains ayant quitté le visage de la jeune femme, se posèrent, à plat, contre le sol, prêt à me soulever tel un seul homme. Doucement, je ramenais mes jambes, pieds contre le sol également. Il fallait que j’agisse vite, très vite, avec agilité et souplesse, si je ne voulais pas me faire avoir par la bête. Mais quelle bête ?
Trop tard, plus le temps de réfléchir. Inspiration, déterminé, j’y vais !
Poussant de toutes mes forces, je me redresse d’un bond, tout en m’éjectant sur le coté de sorte que mes pieds puissent prendre le relais au plus vite.

    - Couuurs !

Un regard. Gros, brun, cornu. Un sanglier.
Et que la folie m’emporte, alors que je passe à quelques centimètres de l’animal pour être certain qu’il me charge moi et non elle.
Je lui hurle d’ailleurs dessus. Il charge. Poussé par l’adrénaline, je cours. Nu je cours me laissant porter par mes jambes, porter par la peur de l’instant.
Instinct de survie, je cours direction la forêt dense, essayant de ne pas prendre le même chemin de fuite qu’Hope. Mais comment en être sûr ? Je ne la vois même plus dans mon champ de vision qui s’est considérablement diminué.
Je ne sens et ressens plus rien que cette pulsation forte qui me pousse à continuer droit devant moi, filant entre les rochers, les arbustes, les arbres bien trop abrupte pour pouvoir y grimper assez vite.
Je slalome, persuadé que le sanglier est toujours à mes trousses. Je peux l’entendre…

Je fonce mais de l’homme ou de la bête, c’est la bête qui finira par rattraper l’homme.
Mais alors je vois une ombre surgir à ma droite. Hope. Bordel ! Je ne m’étais pas assez éloigné de sa route.
Me précédant de plusieurs mètres, on poursuit notre fuite alors que le sanglier ne semble pas vouloir nous lâcher.
Soudain, sa voix l’élève, des signaux sont faits que je ne comprends que tardivement.
Horreur alors que malgré son aide, je ne parviens pas à dévier suffisamment ma course, sentant mes pieds glisser sur la terre meuble, qui s’effrite, se décroche.

Dans le ravin la chute est inexorable alors que, malheur, je l’emporte avec moi.
Rien pour se rattraper, c’est le sol qui nous accueille plus bas.
Fin de course alors que le sanglier, plus malin, ne tomba point.
Hope.hdjvr
Jour 10 – Rencontre du troisième type ou l’émergence d'un obscur paradis.




Immersion dans un monde merveilleux, où sa vie si bancale par le passé, se transforme en rêve éveillé, aux côtés de l'homme de sa vie.
Comme tout lui parait beau, coloré, paradisiaque.
C'est donc ça, que recherchent les âmes perdues entre deux mondes, cet Eden tant loué par les sages et les anciens.
Ma foi, elle aurait pu tomber plus mal...

Telle une enfant découvrant son cadeau, ses jades s'illuminent sous la toiture bleu azurée des beaux jours d'avril, ou le soleil se fait encore timide le matin, mais quelque peu traître en milieu de journée.
Ils s'émerveillent devant le panorama époustouflant de ces Grandes Dames, élégantes et majestueuses avec leur chapeau blanc ceignant leur tête, silhouettes fascinantes qui imposent leur vue à quelques dizaines et dizaines de lieues à la ronde.
Son ouïe est agréablement chatouillé par le chant mélodieux des oiseaux, la virulence des cours d'eaux gonflés par la fonte des neiges, le vent se jouant des arbres faisant danser les feuilles dans un frémissement rappelant le frou-frou de certaines étoffes soyeuses, de ses dames de la haute.
Ses narines se dilatent de plaisir olfactif du parfum fleuri, miellée ou herbeux de cette nature sauvage et insaisissable.
Et celle plus animal et caractéristique de son amour d'époux qu'elle chevauche avec toute la passion qui la dévore sans cesse lorsqu'il s'agit de lui.

Sauf que quelque chose cloche.
Elle le voit, le sent, l'entend dans ses grognements d'Ours, mais curieusement ne le ressent pas en elle.
Sombre panique l'emporte de n'éprouver aucun désir, aucune sensation jouissive, - ça tambourine dans son crâne - à la limite de la tempête orgasmique comme il est coutume pour elle de le vivre à chacun de leurs ébats.

