Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Jardiland, jardiland

_mahaut_
[Cour de l'hôtel particulier de grelotté]

Dans le petit matin gelé, un carrosse (anciennement rose et repeint à la va-vite en doré) pénétra dans la cour de l'hôtel particulier du tourangeau. Après quelques instants, la porte s'ouvrit et une loque humaine fut expédiée dehors. La porte se referma. La loque humaine se releva en ronchonnant et toqua à la porte du coche.

- Maiiiis, il fait froid ! Ouvrez !
- Tututututut ! Faites ça bien, Anatole ! On est chez les royalistes, faites ça correctement. Vous toquez et vous ouvrez en me tenant la main pour que je descende.
- Raaaaah...
*toc toc*
- Qui est-ce ?
- Non mais on est vraiment obligés ? Franchement ?
- Le décorum, Anatole, le décorum ! Vous avez fait prévenir le propriétaire de notre arrivée ?
- Euh... non... Puisqu'on vient juste d'arriver.
- Ha, très juste. Alors allez toquer et prévenez, puis revenez.

Ronchonnant de nouveau, le limousin toqua à la grande porte de l'hôtel. Celle-ci s'ouvrit et le limousin se lança.

- Euh... bonjour... Je vous informe que... Qu'une surprise vient d'arriver. Pour euh... le propriétaire ?

On entendit au loin un bruit de clochettes qui s'agitaient dans le carrosse.

- Oui donc en fait ce n'est pas à proprement parler une surprise puisqu'elle avait dit qu'elle viendrait mais bon... Elle est vivante, quoi. Et euh... Faudrait que vous soyez là quand elle descend du carrosse. Question de décorum, apparemment. Notez, des fois c'est marrant, elle se vautre.
- J'ai entendu, Anatole !!




titre de rp aimablement suggéré par jd Calyce et Sadella
Alfred555
C'était une journée tranquille, à l'origine, dans les derniers préparatifs du mariage de son parrain.

« Monsieur le Bouffon, il y a une surprise pour vous dehors dans un carrosse doré. Il faut que vous veniez !

- Un carrosse doré ? Mais... Je ne connais personne qui n'ait de moyen de transport tant tape-à-l'œil...

- Votre prochain râteau, peut-être...


- Et je ne... Quoi ! Je ne te permets pas ! Tu insinues que je ne suis plus tant irrésistible ? Je n'ai jamais eu autant de succès depuis que je porte ce bonnet à grelots, là, elles poussent toutes des "HIIIIIIIII" de plaisir sur mon passage, manquant de se pâmer et jetant même leurs braies devant moi. Je n'ai jamais vu autant de jambes nues de toute ma vie !

- Oui, enfin là, votre bonnet, vous ne l'avez plus, donc ce sera un râteau. Et puis, je n'avais pas l'impression que c'étaient les jambes qui vous intéressaient...

- Que veux-tu, il faut toujours laisser un peu d'espoir à ses groopies, et faire preuve d'un petit don de soi de temps en temps pour se les garder sous le coude. Et, avant que tu n'ajoutes que j'ai le coude bizarrement placé - et même si j'admets volontiers que la paire de gambette n'est pas celle que j'admire généralement en premier chez une femme - laisse moi, à l'avenir, le soin de poser mes yeux où je le souhaite. Mais... Qui peut donc me visiter en carrosse doré... Ah mais bien sûr ! C'est encore la Maître es Hérautique qui veut me soudoyer pour que je vote aux élections royales pour son poulain favori... Je lui ai déjà dit non trente-sept fois hier. Bref : dis-lui que je ne peux pas, j'ai journal. Et poney en même temps. Si, si. Un article sur des poneys. Cherche pas, il vaut mieux que tu ne saches pas.

Et le larbin de redescendre, blasé, à l'entrée.

- Heu... Le bouffon ne peut pas déballer la surprise, il a plus urgent à faire. Je pense qu'il est encore en train d'écrire à une dame pour tenter un emballage final. Ah, d'ailleurs, si votre surprise peut s'emballer, là, il y a moyen que j'arrive à le faire changer d'avis. »

Bah oui, quoi, on n'est jamais trop à court d'idées pour enquiquiner son patron.
_________________

Bouffon sans frontières
_mahaut_
- Bon mais alors ? Qu'est-ce qu'ils fichent ?
- Je ne sais pas, j'ai cru comprendre qu'il y avait une affaire de râteaux...
- De râteaux ? Alfred est jardinier à ses heures perdues ? Jardinier...
Un petit silence, léger comme une bulle, s'installa. C'est bien, ça, jardinier ? Je veux dire, ça fait les mains caleuses ? Tenir les outils, tout ça... ME REGARDEZ PAS COMME CA !
- Non mais c'est votre problème, les mains des gens, moi, je... Ah attendez, le domestique revient.


La vitre du coche fut baissée et la brune écouta le larbin en fronçant les sourcils.

- Il... Il emballe beaucoup de dames, dites ?
- Ah ben il essaye mais c'est compliqué... Beaucoup de râteaux...
- Han, il faut faire attention aux râteaux, c'est traitre si on marche dessus...


La brune réfléchit quelques instants puis se tourna vers Anatole, un sourire résolu aux lèvres.


- Ho non, je n'aime pas ça...
- Anatole !
- Nooooon...
- J'ai une idée !
- Non non non non non...
- Alfred aime les emballages, on ne va pas lui refuser ça. Vous allez me livrer emballée !
- Non !
- Mais si ! Allez, vous emballez comme personne !
Elle jeta un oeil au larbin du tourangeau, dont le regard s'arrondissait de surprise. Elle poursuivit donc : Comme personne, vraiment. Personne.
- Ah oui, j'me disais...
- Anatole... on va la jouer reyne d'Egypte. Vous auriez un tapis, mon brave ? Propre ? Non ? Une tapisserie ? Voilààà! Vous me roulez dedans, vous m'apportez et vous dépliez le tapis devant lui, que j'apparaisse telle Cléopâtre devant Jules César. Jules César qui jardine, quoi.
- Avec sa collection de râteaux.
- Voilà. Allons-y, exécution !


Et c'est ainsi qu'après quelques minutes où résonnèrent des "attention à mes cheveux", "attendez, j'étouffe !" et d'autres "portez-moi aussi délicatement que possible", les deux hommes montèrent les marches de l'entrée, passèrent la porte d'entrée en chêne massif (en cognant légèrement puis en s'arrêtant quand une bordée de jurons digne d'un charretier retentit de la tapisserie), puis repartirent en direction de la pièce où se tenait le grelotté.


- Monsieur le bouffon ? Vous avez reçu un tapis.
- Tapisserie !
corrigea une voix étouffée
- Une tapisserie, pardon. Pour la chambre neuve.
- Pas celle de Vittorina, l'autre !
ajouta de nouveau la voix étouffée.
- Voilà, l'autre. Ahem. On vous la déplie pour voir ?


Et au signal convenu, les deux hommes tirèrent sur la tapisserie d'un geste ample pour la déplier au sol. Enthousiasme soudain ? Volonté de bien faire ? Emportée par l'élan, la brune coiffée du bonnet à grelots roula au sol plusieurs fois avant de se cogner la tête à un guéridon qui traînait par là.

- AIEUUUU ! MAIS PUTAIZE, FAITES ATTENTION ! Maine, mais comment elle faisait Cléopatre ? Raaah... Je saigne, là, non ? Putain d'emballage...
Alfred555
Mince alors ! Pour une surprise, c'était une surprise ! La tapisserie déroulée, qu'était donc apparu ? Le bonnet à grelots ! SON bonnet à grelots ! Le fameux, l'idéal, le magnifique bonnet à grelots. Sans trop tenir compte des cris et des gesticulations outrés du présentoir sur lequel était fiché le couvre-chef, il s'approcha doucement du bonnet, encore ébahi. Pour le mirer. Le humer. Agiter les grelots un à un. Vérifier qu'ils faisaient toujours bien "gling gling". Et dans la bonne tonalité. Accorder ses grelots, ça prenait un temps fou, ça nécessitait du doigté, et c'est certain que vous n'en avez aucune idée, bande d'ignares que vous êtes tous. Une odeur d'alcool, bon, normal. Ça allait de paire avec la fonction du bonnet. Et...

« Mais ! Un grelot, ça fait "gling gling", pas "PUTAIZE" ! Pas fichues de me rendre du matos en bon état, ces greluch...

Et là, visiblement, il s'était rendu compte qu'il y avait quelque chose sous le bonnet. Enfin quelqu'un. Quelqu'une, même.

Oh... Aaah... Josianne...

Mais qu'est-ce qu'elle foutait là, dans un rouleau d'étoffe. Vraiment cheloues, ces angevines.

Josianne, ce n'est pas en gesticulant ainsi que vous arriverez à faire tapisserie. Même quand vous tentez d'être discrète, faut toujours que vous vous fassiez remarquer. Je vous apprendrai.

Grand sourire vers la jeune femme de dix-sept printemps estimés (avec une erreur de +/- 12 ans).

Je ne vous attendais pas si tôt. Vous arrivez juste à temps pour le mariage. Par contre, vous n'avez pas de chance, la dernière paire de Loups Bouttins de l'échoppe du cordonnier a été achetée ce matin par une duchesse. »
_________________

Bouffon sans frontières
_mahaut_
Au sol, le tête un peu sonnée, la brune se disait qu'elle avait rarement fait entrée plus ratée.

Sauf peut-être la fois où... Et puis celle où, aussi, naturellement... Ah, et il y avait eu cette autre où... mais ce n'était pas de sa faute ! Bon, celle en Guyenne quand...

Elle ferma les yeux quelques instants.
Soit. Il fallait s'y résoudre. Certaines femmes étaient douées pour faire leurs entrées, laissant un souvenir ému de grâce et de féminité faisant flotter autour de leur nom un parfum de mystère et de grâce et... et puis il y avait elle. Il fallait qu'elle songe à s'auto-apitoyer dessus avec une bouteille, tiens.

Mais peu importait, Alfred allait sauver la situation, avec le tact et la galanterie qui le caractérisaient.

Yeux toujours fermés, donc, elle patienta.


*diling*

*dling dling*


"Je rêve, où il profite que je suis inconsciente pour me toucher les grelots ?"
songea-t-elle un court instant. Rouvrant les yeux pour vérifier la chose, elle tomba nez à nez avec le bouffon en pleine séance de coaching discrétion.

Soupirante, elle se releva sur un coude en grimaçant. De sa main libre, elle tendit le bonnet à son propriétaire puis se tâta le crâne à la recherche d'une trace de sang. Pouvait-il y avoir pire dans la vie que des cheveux abîmés et salis par du sang coagulé pendant qu'on vous faisait la leçon ? Non. Bon, si, peut-être, mais actuellement, elle ne voyait pas pire information possible.

Et c'est là que le coup de grâce lui parvint.


- ...vous n'avez pas de chance, la dernière paire de Loups Bouttins de l'échoppe du cordonnier a été achetée ce matin par une duchesse.

Sonnée, anéantie, la brune referma ses yeux et se laissa retomber au sol en soufflant ce qu'elle imagina sur le coup être ses dernières paroles :

- Mais c'est ridicule, les tourangelles portent très mal les Loup Bouttins, ce sera atroce !