Elle essaie de bouger un peu mais chaque mouvement se répercutant dans son corps déclenchent une rafale de douleurs perfides.
Toute sa carcasse semble s'être disloquée, comme une impression de s'être fait piétinée par un troupeau de taureaux furieux et en rut.
A moins que cela ne soit de sangliers...

Un sanglier.

Images se répercutent dans son esprit - sensation d'un un pic-vert qui s'attaque à un tronc - les sourcils se froncent creusant un sillon en leur milieu, venant retrousser son joli petit nez et soulever la commissures de ses lèvres sèches et gercées qu'elle humecte.
Excès de salive dans la bouche, déglutition dont le son semble raisonner dans l'air ambiant,  elle lève doucement les paupières, mais la lumière crue, aveuglante, l'oblige à les rabaisser, suivi d'un gémissement de protestation.

Bordel, mais que lui arrive t-il ?
Et où est l'Horn?
N'était-il pas sous elle, il y a un instant ?
N'étaient-ils pas en train de faire l'amour ?

Incompréhension totale, et sa tête qui semble serrer dans un étau, elle tente à nouveau d'ouvrir les yeux, les plisse, jades réduits en une fente, elle laisse pénétrer la lueur au fond de sa rétine, non sans effort.
Cependant l'oeil finit par s'habituer à cette agression spectrale, les cils papillonnent, les prunelles larmoient, et au prix d'un immense effort le monde qui l'entoure s'offre enfin à sa vue dans un éclat foudroyant.
Il lui faudra quelques instants, secondes ?, minutes ? pour réaliser dans quel environnement, elle se trouve, et les souvenirs afflueront à une vitesse vertigineuse, renforçant la douleur dans son crâne de manière lancinante.

Emporté par la tempête hornienne le roulé-boulé fût presque gracieux si l'on regardait la scène au ralenti.
Un enchevêtrement de leur deux corps nus et fusionnés dévalant la pente raide du ravin, un ballet artistique pour une descente aux enfers des plus brutales.
Au point d'en perdre légèrement connaissance.

Un sanglier.
L'Ours.
Elle.

Une chasse non pas aux ongulés sauvages, mais à l'homme, les rôles s'étant inversés, le chasseur devenant la proie.
Qu'est ce qui avait bien pu énerver l'animal au point de les charger ainsi ?
Les râles et grognements de plaisir de l'Horn ?

Tiens... d'ailleurs il est où, lui ?

Conscience s'éveille peu à peu, elle reprend vie, et laisse planer son regard un peu partout pour finalement se rendre compte qu'elle se trouve au fond d'un ravin. 
En levant la tête elle aperçoit le sanglier et évalue la hauteur de la chute de plusieurs mètres, suit la pente de ses jades un peu inquiets pour les baisser et découvrir son époux, allongé... sous elle.

Aaahhh, il est làààà !

Elle redresse lentement le buste, tout en grimaçant et pressant sa main sur son front comme pour en calmer les violents tambourinements martelant son crâne, et sent un liquide chaud couler le long de ses doigts.
Encore un coup à la tête.
Aux tâtonnements, elle devine cependant la blessure superficielle, et pousse un soupir de soulagement.

L'esprit plus éclairé, elle dirige cette fois son attention sur l'Horn qui semble encore dans les vapes.
Elle vérifie son pouls en plaçant ses doigts sur la carotide, approche son visage de sa bouche pour constater qu'il respire encore, et observe attentivement le corps nu à la recherche du moindre signe inquiétant comme un écoulement de sang.

Quelque peu rassurée, elle se penche alors à son oreille et chuchote :


    - Arioce... Arioce Horn, réveille-toi.

_________________

Arioce_horn
Jour 10 – Rencontre du troisième type ou l’émergence d'un obscur paradis.


L’obscurité…
Soudain une vive lumière, forte, aveuglante, qui chasse la nuit avec fracas. Et douleur…
Cette souffrance immense qui s’éveille brutalement, qui empoigne le tréfonds de ton être et le tord avec cruauté et malice. Point de doute, je suis toujours en vie.
Grondements gutturaux, la foudre de la tourmente évoluait le long de mon corps douloureux, jouant contre mes muscles, mais articulations de petites piques insidieuses.
Et cette voix… Lointaine mais qui ne cessait de se rapprocher, se précisant. Et quelle voix, si belle, si douce, grave, feutrée, suave… mais qui à mes oreilles, résonnant jusque dans ma tête, me m’apparaissait si insupportable, fricotant avec la souffrance.
D’instinct, je tentais de la repousser de mon bras libre. Cependant, le moindre geste me soutirait un grognement, me rapprochant un peu plus du retour sur terre.