"Je SAVAIS que j'aurais dû prendre mon arbalète, bordel. Putain de fragilité de mes deux." se promit-elle intérieurement, se maudissant de ne pas avoir pris le temps de boire un dernier verre avant de s'évanouir.
Alfred555
Et voilà que la donzelle se pâmait. Ce n'était quand même pas à cause des escarpins ? Le choc émotionnel lié à la joie de le revoir, peut-être ? Si, si, c'était forcément ça. Évidemment qu'elle était heureuse de revoir Alfred. Il se coiffa prestement du couvre-chef rendu, dodelinant de la tête pour se réhabituer vite fait au gling gling ambiant.

« Josiaaaaaaane ! Eh, Josiaaaaaaane ! JOSIAAAANNE ! Faites pas votre affreuse jojote. Réveillez-vous ! En plus, vous êtes sur le tapis.

Avisant Anatole, l'esclave-secrétaire-confidente de Josianne qui était encore là :

Ça lui arrive souvent ?

N'attendant même pas la réponse, il regarda le joli minois, qui avait l'air si paisible, sur la tapisserie. Que faire. Lui coller des baffes pour la réveiller ? Mouais... Ça laisse des traces... Aller chercher des sels chez la duchesse ? Il la souleva pour la déposer - enfin la jeter serait plus vrai - délicatement sur le canapé le plus proche.

Voilà, elle sera déjà un peu mieux comme ça.

- Nan mais roulez-lui une pelle, en bas, elle a vraiment insisté pour se faire emballer, je suis sûr qu'elle attend que vous le fassiez à votre tour.

C'etait le larbin d'Alfred qui avait parlé. L'embrasser ? Certes, c'est vrai, la Josianne, elle est plutôt pas mal, et est bien le genre de folle / d'emmerdeuse / de casse-pieds / d'enquiquineuse (ne rayer aucune mention inutile) qu'Alfred adore aimer.

- Mais enfin ! Tu sais bien que je ne sais pas m'arrêter aux lèvres quand je m'y mets ! Ça ferait désordre ! En plus, elle vient juste de divorcer, ce serait vraiment abuser de son désarrois...

Quoique... C'est quand même tentant... Alfred la regarde un instant, hésitant entre lui mettre des claques, lui prodiguer un bouche-à-bouche-et-plus-si-affinités ou...

Je sais ! Va me chercher une bouteille de Bourgueil à la cave.

Et le larbin de filer devant un Anatole visiblement désabusé. Avant de revenir, une bouteille et un tire-bouchon à la main, que l'Alfred s'empresse de récupérer.

Si avec ça, elle ne revient pas à elle... »

" POP ! "
_________________

Bouffon sans frontières
_mahaut_
Perdue dans son coma-tout-relatif, la brune se débattait. Debout dans une échoppe remplie de grosses dindes, elle luttait pour mettre la main sur une paire de Loups Bouttins sans jamais y parvenir, sans cesse poussée en arrière par les volailles, aussi gavées et caquetantes que des oies périgourdines à quelques semaines des fêtes de fin d'année.

- Non ! NON ! Ce n'est pas votre taille, regardez, c'est un 36 ! BARONNE D'ESTIENNE, REPOSEZ CA IMMEDIATEMENT ! Je... Laissez-moi passer, bon sang, c'est la dernière paire ! VOUS ALLEZ LES ABIMER, VOUS FAITES AU MOINS UN 42 ! Noooon !


Et c'est bien de petits "non, non" plaintifs que gémissait la brune sur son canapé. Le soulevage (tardif)(et pas très délicat)(sans vouloir protester plus que ça) n'avait pas réussi à l'éveiller. Elle continuait donc à se battre mentalement avec ses tourangelles obèses tandis que le grelotté et les deux larbins la regardaient.
Complètement blasé, Anatole regarda le bouffon et soupira :


- Oui, ça lui arrive quand elle est très contrariée. Des fois elle meurt, aussi. A la limite, je préfère. Mais là... non là c'est foutu, elle finira forcément par se réveiller...


D'un geste mou, il tapota la jambe de son employeuse, histoire de dire qu'il avait tout essayé. Heureusement, d'autres plus dégourdis que lui prirent les choses en main (façon de parler).

*POP !*

Toujours allongée, la brune tressaillit. D'une petite voix, elle finit par demander :


- Quelle année ?

Le limousin leva les yeux au ciel et attrapa la bouteille.

- 1457. Vous pouvez vous lever.

Rassurée, l'angevino-périgourdine ouvrit donc les yeux et aperçut le visage inquiet d'Alfred au dessus d'elle.

- Alfred ? Oh, c'était affreux ! Affreux ! J'ai cru que des grosses duchesses m'avaient ravies la dernière paire de Loups Bouttins de la région. J'ai cru... j'ai cru mourir !
Elle tendit le bras vers le verre qui n'avait pas encore été tendu et poursuivit : Heureusement, vous êtes là. Rassurez-moi, Alfred, tout cela n'était qu'un mauvais rêve, n'est-ce pas ?

Portant le verre enfin rempli à ses lèvres, Josianne regarda alternativement les trois hommes devant elle. Impassible, Anatole regardait le mur. Gêné, le larbin du bouffon jetait des regards inquiets à son employeur. Et l'employeur, lui...

- Alfred ? Ne... Non... ne me dites pas que... souffla-t-elle en s'accrochant fort à son verre. Ho non ! Elle éclata en sanglots soudains avant de hoqueter : Mais...mais comment vais-je faire ? Je ne vais quand même pas arriver toute nue au mariage ?!

Et pour appuyer ses dires, elle désigna ses pieds chaussés de Loup Bouttins début novembre 1468, soit un modèle déjà complètement dépassé.

- J'en mourrais, Alfred !
- Oh, chouette ! Vous n'en avez pas, n'est-ce pas ?
se précipita Anatole auprès du bouffon.
- Beeeen... Sinon on a des râteaux. Plein. C't'original pour un mariage, d'arriver en râteau...


Que voulez-vous, les employés n'étaient vraiment plus ce ce qu'ils étaient...
Alfred555
« Ne vous en faites pas, Josianne, je suis là. Rien que pour vous. Mais non, ne vous en faites pas. Vous n'allez pas arriver toute nue au mariage. Je ne le permettrai pas.

Dommage, d'ailleurs. N'empêche, la situation, là, c'était le bordel. Sans même percuter la remarque assassine d'Anatole sur son employeuse. Avec les trois qui s'agitaient, impossible de réfléchir tranquille. Franchement, un tel caca nerveux pour une paire de godasses avec des talons qui pètent au bout de vingt mètres ou qui se coincent dans les lattes du plancher, mais quel intérêt ma bonne dame ? Ces gonzesses, vraiment... À croire qu'elles aimaient souffrir pour être ridicules (ou du moins encore plus qu'elle ne l'était déjà, dans le cas de la périgordo-angevine). Bref, bref, le sujet des chausses semblait être un point rédhibitoire au décès de la Josianne. Il appela discrètement son domestique pendant qu'Anatole restait au chevet de sa maîtresse, pour discuter en apparté.

- Bon, voilà ce qu'on va faire. Pendant que je la bourre...
- Nan mais épargnez-moi ce genre de détails, quand même !
- LA FASSE un peu boire, disais-je, histoire de l'occuper, pendant que je la distrais, tu iras préparer la suite de mon plan.
- Nan mais vaut mieux que ce soit vous qui fassiez ce que vous avez en tête, non ? En plus je peux tout à fait la bourrer moi-mê...
- TU VAS donc aller chercher la paire que l'autre a laissée, l'autre fois, là. Mais si, tu sais, l'irrésistible limousine, qui avait laissé un bazar de fringues comme jamais je n'en avais vu, et pour lequel trois mois de tris ont été nécessaires à ranger et ré-expédier. Bref, il restait une paire dont on avait vraiment des doutes que c'était à elle, tant j'avais du mal à l'imaginer avec. Trouve-les, elles doivent être dans le tas qui reste dans la remise. Tu vas en peindre le dessous en rouge, le reste en noir. Et essaye de ne pas dépasser. Tu feras sécher rapidement tout ça près du feu. Et histoire que ce soit un peu plus douillet, tu vas bourrer l'intérieur avec...
- Oui, oui, moi je rembourre pendant que vous bourrez la bourrée en dansant un pas de bourrée. J'ai bien saisi. Vous avez vu, je suis resté sage, je n'ai pas dit que vous rêviez de labourer et débourrer la bour...

Putain, mais quelle idée il avait eue d'embaucher un type avec un esprit aussi bien mal tourné que lui.

- HEM ! Avec de la dentelle, enfin des bouts de tissus un peu délicats, ou même un peu de laine. Tu en trouveras au même endroit. Mais avant, rapporte-moi d'autres bouteilles, qu'on ait de quoi tenir le temps que tu fasses tout ça. Aller, file !

Et le larbin de partir aussi vite qu'il pouvait en direction de la cave. Alfred en profita pour récupérer la bouteille des mains de l'Anatole, et de s'en verser un verre.

Josiaaaane.

Sourire enjôleur.

Mais quel plaisir de vous voir iciii. Je pensais que vous n'arriveriez pas, ou que jamais vous n'auriez osé quitter la goguette, maugré vos dernières mésaventures...

C'est alors que le domestique d'Alfred revint au pas de course pour déposer relativement discrètement trois bouteilles supplémentaires à droite de la porte, et de repartir pour sa mission secrète.

Enfin, buvons à votre arrivée. À la vôtre ! Votre voyage s'est bien passé ? Et ne vous en faites pas pour vos chausses, mon commis va régler ce souci. »
_________________

Bouffon sans frontières
_mahaut_
Tandis qu'Alfred et son larbin s'entretenaient, la brune et son employé eux aussi profitaient du temps mis à disposition pour échanger, sereinement, dans une écoute bienveillante et ouverte, comme toujours.

- Aie !
- J'vous ai très bien entendu !
- Hmpfff. C'est pas de ma faute, moi, s'il n'a même pas prévu de cadeaux pour vous...
- Anatole, c'est à n'y rien comprendre... Il faut absolument que je vienne puis, quand je viens, il faut absolument que je meure. Avouez que c'est étonnant.
- Non mais il ne veut pas que vous mourriez, il vous dit juste qu'il n'y a pas d'escarpins. C'est la Touraine, vous devriez le savoir.
- Cet homme est déroutant, Anatole. Ou alors... Ou alors il y a quelque chose...
- Mais rien du tout, voyons, vous voyez le mal partout. Je me tue à vous dire qu'il n'en a juste rien à faire de...
- De moi !
- De vos chausses !
- Mais c'est pareil !
- Mais non...
- Mais si ! Non, c'est plus que cela.
- Mais enfin...
- Je crois avoir mis le doigt sur ce qui le gêne.
- Vraiment ? Non parce que moi aussi, sinon.
- C'est vrai ?
- Mais oui.
- C'est limpide, vous avez raison. C'était sous nos yeux depuis le début.


Les deux duellistes se regardèrent et ouvrirent la bouche en même temps :


- Il s'en bat le steak des chausses.
- Il aime les hommes.


Interloqué, le limousin ouvrit la bouche pour échapper un "hein ?" retentissant, que son employeuse s'empressa de réfréner en lui mettant la main sur la bouche, un peu vivement.