    - Mais… bordel qu’est-ce… que…

D’une voix pâteuse et empreinte de douleur.
Clignements de paupières, je fronçais les sourcils alors que ma vision s’ajustait, l’éclat lumineux disparaissant doucement pour enfin apercevoir les couleurs, les formes, Elle.
J’étais allongé, sur le dos, sur de la terre. Et elle me surplombait de son si beau visage.
Je tentais de me calmer, cessais de gigoter inutilement pour arrêter de souffrir bêtement. Rassembler mon esprit… Mmmmh…

    - Bordel ma tête….

Douleurs déchirantes qui se répercutaient dans mon crâne.
Long soupir, je ne bougeais plus, essayant de me détendre et laissais filer plusieurs secondes, peut-être minutes.

    - Le sanglier…

Je me souvenais. Quel bel enfoiré ce sanglier à la con ! Il s’en tira pas comme ça, je le retrouvais et le mangerais ce pourceau de mes couilles, à la broche.
Nouveau soupir. Ça commençait à aller mieux. Les tambours continuaient de jouer à tue-tête, mais les douleurs corporelles s’estompaient.
Mes pupilles parcoururent son visage et une inquiétude y naquit. Ma main se leva jusqu’à son minois et effleura sa peau jusqu’à l’entaille sur son front.

    - Tu saignes.

Sacré constat. Je suis certain que sans moi, elle ne l’aurait pas remarqué.
Je tentais de me redresser mais en vain. Mon corps était comme coincé et tout était souffrance.
Me rallongeant, je soufflais, fermant les yeux quelques instants.

    - Comment tu te sens ? Est-ce que tu es blessée ?

Et moi, étais je blessé ? De ce que je ressentais et malgré la douleur lancinante, il ne me semblait pas être en mauvais état. Surement pas mal de bleus, quelques commotions dont un crânien, peut être une ou deux articulations foulées ou tordues ; mais en somme rien de bien méchant.

    - Tu m’es tombée dessus ?

Je venais de prendre conscience qu’elle était littéralement sur moi.
Mmmh… je préférais ça plutôt que l’inverse. La pauvre, je lui aurais brisé tous ses os…
Après avoir constaté qu'elle n'était pas trop blessée, je fermais les yeux.
Plusieurs minutes filèrent sans que je ne bouge vraiment. J’attendais que ça aille mieux pour enfin me relever, bien sûr après qu’elle se soit elle-même relevée ou décalée.

Une fois assis, me tenant le crâne, j’observais autour de nous. Mmmh… un beau ravin ! Levant la tête, j’aperçus l’endroit de notre chute et le potentiel parcours qu’on a du faire pour atterrir là où on se trouvait à présent. Mmmh…
Et le sanglier ? J’entendais encore des bruits là-haut, mais impossible de savoir s’il était encore là tout près ou s’il s’éloignait.

    - Faut trouver un moyen pour remonter.

Nus tous deux, le soleil commençant doucement à se coucher. Une fois la nuit et le froid installés, on aurait l’air bien fin.
Lorsque je me sentis prêt, je me levais sur mes deux pieds, titubant quelques peu, grognant de douleur. Ma tête me faisait toujours souffrir et mon genou me faisait mal…

    - Bordel c’est haut !

Trois quatre mètres, peut être plus… Qu’est ce qui aurait pu bien créer se ravin ? Un cours d’eau très certainement. Si on marchait donc dans l’une ou l’autre direction, on finirait bien par trouver une passe où remonter serait plus simple. Sauf que… d’un côté, rien, une impasse. Et de l’autre les parois étaient bien trop exiguës pour qu’un homme ou une femme puissent s’y glisser. Bordel !
Grimper alors ?
Je m’approchais d’un versant, l’observant à la recherche de prises. Trop terreux, pas assez de roche. Quelques racines, mais pas certain qu’elles tiennent le coup.

    - Une idée ?

Je me laissais retomber sur les fesses et me pris le genou entre mes mains pour la masser doucement. Rester debout était un effort.

    - Je crois que j’ai le genou gonflé…

Sacrée lune de miel. Vrai que ça manquait peut être d’un peu d’adrénaline, mais bon… j’aurais préféré sauter le haut d’une cascade, ou une chasse à l’homme. Tomber dans un ravin après avoir été poursuivi par un sanglier qui nous a pris sur le fait d’une passion, c’est peut-être plus accrocheur, mais bien moins jouissif.
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