- Hmpfff !
- Chut ! C'est évident, bon sang ! Je suis sa couverture ! Il me fait venir pour cela !
- Ah, c'était pas le râteau ?
- Mais non ! Enfin, réfléchissez ! le mariage ! Il ne peut pas y aller seul ou tout le monde lui demandera où est passée sa chère fiancée qui s'est barrée au bout de 3 jours. Avouez que c'est louche, trois jours. A mon avis elle a découvert quelque secret et n'a pas voulu jouer le jeu...
- Mais n'impoooorte quoi...
- Mais si ! Ciel, il a fallu que cela tombe sur moi... Mais soit, Anatole, il ne sera pas dit que je laisserai un ami dans l'embarras, quels que soient ses goûts en matière de relations. Je serai donc sa couverture. Les hommes, j'vous jure... Poussez-vous, il revient !


Et poussant sans ménagement son limousin, la brune vit s'avancer vers elle le bouffon, un verre à la main. Souriant fort gracieusement à sa venue, elle attendit que le verre lui soit tendu. Ou le sien rempli, à la limite.
Ah.
Soit, elle prendrait sur elle. Car oui, son dévouement irait jusque là. Une Sainte, vous l'avait-on déjà dit ?


- Alfred, voyons, je vous avais dit que je viendrais vous souten... que je viendrais à ce mariage. Jamais je n'abandonnerai un ami, voyons... Et le temps s'y prêtait fort bien, la chasse à l'ours était finie et nous attendions nos derniers compagnons fauchés par les armées bourguignonnes. Des sauvages. L'armée, pas nos compagnons, pauvres innocentes brebis.

Oui, elle venait de traiter des angevins de "pauvres et innocentes brebis". Oui. Mais elle son verre était vide, aussi, ils sauraient lui pardonner.

- Le voyage fut assez rapide, nous avons voyagé de nuit après avoir fait notre fameuse soirée pyjama avec le névileux, depuis le temps qu'il la réclamait... ce fut charmant !


Elle sourit poliment et regarda autour d'elle.

- Mais ainsi je découvre votre fameux hôtel particulier ! C'est magnifique, mes félicitations ! Les travaux ont-ils duré longtemps ? C'est du chêne, ce très joli plancher ?

Non, franchement, elle y mettait du sien pour le mettre en confiance. Mais la journée allait être longue (et la cérémonie à venir encore plus). Heureusement, le larbin du tourangeau semblait prêt à aider.
Elle poussa discrètement son verre en avant.


- Ahem...
Alfred555
Ah, parfait, parfait. Toutes les questions de son invitée allaient lui permettre de gagner du temps, le temps que Sylvain - oui, on a d'un coup décidé qu'il aurait un nom, le larbin - achève sa besogne. Pas peu fier qu'elle lui pose des questions sur son hôtel, il prit le temps de lui répondre.

« Bien sûr que c'est du chêne ! Je n'aurais pas un atelier de menuiserie autant renommé à Tours si j'utilisais des matériaux au rabais ou de mauvaise qualité. Le plus dur, ça a été le gros oeuvre. Acheminer les pierres de taille, les monter, extraire les employés de dessous les pierres, envoyer les courriers à leurs familles, consoler les veuves éplorées, tout ça. Mais bon, que voulez-vous ce sont des impondérables qu'on rencontre régulièrement sur les chantiers de construction. Mais ça a été assez rapide. En trois mois, il était debout. Et rien ne s'est écroulé depuis !

Avisant le verre vide de Josianne, il lui proposa :

- Je vous en remets un coup ? Enfin je veux dire : je vous ressers ?

Il en profita pour s'en verser aussi une rasade, puisque le sien était déjà bien entamé.

- D'ailleurs... Puisque vous en parlez... Cette chasse à l'ours, là. Qui a résulté sur votre liberté retrouvée. Vous auriez des détails ? Parce que je n'ai pas compris grand chose, au travers de vos courriers trempés de larmes ou d'alcool. Après, si ça vous indispose ou vous peine trop, je ne vous force pas à me raconter...

Alfred fut interrompu par son employé qui revenait prestement, l'air affolé.

- Il n'y a pas assez de peinture noire !
- Ah, punaise de bazar de chi.... Heu... tant pis. Mets plus de rouge ! Enfin débrouille-toi, improvise, moi, je ne peux pas abandonner madame dans son état. Mais fais ça crédible !


Et le larbin de repartir en pestant, marmonnant que c'était une fois de plus à lui de se débrouiller, et que c'est encore lui qui prendrait si ça n'allait pas. Bouffon de ses deux grelots.

- Mmh... nous disions ? Ah, oui. Cette partie de chasse ? »
_________________

Bouffon sans frontières
_mahaut_
Cette fois correctement installée sur le canapé, la brune avait posé son menton dans sa main pour écouter le bouffon se lancer sur la construction de son hôtel. Elle avait bien senti que le sujet lui plaisait particulièrement, il l'avait précisé plusieurs fois durant la Goguette, de façon faussement négligée, du style "oui, il se trouve que je suis très riche et que j'ai un hôtel particulier. Ah et je suis un magnat de la presse, aussi.". Ou encore "je vous avais dit que j'avais un hôtel particulier , Tout neuf ?". Ou même "il faudra que vous veniez voir mon hôtel particulier, il est à peine construit." Bref, l'info avait été distillée discrètement mais efficacement.

Or, il se trouvait que Josianne avait un goût tout personnel pour l'architecture. Enfin surtout la construction. Enfin surtout les constructeurs. Enfin, quoi, elle s'intéressait. Après tout, elle s'approchait d'un âge où il fallait convenir que, si l'on n'avait pas fait construire d'hôtel particulier, on avait raté sa vie.

Menton dans la main, donc, elle écoutait en souriant le grelotté jusqu'à ce que l'information parvienne à son cerveau. Soudainement plus concentrée, elle se redressa et plissa les yeux.


- Mais Alfred, vous possédez un atelier de menuiserie ? Vous ne me l'avez jamais dit ! Mais c'est formidable ! Il faudra absolument que vous me le fassiez visiter !

Mais grave, qu'elle en avait envie ! L'odeur de sciure et des bûcherons, évidemment qu'elle en avait envie. Alors oui, elle savait confusément que les bûcherons travaillaient plus en forêt qu'en atelier mais on ne savait jamais, on pouvait aussi tomber au moment où ils venaient livrer les troncs, encore marqués de l'effort pour les amener jusqu'à elle (et accessoirement à l'atelier), les joues couvertes d'une barbe encore parsemée de brindilles ou de feuilles, juste ce qu'il fallait pour lever la main délicatement et murmurer "ho, attendez, vous avez quelque chose qui... là, vous sentez encore la forêt...". Et après... Bref, non, les menuiseries c'était parfait !

Ravie d'avoir de nouveau un objectif entre deux séances de soutien à ami-en-détresse, elle tendit vivement son verre à Alfred.


- Volontiers ! Un doigt, je vous prie. Vertical.

Et là, paf, retour à la réalité. La chasse à l'ours.
L'angevine serra un instant les dents. Maine, qu'avait-elle dit déjà ? A force, elle ne savait plus trop où elle en était....Le projet initial avait été d'annoncer un divorce catastrophe, sur les bons conseils de Sadella qui trouvait que c'était leur union qui devait inquiéter les hommes et qui les retenait de s'intéresser aux deux brunes. (ça et absolument pas le fait que des rousses soit disant incendiaires se baladaient à proximité). Rien de plus simple, elles avaient alors annoncé partout avoir divorcé.

Deuxième conseil : avoir l'air fragile. Là, la chose avait été plus difficile. Certaines femmes savaient naturellement jouer cela, ou peut-être l'étaient-elles véritablement, mais Josianne et Calyce étaient clairement plus du genre à sortir une arme et à attaquer qu'à se faire protéger en pleurnichant. D'ailleurs, Josianne adorait son arbalète et avait un réel regret que l'ensemble de la Goguette ne la rejoigne pas dans son bel enthousiasme. Alors la fragilité... Elles s'étaient entraînées pendant la chasse à l'ours, mais il y avait encore de gros efforts à fournir. En revanche, par écrit cela avait merveilleusement fonctionné, la preuve : elle avait été invitée séance tenante en Touraine.

Le problème était que désormais, il allait falloir jouer la chose pour de vrai, et sans souffleuse pour lui rappeler de pencher la tête et d'écouter silencieusement ce que disaient les hommes en murmurant des "vous avez raison... je... je ne sais pas, je m'en remets à vous". (Alors qu'on avait juste envie de dire "non mais laissez-moi gérer, chérichou, franchement, contentez-vous d'écouter". (les hommes aimaient être appelés "chérichou", elle en était convaincue)). Maine. Que faire ? Continuer la mascarade ou tout avouer ? Après tout, il était attiré par les hommes, il n'allait pas se formaliser pour si peu...


- Ho, la chasse à l'ours fut exquise, exquise ! Nous avons même vu Finam se lever de sa chaise roulante et hurler à aller brûler la capitale, ce fut beau !
Ah oui, mince, le divorce, c'était ça qu'avait demandé le bouffon, à la base. Malheureusement... nous avons eu un petit incident de charrette, oh, trois fois rien, Calyce est restée coincée dessous en essayant de changer la roue. J'ai tenté d'aider en appelant à l'aide, je ne pouvais pas l'aider puisque ma manucure n'était pas sèche mais... nous nous sommes un peu disputées sur la question de l'héritage et nous avons décidé de divorcer.

Elle vida son verre d'une traite et leva un oeil inquiet sur le bouffon. Avait-il gobé le mensonge initial ?


- C'était crédible ?
Alfred555
« Mmh... je vois.

Il est étonnant de constater à quel point cette phrase est systématiquement prononcée dans les moments où justement, on ne voit rien du tout. Et pas d'avoir trop bu ou les yeux bandés, non ! "Je vois", signifie clairement : "Je ne bitte rien à tes explications" ou, "arrête ton char, cocotte."

- Non, Josianne, ce n'était pas crédible. Je ne comprends rien à vos histoires. Tout ce que je suis parvenu à percevoir, entre vos explications et les bribes d'informations que j'ai réussies à décrypter de Calyce, c'est qu'il est question d'ours, de charrette, de mains caleuses, et de crise de nerfs. Autant dire quatre éléments sans rapport aucun, et j'ai beau tenter de les assembler dans n'importe quel sens, rien de logique n'en sort. Ah, oui, et encore moins quand on ajoute les Bourguignons dans le manège.

Il resservit le verre vide de son interlocutrice, aussi sec. Ses doigts, elle se les enfilait à une de ces vitesses ("façon de parler", hin hin). Il en profita pour terminer le sien.

- Quand à la menuiserie, bien sûr que j'en ai parlé ! Vous aviez même sorti des *hips* "oooh" et des "aaah" ébahis (oui, les hiiiii, c'est juste pour les grelots). C'est un métier d'avenir ! Je vous le ferai visiter tout à l'heure, si vraiment vous le souhaitez. On y fait de tout. Des lattes de plancher, des armoires - et même de très grandes armoires pour très grandes garde-robes (suivez mon regard) - des lits, des tables... ça reste un atelier, un endroit pas très commode quand on n'a pas toute sa tête, surtout si on se met à dire "mais dans quel état j'erre ?". Tenez, d'ailleurs, saviez-vous que Loup Bouttin avait été menuisier *hips* avant de devenir cordonnier ? Hein ? »

Eh ouais, c'est sûr, ça, Alfred en était certain, elle ne le savait pas. On allait rire.
_________________

Bouffon sans frontières
_mahaut_
Hmpff. Raté. C'était prévisible mais quand même. Bon, soit, il méritait la vérité.

- Raaaah. Vous voulez la vraie histoire, Alfred ? La chasse à l'ours s'est parfaitement déroulée, il ne s'est absolument rien passé de mal. Sauf... m'enfin passons.

Elle retint de justesse sa main qui s 'abaissait vers sa hanche. Saleté d'idée à la con d'accepter un tatouage de Della. Dès qu'elle la recroiserait, elle la ferait modifier cette affreuse inscription. Quitte à hurler de douleur encore une fois.

- Calyce et moi n'avons jamais divorcé, c'était un... essai ? Un essai de communication, voyez ? On a voulu faire croire à Finn que Calyce avait besoin de lui et de ses mains caleuses, il n'est pas venu, on a poussé un peu et de fil en aiguille... Elle soupira un petit coup. De fil en aiguille, nous avons voulu voir si cela dénouait certaines situations.

Elle regarda le bouffon un instant.

- Apparemment, non, ça ne change pas grand chose. Mais peu importe ! Le vin est bon. Puis-je, d'ailleurs ?

Cornefianchtre, son verre était déjà vide. Il faudrait qu'elle pense à regarder qu'il n'en mettait pas à côté quand il versait, quand même, c'était étrange cette capacité des verres à se vider tous seuls. Mais le Bouffon remplit de nouveau son verre et aucune goutte ne fut versée à côté. Etrange. La gravité tourangelle, sans doute ?


- Vraiment ? Et j'aurais oublié cela ? Vous m'en voyez navrée, je ne sais pas où j'avais la tête ces derniers temps... Enfin si, dans un bain de Champagne. Mais sinon... J'aurais grand plaisir à aller visiter, oui. Surtout pour le plancher, car nous avons rencontré un professionnel avec Calyce et nous avons décidé de refaire nos chambres mais nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord sur la teinte... Je regarderai vos échantillons, tiens.

Ragaillardie, elle se leva et tangua quelques instants. La gravité tourangelle, ce fléau.


- Et si nous y allions maintenant ? Le mariage n'a lieu que demain, nous avons le temps. Et puisque toutes vos échoppes dignes de ce nom sont vides...

Elle retint un petit soupir de déception et attrapa le bras du bouffon pour le mettre debout et s'accrocher à son coude.

- Vous savez, nous devriez vous inspirer du mobilier breton. A Vannes, nous dormions dans des lits-boîtes ! C'est un concept résolument féminin : il allie le confort du lit au plaisir visuel de la garde-robes. J'ai eu grand peine à quitter le mien au sortir de la Bretagne. Il a fallu que les gardes poitevins se chargent de me convaincre pour que je l'abandonne, mais j'y repense souvent...

Elle essaya d'attraper ses gants sans y parvenir et fit signe à Anatole de les lui tendre. Saleté de gravité qui éloigne les meubles pourtant proches. Tout en essayant de les enfiler, sans évidemment y parvenir, elle écouta le bouffon continuer son explication. Bon sang, elle n'arrivait pas à enfiler un seul doigt. Elle aurait du prendre des moufles. C'était moins gracieux mais c'était nettement plus facile après quelques verres.


- Qu... quoi ? Christian a été menuisier ? Non ? Elle lâcha un gant pour serrer vivement le bras du grelotté, yeux brillants. Vous voulez dire qu'il existe des meubles signés de sa main ? Ho juste ciel... Anatole, le gant, je vous prie, je ne peux pas me baisser.
Alfred555
Comment ça elle n'était pas divorcée ?! Josianne lui aurait mis un uppercut avec une poêle à frire que l'effet aurait été le même sur l'Alfred. Il se retrouvait donc à plus ou moins draguer une femme encore mariée ? (le lecteur ne fera aucun commentaire sur les pratiques de drague d'Alfred). Dans une chambre, en plus... Et ils étaient tous les deux un peu pompette... Toutes les conditions étaient donc réunies pour qu'il y ait dérapage, et qui dit dérapage, dit "se faire buter par Calyce dans d'atroces souffrances". C'était clairement un coup à se retrouver avec un canard dans le séant, un autre dans chaque oreille, et des becs pincés bien fort sur les grelots. Enfin pas ceux du bonnet, que Calyce sera évidemment empressée de récupérer en tout premier lieu. Au mieux. Ou au moins pire, c'est selon. Misèèèèèèère. Alfred déglutit. Gloups.

« Mmh... de fil en aiguille, comme vous dites, votre histoire, elle reste décousue. Vous n'avez pas fait dans la dentelle. Il vous a battues à plates coutures, votre père.

Bref. Alfred ne comprenait toujours rien à cette histoire. Mis à part qu'ELLE N'AVAIT PAS DIVORCÉ ! Pour se remettre les idées en place, il alla chercher une nouvelle bouteille à l'entrée de la pièce - tiens, c'était déjà la quatrième ? - pour s'en resservir un verre. Il servit son invitée aussi, sans même vérifier s'il y avait besoin de remplir son verre à nouveau. Remarquez, c'était facile : il était tout le temps vide. Elle avait quand même une sacrée belle chute de... heu... enfin une belle descente, quoi.

- Oui, oui, je peux vous faire visiter l'atelier. D'ailleurs, je...

Et c'est là que Sylvain eut la bonne idée de revenir, pour souffler à son patron, mais vraiment pas fort, vu que Josianne s'était accrochée à son coude, que tout était prêt dans la pièce voisine.

- Tu as mis un ruban sur le paquet ?
- Oui, j'ai trouvé un truc rose, avec des paillettes en plus, que l'autre avait laissée.
- Par-fait !


Il tourna donc la tête vers son autre épaule, où Josianne avait les yeux qui brillaient. C'est impressionnant de constater à quel point parler shampoings et godasses à une gonzesse comme Josianne pouvait la rendre folle. Et visiblement un peu câline aussi. Grand sourire.

- Justement, Josianne. J'ai une surprise pour vous. Votre... Christian, là, ne signait pas de meubles. Mais tout autre chose. Je vais vous montrer. Suivez-moi donc.

Il tira doucement sur son coude pour guider Josianne vers la chambre voisine, sans percuter à l'histoire du gant par terre. Là, un paquet y trônait.

- Josianne ! Certes, la dernière paire de Loups Bouttin de l'échoppe du cordonnier a été vendue, mais j'ai bien mieux pour vous. En Touraine, les dames raffolent de sa collection dite "Vine Taige". Ici, c'est un modèle 1232, sans aucun doute la toute première paire créée par ce créateur dont vous raffolez. Dont l'oeuvre, tout comme l'artiste est immortelle. Je vous avais dit qu'il était menuisier à ses débuts, non, mmh ? Vous allez faire des jalouses au mariage avec tant de raffinement au pieds. C'est pour vous. »

Plus c'est gros, plus ça passe, paraît-il. Bref : Un paquet avec un ruban rose à paillettes attendait que Josianne ne l'ouvre. Une Josianne bien pompette, heureusement. Et dedans, il y avait...
_________________

Bouffon sans frontières
_mahaut_

- Anatole, mon gant !
- Vous avez le pied dessus.
- Mais non.
- Mais si, baissez les yeux, vous verrez.
- Oh !
- Déclez votre pied et... Aieuuuu, vous m'écrasez les doigts, là !
- Oh !
- Mais retirez votre pied, quoi ! Hmpfff.


Le limousin serra ses doigts contre sa poitrine. Elle pouvait bien dire e qu'elle voulait, il savait qu'elle l'avait fait exprès. Il laissa donc le gant par terre quand la brune fut entraînée dans une chambre à côté.

Une chambre.
Le grelotté venait d'entraîner Josianne dans une chambre.

Le limousin respira un grand coup. La curiosité était un vilain défaut. Le Très-Haut était clair là dessus. Cela ne le regardait absolument pas. Et il avait ses doigts à soigner, ou au moins à tremper dans de l'eau froide. Une bien plus saine occupation que de savoir ce qu'ils allaient faire dans la chambre.

Anatole se redressa. Il avait pris sa décision. Il plia machinalement ses doigts pour vérifier qu'ils n'étaient pas cassés et les suivit discrètement dans la pièce voisine. Après tout, le Sylvain du tourangeau y allait aussi donc il dirait au Très-Haut qu'il n'avait fait que suivre le mouvement. Malheureusement, le domestique s'arrêta à la porte et força Anatole à se hisser sur la pointe des pieds pour voir également. Mais le Très-Haut n'avait rien dit contre les gens qui se mettent sur la pointe des pieds quand ils n'avaient fait que suivre le mouvement, il en était sûr. Il ouvrit donc grand les yeux quand la brune se saisit du paquet, saisie par l'émotion.


- C'est quoi ?
- Une paire de chausses...
- Oh la la, elle va succomber alors. Ce sont des draps en satin ? Non parce qu'elle m'a déjà dit que ça glissait trop, une fois.
- Non mais... Ce sont des chausses... maison.
- Oh, des pantoufles. Pour la symbolique du "vous pouvez rester ici, vous êtes chez vous". C'est pas mal non plus. Elle succombera un peu moins vite mais elle trouvera ça mignon, surtout dans l'état où elle est.
- Non mais ce sont...
- Chhhhhhut, elle ouvre !


Et effectivement, la brune finit par tirer sur le ruban et ouvrit le paquet telle une enfant le jour de son anniversaire.

- Hiiiiii j'ai tellem...
- Quoi ? Pourquoi elle dit plus rien ?
- Ah. He bien euh... merci Alfred, merci beaucoup. C'est...
- Mais c'est quoi bon sang ?


L'angevine souleva l'une des chausses du bout des doigts, permettant enfin au limousin d'apercevoir l'objet du désappointement féminin.

- HMPPFRRRMOUAHAHAHAHAH !
- Mais je lui avais dit que je n'avais pas assez de noir, bon sang ! Il s'en fichait, il voulait juste la bourrer, lui !


Et tandis que le limousin s'étranglait plus ou moins discrètement de rire à l'entrée de la chambre, l'angevine regarda Alfred, les yeux beaucoup moins brillants, toute trace d'éthylisation envolée, comme par magie. Le pouvoir des chausses, on vous dit.


- C'est sans aucun doute très tourangeau, ce Vinte Haige. Un goût très local qui convient fort bien aux dames d'ici. He bien... je m'en vais de ce pas mettre cette pièce unique sous cloche, afin de le préserver pour la postérité. Un modèle de 1232, vous pensez bien... Je ne voudrais pas les abîmer au mariage, je m'en voudrais toute ma vie.
- Ben, elle les met pas ? J'ai mis de la laine au fond pour pas que ça n'abîme les pieds! Tout comme il avait dit !
- Hmmmmpffrrrmfmfmfprrreeffffffmouaahahahahah...
- Je vous remercie de cette délica... de votre joli... je vous remercie, Alfred. C'est fou, j'avais toujours cru que les hommes comme vous avaient bon goût... Anatole, mon gant !
- Hmppffrpfpfpfpfr... Je vais le chercher de ce pas, pas la peine de monter sur vos grands sabots ! Hmppfrprprprprprprmouahahahahahahahah !


Oui, il allait souffrir comme pas deux dès que personne ne les regarderait, et il en entendrait parler pendant des années mais c'était trop bon pour bouder son plaisir maintenant.
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)